Synthèse académique : académie de Clermont

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Synthèse académique : académie de Clermont
Synthèse académique : académie de
Clermont-Ferrand
Date : 10 décembre 2010
Académie : Clermont-Ferrand
Nombre de réunions ayant eu lieu dans l’académie : 221
Nombre total de participants : 4429
Typologie de participants : professionnels de l’éducation nationale (enseignants
du 1er et du 2nd degré, chef d’établissement du 1er et du 2nd degré, conseillers
principaux d’éducation, services de santé scolaire, personnels d’inspection) ;
usagers de l’Ecole (lycéens ; parents d’élèves) ; services déconcentrés de l’Etat ;
Elus et fonctionnaires territoriaux ; représentants de la sphère socio-économique ;
représentants du milieu associatif
La synthèse académique de l’académie de Clermont-Ferrand est construite à partir
des informations recueillies lors des divers temps de la consultation :
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



une réunion académique d’experts et de personnalités invités
quatre réunions publiques départementales
cinq réunions inter CVL et CAVL
Comptes rendus des réunions en école et établissement du second degré
Contributions écrites des organisations syndicales, fédérations de parents
d’élèves, associations
Elle présente les problèmes identifiés, les priorités à prendre en compte et les
propositions concrètes sur les trois thématiques fondatrices de la conférence
nationale que sont les rythmes scolaires et l’école, les rythmes scolaires et la
famille, les rythmes scolaires et la société. Nous consacrerons un court paragraphe
à un diagnostic territorial, propédeutique nécessaire à la bonne interprétation des
résultats présentés.
La consultation dans l’académie de Clermont-Ferrand a reçu un écho favorable tant
du point de vue de la démarche que du contenu de la réflexion ; le nombre de
contributions et de participants en sont des indicateurs assez révélateurs.
1. Diagnostic du territoire académique :
L’académie de Clermont-Ferrand se caractérise par une grande hétérogénéité de
territoires et de problématiques éducatives.
 La population1 :

1
L’académie recouvre le territoire administratif de l’Auvergne qui compte 1 335 938
habitants répartis de façon très inégale sur les quatre départements (25,7% dans
l’Allier, 11,2% dans le Cantal, 16,4% dans la Haute-Loire et 46,7% dans le Puy-de-
Source INSEE 2006
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Synthèse
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

Dôme). La densité de population
de 51,4 hab/km2 est nettement inférieure à la valeur
2
nationale de 112,9 hab/km , avec de grandes disparités départementales (26,1
hab/km2 dans le Cantal contre 78,2 hab/km2 dans le Puy-de-Dôme).
L’Auvergne est une région où 68,1% des communes sont implantées sur un territoire
rural (34,9% de la population). Le taux de ruralité est très différent d’un département à
l’autre, de 18,4% de la population dans le Puy-de-Dôme à 61,5% dans le Cantal.
Enfin, c’est la région française où l’habitation moyenne en altitude est la plus
importante (488 mètres contre 140 mètres à l’échelle nationale) ; les départements du
Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme font partie des dix départements de
France qui ont l’altitude de résidence la plus élevée.
 Les territoires éducatifs2 :

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

Dans le premier degré, l’académie compte 633 écoles dont la moitié est en zone
rurale avec de fortes disparités départementales (26,5% dans le Puy-de-Dôme contre
75,4 % dans le Cantal). 1/3 des communes de la région n’ont pas d’école.
Dans le second degré, 30 des 198 collèges (publics et privés) ont un effectif inférieur à
100 élèves. 49,3% des collèges ont un effectif supérieur à 300 élèves alors que ce
taux est de 81,6% sur le territoire national.
Les lycées d’enseignement général et technologiques (56 publics et privés) et les
lycées professionnels (31 publics et privés) sont de taille globalement comparable en
moyenne à ceux de la France.
Dans l’enseignement public, tout établissement confondu, le taux d’élèves internes est
deux fois plus important dans l’académie qu’au niveau national (8,7% contre 4,1%). Le
taux d’élèves demi-pensionnaires ne cesse d’augmenter et concerne aujourd’hui
71,6% de la population scolaire avec un écart signifiant entre les zones rurales et
urbaines (78,4% contre 69,1%).
