Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par
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Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par
Cas clinique Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Dr Sanspoux Frédéric, DMV. 16 rue des Rochettes - 87300 Bellac Mai 2013 Introduction Technique chirurgicale Un chiot Border Collie de cinq mois a été présenté en consultation pour une boiterie avec suppression totale d’appui du membre postérieur droit suite à un coup provoqué par une branche tombée d’un arbre. L’examen à distance a confirmé la suppression d’appui indiquée par le propriétaire et le chien ne pouvait plus contrôler la partie distale de son membre postérieur. Le tibia étant un os largement découvert sur sa face crâniomédiale et facile d’accès, nous avons décidé d’opter pour une ostéosynthèse mini-invasive dont le but est de préserver l’hématome fracturaire et le foyer de fracture (MIPPO = Mini Invasive Percutaneous Plate Osteosynthesis). Une plaque LCDCP pour vis de diamètre 2,7 mm a été choisie et préformée sur le calque réalisé à partir de la radiographie du membre sain. L’examen rapproché par palpation pression a mis en évidence un œdème important associé à une forte douleur en regard de la diaphyse tibiale. La manipulation du membre révélait des crépitements osseux et une fracture du tibia. La fracture a été confirmée par l’examen radiographique sous anesthésie générale. Il s’agissait d’une fracture tibiale simple transverse peu déplacée midiaphysaire. La fibula n’était pas atteinte (Images 1 et 2). L’intervention chirurgicale a été programmée au lendemain. Image 1 : Vue de face à J0. 1 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. de l’artère et de la veine saphène, ainsi que le nerf saphène qui croisent la diaphyse tibiale dans sa partie centrale suivant une direction caudo-proximale à crânio-distale. Image 2 : Vue de profil à J0. Le chien est positionné en décubitus dorsal, le membre suspendu à une potence. Une asepsie de la totalité du membre est réalisée et il est protégé par une bande de Jersey stérile au travers de laquelle la voie d’abord est réalisée. Une fois les champs posés, il est libéré de son attache afin de permettre un mouvement dans tous les plans. Une incision d’environ 4-5 cm est pratiquée sur le bord crâniomédial de la métaphyse tibiale proximale. Le tissu conjonctif est incisé et le fascia crural également. Une seconde incision crânio-médiale est pratiquée au niveau de la métaphyse distale. Le foyer de fracture n’est pas abordé et le périoste n’est pas incisé et est préservé (image 3). Cette voie d’abord ne pose aucune difficulté particulière, cependant, il convient de préserver les branches crâniales Image 3 : voie d’abord de la diaphyse tibiale. Avant l’intervention, la plaque est modelée sur le calque radiographique du membre controlatéral afin de minimiser les manipulations pendant l’intervention. La plaque LC-DCP est glissée sous la peau en longeant l’os depuis l’incision distale en remontant vers le tibia proximal et en passant en-dessous des faisceaux vasculo-nerveux saphènes (Image 4). Une fois positionnée, elle est maintenue en place à l’aide d’un davier réducteur cranté. Le davier n’est retiré que lorsque les vis sont insérées afin de minimiser les réactions périostées. La plaque est parfaitement alignée sur la diaphyse tibiale et trois vis de 2,7 mm de diamètre sont posées en position neutre. Le davier est ensuite déplacé et posé sur l’about proximal de la fracture. A 2 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. cet endroit, la plaque est alignée plutôt sur le bord caudal de la diaphyse tibiale. Image 4 : Positionnement de la plaque et réduction de la fracture. La réduction de la fracture se fait manuellement. Il est très important de respecter l’alignement du membre dans le plan axial et d’éviter toute abduction ou adduction de la portion distale de la fracture par rapport à la portion proximale. En cas de doute sur la réduction correcte de la fracture, il est possible de vérifier l’alignement des abouts osseux en faisant glisser le long de la corticale une sonde cannelée pour vérifier la présence ou