Prophylaxie de la malaria
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Prophylaxie de la malaria
LES pages bleues Prophylaxie de la malaria Le paludisme, aussi appelé « malaria », est la plus importante maladie parasitaire au monde, la transmission étant présente dans 106 pays. Trois milliards de personnes vivent en zone impaludée et, en 2010, on a dénombré 216 millions d’infections et 655 000 décès. La malaria a été éradiquée aux États-Unis, au Canada, en Europe et en Russie, mais elle a récemment connu une recrudescence dans les pays tropicaux et a démontré une résistance aux médicaments. Elle demeure donc un problème majeur dans les pays tropicaux, une menace pour les pays non endémiques et un danger pour les voyageurs. La prophylaxie contre le paludisme est essentielle pour les voyageurs exposés, et ceux-ci doivent être bien informés que la prévention repose sur la prise de médicaments antipaludéens et sur la protection contre les moustiques. Épidémiologie P. falciparum, P. vivax, P. ovale, P. malariæ et P. knowlesi1. Les quatre premières espèces causent la plupart des infections chez les humains3. Presque tous les décès sont attribuables à P. falciparum1-4. P. knowlesi affecte principalement les primates, mais des infections chez des humains ont été rapportées, surtout en Malaisie5. Le parasite du paludisme est transmis par la piqûre de moustiques anophèles femelles. Celles-ci piquent surtout entre le coucher et le lever du soleil 2. L’infection débute lorsque le moustique pique l’hôte humain et injecte des sporozoïtes dans le sang. Ces formes motiles microscopiques du parasite sont rapidement transportées dans le foie, où débute une période de reproduction asexuelle. Un seul sporozoïte peut produire de 10 000 à plus de 30 000 mérozoïtes. La cellule hépatique engorgée éclate et Étiologie libère les mérozoïtes dans la circulation sanLa malaria est une infection causée par cinq guine. Ceux-ci attaquent alors les globules rouespèces de protozoaires de type Plasmodium : ges, où ils se multiplient 6 à 20 fois (formant des Le paludisme est une maladie courante et potentiellement mortelle dans de nombreuses zones tropicales et subtropicales. En 2010, 81 % des cas sont survenus en Afrique, 13 % en Asie du Sud-Est et 5 % dans les régions est de la Méditerranée1. Chaque année, de nombreux voyageurs venant de zones ou pays non à risque sont infectés par le paludisme lorsqu’ils se rendent dans des pays et zones à risque de transmission. On évalue que 10 000 voyageurs tombent malades après leur retour dans leur pays d’origine; le nombre exact pourrait être considérablement plus élevé compte tenu d’une sousnotification des cas2. Au Canada, 350 à 1000 cas de malaria et un ou deux décès sont répertoriés annuellement, mais 30 % à 50 % des cas ne seraient pas déclarés3. Texte rédigé par Thanh-Thao Ngo, B. Pharm., M.Sc., Pharmacie Daniel Mongrain, Montréal, et Frédérick Dugas, B. Pharm. et baccalauréat en biochimie, Pharmacie Daniel Mongrain, Montréal. Texte original soumis le 30 décembre 2011. Texte final remis le 15 avril 2012. Révision : Benoît Labarre, B. Pharm., ministère de la Défense nationale, et Stéphanie Biron, B. Pharm. Tableau I Efficacité comparative des insectifuges disponibles au Canada Principe actif Formulations Marques commerciales Durée d’efficacité Notes DEET < 10 %Vaporisateur, atomiseur, Skintastic (OFF!), 1 à 3 heuresEnfants de 6 mois à 2 ans : gel, lotionCutter application quotidienne Enfants 2 à 12 ans : max. 3 fois par jour DEET 10 %-30 %Vaporisateur, aérosol, Watkins lotion insectifuge, 4 à 6 heuresEffet plafonne à des concentrations lotion, bâtonWatkins Great outdoors, de 30 % à 35 % Cutter Backwoods, Cutter Backyards, Muskol, Deep Woods (OFF!) Huile de citronnelleVaporisateur, lotion,Natrapel, Buzz Away, 20 à 30 minutesPas indiqué pour la protection 5 % à 15 % huile, tampon imbibé Druide, Citrobug contre le paludisme Huile d’eucalyptus LotionOFF! protection familiale 2 à 5 heuresRaisonnablement efficace contre les à odeur de citronnelle eucalyptus lotion, moustiques porteurs de paludisme, 10 % à 30 % OFF! Botanicals donc solution de deuxième ligne si (p-menthane-3,8-diol) l’utilisation du DEET est impossible Pas recommandé pour les enfants < 3 ans Huile de soya 2 % Huile Blocker répulsif 1 à 4 heuresEfficacité équivalente à DEET 5 % à 10 % pour insectesPeut être utilisé à tout âge Aucune étude scientifique n’a encore évalué son efficacité contre les moustiques porteurs de paludisme www.professionsante.ca juin 2012 vol. 59 n° 3 Québec Pharmacie 21 LES pages bleues trophozoïtes d’abord, puis des schizontes) toutes les 48 heures pour P. falciparum, P. vivax et P. ovale et toutes les 72 heures pour P. malariæ5. Quand la concentration atteint environ 50 parasites par μl de sang, les manifestations cliniques de la maladie apparaissent 3. Chez P. vivax et P. ovale, une forme du parasite ne se divise pas et reste dormante pendant une période de trois semaines à cinq ans; cette forme quiescente (hypnozoïtes) cause les rechutes caractéristiques des infections de ces deux espèces3,5,6. puis de la fatigue extrême et le sommeil4,5. Ces paroxysmes peuvent durer plusieurs heures (période coïncidant avec la rupture des érythrocytes libérant les mérozoïtes) et alterner avec des périodes asymptomatiques5. P. ovale, P. vivax et P. malariæ peuvent causer des symptômes importants, mais mettent rarement en danger la vie des personnes infectées. La présentation clinique d’une infection par P. falciparum peut sembler bénigne au départ (fièvre, frissons, toux, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales), mais elle peut être fatale si elle n’est pas traitée dans les 24 heures suivant le début des symptômes; elle peut vite Cas – 1re partie progresser vers une défaillance des organes Lisette M., 31 ans, originaire de la République (insuffisance rénale aiguë, œdème, convuldominicaine, a immigré au Canada à l’âge de sions, collapsus cardiovasculaire) conduisant trois ans. Elle se présente à votre pharmacie au coma et à la mort2,4,5. L’agressivité de cette avec une ordonnance de MalaroneMD, 1 co die x forme de paludisme est attribuée aux tropho15 jours. Elle vous explique qu’elle part dans son zoïtes et schizontes de cette espèce, capables de pays natal dans six semaines. Pendant la prese séquestrer dans la microvasculature veimière semaine, elle visitera de la famille dans neuse profonde, permettant ainsi un taux de un village proche de La Vega, puis elle retrouréplication parasitaire plus rapide et une denvera son copain dans un hôtel de type toutsité parasitaire plus élevée5. Quand une infecinclus à Puerto Plata pour une autre