2- Les rythmes scolaires et l’école :
Le groupe de pilotage académique a fait le choix d’étudier la notion de rythmes
scolaires selon diverses temporalités : celle de la séquence d’enseignement, de la
journée de cours, de la semaine, de l’année scolaire et de la scolarité entière. Les
différents points abordés ci-dessous tentent de s’inscrire dans ces différents temps,
abordant de ce fait des questions tantôt d’ordre pédagogique tantôt d’ordre plus
structurel.
 les problèmes identifiés :
Ils peuvent être regroupés au sein de trois grandes catégories : l’état constaté et
ressenti de fatigue, des rythmes qui n’optimisent pas la concentration et la vigilance
nécessaires aux apprentissages, des difficultés structurelles et organisationnelles
des établissements selon les territoires.
de fatigue
- L’état
Le constat d’un état de fatigue des élèves et des enseignants est récurrent. Qu’elle
-
2
soit ressentie ou avérée, la fatigue des professionnels et des usagers de l’Ecole est
souvent reliée à la nature des rythmes scolaires quotidiens, hebdomadaires et
annuels. Le nombre d’heures de cours quotidien (6 heures dans le premier degré et
jusqu’à 8 heures au lycée) est posé comme trop important et conduisant à une
journée trop chargée sans qu’il n’y ait suffisamment de temps de “respiration”. La
répartition irrégulière des périodes travaillées et des périodes vaquées sur l’année
semble conduire à un état de fatigue très important en fin de premier et de troisième
trimestre. Dans le premier degré, le rythme hebdomadaire de 2 jours travaillés / un
jour de repos / 2 jours travaillés / week-end de deux jours paraît ne pas permettre
aux enfants de construire un rythme suffisamment stable et conduirait à une
augmentation de la fatigabilité.
L’état de fatigue est davantage accru dès lors que les élèves du premier degré sont
placés en accueil périscolaire en début et en fin de journée, dès lors aussi que ceux
du second degré, plus ou moins éloignés de leur établissement, empruntent les
transports scolaires (quelquefois jusqu’à une heure de route), dès lors enfin que les
élèves internes sont soumis à un lever très matinal dans le cadre de la vie en
collectivité. Fréquemment, des élèves, des parents, des enseignants ont manifesté
le souhait de mettre en évidence le “temps scolaire objectif“, celui qu’il est
Source : service études statistiques infocentre, extraits de l’application informatique RAMSESE, « Repères
et Références statistiques » 2009
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Synthèse
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nécessaire de prendre pour aller à l’école, celui qui est passé dans l’enceinte de
l’établissement et qu’il faut pour réaliser le travail scolaire. Pour un élève de collège
en milieu rural, demi-pensionnaire, le départ du domicile vers 7h15 et un retour vers
17h30 avec 1 heure à 1 heure 30 de devoirs à faire est fréquent et source de
fatigue.
Le découpage identique de la journée (début et fins des cours, pause méridienne,
récréations), souvent imposé par des contraintes extérieures (transports par
exemple), ne permet pas de respecter suffisamment les besoins biologiques des
élèves, surtout dans le premier degré où des élèves de CP n’ont pas les mêmes
ressources que leurs camarades de CM2. Confronter des organismes aux
ressources différentes à des rythmes identiques conduit souvent, chez les plus
jeunes, à un état de fatigue générale plus important.
qui n’optimisent pas la concentration et la vigilance
- DesLa rythmes
rupture de rythme entre le premier et le second degré crée fréquemment des
-
difficultés d’adaptation pour les élèves les plus fragiles. L’organisation différente du
séquençage des heures de cours, le changement de professeur, l’approche encore
souvent strictement disciplinaire, la taille de l’établissement posent des problèmes
de repérage dans le temps et dans l’espace que les quelques liaisons CM2 / 6ème ne
semblent pas suffisamment atténuer. Les efforts de concentration et de vigilance
des élèves de 6ème sont alors plus souvent portés au cours du premier trimestre sur
les questions organisationnelles que sur les apprentissages.
Le morcellement des enseignements dans le second degré sur le format traditionnel
de l’heure de cours où les élèves changent à chaque heure de professeur, de
matière, d’objet et de contenus, peut-être de méthode de travail ne semble pas
favoriser pas la stabilisation des apprentissages. La séquence pédagogique d’une
heure est par ailleurs vécue par les professeurs comme un temps contraint durant
lequel il leur appartient de transmettre un savoir défini. Ce format oriente fortement
la stratégie d’enseignement vers une pédagogie davantage transmissive
qu’interactive ou auto-socio-constructive et ne laisse pas suffisamment la place à
l’activité et à l’expérimentation des apprenants. La séquence d’une heure reporte
souvent à la périphérie de la classe (interclasse, devoirs à la maison, étude…)
l’activité d’assimilation et d’appropriation des contenus enseignés par le professeur.
