Maquette numérique du bâtiment : la quatrième dimension, une réalité
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Maquette numérique du bâtiment : la quatrième dimension, une réalité
DOSSIER Maquette numérique du bâtiment : la quatrième dimension, une réalité Il y a dix ans à peine, on ne parlait ni de BIM (Building Information Model) ni d’IFC (Industry Foundation Classes) et pourtant, aujourd’hui, ces termes se révèlent porteurs d’avenir et s’imposent progressivement auprès de toute la filière du bâtiment. Certains pays ont une longueur d’avance en la matière : l’Angleterre considère le BIM comme inéluctable, les Pays-Bas l’utilisent déjà sur le terrain et la Norvège est toujours la championne ayant fait de l’interopérabilité une obligation réglementaire. La France, quant à elle, se positionne comme un acteur dynamique et impliqué dans les avancées de cette modélisation-objets et de sa norme d’échanges de données techniques. Entre réalités et évolutions, découvrez pourquoi le BIM et les IFC sont une tendance de fond à saisir. utiliser le BIM pour simplifier le travail de détection des collisions. Cela nous permettrait d’agréger les plans les uns aux autres et de détecter immédiatement les zones de conflit. Cette « clash détection » se fera automatiquement grâce à un module dans notre logiciel » explique Laurent Maris, ingénieur en bureau d’études du groupe Egis. Côté entreprise, Michel Thévenin, directeur technique de Nord France, Construction témoigne : « Il y a sept ou huit ans, nous avons ressenti le besoin d’intégrer un outil informatique avec le potentiel de l’approche 3D. En modélisant toute la structure du bâtiment, cela nous permet, en quelques clics, de calculer les descentes de charges Faciliter le travail de chacun Au fur et à mesure de l’élaboration de tout projet de construction, chaque contributeur développe de nouvelles données qui viennent s’ajouter aux plans de l’architecte. Avant de commencer les travaux, la maîtrise d’œuvre doit s’assurer que l’ensemble est cohérent. Là encore le BIM est utile. « Nous aimerions Jean-Noël Burnod, BIM Manager de l’agence Ateliers 234 Architecture, présente l’usage du BIM dans le cadre de la salle des marchés de la Société Générale : « Ce projet, situé sur le site de La Défense à Paris, a démarré après un an d’études préliminaires. Nous avons tout d’abord été confrontés à une problématique géographique : le Coupe de l'immeuble de la Société Générale. Usages et avantages Dossier réalisé en collaboration avec bâtiment surplombe en effet le tunnel du boulevard circulaire, tunnel qui possède un tracé non rectiligne. Il nous fallait absolument un outil comme le BIM pour modéliser le projet dans toutes ses dimensions, positionner le parking, les fondations, le système de traitement, etc. La maquette a permis de synthétiser toutes ces données et de les faire interagir entre elles ». 6 • SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 Le savez-vous ? très précisément, de dimensionner différents éléments (poutres, poteaux, fondations) et de disposer en temps réel des métrés pour l’ensemble de l’ouvrage. C’est également un moyen de visualiser les porte-à-faux en matière d’exécution. Nous bénéficions ainsi des grosses masses de métrés concernant les bétons, les aciers ou encore le coffrage. L’outil nous donne, très en amont, une estimation des quantitatifs auxquels nous associons des prix courants. Un moyen de mettre en adéquation la manière de construire et le coût de l’ouvrage pour optimiser au mieux le prix du bâtiment ». Echanger dans une filière multi-acteurs grâce aux IFC Le secteur de la construction est à la fois multiforme et diversifié. Ainsi, en France, on se trouve généralement face à des équipes ponctuellement constituées pour un projet particulier et sans garantie de pérennité. L’immense majorité des entreprises du secteur de la « La maquette numérique est la représentation graphique la plus intelligente qui existe actuellement pour décrire des objets en 3D sur lesquels sont attachées des informations, explique Eric Lebegue du CSTB. Elle permet d’identifier clairement