Paroles de Victimes Lettre d`information

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Paroles de Victimes Lettre d`information
Paroles de
Victimes
Lettre d'information
S.O.S. Attentats, S.O.S. Terrorisme
Hôtel National des Invalides
75700 Paris Cedex 07
Tel : 33 (0) 1 45 55 41 41
Fax : 33 (0)1 45 55 55 55
Site Internet : www.sos-attentats.org
E-mail : [email protected]
O.N.G.
Dotée du statut consultatif auprès du
Conseil économique et social de l'ONU
Agréée auprès du Département public
d'information de l'ONU
Décembre 2006
n° 31
Toute l'équipe de S.O.S. Attentats
vous présente ses meilleurs vœux pour 2007
et vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année.
Nos pensées vont particulièrement à toutes celles et à tous ceux,
otages et populations civiles,
victimes du terrorisme de par le monde.
Pour 2007, nous formons le vœu que s'instaure une véritable
solidarité citoyenne internationale
Soutenez l'action de S.O.S. Attentats
en envoyant votre cotisation ou votre don à l'aide du bulletin ci-joint
Lancement d'une chaîne de solidarité par SMS en faveur des victimes du terrorisme.
Pour y participer envoyez le mot clé "SOS ATTENTATS" au 81004
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SMS
Sommaire
Dossier
Cérémonie à Port Royal
10 ans après l'attentat
Extraits des allocutions
Soins médicaux gratuits : réponse du ministre délégué aux
Anciens combattants
Procédures judiciaires
En bref …
Cérémonie de remise du prix des droits de l'homme
Allemagne : cellule spéciale contre le cyber terrorisme
Pakistan : procès de l'assassin présumé de Daniel Pearl
Vigipirate demeure au niveau rouge
Rachid Ramda : condamnation confirmée en appel
Carlos bientôt devant la Cour d'assises ?
Quoi de neuf ?
Journée internationale des droits de l'homme
Victimes de dommages corporels et sécurité sociale
Témoignage
Par la famille de Younès Nait Slimane, tué dans l'attentat
au RER Port-Royal, le 3 décembre 1996
Me Georges Holleaux distingué
Chevalier de la Légion d'Honneur
Permanences de l'association
Cette lettre d’information a été réalisée grâce au soutien
de l’Institution Nationale des Invalides
1
RER Port Royal, dix ans après l'attentat
Cérémonie organisée par S.O.S. Attentats et la RATP
A l'initiative de la RATP et de S.O.S. Attentats, un
hommage solennel aux victimes de l'attentat survenu au
RER Port-Royal le 3 décembre 1996, a été rendu, 10 ans
après, le dimanche 3 décembre 2006.
Familles des quatre personnes décédées, victimes
blessées, ainsi que de nombreux amis et personnalités se
sont recueillis devant la plaque apposée en mémoire aux
victimes sur le quai du RER à la station Port-Royal.
Jean-Yves Danton, Marcelline Donnart, Françoise
Rémond, blessés lors de cet attentat, ainsi que les familles
de Lucien Devambez et de Younès Nait Slimane, décédés,
ont livré leur témoignage.
Rappelons que quatre personnes sont mortes à la suite de
l'explosion d'une bouteille de gaz placée au centre de la
quatrième voiture de la rame du RER B. Plus de 170
personnes ont été blessées.
A ce jour et malgré les moyens mis en œuvre, l'information
judiciaire n'a pas permis d'ouvrir une seule piste sérieuse.
A la demande de S.O.S. Attentats, M. Jean-Louis
Bruguière, juge d'instruction dans ce dossier, réunira les
parties civiles afin de faire le point sur les aspects
judiciaires de cette affaire, le 10 janvier 2007.
C'est en présence de nombreuses victimes, amis et personnalités que Françoise Rudetzki, déléguée générale, s'est exprimée
au nom de S.O.S. Attentats et M. Pierre Mongin, Président, au nom de la RATP.
