Juillet-août 2005 - À votre service sans ordonnance

Transcription

Juillet-août 2005 - À votre service sans ordonnance
à votre service SANS ORDONNANCE
Quelles options avons-nous
pour éliminer les verrues ?
Dans la population générale, 7 % à 10 % des gens seront affectés par une verrue à un moment
ou l’autre de leur vie. Jusqu’à 25 % des enfants et des adolescents contracteront une ou
plusieurs verrues. En effet, les enfants d’âge scolaire, les adolescents et les jeunes adultes,
avec un pic d’incidence entre 12 et 16 ans, constituent la population la plus susceptible de
présenter une verrue1-7. La verrue est une infection virale de la peau causée par le papillomavirus humain (PVH) provoquant une excroissance intra-épidermique2,5. Même s’il s’agit
d’une infection bénigne, l’aspect gênant des lésions poussera le patient ou les parents à
consulter le pharmacien afin d’obtenir un traitement. Plusieurs solutions de traitement existent pour les verrues vulgaires ou plantaires. Le pharmacien doit donc évaluer la situation
particulière de chaque patient et il devrait être en mesure de suggérer un traitement parmi
les produits en vente sur les tablettes ou encore de recommander une consultation médicale.
Étiologie
Trois conditions doivent être réunies pour que la croissance d’une verrue soit possible : une porte d’entrée
(une coupure, une éraflure, une ampoule), la présence
du PVH et un système immunitaire individuel vulnérable à ce virus7. Les patients ayant déjà été infectés ont
trois fois plus de risque de contracter une nouvelle verrue2,6. En vieillissant, l’adulte développerait une immunité qui le protégerait efficacement du virus, à moins
que les facteurs de risque suivants ne soient présents :
l’immunosuppression, la dermatite atopique, la pratique d’activités sportives ou la manipulation de viandes, de volailles et de poissons crus2-4,6-8.
La contagion peut être directe de personne à personne ou, encore, par auto-inoculation, c’est-à-dire
d’un site à un autre sur le même patient1-3,5,6. Une contagion indirecte est aussi possible, par des surfaces contaminées, puisque le virus survit à l’extérieur de
l’hôte1,3,5-7. La piscine est l’endroit de prédilection pour
contracter une verrue plantaire, car la baignade dans
une eau chauffée au pH supérieur à 5 ramollit la
couche cornée et, de plus, la surface non lisse autour
de la piscine et sur les tremplins crée la porte d’entrée
en lésant la peau1,7.
Physiopathologie
Il existe au moins 80 types de PVH7. Seulement six
d’entre eux sont responsables des verrues; les autres
peuvent causer une multitude de problèmes cutanés,
dont des condylomes et des néoplasies qui ne font pas
l’objet de cet article2,4,7.
La verrue est une tumeur, ou excroissance, confinée
à l’épiderme et elle atteint plus particulièrement la
couche cornée (stratum corneum), qui est la couche la
plus superficielle2,4,8. La période d’incubation varie de
1 à 12 mois, avec une moyenne de 2 à 3 mois1,2,6.
Texte rédigé par
Stéphanie Trudel,
étudiante en
pharmacie, et
Mylène Martin,
B. Pharm., Pharmacie
I. Morin, A. St-Pierre,
S. Fiset, D. Pham.
Texte original soumis
le 25 février 2005.
Texte final remis
le 28 mars 2005.
Révision :
Pascale Meunier,
B. Pharm., et
Maryse Laviolette,
B. Pharm.
La réplication virale se fait dans les kératinocytes, puis
les virus sont libérés entre les masses de kératine,
provoquant un épaississement localisé de la couche
cornée. On observe alors une hyperkératose2,3,5,8.
On distingue cinq types de verrues, soit les verrues
communes ou vulgaires, les verrues plantaires, les
verrues filiformes, les verrues plates ou planes et les
verrues en mosaïque1,2,4,5,8.
Verrues vulgaires ou communes
Le plus souvent, on trouve les verrues vulgaires sur les
mains et les doigts des enfants, parfois autour et sous
les ongles des doigts rongés ou à tout autre endroit
exposé aux traumatismes (p. ex., au genou)2,6,8,9.
