M:\A-MODULES\AA French Modules\French Modules in 2005\Elder

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M:\A-MODULES\AA French Modules\French Modules in 2005\Elder
AUVAIS
TRAITEMENTS
À L’ÉGARD DES
PERSONNES
ÂGÉES
Au fur et à mesure que la population âgée
augmente, le problème des mauvais traitements à
l’égard des personnes âgées progresse aussi. La
prise en charge efficace des mauvais traitements
envers les personnes âgées est complexe tout
comme l’identification des causes. Les rencontres
fréquentes avec leurs patients âgés placent les
médecins de famille aux premières loges pour
reconnaître ce problème et leur offrent ainsi
l’occasion d’intervenir de façon positive.
Ce module a été conçu pour aider:
• à identifier les facteurs de risques et à
reconnaître les signaux d’alarme des mauvais
traitements à l’égard des personnes âgées
• à élaborer une approche d’évaluation et de prise
en charge des mauvais traitements (incluant les
ressources communautaires).
HISTOIRES DE CAS
Cas numéro 1: Mme Jeanne R., 72 ans
Mme R. est veuve et vit avec son fils unique, Pierre et
sa femme. C’est son fils qui l’a amenée en insistant
sur le fait qu’elle est atteinte de démence. Son
humeur est dépressive et elle semble anxieuse et
inquiète. Lorsque vous lui posez des questions, elle
répond de façon imprécise tout en se tournant
souvent vers son fils. Pierre est frustré par le
comportement de sa mère. Il se plaint de sa cuisine
et dit qu’elle y met le désordre; son incessant
verbiage l’irrite. Il raconte que récemment ils ont été
magasiner ensemble; elle s’est bien comportée
jusqu’à ce qu’ils retournent à la maison. Elle a été
soudainement incapable de marcher et il a dû la
«traîner» dans les marches de l’escalier.
Mme prend tous les blâmes et dit «qu’elle va faire
mieux». Pierre est catégorique et dit que sa mère
doit être placée dans un centre d’accueil. Au cours
de la conversation, vous apprenez également que
MODULE DE FORMATION Vol. 12(13), novembre 2004
© La Fondation pour l’éducation médicale continue
MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
son fils a des difficultés financières et que, depuis peu,
il a l’usage presqu’exclusif de l’auto de sa mère.
et a obtenu un pointage de 12/30 au mini-examen de
l’état mental. Elle a perdu beaucoup de poids. Lorsque
que vous lui demandez à nouveau des questions au
sujet de sa situation à la maison, elle répond qu’il n’y a
pas de problème mais elle est incapable de nommer ces
hommes, de dire combien ils sont et comment elle les a
connus.
Comment pourriez-vous aborder cette situation?
Après une évaluation approfondie, il devient évident que
Mme R. n’est pas démente et a toutes ses capacités
mentales donc, vous ne pouvez pas appuyer la demande
de placement dans un centre d’accueil formulée par son
fils.
Comment prendriez-vous cette patiente en charge?
Comment prendriez-vous en charge Mme R.?
Cas numéro 4: M. Benoît P., 78 ans
M. P. a un cancer de la prostate avec métastases. Il vit
dans un centre de soins prolongés où vous lui donnez
ses soins médicaux. Il prend des doses régulières de
MS Contin® aux 12 heures mais il n’est vraiment pas
soulagé. Toutefois, son dossier indique des prises
sporadiques et mal documentées d’entredose de son
analgésique. Le personnel mentionne que la plaie de lit
de stade 4 qu’il a présentement au coccyx a été causée
par tout le temps qu’il a passé au lit (laissant entendre
que le patient est fautif).
Cas numéro 2: Mme Pierrette S., 75 ans
Mme S. une veuve qui fait partie de votre pratique
médicale depuis longtemps présente de l’insuffisance
cardiaque congestive. Lors d’une visite de routine, elle
mentionne nerveusement qu’elle ne peut pas accepter
de prescriptions qu’elle devra acheter — ce qui vous
surprend puisqu’elle est financièrement à l’aise. Lorsque
vous la questionner un peu plus, vous apprenez qu’elle
dépend de sa fille, Sarah, qui l’aide à faire ses courses
et ses achats. Sarah a des antécédents d’abus d’alcool
et de drogues et il devient apparent qu’elle fait des
pressions auprès de sa mère pour qu’elle lui donne de
l’argent. Récemment, Sarah a tenté de persuader sa
mère de changer son testament pour la favoriser par
rapport à son autre soeur, Aurore.
Quel autre renseignement auriez-vous besoin?
Comment prendriez-vous en charge ce patient?
RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX
HISTORIQUE
Comment pourriez-vous conseiller Mme S.?
Comment aborderiez-vous cette histoire de cas?
1. On évalue que les taux de mauvais traitements
envers les personnes âgées varient entre 1 et 10% 15
. La plupart des cas sont perpétrés par des
membres de la famille, en général, des enfants
d’âge adulte ou un conjoint 6,7. Assez souvent,
plusieurs types de mauvais traitements surviennent
simultanément.
Cas numéro 3: Mme Irène V., 74 ans
Après que le travailleur social du service à domicile vous
ait indiqué qu’il y avait une situation difficile à la maison,
vous décidez de faire une visite à domicile. Mme V. a une
histoire personnelle de démence légère. Elle a aussi des
antécédents de consommation d’alcool et vous n’êtes
pas certain si elle boit présentement. Vous ne savez pas
si elle a des parents ou des proches. Elle consulte
rarement mais quand elle le fait, la tenue de Mme est
négligée. Elle oublie souvent ses rendez-vous. Le
travailleur social du service à domicile s’inquiète parce
qu’il y a des hommes «louches» qui dorment dans le lit
de Mme V., qui mangent chez elle et qui utilisent son
appartement comme endroit pour boire de l’alcool. Lors
d’une de ses visites, le travailleur social a vu un de ces
hommes et même si Mme V. a dit que c’était un «ami»,
elle ne connaissait pas son nom.
2. Dans les milieux institutionnels, on a observé des
taux de mauvais traitements par le personnel qui
varient de 36 à 81% 8. On y inclut les mauvais
traitements qui peuvent survenir même lorsque le
patient ne s’en rend pas compte ou est comateux 3.
