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C O M M U N I Q U E D E P R E S S E Prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire Une nouvelle méthode de détection plus fiable, plus rapide et plus économique Paris, le 2 février 2011. A l’Institut Curie, l’équipe du Pr Dominique Stoppa-Lyonnet vient de montrer l’efficacité d’une nouvelle technique de détection des prédispositions génétiques aux cancers du sein et de l’ovaire, sur la plus grande série de gènes BRCA1 et BRCA2 jamais publiée à ce jour en Europe. La méthode EMMA, mise au point à l’Institut Curie, co-développée et commercialisée par la société Fluigent, en plus d’être fiable, rapide et économique, est suffisamment précise pour détecter une très grande variété de mutations. Elle a d’ailleurs permis de mettre en évidence une altération que la technique de séquençage industriel utilisée par Myriad Genetics ne permettait pas de repérer. Alors que la génétique occupe une place de plus en plus importante en santé publique, l’analyse des gènes est un défi que la méthode de détection EMMA, présentée dans Human Mutation, peut aider à relever. Deux gènes majeurs de prédisposition aux cancers du sein et de En 2010, en France, on évalue à l'ovaire sont identifiés : les gènes BRCA 1 et 2. Une femme porteuse 52 000 le nombre de nouveaux cancers d'une mutation (ou altération) d'un des gènes BRCA a au cours de sa du sein et à 4 500 celui de nouveaux vie un risque 8 fois supérieur à celui de la population générale de cancers de l’ovaire*. développer un cancer du sein et un risque très élevé de développer un Or 5 % des cancers du sein et de cancer de l’ovaire. L'âge moyen de survenue d’un cancer du sein est l’ovaire seraient dus à une le plus souvent très précoce : 40 ans, contre 60 ans pour les non prédisposition génétique majeure, c’esthéréditaires. à-dire associés à un risque tumoral La recherche d’une prédisposition génétique est proposée aux élevé. Les formes héréditaires femmes pour lesquelles l’histoire familiale et/ou individuelle laisse représentent donc chaque année en supposer l’existence d’un risque. « Ces critères incluent le nombre de France, environ 3 000 nouveaux cas de cancers dans la famille, leur localisation, l’âge de leur survenue, le cancers du sein et 300 nouveaux cas type de cancer... » précise Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du de cancers ovariens. service de Génétique oncologique de l'Institut Curie et professeur à la En France, 16 laboratoires effectuent Faculté de Médecine-Université Paris Descartes. les tests de prédisposition, ce qui correspond à environ 5 600 recherches Pour les femmes susceptibles d’être porteuses d’une prédisposition, il de première mutation familiale dans les s’agit alors de rechercher une altération génétique dans les gènes gènes BRCA1 et 2, selon la synthèse BRCA1 et 2 à partir d’une simple prise de sang. de l’activité oncogénétique 2009 de « La recherche de la première mutation dans une famille est l’INCa (www.e-cancer.fr) complexe et longue en raison de la grande diversité des *Projections de l'incidence et de la mortalité par cancer altérations possibles et de la grande taille des deux gènes en France en 2010. Avril 2010. Hospices civils de BRCA1 ou BRCA2 : les altérations sont réparties tout le long du gène Lyon/Institut de veille sanitaire/Institut national du cancer/Francim/Inserm. et sont très souvent différentes d’une famille à l’autre. Plus de 2 000 mutations différentes des gènes BRCA1 et 2 sont connues à ce jour » précise Claude Houdayer, maître de conférence à la Faculté de Pharmacie-Université Paris Descartes et généticien à l’Institut Curie. Le service de Génétique oncologique de l’Institut Curie vient de démontrer les avantages d’une nouvelle méthode de détection de ces altérations : la technique EMMA (Enhanced Mismatch Mutation Analysis®). Contacts presse : Institut Curie Catherine Goupillon-Senghor Tél. 01 56 24 55 23 [email protected] Bien adaptée à la recherche de mutations inconnues sur des gènes multiples ou de grande taille, cette méthode, inventée par les équipes de Jean-Louis Viovy1 et de Dominique Stoppa-Lyonnet à l’Institut Curie, est désormais commercialisée par la société Fluigent2. Cette technique a été utilisée pour rechercher la présence de prédisposition chez 1 525 patientes atteintes de cancer. Elle permet de repérer