Diabète gestationnel - International Diabetes Federation

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Diabète gestationnel - International Diabetes Federation
L e f œ t u s e t l a g ro s s e s s e
Diabète gestationnel :
Ce que toute mère doit savoir
` David Hadden
Le diabète gestationnel est un diabète diagnostiqué chez
une femme durant sa grossesse. Ce diabète peut s'être
déclaré avant la grossesse, sans que la future mère n'en ait
été consciente, ou à cause de la grossesse. Dans les deux
cas, la future mère doit recevoir toutes les informations
nécessaires relatives à sa condition en raison des effets à
long et à court terme pour elle et son bébé.
>>
groupes, tel celui des jeunes anglaises
de type caucasique, cette condition
est bien moins fréquente. En effet,
moins de 1% des femmes enceintes
dans ce groupe en sont atteintes. Le
diabète gestationnel devient plus
courant dans les pays du tiers
monde, tout comme le diabète de
type 2 dans la population en général.
Les personnes très obèses, plus
âgées ou qui ont des antécédents
familiaux, sont plus prédisposées au
diabète gestationnel.
Qu’est-ce que le diabète
gestationnel?
Quelles femmes sont les plus
exposées ?
Comment le
diagnostique-t-on ?
Aux premiers stades de la grossesse,
les taux glycémiques de la future
mère peuvent être trop bas avant les
repas. Ceci explique certaines
fringales. Durant le développement
du bébé, la future mère subit des
changements hormonaux favorisant
la croissance du fœtus. Cependant
ces changements ont tendance à
augmenter la glycémie de la future
mère. Par conséquent, les besoins en
insuline de celle-ci doublent, voire
triplent, par rapport à la situation
normale. Si l'organisme ne peut
produire la quantité d'insuline
requise, le glucose reste dans le sang
et provoque une augmentation des
taux de glycémie ou le diabète
gestationnel. Ce phénomène apparaît
principalement dans la dernière
phase de la grossesse.
Le diabète gestationnel est connu
depuis au moins 40 ans. Cette
condition est par ailleurs de plus en
plus courante. La prédisposition au
diabète gestationnel dépend d'une
part de l'origine ethnique de la future
mère et de la quantité de nourriture
consommée par celle-ci. Par
exemple, les indiennes d'Asie, les
américaines d'origine africaine ou les
maories de Nouvelle-Zélande qui
vivent dans des pays où la nourriture
est abondante, risquent plus de
développer le diabète gestationnel
que les femmes d'origine européenne
vivant dans ces mêmes pays. Dans
certains groupes, notamment les
américaines d'origine hispanique du
Sud de la Californie, plus de 10% des
futures mères sont atteintes de
diabète gestationnel. Dans d'autres
Même si une femme enceinte ne
présente aucun des symptômes de
diabète aigu (soif, envies d'uriner plus
fréquentes, perte de poids), ses taux
glycémiques peuvent être trop
élevés. Il suffirait de réaliser un
simple test de l'urine lors de chaque
visite prénatale : si l'on détecte la
présence de glucose ou s'il y a déjà
eu des cas de diabète dans la famille,
il faudra recourir à un contrôle
glycémique afin de détecter la
présence possible de diabète
gestationnel. Un test sanguin sera
également requis si la femme
présente un certain embonpoint ou a
déjà donné naissance à un bébé de
plus de 4 kilos.
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Le dépistage du diabète gestationnel,
au moyen d'un test sanguin, sera
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Cette photo a été prise il y a
quarante ans dans la région
rurale de l'Ouganda. Le diabète
gestationnel était alors inconnu
dans ce pays où la nourriture
était peu abondante et où tout
le monde effectuait des tâches
physiques lourdes.
réalisé de préférence aux alentours
de la 28e semaine afin de pouvoir
rectifier à temps une glycémie trop
élevée pouvant être néfaste pour le
bébé. Ce test peut aussi être
effectué avant la 28e semaine.
