Etude de préfiguration d`une Maison Transfrontalière France
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Etude de préfiguration d`une Maison Transfrontalière France
Note de synthèse : Etude de préfiguration d’une Maison Transfrontalière France-Brésil 1. Quelques éléments clés sur l’état des lieux du territoire transfrontalier Guyane-Brésil La frontière Guyane-Brésil est une frontière méconnue et la moins « coopérante » des frontières brésiliennes et française. C’est une frontière paradoxale car elle est à la fois poreuse et imperméable, européenne et sudaméricaine. Elle se caractérise pardes problèmes réels mais ponctuels de franchissements non autorisés qui viennent interférer dans la vision réciproque. Sur cette frontière, les relations économiques sont ténues et les infrastructures de transport sont insuffisantes. Il existe en outre d’intenses relations informelles de proximité qui contrastent avec l’approche protocolaire et institutionnelle. Enfin, on constate une très forte méconnaissance réciproque qui favorise une vision négative et qui rend difficile la conduite de projets durables. 2. Grands principes d’intervention Une maison en réseau, c’est-à-dire multisites La MOT propose une Maison transfrontalière en réseau, c'est-à-dire multi sites : ≡ à Saint Georges au sein du bassin de l’Oyapock, point de contact direct des deux territoires et promis à un développement à relier à l’ouverture du pont ; ≡ à Cayenne et à Macapá car à proximité directe des acteurs publics et économiques, mais également au cœur des bassins les plus importants de population. Une Maison transfrontalière multiniveaux car devant agir à différentes échelles par souci d’efficacité : ≡ échelle locale de l’Oyapock ≡ échelle interrégionale Guyane/Amapá ≡ échelle internationale et plus longue distance entre la France (en particulier Antilles/Guyane) et le Nord du Brésil (Belém, Manaus, Fortaleza) et au-delà. Quel nom donner à la Maison transfrontalière ? Il importe de donner le plus de visibilité à cet équipement en le baptisant Maison transfrontalière FranceBrésil, plus communiquant et pour montrer à quel point la Guyane et l’Amapá sont un lien entre les deux pays, qui plus est dans la perspective de l’ouverture du pont à la circulation. Globalement, les services proposés dans la maison transfrontalièrede Saint Georges seraient de portée plus locale, ceux pour les implantations secondairesde Cayenne et de Macapá de portée plus interrégionale et binationale. Une maison physique mais aussi d’accès virtuel Si la Maison transfrontalière (dans ses trois implantations proposées) est un lieu physique doté d’un local pour accueillir du personnel et du public, elle doit également être accessible sur le plan électronique car s’adressant à un public, par définition disséminé sur un vaste territoire et à des échelles importantes. 3. Analyse des besoins, champs d’intervention et services de la Maison transfrontalière La plupart des acteurs interrogés considèrent que le champ du développement économique comme seul support thématique de la Maison transfrontalière est beaucoup trop restreint, a fortiori pour une implantation unique à Saint-Georges de l’Oyapock. 38, rue des Bourdonnais 75001 Paris – France www.espaces-transfrontaliers.eu Tél : +33 1 55 80 56 80 – Fax : +33 1 42 33 57 00 [email protected] 1 Note de synthèse : Etude de préfiguration d’une Maison Transfrontalière France-Brésil Ainsi, il est proposé d’élargir le champ d’action de cet équipement à des thématiques supplémentaires qui relèvent d’une véritable demande et des besoins identifiés tout au long de l’étude et sur lesquelles les acteurs locaux et régionaux peuvent avoir plus de prise. Les types d’information proposée par la Maison transfrontalière sont les suivants : ≡ ≡ ≡ ≡ ≡ ≡ Information économique Information sur les normes administratives et la réalité institutionnelle du pays voisin Information sur les formations Information touristique Information culturelle Information sur la coopération transfrontalière La Maison transfrontalière pourrait ainsi proposer les produits suivants : ≡ Des brochures bilingues en libre-service (information générale, formalités administratives, coordonnées des acteurs concernés dans le pays voisin…) ≡ Un service personnalisé (accompagnement des acteurs, mise en contact avec les services concernés…) ≡ L’organisation d’événements (ateliers thématiques, journées d’échanges transfrontaliers…) 4. Préfiguration du fonctionnement Une Maison transfrontalière évolutive qui s’appuie sur l’existant : calendrier des opérations Une phase test de 2 ans (janvier 2015-décembre 2016) Afin de tester les hypothèses des services à mettre en place au sein de la Maison transfrontalière FranceBrésil, il convient de proposer une phase test, qui permettrait : le tour de table des partenaires et