Ce découpage semble perturber la fluidité des rythmes et créer des interférences
dans la qualité des apprentissages. Les lycéens consultés par exemple lors des
réunions inter-CVL expriment le souhait d’enseignements davantage regroupés.
difficultés structurelles et organisationnelles
- DesL’absence
de plages horaires identifiées dans l’emploi du temps des professeurs
-
-
pour une concertation et une mutualisation des pratiques, à la fois pour les
enseignants d’une même discipline mais aussi pour les professeurs d’une équipe
pédagogique d’une classe, ne favorise pas la continuité pédagogique, le travail en
interdisciplinarité et l’approche par compétences.
Les contraintes de disponibilité de salles spécialisées d’enseignement (laboratoire
de langues, salle de physique/chimie, salle d’arts plastiques, équipements sportifs)
ont des répercussions importantes sur l’équilibre des emplois du temps alors qu’ils
sont les principaux organisateurs des rythmes de travail dans l’établissement.
L’organisation des petits établissements dans le second degré nécessite souvent
des postes en service partagé. Cette contrainte de gestion des ressources
humaines pèse aussi très lourdement sur l’équilibre des emplois du temps et sur la
possibilité de dégager des temps en barrette pour faire travailler les élèves d’un
même niveau de classe en groupes de compétences.
 les priorités à prendre en compte :
Elles relèvent des champs du développement de l’enfant et de l’organisation
structurelle du temps scolaire :
concernant le développement de l’enfant
- priorités
Nombre de participants aux réunions s’attachent
à mettre la question du
développement de l’enfant au cœur des réflexions. Que les connaissances soient
empiriques ou issues de lectures scientifiques, elles mettent en évidence la
nécessaire prise en compte des rythmes biologiques des élèves. Il s’agit de réfléchir
au premier chef aux conditions à créer au sein de l’établissement scolaire pour que
la désynchronisation des rythmes circadiens soit la moins importante possible. Dans
la continuité du rapport de l’Académie Nationale de Médecine, il est souvent
mentionné l’importance de conserver un équilibre entre d’une part l’environnement
et le contexte extérieur et d’autre part l’horloge biologique des enfants afin de limiter
l’apparition de troubles tels que fatigue, mauvaise qualité de sommeil, baisse de la
concentration et de la vigilance qui sont souvent des déterminants de la baisse de la
performance scolaire.
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-
Il s’agit donc de placer les activités à fortes sollicitations intellectuelles lorsque les
pics de vigilance sont optimaux et proposer des activités moins coûteuses du point
de vue cognitif dans les autres temps.
concernant l’organisation structurelle de l’enseignement
- priorité
penser l’établissement scolaire comme un lieu de vie multiple : point accueil,
-
restauration, activités éducatives diversifiées, espaces de travail individuel, espaces
de détente.
penser l’emploi du temps des élèves dans une logique de continuité des
apprentissages en permettant la mise en place de groupes de compétences et de
parcours plus individualisés.
 les propositions concrètes :
Les propositions concrètes qui sont abordées à propos de cette thématique sont
diversifiées ; certaines concernent directement l’organisation des rythmes de l’école,
d’autres portent davantage sur les programmes disciplinaires et le statut des
enseignants ; elles ont, en cascade, des incidences sur les rythmes. Toutes les
propositions avancées l’ont été dans le souci permanent de favoriser la réussite de
tous et d’optimiser l’égalité des chances.