semaine. tion à P. falciparum est diagnostiquée rapideElle vous demande s’il est vraiment nécessaire ment et traitée adéquatement, le taux de de prendre un médicament pour prévenir la mortalité est d’environ 0,1 %. Toutefois, quand malaria, car sa mère lui a dit qu’elle était immules organes vitaux sont atteints, le risque de nisée à vie. mortalité augmente rapidement4. La plupart des infections et des décès attribuables au paludisme sont évitables. L’inobservance de la Présentation clinique et pronostic chimioprophylaxie, un traitement prophylactiLe paludisme est une maladie fébrile aiguë dont que inapproprié, un recours aux soins médila période d’incubation est d’au moins sept caux retardé et un mauvais diagnostic constijours. Les premiers symptômes sont souvent tuent les causes principales de décès4. non spécifiques; un malaise général, des céphalées, de la fatigue, de l’inconfort abdominal et Diagnostic des douleurs musculaires peuvent précéder la Si un patient souffre de fièvre moins de sept fièvre4,5. Une attaque de paludisme classique (ou jours suivant son arrivée dans une zone endéparoxysme), suggérant un paludisme à P. ovale mique, le diagnostic de paludisme peut être ou à P. vivax, se caractérise par des frissons et de exclu2,5. Généralement, un tel diagnostic doit la raideur, suivis par une fièvre qui peut attein- être soupçonné chez tout patient qui a séjourné dre 40 °C, entraînant une sudation excessive, dans une zone endémique trois mois avant Tableau II Chimioprophylaxie antipaludéenne appropriée selon la sensibilité de P. falciparum P. falciparum Prophylaxie de premier choix Options de rechange Sensible à la chloroquineChloroquine ou hydroxychloroquineAtovaquone/proguanil Méfloquine Doxycycline Résistance à la chloroquineAtovaquone/proguanilPrimaquine Méfloquine Doxycycline Résistance à la chloroquine Atovaquone/proguanil et à la méfloquine Doxycycline Ø* * Aucune donnée n’appuie l’utilisation de la primaquine en prophylaxie primaire contre P. falciparum résistant à la chloroquine et à la méfloquine. 22 Québec Pharmacie vol. 59 n° 3 juin 2012 l’apparition de la fièvre ou de tout autre symptôme suggestif de malaria 3-5. Cependant, même au-delà de cette période, la présence de P. falciparum doit être envisagée, des cas d’infection retardée ou recrudescente ayant été rapportés chez des patients ayant pris une chimioprophylaxie résistante2,5. Une infection latente à la suite de la réactivation des hypnozoïtes de P. vivax ou de P. ovale se produit généralement dans les trois ans suivant l’infection, rarement au-delà de cinq ans. Ainsi, toute personne qui présente de la fièvre inexpliquée durant cette période doit consulter un médecin sur-le-champ et l’informer d’une exposition possible à l’infection. Des cas de récurrence des symptômes de P. malariæ ont été rapportés plusieurs dizaines d’années après l’infection initiale5. Lorsqu’on soupçonne un cas de paludisme, il est urgent d’établir un diagnostic, et ce, dans un délai maximal de 24 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Une anamnèse rigoureuse et des renseignements sur les voyages effectués doivent être obtenus. Les analyses de laboratoire de routine (p. ex., formule sanguine complète et biochimie) ne sont pas spécifiques à la malaria, mais peuvent venir appuyer le diagnostic final 5. Le diagnostic nécessite des analyses de laboratoire fiables puisque le tableau clinique est non spécifique. Un frottis sanguin (étalement mince et goutte épaisse) doit être analysé par microscopie avec coloration de Giemsa par un laboratoire expérimenté et fiable2,3,5. Certains laboratoires utilisent la solution de Wright, mais cette méthode pourrait ne pas pouvoir déterminer certaines caractéristiques du parasite permettant une identification fiable de l’espèce en cause1. La densité parasitaire est associée à la gravité de la maladie. Si le résultat du frottis sanguin est négatif, il est recommandé d’effectuer un ou deux autres frottis à 12 à 24 heures d’intervalle pour confirmer3. Il existe des tests rapides sur bandelette pour diagnostiquer le paludisme. Théoriquement, ces tests permettraient l’autotraitement des voyageurs se trouvant dans des régions isolées et n’ayant pas accès à des laboratoires offrant des examens microscopiques. Toutefois, des études de l’OMS ont démontré que les voyageurs ne sont pas adéquatement formés pour utiliser et interpréter les résultats, et qu’il risque d’y avoir ainsi un nombre élevé de faux négatifs2,3. De plus, l’utilisation de ces tests est limitée, la chaleur et l’humidité extrêmes pouvant les dégrader et les rendre moins sensibles 3. Ils ne devraient donc pas être utilisés comme principal outil diagnostique. La malaria est une maladie à déclaration obligatoire dans toutes les provinces et tous les territoires canadiens. Prophylaxie de la malaria Résolution du cas – 1re partie Vous faites une recherche rapide sur le site des Centers for Disease Control and prevention (www.nc.cdc.gov/travel/) et vous constatez que la malaria est présente dans ce pays et dans toutes les régions (incluant les stations balnéaires), sauf dans les villes de Santiago et Santo Domingo. Vous confirmez également que l’atovaquone/proguanil est un bon choix pour cette région. Vous expliquez à Lisette que l’immunité à la malaria se perd six mois après le départ d’une région endémique et qu’elle a donc besoin de se protéger adéquatement contre cette maladie, car elle est très commune et potentiellement grave. De plus, vous lui dites qu’elle aura besoin d’un plus long traitement pour la protéger durant son séjour dans la station balnéaire. Vous prenez donc contact avec son médecin pour que l’ordonnance mentionne plutôt du Malarone, 1 co die x 22 jours, à débuter un jour avant le départ et à continuer pendant sept jours suivant le retour. Lors de la remise de son ordonnance, vous expliquez à la jeune femme comment prendre le médicament, insistez sur l’importance de la durée du traitement et lui rappelez que le médicament ne pourra pas la protéger complètement de la malaria. Vous lui présentez donc les mesures nécessaires pour prévenir les piqûres de moustique. Vous lui rappelez également de consulter un médecin si elle présente de la fièvre durant les trois mois suivant son retour et de lui préciser qu’elle a visité une région endémique. Prévention Évaluation du risque Plusieurs facteurs doivent être considérés pour évaluer le risque de contracter la malaria. Tout d’abord, ce risque est extrêmement variable d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre dans un même pays2. La figure 1 représente la répartition géographique des zones de transmission de la malaria en 2010, selon