Lorsqu’elles touchent l’ongle, on les appelle périunguales4. Elles ont l’apparence d’une papule ferme de
couleur chair dont la surface est rugueuse, mesurant de
1 à 10 mm de diamètre et elles sont asymptomatiques2,4,6,8,9.
Verrues plantaires
Les verrues plantaires sont parfois élevées (papules fermes), mais elles sont souvent aplaties par compression
sous le poids du corps7,10. Le diamètre de la verrue
plantaire varie de 0,5 à 3,0 cm7. Elles se forment aux
endroits où l’intégrité de la peau est altérée, donc, la
plupart du temps, aux points de pression (le talon, la
plante du pied)2,5,9-11. L’hyperkératose masque la plupart des verrues plantaires2,8,10. La douleur est proportionnelle au degré d’hyperkératose et à la taille de la
verrue; elle s’accentue lors de la marche ou de la
course1,2. Puisque la verrue n’atteint jamais le derme,
un patient se plaignant de douleur profonde ressent
plutôt la compression des terminaisons nerveuses sensitives du pied7,11. On risque de confondre les verrues
plantaires avec les cors (des callosités). Une verrue
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
441
à votre service SANS ORDONNANCE
Tableau I : Patients à adresser au médecin3,6,8,10,11
• Patients atteints de maladies vasculaires périphériques, de diabète
ou de neuropathies.
• Patients sous thérapie immunosuppressive ou présentant une maladie
entraînant une faiblesse du système immunitaire (VIH).
• Augmentation de la taille de la verrue en traitement.
• Plusieurs verrues ou lésions présentes sur plusieurs parties du corps.
• Verrues planes, filiformes ou en mosaïque.
• Verrues au visage ou sur les régions génitales.
• Saignements (sauf légers) ou signes d’infection.
• Peau saine endommagée et devenant douloureuse ou enflammée.
• Pas d’amélioration de la lésion après deux semaines de traitement.
• Guérison complète non obtenue après 12 semaines de traitement.
plantaire sera douloureuse par compression latérale
(en pinçant les côtés de la verrue), alors qu’un cor est
insensible au pincement, mais sensible à la pression
directe1,2,4,10. En enlevant la couche superficielle de la
verrue plantaire, on découvre une multitude de capillaires provenant du derme et se dressant perpendiculairement à la plante du pied, ce qui explique qu’un
saignement est possible1. Les capillaires sont les points
noirs que l’on observe souvent au centre d’une verrue et
ils représentent ce que les patients appellent par erreur
les racines de la verrue. Les capillaires sont absents des
cors1,5,8,11. De plus, les lignes naturelles de la peau sont
interrompues sur la lésion verrucaire, ce qui nous donne
un autre moyen de distinguer la verrue du cor1,2,4,5,7-10.
Verrues filiformes, planes et en mosaïque
Les verrues filiformes se situent au visage et au cou.
Contrairement aux autres types de verrues, elles sont
présentes en grande quantité sur la surface atteinte2,4,5.
Les verrues planes sont plus petites que les verrues
vulgaires, soit de 1 à 3 mm de diamètre. On les
observe surtout à des sites de grattage ou de rasage (la
barbe, les jambes pour les femmes) et elles forment
souvent une ligne suivant le traumatisme qui en est la
cause. Une verrue en mosaïque est la confluence de
plusieurs lésions qui forment une seule verrue aplatie
et elle est souvent résistante aux traitements2,8.
Approches de traitements
Avant même d’envisager un traitement, il est important de se rappeler qu’une verrue est une infection
bénigne entraînant un épaississement cutané et qu’une
guérison spontanée survient dans 23 % des cas en
deux mois, dans 30 % des cas entre trois et six mois et
dans 65 % à 78 % des cas en deux ans1,6,7,10,12,13. Même
s’il existe plusieurs génotypes du PVH, la connaissance
précise du génotype en cause n’influe pas sur le choix
du traitement7,12. Ce qu’il faut prendre en considération est l’âge du patient, son état de santé ainsi que la
quantité et la localisation des verrues6,7.