3. Tout comme les mauvais traitements envers les
enfants, les mauvais traitements chez les personnes
âgées demeurent souvent non divulgués puisqu’on
estime qu’un cas sur 14 seulement fait l’objet d’un
rapport 9. Parmi les éléments qui peuvent expliquer
ce faible taux de signalement, on note le déni, la
peur des représailles, de l’abandon ou du placement
en institution tout comme l’embarras, la gêne ou la
réticence des médecins à aborder le sujet 1,10.
Quel autre renseignement auriez-vous besoin de
connaître dans le cas de Mme V.?
Après votre visite à domicile, Mme V. est venue au bureau
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TYPES DE MAUVAIS TRAITEMENTS
DÉPISTAGE
Santé Canada a établi quatre catégories de mauvais
traitements et de négligence: 11
5. En 1994, le Groupe de travail canadien sur les soins
préventifs a donné une recommandation C pour le
dépistage de routine des mauvais traitements en
mentionnant que les preuves sont insuffisantes pour
inclure ou exclure cette intervention parce «qu’on
n’avait pas établi l’étendue ni les limites précises de
ces interventions, qu’elles ont été mal évaluées et
qu’il n’y avait pas de preuves concrètes de leur
efficacité» 1. Le groupe de travail United States
Preventive Services a aussi mentionné que les
preuves sont insuffisantes pour recommander ou
non le dépistage des mauvais traitements chez les
personnes âgées 12. Toutefois, l’American Medical
Association recommande de poser des questions de
routine aux personnes âgées au sujet des mauvais
traitements et de la négligence 13 et, dans plusieurs
états, il est obligatoire de faire un rapport, s’il y a
lieu. On conseille aux médecins d’être soupçonneux
et aux aguets pour reconnaître les indicateurs de
mauvais traitements 1,14,15. Assez souvent, le
médecin traitant est le principal contact extérieur des
patients âgés, il a donc un rôle primordial dans le
dépistage de toute forme potentielle de mauvais
traitements — ce qui permet de faire des
interventions précoces 3,13,15.
1.
2.
3.
4.
La violence physique: Agression, traitements brutaux,
violence sexuelle, privation des nécessités
physiologiques, par exemple, de nourriture, de soins
d’hygiène personnelle ou de soins médicaux.
La violence psychologique: Violence verbale, isolement
social, manque d’affection ou empêcher les personnes
âgées de participer aux décisions concernant leur propre
vie.
Exploitation financière/matérielle: Mauvais usage de
l’argent ou des biens incluant la fraude ou l’utilisation de
fonds dans des buts contraires aux besoins, aux désirs
ou aux intérêts de la personne âgée.
Négligence: La négligence peut aussi mener à l’une ou
l’autre des trois autres catégories précédentes de
mauvais traitements. Elle peut être passive si le
dispensateur de soins n’a pas l’intention de blesser la
personne âgée dépendante ou active si le dispensateur
de soins néglige sciemment de rencontrer les besoins de
la personne âgée.
CADRE DE TRAVAIL
4. Le cadre de travail suivant peut fournir une approche
globale pour identifier, diagnostiquer et prendre en
charge les mauvais traitements envers les
personnes âgées: 1
< reconnaître la possibilité de mauvais traitements
< évaluer la capacité à prendre des décisions
< fournir de l’information aux patients
< faciliter les choix.
Facteurs de risque
6. On a clairement identifié des facteurs de risque chez
les personnes âgées et chez leurs dispensateurs de
soins qui permettent de reconnaître les patients à
risque et qui aident à faire une évaluation plus
poussée 14 (voir tableau 1).
7. À l’exception de l’exploitation financière, tout près de
90% des mauvais traitements se produisent à
l’intérieur de la famille, en particulier, par les enfants
d’âge adulte et les conjoints 7.
8. Dans la relation dispensateur de soin - patient, la
violence physique est plus fréquente entre conjoints
ou lorsque le patient souffre de démence. Dans une
étude, on a montré que 33% des patients avec
démence infligeaient aussi des mauvais traitements
à leurs dispensateurs de soins 16. Les femmes ont
deux fois plus de chances d’être victimes de
violence physique que les hommes 2,4.
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Tableau 1. Facteurs de risque des victimes et des auteurs des mauvais traitements
Bien comprendre le modèle et les caractéristiques des victimes et des auteurs de mauvais traitements
peut aider à identifier le problème.
FACTEURS DE RISQUE CHEZ LES VICTIMES
- Déficit cognitif
- Santé précaire et handicaps fonctionnels incluant l’incontinence
- Dépendance envers le dispensateur de soins
- Antécédents de violence dans la relation (en particulier, la violence conjugale)
- Isolement social, par exemple: être veuf ou divorcé, absence de réseaux de soutien
FACTEURS DE RISQUE CHEZ LES AUTEURS DE MAUVAIS TRAITEMENTS
- Étroitement lié à la victime (les mauvais traitements physiques et psychologiques sont autant
perpétrés par les enfants d’âge adulte que par les conjoints), sauf dans les cas d’exploitation
financière qui sont plus souvent l’œuvre de parents éloignés ou de personnes qui ne sont membres
de la famille
- Dont les soins de la personne âgée lui ont été confiés sans les ressources ni la préparation
nécessaire (espace, ressources financières, soutien et aide de la famille, temps, compétence,
motivation, etc.)
- Facteurs personnels ou extérieurs de stress (p.ex. divorce/relations personnelles dysfonctionnelles,
problèmes financiers ou légaux, abus de substance, maladie mentale, antécédents de
comportement violent ou de violence conjugale)
Adapté de: The national elder abuse incidence study. Prepared for The Administration for Children and Families and The
Administration on Aging in The U.S. Department of Health and Human Services by The National Center on Elder Abuse at The
American Public Human Services Association. Sept 1998. Available at
http://www.aoa.gov/eldfam/Elder_Rights/Elder_Abuse/ABuseReport_Full.pdf
Elder Abuse. Information from The National Clearing House on Family Violence. Statistics Canada. Nov 1990.
http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/familyviolence/pdfs/elderab.pdf
Lachs MS, Pillemer K. Abuse and neglect of elderly persons. N Engl J Med 1995:332(7):437-43. PMID: 7632211
National Clearinghouse on Family Violence. Abuse and Neglect of Older Adults. Health Canada Cat.No. H72-22/6-1998E. 1999.
Health Canada. www.hc-sc.gc.ca
difficile de prendre soins de...?», «Vous devez
trouver difficile de répondre à certaines demandes
de ...»].
