Lettre ouverte des 9 Directeurs de composante

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Lettre ouverte des 9 Directeurs de composante
Lettre ouverte en réponse au courrier de
Monsieur le Premier Vice-président de l’Université de Lorraine
De la part de tous les directeurs d’UFR (doyens de facultés) et d’IUT des sites de Metz et de la Moselle.
Nous, directeurs de composantes des sites de Metz et de la Moselle, souhaitons réagir publiquement au projet qui nous a
été adressé par monsieur le 1er vice-président de l’Université de Lorraine.
La fusion des universités lorraines l’an passé couplée à la remise à plat quinquennale des DUT, des licences, des masters
et des laboratoires dans le cadre du processus national d’habilitation, a été une opération très lourde et très coûteuse en
temps et en énergie, pour tous les personnels de l’université.
Cette fusion à peine réalisée, il est question de re-restructurer l’Université de Lorraine. L’objectif est, comme l’écrit le
premier vice-président, de « rassembler les équipes de formation du même diplôme… sur plusieurs sites
géographiques » de « privilégier les composantes multisites », de « réduire le nombre de composantes »… et tout cela
au pas de charge puisque des « élections partielles à leurs conseils seront organisées à la rentrée 2013 ».
Il est temps d’arrêter de structurer, déstructurer, restructurer. L’objectif essentiel des personnels devrait être de consacrer
le maximum de temps à former le mieux possible les étudiants, leur avenir en dépend, mais aussi de faire de la
recherche de la plus haute qualité scientifique possible ou/et ayant la plus grande utilité sociale et économique. Il n’est
pas de faire, défaire, refaire perpétuellement la structure administrative et de casser ce qui fonctionne.
La création (mal négociée) de l’Université de Lorraine a conduit à confisquer au site mosellan en général et messin en
particulier, son autonomie scientifique, pédagogique et politique. Le projet envisagé conduirait à finir de le démanteler
et à réduire à néant ce qui reste de notre capacité d’initiative au service d’une Moselle déjà tant malmenée. Nous le
refusons et réaffirmons la nécessité de l’ancrage territorial du site mosellan.
Alors que la seule Moselle représente 45% du potentiel de la Lorraine (aussi bien des étudiants que des impôts
recouvrés), 16 collegiums et pôles sur 18 sont dirigés par nos collègues nancéens, seules 1.5 sur 16 directions
administratives sont à Metz et par conséquent 14.5 sont à Nancy. Dans un secteur scientifique 7 des 8 responsables de
licence et de masters bi-sites sont nancéens. Un bon fonctionnement de l’UL nécessite un certain équilibre. Les services
administratifs de l’Université de Metz ont été démantelés et leurs personnels, pour certains phagocytés par Nancy, pour
d’autres placardisés ou tombés en dépression. Étaient-ils si mauvais ? En 2011 le résultat d’exploitation de l’Université
de Metz était bénéficiaire de 2,8 M€, celui de l’Université Henri Poincaré était déficitaire de 9,7M€, tandis que celui de
l’Institut National Polytechnique de Nancy l’était de 2,1M€. En 2010 le fonds de roulement des 4 établissements s’est
dégradé de 30,6M€. Sur cette somme Nancy comptait pour 30 M€, Metz pour 0,6M€. La rigidité des dépenses était en
2011 de 101.9% pour l’UHP et 97.1% pour Metz d’après le rapport de la mission de l’Inspection Générale (IGAENR)
diligentée en Lorraine. Les ressources financières affectées aux composantes, notamment mosellanes, ont été fortement
voire très fortement diminuées et mettent en péril notre mission.
Les 6 UFR messines et les 3 IUT mosellans sont la seule expression démocratique relicte de feue l’Université Paul
Verlaine - Metz. Le présent projet vise à les démanteler en des « composantes multi-sites » dont nous ne doutons pas
qu’elles seront aussi pilotées depuis Nancy puisque la majorité des électeurs s’y trouve. S’il y a trop de composantes, ce
n’est pas à Metz. On n’y trouve par exemple que 2 sur les 17 composantes du secteur Art, Lettres, Langues, Sciences
Humaines et Sociales de l’UL.
À l'instar de nombreux personnels, BIATSS ou enseignants-chercheurs, certains directeurs de composantes subissent en
permanence une insupportable pression de leurs collègues nancéens qui veulent tout régenter. L’hypercentralisation
kafkaïenne conduit les services administratifs centrés sur Nancy à piloter directement les filières pédagogiques courtcircuitant ainsi les instances démocratiques (départements pédagogiques, UFR et IUT, collegiums) ainsi que leurs
directeurs élus. Les services administratifs dysfonctionnent, car ils sont proches de la thrombose. Ils ne répondent pas à
nos appels téléphoniques ou à nos mails entrainant une généralisation du dysfonctionnement.
Les véritables enjeux sur lesquels nous devons concentrer toute notre énergie sont, répétons le, la réussite de nos
étudiants, les résultats scientifiques de nos laboratoires, l’interaction positive avec les milieux économiques et sociaux,
le rétablissement d’une situation budgétaire devenue alarmante, la mise en ordre de l’administration (notamment par sa
décentralisation…) et pas une nième restructuration politicienne !
Nous ne cherchons pas à opposer sites mosellans et meurthe-et-mosellans, mais force est de constater que l’équilibre
annoncé lors de la phase de construction de l’Université de Lorraine ne se traduit maintenant nullement dans la réalité.
La création de l’Université de Lorraine devait être l’occasion d’avoir un grand établissement et une université forte de la
mise en commun de tous ses potentiels et de son ancrage sur toute la Lorraine. Une fois créée elle parait aujourd’hui
l’expression d’une mise sous tutelle, voire de la disparition de pans entiers en Lorraine Nord. Nous nous devons de
penser aux étudiants de nos territoires et à leurs familles ainsi qu’à nos personnels.
Les problèmes juridiques notamment ceux liés à la mise en conformité de la composition des collegiums, ne doivent pas
être un prétexte pour démanteler les composantes messines qui ne sont nullement la cause des dysfonctionnements
actuels. En conséquence l’ensemble des directeurs de composantes de Moselle soussignés, demande que l’on renonce au
projet visant le site mosellan, il fonctionnait très bien tel quel et cela devrait pouvoir continuer! Nous sommes bien
entendu tout à fait prêts à détailler les raisons de notre très vive inquiétude et de notre prise de position fondée sur ce
que nous avons vécu et sur que nous vivons encore. Nous sommes tout à fait prêts à rechercher ensemble les solutions
les plus appropriées tant il est vrai que celles-ci ne peuvent émaner de la seule décision d’une partie de notre université,
fut-elle majoritaire.
Les directeurs de composantes de Moselle
Pierre Degott
Directeur de l’UFR Lettres et Langues
Jaïro Falla
Directeur de l’IUT de Thionville-Yutz
Jean-Georges Gasser
Directeur de l’UFR Sciences Fondamentales et Appliquées
Jullien Husson
Directeur de l’UFR Études Supérieures de Management (ESM-IAE)
Christian Krebs
Directeur de l’IUT de Metz
Jean-Baptiste Lanfranchi Directeur de l’UFR Sciences Humaines et Arts
Yahn Mangematin
Directeur de l’UFR Droit, Économie et Administration
Nidhal Rezg
Directeur de l’UFR Mathématiques, Informatique, Mécanique et Automatique
Thierry Zimny
Directeur de l’IUT de Moselle Est