Astrophysicien

Transcription

Astrophysicien
Astrophysicien
Enseignant-chercheur
PP2 : Projet Professionnel
DO CAO Olivier
1C3
1
2
" De toutes les sciences naturelles, l'astronomie est celle
qui présente le plus long enchaînement de découvertes. "
P-S. Laplace
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4
Remerciements
Je remercie les personnes suivantes pour m’avoir accordé un peu de leur temps
précieux
(Par ordre alphabétique)
Eric MICHEL
Observatoire de Paris, LESIA
F-92195 Meudon, France
Christophe MORISSET
Instituto de Astronomia, UNAM Apdo.
Ciudad Universitaria
D.F.04510 MEXICO
Trinh Xuan THUAN
Astronomy Building, Department of Astronomy
PO Box 3818
Charlottesville, VA 22903
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Sommaire
Introduction
Page 09
Chapitre I : Matériel et Méthode
Page 11
Chapitre II : Résultats
Page 13
Chapitre III : Discussion
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Conclusion
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Annexes
Page 19
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8
Introduction
C’était un certain 28 novembre, le jour de mon anniversaire, j’eu droit à un nouveau
livre « la Terre », que je conserve d’ailleurs précieusement depuis le jour où je l’ai reçu. Ce
cadeau allait me révéler l’existence de choses dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
J’avais 7 ans. Ce sont les premières pages qui m’ont le plus marquées, dont le titre du chapitre
était : « la Terre dans l’Univers ». Je me trouvais alors tellement minuscule que je voulais
depuis ce jour en connaître plus sur ces objets célestes que nous appelons planètes et étoiles.
C’était la première fois que j’entendais ces mots : Saturne, Uranus, Voie Lactée, Big Bang …
autant de mots qui m’enchantaient telle une musique…
Cet engouement je le dois donc particulièrement à ce geste, anodin à l’époque mais
qui se révèle être très important aujourd’hui. C’est bien sûr, tout d’abord pour mon propre
avenir mais aussi un clin d’œil à mes parents, malgré leurs préférences pour la médecine, que
j’ai choisi le métier de chercheur en astrophysique.
C’est dans l’objectif d’assouvir cette soif de découverte que j’ai entrepris d’explorer la
plus vaste partie du monde jamais explorée, l’espace. En plus de ce désir « naturel », vient
s’ajouter un autre objectif venu avec le temps, celui de la compréhension du monde dans son
ensemble. J’entends par là, comprendre et étudier sous le regard scientifique et de la manière
la plus globale possible les rouages de l’Univers. C’est dans cette finalité que j’ai décidé de
chercher le métier qui me permettrait d’engranger le maximum de connaissances sur
l’Univers en général. Le métier d’astrophysicien me semblait être une bonne réponse à mes
attentes. Coïncidence avec le livre offert ? Probablement.
Afin de faire écho à ces deux buts, j’ai donc préféré axer ce dossier sur les découvertes
et les recherches réellement établies dans le domaine de l’astrophysique. Ce métier satisfera til mes attentes en accord avec mes objectifs personnels ? C’est donc à cette question que je
considère plus importante que les autres que je tenterai de répondre tout le long de ce dossier.
J’ai ainsi dans un premier temps effectué les recherches bibliographiques concernant par
exemple le cursus scolaire, le salaire etc., puis en connaissance de ces informations, je suis
allé chercher les informations qui ne pouvaient être recueillis qu’auprès des astrophysiciens
eux-mêmes. Je ne perdais pas ainsi de temps à poser des questions dont les réponses étaient
déjà écrites, ou en tout cas trouvables dans les différentes sources d’informations disponibles.
Dans ce dossier, je commencerai par exposer en quelles circonstances mes sources
d’informations (recherche bibliographique et interviews) ont été utiles et quelles en ont été les
limites. La seconde partie rendra quant à elle, le rapport complet concernant les données
engrangées grâce aux sources citées dans la première partie. Enfin, je confronterai ces
résultats à mes impressions ainsi qu’aux idées que je m’étais faites sur ce métier. Je répondrai
notamment à la question principale posée afin d’en tirer un bilan personnel.
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Chapitre 1 : Matériel et Méthode
Cette partie abordera tout d’abord la façon dont j’ai mené ce dossier. La recherche du
cursus sera étudiée dans un premier temps, puis j’ai décidé de recueillir un maximum
d’informations via la recherche bibliographique. Enfin, j’ai confronté ces données aux
interviews.
J’ai commencé mes recherches bibliographiques très tôt, c'est-à-dire dès la Seconde,
afin de choisir en toutes connaissances de causes, la filière Scientifique. J’ai donc tout
naturellement analysé toutes les possibilités amenant à ce métier. Je me suis renseigné
principalement auprès du salon de l’étudiant que j’ai visité lors de mes années lycées et j’y ai
rencontré différents intervenants notamment d’écoles d’ingénieurs ainsi que ceux des
universités dont Paris 7.
Depuis donc plutôt jeune, je savais ce que j’aimais. J’ai plus tard réalisé que cette
certitude quant à mon avenir était une chance. Avoir en tête son avenir me paraissait être
quelque chose d’innée, ou au moins connaître le domaine dans lequel on allait travailler. Il
m’a donc fallu peu chercher les informations sur le cursus à suivre. J’ai tout de même localisé
les différentes spécialités disponibles à partir du site de Paris 7 (cf. annexe). Pour vérifier si
mes anciens renseignements étaient toujours valides, je me suis rendu à l’ANPE pour
consulter les dossiers disponibles, notamment les fiches métiers, puis au CIDJ (Centre
Informations et Documentations Jeunesse). En connaissance du cursus à suivre, je voulais
trouver également des informations plus précises sur le métier. Cependant, ces recherches ont
été inutiles, ces lieux étant plutôt destinés à la recherche des cursus, la recherche de contacts,
ou juste donner une idée pour ceux qui n’auraient qu’une image restreinte sur le métier. Grâce
aussi aux autres membres de mon groupe formé par nos professeurs en cours de PP2, j’ai
appris que la cité des métiers à la Villette ne présentait pas plus de renseignements que les
endroits où je m’étais rendu.
Les sites Internet eux, m’ont beaucoup plus aidé dans des informations très précises
que je cherchais telle que la rémunération, les conditions générales de travail, l’évolution
professionnelle possible etc. Cependant, sous la demande et la restriction imposée par le
protocole de recherche bibliographique, je me suis restreint aux quelques sites importants. J’ai
d’ailleurs, pour me faire une meilleure idée du travail des astrophysiciens, lu quelques articles
de magazines et des livres de vulgarisation (cf. annexe). Cela m’a donné une très bonne idée
du genre de recherches et des sujets sur lesquels ils travaillaient.
Les autres informations qu’on y trouve dans par exemple des rapports d’anciennes interviews
(cf. annexe) (faible rémunération par rapport aux nombres d’années d’études, séjours à
l’étranger très fréquent, horaires flexibles etc.) sont alors confirmées par les interviews que
j’aurai moi-même faites.
D’ailleurs, même s’il est vrai que trouver des enseignants-chercheurs à auditionner ne
soit pas très dur, je tenais tout de même à mentionner le fait qu’en dehors du campus les
réponses n’étaient pas monnaie courante. En effet, je me suis efforcé lors de mes recherches
pour les interviews à ne pas solliciter les chercheurs du campus de Jussieu, sous les conseils
de nos professeurs. Ainsi, sur une quinzaine de mails envoyés, seuls deux m’ont répondu,
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heureusement positivement. L’un m’a alors proposé de lui envoyer mes questions par mails,
l’autre m’a accordé une interview orale, associée à une visite de son laboratoire à Meudon.