DÉPISTAGE ET DIAGNOSTIC
Signaux d’alarme (red flags)
11. Il est utile d’obtenir de l’information au sujet de la
famille du patient, de son réseau social et de sa
situation financière, si nécessaire 9,10. Il est possible
d’obtenir ces renseignements non seulement du
patient mais aussi des personnes responsables des
soins à domicile ou des travailleurs sociaux, tout
comme des voisins, des amis ou de la famille. Par
contre, l’information peut être difficile à obtenir à
cause du respect de la confidentialité/de la
protection de la vie privée et de la nécessité d’avoir
le consentement du patient (s’il en est capable).
Une visite à domicile permet une meilleure
compréhension de l’environnement social du patient
et aide à déterminer s’il est victime ou non de
mauvais traitements 17.
12. Il est plus efficace de commencer avec une question
ouverte, du genre: «Comment cela se passe-t-il à la
maison?» ou «Qui prend soin de vous?» suivies de
questions plus directes 14,17. Il est aussi utile de
poser des questions au sujet de la nature et de la
qualité de la relation avec le dispensateur de soins
et des conditions de vie à la maison 3,10.
9. Puisque la plupart des mauvais traitements ne sont
pas physiques, les médecins doivent être aux aguets
pour déceler les indicateurs physiques et
comportementaux qui suggèrent des mauvais
traitements. En évaluant ces «signaux d’alarme»,
les médecins pourront mieux cibler si une anamnèse
plus poussée est nécessaire 10,14. (Voir l’annexe 1,
«Les signaux d’alarme (red flags) des mauvais
traitements à l’égard des personnes âgées: les
signes observables».)
Recueil de l’histoire
10. Si on suspecte des mauvais traitements, il est plus
efficace de procéder à des entrevues séparées du
patient, du dispensateur de soin, du personnel ou
des membres de la famille qu’à des entrevues
conjointes 3,17. Une méthode d’entrevue avec des
questions directes et dénudées de jugement a plus
de chances d’obtenir des réponses adéquates 14.
[Quelques suggestions pour interroger un auteur
possible de mauvais traitements: «Trouvez-vous
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Volume 12(13), novembre 2004
traces de blessures à différents stades de guérison
tout en gardant à l’esprit que la peau des personnes
âgées se meurtrit facilement 17. Des radiographies
pourront aider à confirmer des trouvailles suspectes
3
. Noter l’absence des lunettes, des prothèses
auditives ou des dentiers.
Même s’il existe plusieurs outils pour identifier les
mauvais traitements à l’égard des personnes âgées,
aucun n’a été validé, de façon statistique 10. (Voir
l’annexe 2, «Questions pour évaluer les mauvais
traitements à l’égard des personnes âgées».) On
devrait évaluer également la fréquence et la sévérité
des mauvais traitements.
Il est important de déterminer si le patient reçoit
régulièrement des soins médicaux (ou s’il est vu
uniquement aux urgences) et de noter s’il y a des
incohérences (p.ex. des visites fréquentes ou du
«magasinage de médecin») 14.
PRISE EN CHARGE (Annexe 3)
Évaluation de la capacité
17. L’évaluation de la capacité à prendre des décisions
est un élément important de l’anamnèse des
mauvais traitements à l’égard des personnes
âgées 1,3. On doit évaluer la capacité à décider de
rester ou non dans une situation abusive; à décider
de ses soins personnels et de ses traitements
médicaux; à choisir son admission dans un centre
de soins pour sortir d’une situation abusive; à gérer
ses finances.
13. Il peut être nécessaire de rencontrer l’auteur
présumé des mauvais traitements — pour revoir ses
facteurs de risque (tableau 1) et évaluer le niveau
de stress de l’agresseur.
14. Dans un milieu institutionnel, le patient peut être
incapable de donner son histoire, dans tel cas, le
dossier médical, le personnel et les rapports
d’incidents peuvent fournir cette information 3. Les
proches sont souvent au courant des mauvais
traitements mais ont peur de les divulguer pour ne
pas provoquer de représailles.
LA CAPACITÉ
Un patient est déclaré apte à prendre des décisions au
sujet de son traitement, de son admission dans un
centre de soins ou de son besoin d’aide personnel si le
patient peut:
• comprendre l’information pertinente pour prendre
une décision au sujet de ses soins de santé, son
alimentation, son logement, ses vêtements, son
hygiène personnelle ou sa sécurité
• évaluer les conséquences raisonnablement
prévisibles de prendre ou non une décision.
Examen et investigation
15. On doit évaluer l’humeur car plusieurs
comportements peuvent indiquer des mauvais
traitements, par exemple: 18
< l’agitation
< la peur excessive
< le retrait
< la honte
< la faible estime de soi
< le recul par rapport au dispensateur de soins
< le détachement
< le mutisme
< la colère
Le comportement de la personne âgée tout d’abord
en présence du dispensateur de soins puis seule
peut être très révélateur.
Une personne est capable de prendre des décisions
financières si elle peut:
• comprendre la nature des choix ou des décisions
financières qui s’offrent à elle
• comprendre la relation entre elle et les autres parties
et(ou) les bénéficiaires potentiels de la transaction.
18. L’évaluation des fonctions cognitives est critique
pour déterminer la capacité à prendre des décisions.
On peut faire des tests formels, par exemple,
l’examen mini-mental mais ils sont trop souvent
utilisés sans évaluer l’autocritique et le jugement —
on devrait donc toujours poser des questions liées à
l’autocritique et au jugement du patient 3,19. Il est
aussi important que l’évaluation porte sur la capacité
du patient à faire ses activités de la vie quotidienne
en plus d’autres activités 9. De plus, dans les cas de
démence fronto-temporale ou de déficience frontale
reliée à d’autres causes (p.ex. l’alcoolisme, l’AVC)
ou chez les individus éduqués, les résultats au minimental peuvent être tout à fait normaux.
16. On devrait procéder à un examen physique complet
incluant la région génitale à la recherche d’ulcères,
d’ecchymoses, de lésions ou de lacérations 9,14,17. Il
faut recueillir une documentation très précise au
dossier pour confirmer un cas de mauvais
traitements 1,3. Lorsque possible, inclure les paroles
exactes du patient et de sa famille; ajouter des
dessins, ou mieux, des photographies si on suspecte
de la violence physique 14. Si on suspecte de la
malnutrition, de la déshydratation ou du délire, on
devrait demander les analyses de laboratoire
pertinentes, par exemple, la FSC, les électrolytes, la
créatinine, l’albumine sérique, l’analyse d’urine, etc.