l’OMS. Les zones endémiques et les résistances locales du parasite sont mises à jour par l’OMS, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains et l’International Association for Medical Assistance to Travellers (IAMAT). L’information publiée par ces organismes fait autorité en la matière et est mise à la disposition des cliniciens pour faciliter leur prise de décision. Les sites Internet de l’OMS et du CDC offrent des cartes interactives renseignant les voyageurs sur le risque de paludisme dans les différentes régions du monde et donnant les recommandations nécessaires quant à à la chimioprophylaxie7,8. Généralement, dans de nombreux pays à risque, la malaria ne se transmet pas dans les grandes villes, mais ce n’est pas nécessairement le cas dans les banlieues ni dans les principales villes d’Afrique et d’Inde. Plusieurs régions touristiques d’Asie du Sud-Est, des Caraïbes et d’Amérique latine ne présentent pas de risque de malaria2. Outre la région visitée, d’autres facteurs sont à prendre en considération pour évaluer le risque du voyageur2,5 : ■ l’altitude : le risque est habituellement moindre à une altitude supérieure à 1500 mètres, mais dans certaines conditions climatiques, le risque peut être présent jusqu’à 3000 mètres. ■ la saison : le risque est plus élevé à la fin de la saison des pluies ou peu de temps après. ■ le type d’hébergement (p. ex., il y a plus de risques en camping que lors d’un séjour dans un hôtel avec air climatisé). ■ la durée et le type du séjour (p. ex., un voyage d’affaires de courte durée présente moins de risques qu’un séjour d’aventure de trois mois). ■ l’observance des mesures préventives : notamment, les immigrants qui retournent dans leur pays d’origine sont considérés comme à haut risque d’être infectés puisque, souvent, ils ne prennent aucun traitement prophylactique, se croyant encore immunisés contre la maladie. En fait, les personnes précédemment immunes perdent toute ou une partie de leur immunité si elles sont restées au moins six mois dans des pays ou zones sans risque. ■ l’état général du voyageur : les enfants et les patients avec une immunité altérée (femmes enceintes, individus séropositifs et aspléniques) sont plus à risque de manifester de graves symptômes d’infection par P. falciparum. Les taux de décès grimpent alors jusqu’à 20 %. Mesures non pharmacologiques La première ligne de défense contre le paludisme est la protection individuelle contre les piqûres de moustiques infectés, soit entre le coucher et le lever du soleil2,3,5. Ainsi, il est recommandé de Figure 1 Carte des zones impaludées Pays ou territoires où il existe une transmission palustre Pays ou territoires où le risque de transmission palustre est limité La présente carte est destinée à servir de support visuel et ne prétend pas fournir des informations exactes sur l’endémicité du paludisme. Source : OMS 2011 www.professionsante.ca juin 2012 vol. 59 n° 3 Québec Pharmacie 23 LES pages bleues réduire la durée des séjours dans les régions à ris- d’enfants de moins de six mois chez qui les que et d’éviter les activités à l’extérieur à compter insectifuges ne sont pas conseillés. Les moustidu crépuscule jusqu’avant l’aube. ques peuvent toutefois piquer si la peau est appuyée contre la moustiquaire ou si le moustiBarrières physiques que est plus petit que la largeur des mailles. Le port de vêtements longs et de couleur pâle est Ainsi, il faut s’assurer que la moustiquaire est à privilégier pour prévenir les piqûres. Les man- résistante et que ses mailles font moins de 1,5 ches doivent être déroulées, les boutons et les mm. Avant de s’en servir, il faut vérifier qu’elle fermoirs fermés, et le chandail entré dans le n’est pas déchirée et qu’il n’y a aucun moustique pantalon. Le bas des pantalons devrait être à l’intérieur. Il existe des moustiquaires spéciainséré dans les chaussettes, souliers ou bottes. lement conçues pour les hamacs, les petits lits et Les vêtements clairs protègent non seulement les lits de bébé9,10. des moustiques, mais permettent de les voir plus Barrières chimiques facilement9,10. Dormir sous une moustiquaire est aussi un Il existe deux types de barrières chimiques pour moyen éprouvé pour prévenir les piqûres. Elle prévenir les piqûres. Les insectifuges sont des est particulièrement appropriée dans le cas substances qu’on applique sur la peau exposée ou sur les vêtements. Ils éloignent les insectes sans les tuer. Le tableau I dresse les caractéristiques des principaux insectifuges disponibles au Canada9. Quant aux insecticides, ils tuent les moustiques au contact. Un agent peut être à la fois insectifuge et insecticide9,10. Le DEET (N,N-diéthyl 3-méthyl-benzamide ou N,N-diéthyl-m-toluamide) est l’insectifuge de choix. Sa durée de protection est proportionnelle à la concentration, qui plafonne à 30 % ou 35 %. Il existe des formulations à effet prolongé qui offrent une protection plus longue avec une absorption moindre, mais elles ne sont pas disponibles au Canada9,10. Le DEET à concentration de 30 % peut être utilisé chez les enfants de 12 ans et plus et les adultes, et doit être appliqué toutes les trois ou quatre heures. L’application peut être plus Tableau III Caractéristiques des divers antipaludéens Médicament Posologie Effets indésirables Grossesse Contre-indications Observation et restrictions Chloroquine 300 mg base 1 fois Goût amerSans dangerC.I. si psoriasisPrendre avec nourriture par semaine à débuterCéphalée généralisé ou Hydroxychloroquine 7-14 jours avant l’arrivée Nausée antécédentsPeut causer un prurit et poursuivre 28 jours de convulsions non allergique après le retourPrudence si antécé dents psychiatriques Atovaquone/proguanil 250 mg/100 mg DIE à Nausées, vomissements,C.I. au 1er trimestreC.I. 1er trimestrePrendre avec nourriture débuter 48 à 24 h avant douleurs abdominales,Supplément d’acide de la grossesse, ou une boisson lactée le départ et poursuivre diarrhées; aphtes folique aux 2e etC.I. insuffisance 7 jours après le retour 3e trimestres rénale sévère (Clcr < 30 ml/min) Méfloquine 250 mg 1 fois par semaine Nausées, diarrhée, Données limitéesC.I. si antécédentsPrudence avec l’alcool à débuter 7 à 21 jours douleurs abdominales, au 1er trimestre de convulsionB,Prendre avec nourriture A avant l’arrivée et étourdissements,Sans danger auC.I. si antécédents poursuivre 28 jours changements d’humeur, 2e et 3e trimestres psychiatriques après le retour céphalées, insomnie, majeursC rêves anormaux Doxycycline 100 mg DIE à débuter Nausées, diarrhée,C.I. à partir deC.I. en grossesse àNe pas s’étendre 30 min 24 h avant l’arrivée et risque de candidose la 16e sem. partir de la 16e sem. après la