Le camerounais Tony Smith défie Samsung et Apple!

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Le camerounais Tony Smith défie Samsung et Apple!
Le camerounais Tony Smith défie Samsung et
Apple!
Tony Smith, jeune entrepreneur ayant fait ses premiers
pas au Cameroun son pays natal, a choisi l’exil pour mieux s’approprier les outils de la
haute connaissance en électronique.
Parti du Cameroun pour les Bahamas, il s’est installé aux États-Unis d’Amérique où il
a créé une structure spécialisée dans la production électronique des technologies
nouvelles, affrontant ainsi les géants de la téléphonie comme Samsung, Sony, Apple et
autres. A son actif, 580 personnes employées dans 24 pays au monde dont 17 en
Afrique. Mal apprécié dans son pays, le directeur général de Limitless Electronics, par
ailleurs président mondial de l’électronique et membre du fonds mondial de
l’électronique, tire la sonnette d’alarme sur les défis qui attendent l’Afrique et le
Cameroun dans le concert des technologies dites nouvelles.
En tant qu’un homme d’affaires, vous choisissez de réserver à votre pays, le Cameroun une maigre
place dans votre immense activité. Qu’est-ce explique cela?
Je ne fais pas du business pour du social. C’est pour faire le chiffre, c’est pour avoir
des revenus et voir mon activité prospérer. Le Cameroun n’a pas été la plate forme
idéale pour déployer un premier investissement. J’ai dû me rabattre sur des pays qui
avaient déjà des infrastructures me permettant de déployer et vu que les équipements
et la technologie que j’exploite aujourd’hui n’est pas celle qui est uniquement destinée
au marché africain. C’est une technologie d’actualité, un marché global. Donc,
pourquoi venir au Cameroun où il y a une réticence, premièrement sur le fait que
c’est un africain ou un camerounais qui est derrière et qui s’investit sur un produit
pour promouvoir l’Afrique ? Dans les pays développés, tels que la France, les ÉtatsUnis, il y a beaucoup plus d’infrastructures en place
qui soutiennent des
investissements et les entrepreneurs. Donc, j’ai préféré d’abord asseoir mon
entreprise, me faire une assise financière avant d’attaquer les marchés compliqués tel
que le Cameroun. Voici pourquoi j’ai préféré déployer mes entreprises et lancer mes
produits un peu partout dans le monde, notamment en Asie, aux États-Unis, en
Europe avant de regarder le Cameroun.
Vous parlez des nouvelles technologies. De quoi s’agit-il exactement ?
Limitless Electronics est un groupe dans lequel il y a plusieurs activités. Je vais parler
de la partie électronique d’abord à travers Limitless Electronic que j’ai créée en
Janvier 2011 aux États-Unis à Seattle qui fabrique essentiellement le matériel
électronique. Nous faisons de la conception, nous vendons en Chine et nous
commercialisons au niveau mondial. Nous avons des télévisions, des Smartphones, des
équipements militaires, des afficheurs internes et externes et beaucoup d’autres
accessoires électroniques. Nous avons aussi une section qui développe des logiciels.
Mais dans l’organisation de Limitless, on est reparti sur plusieurs spécialités. En Inde,
nous avons Limitless software
qui développe toutes les applications que nous
concevons. Aux États-Unis, nous avons une antenne de développement et de recherche
et aussi la base de toutes mes entreprises.
A Los Angeles, j’ai une section de production cinématographique qui produit en même
temps dans les vidéos, les films, et la musique aussi. C’est-à-dire des artistes et
quelques films c’est Limitless creative media dual. Nous avons déployé dans la partie
électronique, nous avons des usines de personnalisation et d’assemblage. Il y a une
qui est en train d’être finalisée au Nigeria et j’espère que tout ira bien pour que je
puisse mettre une usine ici au Cameroun, pas parce que c’est mon pays, mais parce
qu’ici, il existe de la matière première que je cherche et que je ne peux pas trouver
ailleurs. Si ce n’est au Gabon. Alors, si on ne m’ouvre pas les portes, si le Cameroun
ne me tend pas les bras, je vais directement aller au Gabon.
Vous êtes venu dans un marché où il y a des géants comme Apple, Sony Ericsson, Samsung… Est-ce
que vous n’avez pas peur de vous noyer dans la marre aux hippopotames ?