Il est particulièrement important de rechercher des
19. Les médecins sont bien placés pour examiner la
capacité des patients âgés à prendre des décisions
au sujet de leurs soins personnels ou concernant
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MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
préservant les liens familiaux, si possible 9.
Beaucoup de personnes âgées ne veulent pas se
retrouver dans un milieu inconnu et préfèrent rester
à leur domicile même s’il y a un danger réel d’abus 3.
Dans les cas de mauvais traitements sérieux, pour
éviter la répétition, il est plus efficace de changer
l’organisation de vie que d’offrir de l’aide à domicile
à l’auteur des mauvais traitements 11 .
Malheureusement, même si c’est la solution la «plus
efficace» pour prévenir les conséquences néfastes,
elle n’améliore pas toujours la qualité de vie de la
victime.
l’organisation de leur vie. Dans certaines
juridictions, d’autres professionnels dont les
infirmières licenciées, les physiothérapeutes, les
ergothérapeutes ou les travailleurs sociaux
peuvent aussi faire des évaluations au sujet de
la capacité du patient à prendre des décisions à
long terme pour leurs soins. La capacité à
prendre des décisions financières doit être faite
par une évaluation formelle de cette
compétence 19.
20. Dans le cas où un patient dans une situation abusive
est réellement incapable de prendre un décision, on
devra peut-être nommé un subrogé. Si le patient n’a
pas désigné par procuration un responsable pour
décider de ses soins personnels, un subrogé sera
désigné selon l’ordre de priorité suivant: 19
- l’époux ou le conjoint
- un enfant ou un parent
- la fratrie
- le parent le plus rapproché
- un tuteur ou un curateur public.
25. En l’absence de «standards» d’intervention, le
médecin doit utiliser son jugement clinique en plus
de toutes les preuves dont il dispose pour prendre
en charge le mieux possible le cas qui se
présente 21.
26. Il y a obligation de rapporter les cas confirmés de
mauvais traitements à l’égard des personnes âgées
dans les provinces de l’Atlantique et dans la plupart
des états. Toutefois, il n’existe pas de preuves que
la divulgation obligatoire améliore la qualité de vie
des victimes 1,12.
21. Dans les cas de mauvais traitements d’une
personne âgée, le rôle du tuteur ou du curateur
publique est de s’impliquer (p.ex. pour obtenir des
ordres de protection) si la personne est incapable de
prendre soin d’elle-même ou de prendre des
décisions au sujet de ses biens, ou que des
conséquences néfastes sont survenues ou ont des
chances de se produire (par exemple, lorsque la
personne détenant la procuration est en réalité
l’auteur des mauvais traitements) 19.
Les stratégies de prise en charge des mauvais
traitements à l’égard des personnes âgées
Prévenir l’isolement social — organiser des visites à
domicile, à des centres pour personnes âgées, des services
sociaux et de la pastorale
Diminuer le stress du dispensateur de soins —
demander l’aide de la famille, des amis, des groupes
d’entraide, des soins de répit et offrir de la formation au
dispensateur de soins
Prise en charge des problèmes médicaux — simplifier
les médicaments, prendre en charge la dépression ou les
problèmes psychiatriques, traiter les abus d’alcool ou de
drogues chez le dispensateur de soins
Évaluer le domicile — faire une évaluation de la sécurité,
obtenir l’équipement nécessaire
Référer — on peut dépasser le cadre des soins de santé
par la participation des services sociaux ou des réseaux
légaux pour bien prendre en charge le cas et assurer la
sécurité du patient 14
Reloger — à court terme, on peut placer le patient dans un
hôpital ou dans un refuge pour le séparer de l’auteur des
mauvais traitements et permettre aux services sociaux de
s’organiser 9. Un déménagement dans un centre d’accueil
ou de soins prolongés peut être indiqué.
L’équipe multidisciplinaires ou les consultations
22. Parce que les mauvais traitements à l’égard des
personnes âgées sont difficiles à diagnostiquer et
complexes à prendre en charge, l’aide d’une équipe
d’évaluation gériatrique multidisciplinaire peut
donner un meilleur portrait du problème et aider à
prendre la situation en charge par la suite 1,10,14,17,20.
Le suivi exige souvent une infirmière visiteuse ou un
travailleur social. Dans plusieurs régions, ces
équipes gériatriques ne sont pas disponibles; les
programmes communautaires d’entraide
psychiatrique peuvent être une autre alternative.
Principes de prise en charge
Adapté de: Kruger RM, Moon CH. Can you spot the signs of elder
mistreatment? Postgraduate Medicine 1999;106(2):169-183.
Accès vérifié en mai 2004. http://www.postgradmed.com
23. L’intervention précoce est essentielle car les
mauvais traitements ont tendance à devenir répétitifs
et à s’aggraver avec le temps 1,14 (voir l’annexe 3,
«Approche dans les cas de mauvais traitements à
l’égard des personnes âgées»).
24. L’objectif principal est de protéger le patient et de
prévenir tout autre mauvais traitement tout en
Éthique
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MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
27. Les bénéfices de toute intervention doivent être
soupesés par rapport aux dommages potentiels pour
le patient 3,7,9. Même si elle a été conçue pour
protéger les personnes âgées, la divulgation
officielle des mauvais traitements peut interférer
avec l’autonomie du patient 22. On doit donc aussi
évaluer la sécurité du patient vs son autonomie 1.
provinces de l’Atlantique et dans certains états,
peuvent aussi offrir de la protection aux victimes de
mauvais traitements mais uniquement lorsque le
patient est inapte et qu’il est en danger 19,22. La
police peut offrir de l’aide uniquement dans les cas
de fraude, de vol, d’agression sexuelle ou de
violence physique. N’hésitez pas à communiquer
avec la police pour savoir à quel moment ils doivent
être impliqués.
28. Si le patient est jugé apte à prendre des décisions,
ce qui est le cas la plupart du temps, on doit
respecter son autonomie à le faire et le conseiller sur
les autres choix possibles 9,14. La relocalisation du
patient contre sa volonté sera appropriée
uniquement si le patient est incapable de prendre
une décision ET est exposé à un risque de
blessures.
33. La législation canadienne pour la protection des
adultes est incohérente et manque d’uniformité.