Le traitement idéal devrait être sécuritaire, efficace,
indolore, abordable, facile d’application, ne laissant
pas de cicatrice et permettant au patient de demeurer
ambulant1,6. Un traitement peut s’avérer une bonne
442
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
option dans les cas où les verrues ne sont pas acceptables par le patient et/ou lorsqu’elles sont
douloureuses12,14. Les verrues plantaires en particulier
causent parfois de la douleur et celles qui sont situées
au niveau des mains occasionnent souvent une gêne
dans le milieu scolaire, sans oublier que les verrues
sont aussi contagieuses1,12,14,15. Les buts du traitement
sont de détruire les kératinocytes infectés par le virus
sans obtenir de récurrence et sans détruire les tissus
sains, de prévenir la contamination (auto-inoculation
et sur les autres) et de soulager la douleur s’il y a
lieu7,8,10,12. Il faut aussi prendre en considération que si
les verrues affectent les adultes, les gens immunocompromis ou si la verrue est présente depuis longtemps,
la guérison spontanée est beaucoup moins probable et
les différents traitements risquent aussi d’être moins
efficaces10,12. Le tableau I présente les cas où il est
nécessaire d’adresser le patient à un médecin avant
d’entreprendre un traitement.
Mesures non pharmacologiques
Pour éviter de contracter une verrue, il est conseillé de
toujours employer une serviette propre et non utilisée
par d’autres personnes, d’éviter de marcher pieds nus
dans les endroits publics, surtout près des piscines et
dans les douches publiques, de garder les pieds au sec,
de porter des bas en coton et de les changer tous les
jours10,16.
Pour éviter de répandre les verrues, il est important
de se laver les mains fréquemment et, surtout après
avoir touché les lésions, d’éviter de piquer, gratter ou
mordre les verrues, de couvrir les nouvelles verrues
d’un pansement puisqu’elles sont plus infectieuses et
de garder les endroits atteints le plus au sec possible,
car l’humidité favorise leur développement6,15.
Afin d’assécher et ainsi d’enrayer les verrues plantaires, on peut faire tremper le pied atteint dans de
l’eau à laquelle on a ajouté du sel d’Epsom, du vinaigre ou encore de l’acétate d’aluminium (Buro-SolMD)2.
Mesures pharmacologiques
Acide salicylique
Parmi les choix de traitements en vente libre, l’acide
salicylique (AS) demeure le premier choix. Il est le seul
produit en vente libre reconnu sécuritaire et efficace
par le U.S. FDA Advisory Panel pour le traitement des
verrues vulgaires et plantaires1,6,7. Il est le traitement
qui a montré la plus grande efficacité comparativement au placebo, soit 75 % d’éradication contre 48 %
avec le placebo après une période moyenne de
10 semaines de traitement10,14.
L’AS est un agent kératolytique qui agit en détruisant mécaniquement l’épiderme infecté par le virus. Il
entraîne du même coup une réaction inflammatoire
qui stimule le système immunitaire à combattre le
virus2,7,12. À lui seul, l’AS peut entraîner une éradication
de plus de 66 % des verrues au niveau des mains et
Quelles options avons-nous pour éliminer les verrues ?
84 % des verrues plantaires en 12 semaines12. De plus,
cet agent est peu susceptible de laisser des cicatrices10.
On ajoute souvent de l’acide lactique (AL) dans les
produits à base d’AS afin d’abaisser le pH de la préparation et d’augmenter ainsi son efficacité. L’acide lactique permet aussi de peler la peau infectée1,15,16. Il est
recommandé de rechercher des produits qui en
contiennent environ 17 % afin d’abaisser suffisamment le pH tout en gardant la stabilité du produit3,15.
L’AS possède une activité kératolytique à des concentrations supérieures à 2 %. Pour les verrues vulgaires, le meilleur choix s’avère un produit contenant
de 11 % à 20 % d’AS associé à l’acide lactique et
idéalement dans une base de collodion souple
(mélange à base d’alcool et d’éther)1,3,8,10,12,17.
Quant aux verrues plantaires, comme l’épiderme
est plus épais, elles sont plus kératinisées et résistantes.