la composition d’un bâtiment, de le « désosser » virtuellement. » Un trait devient, par exemple, une cloison avec ses dimensions, ses composants, ses caractéristiques techniques et réglementaires, le tout recontextualisé dans un ensemble d’éléments (liens avec les autres murs, ouverture…). Cette modélisation-objets vaut pour un projet de construction ou un bâtiment existant. Mais pour que toutes les applications de construction (logiciels de CAO architecte et ingénieur, logiciels de calculs de structure, de simulation thermique et acoustique, etc.) puissent communiquer entre elles et exploiter une seule et même base de données, il faut un langage commun : ce sont les IFC. Ceux-ci décrivent les objets nécessaires pour concevoir un bâtiment tout au long de son cycle de vie (conception, construction, exploitation), et selon différents points de vue (architecture, structure, thermique, estimatif…). Leur format de fichier, défini selon la norme internationale ISO, n’appartient à aucun éditeur. On parle alors d’open BIM. construction est composée de TPE et de PME, aussi bien dans la maîtrise d’œuvre – agences et BET – que dans les entreprises de construction. Comme la plateforme BIMIFC concentre l’ensemble Toute la chaîne d'éditeurs : une offre informatique complète et compatible IFC. de l’information technique de l’ouvrage en utilisant un langage standard, elle représente un moyen efficace pour les géomètres, les architectes, les bureaux d’études, les économistes et les entreprises de construction d’œuvrer en collaboration et permet ainsi d’augmenter leur efficacité dans la réalisation du projet. « Nous avons commencé à utiliser le BIM sur des grands projets, afin notamment de simplifier la gestion de très importantes quantités d’informations, confirme Daniel Saïd, responsable informatique technique pour Bouygues Entreprises France Europe. Maintenant, nous commençons à étendre son utilisation à des opérations plus modestes. Sur ces chantiers, nous avons besoin de faire travailler ensemble SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 • 7 Maitriser et économiser Exemple de détection de collision. des personnes de différentes entreprises et de différents métiers. C’est là que les IFC prennent tout leur sens ». Améliorer la qualité des ouvrages « Prenons le cas d’un modèle de bâtiment entièrement numérisé BIM, dans lequel je vois qu’un élément d’un DTU de compléter les modifications qui sont proposées par les remontées de terrain ». Et Laurent Ortas, responsable nouvelles technologies de la construction et de la prescription chez SaintGobain, d’ajouter : « l’intégration des règles de l’art dans la maquette numérique guiderait les concepteurs, de manière plus large encore, Le mot d’un économiste de la construction « Il y a deux cas de figure : celui où l’on essaie d’exploiter au maximum les logiciels et celui où l’on entend parler du potentiel du BIM-IFC et où l’on cherche la solution miracle. Ne pas brûler les étapes, voilà le secret. Il faut déjà sauter le pas en utilisant les outils propres à son activité et bien les maîtriser, changer de mentalité avant de passer aux échanges avec des confrères dans le cadre de la filière. Mais il faut monter dans le train des IFC, maintenant, au risque de rester sur le quai et d’être dépassé ! » Pierre Mit, président de l’Untec n’est plus en phase avec la règlementation, commence Alain Maugard, président de Qualibat. Imaginez qu’il me suffise de modifier la donne sur la maquette pour observer immédiatement l’impact de mon réglage sur les performances de l’ensemble du bâtiment. Cette recherche par simulation (thermique, acoustique, etc.) me permettrait de repérer les ajustements à apporter aux règles de l’art ainsi que sur l’ensemble des points règlementaires à respecter. Par exemple, l’architecte serait alerté dès lors que les circulations du bâtiment ne correspondent pas aux règlementations sur l’accessibilité. C’est une véritable aide à la conception dont pourraient bénéficier les professionnels de la maîtrise d’œuvre, une révolution dans nos usages ! » 8 • SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 