Pas du tout. Le marché est immense. Le marché global, présente environ près de 6
milliards de consommateurs dans le monde. Je vais vous donner un exemple : aux
États-Unis, il y a 380 millions de personnes. Apple occupe environ 30 % de part de
marché. En technologie c’est 60 %, mais sur la consommation locale, c’est 30 % des
américains, ce qui veut dire que si sur le marché américain Apple a vendu moins de
100 millions d’équipements, cela veut dire qu’il y a environs
280 millions de
personnes qui n’utilisent non plus les produits Apple, ni Samsumg encore moins les
autres marques mondialement connues. Ils sont partagés entre les autres fabricants
qui trouvent des moyens pour introduire leur produit dans ce marché là que j’appelle
The late technology adopters ; c’est là où nous allons attaquer. Donc, je n’ai pas peur
de la concurrence de Apple ou Samsumg, parce que les produits que nous fabriquons
sont des produits demandés mondialement et qui répondent tous au même standard.
Ce que je fabrique est la même technologie, donc équivalent à Samsumg et Apple et
même mieux parce que eux ils ont ce problème de brevet. C’est-à-dire qu’ils ne
peuvent pas se permettre d’utiliser des brevets développés par une autre entreprise,
par contre nous, à la petite échelle que nous fabriquons, nous avons la possibilité
d’exploiter ces brevets avec une protection. Je fais partie d’une organisation qui gère
les brevets, cet espace nous donne le droit d’exploiter les brevets d’invention des
structures qui sont dans ce réseau. Excepté les grosses structures comme Samsung,
Apple dont la charte ne permet pas de profiter de ces privilèges. Et le marché
africain est désormais un très grand marché. C’est environ 1,2 milliard de personnes ;
j’estime que je peux prendre environ 15% des parts de ce marché avec la stratégie
que je suis en train de mettre en place. Samsung ou Apple ne me font pas peur. Je
suis en train de lancer une campagne de publicité pour directement les attaquer, pour
leur montrer que même comme elles ont un cash illimité, il y a aussi des petites
entreprises qui peuvent les inquiéter. Rappelons-nous qu’il y a de cela 10 ans, Apple
n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. C’était Nokia ; personne ne pouvait imaginer que
Nokia pouvait tomber. L’entreprise a vendu ses parts. Tel que je vois s’avancer la
technologie en Afrique, je pense que le prochain géant viendra d’Afrique. J’espère que
ce sera Limitless.
Quelle est la surface qu’occupe votre structure dans le marché mondial de l’électronique ?
Nous sommes en train de nous orienter vers un marché unique. Il n’y a pas de
compétition pour le moment. Nous visons le marché mondial. J’ai développé un
concept que j’ai appelé «Biosh» Build your own corporate ware qui veut dire conçoit
ton propre équipement. Ceci permet aux entreprises de pouvoir concevoir leurs
propres produits (ordinateurs, Smartphones) en sélectionnant les composantes qui y
seront utilisées, la taille de l’écran, le processeur, la camera, avec son propre logo.
Désormais, la société x ou y ne va plus faire la promotion d’Apple ou Samsumg.
Prenons l’exemple de La Nouvelle Expression où l’on utilise Apple. Alors, pourquoi estce que La Nouvelle Expression devrait faire la publicité de cette marque gratuitement
pourtant l’appareil utilisé n’a pas été obtenu gratuitement ? Il a été acheté très cher
et votre structure n’a aucun partenariat avec le fabricant. Pourquoi faire le marketing
d’Apple ? Donc, je créé un concept qui permet à l’entreprise de prendre le contrôle au
lieu de promouvoir des marques avec lesquelles on ne collabore même pas ; elle va
plutôt promouvoir sa propre identité visuelle.
Vous avez dit dans une télévision locale que vous produisez pour une cible bien précise. Est-ce à dire
que le Cameroun n’est pas à conquérir ?
Le Cameroun est un marché
important. Nous sommes sur un modèle d’affaire
particulier. Nous concevons les équipements pour les entreprises. L’approche que nous
adoptons, les géants ne peuvent pas le faire. C’est beaucoup d’expérience derrière,
c’est beaucoup de risques aussi. Quand Apple démarre son usine pour fabriquer des
téléphones, il faut qu’un million passe pour faire des bénéfices. Parce qu’il a trop de
charges. Par contre, notre approche nous permet de personnaliser les équipements
pour les entreprises pour une quantité normative. Nous pouvons, avec le logo de la
société, personnaliser à 100% y compris le Hardware, les logiciels à l’intérieur pour
une quantité minimum à 10 et pour moins de 300.000Fcfa/l’unité
avec des
applications spécifiques.
