June 2011 - Enar Webzine
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Le racisme et l’inclusion sociale dans le sport Novembre 2011 Editorial par Sarah Isal, Trésorière d’ENAR J’ai le grand plaisir de vous inviter à découvrir ce nouveau numéro du webzine ENARgy consacré au racisme et à l’inclusion sociale dans le sport. Il commence par offrir un aperçu sur l’exclusion, le racisme et la discrimination structurelle dans le sport et par expliquer la politique européenne en matière de sport. D’autres articles présentent les mesures prises par des associations de fans pour répondre au racisme dans le football et la manière dont les médias traitent de ces questions. Dans ce numéro figure également une analyse du potentiel du sport en matière d’inclusion sociale, ainsi que des exemples d’initiatives aux niveaux local et européen pour promouvoir l’accès au sport pour les minorités ethniques et l’inclusion sociale des minorités par le biais du sport. Le sport peut potentiellement être un moyen extrêmement efficace de promouvoir l’inclusion sociale des minorités ethniques et religieuses en Europe. Il a le pouvoir de rassembler des personnes de différentes nationalités, cultures et origines dans un jeu commun, où chacun participe de manière égale. C’est également un lieu de rencontre, encourageant ainsi l’intégration au niveau local. Néanmoins, les rapports annuels d’ENAR sur le racisme en Europe ont rendu compte à de nombreuses reprises d’incidents et de violences racistes lors d’événements sportifs, le football étant le plus visible mais en aucun cas le seul sport touché par de tels incidents. Il est essentiel de sensibiliser aux problématiques du racisme et de la discrimination structurelle dans le sport - c’est en effet un domaine qui ne reçoit pas l’attention qu’il mérite, à l’exception du football. Même dans le cas de ce dernier, où l’existence du racisme a été largement reconnue, cela n’a malheureusement pas empêché des cas récents d’insultes racistes par des joueurs de haut niveau pendant les matches de première division en Grande Bretagne, mettant ainsi en lumière l’importance d’actions visant à combattre le racisme par des institutions telles que l’UEFA et la FIFA. Dans d’autres sports, l’existence du racisme n’est même pas reconnue, et encore moins traitée. L’on devrait dès lors encourager les fédérations sportives autres que footballistiques à suivre l’exemple de l’UEFA. Un phénomène moins visible mais en aucun cas moins important est celui de la discrimination structurelle, qui continue à être répandue tous les organes de gouvernance du sport. Les minorités ethniques sont surtout visibles en tant que joueurs dans le monde du sport, mais sont rarement représentées à des niveaux plus institutionnels tels que dans les organes de gouvernance et les fédérations, ou même au niveau des arbitres ou coachs. En outre, le manque de données sur le racisme et les discriminations dans le sport reste un problème majeur. Il est urgent d’avoir un meilleur aperçu de la situation afin de développer des réponses adéquates. Il faut des mesures spécifiques pour s’assurer une meilleure surveillance et collecte de données des incidents racistes et discriminatoires dans tous les sports, ainsi que de l’inclusion et de la représentation de minorités ethniques et de migrants dans le sport, à tous les niveaux. Quant à l’inclusion sociale par le biais du sport, il est vital que les minorités ethniques et religieuses aient accès aux activités et infrastructures sportives afin d’atteindre cet objectif. Il faut également répondre à un certain nombre de défis. Un financement adéquat de telles activités est nécessaire, et en lien avec cela, les autorités locales, régionales et nationales doivent accorder une priorité et des ressources suffisantes à cette question. Des actions de sensibilisation doivent être organisées dans les fédérations et clubs sportifs, et aussi parmi les minorités ethniques elles-mêmes afin qu’elles puissent s’engager dans des activités sportives. Les formations à la diversité et la communication sont également cruciales pour répondre aux peurs et aux préjugés et pour garantir une sensibilité culturelle (par exemple par rapport à la question du voile). Enfin, il est important de souligner que le sport peut être un vecteur puissant de rassemblement, en particulier de jeunes d’origines diverses, et peut ainsi améliorer la cohésion sociale et communautaire. L’Union européenne a désormais des compétences dans le domaine du sport, et un des engagements pris à cet égard consiste à promouvoir l’inclusion sociale de groups désavantagés, et en parallèle, à combattre le racisme et l’intolérance dans le sport. Cette nouvelle responsabilité peut mener à de réels changements sur le terrain si des mesures adéquates