Extraits du discours de M. Pierre Mongin
C’est avec gravité et émotion que nous nous retrouvons
aujourd’hui pour nous souvenir du terrible et odieux
attentat, perpétré le 3 décembre 1996 à la station PortRoyal du RER, attentat qui provoqua la mort de 4
personnes et en blessa plus de 170. Après la terrible vague
de crimes de 1995, rien n’avait alerté l’opinion sur le risque
de réplique de cette méthode ignoble, d’une bonbonne de
gaz remplie de clous pour tuer.
Notre tristesse est aggravée par l’impossibilité aujourd’hui
encore de désigner les coupables de cet acte horrible
Je tiens à saluer la Présidente et les membres de
l’association SOS Attentats qui, depuis 20 ans, sans
relâche, apportent aide et soutien aux victimes et sont
l’aiguillon de la vigilance et de la solidarité. Votre combat,
c’est d’abord un combat contre l’oubli. La mémoire rend
hommage aux victimes d’hier, elle est également garante
de notre vigilance d’aujourd’hui.
Votre combat, c’est aussi celui de l’engagement auprès
des victimes et de leurs familles pour faire entendre leur
voix auprès des pouvoirs publics et de la justice. La RATP
est fière d’être à vos côtés en ce jour de recueillement et
de rassemblement.
La RATP porte, avec vous tous, le deuil des nombreuses
familles qui ont été durement touchées par un acte lâche et
criminel (…).
Ces risques, cette menace doivent tous nous mobiliser
avec courage et détermination. (…)
Les entreprises de transports collectifs ont à ce titre une
lourde charge. En particulier, la RATP se sent totalement
responsable et solidaire des 10 millions de voyageurs
qu’elle transporte chaque jour. (…) C’est un défi qui
s’impose à tous les personnels de l’entreprise, du
Président au conducteur de métro, du machiniste à l'agent
du Groupe de Protection et de Sécurisation des Réseaux.
Cette sécurité des agents et des voyageurs fait partie
intégrante de mes objectifs stratégiques. Tous les
départements de l’entreprise sont mobilisés. C’est une
démarche collective. Face aux terroristes, il nous faut en
effet toujours présenter un front uni et avoir une attitude
exemplaire, démocratique, résolue et juste. (…)
La RATP est également très attachée à sa coopération
avec la Préfecture de police, que j’ai encore renforcée. Je
me félicite du soutien du Ministère de l’intérieur dès que
nous avons besoin de nous concerter dans l’urgence.
Nous recevons régulièrement des délégations de réseaux
étrangers ou provinciaux de transport en quête de notre
expérience. (…)
Toutefois, je reste modeste car nous devons avoir à l’esprit
que nos actions de prévention sont toujours perfectibles
face à une imagination du mal sans limite de ceux qui
peuvent nous frapper encore.
Vous le voyez, Mesdames, Messieurs, l’implication du PDG
et de tous les salariés de la RATP dans cette politique de
prévention des actes terroristes est totale. Elle repose sur
une solide détermination et sur une conscience aiguë de
nos risques. Face à cette menace, l’exigence
fondamentale, comme le rappelait le Premier Ministre, c’est
le rassemblement et l’unité de la Nation. Le témoignage
des victimes est une contribution éminente à cet esprit
nécessaire d’unité et de courage.
Soyons forts, soyons vigilants et solidaires tous ensemble citoyens, associations, entreprises et autorités publiquespour éviter que la violence aveugle n’ôte une nouvelle fois
la vie à des innocents, et ne porte ainsi atteinte à la vie et à
nos valeurs.
Extraits de l'allocution prononcée par Françoise Rudetzki
En ce 3 décembre, avec le soutien de la RATP, nous
ème
sommes réunis pour commémorer le 10
anniversaire de
l’attentat commis en ce lieu, dans la quatrième voiture
d’une rame du RER B à destination de Massy Palaiseau.
170 personnes furent blessées. Quatre victimes
décédèrent, aussi, c’est à leur famille que nous voulons
d’abord nous adresser pour leur dire que nous ne les
oublions pas.