l’implication des différents acteurs sollicités, le montage précis du financement, les recrutements des personnels techniques, la location et les aménagements à opérer des locaux pour les trois sites de la Maison transfrontalière, ≡ la mise en place des différentes activités. ≡ ≡ ≡ ≡ Propositions d’implantation de la Maison : ≡ A Saint-Georges, la Maison peut être localisée dansun premier temps au sein d’un équipement de services existant (ou en location) afin d’éviter les doublons et de promouvoir la mutualisation des moyens. ≡ A Cayenne, la Maison doit être localisée dans un local bien visible du grand public en pied d’immeuble en centre-ville. ≡ A Macapa, la Maison peut être hébergée par le Centre Culturel Franco-Amapéen Après cette période probatoire de 2 ans, il s’agit de confirmer l’existence de la Maison transfrontalière France-Brésil dans les 3 sites précités et d’envisager le cas échéant leur évolution et plus d’autonomie pratique, logistique et financière. Phase de pérennisation (à partir de janvier 2016) Après une phase test, et en fonction de l’évaluation du fonctionnement de la maison et de l’atteinte de ses objectifs, de la volonté politique de ses partenaires de continuer à s’y engager et des moyens disponibles, l’équipement pourra entrer dans une phase de pérennisation : 38, rue des Bourdonnais 75001 Paris – France www.espaces-transfrontaliers.eu Tél : +33 1 55 80 56 80 – Fax : +33 1 42 33 57 00 [email protected] 2 Note de synthèse : Etude de préfiguration d’une Maison Transfrontalière France-Brésil ≡ A Saint-Georges : construction d’un bâtiment sur la ZAE (200 m², HQE en bois d’Amazonie, geste architectural s’inspirant du modernisme tropical brésilien) ≡ A Cayenne : maintien d’un local existant ou recherche d’un bâtiment plus adapté ≡ A Macapa : maintien au Centre Culturel Franco-Amapaéen ou recherche d’un lieu plus adapté Moyens humains, organisation des locaux et coûts afférents Scénario 1 : les personnels sont recrutés spécialement pour l’occasion Ce scénario présente l’avantage de bénéficier de personnels dédiés spécifiquement aux fonctions des trois sites de la Maison transfrontalière avec des profils les plus ajustés. En revanche, en l’absence d’une structure juridique propre de la Maison transfrontalière, qui n’est pas un prérequis souhaitable dans le cadre de la phase test, il implique leur recrutement par un des partenaires financiers, qui les met à disposition de l’équipement et dont les postes sont cofinancés par les différents fonds programmatiques et acteurs partenaires. Scénario 2 : les personnels sont déjà en place dans les structures partenaires et mis à disposition dans le cadre de l’équipement Ce scénario permet peut être d’avoir une équipe plus rapidement opérationnelle. Toutefois, il présente le désavantage d’avoir pour chacun des membres de l’équipe technique une institution de tutelle (parfois différente), qui peut compliquer la liberté d’action et la cohésion de l’équipe et qui coûtera plus cher car faisant appel à des personnes plus expérimentées. Personnel Maison transfrontalière de Saint Georges Maison transfrontalière de Cayenne - 1 responsable français de la Maison de Saint-Georges - 1 assistant(e) brésilien(ne) ou double nationalité franco-brésilienne - 1 stagiaire - 1 responsable français de la Maison de Cayenne - 1 assistant(e) brésilien(ne) ou double nationalité franco- brésilienne - 1 stagiaire Locaux - Locaux existants (Maison des services publics, …) - Locaux loués sur le marché privé de la location - Locaux en location en pied d’immeuble (centre-ville) Coût afférents (à titre indicatif) Coût du personnel : 60 000 euros chargés pour le/la responsable de la maison, 35 000 euros pour l’assistant(e), 4 000 euros pour le stagiaire Coût des locaux : 29 000 la première année (location+travaux), 9 000 euros la deuxième année Coût du personnel : 70 000 euros chargés pour le/la responsable de la maison, 45 000 euros pour l’assistant(e), 4 000 euros pour le stagiaire Coût des locaux : 66 000 euros la première année (location+ travaux), 36 000 euros la deuxième année 38, rue des Bourdonnais 75001 Paris – France www.espaces-transfrontaliers.eu Tél : +33 1 55 80 56 80 – Fax : +33 1 42 33 57 00 [email protected] 3 Note de synthèse : Etude de préfiguration d’une Maison Transfrontalière France-Brésil Maison transfrontalière de Macapa - 1 responsable français de la Maison de Macapa - 1 assistant(e) brésilien(ne) ou double nationalité franco- brésilienne - 1 stagiaire Locaux prêtés (ou loués) par le Centre culturel francoamapéen Coût du personnel : 92 000 réals chargés (28 000 €) pour le/la responsable de la maison, 45 000 réals chargés (13 700€) pour l’assistant(e) si brésilien et 27 000€ si VIE français, le montant pour le stagiaire reste à confirme Coût des locaux : Un loyer à évaluer pourrait être payé au CCFA, à