propositions concernant les rythmes
- LesOrganiser
la semaine de cours dans le premier degré sur 9 à 10 demi-journées ;
-
Alléger la journée de cours des élèves avec des suggestions à 5 heures pour les
élèves du premier degré, maximum 6 heures en collège et 7 heures au lycée ;
Commencer effectivement les enseignements un peu plus tard dans la matinée
(8h30 ou 9h00) afin de mieux correspondre aux horaires “naturels” des élèves ;
Décaler la pause méridienne et la prise de repas vers 13h00 ;
Différencier les rythmes entre les cycles au sein de l’école primaire en fonction de
l’évolution des ressources et des besoins des élèves ;
Varier les activités au cours de la journée en commençant celle-ci par un temps
d’accueil et des activités calmes d’éveil et trouver un juste équilibre et une
articulation cohérente entre les diverses séquences de travail ;
Organiser l’année selon une semestrialisation dans le second degré qui permettrait
une répartition plus souple des périodes travaillées et des périodes de vacances ;
Alterner 7à 8 semaines travaillées et 2 semaines vaquées
Laisser une marge d’autonomie aux autorités académiques pour adapter un cadre
national aux spécificités de leur territoire académique
Laisser une marge d’autonomie aux établissements dans la gestion de la grille
horaire hebdomadaire
propositions indirectes
- LesInclure
les devoirs dans le temps de présence dans l’établissement
-
-
Alléger les programmes d’enseignement pour que les enseignants aient le temps de
travailler les contenus selon des approches différentes et pour que les élèves aient
le temps d’une stabilisation des connaissances, des capacités et des attitudes pour
garantir la durabilité de la compétence ;
Attribuer plus de temps à l’apprentissage des fondamentaux ;
Garantir un réel travail par cycle de formation dans l’esprit de l’école du socle
commun ;
Faire évoluer le statut de l’enseignant du second degré vers une polyvalence
disciplinaire limitant les morcellements d’emploi du temps et optimisant une
transversalité dans les apprentissages. Le collège pourrait rapprocher son
organisation de celle de l’école (l’école du socle commun) et le lycée de
l’enseignement supérieur (BacLMD). Une plus grande polyvalence disciplinaire des
enseignants au collège pourrait à la fois éviter les ruptures ressenties par les
collégiens les plus fragiles comme très perturbantes pour permettre une approche
toujours plus centrée sur la logique des compétences.
3- Les rythmes scolaires et la famille :
 les problèmes identifiés :
Les principaux problèmes identifiés par les parents d’élèves lors de leurs
interventions et contributions se concentrent autour de l’équilibre de vie de leur
enfant et de l’organisation quotidienne, hebdomadaire et annuelle de la vie de
famille.
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de vie des jeunes
- L’équilibre
Le temps scolaire rythme la vie de l’enfant ou de l’adolescent ; il ne permet pas de
-
-
-
garantir systématiquement un équilibre entre le travail scolaire et les activités
extrascolaires. Le temps passé dans la classe cumulé aux transports et aux devoirs
semble empêcher le jeune d’avoir suffisamment de temps de repos et de respiration
dans la journée.
Les parents constatent un état de fatigue accru de leurs enfants, quel que soit leur
âge, en fin d’automne et durant l’hiver ; souvent l’argument de la photo-période issu
des recherches en chronobiologie est avancé pour réfléchir à l’aménagement des
rythmes en fonction de la durée d’ensoleillement selon les saisons ; pour l’habitat
montagneux d’Auvergne, ce sujet est fortement associé aux conditions de circulation
et de sécurité routière lors d’épisodes météorologiques neigeux.
De façon spécifique dans le premier degré, la place de l’aide personnalisée est
souvent discutée ; si elle est reconnue comme essentielle dans l’individualisation
des parcours d’apprentissage et dans l’accompagnement des élèves en difficulté,
l’organisation de la semaine en quatre jours conduit les élèves les moins en phase
avec l’organisation scolaire à avoir “plus” d’école et pas forcément “mieux” d’école.
Les lycéens ont par ailleurs soulevé la question de la difficulté qui pourrait se
présenter de poursuivre une activité saisonnière pendant les vacances d’été si
celles-ci étaient raccourcies.
de famille
- LaLavie combinaison
-
-
des différentes contraintes (professionnelles, déplacements,
scolaires) semble être compliquée pour de nombreuses familles ; des horaires
différents selon les niveaux et les établissements de scolarisation pour celles qui ont
plusieurs enfants ajoutent un poids supplémentaire dans les organisations
familiales. Les temps sont davantage ressentis comme subis que réellement
maîtrisés.
Au niveau quotidien, les familles expriment souvent le regret que le temps des
devoirs empiète sur la possibilité de participer à des activités extérieures ou de
partager des moments avec leurs enfants ;
Au plan des vacances, de nombreux parents d’élèves pensent que celles de la
Toussaint sont insuffisantes à la fois pour permettre à leurs enfants de se reposer
complètement et que les trois jours sur la deuxième semaine ne suffisent pas pour
programmer des activités touristiques. Par contre, les congés d’été sont souvent
considérés trop longs ; les parents qui n’ont que 3 ou 4 semaines de vacances
doivent envisager des solutions de garde pour leurs enfants. Souvent coûteuses
(centre aéré, stages sportifs, colonie de vacances…), ces solutions ne peuvent être
mises en place que pour les familles les plus favorisées. Les moins aisées (grande
ruralité ou zone urbaine à forte densité de population) n’ont souvent pas les moyens
financiers suffisants ou des offres de proximité pour en faire profiter leurs enfants.