Hélène Viel, originaire de Rivière-du-Loup, au Québec, a
poursuivi ses études de pharmacienne, à l’Université de
Montréal. En décembre 1996, âgée de 36 ans, venant à
peine de se marier, elle se trouvait à Paris en compagnie
de son époux pour entreprendre une nouvelle carrière
professionnelle. A la recherche d’un appartement, ils
empruntèrent le RER. La violence de l’explosion entraîna
son décès immédiat, son mari, Frank Stonebanks,
originaire de Victoria, au Canada, sera grièvement brûlé.
Hélène présentait des qualités humaines exceptionnelles et
consacrait sa carrière au service de ses patients.
Appréciée de ses pairs, une bourse d’étude attribuée
chaque année à un étudiant inscrit au programme de
maîtrise professionnelle en pratique pharmaceutique de la
Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal porte
aujourd’hui son nom. Elle est inhumée au Canada.
Lucien Dewambez est né le 8 décembre 1955 à Nouméa
en Nouvelle Calédonie. Aîné d’une famille de huit enfants,
il travaille très tôt dans l’exploitation agricole familiale. Dès
18 ans, il s’engage auprès de la communauté Kanak, milite
2
au sein de la Ligue des Droits de l’Homme et du parti
communiste. Il consacra ses soirées à parfaire son
instruction et rejoint le mouvement indépendantiste. Elu au
conseil municipal de Bouloupari, il s’implique auprès des
plus défavorisés. En 1990, il quitte la Nouvelle Calédonie
pour s’installer en métropole et explorer de nouveaux
champs d’action. Il acquiert une formation de maçon et est
employé chez Bœuf et Legrand, filiale de la Lyonnaise des
Eaux. Militant de la CGT, il suit des cours du soir pour
devenir permanent syndical pour la Seine Saint Denis. Le 3
décembre, il se rendait à un cours de mathématiques.
Grièvement blessé par l’explosion de la bombe, il décèdera
quelques jours plus tard. Ces quatre dernières années, il
avait partagé sa vie avec Marie-Andrée Mérancienne. Au
delà de leur douleur, Marie-Andrée et la famille de Lucien
se sont vus contraints d’affronter la calomnie selon laquelle
il aurait pu être complice des auteurs de cet attentat. Son
corps repose aujourd’hui à Bouloupari, sa terre natale.
Mohammed Benchaou est né le 16 janvier 1971 à El
Jadida au Maroc. Il obtient son baccalauréat de
mathématiques en 1988 et entame un cursus de chirurgien
dentiste. Cette voie ne le satisfait pas et il se réoriente vers
la faculté des sciences. Puis il étudie en France, à
l’Université de Villetaneuse, au sein de l’Institut Galilée.
Avec succès, il obtient la mention « bien » en licence, en
maîtrise et en DEA. Très motivé par la recherche, il
prépare une thèse de doctorat es mathématiques qu’il
comptait soutenir en février ou mars 1997. Son décès à la
station Port-Royal l’en empêchera. Son professeur André
Martinez soutiendra sa thèse à titre posthume.
Younes Ouchelh Nait Slimane est né le 21 janvier 1968 à
Rabat, au Maroc où il obtient une licence à l’Université. Il
poursuit ses études en France qu’il finance par ses propres
moyens. Début 1996, il épouse à Orléans Yasmin Assar,
elle-même étudiante. Younes militait pour les droits de
l’homme, c’était un homme de convictions. Younès et
Mohammed avaient noué des liens d’amitié, ils revenaient
ce 3 décembre 1996 du laboratoire Galilée de l’université
Paris VIII et se dirigeaient vers leur club de sport lorsque
l’attentat mit fin à leurs jours. Younes est également
titulaire, à titre posthume, de sa thèse de mathématiques.
Younes est enterré au Maroc.
Quatre vies, quatre destins interrompus, quatre familles
brisées.
Dès le 5 décembre, toute l’équipe de S.O.S. Attentats s’est
mobilisée pour venir en aide à ces familles et aux blessés.