non d’une marche d’escalier entre les deux abouts osseux. Cependant, cette vérification est le plus souvent inutile si la plaque a été correctement modelée, si les mesures ont été bien prises et si l’alignement axial des fragments osseux a été respecté. Une fois alignée et maintenue en place par le davier cranté, la plaque est fixée par trois vis en position neutre. Toutes les vis sont finalement resserrées une par une (Image 5). Image 5 : La plaque une fois fixée par les vis en position neutre. Le fascia crural est suturé, les tissus sous-cutanés également. La peau est fermée de manière classique (points simples, points en X). Un bandage de RobertJones est posé sur le membre pour éviter un œdème postopératoire et protéger la plaie pendant quelques jours. Un contrôle radiographique postopératoire immédiat permet de vérifier la bonne position de la plaque et l’alignement correct des rayons osseux (images 6 et 7). Un autre contrôle est également prévu au retrait des fils quinze jours plus tard. Du méloxicam est laissé au propriétaire pour quelques jours mais aucune antibiothérapie n’est prescrite, le chien ayant reçu une injection unique de marbofloxacine à la dose de 4 mg/kg une demi-heure avant l’intervention. Aucune immobilisation n’est indiquée. 3 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Image 6 : Radiographie de contrôle à 15 jours. Le remaniement osseux est déjà bien entamé. Image 8 : La parfaite consolidation de l’os est constatée au 128e jour. Image 7 : Radiographie de contrôle à 15 jours. Les rayons osseux sont parfaitement alignés. Image 9 : Vue de profil. Les plaques de croissances n’ayant pas été perturbées par la fracture ni le matériel d’ostéosynthèse, l’allongement de l’os a pu continuer harmonieusement. 4 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. cicatrisé, l’alignement des abouts osseux est très satisfaisant et l’ablation du matériel d’ostéosynthèse (AMO) est réalisée immédiatement (Images 8, 9,10 et 11). Discussion Il existe plusieurs méthodes de reconstruction osseuse des membres antérieurs ou postérieurs. La plus répandue étant probablement l’utilisation de plaque vissée. Image 10 : Vue de face post AMO. Image 11 : vue de profil post AMO. Le chien est revu mois plus tard pour contrôle avant le plaque. L’os a environ trois un examen de retrait de la complètement Les fixateurs externes sont de plus en plus laissés de côté au profit des nouvelles techniques même s’ils gardent toute leur place dans certains types de fractures, notamment les fractures très comminutives du troisième degré et celles incluant une grande de perte de substance osseuse (Ex : fracture par arme à feu). L’enclouage centromédullaire et les cerclages sont encore utilisés seuls dans certains cas ou comme moyen de fixation complémentaire lors d’utilisation de plaques vissées ou de fixateurs externes. Le clou verrouillé est quant à lui peu utilisé de nos jours. Le traitement orthopédique seul ne donne que rarement de bons 5 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. résultats et ses indications sont très restreintes (Ex : fractures spiroïdes du jeune animal à condition que le périoste ne soit pas lésé et contienne bien tous les abouts fracturaires). La stabilisation et la fixation par plaque vissée est très certainement la méthode la plus utilisée pour la réparation des os des membres. Mais les techniques chirurgicales actuelles évoluent de plus en plus vers un abord mini invasif et le respect des structures tissulaires adjacentes, ce qui diminue fortement la morbidité et favorise la reprise fonctionnelle. Les principes généraux de la chirurgie atraumatique énoncés par Halstead répondent parfaitement à cette philosophie chirurgicale (manipulation douce des tissus, hémostase rigoureuse, préservation de l’apport sanguin, absence de tension et de pression sur les tissus, oblitération des espaces morts, sutures soignées). Le foyer fracturaire est entouré par un hématome qui contient un nombre et une diversité importants de facteurs de croissance ainsi que des éléments nutritifs nécessaires à la bonne consolidation de la fracture. La vascularisation périphérique à la lésion est primordiale