De façon spécifique dans le premier degré, la suppression de la demi-journée de
cours du samedi matin aurait eu la conséquence d’une distension des liens entre les
parents et les enseignants.
 les priorités à prendre en compte :
-
-
La question des familles décomposées est particulièrement sensible : la garde
alternée des enfants en fin de semaine a été facilitée par la mise en place du weekend de deux jours ; les fédérations de parents sont attachées à ce que la situation
de ces familles soit prise en compte dans la réflexion globale.
L’équilibre de vie des familles permettant une variété des activités devrait être
intégré à la réflexion globale sur les rythmes scolaires.
 les propositions concrètes :
-
Conserver un week-end de deux jours pour préserver au mieux les activités en
famille et pour faciliter la garde alternée des familles divorcées.
Allonger les vacances de la Toussaint pour qu’elles puissent recouvrir deux
semaines complètes à la fois pour permettre aux élèves, notamment aux nombreux
élèves internes de profiter pleinement de leur retour en famille ;
Raccourcir de 3 à 4 semaines les vacances d’été ;
Différencier les rythmes selon l’âge des enfants et les adapter en fonction des
saisons
Conduire des actions de sensibilisation auprès des parents sur l’importance de la
quantité et de la qualité du sommeil de leurs enfants ;
Intégrer le temps des devoirs dans le temps journalier de scolarisation afin de
pouvoir réaliser un accompagnement des élèves les plus en difficulté mais aussi de
profiter de la réduction du volume quotidien d’heures de cours pour guider les élèves
dans la construction de méthodes permettant d’apprendre à apprendre ;
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-
Dans le premier degré, repenser la place et les contenus de l‘aide personnalisée
dans le sens de méthodes différentes des pédagogies traditionnelles ; pour
reprendre l’expression citée plus avant, ne pas proposer “plus” d’école mais “mieux”
d’école avec des activités diversifiées permettant d’apprendre différemment.
4- Les rythmes scolaires et la société :
Cet item a principalement été réfléchi lors des diverses réunions et tables rondes
dans le sens des impacts et des conséquences possibles que pourrait avoir une
modification des rythmes scolaires sur l’organisation des collectivités territoriales,
partenaires de l’Etat dans l’exercice de leurs compétences respectives (transports,
personnels TOS, aménagement et équipements des établissements scolaires), sur
l’économie du tourisme et des loisirs, sur la dynamique associative et périéducative.
 les conséquences répertoriées selon divers scénarii de
modification des rythmes scolaires:
territoriales
- surla lesmisecollectivités
en place d’un rythme adapté à l’âge des élèves conduirait sans doute à des
-
-
transports à différentes heures, ce qui nécessiterait un engagement financier
important des collectivités.
Dans le cadre du premier degré :
un allègement de la journée (début de la journée plus tardif et/ou fin de journée plus
tôt) pourrait avoir des conséquences importantes sur l’augmentation de la durée
d’accueil péri-scolaire assuré par du personnel municipal ; une étude chiffrée devrait
être conduite avec les représentants des communes pour identifier les impacts
financiers réels.
Une externalisation des cours d’EPS, d’éducation musicale, d’arts plastiques aurait
également un coût important pour la collectivité en matière de personnel.
Un accueil matinal et des activités péri-éducatives nécessiteraient par ailleurs des
investissements importants en termes d’infrastructure.
Dans le cadre du second degré :
L’accueil matinal et la mise en place d’activités nécessiteraient un personnel
qualifié ;
L’augmentation de la durée de l’année scolaire aurait des conséquences
importantes sur les collectivités de rattachement en matière de transport scolaire ;
du tourisme et des loisirs
- surle l’économie
secteur du tourisme et du loisir semble être très hétérogène en matière de cibles,
-
d’objectifs, de besoins. Certaines activités sont davantage ciblées sur les périodes
de vacances, d’autres sur les week-ends, d’autres encore sur la période travaillée.
Les intérêts des restaurateurs et des hôteliers sont très différents selon leur
localisation (quartier d’affaires ou zones de vacances) ; les professionnels de la
montagne dans le massif du Sancy réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaire
durant la période des vacances de février, une modification du zonage des
vacances pourrait avoir des conséquences importantes sur l’amplitude de leurs
périodes d’accueil et pourrait affaiblir leur taux d’exploitation.
