TEXTE 4, L`Assommoir, Émile Zola - Geert
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TEXTE 4, L`Assommoir, Émile Zola - Geert
TEXTE 4, L’Assommoir, Émile Zola Basé sur les notes de Julie Question Comment le désespoir de Gervaise est-il mis en évidence dans cet extrait ? Introduction Émile Zola est le chef de file du mouvement naturaliste. Après ses études, il commence à écrire des romans, parmi lesquels figure la saga des Rougon-Macquart ou « l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire », composée de 20 volumes. Plus précisément, le texte à étu dier est un extrait du chapitre 12 de L’Assommoir publié en 1877, le 7ème volume qui retrace la vie de Gervaise, petite-fille du contrebandier Macquart et d'Adélaïde Fouque. Abandonnée par Lan tier, elle a épousé Coupeau et ouvert sa propre blanchisserie. Mais celui-ci boit de plus en plus, elle perd sa boutique et son travail. Un soir de famine et sur les conseils de son mari, elle va tenter de se prostituer sur les grands boulevards. Lecture Annonce Ce passage oppose la multitude des ouvriers qui rentrent chez eux, fatigués après leur journée de travail. Gervaise est seule, abandonnée, affamée et elle les observe. Pour répondre à la question « Comment le désespoir de Gervaise est-il mis en évidence dans cet extrait ? », j'étudierai deux axes. I. La foule des ouvriers qui entoure Gervaise II. Sa solitude dans la cohue. I – La foule des ouvriers La plus grande partie du texte décrit la foule, figure de la vie ouvrière dont le repos est absent et qui se déverse sur les boulevards. A – Le grouillement de la foule Cette foule imposante est active. Au début, elle est évoquée de façon vague (l. 1, 4, 15 et 17). On remarque ensuite l'apparition de l'activité humaine. Celle-ci est évoquée par des déterminants définis (l. 1 et 15), indéfinis (l. 23 et 37), des chiffres précis (l. 26, 30 et 34). Tout cela donne une im- pression d'accumulation. La vitalité de la foule est soulignée par de nombreux verbes d'actions (l.29, 35 et 39) qui montrent que les ouvriers ont hâte de rentrer chez eux, pour se nourrir et se reposer, avant de commencer une nouvelle journée de travail. De plus, la foule est décrite de manière précise, dans son aspect physique (l. 26 à 32) et dans son attitude — fatigue (l. 43 et 53) et faim (l. 46, 49 et 54) B – La foule sans visage Cette cohue qui grouille de vie n'a aucun visage ni aucune âme. Elle est anonyme, seul le corps est en cause. L'anonymat est mis en valeur par l'utilisation de pluriels pour désigner des personnes. Seules ou en groupe, ces personnes sont inaccessibles ou muettes (l. 28, 30 et 31). l'auteur fait référence aux catégories sociales : • Les ouvriers (l. 26) • Les gens aisés (l. 16) • Les autres (l. 25 et 36 à 38) Toute cette foule a un caractère inhumain, accentué par l'utilisation d'expressions qui assimilent l'ouvrier à son vêtement — métonymie de la ligne 24 — ou aux animaux (l. 42 et 43) Transition A la fatigue nerveuse des ouvriers qui courent s'oppose la passivité de Gervaise qui les regarde avec une sorte d'effarement. II – La solitude de Gervaise L'héroïne déchue assiste au retour du travail des ouvriers. On peut remarquer un contraste entre le personnage et la foule ainsi qu'une certaine impuissance. A – Le contraste entre Gervaise et les autres Gervaise paraît seule au milieu de cette foule et est nommée 3 fois : • A la ligne 2 pour décrire sa solitude • A la ligne 14 pour mieux l'isoler face à la description des ouvriers et pour faire le lien entre elle et la foule • A la ligne 50 par le rappel de sa solitude et de son passé La solitude de l'héroïne se ressent d'abord dans le fait qu'elle est « perdue » (l. 1), « seule et aban donnée » (l. 2). Elle n'a pas de but véritable. Mais tout dans sa position sur le boulevard contribue à souligner son isolement. En effet, elle est à contre courant car elle est noyée dans « ce flot de monde » (l. 4). Elle laisse « couler la cohue » (l. 50). Cela signifie qu'elle subit le mouvement sans opposer de résistance, elle est « coudoyée » (l. 51). Contrairement aux autres personnages du boulevard, elle n'est le sujet d'aucun verbe d'actions, ce qui montre qu'elle est passive B – L'impuissance de Gervaise Elle est marginalisée et écrasée par l'espace où elle se trouve, elle est impuissante. Cela se ressent d'abord dans le fait qu'elle soit « insignifiante » et « désespérée » (l. 7). De plus, tout est « trop grand, trop beau » : elle est toute petite