Le premier, Christophe Morisset, a tout d’abord répondu à une première « vague » de
questions classiques, comme nous l’a suggéré le polycopié distribué. Par la suite, j’ai décidé
d’approfondir certains aspects qui me paraissaient importants et après une dizaine de mails
réponses, j’ai pu rassembler les questions par sujet. Cet ajout d’éléments ne sera pas ressenti
dans les annexes mais sera partie intégrante de l’interview. Je me serai alors efforcé de la faire
paraître comme une discussion normale. L’avantage de correspondre ainsi est de pouvoir
prendre tout son temps à la rédaction et à la formulation des questions. On peut aussi lire et
relire plusieurs fois ses commentaires pour en tirer le maximum d’informations. Cependant, le
nombre de questions s’en retrouve limité pour éviter de paraître « dérangeant » aux yeux de
l’interlocuteur et l’approfondissement de certains sujets est donc impossible. J’ai tout de
même réussi à palier à ce problème grâce aux nombreuses réponses, comme je l’ai expliqué.
Cette manière de correspondre m’a aussi donné la possibilité de retranscrire très fidèlement
ses commentaires. Au vu des nombreuses correspondances, j’ai pu drainer un très grand
nombre d’informations. (cf. annexe)
Le second, Eric Michel, m’a quant à lui invité dans son bureau à l’Observatoire de
Paris à Meudon (Sud Ouest de Paris). Le gros problème des interviews orales était d’avoir en
permanence à l’esprit la contrainte « temps ». Je me sentais en permanence oppressé de
poursuivre mes questions, mais aussi en même temps intrigué par les réponses qu’il me
donnait. J’avais alors parfois envie d’approfondir un point qui m’intéressait plus
particulièrement, ce que je faisais bien sur de temps en temps. Il était aussi difficile de suivre
le plan du questionnaire suivi initialement. La prise de note s’en révélait alors plus ardue mais
tout de même pas impossible. Un dictaphone aurait été le bienvenue car parfois, un nombre
très important d’informations arrivaient avec des intervalles de temps très courts. Suivre son
dialogue et noter n’était pas une solution adaptée. Eric Michel m’a tout de même accorde une
heure et demi, ce qui était bien plus que ce que j’espérais au vue de la quantité énorme de
travail à fournir dont il m’a parlé. J’ai donc essayé de raccourcir au maximum les discussions
longues sur des sujets « techniques ». (cf. annexe)
Les résultats écrits que l’on trouve en général dans les brochures et les fiches métiers,
reflète une très infime partie de ce qu’est le métier. A travers les interviews, j’ai réellement eu
les réponses aux questions que je me posais. D’ailleurs, la majorité des résultats présentés
dans le chapitre suivant en sont tirés.
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Chapitre 2 : Résultats
Cette partie rendra compte des résultats obtenus notamment grâce aux interviews. Les
commentaires sont reportés dans le 3eme chapitre.
Tout d’abord, les recherches bibliographiques m’ont renseigné sur le cursus à suivre.
Deux possibilités s’offrent aux étudiants à la sortie du baccalauréat scientifique : suivre
l’enseignement universitaire jusqu’au doctorat, ou entrer en classes préparatoires où ils
intégreront une école d’ingénieur pour enfin rejoindre la filière universitaire (au niveau du
doctorat) après avoir obtenu leur diplôme d’ingénieur. Pour ma part, je suis actuellement la
première procédure, où je me spécialiserai uniquement à partir de BAC +5. Cette alternative
bien que moins avantageuse par rapport aux écoles d’ingénieur sur le plan diplôme acquis, me
parait plus adapté à ma personnalité. En effet, l’esprit de compétition entre camarades d’une
même classe ne me plait pas. Comme le choix entre les deux n’a aucune incidence sur la suite,
en post-docs notamment, je ne compte donc pas modifier mes projets.
En ce qui concerne les modalités d’obtention d’un poste en France, j’ai appris que les
étudiants sont fortement invités à préparer leurs post-docs à l’étranger pendant 1 ou 2 ans. Ils
pourront alors poser leur dossier et passer un entretien auprès des 3 grands corps
d’astrophysiciens : le CNRS, les enseignants-chercheurs et les astronomes. Les places sont
très limitées, on parle d’une dizaine de place pour 200 candidats environ, ce qui est très peu.
De manière générale, la première fois n’aboutit pas, il s’agit de faire connaissance avec le
système et retenter sa chance l’année suivante. En cas de non réussite plusieurs années
d’affilées, les débouchés dans le secteur sont peu nombreux, malgré les nombreux domaines
de recherche. On peut tout d’abord penser à travailler à l’étranger avec toutes les
conséquences que cela implique. Les reconversions se font en général dans la finance,
l’informatique ou l’enseignement, en fonction des besoins et des préférences. Elles n’ont donc
que très peu de lien avec le projet de base, ce qui amène nécessairement à une déception très
grande.
Chaque corps possède ses spécificités liées notamment aux différentes tâches qu’ils
doivent accomplir. Les chercheurs du CNRS n’ont pratiquement aucune autre charge que
celle des recherches en elles-mêmes. Les enseignants-chercheurs doivent quant à eux, fournir
50% de leur temps, comme le mentionne très clairement leur nom, à l’enseignement, le reste
étant consacré à la recherche. Pour les astronomes, il s’agit d’un « intermédiaire » entre les
deux. Ils doivent, eux aussi, enseigner, mais cela ne représente que 20% de leur temps de
travail total. Par contre, ils ont à leurs charges, les « taches administratives », telles que la
préparation scientifique des programmes et la coordination des équipes. L’un des gros
avantages de l’un de ses corps, est la sécurité de l’emploi. En effet, sauf faute très grave, une
fois embauché, il est pratiquement impossible de perdre son poste. Les postes à l’étranger ne
donnent pas toujours ce privilège.
Cependant, le salaire peut nettement varier entre les pays. Par exemple en France, un
astrophysicien gagne de 1500 € à 2500 € environ. Lorsqu’il est directeur de recherche, son
salaire peut grimper jusqu’à 4000 €. Même si le revenu peut paraître faible par rapport aux
années d’études, il bénéficie d’une très grande flexibilité dans ses horaires ainsi que de très
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nombreuses occasions pour voyager à l’étranger (vers les pays proches de l’équateur la
plupart du temps pour les observateurs). La vie familiale en est évidemment affectée, mais
son appréciation dépend de chacun, de la manière dont on gère la situation car elles sont
toutes différentes selon les chercheurs et leur personnalité.
Outre ces voyages, l’astrophysicien doit réunir des compétences indispensables à sa
réussite. Il doit tout d’abord être au moins bilingue et maîtriser parfaitement l’anglais (évident
à cause des voyages et des différents colloques internationaux, de plus les publications
scientifiques se font exclusivement en anglais). Il faut bien sur être passionné puisqu’à aucun
moment, il ne doit se sentir découragé devant un projet. En effet, le travail d’équipe tient une
place prépondérante dans sa carrière. En permanence, chaque unité est dépendante de l’autre
due à la spécialisation de chacun. Il faut donc apprécier très fortement les relations humaines
et être ouvert à toutes propositions de collaboration. Cependant, la gestion permanente des
crédits, de l’emploi du temps, des rapports à rédiger, etc. implique une grande rigueur dans le
travail.
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Discussion
Je pense que le premier aspect à pointer, dans le métier de chercheur en astrophysique,
est tout d’abord l’extrême sélection lors des dernières années. En plus d’un nombre élevé
d’années d’études, il y a un concours très sélectif après la période post-doc (une dizaine de
places pour 200 candidats). Cependant, ces nombreuses années ainsi que la nécessité de
continuer à apprendre tout le long de la carrière m’enchante. En effet j’aime étudier et
acquérir de nouvelles connaissances, ce qui est préférable vu que l’une des taches d’un
chercheur est de se tenir constamment au courant des différentes découvertes réalisées par
d’autres équipes. De ce point de vue, ma motivation reste donc intacte, et je n’ai aucune
appréhension à poursuivre les longues études qui se profilent.
