Marché des céréales été 2006, été 2007

Transcription

Marché des céréales été 2006, été 2007
Marché des céréales
été 2006, été 2007:
toujours en hausse
L
es cours des céréales ont flambé cet été pour atteindre des niveaux historiques,
portés par la dégradation de l’équilibre d’approvisionnement céréalier mondial.
La récolte céréalière de l’UE est en retrait. Les perspectives d’accroissement de la
demande alimentaire et non-alimentaire (biocarburants) au cours des prochaines
années contribuent aussi aux tensions. Un retour en arrière sur la dernière campagne
céréalière (2006-2007), marquée par une reprise brutale des prix, est nécessaire pour
mieux comprendre la situation actuelle.
En 2006-2007, les disponibilités réduites
dans l’UE et dans le monde ont fait grimper
les cours, de 36 % pour le blé, 33 % pour l’orge
et 29 % pour le maïs par rapport à la campagne
précédente. En moyenne, les prix ont ainsi
dépassé les niveaux de 2003-2004, où une
sécheresse générale en Europe et des récoltes
médiocres dans d’autres bassins producteurs
avaient déjà poussé les cours à la hausse.
En 2007, la récolte de l’UE s’inscrit en net recul
par rapport aux deux années précédentes tant
pour le blé que pour les céréales fourragères
avec, notamment, une chute de production
dans les nouveaux états de l’Est de l’UE. A ce
jour, la moisson française est estimée en recul
de 4 % par rapport à 2006, celle d’orge de 9 %,
tandis que la récolte de maïs pourrait se stabiliser.
Campagne 2006, 2007 :
mauvaise donne pour
les acheteurs
La hausse de la production mondiale de céréales n’a pas permis de couvrir la progression de
la demande en blé et de céréales fourragères
réduisant les stocks en fin de campagne.
Les récoltes décevantes à l’Est de l’UE (Russie,
Ukraine) puis la chute de la production céréalière en Australie, suite à une grave sécheresse, ont pesé sur l’offre et le potentiel de ventes
des grands exportateurs, alors que la demande mondiale était soutenue par une forte
augmentation des achats de l’Inde. Les cours
internationaux ont ainsi enregistré une forte
progression (+35 % pour le blé à Chicago, en
dollars).
Résumé
La hausse des cours des céréales
a été quasiment continue depuis
plus d’un an.
En 2006, la baisse des récoltes
européenne et mondiale ont
apporté de fortes tensions sur
les prix. Lors de la campagne
2006-2007, les stocks d’intervention ont été remis sur le marché
européen. Les importations de
manioc et de céréales
se sont accru.
La campagne 2007-2008
démarre à nouveau sur une
donne peu favorable :
récolte européenne de blé
et de maïs en baisse, stocks
européens très réduits, flambée
des cours internationaux du blé.
Concurrence alimentaire
et biocarburant, vulnérabilité
croissante aux aleas :
Les marchés céréaliers sont
entrés dans une nouvelle ère.
240
220
€/tonne
200
Réforme de la PAC de 1993
180
160
140
120
100
80
1990
1993
1996
1999
2002
Moyennes mensuelles. Prix départ Eure et Loir, majorations mensuelles comprises.
Prix exprimés avant l'entrée en vigueur de l'euro au taux franc/ecu (taux vert).
2005
2007
Hervé MAROUBY
Graphique 1 : Prix du blé en France (€/tonne) de 1990 à 2007
TechniPorc, Vol. 30, N°5, 2007 - la revue technique de l’IFIP
Brève 3
Les exportations de blé vers les
pays-tiers se sont tassées tandis
que les exportations d’orge profitaient de l’effacement d’autres
compétiteurs mondiaux.
Récolte de maïs pour ensilage aux USA
Aux Etats-Unis,
la demande pour la
production d’éthanol
carburant a atteint
55 Mt soit le cinquième
de la récolte
américaine.
Les disponibilités mondiales de
céréales fourragères ont également
moins bien couvert la demande,
confirmant la tendance à la baisse
des stocks mondiaux observée ces
dernières années.
Aux Etats-Unis, les cours du maïs se
sont appréciés de plus de moitié en
moyenne par rapport à la campagne
précédente (+54 %) sous l’influence
de la baisse de l’offre et l’envolée
de la demande pour la production
d’éthanol carburant. Ce débouché
a atteint 55 Mt soit +34 % en un an,
soit le cinquième de la récolte américaine (268 Mt en 2006).
Ajustements
du bilan céréalier
de l’UE
Dans l’UE, pour pallier le recul des
disponibilités, les stocks d’intervention ont été largement mobilisés en
2006-2007 tant sur le marché intérieur qu’à l’exportation.
Les importations se sont accrues.
Les arrivages de maïs ont doublé,
à 5 Mt (Brésil), ils ont en effet compensé le manque d’offre de blés
et d’orges des pays-tiers, suite
à l’embargo à l’exportation de
l’Ukraine.
La consommation de céréales en
alimentation animale s’est érodée,
au bénéfice des importations de
manioc : près d’un million de tonnes ont été importées de Thaïlande
en 2006/2007, 153 000 tonnes lors
de la campagne précédente.
Les utilisations des céréales pour
le « non alimentaire » se développent : la consommation pour
l’éthanol a été multiplié par deux
pour atteindre un peu moins de
4 Mt. Cette dernière reste loin
derrière l’utilisation pour l’aliment
du bétail (160 millions de tonnes
pour une production céréalière
totale proche de 260 Mt pour l’UE
à 27).
Les stocks de fin de campagne
sont fortement réduits par rapport à leur niveau de l’été 2005,
notamment pour le blé. Les stocks
d’intervention de blé ont été élimi-
nés, ceux de maïs sont aussi en net
retrait.
En perspective
En ce début de campagne 20072008, l’envolée des cours des
céréales est le résultat de plusieurs
facteurs, certains conjoncturels tels
les récoltes médiocres de grands
producteurs ou le comportement
des investisseurs sur les marchés
des matières premières.
Après des niveaux historiques, les
cours devraient désormais opérer
une correction à la baisse sous l’effet d’un accroissement des importations de céréales et d’une augmentation des surfaces dans l’UE.
Des facteurs structurels (développement de la demande alimentaire et non alimentaire, sensibilité aux menaces climatiques dans
les grandes zones de production)
continueront de soutenir les cours
ces prochaines années.
Les céréales et plus largement le
coût de l’alimentation animale
seront sensiblement plus chers
qu’au début de ce siècle. La volatilité sera également plus forte. Ces
perspectives incitent à suivre de près
les marchés et à utiliser au mieux les
mécanismes de couverture face aux
risques des marchés.
■
Contact :
[email protected]
Pour en savoir plus :
Baromètre porc : Supplément « Aliment et matières premières ». Octobre 2007.
Formations IFIP :
• Matières premières, des marchés à la formulation - 12-13 décembre 2007
• Le marché des matières premières pour l’alimentation porcine - Sur mesure
Site internet : « Cours et marchés» - Evolution du prix hebdomadaire des matières premières (céréales,
pois et oléagineux, issues de céréales et psc, tourteaux de soja, colza et tournesol) - Données régionales
et des principaux ports d’importation - Rétrospective années 2006 et 2007 - Prix mensuel de l’aliment
IFIP (évolution depuis 2004) - Indicateur IFIP (marge brute, synthèse de conjoncture pour l’élevage)
(www.ifip.asso.fr).
4 Brève
TechniPorc, Vol. 30, N°5, 2007 - la revue technique de l’IFIP