Désirant gérer efficacement son patrimoine, la ville de Blagnac a entamé un vaste processus de mise à jour de ses plans. « D’autre part, il devenait pressant de planifier la maintenance corrective des bâtiments parfois vieillissants, afin de lancer des consultations d’entreprises globales, comme l’exige le Code des marchés publics » explique l’ingénieur bâtiment en charge du projet. Pour ce faire, la ville de Blagnac était consciente de la nécessité de mettre en place un outil de gestion qui soit capable de relier les plans à une future base de données communale. « Nous voulions une solution complète reposant sur un format libre et interopérable, reprend l’ingénieur. C’est pourquoi, nous avons été orientés vers la norme IFC à l’instar de la Ville de Paris et de la Région Bourgogne ». « Le paradoxe est que l’on gère beaucoup de bâtiments mais qu’on ne les connaît pas du tout, remarque JeanYves Bresson, alors responsable projets patrimoine, Groupe SNI. Finalement nous pouvons dire que nous ne connaissons pas Relevé de l'existant : Modélisation de l'hôtel de ville de Blagnac. notre matière première ! ». Aussi le groupe a-t-il choisi d’utiliser le BIM pour remédier à cette faiblesse. « Le retour sur investissement se voit directement, continue l’ancien responsable. Par exemple, il nous a été possible d’économiser 500 euros par logement sur un devis de peinture parce que nous avions la connaissance exacte des m² à rénover. À l’époque, l’arbitrage des travaux de l’année durait trois jours : aujourd’hui deux heures suffisent par visioconférence. Concernant le nettoyage, nous avons obtenu une réduction des coûts de 10 à 15 %, et davantage sur les surfaces extérieures. En effet, avant de connaître les métrés exacts, nous ne nous rendions pas compte que nous intégrions les m² de parkings dans les espaces verts. Cela augmentait nos coûts de tonte ! » Une solution en mouvement Prendre en compte les freins La maquette numérique demande un certain investissement en temps et en énergie. André Komorn, responsable informatique et logistique de la Direction de l’ingénierie et de l’architecture d’Aéroports de Paris (ADP), fait part de la démarche de son entreprise : « il y a quatre ans, nous avons initié une démarche de « CAO intelligente » pour manipuler des objets et non pas La preuve en chiffres • 4 0 € /m² de SHON : c’est le prix du manque d’interopérabilité pour les entreprises. • 67 % du coût direct d’un projet de construction incombe au maître d’ouvrage. • 42 % des coûts seraient évités avec plus d’interopérabilité. • 4 % du CA serait gagné grâce à l’interopérabilité (selon l’étude FFB de mars 2010). • 7 % de gain par an seraient réalisés sur le budget maintenance. • Il faudrait moins de 2 ans pour un retour sur investissement. seulement du graphisme. Nous avons commencé à mettre en place une politique d’évolution des usages en sensibilisant les intervenants sur l’intérêt de la démarche à tous les niveaux hiérarchiques : directeurs, encadrement, utilisateurs. Nous avons vanté les avantages de travailler sur une maquette plus intelligente : la rapidité, la valeur ajoutée, la productivité, l'amélioration de la qualité et de la cohérence 3D, l’augmentation du savoir-faire ! À ce jour, il faut bien le recon- Plan brut scanné ou DWG reconnu et converti en objets. S’adapter pour avancer « Il existe deux tendances de fond. La première est plutôt à l’encontre du BIM et considère ce dernier comme un frein à la créativité de l’architecte. À l’inverse, le second défend le BIM à toutes les étapes du projet, comme vecteur de performance. Je me rends ainsi compte que la formation au BIM a donc toute son importance. Chaque pays doit s’adapter au marché mondial et possède, fondamentalement, un seul et même objectif commun : la performance ». Sandra Marques, architecte brésilienne, enseignante et chercheur SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 • 9 40 % des élèves* sont très satisfait du résultat de l’expérience en mode collaboratif et 60 % sont satisfaits. * élèves ayant suivi le cours de production du BIM de l’ENSA de Toulouse en