L’aspect de ce métier qui m’enthousiasmait vraiment était la recherche fondamentale
et non le domaine de l’astrophysique en lui-même. C’est l’action de rechercher et de
découvrir qui prime sur l’activité en elle-même. L’astrophysique étant juste le domaine de
recherche qui m’intéresserait le plus. Malheureusement, une fois engagée dans une des thèses,
on ne peut reculer et tenter sa chance dans un autre domaine comme je l’aurai souhaité en cas
d’échec. Il m’est donc venu naturellement à l’esprit d’envisager un « plan B ». Apparemment,
une reconversion est, soit difficile, soit complètement en décalage avec le domaine de départ.
Je ne m’engagerai pas non plus dans la voie de l’enseignement, car c’est quelques chose qui
ne me plait absolument pas. Cependant, une autre alternative se dessine si on regarde à
l’étranger. En effet, des postes sont à prendre dans d’autres pays et il est donc indispensable
de penser alors à la vie familiale lorsqu’un tel choix est à faire.
Voyager me convient parfaitement, car elle s’accorde avec mon deuxième objectif,
connaître d’autres cultures etc. Cependant, il est très probable que ces périodes durent
plusieurs années. Il est alors dans ce cas assez difficile de concevoir qu’une relation de couple
ne puisse être altérée par la distance et le temps. Ce problème ne se pose pour le moment pas,
mais il faudra prendre compte de la situation avant de décider. Par contre, l’aspect de
collaboration internationale m’intéresse énormément. Travailler en équipe se révèle être
beaucoup plus important que je ne l’imaginais.
En ce qui concerne les différents corps, je suis agréablement surpris de savoir qu’ils ne
sont pas tous contraints à devenir « enseignants » ainsi que chercheurs. Je pensais en effet que
c’était un aspect indissociable de la recherche. En réalité, seul le corps de CNRS jouit, à mon
sens, de l’absence de cette contrainte. Même si cela reste pour certains quelque chose
d’intéressant au niveau pédagogique, préparer des cours et les enseigner à des élèves ne me
donne pas une immense satisfaction personnelle. Selon Eric Michel, l’enseignement prend
une part très importante dans la vie d’un chercheur, entravant même le temps destiné aux
recherches. Même s’ils représentent un grand nombre d’astrophysiciens, je ne me projette
donc pas appartenir a ce corps. Cependant, il est certain que devenir enseignant-chercheur,
reste une option préférable à ne pas être chercheur du tout. J’essaierai alors, si je me présente
dans ce cas, de modifier un peu plus tard mon statut.
Toujours grâce aux interviews, j’ai appris que la gestion des crédits, l’administration,
etc. prenait une place très importante dans le travail quotidien d’un astrophysicien. Cependant,
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cet aspect ne me dérange pas particulièrement car j’aime aussi ce qui touche au coté gestion.
Organiser et maîtriser ce que l’on fait, plus particulièrement dans ce domaine là, me parait très
important dans la vie en général. Au vu des interviews, cette partie semble prendre un temps
non négligeable mais tout de même pas trop excessif pour me dissuader.
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Conclusion
Durant cette enquête, j’ai pu obtenir des réponses que je n’avais pas pu trouver par des
recherches bibliographiques. Les interviews sont une source d’informations beaucoup plus
viables et précises, et il est évident que j’envisagerai maintenant, au cas où je souhaiterais
m’informer sur un autre métier, de réitérer cette expérience très enrichissante. Cependant, je
pense qu’il faut interroger plusieurs personnes de lieux et de statuts les plus différents
possibles pour couvrir un maximum de situations. Pour ma part, j’ai suivi deux
astrophysiciens qui avaient bien réussis dans leur carrière. Il est de ce fait normal que j’en
ressorte très enthousiaste. Cependant, je garde à l’esprit que l’échec est toujours possible, et
les centaines de personnes qui n’ont pas pu obtenir ce qu’ils désiraient tant à la fin de leurs
études. C’est cette éventualité qui me fait bien plus peur que tout le reste comme le stress
permanent du aux demandes administratives. Chaque métier a ses inconvénients, ici c’est la
sélection pour y parvenir.
Le partage d’informations avec mes camarades qui ont choisi le même métier, m’a
permis de voir que la situation qu’ont connue mes deux interviewés n’est pas forcément
unanimement partagé. En effet, l’un d’eux a rencontré un chercheur dont les conditions de
travail étaient particulièrement obsolètes, au point de leur conseiller de changer de métier…
Le choix d’une éventuelle voie de secours « acceptable » reste donc une piste à explorer pour
poursuivre mes études en toute sérénité.
J’ai découvert, au long de cette enquête, de nouvelles facettes de ce métier que je
n’avais pas imaginées au départ. Je me rends compte qu’elles ne sont pas en contradiction
avec ce que j’espérais trouver. Elles sont même plutôt en accord. Les doutes que je m’étais
posés au début de ce dossier se sont vus dissipés. Ce métier apportera comme voulu des
briques aux objectifs personnels que j’ai énoncés en introduction. Bien sur, en fonction du
corps que j’aurai intégré, et du domaine dans lequel je mènerai mes recherches, ces objectifs
seront plus oumoins bien atteints. L’interview orale m’a montré à quel point la passion fait
partie intégrante de ce métier.
Je continue donc sur la voie que j’ai d’ores et déjà adoptée depuis ces dernières années.
Le parcours sera long et de difficulté croissante mais la détermination reste l’arme principale
pour se faire un chemin vers les étoiles.
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Annexes
Bibliographie
Extraits de documentation
Comptes rendus d’interviews
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Bibliographie
Sites Internet
www.lesmetiers.net
www.astrosurf.com
www.obspm.fr
www.sigu7.jussieu.fr/formation/Mention.php?ND=908
http://www.lesia.obspm.fr/~zarka/QRchercheur.html
http://132.248.1.102/~morisset/interview.html
Établissements
ANPE (Paris)
CIDJ (Paris)
Salon de l’Etudiant (Paris)
Livres/Magazines
Ciel & Espace
La mélodie secrète (Trinh Xuan Thuan)
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Extraits de documentation
Extrait de : www.lesmetiers.net
Le métier
Comment travaille t-il ?
L'astrophysicien fait de la recherche fondamentale. Il observe, à l'aide de télescopes
surpuissants, les mouvements des étoiles et des planètes dans le ciel. Il les mesure et
interprète des données pour établir ou confirmer des théories et des lois scientifiques. S'il est
instrumentaliste, il participe à la conception d'instruments de mesure d'astronomie (comme
les télescopes) ou à l'élaboration de programmes informatiques en collaboration avec des
équipes d'ingénieurs et de techniciens. Une fois ses théories vérifiées, il publie des articles ou
ouvrages scientifiques qui feront référence en astronomie et en astrophysique.
Où exerce t-il ?
L'astrophysicien partage son temps entre les observatoires, où il étudie les astres et enregistre
des données, et les laboratoires où il analyse les données et vérifie ses hypothèses.
Les + et les –
+ L'astrophysicien voyage beaucoup, dans le ciel mais aussi partout sur Terre, car il est
souvent plus facile d'observer les astres depuis les déserts américains ou africains.
- Les observations et les recherches s'effectuent sur plusieurs années, sur des sites reculés et
en altitude. Il faut alors mettre entre parenthèses sa vie de famille.
Les qualités essentielles
Rigoureux
L'astrophysicien doit être organisé et doit structurer sa pensée pour mener ses recherches.
Curieux
Une grande curiosité intellectuelle est indispensable pour pousser toujours plus loin les
recherches et aboutir à des résultats.
Bilingue
Les échanges d'informations à l'échelle internationale demandent une parfaite maîtrise de
l’anglais.
Passionné
Bien que scientifique, l'astrophysicien est un grand rêveur et fait preuve de beaucoup de
créativité.
Les principaux débouchés
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Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) embauche 7 à 8 astrophysiciens
chaque année.