Les verrues plantaires renferment habituellement une
charge virale plus élevée que les verrues vulgaires11. Il
est donc recommandé d’employer les liquides et les
disques contenant des concentrations d’AS de 17 % à
40 %1,3,8,11,12. Les disques contenant 40 % d’AS sont un
choix de traitement sécuritaire lorsqu’ils sont employés
correctement chez les patients qui ne présentent pas de
contre-indication. Les disques offerts sur le marché
contiennent 15 % ou 40 % d’AS7,16.
La base de collodion souple contenue dans
plusieurs préparations forme un film à la surface de la
verrue afin de permettre à l’AS de demeurer au site
d’action le plus longtemps possible. On doit enlever ce
film avant la prochaine application pour s’assurer que
l’AS contenu dans cette nouvelle couche pénètre dans
l’épiderme7,12,16.
Il existe plusieurs formulations offertes en vente
libre contenant différentes concentrations d’AS16. Le
tableau II en fait une revue. Quant au mode d’application de ces différents produits, le tableau III suggère
une marche à suivre.
Chez les enfants de plus de deux ans qui ont des
verrues, on peut employer tous ces produits, mais en
surveillant tout de même de près l’évolution de la
lésion et de la peau environnante. Même les produits
contenant 40 % d’AS ne semblent pas causer plus d’irritation et, de plus, l’absorption systémique demeure
très faible s’ils sont utilisés adéquatement18,19. Chez les
moins de deux ans, il est préférable d’attendre la guérison spontanée ou de les adresser au médecin si les verrues sont nombreuses, incommodantes ou s’il y a un
grand risque de transmission18,19.
Pour tous, il est recommandé de cesser le traitement lorsque le site où était la verrue reprend l’apparence de la peau saine. Si la verrue devient irritée ou
saigne légèrement, il est préférable d’enlever le traitement pour une nuit et de reprendre le lendemain ou
lorsque le tissu est rétabli20.
Le choix de la formulation, c’est-à-dire en gel, en
onguent, en liquide ou en disque, a peu d’impact sur
Tableau II : Produits à base d’acide salicylique offerts
sur le marché16
Disques contenant 15 % d’acide salicylique (noms commerciaux)
• Trans-Plantar
• Trans-Ver-Sal
Efficacité moindre que les
disques à 40 % d’AS
Disques contenant 40 % d’acide salicylique
• Compound W coussinets pour
verrues communes une étape
• Compound W compresses pour
verrues plantaires une étape
• Compound W pour enfants une étape
• Duofilm disque plantaire
• Duofilm disque
• Scholl éliminateur verrue plantaire
• Scholl éliminateur verrue
• Scholl éliminateur verrue plantaire
une étape
• Scholl éliminateur verrue une étape
• Scholl éliminateur verrue une
étape pour enfants
Les différentes présentations sont
comparables entre elles.
Elles varient par la forme des
différents pansements adaptés
pour recouvrir les verrues plantaires
ou les verrues sur les doigts.
Les produits dits « une étape »
ne nécessitent pas l’application
d’un autre pansement pour couvrir
le disque. Les formules pour enfants
offrent des pansements colorés.
Préparations à base d’acide salicylique seulement
• Duofilm Gel pour enfants
• Compound W Gel
• Scholl éliminateur verrue gel aloes
• Occlusal
• Off-Ezy Wart Remover
• Scholl éliminateur verrue liquide
• Freezone Liquide
• Compound W Liquide
• Soluver
• Occlusal HP
• Duoforte 27 Gel
• Soluver PLus
• Compound W Plus
• Gel, AS : 11 %
• Gel, AS : 17 %
• Gel, AS : 17 %
• Liquide, AS : 17 %
• Liquide, AS : 17 %
• Liquide, AS : 17 %
• Liquide, AS : 17,6 %
• Liquide, AS : 20 %
• Liquide, AS : 20 %
• Liquide, AS : 26 %
• Liquide, AS : 27 %
• Liquide, AS : 27 %
• Liquide, AS : 30 %
Préparations à base d’acide lactique et d’acide salicylique
• Duofilm Liquide
• Duoplant
• Tiacid
• Viron Wart Lotion
• Liquide, AS : 16,7 %, AL : 16,7 %
• Onguent, AS : 25 %, AL : 10 %,
formalin : 5 % (le formaldéhyde
n’apporte aucun avantage à ce produit)
• Liquide, AS : 17 %, AL : 17 %
• Liquide, AS : 10 %, AL : 10,2 %, acide
acétique : 9,8 % (l’acide acétique
acidifie davantage la préparation,
sans qu’une efficacité supérieure
n’ait été montrée)
Légende : AS : acide salicylique, AL : acide lactique
le résultat du traitement. Évidemment, les préparations liquides seront à proscrire chez un patient ayant
des problèmes de dextérité, de vue ou des tremblements. Quel que soit le produit utilisé sur les doigts
d’un enfant, il devra être couvert d’un pansement afin
d’éviter tout risque d’ingestion. Quant aux disques,
l’observance sera probablement augmentée puisqu’ils
resteront en place pendant 48 heures.