aussi bien les mutations ponctuelles ou de petite taille3 que les mutations de grande taille4. Il s’agit de la plus grande série d’analyse des altérations des gènes BRCA1 et 2 jamais publiée à ce jour en Europe. « Tout d’abord, nous avons démontré que la technique EMMA était aussi fiable que celle que nous utilisions jusqu’à présent en routine (une technique de DHPLC) » explique Claude Houdayer. « La technique a permis de détecter une altération qui avait échappé à la stratégie de séquençage direct proposée par Myriad Genetics » ajoute Dominique Stoppa-Lyonnet. Avec EMMA, 7 jours de travail d'un technicien sont nécessaires pour une analyse génétique complète chez 30 femmes, soit 4 fois moins qu’avec la technique actuelle. De plus, les coûts de l’analyse sont réduits de moitié. En résumé, une solution très efficace pour les laboratoires de génétique comme celui de l’Institut Curie à Paris qui a réalisé 700 recherches de mutations en 2010. Les analyses génétiques occupent une place de plus en plus importante en cancérologie que ce soit pour le diagnostic, le pronostic et les décisions thérapeutiques. La mise au point de nouvelles techniques d’analyse du matériel génétique est donc essentielle pour pouvoir relever les nouveaux défis de la cancérologie. 10 ans après les débuts de « l’affaire Myriad Genetics », l’Institut Curie met à nouveau en évidence une mutation non identifiée par la firme américaine En 2001, le service de Génétique oncologique de l’Institut Curie, dirigé par Dominique Stoppa-Lyonnet, mettait en évidence dans une famille américaine une altération de BRCA1 non détectable par les techniques industrielles de séquençage de Myriad Genetics. Cette publication du Journal of Medical Genetics de juin 2001 marquait le début d’une procédure d’opposition aux 3 brevets détenus par Myriad Genetics, auprès de l’Office Européen des Brevets. Procédure qui devait durer plus de 7 ans. Les opposants français et européens contestaient le monopole imposé par les trop larges revendications de la firme américaine. Les enjeux : éviter l’envoi obligatoire des échantillons d’ADN dans l’usine à test de Myriad Genetics, permettre aux laboratoires français et européens de continuer à réaliser les tests, limiter les coûts, améliorer les techniques d’analyse — pour notamment pallier le manque de fiabilité des méthodes industrielles—, continuer la recherche sur les facteurs génétiques de prédisposition et sur la modulation du risque chez les individus… Mission accomplie… même si l’Office Européen des Brevets a, en appel, accordé à Myriad Genetics certaines revendications rejetées en premiers recours. Myriad Genetics ne peut plus exercer un monopole sur ces tests génétiques, monopole qui constituait « une menace pour notre conception de la santé publique » comme l’indiquait Dominique Stoppa-Lyonnet en novembre 2008. Dossier complet « Opposition Myriad Genetics » sur www.curie.fr - espace presse Référence EMMA, a cost- and time-effective diagnostic method for simultaneous detection of point mutations and largescale genomic rearrangements: application to BRCA1 and BRCA in 1,525 patients. V. Caux-Moncoutier,1 L. Castéra,1 C. Tirapo,1 D. Michaux,1 MA. Rémon,1 A. Laugé,1 E. Rouleau,2 A. De Pauw,1 B. Buecher,1 M. Gauthier-Villars,1 JL. Viovy,3 D. Stoppa-Lyonnet,1,4,5 C. Houdayer1,5* 1 Service de Génétique Oncologique, Institut Curie, Paris, 2 Laboratoire d’Oncogénétique, Institut Curie, Saint-Cloud, 3 Laboratoire PhysicochimieCurie, Institut Curie, Paris, 4 INSERM U830, Pathologie Moléculaire des Cancers, Institut Curie, Paris, 5 Université Paris Descartes, Paris Human Mutation, publication en ligne Equipe « Macromolécules et Microsystèmes en Biologie et en Médecine »/unité « PhysicoChimie Curie » - Institut Curie/CNRS UMR168/UPMC 2 Cette méthode a été industrialisée et validée dans le cadre du pôle de compétitivité d’Ile-de-France, Medicen, avec le soutien de la Ville de Paris, de la Région Ile-de-France et du FUI sous la coordination de la société Fluigent (Pépinière Paris-Santé-Cochin) qui en assure aujourd'hui la commercialisation. 3 Substitution, délétion ou insertion de quelques nucléotides, les constituants élémentaires de l’ADN (A, T, C et G) 4 Délétion ou insertion de plusieurs centaines de nucléotides 1 Contacts presse : Institut Curie Catherine Goupillon-Senghor Tél. 01 56 24 55 23 [email protected]