Les observatoires et les centres de recherches recrutent jusqu'à 10 astrophysiciens par an.
L'enseignement supérieur, à savoir les universités ou les grandes écoles d'ingénieurs, a besoin
de l'intervention de certains spécialistes en astrophysique et en astronomie
L'évolution professionnelle
Astrophysicien adjoint ou maître de conférences
Vous participez à des conférences dans le domaine que vous maîtrisez le mieux et êtes
l'assistant d'un professeur titularisé.
Professeur
Muni d'un doctorat, vous enseignez en troisième cycle à l'université ou en école d'ingénieurs.
Chargé de recherche
Vous êtes salarié d'un centre de recherches. Vous travaillez sur une mission de recherche
précise, par exemple l'influence du Soleil sur les planètes
Directeur de recherche
Vous dirigez une équipe de chercheurs. Vous leur confiez des missions particulières et vous
synthétisez leurs travaux.
CM : Il me semble que ca serait plus simple de presenter par corps :
o CNRS : Chargé de recherche (CR), puis Directeur de recherche (DR)
o Observatoire : Astronome adjoint, puis astronome
o Universités : Maitre de conférences, puis professeur
Dans les 3 cas, la promotion peut très bien ne pas avoir lieu, alors que le travail au quotidien
correspond réellement au grade supérieur… On peut très bien par exemple diriger une équipe
sans etre DR.
Dans tous les cas (les 6 fonctions), un doctorat est nécessaire.
Le salaire
Astrophysicien adjoint ou maître de conférences
1 510 € à 2 420 €
Professeur
2 220 € à 3 500 €
Chargé de recherche
1 560 € à 2 200 €
Directeur de recherche
2 450 € à 3 980 €
La formation et les diplômes
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Il n'existe pas de formation spécialisée en astrophysique avant le master recherche, à bac + 5.
Les titulaires d'un master recherche scientifique peuvent accéder à l'astrophysique, en
préparant une thèse en astrophysique en 3 ans (doctorat), à l'université.
Paris VII propose un master recherche sciences et technologies, mention physique et
applications, spécialité noyaux, particules, astroparticules et cosmologie.
A Strasbourg, il est possible d'intégrer l'ISU (international space university), pour préparer un
master of space studies. L'enseignement est payant, et il faut être au minimum titulaire d'une
licence.
Le CNED (Centre national d'enseignement à distance) propose un DU de niveau bac + 5 en
astronomie et astrophysique.
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Extrait de www.onisep.fr
Nature du travail
Explorer le ciel
Face au vaste chantier que représentent le ciel et l'univers, l'astrophysicien est généralement spécialisé.
La recherche fondamentale constitue l'essentiel de son travail. Pour observer les mouvements des étoiles
et des planètes, ce scientifique de haut niveau se déplace sur des sites choisis pour la qualité du ciel.
Pendant plusieurs nuits, il réalise des observations grâce à des télescopes très puissants et prend de
nombreuses mesures (qui peuvent également lui être transmises par des sondes spatiales). De retour au
laboratoire, il lui faut analyser ces données et interpréter les résultats à l'aide de modèles. La
modélisation lui permet de décrire les processus physiques qui régissent la vie des comètes, des étoiles
ou des galaxies. L'astrophysicien peut aussi être chargé de concevoir, d'élaborer ou d'améliorer les
instruments de mesure d'astronomie (télescopes, détecteurs de rayonnement, spectrographes...). Autre
mission : participer à l'élaboration de programmes informatiques, en collaboration avec des équipes
d'ingénieurs et de techniciens.
Comme pour tout chercheur ou chercheuse, l'étape suivante consiste à publier ses résultats dans les
revues spécialisées ou dans des ouvrages scientifiques, à participer à des conférences dans le monde
entier...
Enfin,
beaucoup
d'astrophysiciens
enseignent,
à
l'université
ou
dans
une
grande
école.
Conditions de travail
Réfléchir et voyager
Les astrophysiciens et les astrophysiciennes travaillent dans des laboratoires de recherche accueillant des
bibliothèques scientifiques et des laboratoires techniques. L'informatique est devenu un outil
incontournable pour leurs recherches et l'analyse de leurs observations. Dans ce métier, les
déplacements sont nombreux, notamment pour les missions d'observation, développées au niveau
mondial. Le fonctionnement des observatoires, situés à une altitude élevée, souvent dans des lieux
reculés ou désertiques, nécessite de s'y installer pour plusieurs années. Il faut alors mettre sa vie de
famille entre parenthèses... Les collaborations scientifiques amènent aussi certains chercheurs à
effectuer des séjours de longue durée dans des instituts à l'étranger. Les observations se déroulent
généralement de nuit, et le travail sur place n'a rien de commun avec la vie de bureau ! Enfin, de
nombreux chercheurs doivent assumer des tâches administratives (demandes de moyens financiers,
diffusion de leurs résultats...).
Les enseignants, plus sédentaires, sont soumis à des horaires de travail classiques.
Vie professionnelle
Très peu d'élus
On recense environ sept cents astronomes en France. Le nombre de places offertes est faible : une
vingtaine de jeunes chercheurs sont recrutés chaque année dans la discipline. Ils se répartissent de
façon assez égale entre les trois voies possibles : le corps des astronomes, le CNRS (Centre national de
la recherche scientifique) et le corps des enseignants-chercheurs de l'enseignement supérieur. Il faut
avoir rédigé une thèse et avoir publié plusieurs articles pour espérer être retenu. Le CNRS embauche
sept à huit astrophysiciens chaque année. Les observatoires et les centres de recherche en recrutent
jusqu'à une dizaine. Un nombre relativement important de jeunes rejoignent le secteur privé, dans
d'autres domaines de compétence : informatique, télédétection, électronique...
Plusieurs fonctions peuvent être occupées : professeur, astrophysicien adjoint ou maître de conférences
(ce qui permet de participer à des conférences sur un thème précis), chargé de recherche (salarié d'un
centre de recherche), puis évolution vers le poste de directeur de recherche (ce qui implique de manager
une équipe de chercheurs et de synthétiser leurs travaux).
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Rémunération
Un astrophysicien adjoint ou maître de conférences perçoit un salaire mensuel brut de départ d'environ 1
900 euros. Un chargé de recherche du CNRS en début de carrière gagne environ 1 950 euros brut par
mois (3 060 euros pour un directeur de recherche).
Compétences
Rigueur et passion
Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles, cela pourrait passer pour un portrait peu réaliste. Et
pourtant, l'astrophysicien rassemble des qualités qui peuvent sembler opposées. On attend en effet de ce
scientifique une grande rigueur dans la recherche et le traitement des informations, une capacité de
réflexion, d'analyse et de structuration dans le travail, et une grande concentration. Parallèlement, ce
métier exige une curiosité d'esprit sans cesse renouvelée, de la passion et de la créativité, un esprit
rêveur permettant de repousser les limites de la connaissance. D'une façon plus pratique, il est
indispensable de parler et d'écrire l'anglais, d'apprécier le travail en équipe et d'avoir le goût de la
communication afin d'échanger avec des chercheurs de diverses nationalités.
Accès au métier
Le doctorat sinon rien
Les formations spécialisées en astrophysique commencent au niveau master.
•
•
•
On peut citer, par exemple :
master rech. Sciences, techno., santé mention physique fondamentale et appliquée spécialité
astronomie, astrophysique à Orsay
master rech. Sciences et technologies mention physique spécialité astrophysique, plasmas,
corpuscules à Bordeaux
master rech. Sciences, techno., santé mention physique et ingénierie spécialité astrophysique et
milieux dilués à Grenoble 1...
Aucune école d'ingénieurs ne prépare exclusivement au métier d'astrophysicien.
Le CNED propose un DU en astronomie et astrophysique, en collaboration avec l'université de Paris 11
(avenue du Téléport, BP 200, 86980 Futuroscope Cedex. Tél : 05 49 49 94 94 . www.cned.fr ).