Les traitements ne sont pas efficaces à 100 %. On
obtient habituellement une réponse complète dans 60 %
à 70 % des cas après trois mois de traitement12. On
doit s’attendre à une amélioration après une à deux
semaines de traitement6,7. Près de 30 % des verrues
seront résolues après une semaine de traitement à base
d’AS, mais il peut être nécessaire de le poursuivre
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
443
à votre service SANS ORDONNANCE
Tableau III : Mode d’application des préparations à base
d’acide salicylique1-4,6-8,10,12,15,16
Pour toutes les préparations à base d’acide salicylique :
• Laver la zone à traiter à l’eau et au savon.
• Faire tremper la zone à traiter dans de l’eau tiède pendant 5 à 15 minutes.
• Enlever le surplus de kératine à l’aide d’un papier émeri (papier sablé),
d’une pierre ponce ou d’une lime à callosité.
• Protéger la peau saine autour de la verrue avec de la vaseline ou du vernis
à ongles. L’acide contenu dans ces préparations peut être très irritant.
Pour appliquer les disques :
• Tailler le disque à la grandeur désirée afin de couvrir seulement la verrue.
• Appliquer le disque et le garder en place pendant 48 heures.
• Le décoller et enlever le surplus de kératine formé en utilisant la même
technique que lors de la première application.
• Replacer un autre disque et ainsi de suite jusqu’à ce que la verrue ait
complètement disparue ou pour une période maximale de 12 semaines.
• Si la verrue est toujours présente après 12 semaines, consulter un médecin.
• Si la verrue devient irritée ou saigne légèrement, il est préférable d’enlever
le disque et de reprendre le lendemain ou lorsque le tissu est rétabli.
• Se laver les mains après l’application.
Pour appliquer les préparations sous forme liquide, gel ou onguent :
• Appliquer une goutte à la fois sur la verrue jusqu’à ce que la région
affectée soit recouverte. Les préparations composées d’AS et d’AL avec
ou sans formalin peuvent être appliquées une fois par jour seulement,
tandis que les préparations à base d’AS seul peuvent l’être de une à
deux fois par jour.
• Si le produit entre en contact avec la peau saine, la nettoyer immédiatement avec de l’eau et du savon.
• Il est préférable de couvrir la région d’un pansement occlusif afin
d’empêcher les principes actifs de s’évaporer et d’éviter la transmission
du virus.
• Bien refermer le bouchon du produit afin d’éviter l’évaporation.
• Répéter jusqu’à ce que la verrue ait complètement disparue ou pour
une période maximale de 12 semaines.
• Avant chaque application subséquente, enlever la fine couche formée par
le produit et enlever le surplus de kératine formé en utilisant la même
technique que lors de la première application.
• Si la verrue est toujours présente après 12 semaines, consulter un médecin.
• Si la verrue devient irritée ou saigne légèrement, il est préférable d’enlever
le traitement et de reprendre le lendemain ou lorsque le tissu est rétabli.
• Bien se laver les mains après l’application.
Autres conseils concernant l’emploi des produits à base d’AS :
• Pour usage externe seulement, éviter le contact avec les yeux, les
paupières, le visage, les régions génitales et les muqueuses.
• Éviter ce produit en cas d’allergie à l’AspirinMD ou aux salicylates.
• Garder hors de la portée des enfants.
pendant un maximum de 12 semaines. Après ce délai,
le patient doit être adressé à un médecin afin de
rechercher un diagnostic différentiel1,6,7,16.