Visites à l’hôpital, réunions, informations, soutien, aide,
nous avons tenté de soulager un peu les souffrances. Sous
la direction du Dr Maya Evrard, une cellule d’écoute fut
organisée. Eliane Chambon et Josette Groult, assistantes
sociales, surent avec compétence aiguiller les victimes
pour les accompagner dans leurs démarches. Tout au long
de ces 10 ans, de nombreuses personnes ont eu besoin
d’un suivi permanent et gardent les traces de profondes
séquelles. (…)
Nous n’oublions pas que quelques instants après l’attentat
du 3 décembre, les magistrats, les enquêteurs et la police
scientifique commencèrent leur tâche difficile. Dans les
jours qui ont suivi ce crime, Maître Georges Holleaux, au
nom de l’association, puis des victimes elles-mêmes, s’est
constitué partie civile. (…) Pourtant, 10 ans après, les
auteurs n’ont toujours pas été identifiés. J’atteste
cependant qu’aucune piste n’a été négligée dans ce
dossier et je voudrais vous dire qu’il ne faut pas perdre
espoir. (…) Face au terrorisme, nous ne répéterons jamais
assez que la coopération judiciaire internationale est
indispensable. (…)
Quant à nous, nous restons vigilants, nous nous
opposerons à tout non-lieu et nous lutterons tous ensemble
pour que cet acte ne reste pas impuni.
Merci à vous tous qui vous êtes joints à cette
commémoration et qui avez ainsi participé au combat
contre l’oubli.
Procédures judiciaires
Rachid Ramda : condamnation confirmée par la
Cour d'appel de Paris
Paris, contre le siège du magazine Al Watan Al Arabi, le 22
avril 1982 (1 mort), à la gare Saint-Charles de Marseille, le
31 décembre 1983 et contre le TGV (ligne Marseille-Paris)
à Tain-L'Hermitage (5 morts), le 31 décembre 1983 (2
morts).
Carlos est accusé de "complicité de destructions de biens"
avec la circonstance aggravante qu'elles ont provoqué des
morts et "complicité d'assassinats et de tentatives
d'assassinats".
Trois autres personnes sont aussi renvoyées devant la
Cour d'assises : Christa Margot Frohlich et Ali Al Issawi, en
fuite, ainsi que Johannes Weinrich, détenu en Allemagne,
accusé d'avoir directement posé la bombe dans le TGV "Le
Capitole".
Condamné a perpétuité en 1997 pour le meurtre de deux
policiers de la DST et pour avoir tenté d'assassiner un
commissaire, rue Toullier, à Paris, le 27 juin 1975, Carlos
purge aujourd'hui sa peine en France.
Partie civile dans ces dossiers aux côtés des victimes et
des familles parties civiles, S.O.S. Attentats est
représentée par Me Francis Szpiner.
25 ans après, S.O.S. Attentats espère obtenir enfin des
explications sur ces attentats et un jugement qui donne
satisfaction aux victimes et aux familles.
Par décision du 18 décembre 2006, la Cour d'appel de
Paris a confirmé la décision rendue par le Tribunal
correctionnel de Paris le 29 mars 2006, condamnant
Rachid Ramda à 10 ans de prison et à l'interdiction
définitive du territoire français pour délit d'association de
malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.
Il reste en détention comme prévenu dans les dossiers des
attentats au RER Saint-Michel, au RER Musée d'Orsay, et
au métro Maison Blanche (1995).
Les victimes et familles de ces attentats attendent
désormais que Rachid Ramda réponde enfin de ses actes
devant la Cour d'assises de Paris.
Carlos en Cour d'assises ?
Suite à l'instruction conduite par le juge Jean-Louis
Bruguière et à son ordonnance de renvoi, le parquet de
Paris, dans son réquisitoire écrit du 27 novembre 2006, a
demandé le renvoi devant la Cour d'assises de Carlos
(Illich Ramirez Sanchez), pour quatre attentats commis en
1982 et 1983 qui ont provoqué la mort de 13 personnes et
fait plus de 160 blessés.
Il s'agit des attentats contre le TGV "Le Capitole" (ligne
Toulouse-Paris), le 29 mars 1982 (5 morts), rue Marbeuf à
3
Quoi de neuf ?