moins que ces bureaux constituent un apport en nature du gouvernement de l’Amapá dans le cadre du projet. Gouvernance de l’équipement, son pilotage La gouvernance de l’équipement doit être éminemment transfrontalière et pas strictement proportionnelle au financement des différents partenaires, dont la participation sera probablement plus élevée pour la partie française. Partenaires à impliquer : Côté français (à titre strictement indicatif et non limitatif) La Préfecture de région Le Conseil régional La CCIG La Mission Guyane du CNES L’AFD La CCEG, La ville de Saint Georges Le consulat du Brésil à Cayenne Le PNR Guyane Atout France Côté brésilien (à titre strictement indicatif et non limitatif) Le gouverneur de l’Etat d’Amapá l’ADAP Le SEICOM Le SEPLAN Le SEBRAE Le secrétariat à l’Education Le SETUR Le Parc Cabo Orange La ville d’Oiapoque Le CCFA Le consulat de France à Macapá Financements et sources de financement Phase test : 705 000 € environ sur deux ans (hors construction du bâtiment de Saint Georges) Phase de pérennisation : 300 000 € environ par an + la construction de la Maison transfrontalière de Saint Georges (200K€) Sources de financement ≡ - Côté Guyane : PO Amazonie, (si 75% de cofinancement FEDER comme sur la période 2007-2013) : 528 000 € 170 000 € à répartir entre les différents partenaires (Région, CCIG, Mission Guyane, AFD, SETUR, SEICOM, SEPLAN, BNDS)… ≡ -Côté Brésil1 : Banco da Amazônia, ), Banco Nacional de Desenvolvimento Econômico e Social, Fundo Constitucional de Financiamento do Norte, etc. 1 A consolider après le retour de l’ADAP 38, rue des Bourdonnais 75001 Paris – France www.espaces-transfrontaliers.eu Tél : +33 1 55 80 56 80 – Fax : +33 1 42 33 57 00 [email protected] 4 Note de synthèse : Etude de préfiguration d’une Maison Transfrontalière France-Brésil 5. Conclusions Ce projet répond à de nombreux besoins identifiés : ≡ Une meilleure connaissance réciproque de part et d’autre de la frontière, tant pour le grand public que pour les acteurs du développement territorial et les entrepreneurs ≡ Des services à proposer en termes d’information dans les différentes thématiques détaillées précédemment. ≡ Une plus grande visibilité du potentiel de coopération transfrontalière France-Brésil aux différentes échelles. ≡ Un soutien aux échanges économiques (emploi, fiscalité, normes administratives et phytosanitaires, marchés, secteurs d’activités, acteurs…) ≡ Une plus grande fluidité dans les flux de population. Toutefois, de nombreux leviers restent encore à actionner pour la réussite d’un tel projet ; en voici les principaux : ≡ Un levier politique : Le consensus doit se faire, tant en franco-brésilien, qu’en guyanoguyanais, entre les différentes parties prenantes, tout en dépassant les visions transfrontalières réciproques parfois négatives. ≡ Un levier financier : en cas d’accord politique, l’entente pour débloquer les fonds est nécessaire afin de boucler le plan de financement d’un tel équipement, tant en transfrontalier qu’au niveau guyanais ≡ Un levier politico-administratif : tant que le pont ne sera pas ouvert à la circulation et tant que le visa sera imposé aux Brésiliens voulant se rendre en Guyane, la pertinence d’un tel équipement ne sera pas du tout optimale. ≡ Le projet de Maison transfrontalière et les conditions de sa réussite impliquent également de nombreuses évolutions et réformes intérieures de part et d’autre de la frontière : Des obstacles majeurs viennent néanmoins menacer l’émergence de la Maison transfrontalière France-Brésil : ≡ Le problème de l’obligation des visas, véritable pomme de discorde pour les Brésiliens de l’Amapá. S’il n’est pas résolu, il risque d’hypothéquer le potentiel de développement de la coopération, ≡ La non ouverture du pont : une coopération transfrontalière avec un projet de maison basé sur la capacité des populations et des acteurs économiques à se déplacer ne peut passer au stade supérieur sans cette infrastructure majeure, ≡ Le manque de travail multipartenarial en Guyane : le cloisonnement interinstitutionnel peut être fatal à l’émergence comme à la gouvernance d’un tel projet, ≡ Les aléas politiques résultant des échéances électorales ≡ Une intransigeance administrative communautaire qui ne fait pas évoluer la problématique des normes s’imposant aux flux de marchandises et contribuant à maintenir un mur économique invisible entre les deux régions. ≡ Des actes délictueux transfrontaliers impunis et incontrôlés qui influencent négativement populations et acteurs politiques Contact MOT : Olivier DENERT Secrétaire Général +33 (0)1 55 80 56 81 [email protected] 38, rue des Bourdonnais 75001 Paris – France www.espaces-transfrontaliers.eu Jean RUBIO Chargé de mission +33 (0)1 55 80 56 91 [email protected] Tél : +33 1 55 80 56 80 – Fax : +33 1 42 33 57 00 [email protected] 5