C’est-à-dire que vous êtes sur des conceptions choisies !!!
Nous avons lancé au Nigeria un concept pour
concevoir son propre Smartphone en boutique en moins de 10 minutes, en s’inspirant
de la photo de son enfant, de son mari, de sa femme, personnaliser ces icônes,
personnaliser les couleurs ou thèmes. Nous sommes aussi en train de développer une
usine de fabrication de télévision avec le matériel qui va révolutionner le monde de
l’art digital. Je suis en train de concevoir la première télévision qui utilise à 50 % la
matière première africaine avec notamment et principalement du bois. L’Ebène, le
Wengué, le Bubinga, qui sont des bois de luxe, des bois rares, des essences précieuses
que les industries exploitent pour la décoration des jets privés, des véhicules de luxe.
Les chinois sont en train de les exploiter ici au Cameroun. Nous avons décidé
d’annoncer avec les téléviseurs fabriqués avec du bois. Ce seront des œuvres d’art.
Les coques des télévisions seront sculptées à la main en reflétant la culture des
peuples. On a déjà commencé avec la peau de crocodile, des serpents, avec des fibres
qu’on trouve localement. Nous sommes en train de révolutionner l’industrie
électronique avec quelque chose qui n’existait pas.
Et ce sera à la portée de tout le monde ?
Non, malheureusement. Ce sont des équipements de luxe et le marché que nous visons
c’est l’Asie et l’Europe. Ce sera un rêve de voir une entreprise venue d’Afrique tutoyer
les géants comme Apple, Samsung. Et je suis sûr que je vais réaliser cela. Il faut
qu’on parle de la camerounaise Limitless. Ça va dépendre de comment le Cameroun va
décider de m’accompagner sur ce projet.
Est-ce que vous avez mesuré les risques ?
Je les ai mesurés, et peut-être vous ignorez jusqu’où je peux aller. Avec l’approche que
j’adopte, conduire mon entreprise jusqu’où je pense, va révolutionner l’Afrique. Il faut
aller attaquer carrément Samsung et Apple. Les mêmes ingénieurs que vous avez chez
Samsung et chez Apple, ne font pas mieux que moi. J’ai été chez Microsoft, je fais
partie de ceux qui ont aidé Microsoft à se positionner, à concevoir de nouveaux
produits. Donc, la cervelle que j’ai est meilleure que ces personnes travaillant chez
Samsung ou Apple. J’ajoute l’esprit entrepreneur, je prends des risques, je suis mon
propre patron, je prends des initiatives, je teste tout ce qui ne se fait pas là-bas.
Où trouvez-vous la main d’œuvre ?
Je me souviens d’un discours que Bill Gates, mon ancien patron, lorsqu’on lui a
demandé comment est-ce qu’il s’est rassuré que Microsoft ira aussi loin. Il a répondu
qu’il avait identifié les meilleurs et les a payés en conséquence. Donc, j’identifie les
meilleurs et je les paie en conséquence. J’ai récupéré certains employés de Microsoft,
je suis allé en chine où j’ai récupéré les gars de Huawei qui ont travaillé pour
Samsung. Je maîtrise tout l’écosystème. Je suis entouré des partenaires qui me
fournissent de l’expérience supplémentaire. Au Cameroun, je pense qu’il y a beaucoup
de talents qui ne sont pas valorisés. J’ai rencontré quelques jeunes ici qui m’ont
impressionné. Je ne pouvais pas imaginer trouver une telle compétence au Cameroun.
La main d’œuvre ne pose aucun problème, que ce soit ici ou au Nigeria.
Dans votre discours, le Cameroun vient en dernière position. Que comprendre?