priseD poursuivre 28 jours vaginale augmenté, et chez les enfants Déplacer les suppléments après le retour photosensibilité de moins de 8 ans; de calcium, fer, zinc, C.I. relative en antiacides ou bismuth allaitement; 2 h après Ne pas coadministrer avec vaccin vivant PrimaquineProphylaxie primaire : Nausées, douleursC.I. chaqueC.I. si déficiencePrendre avec nourriture 30 mg base DIE abdominales trimestre en G6PDRapporter symptômes à débuter 48 à 24 h C.I. en grossesse d’ictère ou d’urines avant le départ et foncées poursuivre 7 jours Dosage de la G6PD après le retourE nécessaire Prophylaxie terminale : 30 mg base DIE x 14 joursF A) Peut être débuté DIE 3 jours avant l’arrivée; B) Exclut les convulsions fébriles; C) N’inclut pas le TDAH, mais la prudence est recommandée; D) Risque d’ulcération de l’œsophage; E) Lorsque les prophylaxies de première intention contre P. falciparum (chloroquine, méfloquine, atovaquone/proguanil, doxycycline) ne peuvent pas être utilisées, ou comme prophylaxie contre P. vivax et P. ovale; F) Si séjour de plus de 6 mois ou exposition intense à P. vivax ou à P. ovale. 24 Québec Pharmacie vol. 59 n° 3 juin 2012 Prophylaxie de la malaria fréquente si le climat est très chaud et humide ou s’il y a sudation excessive. S’il y a présence de piqûres de moustique avant la fin de l’intervalle de temps, l’agent devrait être appliqué à nouveau. Chez les enfants de 2 à 12 ans, le DEET à concentration maximale de 10 % peut être appliqué jusqu’à trois fois par jour, alors que cette même concentration ne peut être appliquée qu’une fois par jour chez les enfants de 6 mois à 2 ans. Le DEET est généralement déconseillé chez les nourrissons de moins de 6 mois9,10. Certains organismes mondiaux recommandent que ces critères d’utilisation du DEET soient abaissés dans les cas où le risque de malaria est plus élevé que le risque d’effets indésirables9. Il faut éviter d’appliquer le produit sur le visage, notamment les paupières et les lèvres. Également, il ne devrait pas être appliqué sur les régions sensibles du corps, les plis profonds de la peau, les lésions et sur les coups de soleil10. Les mains devront être lavées après chaque utilisation. S’il est appliqué sur les vêtements, il demeure efficace plus longtemps, mais il faut suivre les indications de chaque produit pour ne pas endommager les tissus. Le DEET réduit de 34 % l’efficacité des écrans solaires; les formulations combinant les deux devraient donc être évitées. Quant au mode d’application de chacun des produits, il est diamétralement opposé : l’écran solaire doit être appliqué généreusement et fréquemment, alors que le DEET doit l’être parcimonieusement. Si les deux agents doivent être utilisés, il est recommandé d’appliquer l’écran solaire d’abord, puis de le laisser pénétrer dans la peau pendant 20 minutes avant d’appliquer l’insectifuge à base de DEET9. Le Bayrepel (ou KBR 3023) est un insectifuge synthétique disponible en Europe et dont l’efficacité et la durée de protection sont comparables à celles des produits contenant 15 % à 50 % de DEET. Cet agent n’a pas été homologué au Canada et n’est pas commercialisé aux ÉtatsUnis. Les insectifuges à base de produits naturels, tels que la citronnelle et l’huile de soja, ne sont pas recommandés en première ligne pour prévenir le paludisme. Leur durée d’action est très courte et les données sur leur efficacité contre les vecteurs de transmission du paludisme ne sont pas concluantes9. Les insecticides pyréthrinoïdes (p. ex., perméthrine, deltaméthrine) peuvent chasser les moustiques ou même les tuer directement. Les moustiquaires qui en sont imprégnées sont plus efficaces pour prévenir la malaria et leur utilisation est sans danger pour les femmes enceintes et les enfants. Leur durée d’efficacité varie entre un mois et un an, en fonction du produit utilisé. Les insecticides peuvent également être appliqués sur les vêtements. Ces produits renferment généralement 0,5 % de perméthrine et se vendent sous forme d’atomiseur ou de vaporisateur. Les vêtements imprégnés sont efficaces pour prévenir les piqûres pendant environ deux www.professionsante.ca semaines dans des conditions de lavage normal (soit six lavages à la machine)9. Plusieurs autres mesures « naturelles » sont aussi dites efficaces pour réduire le risque de piqûres. Toutefois, soit les données sont insuffisantes pour appuyer leur utilisation, soit elles ont démontré leur inefficacité. Parmi ces méthodes se trouvent les dispositifs à ultrasons, les bracelets imprégnés d’insectifuges, les dispositifs d’électrocution et l’ingestion de vitamine B1 à haute dose. Mesures pharmacologiques Ce n’est que lorsqu’un voyage présente un risque réel d’exposition au paludisme qu’un traitement prophylactique doit être administré. Le choix du traitement dépendra certainement de la sensibilité de P. falciparum dans la région visitée, mais aussi des contre-indications propres aux différentes prophylaxies et de l’état de santé du voyageur lui-même. Les effets indésirables des prophylaxies sont généralement légers et bien tolérés, mais des réactions plus sérieuses sont aussi possibles. Lorsque prises correctement, elles confèrent une protection de l’ordre de 95 %. Le suivi des mesures non pharmacologiques (MNP) est tout aussi important que l’observance de la prophylaxie. Le tableau II résume les options de traitement prophylactique efficaces selon le type de région visitée. Le tableau III résume les caractéristiques des divers antipaludéens. Chloroquine effets toxiques sur la rétine à partir d’une dose cumulative de 100 g. Cela équivaut à six ans de prophylaxie continue, ce qui est très peu probable avec l’administration hebdomadaire de courte durée. Des effets visuels transitoires mineurs de vision brouillée pourraient se produire initialement et ne devraient pas justifier l’arrêt du traitement. L’administration de chloroquine est à éviter en présence de psoriasis généralisé ou d’antécédents de convulsions2. Cas – 2e partie Lisette M. revient vous voir à la pharmacie un mois plus tard. Elle vient de faire un test de grossesse qui s’est avéré positif. Elle évalue qu’elle est enceinte de cinq semaines d’après la date de ses dernières menstruations. Elle ne peut pas annuler son voyage, mais ne veut pas prendre de médicaments qui pourraient être nocifs pour son bébé. Elle vous demande donc si elle devrait quand même prendre du Malarone. Atovaquone/Proguanil (ATQ/PG) Ce traitement est celui pour lequel on rapporte le moins de résistance à l’heure actuelle. Il s’agit de la prophylaxie de première ligne pour les zones résistantes à la fois à la chloroquine et à la méfloquine. Des cas de résistance