peut-on tout dire ? - Espace Educatif

Transcription

peut-on tout dire ? - Espace Educatif
Synthèse de table ronde
Titre :
« Peut-on tout dire, tout publier ? »
Intervenants :
Pascal Famery (CLEMI national)
Bertrand Le Nena (Télégramme)
Daniel Pouzadoux (Fondation Varenne)
Edouard Daniel (Association Jets d’Encre)
Contenus : Cette table ronde s’inscrivait dans une démarche de mise en perspective
déontologique des droits et des devoirs des journalistes et plus particulièrement des
« journalistes lycéens ». Il s’agissait d’évaluer la libre expression de ces acteurs, les
limites, leurs responsabilités et les questions liées à l’humour dans un média lycéen.
Questions abordées :
- L’auteur d’un article peut-il tout dire, tout écrire ?
- Quelles responsabilités le journaliste et/ou le lycéen doit-il prendre en compte ?
- Quelles libertés a-t-il en matière de choix des informations à diffuser ?
- Quelles sont les limites ?
- Peut-on parler de ses professeurs dans un journal du lycéen ?
- Qu’est-ce que le prosélytisme ?
- Peut-on rire de tout ?
- Quelle place accorde-t-on à l’humour dans son média ?
Commentaires des participants :
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Dans une rédaction, les choix de publication sont faits en fonction de la ligne
éditoriale du journal, mais aussi des limites, des capacités du lectorat à adhérer à
une forme d'opinion. (Bertrand Le Nena)
On peut avoir une démarche en deux temps, voir le chef d'établissement, mais
aussi faire le tour des points de vue en présence pour éclairer les lecteurs. Parfois
montrer cette diversité de points du vue permet de désamorcer la
situation.(Pascal Famery)
TF1 a diffusé, au journal de 20h, un reportage sur un soldat qui explose sur une
mine antipersonnel. C’est devant ce genre d’images que l’on s’interroge sur la
place de l’éducation aux médias. (Daniel Pouzadoux)
Les responsables des journaux sont à 75%, des adultes. 50% des équipes de
rédaction ont choisi l’aide d’un adulte, mais l’autre moitié n’a pas choisi. (Pascal
Famery)
Je pense qu’il est nécessaire d'avoir une personne qui est dépositaire de l'écrit
pour se demander si l’on a pas été trop timide ou au contraire si on n’a pas été
trop loin. (Bertrand Le Nena)
Avant la circulaire, c'était difficile d'obtenir quand même une liberté d'opinion, un
statut protecteur de la liberté de publication. (Pascal Famery)
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Les professeurs, ce sont les people d'un journal lycéen! (Bertrand Le Nena)
Charb disait : « faire des caricatures de profs, c'est nul. Il vaut mieux inventer un
prof caricatural, ne pas critiquer les gens sur leur physique. ». (Pascal Famery)
Les invités :
- Une publication, quelle qu'elle soit, est une démarche d'apprentissage de
l'autonomie, avec l'idée que l'autonomie ce n'est pas l'autogestion. Dans un
journal lycéen on peut prendre des risques mais on doit être responsable de ses
actes. Un journal lycéen c'est espace de liberté à occuper avec responsabilité.
(Mathieu Maraine, délégué national à la vie lycéenne.)
- En tant qu’ancien rédacteur lycéen du Journal Cactus, je peux vous dire qu’il était
un espace de liberté avec une forte implication politique. D’ailleurs, Plantu publiait
dans notre journal des dessins refusés. Notre impertinence nous a valu deux
pages dans Libération. Mais, nos premiers lecteurs étaient la salle des profs et
notre professeur de lettres qui nous avait donné l’envie. (Eric Legret,
photographe)
Les enseignants :
- Dans le cadre du journal, qui est noté, il n’y a pas de censure du jury mais une
attente forte sur l'esprit critique et l'opinion des élèves à partir d'un thème donné.
- Le problème c'est, par exemple, quand un changement de rédaction en lycée
arrive (ce qui est fréquent quand les élèves quittent le lycée), le directeur de
publication n'est pas imposé. De plus, les élèves ont des impératifs, et il ne s'agit
pas de leur faire peur avec ces questions de responsabilité.
- Montrons aux élèves quelles sont les limites à ne pas franchir, c'est un processus
d'apprentissage.
Les élèves :
- On propose nos idées au professeur qui nous encadre. Il nous aide à répartir les
tâches. Il n'y a pas d'autocensure, on choisit des sujets simples pas vraiment
politiques.
- Nous, on publie des articles politiques mais on essaie de donner un côté objectif,
et de ne pas prendre partie.
- Quand quelqu'un écrit un article il doit faire la différence, il doit choisir son cadre
de publication. Il ne peut y avoir de problème de censure dans le cadre d'une
tribune.
- On peut toucher à des thèmes difficiles : drogue, prostitution… Dans le journal,
chacun parle de sujets différents selon son éthique.
- Dans notre établissement, un enseignant nous encadre mais c'est nous qui
choisissons nos sujets; nous nous répartissons les tâches.
- Une fois, nous avons voulu publier un article satyrique sur une action de
l’établissement. On a pris rendez-vous avec le proviseur pour lui montrer l’article.
Au final, il est sorti avec ce qu’on voulait dire, on a réussi à trouver un compromis
sur les sujets polémiques.
- On va plus donner un côté objectif quand on parle de politique.
- On se sent libre d'écrire sur des politiques, autocensure non, responsabilité oui !
- On reste des lycéens, on reste à notre place, on a pas à critiquer des politiques.
- On ne censure pas, on parle comme on le sent.
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T’as pas l'impression que c'est ton professeur qui t'influence?