Journée internationale des droits de l'homme
Extraits du discours prononcé le 8 décembre par Kofi
Annan, Secrétaire Général de l'ONU
A propos de l'impunité …
"Nous devons mettre fin à l’impunité.
Nous avons fait des progrès en tenant certains pour
responsables des crimes les plus graves de l’humanité. La
création de la Cour pénale internationale, les travaux des
tribunaux de l’ONU pour la Yougoslavie et le Rwanda, les
tribunaux mixtes en Sierra Leone et au Cambodge et les
diverses commissions d’experts et d’enquêtes proclament la
volonté de la communauté internationale de ne plus laisser de
tels crimes impunis.
Et pourtant c’est encore ce qui se passe. Mladic et Karadzic et
les chefs de l’Armée de résistance du Seigneur –pour n’en
nommer que quelques-uns– sont encore en liberté. Si ces
individus inculpés de crimes de guerre ne sont pas traduits en
justice, rien ne dissuadera ceux qui voudront les imiter.
D’aucuns disent qu’il faut parfois sacrifier la justice dans l’intérêt
de la paix. J’en doute. Nous avons vu en Sierra Leone et dans
les Balkans que la justice est au contraire une composante
essentielle de la paix. De fait, elle contribue souvent à une paix
durable en enlevant toute légitimité aux individus qui
représentent la menace la plus grave et en les poussant dans la
clandestinité. C’est la raison pour laquelle il ne doit jamais y
avoir d’amnistie pour le génocide, les crimes contre l’humanité et
les violations massives des droits de l’homme, ce qui ne ferait
qu’encourager les auteurs des massacres d’aujourd’hui –et les
auteurs potentiels des massacres de demain– à poursuivre leur
œuvre vicieuse."
Terrorisme et droits de l'homme
"Nous avons besoin d’une stratégie antiterroriste dans laquelle
les droits de l’homme n’inspirent pas seulement un attachement
de pure forme, mais sont véritablement le fondement de l’action.
Tous les États ont convenu l’an dernier que "le terrorisme, sous
toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue
l’une des menaces les plus sérieuses contre la paix et la
sécurité". Ils avaient raison. Le terrorisme est en soi une atteinte
aux droits de l’homme les plus fondamentaux, en commençant
par le droit à la vie.
Or, ils ne peuvent s’acquitter de cette obligation en violant euxmêmes les droits de l’homme, ce qui revient à renoncer à leur
autorité morale et à faire le jeu des terroristes. C’est pourquoi les
prisons secrètes n’ont pas de place dans notre lutte contre le
terrorisme et que tous les lieux de détention des individus
suspectés de terrorisme doivent être accessibles au Comité
international de la Croix-Rouge. S’ils ne se montrent pas à la
hauteur de leurs principes, les grands défenseurs des droits de
l’homme amoindrissent l’influence qu’ils peuvent exercer.
Nous devons lutter contre le terrorisme en conformité avec le
droit international, avec ses dispositions qui interdisent la torture
et les traitements inhumains et avec celles qui
donnent à toute personne détenue contre son gré le
droit à une procédure régulière et au jugement d’un
tribunal. Si nous adoptons pour politique de faire des
exceptions à ces règles et d’excuser des violations,
aussi limitées fussent-elles, nous nous engageons sur
une pente glissante. C’est en haut qu’il faut placer la
barre et non à mi-chemin et c’est en haut qu’il faut la
défendre."
S.O.S. Attentats approuve sans réserve la
déclaration du Secrétaire général, et
particulièrement lorsqu'il déclare, dans ce même
discours, "Ne nous contentons pas de grandes
déclarations de principes."
France
Amélioration de la situation des victimes
de dommages corporels
Faisant suite à la publication en 2003 du rapport de la
commission présidée par Mme Lambert-Faivre et à
laquelle avait participé S.O.S. Attentats, notre
association est intervenue aux côtés du Conseil
national des Barreaux, du Médiateur de la République
et de l'association nationale des avocats de victimes
de dommages corporels (ANADAVI), afin que soit
amendé le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2007 en discussion devant le Parlement.