sporadiques ont cependant été rapportés en Afrique subsaharienne14-16. L’efficacité de ces deux composants est attribuable à une action synergique encore mal comprise. L’atovaquone inhibe la chaîne de transport d’électrons du parasite, ce qui cause une perte du potentiel mitochondrial et entraîne la mort du parasite. Le proguanil présente une faible activité antipaludique par l’inhibition de la dihydrofolate réductase parasitaire4. C’est le synergisme de cette association qui est responsable du double effet sur les phases hépatique et érythrocytaire du parasite4,14-16. Une dose quotidienne de 250 mg atovaquone et 100 mg proguanil, débutée 48 à 24 heures avant le départ et poursuivie pendant 7 jours après le retour, conférera une protection de 96 % à 100 % contre P. falciparum, ce qui est similaire aux autres prophylaxies17. Le profil d’innocuité est à l’avantage de cette prophylaxie. Les effets indésirables les plus fréquents sont de nature gastro-intestinale : 8 % à 10 % des adultes et des enfants ont rapporté des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales ou de la diarrhée et 5 % à 10 % ont eu une élévation asymptomatique des transaminases et de l’amylase. Les cas d’hépatite, de convulsions et de rash sont rares17. Une grossesse au premier trimestre et une insuffisance rénale inférieure à 30 ml/min sont deux contre-indications à l’usage d’ATQ/PG. Ce produit de synthèse a été utilisé de manière extensive pour la première fois en 1947, entraînant l’apparition de souches P. falciparum résistantes dans la plupart des grandes régions endémiques du globe, à l’exception de l’Afrique du Nord, du Mexique, de certaines régions des Caraïbes, de l’Amérique centrale, du MoyenOrient et de la Chine. Il demeure quand même un antipaludéen de premier recours pour les souches de plasmodiums qui y sont sensibles. La chloroquine agit sur le stade érythrocytaire en interférant avec la digestion de l’hémoglobine, à l’intérieur même de la vacuole du parasite, pour former un métabolite toxique. La dose hebdomadaire de 500 mg (300 mg base) doit être débutée une à deux semaines avant le départ dans la zone endémique et poursuivie quatre semaines après le retour. En cas de départ hâtif, on peut donner 500 mg (300 mg base) en dose de charge, suivis de 300 mg base six heures plus tard12. À l’exception de son goût amer, cette prophylaxie est bien tolérée. La prise avec nourriture réduira les effets de nausées et de céphalées possibles. Parmi les effets indésirables plus rares, différents types d’éruptions cutanées peuvent se produire. Une réaction de prurit, à ne pas confondre avec une réaction allergique, est possible chez tous les individus, Méfloquine mais a davantage été rapportée chez les Noirs13. Cet analogue synthétique de la quinine est largeUne prise quotidienne à long terme aura des ment utilisé en prophylaxie contre les infections à juin 2012 vol. 59 n° 3 Québec Pharmacie 25 LES pages bleues plasmodiums. Comme pour la chloroquine, son action se situe au niveau érythrocytaire et consiste en une inhibition du métabolisme de l’hème dans la vacuole digestive du parasite. Il s’agit d’une prophylaxie efficace contre les populations de P. falciparum résistantes à la chloroquine, mais P. falciparum est aussi devenu résistant à la méfloquine dans certains endroits, où le taux d’échecs au traitement dépasse 50 % (frontières de la ThaïlandeCambodge, Thaïlande-Birmanie, ouest du Cambodge, est de la Birmanie, Viêtnam du Sud, frontières Laos-Birmanie et Birmanie-Chine)18. Une dose de 250 mg une fois par semaine, prise en mangeant, doit être débutée au moins sept jours avant l’arrivée dans la zone endémique et poursuivie quatre semaines après le retour. Si le patient doit se rendre rapidement dans une zone endémique, une dose de charge de 250 mg une fois par jour pendant trois jours est recommandée, suivie de la dose hebdomadaire habituelle. Cette dose de charge permet d’obtenir des niveaux sanguins thérapeutiques en quatre jours, en plus d’évaluer les effets indésirables psychiatriques, puisque ceux-ci sont liés aux concentrations plasmatiques. Autre option, la prise hebdomadaire pourrait également être débutée trois semaines à l’avance pour évaluer la tolérabilité et obtenir des taux sanguins thérapeutiques3-5,19. Ces doses de charge n’ont causé l’arrêt du traitement que dans 2 % à 3 % des cas, et seulement pendant la première semaine3. Étant donné les effets indésirables particuliers de la méfloquine, la tenue de tels essais devrait fortement être encouragée auprès du prescripteur5. Des réactions neuropsychologiques sont rapportées en prophylaxie chez 1/250 à 1/500 utilisateur, le plus souvent des femmes20. Des réactions neuropsychiatriques graves (convulsions, psychose, encéphalopathie) mais réversibles se produiraient chez environ 1 voyageur sur 10 000; un taux similaire est rapporté avec la chloroquine2. L’essai préventif du médicament permettrait d’observer l’apparition d’un prodrome, qui précède souvent les effets psychiatriques plus graves. Le patient devra alors rapporter toute apparition de symptômes d’anxiété, de dépression, de confusion ou d’agitation. Ces effets peuvent aussi être prévenus en divisant la dose hebdomadaire, donc en prenant un demi-comprimé deux fois par semaine. Rappelons que 95 % des utilisateurs n’auront aucun sinon peu d’effets indésirables. Des nausées, des étourdissements, des changements d’humeur, de l’insomnie, des rêves anormaux, de la diarrhée et des céphalées peuvent survenir, mais ces effets sont souvent transitoires et d’intensité légère; le traitement ne sera cessé que dans 1 % à 6 % des cas19. La présence d’antécédents psychiatriques majeurs, de troubles de la conduction cardiaque ainsi que d’antécédents de convulsions sont des contre-indications absolues à la prise de ce traitement. Par ailleurs, les personnes dont les activités 26 Québec Pharmacie vol. 59 n° 3 juin 2012 requièrent une fine coordination ou dont les vertiges peuvent mettre la vie en danger doivent être très prudentes si elles utilisent ce médicament19. Le profil d’innocuité à long terme est en faveur d’une prise en continu chez les voyageurs qui devront résider à long terme dans les zones endémiques. Résolution du cas – 2e partie Vous expliquez à Lisette qu’en étant enceinte, elle est plus à risque de complications à la suite d’une infection palustre et que, si elle ne peut pas reporter ce voyage, elle devra appliquer toutes les mesures possibles pour éviter cette infection. Vous joignez alors son médecin pour changer son ordonnance : chloroquine 500 mg (300 mg base) PO une fois par semaine, à débuter une semaine avant le départ et à continuer pendant quatre