Comment les tests sont-ils
pratiqués ?
La plupart des cliniques de soins
prénataux administreront aux
femmes enceintes une boisson
sucrée (test de la tolérance au
glucose) contenant 75g de glucose
aux alentours de la 28e semaine et
mesureront la glycémie à trois
reprises après absorption de cette
boisson (une première fois
directement après absorption et
puis toutes les heures). D'autres
centres préfèrent recourir à un
test sanguin unique une heure
après ingestion d'une dose plus
faible de glucose (50 g) à des fins
de dépistage. Ils procéderont à un
test plus consistant uniquement en
cas de résultats trop élevés. Ils
donneront à la patiente une
boisson contenant 100 g de glucose
et réaliseront quatre tests (le
premier au moment de l'absorption
et puis toutes les heures). Ces
deux méthodes étant bonnes, la
recherche tente de déterminer le
système le plus efficace et le plus
rentable dans différentes parties du
globe.
Quelle est la signification de
ces résultats ?
La glycémie à jeun d'une femme non
atteinte de diabète et qui n'est pas
enceinte ne dépasse pas 6,1 mmol/l
(110 mg/dl). Cependant, durant la
grossesse, il y a lieu de s'inquiéter
lorsque la glycémie à jeun est
supérieure à 5,3 mmol/l (95 mg/dl).
En temps normal, suite à l'absorption
d'une boisson contenant 75 g de
glucose, les taux glycémiques d'une
Davantage de personnes vivent à
présent dans les villes et les
cités, des lieux où la nourriture
se trouve plus facilement. Ces
populations se sédentarisent,
prennent du poids et le diabète
gestationnel devient une
condition plus courante.
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Tableau 1 : Valeurs glycémiques utilisées dans le cadre du diagnostic et du traitement pour les femmes non enceintes, les femmes
enceintes, les cas limites (tolérance abaissée au glucose à jeun et tolérance abaissée au glucose) et le diabète. (Pour les pays où la
glycémie est mesurée en mg/dl, ces chiffres doivent être multipliés par 18.)
femme qui n'est pas enceinte ne
dépassent pas 7,8 mmol/l (140
mg/dl). Durant la grossesse, le taux
normal peut s'élever à plus de 8,6
mmol/l (155 mg/dl) en raison des
effets des changements hormonaux
au cours du troisième stade de la
grossesse. Ainsi, les valeurs normales
varieront selon que la femme est
enceinte ou non. Si un test réalisé à
jeun donne un résultat de 7,1 mmol/l
(126 mg/dl) voire plus, ou si un test
effectué au hasard donne un résultat
de 11,0 mmol/l, il faudra traiter le
diabète.Toutefois, les risques sont
tout aussi présents lorsque les taux
glycémiques sont limités.
Durant sa
croissance, le bébé
d'une femme
atteinte de diabète
gestationnel sera
plus prédisposé à
l'embonpoint et au
développement du
diabète de type 2.
Glossaire
La tolérance abaissée au glucose
(en anglais : IGT) s'observe lorsque
les taux glycémiques sont
supérieurs à la normale mais
inférieurs à ceux d'une personne
atteinte de diabète. Elle augmente
le risque de développer le diabète
et provoque une détérioration des
artères.
La pré-éclampsie est une
condition qui apparaît uniquement
durant la grossesse. Elle peut
mettre en danger la mère et
l'enfant et concerne au moins 5 %
des grossesses (et davantage dans
le cas de futures mères atteintes
de diabète). La progression de
cette condition est rapide et se
caractérise par une hypertension,
un gonflement et la présence de
protéines dans l'urine.
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Peut-il faire du tort au bébé ?