pour l’apport des éléments indispensables à la cicatrisation des os et des tissus mous avoisinants. La présence de saignements non maîtrisés lors de l’abord chirurgical et le développement de cavités liquidiennes au sein des tissus sont des facteurs favorisant l’infection et le retard de cicatrisation. Une manipulation inadéquate des tissus lors d’un abord conventionnel (traction à l’aide de pinces sur les tissus conjonctifs, écartements des muscles à l’aide d’écarteurs de Homann très puissants) augmente la morbidité et retarde la cicatrisation. Finalement, l’immobilisation après une intervention doit être la plus courte possible afin de minimiser l’ankylose des articulations et éviter les contractures musculaires pouvant conduire à la maladie fracturaire. Il convient également de redynamiser le plus rapidement possible le foyer de fracture afin de stimuler la cicatrisation osseuse. L’ostéosynthèse biologique et la MIPPO répondent donc parfaitement à ces critères et permettent la reprise rapide d’une fonction normale du membre avec une morbidité minime. Lors d’ostéosynthèse mini invasive, ce 6 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. n’est plus la reconstruction anatomique du membre qui est visée mais bien la reprise fonctionnelle et le respect des alignements articulaires. Cas des fractures du jeune et du très jeune animal Les caractéristiques des os des jeunes animaux sont très différentes de celles des animaux adultes. Le périoste est beaucoup plus épais et très vascularisé. Il joue un rôle de contention important lors de fracture et le cal périosté stabilise très rapidement les abouts osseux. Les corticales sont très fines et peu minéralisées, ce qui pose un problème pour l’implantation des vis. De plus, les métaphyses contiennent beaucoup d’os spongieux. L’os est également beaucoup plus élastique que celui de l’adulte et résiste donc mieux aux déformations. La question de la technique de réparation se pose donc tout naturellement. L’ostéosynthèse biologique ainsi que l’abord mini invasif répondent très bien aux critères physiologiques de l’os du jeune. Différents implants peuvent être utilisés dans cette technique. Les critères de choix se basent sur le type de fracture, le poids de l’animal, son âge et son activité. Généralement, ce sont les plaques VCP pour vis de 1,5 - 2 mm ou 2 2,7 mm qui sont choisies car ce type d’implant présente une bonne élasticité. Cette dernière permet une légère mobilisation du foyer de fracture, ce qui stimule très rapidement la formation du cal périosté. Les vis sont implantées le plus loin possible du foyer de fracture pour résister à l’arrachement et pour ne pas interférer avec la formation du cal et la mise en place de la cicatrisation. En principe, deux vis suffisent de part et d’autre. Une troisième peut être implantée en cas de doute sur la tenue des deux autres implants mais c’est au détriment de l’élasticité du montage. Sur des animaux un peu plus âgés, l’utilisation d’une plaque LCDCP ou LCP peut également être envisagée. Pour les cas décrits dans cet article, nous avons choisi une plaque LC-DCP pour vis de 2,7 mm car le chien traité était considéré comme très actif (Border Collie de travail) et les corticales de ce chien pouvaient quasiment être considérées comme celles d’un chien adulte (bien minéralisées et suffisamment épaisses). 7 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Risques invasif liés à l’abord min Quoi que très séduisante, la réalisation de la technique demande une certaine habitude et la courbe d’apprentissage est probablement plus longue que pour une ostéosynthèse par plaque vissée classique. Ce phénomène est en grande partie causé par le travail en aveugle : jamais le foyer de fracture n’est abordé. Il n’est donc pas toujours évident de vérifier l’alignement des abouts osseux, la longueur de l’os après réduction, l’absence de rotation, d’antéversion ou de rétroversion. Des défauts d’alignement dans le plan sagittal ne portent pas trop à conséquence et peuvent être compensés par l’animal. Par contre des défauts de parallélisme articulaire, d’antéversion ou de rétroversion peuvent s’avérer beaucoup plus handicapants. Les