semaines au retour, soit 14 comprimés de 250 mg de phosphate de chloroquine. Vous rassurez la jeune femme en lui expliquant que la chloroquine est l’agent de premier choix dans cette situation et que le risque d’effets indésirables est négligeable, comparativement au risque de complications de la malaria. Vous lui rappelez également que le DEET est sécuritaire lors de la grossesse. Doxycycline Cet antibiotique bloque la synthèse protéique du parasite lors de son cycle érythrocytaire. Il présente une efficacité équivalente à l’atovaquone/proguanil pour prévenir le P. falciparum résistant à la chloroquine et à la méfloquine2,21. Le problème d’observance qu’entraîne la prise quotidienne de ce traitement prophylactique est le principal facteur d’échec. Le traitement doit être débuté 24 heures avant l’arrivée dans la zone impaludée et poursuivi 28 jours après le retour. L’absorption des tétracyclines est réduite par la présence de cations, tels que l’aluminium, le bismuth, le calcium, le fer, le magnésium et le zinc; les antiacides et les suppléments qui en contiennent devraient être pris deux heures après la doxycycline22. Les effets indésirables les plus fréquents sont de nature gastro-intestinale, ce qui peut être amélioré par la prise concomitante de nourriture22. De rares cas d’ulcération de l’œsophage ont été rapportés; cet effet peut facilement être prévenu en prenant le comprimé avec des liquides et en évitant de s’étendre 30 minutes après. En plus de cet effet, le voyageur doit être informé des risques accrus de photosensibilisation et de candidose vaginale. La photosensibilisation sera atténuée par l’utilisation appropriée d’un écran solaire avec bloqueur UVA et UVB. Une réserve de traitement antifongique est recommandée pour les longs séjours. La prise de doxycycline ne devrait jamais se faire avec un vaccin vivant atténué (tel que le vaccin contre la typhoïde). Le vaccin inactivé Dukoral MD ne demande aucun changement posologique dans l’administration de doxycycline3. Primaquine La primaquine exerce son effet à différents stades du développement parasitaire. D’abord, son action sur les hypnozoïtes permet de prévenir une éclosion des formes hépatiques quiescentes de P. ovale et P. vivax. Les autres prophylaxies n’empêchent aucunement la formation de ces hypnozoïtes, qui peuvent demeurer latents dans le foie jusqu’à cinq ans suivant une infection. À l’exception d’Haïti et de la République dominicaine, toutes les régions paludiques comportent une souche de P. vivax ou de P. ovale. Un séjour d’environ six mois dans ces zones endémiques ou un séjour qui comporte un risque d’exposition intense à P. vivax ou à P. ovale devrait être suivi d’une prophylaxie terminale à la primaquine (30 mg primaquine base une fois par jour, pendant 14 jours) pendant ou après les deux dernières semaines de la prophylaxie régulière23. C’est l’utilisation principale qu’a connue la primaquine ces 50 dernières années. Cependant, de plus en plus de données semblent indiquer qu’elle serait efficace en prophylaxie primaire contre P. falciparum et P. vivax dans les régions de résistance à la chloroquine24,25. Une dose de 0,5 mg/kg base une fois par jour (dose maximale de 30 mg) pendant 11 à 50 semaines présente une efficacité de 85 % à 93 % contre P. falciparum et P. vivax23. La primaquine devait être poursuivie sept jours après le retour. Aucune étude n’a évalué son efficacité dans les régions résistantes à la méfloquine. Quoique ce ne soit pas une prophylaxie de première ligne, elle s’avère une autre option lorsque les autres régimes ne sont pas appropriés ou contre-indiqués2. Par contre, il est important de mentionner que des isolats de P. vivax avec une diminution de sensibilité ont été documentés dans le Sud-Est asiatique. La primaquine est généralement bien tolérée, à l’exception de possibles nausées et douleurs abdominales pouvant être réduites en mangeant. Par ailleurs, la primaquine présente un risque de méthémoglobinémie et d’anémie hémolytique, et est formellement contre-indiquée chez les individus avec une importante déficience en G6PD. Tout patient qui reçoit ce traitement doit être avisé qu’il doit rapporter à un médecin tout symptôme d’ictère et d’urines foncées26. Observance du traitement Des études cliniques ont rapporté des résultats décevants quant à l’observance de la chimioprophylaxie. Les études effectuées à l’aide de questionnaires postexposition rapportent des taux d’observance aussi faibles que 50 %27-31. À l’inverse, un respect des mesures non pharmacologiques est positivement associé à une observance rigoureuse; seuls 13 % des voyageurs ont eu ces deux comportements29,30. Le biais de mémoire inhérent aux études rétrospectives risque de surestimer l’observance, en plus de la tendance Prophylaxie de la malaria du sujet à vouloir répondre correctement à l’évaluateur. Ce biais a été éliminé dans une étude utilisant un pilulier électronique pour suivre la prise de méfloquine29. L’étude montrait qu’aussi peu que 32 % des voyageurs avaient une observance rigoureuse (ils débutaient au bon moment et prenaient les doses vers la même heure) et que 48 % présentaient une observance acceptable (ils débutaient en retard ou avaient plus ou moins un jour de retard dans leurs prises hebdomadaires). Ces voyageurs avaient tous reçu avant le départ une séance d’information détaillée sur le paludisme et ses symptômes, sur la transmission et les mesures préventives et sur la prophylaxie à la méfloquine. Une autre étude sur la prise de prophylaxie par des médecins généralistes rapportait une observance similaire (46 %)31. Les autres études montrent une meilleure observance chez les groupes informés par rapport aux groupes non informés27,28. Les facteurs de risque de non-adhérence les plus fréquents sont la durée d’exposition (supérieure à quatre semaines), l’âge des voyageurs (inférieur à 40 ans), une fréquence posologique quotidienne ou bi ou tri-hebdomadaire comparativement aux posologies hebdomadaires, et l’établissement d’une association subjective entre un effet indésirable et le traitement antipaludéen32,33. Un déficit d’information avant le départ a aussi été évoqué27. Par ailleurs, bien que la présence d’un effet indésirable soit un risque d’inobservance, deux études n’ont montré aucune différence statistiquement significative entre les groupes adhérent et non adhérent29,30. Comme raisons de l’échec, on rapporte : mauvais traitement, médication en quantité insuffisante, dose sous-thérapeutique et absence de prophylaxie30. Aussi, l’utilisation de la prophylaxie était souvent moindre dans les groupes qui allaient visiter des amis ou de la famille que parmi