face à ce qui l'entoure. La description négative du paysage — « ciel gris » (l. 9) et « crépuscule » (l. 10) — montre la fin d'une journée de travail et la fin des espoirs de Gervaise. La présence de celle-ci donne l'impression qu'elle s'oublie dans la contemplation du boulevard. Ce boulevard n'est rappelé que pour évoqué des sentiments de désespoir, de faim, de résignation (l. 1 à 14 et l. 50 à 56). Ce boulevard la tire de son apparente indifférence à tout et à tous. En effet, elle est brusquement rappelée par son passé — à la ligne 56, l'évocation du lieu où elle se trouvait lorsqu'elle est arrivée à Paris et le souvenir de sa venue dans cette ville. Conclusion Ainsi, le boulevard et son grouillement reflètent un état du monde caractérisé par sa dureté et son indifférence au malheur individuel. Gervaise se sent délaissée par la société, une situation connue également par les autres ouvriers. Sa détresse résume celle du peuple de Paris. + Ouverture Recherches de Julie: Le titre • nom du débit de boissons dans lequel Coupeau fait sa demande en mariage à Gervaise • évocation de l'action violente de l'alcool sur le milieu ouvrier de la Goutte d'Or et sur Coupeau et sa femme • emblème du mal qui frappe le monde du travail parisien Autres • Brunisseuse = qui brunit / polit le métal • Les Rougon-Macquart ( voir fiche exposé) • Émile Zola ◦ né en 1840 et mort en 1902, c'est un écrivain et un journaliste français ◦ Il est considéré comme le chef de file du naturalisme ◦ 1870 – 1893: Il écrit Les Rougon-Macquart , une fresque romanesque en vingt volumes sur la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, il utilise la technique des personnages reparaissant ◦ 1876: Publication de L'Assommoir ◦ 1885: Publication de Germinal ◦ 1879: Publication de Nana ◦ 1880: Publication de Les Soirées de Médan qui est un recueil collectif de six nouvelles, réunissant Émile Zola, Guy de Maupassant, Paul Alexis … ◦ 1898: il s'est engagé dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier, dans le quoti dien L'Aurore, de l'article intitulé « J'accuse » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres dans la même année ◦ Médan ( près de Paris) = la ville où il avait achetait une maison, et où se retrouvait di vers auteurs pour discuter littérature appelé « le groupe de Médan ». Le recueil comportait des romans tels que Boule de Suif ( Maupassant), Après la bataille ( Paul Alexis) ◦ L'affaire Dreyfus ( 1894 – 1906) = Conflit social et politique à la fin du 19ème siècle, au tour de l’accusation d'Alfred Dreyfus, accusé d'avoir livré aux Allemands des documents secrets, condamné au bagne à perpétuité pour trahison et déporté sur l'île du Diable. Cette affaire a bouleversé la société française, la divisant profondément et du rablement en deux camps opposés, les « dreyfusards » partisans de l’innocence de Dreyfus, et les « antidreyfusards » partisans de sa culpabilité. Il a été accusé d'avoir livré des documents secrets français à l’Empire allemand. Émile Zola publie ainsi dans le journal « L'Aurore » son article « J'accuse », ce qui provoque une succession de crises politiques et sociales uniques en France. Elle ne s’acheva véritablement qu’en 1906, par un arrêt de la Cour de cassation qui innocenta et réhabilita définitivement Dreyfus. Zola publie dans le journal « L'Aurore » une lettre ouverte au président de la République ( Félix Faure). La lettre dénonce l'antisémitisme et les erreurs judiciaires dont est victime le capitaine Alfred Dreyfus depuis 1894. Cette affaire divise la France entre Dreyfusards et anti-dreyfusards. Suite à cette lettre ouverte intitulée « J'accuse », Zola est condamné à un an de prison et 30 000 francs d'amende pour avoir attaqué le pré sident de la République. Il préfère l'exil et se réfugie à Londres. Il sera radié de la liste des officiers de la Légion d'honneur. • Le naturalisme = mouvement littéraire apparu à la fin du 19ème siècle. Les naturalistes introduisent dans leurs romans des descriptions scientifiques et objectives des réalités hu maines : ces auteurs montraient la société telle qu’elle était, aucun sujet n’était inabor dable. Les différents thèmes abordés dans ces œuvres ont préalablement fait l'objet d'une certaine recherche et d'une documentation poussée ; l'auteur émet alors une hypothèse qu'il vérifie ensuite à l'aide d'une expérimentation. Émile Zola en est le chef de file. • Le rapprochement Homme / Animal = voir exposé « Qu'est-ce que l'Homme ? »