Cours magistral

Prof. Bertrand Prévost
Chaire d’histoire de l’art moderne et contemporain
Cours magistral du SH 2005-2006
Mercredi, de 10h00 à 12h00
Salle de Cinéma, Début du cours : 26 octobre
L’art du geste à la Renaissance
Andrea del Castagno, David, peinture sur bouclier en cuir, ca. 1450
Présentation
On partira de l’hypothèse selon laquelle l’art du geste en image – postures, attitude
corporelles, mimiques, etc. – aura pu servir de véhicule figural pour de nouvelles formes de
comportement. Il s’agira de montrer comment certaines inventions gestuelles interviennent (et
non représentent) dans des champs pratiques (amour et combat) pour faire surgir de nouveaux
éthos, irréductibles aux pratiques socialement attestées ; en tant, donc que ces étranges
manières n’ont de cours qu’en image. On comprendra vite en quoi l’analyse gagnera à se
défaire de toute notion triviale de “ langage ” ou de “ rhétorique des gestes ”. Seront donc
privilégiés des “ cas du geste ”, des singularités, plutôt que les discours qui tentent de les
formaliser dans divers traités. Historiquement, nous ancrerons le problème principalement
dans la Florence du second Quattrocento, les artistes du moment (Andrea del Castagno,
Pollaiolo, Verrocchio, Botticelli, Ghirlandaio, etc.) ayant particulièrement œuvré à
l’intensification de l’expressivité corporelle.
Programme
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INTRODUCTION
Les gestes : événements ou langage ? posture, éthos et manières d’être. A. Warburg et les
Pathosformeln. Quid de la possibilité d’Ethosformeln ? pathétique des gestes et stylistique de
l’existence. La Renaissance et l’interprétation esthétique de la vie (Burckhardt).
COMBATS ET DÉBATS
Le combat singulier : duel et jugement (Les Travaux d’Hercule selon Antonio Pollaiolo) ; le duel
comme événement esthétique ou l’impossibilité de juger : du Laocoon aux Combats de nus d’Antonio
Pollaiolo.
Anthropologie et esthétique du furor guerrier : le combat comme milieu affectif ; furor et
transfiguration guerrière.
Le triomphe comme Idée esthétique du combat : “ situation agonistique ” vs. iconographie du combat
(Le David d’Andrea del Castagno) ; A. Waburg, Mnémosyne, planche 44 (“ Le pathos du vainqueur ”).
Le dispositif esthétique d’agression : spectacles guerriers dans la Florence de la Renaissance ; site,
corps, geste : éthologie de la domination ;
(suite) variations sur la subjugation (de Pallas et le centaure de Botticelli à quelques Annonciations
florentines).
ÉBATS ET DÉBATS
Modes et manières de l’amour : styles d’amour et puissance du multiple (les Modi de Marcantonio
Raimondi).
Amours actives et contemplatives : pragmatique et idéal d’amour (des Piatti Otto à l’Apollon et Daphné
de Pollaiolo).
La poursuite érotique comme Idée esthétique du geste amoureux : le dispositif ou situation amoureuse ;
prendre femme ;
(suite) cueillir (Laure, Chloris et le jardin), chasser les dames (Piatti Otto et Histoire de Nastagio selon
Botticelli).
(suite) nymphe, guerrier, cheval (Enlèvement de Déjanire, Enlèvement d’Europe, Phyllis et Aristote…)
La moresca ou la parade parodiée : rituel, danse, cour.
CONCLUSION
13. Manières d’être ou le destin artistique de l’amour et du combat. Pour une
reconsidération de la notion de maniérisme.
Bibliographie
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