Diméthyléther et propane (WartnerMD)
Un agent offert en vente libre, WartnerMD, agit selon
un mécanisme d’action similaire à la cryothérapie à
l’azote liquide. Ce mélange de diméthyléther et de
propane provoque un refroidissement important (pouvant aller jusqu’à -57 °C) au site de la verrue après une
application de 20 secondes. Il en résulte la formation
d’une ampoule sous la verrue et, au bout de 10 jours,
la peau gelée contenant le virus desquame et laisse
place à une peau neuve. Si nécessaire, le produit peut
être appliqué à nouveau 10 jours plus tard, mais pour
un maximum de trois applications sur une même verrue7,10. Par contre, la documentation médicale est peu
444
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
loquace quant à son efficacité et certains suggèrent que
la température atteinte n’est pas suffisamment basse
pour pouvoir entraîner une nécrose tissulaire3,10,12. Sa
place dans les traitements offerts en vente libre reste
encore à déterminer.
Ruban à conduit (ou duct tape)
Selon une étude, le ruban à conduit (ou duct tape)
serait plus efficace pour éliminer les verrues que la
cryothérapie, en particulier pour les verrues périunguales. Il suffirait de couvrir la verrue pendant six
jours et demi, d’enlever ensuite le ruban pendant une
demi-journée. Par la suite, il faut faire tremper la région
atteinte dans l’eau, puis utiliser une pierre ponce ou
une lime d’émeri afin de retirer le surplus de kératine.
On doit ensuite appliquer à nouveau un ruban pour un
autre six jours et demi et ainsi de suite pendant une
durée totale de deux mois ou jusqu’à ce que la verrue
disparaisse. Il semblerait que le ruban cause une irritation de la verrue et du tissu environnant qui entraînerait une stimulation du système immunitaire.
Certains suggèrent aussi que le ruban diminue l’apport
en oxygène nécessaire à la survie du virus et entraînerait
aussi une augmentation de la température localement,
favorisant la guérison3,6,7,15,20.
Cantharidine
La cantharidine est un médicament accessible sans
ordonnance au Canada (CanthacurMD et CantharoneMD).
Cette substance est un poison mitochondrial provenant
d’un insecte, la cantharide. Après une occlusion de trois
à sept jours, elle entraîne la formation d’une vésicule,
qui se rompt ensuite et forme une croûte qui finit par
disparaître sans laisser de cicatrice. Plusieurs applications peuvent être nécessaires. Malgré son efficacité, elle
ne constitue pas un premier choix de traitement en
vente libre, puisque l’application par un médecin est
recommandée en raison de sa toxicité2,8,10,14,16.
Cryothérapie à l’azote liquide
La cryothérapie à l’azote liquide est aussi une méthode
très efficace. En effet, avec une durée d’application de
5 à 30 secondes toutes les 2 à 3 semaines, elle peut
entraîner une disparition des verrues en 12 semaines
dans 70 % à 80 % des cas, et ce, habituellement sans
laisser de cicatrice2,7,12. Généralement, deux ou trois
traitements suffisent pour éradiquer la verrue8. Elle
agit en entraînant un fort refroidissement de la verrue
(jusqu’à -196 °C), qui évolue alors vers une ampoule
qui finit par desquamer et laisser place à de la peau
neuve8,12,15. De plus, en causant une irritation locale,
cette méthode entraîne une stimulation de l’hôte à
combattre le virus7,12. Par contre, son application peut
être désagréable et douloureuse, surtout chez les
jeunes enfants et sur la plante des pieds lors de la
mobilisation2,13. Il est possible d’appliquer un
anesthésique topique avant la cryothérapie, comme la
Quelles options avons-nous pour éliminer les verrues ?
xylocaïne ou la benzocaïne17. Chez les personnes de
race noire, il est probable que cette méthode laisse des
changements de la pigmentation de la peau12.
Autres solutions de traitement
On a étudié la cimétidine dans le traitement des verrues à des doses variant entre 25 et 40 mg par kg par
jour (pour un maximum de 1600 mg par jour) pendant une période de trois à quatre mois. Les résultats
sont variables, mais il semble que les plus hautes doses
soient les plus susceptibles d’être efficaces6,10,21.
