De l`émigration à l`immigration : le cas de l`Italie / M.-C

De l’émigration à l’immigration : le cas de l’Italie / M.-C. Blanc-Chaléard (Université ParisI, Centre d’histoire sociale du XXème siècle) :
L’exemple de l’Italie permet de montrer la massivité à la fois de l’émigration européenne
ancienne et de l’immigration actuelle vers l’Europe.
M.-C. Blanc-Chaléard n’a cependant pas eu le temps d’aborder dans son intervention
l’immigration actuelle vers l’Italie.
I) Les Italiens en France
L’immigration italienne en France a été constante et importante sur une longue durée (les Italiens
constituent la première nationalité étrangère en France à partir de 1906). Aujourd’hui encore les
petits-enfants d’Italiens sont les plus nombreux parmi les petits-enfants d’étrangers en France (cf.
M. Tribalat, INED, dans la documentation photographique n° 8035, « Les immigrés et la
France », M.-C. Blanc-Chaléard, 2003).
L’installation des premiers Italiens en France se fait selon une logique de proximité (quart sud-est
du territoire français). Ces premiers migrants sont souvent alors charbonniers, bûcherons,
marchands ou musiciens ambulants (parmi lesquels on compte d’assez nombreux enfants).
L’immigration italienne connaît ensuite une évolution vers le prolétariat ouvrier, notamment en
Lorraine dès le XIXème siècle.
En 1931, plus de 800 000 Italiens vivent en France, dont une part de migrants politiques
antifascistes (ils représentent environ 1/10ème des migrants italiens arrivant en France dans les
années 1920 et 1930). Ils sont désormais installés dans de nombreuses régions, y compris dans
des zones assez rurales comme le Sud-Ouest où ils cultivent des terres disponibles, ou en
Normandie où ils travaillent comme maçons.
La dernière vague d’immigration italienne en France a lieu après la Seconde Guerre mondiale et
jusqu’aux années 1960. Ces Italiens originaires le plus souvent du sud de la péninsule participent
à la reconstruction.
Parallèlement à cette massification et à cette diffusion géographique de l’immigration italienne en
France, on observe une intégration de plus en plus poussée de ces migrants italiens.
Les premiers Italiens sont tout d’abord rejetés (ex. : violences en 1893 contre les Italiens à
Aigues-Mortes et en Lorraine). Ce rejet s’explique à la fois par la nouveauté de l’immigration des
Italiens, par la réputation d’anarchistes qu’on leur attribue, et par l’appartenance de l’Italie à la
Triple Alliance. Les ouvriers français de moins en moins religieux récusent aussi leur
catholicisme.
Les Italiens réagissent par un repli sur la communauté, particulièrement pendant l’entre-deuxguerres où celle-ci est très nombreuse. Ils cherchent aussi des voies alternatives d’intégration
comme la petite entreprise (ex. : petites entreprises familiales de maçonnerie, boutiques de
produits italiens), le militantisme communiste (ex. : des immigrés italiens parviennent à se faire
élire dans la banlieue rouge, en Lorraine ; ils participent à la résistance), les patronages ou
associations sportives.
Les conditions de vie des migrants italiens d’après la Seconde Guerre mondiale sont plus faciles
que celles des générations qui les ont précédés, en raison de la désormais longue histoire de cette
immigration italienne en France, de l’impact de la construction européenne, et de la volonté de la
France de les accueillir préférentiellement à d’autres migrants, notamment Africains, qui
commencent à venir travailler en France.
II) Les Italiens dans le monde
On trouve des Italiens ou leurs descendants dans le monde entier. Ils sont particulièrement
nombreux en Amérique, du Nord et du Sud. En effet, les migrations italiennes ont été largement
transocéaniques, notamment avant la Première Guerre mondiale (ex. : en 1911 46 000 Italiens
vivent dans le département de la Seine, alors que dès 1887 ils sont 150 000 à Buenos Aires).
Cette mémoire de l’immigration italienne est aujourd’hui valorisée aux Etats-Unis (ex. : Little
Italy new-yorkaise visitée par les touristes).