mode collaboratif naître, les réticences sont encore fortes quant à s’investir dans de nouveaux outils… Pour un architecte habitué à AutoCAD, il faut compter entre 3 et 12 mois afin qu'un logiciel 3D devienne le prolongement naturel de sa pensée. Il est fondamental de respecter ce délai. Aujourd’hui, je compte sur un tout petit noyau de passionnés pour susciter l'envie et rassurer tant les futurs utilisateurs que, l'encadrement et la Direction. Quelques projets en cours d’étude commencent à prouver concrètement l’avantage de travailler avec un modèle 3D qui garantit une cohérence plans-coupes-éléva- tions et des objets intelligents. Ce sont les résultats qui convaincront. » Favoriser l’utilisation : la formation Afin d’aider les maîtres d’œuvre à appréhender le BIM, des formations – initiale, professionnelle et continue – commencent à voir le jour. La réforme du Bac Technologique est l’une des avancées observée cette année. « Nous avons développé des séquences pédagogiques autour d’un modèle de bâtiment pavillonnaire dans les différentes matières enseignées en cours magistral (mathématiques, étude de prix…). Ce qui est sûr, c’est que les étudiants s’approprient sans difficulté le BIM et le travail collaboratif. Une fois sur le marché, ils auront déjà le bon comportement qui consiste à voir les choses de manière globale et à faciliter les échanges d’informations entre les acteurs », informe Alain Jung, enseignant Génie Civil au Lycée technique Le Corbusier. Par ailleurs, un accord a été signé en mars 2010, « afin de modifier l’enseignement initial pour apporter une réponse innovante à la hauteur des besoins exprimés par les professionnels du secteur ». C’est le projet du E-Master avec pour partenaire le cours UNIT. Isabelle Fasse explique : « il s’agit d’un enseignement à distance. L’objectif ? Rassembler virtuellement les étudiants de différents cursus et de diverses écoles autour d’un projet commun. Car il est important de mutualiser les ressources humaines et matérielles ». Côté professionnels, il existe d’ores et déjà le Mastère spécialisé Espaces Virtuels Avancés (EVA) de l’Ensam de Cluny. Eric Lebègue, chef de division adjoint au CSTB, nous en parle : « ce cours reprend, pour son module sur la simulation numérique, le programme « Maquette Numérique » du CSTB Le mot d’ordre de Médiaconstruct « Mediaconstruct, association loi 1901 et membre de BuildingSmart International, a pour mot d’ordre Mieux communiquer pour mieux construire » rappelle Bruno Slama, son président. Son but : généraliser l’usage des outils et des normes pour la maquette numérique BIM-IFC, les échanges de données construction et faciliter l’émergence de méthodes de travail moins séquentielles. Ses missions : • Accélérer l’adoption des normes mondiales (IFC) pour la description et les échanges de données du projet de la construction ; • Favoriser les expérimentations terrains, les retours et partage d’expérience pour favoriser les nouvelles pratiques, les formations (initiale et continue) et les métiers ; • Imposer progressivement l’usage de ces normes sur des éléments de maquette numérique pour les mesures issues du Grenelle de l’environnement. 10 • SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 Interopérabilité et modélisation-objet d’un projet de construction : explications en images (copyright Thomas Liebich). Aujourd’hui, lorsque l’on parle des bâtiments de demain – les impératifs du Grenelle de l’environnement étant essentiel – il s’agit davantage de raisonner en termes d’obligations de résultats que de moyens. Or, le BIM présente un véri- rapport « Bâtiment à faible impact environnemental » du Comité stratégique des éco-industries place le développement et la diffusion de « la maquette numérique comme outil de conception du bâtiment » en troisième position des leviers de crois- Etude de cas Passage en revue du configurateur. Formation. Dans le cadre de ce cursus, le CSTB assure 50 heures de cours dont deux jours et demi sur le BIM et les IFC et deux jours et demi sur la maquette numérique à l’échelle urbaine. Cette formation continue s’adresse à de