La résine de podophyllum, contenue à 25 % dans
PodofilmMD, est un produit offert sur ordonnance. Elle
constitue un agent cytotoxique qui bloque la réplication du virus et son usage est habituellement réservé
aux condylomes acuminés. Elle doit être appliquée par
un médecin2. Il existe aussi deux produits vendus sur
ordonnance contenant un mélange de cantharidine,
de podophylline et d’acide salicylique, soit le
Canthacur-PSMD et le Cantharone PlusMD.
On peut employer la crème à base d’imiquimod
(AldaraMD), vendu sur ordonnance, pour les verrues
résistantes. En effet, par son action immunostimulante,
elle augmente la capacité de l’hôte à combattre le virus15.
Mentionnons aussi, comme autres traitements possibles, la destruction par légère électrodessication et
curetage, la chirurgie au laser CO2, l’injection de
bléomycine, la trétinoïne topique, le 5-fluorouracil
topique, le benzalkonium, la thérapie photodynamique, les bâtonnets au nitrate d’argent, le
formaldéhyde et le glutaraldéhyde2-4,8,12,15,17,20. Si on les
compare aux préparations à base d’AS, aucun ne
s’avère plus efficace que ce dernier12.
Conclusion
Comme vous avez pu le constater, il existe une
panoplie de produits offerts sur le marché pour le
traitement des verrues. Par contre, il est de notre
devoir de bien identifier les patients qui peuvent
avoir recours à ces produits et ceux qui nécessitent
une consultation médicale. Il est également nécessaire d’assurer un suivi chez les utilisateurs de ces
produits.
Parmi toute la gamme de produits offerts en
vente libre, l’acide salicylique demeure le premier
choix de traitement en raison de son efficacité documentée, de sa facilité d’utilisation et de sa sécurité
lorsqu’il est employé correctement. Références
1. Miller B. Foot Care Products. Dans : Carruthers-Czyzewski
P(éditeur). Nonprescription Drug Reference for Health
Professionals. 1re éd. Ottawa : Association des pharmaciens
du Canada, 1996 : 268-9.
2. Arndt KA, Bowers KE, Chuttani AR et coll. Verrues. Dans :
Arndt KA, Bowers KE, Chuttani AR et coll. Thérapeutique
dermatologique. Paris : Little, Brown and Company, 1997 :
288-99.
3. Miller PF. Skin Infections and Infestations. Dans :
Association des pharmaciens du Canada. Patient Self-Care :
Helping patients make therapeutic choices. Ottawa :
Association des pharmaciens du Canada, 2002 : 604-6.
4. Habif TP. Warts, Herpes Simplex, and Other Viral
Infections. Dans : Habif TP. Clinical dermatology : a color
guide to diagnosis and therapy. 3e éd. Toronto : Mosby, 1996 :
269-75.
5. Hurley HJ. Viral and rickettsial infections. Dans : Moschella
SL, Hurley HJ. Dermatology. 3e éd. Philadelphia : Saunders,
1992 : 574-82.
6. Elenbaas J, Hebel SK, Munroe W et coll. Warts. Dans :
Elenbaas J, Hebel SK, Munroe W et coll. Nonprescription
Drug Therapy : Guiding Patient Self-Care. Alabama : Facts
and Comparisons publishing group, 2002 : 301-5.
7. Newton GD, Popovich NG. Warts. Dans : Berardi RR.
Handbook of Nonprescription Drugs : An Interactive
Approach to Self-Care. 14e éd. Washington : American
Pharmacists Association, 2004 : 1027-36.
8. Marks JG. Epidermal Growths. Dans : Lookingbill DP,
Marks JG. Principles of dermatology. Philadelphia :
Saunders, 1993 : 66-72.
9. Vivier A, Mckee PH. Verrues. Dans : Vivier A, Mckee PH.
Atlas de dermatologie clinique. 2e éd. Paris-Bruxelle : De
Boek-université, 1996 : 230-4.
10. Mallin A. Plantar warts. Dans : Association des pharmaciens
du Canada. Patient Self-Care : Helping patients make therapeutic choices. Ottawa : Association des pharmaciens du
Canada, 2002 : 468-71.
11. Elenbaas J, Hebel SK, Munroe W et coll. Plantar warts.
Dans : Elenbaas J, Hebel SK, Munroe W et coll.