Dans plusieurs juridictions, la loi permet des
interventions graduelles et d’urgence et d’organiser
la relocalisation, les soins, les finances et les
services sociaux 22.
34. Dans les cas où le patient est déclaré inapte, le
patient a le droit de contester la déclaration
d’incapacité ou de demander un autre subrogé, en
faisant la demande, en général, à la Commission du
consentement et de la capacité 19. Dans les
situations où la personne nommée par procuration
est l’auteur des mauvais traitements, un tuteur ou un
curateur public peut être requis pour décider s’il peut
continuer à exercer la procuration.
Counseling
29. Si le patient est apte, on doit l’informer que les
mauvais traitements doivent être abordés et que le
médecin peut fournir de l’information sur les choix
possibles 14. Il est vital que le patient sache
l’incidence des mauvais traitements à l’égard des
personnes âgées et leur tendance à augmenter en
fréquence et en gravité avec le temps.
35. Dans certaines régions, la loi mentionne que toute
personne qui est témoin de mauvais traitements à
l’égard d’un résident dans un centre d’accueil ou
dans une maison de retraite doit le rapporter (p.ex.
au bureau régional du ministre de la Santé). Cette
règle s’applique aussi lorsqu’une personne
soupçonne qu’une personne âgée a été ou peut-être
blessée. Il est important que l’agence/la direction ait
l’autorité d’enquêter sur les rapports de mauvais
traitements perpétrés dans ses centres.
Si la victime des mauvais traitements vit dans sa
propre maison, la loi n’exige pas de rapport par un
tiers. Mais les victimes ou quiconque suspecte des
mauvais traitements envers une personne âgée
peuvent rapporter leurs inquiétudes à la police, aux
services sociaux, médicaux ou légaux 23.
30. Si le patient refuse de déménager ou est incapable
de changer sa situation, le médecin doit demeurer
accessible et faire le suivi de la situation au
téléphone ou par des visites pour lui donner de
l’information et du soutien 17. Le patient et le
médecin peuvent établir conjointement un plan
d’urgence écrit qui inclut des mesures de sécurité,
un plan de suivi et les numéros des personnesressources en cas d’urgence 14.
31. Le counseling à la famille peut aussi être bénéfique.
Même si la famille cause souvent les mauvais
traitements, elle peut aussi offrir le meilleur
soutien 14. Une intervention de crise ou une
conférence de groupe peut aborder autant les
mauvais traitements que les besoins des victimes et
Suite à ces
du dispensateur de soins 22.
discussions, la famille peut décider de demander de
l’aide ou du soutien à domicile. Parfois, le seul fait
de savoir que l’auteur des mauvais traitements est
sous surveillance améliore beaucoup la situation.
Les agences régionales peuvent être contactées
pour aider aux soins du patient 3,14 (voir l’annexe 4,
«Les mauvais traitements à l’égard des personnes
âgées: les sources d’information en ligne pour les
médecins»).
LES ÉLÉMENTS CLÉS
• Les mauvais traitements à l’égard des personnes
âgées sont fréquents et restent un problème encore
peu souvent identifié.
• Demeurer vigilant à la recherche de signes de
mauvais traitements
• Poser des questions au patient, au dispensateur de
soins/aux membres de la famille dès que possible
peut aider à identifier ou même à prévenir les
mauvais traitements.
• Favoriser l’implication des ressources
communautaires et autres ressources disponibles et
poursuivre un plan d’action concret.
Aspects légaux
32. Les services de protection des adultes (Adult
Protective Services) qui existent dans les quatre
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Volume 12(13), novembre 2004
relation avec tous les membres de cette famille.
COMMENTAIRES DES HISTOIRES DE CAS
me
Cas numéro 1: M
Il serait utile de conseiller à Mme R. et à sa famille de
discuter des facteurs de stress et d’examiner les choix
possibles (voir la section Renseignements généraux,
points 20 à 31).
Jeanne R., 72 ans
Comment pourriez-vous aborder cette situation?
En dépit des dangers de blessures, Mme R. peut choisir
de rester avec son fils, comme c’est son droit, et ses
voeux doivent être respectés (voir la section
Renseignements généraux, point 28). Il est important
que son médecin la voit régulièrement, examine les
choix possibles, demeure vigilant au moindre signe
d’escalade des mauvais traitements et la conseille. Il
pourrait être utile de lui donner de l’information
spécifique au sujet des mauvais traitements et des
groupes d’entraide pour les personnes âgées pour
appuyer ses futures décisions (voir l’annexe 4).
Cette situation présente plusieurs facteurs de risque de
mauvais traitements (par exemple, l’isolement social et
les facteurs de stress dans la vie du dispensateur de
soins) (voir la section Renseignements généraux, points
6 et le tableau 1). À moins de pouvoir parler en privé
avec Mme R., il y a peu de chances qu’elle vous donne de
l’information au sujet de son fils et de leurs difficultés.
Vous pourriez utiliser «Les questions pour évaluer les
mauvais traitements à l’égard des personnes âgées»
(voir l’annexe 2) pour déterminer si Mme R. subit l’une ou
l’autre des formes de mauvais traitements. Faire suivre
ces questions d’un examen physique et d’une évaluation
pour déterminer la présence ou non de dépression ou
d’anxiété. Il serait approprié de faire aussi une
évaluation de ses capacités cognitives et de son aptitude
à prendre des décisions. Tout ce processus prendra
sûrement plusieurs visites.
Cas numéro 2: Mme Pierrette S., 75 ans
Comment pourriez-vous conseiller Mme S.?
Cette dyade comporte des facteurs de risque (voir la
section Renseignements généraux, point 6 et tableau 1).
Mme S. est une femme âgée qui dépend entièrement de
sa dispensatrice de soins. Sarah a des problèmes
d’abus de substances en plus de problèmes financiers et
des antécédents de dépression. Demander à Mme S.
comment elle se sent dans cette situation et utiliser «Les
questions pour évaluer les mauvais traitements à l’égard
des personnes âgées — l’exploitation financière» (voir
l’annexe 2). Si sa fille a accès de façon non appropriée
à son argent, Mme S. pourrait fermer tous leurs comptes
conjoints, changer ses mots de passe et impliquer
d’autres membres de sa famille. Une autre façon de
limiter l’accès à l’argent est de garder de petites sommes
d’argent à la maison. Le vol, l’usage de faux, la fraude
et l’extorsion sont des actes criminels pour lesquels, à un
moment donné, elle peut appeler la police et intenter des
poursuites (voir la section Renseignements généraux,
point 32).