Jusqu'à maintenant, les "tiers payeurs", en particulier
la
sécurité
sociale
et
l'Etat,
prélevaient
automatiquement les prestations qu'ils versent (frais
médicaux, indemnités journalières, rentes accidents
du travail ou maladie professionnelle, etc..) sur les
sommes versées aux victimes d'accident corporel en
réparation des préjudices d'ordre économique. Mais
ce prélèvement ne distinguait pas entre les divers
postes de préjudices, ce qui les conduisait, dans
certaines circonstances, à effectuer des ponctions sur
des indemnités sans lien avec leurs prestations. Cette
pratique s'opérait au détriment des victimes.
Suite à l'amendement adopté par le Sénat le 15
novembre 2006, puis par la commission mixte
paritaire (députés et sénateurs) le 21 novembre, cette
situation a été corrigée pour l'avenir.
Désormais, le recours exercé par les tiers payeurs
s'effectuera poste par poste, et ne pourra donc plus
affecter, de manière indue, d'autres postes de
préjudice.
Adopté définitivement par l'Assemblée nationale et
par le Sénat les 28 et 30 novembre, le projet de loi est
actuellement examiné par le Conseil constitutionnel.
Me Georges Holleaux, Chevalier de la Légion d'Honneur
Le 5 décembre, Françoise Rudetzki a remis à Me Georges Holleaux les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur,
distinction décernée par le Garde des Sceaux, M. Pascal Clément.
Au nom des victimes d'attentats, F. Rudetzki a souligné les qualités humaines et professionnelles de Me Holleaux, qualités
mises au service des parties civiles dans les dossiers liés au terrorisme.
Toute l'équipe et tous les membres de S.O.S. Attentats adressent leurs chaleureuses félicitations à M Georges Holleaux pour
cette distinction.
4
Dossier
Soins médicaux gratuits, le ministre répond à S.O.S. Attentats
En août 2006, S.O.S. Attentats avait appelé l'attention de
M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux Anciens
Combattants sur les difficultés que rencontrent certaines
victimes du terrorisme dans les consultations médicales en
lien avec les infirmités pour lesquelles elles sont
pensionnées. Invoquant divers motifs, nombreux sont les
praticiens, laboratoires, radiologues, etc… qui refusent les
coupons du carnet de soins médicaux gratuits que leur
présentent les victimes. En conséquence, S.O.S. Attentats
avait demandé au ministre s'il pouvait être recherché un
système plus efficace et plus satisfaisant tant pour les
victimes que pour les professionnels de santé.
M. Hamlaoui Mekachera nous a répondu par courrier du 3
novembre 2006, en ces termes :
"C'est la carte "Vitale" du patient qui est utilisée et qui
détermine automatiquement un remboursement par le
régime d'assurance maladie de celui-ci laissant à sa
charge le 1 Euro résiduel. Ceci constitue un dévoiement du
système que, tout comme vous, je déplore.
Au niveau réglementaire, il n'existe de fait aujourd'hui que
deux modes de prise en charge par l'Etat de cette
participation forfaitaire, soit le respect du tiers-payant par le
médecin, à l'aide du bulletin de carnet de soins gratuits
adressé à la direction interdépartementale des anciens
combattants, soit le remboursement intégral par la direction
interdépartementale des anciens combattants du tarif de sa
consultation au pensionné, si celui-ci a du faire l'avance du
montant de celle-ci, le médecin refusant d'appliquer le tierspayant.
Pour remédier à cette situation, la solution la plus efficiente
serait de pouvoir utiliser la carte "Vitale" comme support
électronique de la prise en charge des soins médicaux
gratuits, au titre de l'article L 115, en lieu et place du carnet
de soins gratuits papier, sans que ceci ne porte atteinte à
la spécificité de cette législation et aux droits de ses
bénéficiaires. Outre un plus grand confort d'utilisation, tant
pour le pensionné que pour le prestataire de santé,
l'utilisation du réseau SESAM Vitale devrait améliorer les
délais de paiement.
J'ai saisi à ce sujet, le ministre délégué à la sécurité
sociale, aux personnes âgées et aux personnes
handicapées et à la famille."