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Comptes rendus d’interview
(Dans l’ordre chronologique)
1/ Trinh Xuan Thuan
(C’est au cours d’un déjeuner dans un restaurant réunissant des amis de la famille, que j’ai
rencontré un chercheur en astrophysique, Trinh Xuan Thuan. Cette rencontre inattendue était
pour moi une occasion unique de rencontrer un chercheur. Il m’avait prévenu que nous ne
pourrions sûrement pas nous voir plus tard mais il accepta une discussion tout de suite. Vu
que cette rencontre fut au tout début de l’ouverture du projet PP2, je devais formuler très
rapidement des questions coïncidant avec mon fil conducteur qui deviendra définitif par la
suite. La retransmission de cette pseudo interview s’est donc fait sans notes, sans questions. Je
m’efforcerai de transmettre le message important de chaque phrase qu’il aura tenu.)
2/ Christophe Morisset
3/ Eric Michel
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Interview de Trinh Xuan Thuan
Peut on aisément choisir sa filière en astrophysique ?
Bien sur, il existe de nombreux domaines tels que la théorie, l’observation ou encore
l’amélioration d’instruments. Tout dépendra de vos capacités et de vos aptitudes ainsi que du
directeur de thèse sous lequel vous serez formé.
La théorie étant pour l’instant le domaine qui m’attirerait le plus, quels sont les
ouvertures possibles ?
Au sein de la théorie, il y a les trous noirs, qui sont eux même des entités purement
théoriques, il y a aussi la cosmologie, les planètes etc.
Est on obligé de faire de l’observation ?
Non lorsque l’on est théoricien, il n’est pas forcement nécessaire de faire de l’observation. Il
suffit de se tenir au courant des nouvelles observations via les publications pour aisément
poursuivre l’élaboration de vos théories. Au contraire, lorsque l’on est observateur comme
moi, il est bien sur indispensable de connaître très bien la théorie.
Peut on changer de filières au cours de sa carrière ?
Oui, mais pour être reconnu, il vaut mieux devenir un spécialiste dans son domaine car l’un
des buts premiers d’un chercheur est de transmettre sa vision et par la, influer la façon de
penser des autres scientifiques tel Einstein avec la loi de la relativité, il a bouleversé de façon
profonde, les pensées et les croyances des scientifiques.
Découvre t on réellement beaucoup de choses lors des recherches ?
Bien sur ! Et c’est peut être l’un des aspects les plus attrayants de l’astrophysique, l’univers
est tellement vaste que l’on découvre continuellement de nouvelles choses. Il arrive même
souvent que l’on tombe par hasard sur des choses inattendues ! C’est pourquoi, à chaque
découverte et à chaque nouvelle théorie, on les publie.
Il m’a quitté en finissant par : « je pense que la biologie et l’astrophysique seront les grands
domaines du XXIème siècle »
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Interview de Christophe Morisset
Puis je vous demander de vous présenter ?
Je suis docteur en Physique, spécialité astrophysique. J'ai fait mes études dans les universités
de Poitiers, de Paris VII, de Bayreuth (Allemagne). J'ai réalisé mon travail de thèse de 1992 à
1996 à l'Observatoire de Paris-Meudon sous la direction de Daniel Pequignot. J'ai ensuite fait
un stage post-doctoral à Sao Paulo (Brésil) puis un autre au Laboratoire d'Astrophysique
Spatiale de Marseille. Mon contrat arrivant à terme à Marseille, j'ai passé 6 mois au chômage,
envisageant même une reconversion. A ce moment l'Institut d'Astronomie de l'Université
Nationale Autonome de Mexico m'a contacté pour me proposer de me présenter à un poste de
chercheur. J'ai accepté et ai remporté la place. Je suis donc maintenant chercheur-enseignant
dans cet institut depuis mars 2003.
Comment aviez vous eu les opportunités d'obtenir un stage, à Sao Paulo par exemple ?
Sont ce des propositions faites "automatiquement" à la sortie de la formation
universitaire ? Ou simplement une question de "chance" via des connaissances ?
Il est quasiment impossible d'obtenir un poste sans avoir fait un ou deux post-docs à l'étranger,
de 2 à 3 ans chacun. Il y a des post-docs "publics", qui sont publiés via des réseaux, des
mailings listes, etc. Il y a alors une sélection des candidats sur dossier et souvent entrevue sur
place. Et il y a aussi la possibilité d'obtenir un post-doc en traitant directement avec un
chercheur intéressé par une collaboration. Dans tous les cas, le moment venu, le directeur de
thèse et les anciens se chargeront de vous informer des démarches à suivre.
Même si le métier représente une part importante dans la vie en général, la vie
familiale reste, en tout cas pour moi, une chose à ne pas négliger. Est ce que cela dépend
de l'emploi du temps ? Ou est ce relativement dur tous les jours ?
Vous avez bien raison de pointer cet aspect des choses. Le travail au quotidien n'est pas
vraiment une source de problèmes, nous avons même des horaires relativement flexibles. Il
est souvent possible de travailler à la maison avec les moyens informatiques actuels
(ordinateur et Internet), ce qui est un avantage notable sur d'autres professions. Il y a bien sur
des moments où l'activité professionnelle est intense, mais c'est le cas pour toutes les activités
de "cadres". C'est à chacun de trouver un équilibre, les conditions de travail dans la recherche
au quotidien étant suffisamment adaptables à la vie de famille.
Ceci pour la vie de tous les jours. Par contre, il est assez difficile de concilier une vie de
famille avec les séjours de longue durée à l'étranger. Quand on part 2 ou 3 ans à l'étranger,
cela nécessite une adaptation du conjoint parfois impossible à concilier avec sa carrière
personnelle (études ou travail). Il arrive que le conjoint n'ait purement et simplement pas le
droit de travailler dans le pays d'accueil (USA par exemple), ce qui pose des problèmes
personnels et financiers. Dans le cas d'une famille avec enfants, il est parfois difficile de
trouver un lieu d'études adapté (pour des raisons de langue par exemple et financières
également). Ceci d'autant plus que ces séjours de longue durée arrivent après la thèse, donc à
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un age auquel beaucoup ont l'envie bien naturelle de fonder un foyer. Or dans lanotion de
foyer, il y a non seulement celle de la famille, mais aussi celle d'un lieu de vie. D'autre part,
force est de constater que peu de couples survivent à une séparation prolongée...
J'ai pu constater que le milieu de la recherche est assez souvent peuplé de couples de
chercheurs, qui au moins partagent/comprennent leurs difficultés réciproques.
Pour terminer sur une note positive, j'ai pu constater tout de même que pour les familles qui
surpassent ces difficultés, ces séjours à l'étranger sont presque toujours une source d'ouverture
d'esprit, de tolérance, de curiosité personnelle. Les enfants sont plurilingues et ouverts, ce qui
est toujours un atout.
Avez-vous eu des difficultés à trouver un premier emploi ?
Pour ce qui est des post-docs, je n'ai pas rencontré de grandes difficultés. Par contre, pour des
raisons qui ne dépendaient pas que de moi (politiques de laboratoire), l'obtention d'un poste
permanent en France s'est avérée impossible. Le Mexique n'a pas eu ces mêmes
considérations et les diverses promotions et reconnaissances que j'obtiens ici ainsi que les
multiples collaborations avec des chercheurs mexicains, prouvent qu'ils ont fait un choix
stratégique adapté.
Lorsque vous vous êtes rendu compte de l'impossibilité d'exercer en France, comment
avez-vous vécu l’idée d’une éventuelle reconversion?
En fait, j'ai eu beaucoup de "chance". Inscrit a l'ANPE, après l'échec au dernier concours
possible (pourtant assuré du soutien de mon labo, finalement peu efficace, ou peu motivé à
cause de luttes intestines), j'ai commencé un bilan de compétences le même jour que le mail
de Mexico au sujet du poste qui venait de s'ouvrir arrivait.