Nonprescription Drug Therapy : Guiding Patient Self-Care.
Alabama : Facts and Comparisons publishing group, 2002 :
909-13.
12. Sterling JC, Handfield-Jones S, Hudson PM. Guidelines
for the management of cutaneous warts. British Journal of
Dermatology 2001; 144(1) : 4-11.
13. Sellers M. (Page consultée le 24 janvier 2005.) What are
Therapeutic Options for Plantar Warts ? [En ligne]. Adresse
URL : http://www.medscape.com
14. Gibbs S, Harvey I, Sterling J et coll. Local treatments for
cutaneous warts : systematic review. British Medical Journal
2002; 325 : 1-8.
15. Mayo Clinic. (Page consultée le 24 janvier 2005.) Common
Warts. [En ligne]. Adresse URL : http://www.mayoclinic.com
16. Association des pharmaciens du Canada. Compendium of
Self-Care Products. Ottawa : Association des pharmaciens
du Canada, 2002-3 : 93-4, 438-9, 523-4, 529.
17. Verbov J. How to manage warts. Arch Dis Child 1999; 80 :
97-9.
18. Bellew SG, Quartarolo N, Janniger CK. Childhood warts :
an update. Cutis 2004; 73 : 379-84.
19. Taketomo CK, Hodding JH, Kraus DM. Pediatric Dosage
Handbook. 6e éd. Hudson : Lexi-Comp inc., 1999 : 807-8.
20. American Osteopathic College of Dermatology. (Page
consultée le 24 janvier 2005.) Warts. [En ligne]. Adresse URL :
http://www.aocd.org/skin/dermatologic_diseases/warts.html
21. Anon. (Page consultée le 4 avril 2005.) Cimetidine Oral [En
ligne]. Adresse URL : http://www.medscape.com
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
445
à votre service SANS ORDONNANCE
Formation
Continue
Veuillez reporter vos réponses
dans le formulaire de la page 486
« Je suis particulièrement fier de présider
le Conseil de rédaction de L’actualité
pharmaceutique depuis sa création et de
constater que les objectifs que
nous avions fixés ont été
atteints. Nous avons innové
en lançant un journal qui
présente à la fois information
et formation. Mes consoeurs
et confrères me confirment qu’ils
l’apprécient et surtout qu’ils le lisent. »
— Jacques Gagné, pharmacien, Ph.D., consultant en
biopharmaceutique, doyen de la Faculté de pharmacie
de l’Université de Montréal de 1982 à 1990
« Dès le début du baccalauréat, nous
recevons le Québec Pharmacie. C’est
notre premier contact avec la “ vraie ” pratique de la
pharmacie. Que de fois nous nous y sommes référés
pour nos travaux. D’une lecture plus ardue en
première année, il est devenu un incontournable de notre apprentissage. »
—Geneviève Duperron, B. Pharm.,
pharmacienne communautaire
L’actualité pharmaceutique et Québec Pharmacie sont des publications
du Groupe Pharmacie des Éditions Rogers limitée
446
Québec Pharmacie vol. 52, no 7, juillet-août 2005
6) Lequel parmi les énoncés suivants est faux ?
A La cryothérapie à l’azote liquide est efficace et ne laisse
habituellement pas de cicatrice.
B Le traitement en vente libre WartnerMD est aussi efficace
que la cryothérapie à l’azote liquide.
C L’acide lactique contenu dans certaines préparations
à base d’acide salicylique augmente l’efficacité de ce dernier.
D Le ruban à conduit (ou duct tape) est une bonne solution
de traitement pour les verrues péri-unguales.
E La cantharidine, étant un produit toxique et devant être
administrée préférablement par un médecin, constitue une
option de seconde ligne en vente libre.
7) Lequel parmi ces cas doit-on adresser à un médecin ?
A Verrue qui saigne légèrement après avoir débuté un
traitement à l’acide salicylique.
B Verrue qui persiste même après 10 semaines
de traitement.
C Peau environnante à la verrue qui devient irritée et
enflammée.
D Verrue plantaire chez un enfant de quatre ans.
E Verrue vulgaire à la main chez une patiente
de 77 ans sans autres problèmes médicaux.