Une entrevue séparée avec son fils (voir la section
Renseignements généraux, point 10) pourrait aussi
fournir une occasion de l’informer des difficultés à
prendre soin de quelqu’un et d’explorer les choix
possibles pour diminuer le stress (voir l’encadré «Les
stratégies de prise en charge des mauvais traitements à
l’égard des personnes âgées», page 7).
Comment prendriez-vous en charge Mme R.?
Si Mme R. est dépressive, on devrait la traiter. Une prise
en charge précoce des mauvais traitements est indiquée
(voir la section Renseignements généraux, point 23). En
fonction des services disponibles dans votre région, vous
pourriez demander une consultation (de préférence avec
une équipe d’évaluation gériatrique, si disponible) pour
évaluer les mauvais traitements et les besoins en
services d’aide pour les soins de Mme R. (voir la section
Renseignements généraux, point 22). Il s’agit d’une
situation délicate et le fils de Mme R. ne sera peut-être
pas d’accord pour recevoir de l’aide supplémentaire.
Comment aborderiez-vous ce cas?
Mme S. pourrait parler de sa situation avec un avocat et
évaluer les nombreux choix légaux qui s’offrent à elle
pour faire cesser l’exploitation financière. Elle peut
souhaiter établir une fiducie gérée par un professionnel.
Elle peut aussi donner une procuration à une autre
personne pour gérer ses finances. Des services d’aide
domestique pourraient diminuer la dépendance de Mme
S. envers sa fille (voir l’encadré «Les stratégies de prise
en charge des mauvais traitements envers les personnes
âgées, page 7). Il s’agit d’une situation délicate, difficile
et douloureuse comme la plupart de ces situations donc,
pour préserver les liens familiaux, le médecin pourrait
me
Discuter avec M R. des risques et des bénéfices à
rester avec son fils. Même si le prix psychologique pour
demeurer avec son fils peut sembler élevé, elle peut
apprécier sa compagnie.
Toutefois, une fois
qu’apparaissent les mauvais traitements, la relocalisation
est souvent plus efficace que les interventions auprès
des auteurs des mauvais traitements (voir la section
Renseignements généraux, point 24) tout en permettant
à Mme R. de conserver sa relation avec son fils. Si c’est
l’équipe d’évaluation gériatrique qui recommande la
relocalisation, vous pourriez aussi préserver votre
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MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
intervenir pour défendre les droits de Mme S. et prendre
l’entière responsabilité du changement de procuration
(p.ex. Mme S. pourrait dire: «mon médecin m’a suggéré
de donner une procuration à...»).
façons en fonction de votre évaluation de son état de
santé et des ressources disponibles dans votre localité.
Une évaluation par un équipe gériatrique ou
psychiatrique serait idéale.
Cas numéro 3: Mme Irène V., 74 ans
Cas numéro 4: M. Benoît P., 78 ans
Quel autre renseignement auriez-vous besoin de
connaître dans le cas de Mme V.?
Quel autre renseignement auriez-vous besoin?
Parlez avec l’infirmière en chef ou le gestionnaire du
centre pour établir les protocoles pour 1) l’utilisation des
analgésiques et 2) la prévention et le traitement des
plaies de lit. Si M. P. a de la famille, vous pourriez leur
parler pour vérifier s’ils ont des inquiétudes au sujet des
soins prodigués à M. P. Confirmez avec M. P. qu’il
informe bien les infirmières lorsqu’il a de la douleur (voir
la section Renseignements généraux, points 2, 14 et les
annexes 1 et 2).
Une visite à domicile pourrait être utile pour évaluer les
conditions de vie de Mme V. Y a-t-il de la nourriture dans
l’appartement? Peut-elle accomplir ses activités de la
vie quotidienne de base, par exemple, se nourrir,
s’habiller, faire sa toilette, prendre un bain? Y a-t-il des
risques de blessures? Pendant que vous parlez avec
Mme V., vous pouvez dire qu’un travailleur social à
domicile a mentionné la présence d’hommes dans sa
maison. Comment se sent-elle auprès de ces invités?
Se sent-elle en sécurité? Ont-ils pris des choses (voir
l’annexe 1)? Partagez vos inquiétudes avec elle et
établissez son aptitude à les comprendre.
Comment prendriez-vous en charge ce patient?
Il est primordial d’intervenir avec tact pour ne pas vous
aliéner le personnel soignant du centre d’accueil.
Augmentez l’analgésie régulièrement et mettez l’accent
sur le fait que vous voulez être informé et appelé, au
besoin (voir la section Renseignements généraux, point
30). Il pourrait être utile de consulter une infirmière
spécialisée dans les soins de plaie et une équipe de
soins palliatifs pour donner des conseils et du soutien
(voir la section Renseignements généraux, point 22).
Il est important de demander à Mme V. de venir vous voir
au bureau pour un «bilan de santé» et un examen
physique — puisque l’évaluation de son aptitude
nécessite l’évaluation des fonctions cognitives et
demande des analyses de laboratoire pour éliminer un
problème de délirium.
Il serait aussi essentiel de faire des visites de suivi
régulièrement au centre d’accueil pendant une période
de temps appropriée pour réévaluer M. P. (voir la section
Renseignements généraux, point 30).
Comment prendriez-vous cette patiente en charge?
Un centre de soins prolongés pourrait être approprié
dans le cas de Mme V. et vous devez évaluer sa capacité
à consentir à son admission. Si Mme V. ne connaît pas
les hommes qui viennent dans sa maison et n’y voit pas
de problèmes, elle ne comprendra peut-être pas
l’information pertinente pour prendre une décision au
sujet de son logement et juger des risques qu’elle
encourt (voir la section Renseignements généraux,
points 17 à 19).
Si des changements significatifs surviennent et si M. P.
en est capable, discutez avec lui de la qualité des soins
que vous désirez pour lui; informez-le de ses droits en
tant que patient (p. ex., le soulagement de la douleur);
évaluer la possibilité de le transférer dans un centre qui
offre la qualité de soins dont il a besoin.
S’il n’y a pas de responsable désigné par procuration
pour ses soins personnels, on devra désigner et
impliquer un curateur public qui décidera où elle devrait
vivre et si elle a besoin d’être relogée (voir la section
Renseignements généraux, point 20).