Un messie n’est pas le bienvenu chez lui. C’est la bible qui le dit et c’est vrai, parce
que si j’étais un blanc qui venait au Cameroun avec un projet d’investissement, toutes
les portes lui seront ouvertes. Je ne fais pas de m’as-tu vu. Je veux dire que je n’ai pas
envie de porter pour montrer que j’ai des moyens. Quand j’arrive au Cameroun, je
pars rencontrer des gens, on ne m’accorde pas tout le sérieux qu’il faut. Je n’aime pas
la vantardise mais plutôt l’action. Je travaille plus en background, mais au Cameroun,
il faut garer une grosse voiture, avoir un téléphone Apple dernier cri que tu vas poser
sur la table. Voilà ce qui freine notre pays. J’ai commencé mes investissements au
Cameroun avec des produits conçus spécifiquement pour le pays. J’ai pris les risques
parce que je voulais tester le marché camerounais et africain en général. J’ai conçu
une tablette en donnant du crédit au Cameroun. Mais les mêmes personnes qui me
félicitaient me commandaient plutôt des Ipad ; j’ai compris immédiatement que le
concept d’un Africain derrière un équipement ne peut marcher.
En Europe, je
positionne Limitless comme une entreprise africaine. C’est ce qui fait ma force.
Avez-vous rencontré la plus haute autorité du Cameroun même dans les multiples grands salons
d’expositions où vous êtes présent ?
Si je dis que je vais courir derrière ces autorités, cela veut dire que je veux faire leur
travail. Ce sont elles qui doivent identifier les personnes comme moi. Les autorités
doivent prospecter pour dénicher les génies ou tout au moins trouver des perles et les
accompagner. Les autorités doivent mettre aussi à notre disposition des
infrastructures où nous pouvons venir nous accrocher. Prenons l’exemple du Congo
avec Veron Mankou, jai commencé avant lui, j’ai mis le produit sur le marché avant
lui, mais il a sorti à grande échelle le sien qui est bien inférieur à ce que je fabrique,
parce que j’ai eu la chance d’être entouré des experts de l’industrie technologique.
Mais son gouvernement, je veux dire que l’Etat Congolais s’est saisi de cette
opportunité pour valoriser le talent. Aujourd’hui, ce pays se positionne comme un pays
technologique en Afrique. Le Congo a pris le prix de la première tablette africaine, il a
pris le titre du premier Smartphone pourtant la première tablette africaine n’est pas
congolaise. Mes produits étaient bien avant sur le marché avant que le Congo n’arrive.
Que fais donc le Cameroun ? J’ai fait tout ce que j’avais à faire, j’ai communiqué au
niveau international, mais là-bas, on ne peut rien faire pour vous si un Etat n’est pas
derrière son citoyen. Le Cameroun ne m’a pas soutenu jusqu’ici. Je n’ai pas positionné
ma structure comme une structure américaine, donc les américains ne vont pas me
soutenir puisqu’il y en a tellement. Or, en Afrique, il n’y en n’avait pas. Le Congo a
pris l’avantage. Aujourd’hui, le pays a une entreprise qui recrute des centaines de
personnes. La structure représente le Congo partout dans le monde, valorise le pays,
même le ‘’Made in Congo’’ et j’ai appris tout récemment que ce jeune homme est en
train de mettre sur pied une grande usine électronique au Congo. Voilà donc comment
le Cameroun va passer à côté d’une immense opportunité, faute de vision et de
projection et je suis bien désolé de voir comment les choses sont faites. Je vais même
vous surprendre. J’ai effectivement rencontré les autorités camerounaises. J’ai envoyé
des lettres au Gicam, à l’ambassade du Cameroun à Washington DC, étant même ici
au Cameroun, j’ai demandé les audiences auprès de certains ministres, mais jamais, je
n’ai été reçu ; je me suis fatigué et je suis parti. Je perdais beaucoup de temps alors
que je ne faisais même pas de business. Je voulais juste discuter avec eux, mais hélas,
personne n’a voulu me recevoir. Je dis bien personne. Voilà le problème avec le
Cameroun qui ne prospecte pas pour dénicher et accompagner les talents, les
entrepreneurs dans le monde qui ont acquis de très grandes expériences, qui ont
hautement appris et ont l’expertise mondiale. Ce pays a pourtant des génies qui
tutoient et font peur à ceux qui font les grandes marques. Notre savoir faire est
immense. Mais le pays recule. L’internet même est d’une lenteur qui décourage.
Mais on n’a pas encore exploré toutes les capacités de la fibre optique…
La fibre optique est juste un nouveau moyen de véhiculer la bande passante. Mais si
derrière, il n y a pas toute la puissance des infrastructures pour pouvoir booster cette
bande passante, à la fin on n’a rien comme augmentation de débit. Je ne pense même
pas que ce soit le moyen pour la production de l’internet. Il faut développer les
infrastructures tout simplement.