J'ai poursuivi le bilan (rien n'était sûr pour Mexico), arrivant à la conclusion que la situation
n'était pas désespérée. Mais que je ne devais pas trop compter sur mes compétences en
informatique, car le marché dans ce domaine était (est?) saturé par l'explosion de la bulle
Internet : nombre d'informaticiens très compétents étaient déjà en recherche. La solution de la
formation se profilait, j'avais déjà enseigné en lycée, fac et école d'ingénieurs. Je ne me faisais
de toute façon plus trop d'illusions, c'en était termine de l'astro. J'avais décidé en 2nde de faire
de la recherche en astrophysique, après 13 ans pour arriver à être Dr en astro, et 5 ans de postdoc, je ne savais pas faire grand chose d'autre... et surtout pas envie !
Puis, le jour de la fin du bilan de compétences de l'ANPE, j'ai reçu la réponse de Mexico:
j'avais passé la première étape pour obtenir le poste, il restait à la faire valider par l'université
(ce qui a pris encore 2 mois!). Je n'ai donc pas eu à me confronter à la réalité de la recherche
d'emploi, plutôt à celle de faire les valises!
J'ai de nombreux compagnons d'études qui n'ont pas eu de poste en France ni ailleurs. Ils sont
en général énormément déçus, aigris, cassés. Ils finissent par trouver un travail qui ne leur
convient pas; souvent dans la finance: c'est un peu le même objectif: trouver des lois à partir
d'un grand nombre d'observations, sans expérimentation possible.
Je ne peux que vous encourager dans la voie de la recherche, mais vous avez tout a fait raison
de vous préoccuper d'un éventuel plan B. L'informatique et l'enseignement sont les deux
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atouts (car concomitants à la formation universitaire dans ce domaine) d'un Dr en astro. Mais
je ne peux pas vous dire si ça sera suffisant/nécessaire/adapté dans 5 ou 10 ans. De plus, la
thèse est une étape de la vie assez "jalouse", il n'y a pas beaucoup de place pour le reste (en
particulier la pression sur les très proches est assez forte), donc pas de place pour penser à
"autre chose". C'est en plus assez mal vu que de penser à la reconversion a ce moment-la, qui
pourtant est la seule solution adaptée.
J'entends très bien votre demande, mais je ne suis pas sur de pouvoir y répondre
complètement. Je pense quand même que si la carrière d'astrophysicien vous séduit, vous fait
rêver, vous passionne, alors allez-y, mais n'oubliez pas de garder les yeux ouverts, surtout au
moment du choix du directeur de thèse et du laboratoire d'accueil.
Le choix du directeur de thèse et du laboratoire d'accueil a t-il vraiment un impact
important sur la suite de la carrière ? Et selon quels critères choisir ?
Ca a un impact très important. Le sujet de thèse détermine plus ou moins les labos dans
lesquels on peut s'insérer plus tard. Si le domaine de thèse n'est pas "porteur", la thèse peut
être d'excellente qualité, le problème de trouver un poste sera amplifié. C'est très difficile de
donner des critères, surtout qu'ils changent avec le temps: parfois un sujet "porteur" est
comblé rapidement par les nouveaux entrants et il n'y a plus de place ensuite dans ce domaine.
Il est à noter que certains étudiants arrivent quand même à changer de profil, ayant fait une
thèse dans un domaine, ils se spécialisent ensuite dans un autre, en fonction de l'offre de
postes, mais c'est assez rare et difficile.
J'ai déjà songé à l'éventuel plan B en cas de non réussite aux différents concours me
permettant d'être chercheur à part entière. Cependant les deux grands domaines que
vous m'avez conseillé (enseignement et informatique) ne m'intéressent absolument pas !
Concernant l'informatique, son utilisation se rencontre dans tous les domaines de
l'astrophysique, tant observationnelle que théorique. Dans mon cas, je passe 90% de mon
temps devant un clavier et un écran, mais je suis modélisateur, c'est donc plutôt normal.
Si vous avez une réelle aversion contre les ordinateurs, il va falloir bien réfléchir, car c'est
incontournable dans notre profession.
Je pensais plutôt, éventuellement à travailler dans d'autres domaines de la physique,
comme par exemple la physique nucléaire, les énergies nouvelles etc. (qui deviendra
sûrement un domaine très important de la recherche dans quelques années). Est ce que
cette idée est réalisable ?
Le problème est que ce choix entre physique nucléaire, énergies nouvelles et astrophysique,
se fait au moment du doctorat, un an avant le commencement de la thèse proprement dite.
Une fois engagé dans une école doctorale, la route est plus ou moins tracée, il n'est pas
possible de faire une thèse d'astro et trouver un emploi en énergie nucléaire. Or le problème
du plan B se pose environ 4 ans après la fin de la thèse, une fois les post-docs faits et les
possibilités d'emploi dans la recherche épuisées. A ce moment-la, le choix astro/énergies
renouvelable est entériné depuis longtemps, il n'y a pas de marche arrière possible. Je ne
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connais pas de double docteur, ayant fait 2 thèses car pas satisfait du marché de l'emploi suite
à la première.
Dans tous les cas, la période post-doc ne me fait pas peur et j'envisage bien de décrocher
une des places qu'accorde chaque année la France
Je vous souhaite de concrétiser cet intérêt. Il faut garder à l'esprit que l'obtention d'un poste en
France (et ailleurs) est très difficile. Il y a environ 20 places par an et au moins 150 candidats!
Il me semble que la plupart des post-docs en France sont à destination des étrangers. Les
français doivent plutôt faire un post-docs en dehors de la France, pour se faire une meilleure
idée du domaine de recherche au niveau mondial.
Dans quel domaine de l’astrophysique travaillez vous actuellement ?
Je suis spécialisé depuis maintenant presque 15 ans dans la modélisation des régions ionisées
du milieu interstellaire (Nébuleuses planétaires, régions de formation d'étoiles, enveloppes de
novae).
Je travaille plus particulièrement au développement de programmes de modélisation
numérique de nébuleuses photo ionisées, depuis quelques années dans la modélisation en 3
dimensions de ces objets. Le développement de tels programmes permet d'obtenir des
informations sur ces nébuleuses, telles que la composition chimique, la morphologie, la
dynamique et ainsi de comprendre l'évolution des ces objets (formation des étoiles, étoiles en
fin de vie) et leur contribution à l'évolution chimique de l'univers. J'ai deux étudiants qui
terminent leurs thèses de licence sous ma direction dans ce domaine. Je donne également des
cours de Master sur le milieu interstellaire.
Quelle est la place du travail d’équipe dans votre métier ? Quel rôle y tenez vous et
quelles sont vos responsabilités ?
Le travail d'équipe est très important en recherche. Je suis plutôt un théoricien, un
modélisateur et je dois m'associer à d'autres chercheurs qui sont plutôt spécialisés dans les
observations pour pouvoir comparer les modèles que je fais à des objets réels. Les
collaborations s'initient souvent au hasard des rencontres dans des colloques internationaux et
on ne peut pas particulièrement parler de chef de projet ou d'équipe dans ce cas. Chacun
amène ses propres compétences et un travail se réalise en mettant toutes ces compétences au
service d'un objectif scientifique.
D'autre part, je suis impliqué dans des programmes de plus grande envergure, tel le
développement d'un observatoire virtuel mexicain. Enfin, je suis en attente de l'acceptation
d'un projet dont je suis le leader et qui dans ce cas sera sous ma direction, avec des fonds
propres pour l'achat de ressources informatiques, le soutien financier à des étudiants (bourses
d'études), l'invitation de chercheurs étrangers et la participation à des congrès.
Quelle est la place et le temps consacré aux autres activités liées à votre métier
(publication d'articles, recherches de crédits etc.) ?