S.O.S. Attentats remercie M. le ministre pour sa réponse et
espère que sera prochainement trouvé un système adapté.
.
En bref ….
CNCDH : remise du Prix des droits de l'Homme
La cérémonie de remise du Prix des Droits de l'Homme de la République française 2006 s'est déroulée le jeudi 14 décembre
2006 sous la présidence de M Pascal Clément, Garde des Sceaux. Placés sous le double thème des disparitions forcées et de
la lutte contre les discriminations faites aux femmes, cinq associations ont été distinguées pour leurs actions.
- Observatoire congolais des droits de l’homme, pour son projet d’évaluation de la situation des parents des victimes de
disparitions forcées au Beach et des témoins après le procès de Brazzaville
- ASOFAMD, pour son projet de lutte contre les disparitions forcées en Bolivie
- Mémorial, pour un projet de financement de la préparation et de la publication des volumes ultérieurs des Chroniques de la
violence, en Fédération de Russie
- Association des femmes chefs de famille (AFCF) de Mauritanie, pour son projet de formation civique et politique des femmes
candidates
- Fédération Nationale des Mères pour la paix de France en Afghanistan, pour son projet Mieux vivre demain.
Allemagne
* L'Allemagne va créer début 2007 un Centre internet commun (GIZ) qui réunira des enquêteurs de la police criminelle (BKA) et
des services de renseignements intérieurs.
Cette équipe spéciale sera chargée de lutter contre les réseaux terroristes sur Internet en réaction au développement du "cyberdjihadisme", qui est, selon le chef des services antiterroristes au parquet fédéral, "la principale occupation d'Al Qaïda".
* Suite au double attentat manqué dans des trains allemands, en juillet dernier, deux suspects de nationalité libanaise ont été
arrêtés et sont actuellement détenus : Jihad Hamad, dans son pays, et Youssef Mohammed al-Hajdib, en Allemagne.
Pakistan : procès en appel pour l'assassin de Daniel Pearl
Suite à l'appel qu'il avait interjeté contre l'arrêt d'un tribunal antiterroriste pakistanais qui l'a condamné à mort en juin 2002 pour
l'enlèvement et l'assassinat de Daniel Pearl, Ahmed Saeed Sheikh dit Omar Sheikh est jugé en appel au Pakistan.
Correspondant du Wall Street Journal, Daniel Pearl avait été enlevé à Karachi en janvier 2002 avant d'être sauvagement
assassiné un mois plus tard.
Vigipirate demeure au niveau rouge
Le Préfet de police de Paris, Pierre Mutz, a déclaré, lors du débat budgétaire devant le Conseil de Paris, que la menace
terroriste demeurait " forte dans la capitale" et que "nous demeurons en Vigipirate niveau rouge".
Après avoir souligné que les grandes agglomérations et les transports en commun sont vulnérables face au risque d'attentat, M.
Mutz a annoncé "la poursuite du programme de constitution de l'unité NRBC" (nucléaire, radiologique, bactériologique et
chimique) de la Préfecture, avec la création de 54 postes en 2007.
5
Témoignage
Pa r la fa mille d e You n ès Nai t Sli ma ne, tué da ns l'a tten ta t du R ER Po rt-R oya l
Cette cérémonie et votre présence constituent un acte de compassion et de solidarité qui nous conforte. Nous vous en
remercions.
Notre fils Younès et son camarade Mohammed Chaou furent parmi les victimes de cet horrible attentat.
Ils étaient jeunes, un avenir radieux s’ouvrait à eux. Après de longues études, ils s’apprêtaient tous deux à soutenir leurs
thèses de doctorat en mathématiques appliquées.
Ils furent, à juste titre, nominés Docteurs à titre posthume.
Younès était arrivé en France après une licence obtenue à Rabat. Il finança par ses moyens ses études supérieures, sans
bourse ni aide d’aucun Etat.
Un an avant l’attentat il épousa Yasmin, elle-même étudiante.
Les parents de Younès se déplacèrent pour la première fois en France pour assister aux noces.