©
Connaissant sa perte de poids et les risques possibles à
sa sécurité que représentent ses visiteurs, Mme V. peut
avoir besoin d’un placement temporaire dans un centre
de soins prolongés (voir la section Renseignements
généraux, point 24). Si vous pensez qu’il y a un risque
immédiat (en raison de sa déshydratation) et qu’elle est
incapable de prendre soin d’elle-même à cause de sa
démence, elle aura besoin d’être hospitalisée. Cette
situation peut être prise en charge de nombreuses
La Fondation pour l’éducation médicale
continue, volume 12(13):1-16, novembre 2004
Consulter notre site Web: www.fmpe.org
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MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
Même si le plus grand soin a été apporté à la préparation des
informations contenues dans ce module, le Programme ne peut en
garantir la pertinence dans des cas cliniques particuliers ou chez
certains patients. Les médecins et les autres professionnels de la
santé doivent utiliser leur propre jugement clinique, fondé sur les
circonstances particulières de chaque cas, pour décider de la prise
en charge et du traitement de leur patient.
Quiconque utilise ces renseignements, le fait à ses risques, et ne
peut tenir pour responsable La Fondation pour l’éducation médicale
continue ni le Programme d’apprentissage en petit groupe basé sur
la pratique d’aucun incident ou dommage qui pourrait découler de
cet usage.
Auteurs:
Dre Amy Freedman, BSc, CCFP
Médecin de famille
Toronto, Ontario
Dr James Faught, CCFP
Médecin de famille
Waterdown, Ontario
Réviseurs:
Dr André Hurtubise, BSc, CCFP,
FCFP(C)
Médecin de famille
New Liskeard, Ontario
Dr Christopher Patterson, FRCPC
Specialist in Geriatric Medicine
Hamilton, Ontario
Rédactrice
médicale
en chef:
Rédactrice
médicale:
Dre Jacqueline Wakefield,
CCFP, FCFP(C)
Médecin de famille
Hamilton, Ontario
Amy Cross, BA
Hamilton, Ontario
Recherchiste:
Dawnelle Hawes, BA, BKin, MEd
Hamilton, Ontario
Traduction:
Biograph
L’équipe de rédaction du module de la Fondation tient
à remercier le groupe-pilote PGBP facilité par le Dre
Susan Dawson (Kanata, Ontario) qui a testé ce
module de formation.
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MODULE DE FORMATION
Volume 12(13), novembre 2004
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Podnieks E, Pillemer K, Nicholson JP, Shillington T, Frizzel A. National Survey on Abuse of the Elderly in Canada: Final
Report. Toronto, ON: Ryerson Polytechnical Institute, 1990
3.
Levine JM. Elder neglect and abuse. A primer for primary care physicians. Geriatrics 2003;58(10):37-4. PM:14569641
4.
The National Center on Elder Abuse. The National Elder Abuse Incidence Study. Final Report. 1998. The Administration for
Children and Families and the Administration on Aging in The U.S. Department of Health and Human Services.
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5.
Vida S, Monks RC, Des RP. Prevalence and correlates of elder abuse and neglect in a geriatric psychiatry service. Can J
Psychiatry 2002;47(5):459-467. PM:12085681
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2003;32(3):286-291. PM:12720614
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American Medical Association. Accessed Aug. 23, 2004. http://www.ama-assn.org/
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MODULE DE FORMATION
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22. Gordon RM. Adult protection legislation in Canada. Models, issues, and problems. Int J Law Psychiatry 2001;24(2-3):117-134.
PM:11436621
23. Wahl J, Purdy S. Elder Abuse: the hidden crime, 7 ed. Advocacy Centre for the Elderly (ACE) and Community Legal Education
Ontario (CLEO), 2002
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Annexe 1. Les signaux d’alarme (red flags) de mauvais traitements à l’égard des personnes âgées: les signes
observables
Violence physique
< multiples blessures inhabituelles ou ecchymoses
< marques sur la peau: marques de coup, empreintes de doigts, brûlures par corde (contention)
< cheveux arrachés
< fréquentes consultations aux urgences pour traiter des blessures
< être attaché sur une chaise ou dans le lit
Agression sexuelle
< difficulté ou douleur à aller aux toilettes
< région des organes génitaux ou des seins rouge, irritée ou meurtrie
< infections transmissibles sexuellement
Violence psychologique
< être isolé de sa famille ou de ses amis
< être rabaissé ou menacé
< apparition de troubles alimentaires
< auto-médication par l’alcool ou des médicaments prescrits
Exploitation financière/ou matérielle
< niveau de vie bien en deçà de ses moyens et besoins de base non rencontrés
< plaintes que son argent/ses relevés de banque disparaissent
< incapacité inexpliquée à gérer ses finances
< grand intérêt au sujet des biens du patient de la part des membres de la famille
Négligence
< hygiène déficiente
< plaies de lit
< malnutrition, déshydratation, manque de nourriture ou d’autres nécessités de la vie
< mauvaise utilisation de(s) médicament(s)
< vêtements inadéquats
< garde-manger verrouillé qui indique la possibilité de privation de nourriture
< n’a pas ses lunettes, ses prothèses auditives, ses dentiers, ne dispose pas de marchette, de canne ou de
prothèses
< rendez-vous fréquemment manqués
Adapté de:
http://www.jfsa-cleveland.org
http://www.mc.maricopa.edu (downloadableWord document at this address under http://www.mc.maricopa.edu/dept/d52/ajs/vaw/elderabuse.doc )
(accès des deux sites vérifié le 13 mai 2004)
Kruger RM, Moon CH. Can you spot the signs of elder mistreatment? Postgraduate Medicine 1999;106(2):169-183. http://www.postgradmed.com.
Accès vérifié en mai 2004.
© La Fondation pour l’éducation médicale continue, www.fmpe.org
Annexe 2. Questions pour évaluer les mauvais traitements à l’égard des personnes âgées
Violence physique (frapper, agripper, gifler ou causer des blessures corporelles incluant l’agression sexuelle)
Avez-vous peur de quelqu’un à la maison?
Vous sentez-vous en sécurité à la maison? Y a-t-il des armes à la maison?
Avez-vous déjà été frappé, giflé ou roué de coups de pied?
Avez-vous déjà été enfermé à clé dans une pièce ou attaché?
Est-ce que quelqu’un vous a déjà touché sans votre permission?