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La publication d'articles est toujours concomitante au travail de recherche, c'est l'objectif
ultime de tout projet scientifique (dans mon domaine en tout cas). La rédaction d'un article ne
se fait pas après la recherche, mais en parallèle. C'est souvent lorsque l'on veut rédiger et
transmettre des résultats que l'on se rend compte de nouveaux problèmes et que l'on complète
au fur et à mesure de la rédaction le travail de recherche. Il est donc très difficile de découper
le temps de travail en rédaction / recherche.
D'autre part, la recherche de crédits, les taches administratives de rédactions de rapport, sont
une part importante du temps de travail, part qui va croissant avec l'expérience et les
responsabilités. Il arrive que 100% du temps de travail d'une semaine entière soit consacré à
ces activités. Une autre part importante du temps de travail est consacrée à la formation: cours,
encadrement d'étudiants
On a souvent l’idée de grandes découvertes permanentes en astrophysique, qu’en est il
vraiment ? Sont elles réellement nombreuses et de quels ordres sont elles ?
C'est assez difficile à quantifier. Il y a tous les jours des publications : par exemple, au mois
d'avril 2006, près de 700 articles ont été publiés en astrophysique sur le serveur astro-ph, qui
est utilisé pour annoncer les résultats nouveaux ! Tous ne sont pas révolutionnaires, bien sur,
mais chacun apporte sa pierre à l'édifice de la compréhension de l'univers. Il y a bien
évidemment des articles clés, qui résolvent un problème important, ou des observations
nouvelles qui donnent une nouvelle vision de la réalité astrophysique, en particulier en
utilisant de nouveaux instruments d'observation. D'autre part, il faut souvent rester assez
prudent devant les effets d'annonce: il y a de plus en plus d'annonces médiatiques de
découvertes qui se révèlent ne pas être à la hauteur des espérances une fois que la
communauté exerce un oeil critique sur les résultats publiés. Il demeure néanmoins vrai que
les progrès sont constants, importants, dans tous les domaines de l'astrophysique (et de la
recherche de manière plus générale), on peut citer par exemple les découvertes de planètes
extrasolaires, qui ont encore récemment fait la une des journaux. Il faut ajouter qu'il n'y a pas
de progrès et de grande découverte possible sans une quantité impressionnante de travaux qui
restent dans l'ombre, mais qui sont indispensables. Finalement, il est parfois difficile de juger
sur le coup de la valeur d'une découverte ou d'une théorie; c'est au fil des années que l'on se
rend compte de la valeur des publications.
Vous est il arrivé d’être déçu dans vos recherches ?
Très rarement. Quand ce fut le cas, ce sont plus des agissements humains qui m'ont déçus,
plus que la recherche elle-même. Il arrive bien sur que l'on investisse beaucoup de temps,
d'énergie et d'enthousiasme dans une idée qui s'avère ne pas donner les résultats escomptés,
voire qui se révèle fausse, mais cela fait partie du travail. Même si c'est difficile sur le coup, il
faut accepter que le travail est bien celui de chercheur et pas toujours de trouveur! Explorer
des impasses (quand ça ne devient pas une habitude!) est nécessaire pour discriminer les
théories qui fonctionnent de celle qui ne marchent pas.
32
Au contraire, y a-t-il eu des moments où vous étiez particulièrement fier de votre
travail ?
Oui, bien sur, quand la reconnaissance des pairs est au bout du travail, quand des collègues
plus expérimentés proposent une collaboration, quand un programme donne des résultats
inattendus et pertinents. Quand les articles publiés sont utilisés pour d'autres recherches, c'est
une récompense pour tous les efforts fournis.
Votre philosophie a-t-elle évoluée avec votre métier ? Auriez vous préféré qu’il en soit
autrement ?
Je ne pense pas que ma philosophie ait beaucoup évolué, elle s'affirme plutôt. Il est vrai
qu'avec le temps les considérations matérielles, les enjeux, prennent plus de place dans mon
travail. Lorsque j'étais en thèse de doctorat, je n'avais qu'un seul projet en cours; j'en ai
maintenant beaucoup plus, je me désole même parfois de devoir refuser par faute de temps de
m'investir dans telle ou telle collaboration. Mais j'ai d'autre part plus de responsabilités dans la
formation des jeunes chercheurs, qui me prend du temps mais qui offre des satisfactions d'un
autre ordre. Ma vision de la recherche n'a pas beaucoup changé, les moyens que j'ai à ma
disposition pour la conduire, eux, ont évolué.
Pour finir, êtes vous heureux de faire ce métier ? Ou auriez vous souhaité changer pour
un autre métier ?
Je suis très heureux de mon métier. La preuve en est que ne trouvant pas de possibilités pour
l'exercer en France, je me suis expatrié loin de mes parents et amis (avec mon épouse certes).
Cet éloignement est parfois difficile à vivre et c'est bien parce que je pense y gagner sur le
plan personnel par un épanouissement professionnel que nous sommes ici. J'aurai pu faire le
choix de rester dans mon pays, au risque de trouver un travail moins enrichissant. Mon
expatriation ne m'a pas été imposée, nous avons fait un choix et ne le regrettons pas.
Il est vrai aussi que le Mexique n'est pas la pire des destinations, il y a d'autres pays pour
lesquels je n'aurai même pas candidaté.
33
Interview de Eric Michel
Dans quel(s) domaine(s) travaillez vous ?
Je travaille au sein du corps des astronomes depuis 1989 sur la sismologie stellaire. Il s’agit
de l’étude des oscillations d’une étoile pour mieux en comprendre l’intérieure et pouvoir
constituer un modèle de fonctionnement d’une étoile, et plus particulièrement de notre Soleil.
Quels sont les autres corps de l’astrophysique ?
Il y a tout d’abord les astrophysiciens qui travaillent au CNRS (Centre National de la
Recherche Scientifique), que l’on peut intégrer sur concours après 1 ou 2 ans de post-doc. On
y fait uniquement de la recherche. Ensuite, nous avons les enseignants-chercheurs qui
comprennent aussi les maîtres de conférences. Ils consacrent la moitié de leurs temps à
l’enseignement et l’autre moitié à la recherche. Les premières années de l’enseignement sont
souvent consacrées aux étudiants en première année, rien donc de très excitant ! Mais une fois
que vous y avez fait votre « trou », vous pouvez commencer à enseigner des choses plus
intéressantes. D’ailleurs, je trouve que 50% du temps lié à l’enseignement, c’est trop. Il faut
vraiment aimer l’enseignement, car il faut aussi compter le temps pour préparer vos cours.
Vous ne pouvez tout simplement pas laisser vos élèves à l’abandon ! C’est autant de temps en
moins pour faire de la recherche. Enfin, il y a le corps des astronomes, dont je fais parti, et qui
se situe un peu entre les deux. On y consacre environ 50% de notre temps dans la recherche,
20% dans l’enseignement et 30% dans les « services ». On appelle service, les taches
administratives, qui comprend, la préparation scientifique des programmes et la coordination
des équipes.
J’aurai préféré travailler au CNRS, mais c’est déjà pas mal.
Avez-vous eu des difficultés pour trouver un premier emploi ?
Je n’en ai pas eu ! En sortant de thèse, j’ai déposé ma candidature sur dossier (projet de
recherche), puis j’ai passé un entretien. C’est en général la procédure habituelle pour tous les
concours.
Pouvez vous me décrire les activités de votre laboratoire ?
Au début du XX ème siècle, lorsque ce laboratoire a été créé, il était situé au milieu de la
campagne. On pouvait alors y observer le Soleil, à l’abri des lumières citadines. Maintenant,
la ville nous a rattrapés. Les observations se font donc actuellement au Chili, là où les
conditions atmosphériques sont meilleures et là où les instruments ont une bien meilleure
performance. Aujourd’hui, ce laboratoire est destiné à la conception et la réalisation
d'instrumentation scientifique embarquée à bord de sondes spatiales.