images 12, 13 et 14 montrent un autre cas de fracture tibiale sur un chiot de trois mois traité de la même manière que le précédent. La cicatrisation osseuse a été très rapidement obtenue et l’AMO a été réalisée au 36e jours. Cependant, lors de l’ostéosynthèse, un premier trou a été percé trop caudalement et trop proximalement par rapport au plateau tibial (flèches). La plaque de croissance a très probablement été lésée médialement ce qui a créé un pont d’épiphysiodèse responsable du ralentissement de la croissance du côté médial du membre. Il en a donc résulté une angulation de 9° du plateau tibial dans le plan transversal (image 13). Une certaine compensation est mise spontanément en place par l’animal, minimisant ainsi les conséquences d’une telle angulation. Cependant, les déviations de plus de 5° ne sont généralement pas compensées et nécessitent une attention particulière. Image 12 : Lors de l’ostéosynthèse, il est très important de bien prendre ses repères anatomiques pour éviter la mise en place d’implants trop près des plaques de croissance (flèches). 8 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Conclusion Les fractures du tibia et de la fibula sont assez fréquentes chez le chien et le chat. Elles représentent environ 20 % des fractures des os longs dans ces espèces. Le tibia est un os peu recouvert par les tissus mous en face crânio-médiale, ce qui explique le nombre important de fractures ouvertes du deuxième et du troisième degré. Image 13 : Au 36e jour, la cicatrisation complète est obtenue mais une angulation du plateau tibial est constatée. Image 14 : Un contrôle radiographique au bout de trois mois permet de constater la persistance de l’angulation. L’abord de ce rayon osseux lors d’une ostéosynthèse classique augmente le temps opératoire, le risque d’infection et le retard de cicatrisation. Lors de l’ostéosynthèse il conviendra de préserver au mieux les tissus mous et la vascularisation afin de garantir la cicatrisation et une reprise fonctionnelle rapide. On recherchera également à raccourcir le temps opératoire en vue de minimiser le risque infectieux. Les pratiques chirurgicales min invasives (MIS : Minimally-Invasie Surgical Approach) répondent parfaitement à ces critères et donnent d’excellents résultats et notamment la pose de plaque par la technique MIPPO. La reprise fonctionnelle est précoce, la morbidité minime et la mise en place du cal périosté très rapide, surtout chez le jeune animal. 9 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Plusieurs types d’implants peuvent être utilisés lors de MIS : les plaques VCP (particulièrement chez le jeune animal), les plaques DCP et LC-DCP et finalement les plaques LCP avec des vis verrouillées qui assurent un excellent ancrage osseux et une grande stabilité au montage. Les techniques mini invasives requièrent cependant une certaine habitude et la courbe d’apprentissage peut être assez longue. Si le respect de l’axe et l’alignement parfait des rayons osseux et la réduction anatomique ne sont plus une priorité, il est par contre impératif d’obtenir un alignement correct des surfaces articulaires entre elles. Si de angulations dans le plan sagittal peuvent être facilement compensées par le sujet, il n’en sera pas de même des erreurs de positionnement axial (antéversion, rétroversion), ou en latéralisation (abduction, adduction). On considère classiquement qu’une angulation supérieure à 5° ne peut être compensée par l’animal. De par sa conformation et le peu de tissus mous présents sur sa face crânio-médiale, le tibia est un os parfait pour débuter avec la MIS. Cette technique peut également s’appliquer au fémur, à l’humérus mais dans une moindre mesure au radius et à l’ulna suite au risque de synostose important si un cal volumineux se met en place. 10 Un cas de fracture tibiale sur un chiot de 5 mois traitée par ostéosynthèse biologique. Références bibliographiques (1) BARONE R: Anatomie Comparée des Mammifères Domestiques, Tome 1, Ostéologie. Vigot, 1986. (2) BARONE R: Anatomie Comparée des Mammifères Domestiques, Tome 2, Arthrologie et Myologie. Vigot, 1980. 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