les touristes27. Le fait d’avoir une faible perception du risque et de l’utilité de la prophylaxie sont prédicateurs d’inobservance, surtout lors d’un traitement d’un état asymptomatique27,34. Le pharmacien peut intervenir sur les barrières liées à l’observance d’abord en s’assurant que le patient comprend bien la maladie et sa transmission, le traitement, ses bénéfices, ses effets indésirables, la posologie prescrite et les MNP appropriées. Ensuite, il devrait évaluer le niveau de perception du danger par le voyageur. Il convient d’insister sur la valeur du traitement, les effets de l’adhésion, et de rectifier les fausses croyances. Plusieurs croient qu’une immunité acquise pendant l’enfance peut persister toute la vie, alors qu’en réalité, ce n’est que pour quelques années. Une troisième intervention, si nécessaire, pourrait évaluer la capacité à suivre le régime. En plus de la mise en pilulier, un changement de prophylaxie pourrait contribuer à substituer un régime quotidien par un régime hebdomadaire d’efficacité et d’innocuité équivalentes. www.professionsante.ca Grossesse Le paludisme chez la femme enceinte accroît le risque de décès maternel, d’avortement spontané, de mortinaissance, de prématurité, d’infection congénitale et de mortalité périnatale4,18,35. L’infection par P. falciparum présente alors un risque trois fois plus élevé d’évoluer vers une forme grave et se compliquera le plus souvent d’hypoglycémie et d’un œdème pulmonaire aigu4,35. La mortalité maternelle grimpe à 50 % pour un paludisme grave, contre 20 % dans la population normale18. Puisqu’aucune prophylaxie n’empêche l’introduction du parasite dans le sang, il est impossible d’obtenir une protection complète, et toute femme enceinte ou qui planifie l’être devra éviter de voyager dans les zones de transmission du paludisme. De plus, les femmes enceintes sont deux à trois fois plus à risque d’être piquées par des moustiques35. Si le voyage ne peut être évité, certains traitements prophylactiques peuvent être administrés selon le trimestre. Aucune précaution quant à l’application de produits à base de DEET n’est indiquée chez la femme enceinte, et ce, pour tous les trimestres36,37. Son utilisation est considérée comme sécuritaire et est recommandée par les lignes directrices18,37. Malgré l’absence d’études sur son usage lors du premier trimestre, des études animales utilisant de hautes doses orales de DEET suggèrent que l’agent est sécuritaire durant cette période. Une étude menée chez des femmes enceintes aux deuxième et troisième trimestres a confirmé que le DEET traverse la barrière placentaire, mais aucune malformation majeure ni impact neurologique n’ont été démontrés à la suite d’une utilisation continue37. Les risques d’effets indésirables cutanés sont négligeables en comparaison du risque de paludisme37. L’application de citronnelle comme insectifuge n’est pas recommandée chez la femme enceinte36. Parmi les agents pharmacologiques, la chloroquine est un choix de premier recours à chacun des trimestres pour les zones sensibles3,38. Dans les zones de résistance, la méfloquine peut être considérée en second lieu, car moins d’études sont disponibles sur le sujet, surtout au premier trimestre. Les données de surveillance portant sur 113 femmes au premier trimestre et sur plus de 1500 femmes aux deuxième et troisième trimestres n’ont pas relevé de hausse de la mortinaissance ni des malformations congénitales aux doses prophylactiques de méfloquine36. Quoique limitées, les données d’innocuité de la méfloquine au premier trimestre sont rassurantes3,4,36. Pour P. falciparum qui résiste à la chloroquine et à la méfloquine, la doxycycline serait la seule prophylaxie possible au premier trimestre, mais ses effets sur la croissance des os et la coloration des dents sont causes de réticence. Cette prophylaxie pourrait quand même être utilisée lorsqu’un déplacement vers ces régions est inévitable. D’abord parce qu’aucune malformation majeure au premier trimestre n’a été observée dans des études de surveillance, ensuite, parce que la période à risque de décoloration des dents débute à la 16e semaine de gestation36. Les données sur l’atovaquone, elles, sont très limitées, mais laissent croire qu’elle serait sécuritaire durant la grossesse. Une étude qui ne comportait que trois femmes au premier trimestre n’a montré aucune hausse du risque de malformations majeures, ce qui est rassurant en cas d’exposition fortuite, mais insuffisant pour suggérer son utilisation17. En l’absence d’autres options, la combinaison ATQ/PG peut être envisagée après le premier trimestre, car les risques de l’infection pour la mère et le fœtus surpassent ceux du traitement38. Un supplément de 4 mg à 5 mg d’acide folique est nécessaire en raison de l’activité antifolique d’un des métabolites du proguanil38. L’allaitement n’est pas une contre-indication à la prise de chloroquine, de méfloquine et d’atovaquone/proguanil. Quant à la doxycycline, la prise à court terme durant l’allaitement n’est pas une contre-indication absolue, car l’absorption par le lait maternel est négligeable3,38. L’allaitement pendant la prise de primaquine est permis seulement si l’enfant ne présente pas de déficience en G6PD. Mentionnons qu’aucune protection n’est transmise à l’enfant par l’allaitement. Le nourrisson doit recevoir sa propre prophylaxie sans modification, malgré l’exposition par l’allaitement. Pédiatrie L’efficacité et l’innocuité des antipaludéens sont moins bien établies chez les enfants que les adultes; cela n’a fait l’objet d’aucune modification du schéma posologique. De plus, très peu de données existent au sujet des nourrissons, car les études les regroupent avec les enfants plus âgés. Il faut cependant faire attention à certains points. Le médicament doit être remis dans la forme la plus acceptable. Puisque les nourrissons sont plus enclins à régurgiter une dose que les enfants plus âgés, le goût et le volume doivent être optimisés. Les parents doivent être informés des techniques d’administration des médicaments. Une quantité excédentaire devrait être remise, en prévention des doses recrachées ou vomies. La dose totale doit être redonnée dans l’heure qui suit en cas de vomissement18. Dans le cas de la méfloquine, seulement la moitié de la dose doit être administrée à nouveau si les vomissements se produisent 30 à 60 minutes après l’administration19. Les antipaludéens peuvent tous être écrasés et dissous dans du lait, de la compote de pomme, du sirop de chocolat ou de la confiture. Autre option, une suspension de 15 mg chloroquine phosphate/ ml peut être préparée dans un véhicule Ora-Sweet SFMD/Ora-PlusMD 1:1. Cette