Quels sont les effectifs que vous employez et comment sont-ils repartis ?
Mondialement, j’emploie environs 580 personnes et je suis présent dans 24 pays dont
17 en Afrique. Aux États-Unis, j’ai 35 employés qui sont beaucoup plus des ingénieurs
et ceux qui gèrent la structure. En France ils sont une dizaine, à Hongkong 25, au
Nigéria, ils sont plus de 200 employés. J’en ai au Vietnam, aux Philippines. Il y a déjà
un projet pour le Ghana. Au Cameroun, j’ai une dizaine, même comme les activités
tournent au ralenti ici. Mais j’ai appris à comprendre le marché camerounais. Je suis
formé pour y faire face.
Votre plan de développement est assez remarquable. Qui se cache derrière vous ?
Je détiens à 100% le capital de ma structure. Je n’ai
pour le moment aucun partenaire. J’ai fondé ma structure avec mes fonds propres
économisés pendant six mois d’activités à Microsoft. J’avais réussi à garder 2 millions
de dollars US soit environ 1,100 milliard Fcfa ce qui m’a aussi permis de cultiver mon
historique de crédit de 2 millions de dollars US, je me suis donc retrouvé avec plus de
2 milliards Fcfa. J’ai pris le risque d’investir, ayant accumulé toute l’expertise et
maîtrisant l’environnement électronique mondial.
Quel est l’avenir de l’Afrique dans le marché mondial des nouvelles technologies ?
L’avenir des technologies c’est en Afrique. La France par exemple, est en pleine
dépression parce que les affaires ne marchent pas trop bien pour les français. Il faut
bien un nouveau marché. C’est pourquoi on regarde l’Afrique. C’est un marché d’un
milliard de personnes et un marché à 100% consommation. Je veux dire qu’on ne
fabrique pas. C’est un marché avec la tranche jeune de la population assez forte, c’està-dire qui consomme beaucoup l’électronique et l’Afrique ne peut se développer sans
cette technologie. C’est pourquoi j’ai décidé de mettre davantage d’efforts pour
développer le marché africain en priorité pour attaquer les gros marchés. En terme de
vision de développement, l’Afrique a beaucoup de potentiels et c’est de là que sortira
la plus grosse compagnie… je travaille dur pour cela.
Un conseil aux autorités camerounaises ?
Il faut que le Cameroun change sa politique d’incitation aux investissements. Il y a
une charte d’incitation qui a été très mal pensée. Quand je l’ai parcourue, ça m’a fait
plutôt rire parce que le Cameroun est perdant. La charte dit qu’on vous donne une
exonération d’exploitation sur 5 ans environ je crois, et à la fin des ces cinq années
après les installations, vous avez une exonération d’exploitation sur 10 ans. Cela veut
dire que pendant 15 ans, l’entreprise qui est installée ne paie aucune taxe. Le
Cameroun ne va rien gagner. Pour les hommes d’affaire malins, au bout de la dizaine
d’années, ils créent une nouvelle entreprise pour bénéficier de 15 années
supplémentaires. C’est un système créé pour légaliser l’évasion fiscale. Ça ne peut pas
marcher.
Qu’est-ce qu’il faut faire dans ce cas ?
Il faut mettre des ressources qui vont permettre aux entrepreneurs de venir s’installer.
Je veux dire qu’il faut créer des fonds d’investissements pour soutenir les investisseurs
nationaux. Il n’y a pas de structures visibles au Cameroun pour accompagner
entrepreneuriat. Au Rwanda par exemple, quand vous voulez créer une entreprise,
c’est une seule plateforme. Vous n’avez pas quatre institutions à contacter.
L’expérience que j’ai eue au Cameroun m’a montré que pour mettre en place une
usine, on m’a parlé de 5 ou 6 ministères pour une seule autorisation. Il faut aller au
ministère de la recherche scientifique, au ministère du commerce, des finances et je
ne sais où encore. Je vais donc commencer par où et pour combien de temps ? Je n’ai
pas cette énergie là. Les procédures administratives sont trop longues et lourdes.
Entretien mené par Alphonse Jènè
Source : Lwn-mag