Violence psychologique (insultes verbales ou non verbales, humiliation, infantilisation et menaces [au moins 10
épisodes au cours de la dernière année])
Vous êtes-vous déjà senti seul ou isolé?
Est-ce que les personnes qui prennent soin de vous ont déjà menacé de vous punir ou de vous placer
dans une institution?
Vous a-t-on déjà ignoré ou carrément infligé «la punition du silence»?
Vous a-t-on déjà forcé à manger ou à prendre des médicaments?
Qu’arrive-t-il lorsque vous et votre dispensateur de soins êtes en désaccord?
Négligence (passive ou active) (le dispensateur de soins ne donne pas tous les soins de base au patient, de
façon typique, ne l’aide pas dans ses activités de la vie quotidienne)
Avez-vous accès à vos lunettes, vos prothèses auditives, vos dentiers/partiels, si vous en avez besoin?
Vous laisse-t-on seul pendant de longues périodes de temps?
Est-ce que votre domicile est un endroit sécuritaire pour vous?
Si vous avez besoin d’aide, comment pouvez-vous l’obtenir? Comment pouvez-vous appeler à l’aide?
Est-ce qu’on vous a déjà refusé de l’aide lorsque vous en aviez besoin?
Obtenez-vous vos médicaments sur une base régulière?
Avez-vous accès au téléphone et pouvez-vous recevoir des appels?
Exploitation financière (vol de chèques [de la sécurité de la vieillesse, de pension], détournement de fonds et
coercition [p.ex. changer un testament ou les titres de propriété])
Est-ce que votre argent est utilisé sans votre permission?
Est-ce que votre dispensateur de soins dépend de vous pour son logement et son soutien financier?
Vous a-t-on déjà volé de l’argent?
Vous a-t-on déjà forcé à signer un document légal contre votre volonté?
Questions à envisager par le médecin pour le suivi (si on a identifié des mauvais traitements)
Depuis combien de temps cela dure-t-il?
Est-ce un incident isolé?
Selon le patient, pourquoi cela est-il survenu?
Selon le patient, quand pense-t-il que le prochain épisode va survenir?
L’auteur des mauvais traitements est-il présent dans la salle d’attente/aux urgences?
Est-il sécuritaire que le patient retourne chez lui?
Qu’est-ce que le patient souhaiterait?
Est-ce que le patient a déjà reçu de l’aide pour ce problème?
Où cela est-il survenu?
Y avait-il plus d’une personne?
Lui a-t-on donné une raison?
Adapté de
1. Carney MT, Kahan FS, & Paris BEC. Elder Abuse: Is Every Bruise a Sign of Abuse? The Mount Sinai Journal of Medicine 2003; Mar 70(2):69-74
2. Clarke ME and Pierson W. Management of Elder Abuse in the Emergency Department. Emergency Medicine Clinics of North America, 1999; 17(3):631-644.
© La Fondation pour l’éducation médicale continue, www.fmpe.org
Annexe 3. Approche dans les cas de mauvais traitements envers des personnes âgées
Mauvais
traitements
suspectés
OUI
Existe-t-il un danger immediat?
NON
Évaluer la capacité à prendre des
décisions
Test de la fonction cognitive (minimental)
Évaluer: le patient peut-il comprendre
l’information et évaluer les conséquences
de ses décisions?
NON
Identifier un subrogé
Référer pour une évaluation gériatrique
OUI
Élaborer un plan d'urgence
[Choix: hospitaliser;
placer dans un foyer sécuritaire/centre
d'accueil;
obtenir un ordre de cour de protection/une
injonction;
consulter les Services de protection des
adultes si disponibles dans votre région]
Fournir de l'information
Discuter de la sécurité
! élaborer un plan d'urgence
! fournir les numéros en cas
d'urgence
Éduquer au sujet des mauvais
traitements envers les personnes
âgées
! il y a souvent des causes sousjacentes
! tendance à augmenter en fréquence et en gravité avec le temps
Organiser une évaluation complète
! fréquence, gravité
! accès
! état psychologique
! état de santé et du fonctionnement
! ressources sociales et financières
Suivi
Faciliter les choix
Prévenir l'isolement social
Diminuer le stress du dispensateur de
soins
Prendre en charge les problèmes
médicaux/à domicile
Référer aux services appropriés
Relocaliser
Adapté de:
Patterson C. Secondary Prevention of Elder Abuse. The Canadian Guide to Clinical Preventive Health Care. Ottawa, ON: Minister of Supply and
Services Canada, 1994:922-929. Accès vérifié en juillet 2004 http://www.ctfphc.org
American Medical Association. Diagnostic and Treatment Guidelines on Elder Abuse and Neglect. 1992. Chicago, Ill, American Medical Association.
Accès vérifié en août 2004. http://www.ama-assn.org/)
© La Fondation pour l'éducation médicale continue, www.fmpe.org
Annexe 4. Les mauvais traitements envers les personnes âgées: les sources d'information en ligne pour les
médecins
Sites canadiens
http://www.hc-sc.gc.ca/hppb/familyviolence/pdfs/2002-olderadultvictims.pdf (en anglais et en français)
< Gouvernement du Canada: Répertoire des services et des programmes répondant aux besoins des personnes âgées
victimes de violence au Canada
http://www.cacc-acssc.com (en anglais et en français)
< Association canadienne des soins et des services communautaires: «le porte-parole du secteur des soins et services
communautaires»
http://www.advocacycentreelderly.org/elder/pubs.htm (en anglais seulement)
< Centre d'information légale pour les personnes âgées: organisme d'information légale et de défense des canadiens
âgés, en particulier, les résidents de l'Ontario
Sites américains
http://www.elderabusecenter.org (en anglais seulement)
< Le centre national sur les personnes âgées victimes de violence subventionné par la U.S. Administration on Aging est
une source d'information et de soutien pour les personnes âgées victimes d'abus. Le site présente un glossaire, des
énoncés des lois, des statistiques et des textes de vulgarisation.
http://www.ama-assn.org/ama1/pub/upload/mm/386/elderabuse.pdf (en anglais seulement)
< L'American Medical Association présente le diagnostic et les lignes directrices de traitement des personnes âgées
victimes de violence et de négligence
http://www.preventelderabuse.org/help/incommunity.html (en anglais seulement)
< Comité national de prévention des mauvais traitements envers les personnes âgées: source d'information et de services
pour les patients
© La Fondation pour l'éducation médicale continue, www.fmpe.org