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Quel Cursus avez-vous suivi lors de vos études ? Etes vous passé par l'Université ou via
une école d'ingénieur ? Et le choix entre ces des deux chemins a t'il une incidence sur la
suite ?
Personnellement j'ai suivi un cursus universitaire (en physique), on peut aussi trouver des
cursus en maths, des écoles d'ingénieurs (centraliens, normaliens), mais pour tous ça se
termine par un anciennement DEA (M2 recherche?) en astro. Pas d'incidence particulière pour
la suite, même si la filière « écoles » en plus d'un parachute appréciable en cas de
reconversion, reste un endroit où les contacts sont favorisés. A vous de voir dans quel
contexte vous pourrez donner le meilleur de vous-même !
Quelles sont vos conditions générales de travail (salaire, temps de travail, emploi du
temps) ?
Je n’aime pas trop parler de ça, je ne connais pas beaucoup de gens qui disent qu’ils sont bien
payés ! (Rires)
En ce qui concerne l’emploi du temps, on a un boulot en or ! J’ai une très grande liberté dans
les horaires. Si un jour, je devais m’absenter pour des raisons personnelles, il me suffirait
alors simplement d’en informer mes collègues.
Le financement de vos recherches vous semble t’il adéquat ?
Nos crédits proviennent principalement du Ministère auquel nous sommes rattachés, c'est-àdire celui de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, à
hauteur des 50%. Le CNRS nous assigne tous les 4 ans une très grande part de l’autre partie
des financements. L’Europe quant à elle nous aide, de manière occasionnelle, uniquement lors
de grands projets incluant plusieurs pays.
D’ailleurs à ce sujet, on arrive parfois dans des situations incroyables ! Dans le cadre de
projets européens, il nous arrive donc d’obtenir des crédits pour le financement de voyages à
l’étranger, mais il est beaucoup plus difficile d’en obtenir pour les instruments eux-mêmes !
Alors c’est bien de pouvoir participer aux colloques au Chili, mais si on ne peut pas y
présenter des choses concrètes...
Pour en revenir à la question, le CNES nous fait également des offres comme par exemple le
lancement de satellites. Nous répondons alors à leurs demandes, sous des contraintes
temporelles et instrumentales strictes, puis nous présentons notre projet. Il faut avoir à l’esprit
que plusieurs projets se battent pour obtenir leur place et qu’il est nécessaire de se projeter
très loin dans l’avenir (projet actuellement en cours de préparation pour 2020 !), il faut donc
savoir saisir l’occasion dès qu’elle se présente et proposer le meilleur projet. Cette notion de
compétition est permanente dans notre métier.
Je pensais comme vous l’aviez dit que le travail d’équipe était de rigueur pour réussir.
Pouvez vous détailler cet aspect ?
Lorsque vous demandez une plage horaire pour un site d’observation très demandé, comme
au Chili, vous devez tout d’abord proposer un dossier montrant les bénéfices que votre
recherche peut apporter. Plusieurs projets sont ainsi analysés, puis, et uniquement si vous
obtenez l’accord, vous pouvez obtenir les instruments alors mis à votre disposition. Ces
places sont très demandées, et il est possible qu’il ne vous soit attribué qu’une demi nuit !
Cependant, dans mon domaine, nous avons plutôt besoin de très longues périodes
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d’observations sur un même site, sinon nos données ne seraient pas exploitables. Par contre, il
ne nous est pas nécessaire d’avoir à notre disposition un diamètre de telescopes gigantesque.
Comment sont constituées les équipes de recherche ? Y a-t-il des rôles spécifiques ? Quel
est le votre ?
Mon équipe de recherche est constituée d’une dizaine de personnes. On peut y dénombrer 7
ou 8 postes permanents, ainsi que 2 ou 3 « post-docs », souvent étrangers mais qui ne restent
que pour une période de 2 ans maximum. Ceci étant la partie chercheurs, il faut aussi y
ajouter les ingénieurs qui travaillent sur les instruments. Cependant, il vaut mieux choisir ses
équipiers. En effet, il y a déjà assez de choses à gérer avec les administrations, qu’il vaut
mieux avoir dans son équipe des éléments stables, sur le plan psychologique notamment.
Nous n’avons pas le temps pour des conflits internes. Il faut que nous sachions que s’il y a un
problème, ce dernier pourra se régler rapidement et sans accrochages.
Les membres peuvent être tous de la même spécialité, cependant, une telle équipe ne pourra
pas mener à bien son projet car on a besoin en permanence des autres domaines. Alors, la
solution est de collaborer avec les chercheurs d’une autre équipe qui peut être étrangère.
En règle générale, il est nécessaire d’avoir un instrumentaliste, qui connaît parfaitement les
machines utilisées, un industriel, qui est l’intermédiaire entre les demandes faites par les
chercheurs et qui juge si ces demandes sont réalisables et si elles ne sont pas trop coûteuses
par rapport aux bénéfices qu’elles apporteraient. D’un autre coté, il existe bien évidemment
les observateurs dont je fais parti, puis les analyseurs qui interprètent les données recueillies.
Enfin, les informaticiens (ou numériciens) traitent ces données et réalisent des modèles sur
des « supercalculateurs », assistés par les physiciens théoriciens qui s’occupent de toute la
partie mathématique.
Vous pouvez bien entendu proposer un projet que vous déciderez de mener à bien seul.
Cependant, en plus du nombre réduit de crédits que vous vous verrez attribuer, il est très rare
qu’une seule personne maîtrise l’ensemble de ces compétences.
Etes vous satisfait de votre métier ?
De manière générale, je suis satisfait. Il y a juste quelques taches administratives dont
j’aimerai me passer. Elles émanent de différents niveaux : les observatoires, les colloques
internationaux, demandes du ministère, etc. Cette activité représente 10 à 20% de mon temps
de travail, ce qui n’est pas négligeable. En fait, c’est un des points négatifs de mon métier. La
gestion des urgences est permanente. A tout moment, il faut savoir faire face à cette pression
car l’on peut remettre à plus tard ce que l’on est en train de faire pour ces tâches
administratives, tout en gardant à l’esprit que les objectifs de recherche doivent être atteints
dans les temps.
Par rapport à ce sujet, la majorité du corps de la recherche pense qu’il y a une certaine
méfiance du ministère. Les tâches administratives sont comme un frein à la recherche. Mais
ce que les politiques veulent surtout, c’est faire ressortir les échanges et les progrès
technologiques car cela fait marcher l’économie et les échanges européens. Ils ont d’ailleurs
fait une remarque qui m’a fait sauter au plafond, ils disent : « La recherche c’est bien » pour
les raisons ci-dessus. Mais ils mettent à l’écart tous les côtés culturel et philosophique car ce
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ne sont pas des résultats visibles ni immédiats, alors que ce sont des parties très importantes
de notre métier.
Cependant, il ne faut tout de même pas dramatiser ! Nos conditions de travail restent très
bonnes, et nous avons les moyens de mener nos recherches en toute sérénité.
Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ?
Pour l’instant, notre limite est celle fixée par les instruments de mesure. Tant que ces derniers
s’amélioreront, il y aura toujours du travail. De plus, mon domaine est très jeune et n’a donc
pas de soucis à se faire pour son avenir. Je ne changerai que si plus rien n’évolue. Cependant,
rien n’interdit de changer de domaine du jour au lendemain. Il faut juste savoir que changer
complètement, c’est arriver dans un domaine où l’on est novice, ce qui n’est pas valorisant
tout de suite. Il est donc préférable de manière générale, de changer vers un domaine dont on
connaît déjà quelques rudiments.
Vous pouvez très bien aussi, ne pas mener vos recherches intensément. Cependant, vous vous
effacerez alors peu à peu de la scène scientifique internationale, mais on a un ego à préserver,
alors cela arrive rarement. De plus, c’est un métier où il faut faire sa promotion, et où l’argent
n’est pas en jeu. Le prix Nobel reste bien sûr la reconnaissance suprême…
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