Réinstaurer une obligation de travail le samedi matin conduirait certains
professionnels à ne plus pouvoir mettre en vente des “packs” week-end (deux jours
d’activité / une nuit).
Les directeurs de stations s’interrogent sur la baisse sensible du nombre de classe
de découverte et de classe de neige et pensent que ces questions doivent être
intégrées à la réflexion globale sur les rythmes scolaires.
mouvement associatif et activités péri-éducatives
- surle lemouvement
associatif au sens large souhaite que son action éducatrice et
-
-
éducative sur les jeunes de tous âges soit mieux pris en compte dans la réflexion
sur l’aménagement des rythmes scolaires.
comment penser la journée de l’enfant dans un continuum éducatif où les acteurs de
l’école, les personnels territoriaux, l’encadrement socio-éducatif travaillent en
synergie dans la poursuite d’objectifs communs pour l’épanouissement et le
développement des jeunes ?
une structuration de l’enseignement sur 5 jours pleins conduirait le milieu associatif
à ne plus pouvoir exploiter les plages horaires du mercredi après-midi ;
Placer les activités sportives, artistiques, culturelles en fin d’après-midi si les cours
s’arrêtaient plus tôt serait compliqué à mettre en place du fait de l’activité
professionnelle des animateurs bénévoles de ces secteurs associatifs.
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 les propositions concrètes :
Chacun des acteurs consultés de la société civile s’accorde à reconnaitre une
nécessité à travailler sur une réorganisation des rythmes scolaires de notre système
mais est aussi profondément attaché à ce que les orientations soient envisagées en
consultation étroite avec leurs principaux organes de représentation nationale.
Les collectivités territoriales s’interrogent notamment sur les équilibres budgétaires
liés à un allongement de l’année scolaire ; les professionnels du tourisme
s’interrogent, eux, sur la rentabilité de leurs affaires dans l’éventualité d’une
modification du zonage des vacances scolaires ; quant aux acteurs associatifs et
socio-éducatifs, ils pensent leur place et leurs rôles dans une logique de continuum
éducatif tout au long d’une journée structurée différemment.
5- Conclusion :
La question des rythmes scolaires est une question compliquée et complexe qui
mérite d’être étudiée dans une démarche systémique. Elle est compliquée par la
polysémie de “rythmes scolaires”, par la diversité des temps concernés (séquence
d’enseignement, journée, semaine, année), par la multiplicité des approches
(scientifiques, pédagogiques, économiques, politiques). Elle est complexe parce
qu’elle met en jeu l’équilibre fragile et instable de notre société où la modification
d’un des paramètres peut conduire à la modification en profondeur des autres.
Parce qu’ils sont au cœur de l’épanouissement de nos élèves, de l’organisation des
familles, de la dynamique économique, de l’efficacité du système éducatif, de la vie
professionnelle des enseignants, parce qu’ils impactent l’organisation des
collectivités territoriales, la fiscalité locale et le fonctionnement du tissu associatif,
les rythmes scolaires ne sont pas la seule affaire de l’Ecole et doivent être
concertés avec l’ensemble des acteurs.
La consultation dans l’académie de Clermont-Ferrand a permis de mettre en
évidence que les rythmes scolaires sont un levier important permettant de
diagnostiquer les difficultés de notre système éducatif. Ils sont sans doute un des
déterminants de la difficulté à gérer au quotidien l’hétérogénéité des publics, à
individualiser les parcours de formation, à traiter efficacement la grande difficulté
scolaire. Mais les échanges lors des diverses réunions ont aussi permis de
questionner à plusieurs voix le sens de l’Ecole et de croiser les regards pour
réaffirmer son système de valeur.
L’Ecole est au cœur du pacte social, du droit à la formation et à l’éducation dans le
sens des valeurs de la République. Elle doit garantir l’épanouissement de chacun, la
réussite du plus grand nombre et l’égalité des chances dans le respect des
différences. En permettant l’accès de tous à un socle commun de connaissances et
de compétences, elle participe à la construction d’une société de la connaissance.
Si l’évolution du système éducatif est nécessaire au regard des profondes mutations
sociétales, celui-ci doit néanmoins conserver avec force ses principes fondateurs
d’obligation, de gratuité et de laïcité.
Synthèse réalisée par Guillaume LECUIVRE, IA-IPR, correspondant académique de
la consultation nationale.
Le recteur de l’Académie de Clermont-Ferrand
Gérard BESSON
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