Le diabète gestationnel, quel que soit
son degré de gravité, peut provoquer
un développement exagéré du bébé
(macrosomie) qui nécessite de
pratiquer une césarienne. Si le taux
glycémique à jeun de la mère est
trop élevé, le bébé risque de souffrir
d'hypoglycémie tout de suite après la
naissance. Même s'il est faible, le
risque de mortalité prénatal est
également présent. Le diabète
gestationnel peut également
provoquer une hypertension durant
la grossesse (pré-éclampsie), affectant
la croissance du bébé. Durant sa
croissance, le bébé d'une femme
atteinte de diabète gestationnel sera
plus prédisposé à l'embonpoint et au
développement du diabète de type 2.
Ces risques seront sensiblement
diminués grâce à un traitement visant
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à ramener à la normale le taux de
glycémie durant la grossesse.
Une étude internationale de grande
envergure du nom de HAPO
(Hyperglycaemia and Adverse
Pregnancy Outcome) rassemble les
résultats de 25.000 femmes du
monde entier afin d'établir l'impact
sur l'enfant d'une hausse de la
glycémie, même faible, chez la mère
durant la grossesse.
La mère peut-elle en être
affectée après la grossesse ?
Les femmes qui ont eu un diabète
gestationnel risquent davantage de
développer le diabète de type 2. Ce
risque augmente en cas
d'embonpoint et d'inactivité
physique.
Le traitement de l'hyperglycémie
durant la grossesse diminuera sa
prédisposition au diabète de type 2
et augmentera les chances de
réussite de toute grossesse
ultérieure.
Existe-t-il un traitement ?
Oui. Dans un premier temps,
il faudra respecter un régime
approprié. Une alimentation
comportant moins d'hydrates
de carbone peut être utile, mais
les futures mères devraient tout
de même suivre un régime
équilibré susceptible de
répondre aux besoins de leur
enfant durant la grossesse. Il faut
` David Hadden
Le Professeur David Hadden
est Médecin Conseil au Royal
Victoria Hospital à Belfast en
Irlande du Nord.
Lectures conseillées
American Diabetes
Association. Position statement on gestational diabetes
medicine. Diabetes Care 2002;
25(suppl 1): 594-596.
Langer OD, Conway DL,
Berkus MD, Xenakis EM-J,
Gonzales O. A comparison of
glyburide and insulin in
women with gestational
diabetes mellitus. N Engl J
Med 2000; 343:1134-1138.
Les futures mères devraient
suivre un régime équilibré
susceptible de répondre aux
besoins de leur enfant durant
la grossesse.
les conseiller afin qu'elles sachent
exactement ce qu'elles doivent
réduire dans leur alimentation ainsi
que les quantités à respecter. Une
activité physique modérée est
également bénéfique.
Les femmes qui
ont eu un diabète
gestationnel
risquent davantage
de développer le
diabète de type 2.
toujours au-delà des chiffres
indiquant un diabète gestationnel, un
traitement à l'insuline est en général
recommandé. La future mère devra
apprendre à utiliser le test du
prélèvement sanguin au niveau du
doigt afin de déterminer la dose
d'insuline nécessaire. Il a été
démontré que les injections
d'insuline réduisaient tous les risques
pour le bébé si les futures mères
atteintes de diabète suivent
scrupuleusement leur régime.
En général, et c'est une bonne
nouvelle, les injections peuvent être
interrompues dès la naissance de
l'enfant, pour autant que les taux
glycémiques demeurent normaux.
Metzger BE, Coustan DR (ed).
Proceedings of the fourth
international workshop
conference on gestational
diabetes mellitus. Diabetes
Care 1998; 21(suppl 2):
B1-B167.
O'Sullivan JB. Gestational
Diabetes. Unsuspected,
asymptomatic diabetes in
pregnancy. N Engl J Med
1961;264:1082-1085.
Rossi M, Dornhorst A. In:
Dornhorst A, Hadden DR (ed).
Diabetes and Pregnancy: an
international approach to
diagnosis and management.
Chichester, NY: Wiley; 1996.
pp. 351-366.
Si, malgré un régime alimentaire
correct, les taux de glycémie sont
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