préparation est stable pendant 60 jours à la température ambiante3,39. juin 2012 vol. 59 n° 3 Québec Pharmacie 27 LES pages bleues Par contre, le goût amer de la chloroquine risque de déplaire aux enfants. Les instructions concernant la dose à administrer doivent donc être très claires, étant donné la gravité d’une intoxication aiguë. Enfin, l’utilisation de doxycycline est interdite jusqu’à l’âge de huit ans. Vaccination Un premier vaccin contre la malaria est en cours d’élaboration et pourrait être administré dès 2015. Le vaccin RTS,S/AS01 cible une protéine présente à la surface des sporozoïtes, ce qui diminue l’infestation au foie. Les résultats préliminai- res d’une étude de phase III portant sur plus de 15 000 enfants (âgés de 6 à 12 semaines et de 5 à 17 mois) montrent que le vaccin offre une protection de 55 % pendant 12 mois40. La protection est partielle, car le vaccin cible les sporozoïtes, et non les mérozoïtes du cycle érythrocytaire. Ainsi, l’efficacité de la protection risque d’être affectée par l’intensité de la transmission41. De plus, on ne connaît pas la persistance de l’efficacité dans le temps ni le coût du vaccin. Enfin, l’étude n’a pu montrer une baisse de la mortalité, et de rares réactions indésirables graves (méningite, convulsions) ont été rapportées. Conclusion La malaria est une maladie prévalente grave. Les voyageurs qui comptent visiter les régions endémiques doivent être au courant des risques d’infection et comprendre l’importance de l’application des mesures préventives pharmacologiques et non pharmacologiques. Outre une bonne connaissance des médicaments destinés à prévenir la malaria et des risques de résistance, le pharmacien doit régulièrement réitérer au patient l’importance des traitements et diriger les voyageurs vers les ressources appropriées au besoin. ■ Voir références à la page 52 Questions de formation continue 5) Lequel de ces énoncés est vrai ? A. La malaria est la maladie virale la plus répandue dans le monde. B. P. falciparum est l’espèce la plus mortelle. C. Les espèces P. ovale et P. malariæ sont responsables de rechutes puisqu’elles peuvent rester dormantes pendant trois semaines à un an. D. Tous les voyageurs devraient avoir avec eux des tests rapides sur bandelette pour poser un diagnostic de paludisme, car ils sont faciles à utiliser et efficaces. E. Les symptômes de malaria sont spécifiques et le diagnostic est facile à poser à la suite d’une anamnèse rigoureuse et d’examens de laboratoire de routine. 6) Concernant la prévention du paludisme, lequel de ces énoncés est vrai ? A. Une personne née dans une région à risque de paludisme, mais qui l’a quittée, n’a pas besoin de prophylaxie lorsqu’elle y retourne. B. La première ligne de défense contre le paludisme est la protection individuelle contre les piqûres de moustique infectées, soit entre le lever et le coucher du soleil. C. Les formulations de DEET à 10 % peuvent être appliquées toutes les trois ou quatre heures chez les enfants de 2 à 12 ans. D. L’utilisation d’une moustiquaire est particulièrement appropriée chez les enfants de moins de 6 mois. E. Si un écran solaire doit être appliqué en même temps qu’un agent contenant du DEET, ce dernier doit être appliqué en premier. 28 Québec Pharmacie vol. 59 n° 3 juin 2012 7) Lequel de ces énoncés est faux ? A. Pour les départs de dernière minute, la chloroquine et la méfloquine peuvent être prises en posologie d’urgence : chloroquine : 500 mg (300 mg base) stat, puis 300 mg base six heures plus tard – méfloquine : 250 mg die x 3 jours. B. Toute fièvre inexpliquée, non accompagnée de symptômes de rhume ou de grippe et survenant au cours des trois mois suivant le retour d’une zone paludéenne doit faire l’objet d’une consultation médicale. C. Le voyageur qui aurait subi une exposition intense à P. falciparum est un candidat à la prophylaxie terminale par la primaquine 30 mg DIE pendant 14 jours. D. Une prophylaxie prise correctement apporte une protection avoisinant 95 %, mais l’utilisation d’un insectifuge demeure nécessaire. E. Il est recommandé de prendre l’atovaquone/proguanil avec des préparations lactées. 8) Lequel de ces énoncés est vrai ? A. La méfloquine est un traitement prophylactique qui peut être administré à chaque trimestre de la grossesse, lors d’un voyage à la frontière entre le Cambodge, la Birmanie et la Thaïlande. B. L’utilisation d’insectifuges comme le DEET ou la citronnelle chez la femme enceinte doit être respectée, car cette dernière présente un risque plus élevé d’être piquée par les moustiques. C. La primaquine est une option prophylactique appropriée au premier trimestre chez les femmes sans déficience en G6PD. D. La doxycycline est un traitement prophylactique qui peut être administré au premier trimestre de la grossesse contre P. falciparum résistant à la méfloquine. E. L’atovaquone/proguanil pris aux deuxième et troisième trimestres est une option de premier recours à condition qu’un supplément de 5 mg d’acide folique soit administré. 9) Lequel de ces énoncés est vrai ? A. La primaquine est une option de deuxième recours en prophylaxie pour les régions où P. falciparum est résistant à la méfloquine. B. Un vaccin contre la malaria sera disponible dès 2015 et conférera une protection et une diminution de 55 % de la mortalité. C. La dose hebdomadaire de méfloquine peut être divisée en deux prises afin de minimiser les risques de réactions neuropsychologiques chez les patients ayant des antécédents psychiatriques mais chez qui la méfloquine n’est pas contre-indiquée. D. La méfloquine peut précipiter un épisode de psoriasis et est contreindiquée chez les patients atteints de cette maladie. E. Le vaccin oral Dukoral doit être pris deux heures après la doxycycline, sans quoi l’antibiotique risque d’inactiver le vaccin. Veuillez répondre en ligne. Voir page 78. LES pages bleues Suite de la page 28 Références 1. World Health Organisation. World Malaria : Report 2011. [En ligne. Site visité le 10 avril 2012.] www.who.int/malaria/world_mala riareport_2011/9789241564403_eng.p 2. Organisation mondiale de la santé. Chapitre 7. Paludisme. Dans : Voyages internationaux et santé. OMS. Genève : Éditions de l’OMS, 2011 : 156-80. 3. Agence de santé publique du Canada. Recommandations canadiennes pour la prévention et le traitement du paludisme (malaria) chez les voyageurs internationaux 2009. RMTC 2008; 34S3 : 1-49. 4. White NJ, Breman J, Osler W. Chapter 210. Malaria. Dans : Longo DL, Fauci AS, Kasper DL, Hauser SL, Jameson J, Loscalzo J., Harrison’s principles of internal medicine, 18th ed. New York: McGraw-Hill. [En ligne. 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