Younès et Mohammed revenaient ce jour du 3 décembre 1996 du laboratoire Galilée de l’université Paris VIII et se
dirigeaient vers leur club de sport lorsque l’attentat mit fin à leurs jours.
Les parents de Younès, Habiba Ouchelh et Abdallah Nait Slimane revinrent pour la seconde fois en France, cette fois-là
pour ramener au Maroc la dépouille de leur fils.
Pendant cette période, nos familles ont préféré s’éloigner des médias, nous avions exprimé au Président de la République
notre confiance en la justice française et avions souligné, à l’époque, que le terrorisme ne fait aucune distinction dans la
population visée de quelque origine qu’elle soit.
Aujourd’hui, 10 ans après, où en sommes nous ? N on au t erro ris me !
La douleur reste vivace et comme pour les autres victimes, la pudeur devient le seul palliatif. La colère, par contre, ne
peut s’atténuer ; elle s’amplifie contre ces criminels qui demeurent impunis et qui se réfugient derrière la lâcheté.
Nous avons stigmatisé, comme vous, tous les mobiles de leurs actes, que ce soit l’obscurantisme, le fanatisme ou d’autres
motifs fussent-ils politiques.
De tels actes sont des crimes horribles quels qu’en soient les commanditaires.
Younès Nait Slimane était militant des droits de l’homme, il avait ses convictions, et c’est en restant fidèle à ses
convictions que nous avons voulu refuser les amalgames en dénonçant ceux qui lient, pas toujours par ignorance, le
terrorisme à une religion, à une communauté, à un peuple ou à une culture.
Nous continuons, comme Younès l’aurait voulu, à condamner les terrorismes de tout bord et les bombes qui tuent les civils
d’où qu’elles proviennent.
Les terroristes, il y en a de tout bord et ils agissent par différents moyens pour imposer leur fanatisme ou maintenir leur
domination.
Depuis le décès de leur fils, Habiba et Abdallah se sont réfugiés dans leur croyance et dans les préceptes de leur
religion, l’islam, tout en restant constants dans leur opposition à l’ignominie que constituent tous ces terrorismes.
Mais o ù es t la just i ce ? Où est l a vér ité ? 10 ans après, où en sommes nous ?
Permettez-nous, Madame, d’exprimer ici un sentiment d’amertume très fort.
Nous n’avons jamais oublié cet attentat et nous avons toujours procédé à une commémoration en ces lieux avec le
syndicat CGT qui y a perdu un de ses grands militants, Lucien Devambez.
Mais nous constatons hélas que l’attentat de Port-Royal est oublié par les médias et surtout par les Pouvoirs Publics.
La presse, pour une raison que nous ignorons, donne l’impression que la campagne du terrorisme qui a touché la France
s’arrête en 1995.
Nous rendons hommage aux journalistes qui font un travail sérieux de sensibilisation tout en attirant leur attention sur ce
constat. Ce qui nous attriste et nous intrigue le plus c’est le mutisme de l’Etat.
Nous avons interpellé à plusieurs reprises le Garde des Sceaux de différents gouvernements. Nous avons lancé une
campagne de pétition qui a recueilli des milliers de signatures. Cet effort s’ajoute à celui que fournit au quotidien
l’association S.O.S Attentats. Sans aucun résultat.
Nous nous posons de façon légitime la question : pourquoi ce mutisme ?
Nous continuons à avoir confiance, malgré tout, en les organismes chargés de l’enquête et en la justice française.
Certains nous suggèrent qu’il peut y avoir des raisons d’Etat. Nous refusons de croire à de telles aberrations.
Nous voulons la vérité, nous voulons la justice, c’est notre seule façon de faire le deuil de nos victimes. Merci.
Ce témoignage a été lu lors de la cérémonie d'hommage le 3 décembre 2006
Permanences de l'association
Pour un accueil personnalisé et dans un souci d'efficacité,
l'équipe de S.O.S. Attentats reçoit sur rendez-vous,
chaque jour de la semaine de 14 h à 18 h (01 45 55 41 41)
Amicalement à tous
Françoise Rudetzki, Claude Peyrat, Ghislaine Doucet
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