futurs architectes ou ingénieurs en génie civil. Le sujet embrasse tout le cycle de vie du bâtiment autour de la maquette numérique et ne se limite pas à un logiciel en particulier, offrant une perspective générale sur l’utilisation du BIM dans toute la chaîne de services ». Se rapprocher du réel et du chantier Actuellement, les utilisateurs travaillent surtout avec des matériaux génériques dans le BIM. Aussi, les industriels de la construction commencent-ils à créer des catalogues numériques en format IFC : un moyen de pouvoir sélectionner directement dans le BIM le produit réel, de mieux le visualiser et le mettre en situation. Saint-Gobain et le CSTB se sont ainsi associés afin de constituer ce qu’ils appellent un configurateur. « Grâce à cet outil, une information détaillée, comprenant les règles de mise en œuvre du produit ou système, peut être intégrée au BIM-IFC dès la phase de conception. Le produit est présent tout au long de la chaîne de prescription. Dès que l’architecte a défini son projet et les systèmes constructifs correspondant à ses objectifs, le bureau d’études peut décider quel produit précis, répondant aux contraintes, va intégrer la maquette. Grâce aux informations (dimensions et calepinage adapté au chantier) l’entreprise aura des plans de mise en œuvre précis. Grâce à son logiciel de gestion de chantier, elle sera en mesure d’établir les devis et de finaliser ses commandes en fonction de l’avancement des travaux », détaillent Laurent Ortas et Guillaume Picinbono (chef de projet, direction MOdélisation et Environnement Virtuels Enrichis, CSTB). « La Maison de Rodolphe est un nouveau foyer lyonnais pour personnes sans abri qui a la particularité d’accueillir des hommes accompagnés de leur chien. À l’origine, l’idée était de concevoir, en un an, un nouveau mode d’hébergement esthétique, modulable, qui réponde aux critères environnementaux et surtout, qui soit reproductible dans d’autres villes. Nous avons donc imaginé un prototype en bois préfabriqué. Pour plus de rapidité et d’efficacité, des techniques basées sur la préfabrication en 2 et 3D ont été développées. Au-delà de l’optimisation du temps, l’usage du BIM nous a permis de mettre en place ce nouveau concept industriel, de le simuler et de le calculer pour être sûr qu’il réponde aux exigences du label BBC. Nous avons également fait réaliser la production des pièces directement en machine à partir des fichiers que nous avions fournis. Cette méthode nous a fait gagner beaucoup de temps. Pari tenu pour ce bâtiment qui, construit en 4 mois, a accueilli ses premiers occupants en novembre 2010 ». Frank Lemasson, architecte, responsable qualité et responsable de l’agence de Paris chez Patriarche & Co. BIM de la Maison Rodolphe. Crédit : Patriarche & Co. table potentiel pour parvenir à ces fins. Les pouvoirs publics l’ont reconnu. L’étude gouvernementale « Technologies clés 2015 » cite le BIM comme une tendance d’avenir pour le Bâtiment. En parallèle, le sance du bâtiment durable. Enfin, le Plan Grenelle Bâtiment reconnaît le BIM et les IFC comme des innovations favorables à l’écoconstruction et à la rénovation durable. Alors prêts à BIMer ? SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 • 11 DOSSIER Le BIM : feu vert ! La problématique thermique Depuis la RT 2005 et encore plus avec la RT 2012, le thermicien doit calculer précisément les apports solaires et lumineux, selon la région, considérer les masques solaires, les scénarios d’occupations, la part d’éclairage naturel et l’éclairage artificiel, l’équilibre aérau- lique, la surventilation, le préchauffage, le prérefroidissement, les échangeurs, les pertes dans les réseaux, etc. Cela donne une idée de la complexité des calculs que doivent réaliser les logiciels thermiques ! À l’heure actuelle, cela nécessiterait de multiples ressaisies et des allers et retours de données entre architectes et ingénieurs. Pour résoudre cette Des chèques innovations pour vous ! L’objectif de ce GreenConServe : contribuer au développement des projets d’innovations – individuels ou collaboratifs – dans le domaine de la construction et de la rénovation durable des bâtiments, en particulier pour : – réduire les coûts de conception et de construction, – diminuer l’impact environnemental, – aller vers une meilleure efficacité énergétique, –améliorer l’environnement et de l’hygiène à l’intérieur des bâtiments… Comment ? En aidant financièrement les TPE et PME du bâtiment à la recherche de ressources pour mettre en œuvre des projets innovants ; et les entreprises de taille plus importante, en allégeant le budget Recherche & Développement. L’aide, accordée par Oséo et plafonnée à 15 000 € permet de bénéficier de l’accompagnement d’un expert ou d’un consultant pour développer/ consolider une activité innovante dans le domaine de la construction/rénovation durable. Appel à projets européen faisant partie du programme Europe innova, GreenConServe est lancé en 2009 dans trois pays (France, Norvège, Allemagne) pour trois ans. La date de clôture est fixée au 30 juin 2012. Téléchargez votre dossier sur : http://www.oseo.fr/a_la_une/agenda/ appels_a_propositions/appel_a_projets_greenconserve 12 • SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 La maquette numérique et les IFC, un atout pour les entreprises: simulations facilitées et multiplication des variantes pour mieux répondre aux défis de la construction environnementale. difficulté, les logiciels thermiques ont créé le format NBDM. Il assure la transmission de données entre un logiciel réglementaire et un logiciel de simulation. Il s’agit maintenant de passer à l’étape suivante : effectuer ces calculs en ayant des accès directs à la maquette numérique partagée. Cela permettrait de réaliser précisément et rapidement toutes les simulations thermiques sans ressaisies de données. Construire et gérer durable Le développement durable est lié à la gestion des surfaces, à la maîtrise des dépenses énergé- tiques ainsi que des coûts. Philippe Cottard, responsable du Développement et de la Production d’Habitat 76, premier bailleur social de la Région Normande pointe l’avantage du BIM face aux nouveaux impératifs du Grenelle. « Avec la montée en puissance des labels BBC et autres BEPOS, nous ressentons fortement le besoin d’une meilleure collaboration entre les acteurs d’un projet. En effet, si l’ingénieur fluide vient installer ses réseaux sur une architecture sans avoir intégré sa solution dès le départ dans le plan du bâtiment, il risque, par exemple, de venir plaquer une solution avec des équipements plus coûteux que prévu pour atteindre la performance thermique requise. Nous nous sommes également aperçus qu’il était très difficile de porter des projets visant des performances THPE vers une qualification BBC quand il n’a pas été conçu dès le départ avec le d’ailleurs l’intérêt de l’outil BIM dans le cadre d’une démarche durable. « Pour réaliser une évaluation HQE performance, nous aurons besoin de connaître les quantités de produits utilisés, leur fiche de décla- Résultats d'un Diagnostic de Performance Energétique. BIM. Ce dernier permet en effet une meilleure gestion des paramètres à faire évoluer dans ce cas. Enfin, récupérer des DOE montés avec des IFC va simplifier notre travail de gestionnaire ! » L’indispensable de la HQE Anne-Sophie PerrissinFabert, directrice de l’association HQE, confirme ration environnementale et sanitaire (FDES), ainsi que les consommations d’énergie et d’eau durant la vie du bâtiment. Ces données permettront de réaliser le calcul de la performance de l’ouvrage sur l’ensemble de son cycle de vie. Dans ce cadre, le BIM semble être le bon outil pour rendre possible l’intégration directe de ces informations dans le logiciel de calcul. Il devrait nous aider à généraliser HQE performance ». PUB 1/2 hauteur MEDIACONSTRUCT « Il faut positionner un modèle de données unique, normalisé et partagé au centre des échanges entre tous les logiciels. Le standard ISO-IFC reste à ce jour sans concurrent. Du point de vue des éditeurs informatiques, il est le seul garant de la pérennité de leurs investissements en développement ». Alain Maury, délégué général de Médiaconstruct SPECIAL BATIMAT • Novembre 2011 • 13