sont prises pour répondre aux défis et opportunités mentionnés ci-dessus. Le sport pour tous, tous pour le sport ? Par John Kellock, Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) Cet article donne un aperçu des situations d’exclusion, de racisme et de discrimination structurelle dans le sport et présente certains des résultats et recommandations clés de l’étude récente de la FRA sur « Le racisme, la discrimination ethnique et l’exclusion des migrants et des minorités dans le sport : la situation au sein de l’Union européenne ». Le sport a pendant longtemps été associé à des valeurs et des idéaux d’équité et de participation. Les images positives du sport traduisent une éthique du "sport pour tous", englobant la diversité sous ses multiples formes. Le sport est très souvent perçu non seulement dans son contexte spécifique de compétition mais également par rapport aux rôles qu’il joue à des niveaux multiples dans la société, la santé et l’éducation. Le sport - en particulier le football et l’athlétisme - peut mobiliser un public pouvant atteindre un milliard de personnes lors de ses plus grandes manifestations et des millions de personnes de tous âges et d’origines diverses, amenant ce public à prendre part au sport de façon régulière au niveau local en Europe. Il s’agit de ces endroits où commence pour chacun d’entre nous la grande aventure de la participation sportive et de l’amour du sport. Le sport est donc important et ce qui se passe dans le monde sportif peut avoir un impact important, déterminant et modifiant nos comportements et nos attitudes. Il y a longtemps déjà que cet impact a été reconnu au niveau européen. Aujourd’hui, nous sommes témoins d’une action croissante menée aux niveaux national comme européen pour utiliser le sport dans l’optique des avantages plus larges qu’il peut apporter à la société et à l’éducation de la jeunesse. Mais dans quelle mesure cette action accrue a-t-elle eu un effet sur le sport en général ? Le sport remplit-il pleinement son rôle dans la société ? Reflète-il les changements plus vastes que connaissent les lois et les comportements à l’égard de questions telles que le racisme, les discriminations, la diversité et l’inclusion ? Traditionnellement, son impact a été difficile à évaluer mais des éléments anecdotiques n’ont cessé d’envoyer de puissants signaux d’alarme alors que de nombreux observateurs sont témoins d’incidents homophobes et racistes lors de manifestations sportives à différents niveaux. Des inquiétudes se sont manifestées quant à l’image quasi exclusivement masculine et blanche du sport à chaque niveau d’administration sportive en Europe, en dépit du fait que les minorités et les femmes participent activement au sport et représentent conjointement une composante majeure des personnes qui participent au sport. Il y a aussi le manque d’informations sur ce qui se passe réellement sur les terrains de jeu et l’opacité dans les organes de gouvernance du sport à divers niveaux. Si le sport doit être inclusif et englober tout le monde, comme nous le souhaitons tous, le terme "tous" devrait se refléter non seulement dans la participation au sport mais également dans ses structures de gouvernance. Il ne s’agit pas simplement d’être "politiquement correct", comme certains peuvent le dire, pour exiger cela, nonobstant la question plus large de l’équité et de l’égalité. Il s’agit également de reconnaître que la diversité et l’inclusion aboutissent à une plus grande compréhension des divers défis que comporte le sport et qu’elles peuvent engendrer plus d’innovation dans les façons de relever ces défis. L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a récemment commandé une étude intitulée “Le racisme, la discrimination ethnique et l’exclusion des migrants et des minorités dans le sport : la situation au sein de l’Union européenne” afin d’examiner bon nombre de ces facteurs dans l’espoir d’obtenir plus d’informations sur la situation, de sensibiliser aussi aux résultats de l’étude et d’encourager la collecte de données sur la situation. L’information contenue dans cette étude donne un aperçu des questions structurelles qui peuvent exister en ce qui concerne le sport, en particulier lorsqu’il s’agit de combattre le racisme et les discriminations, ainsi que la représentation des femmes et des minorités aux postes d’administration et de gouvernance dans le sport. L’étude a également identifié les organisations sportives qui ont relevé de manière proactive le défi de prendre le parti de la diversité et de l’inclusion et de combattre le racisme et les discriminations dans le cadre des pouvoirs qui leur sont conférés au niveau sportif. L’image est, dès lors, fluctuante et évolutive et autorise un certain optimisme. Néanmoins, des lacunes subsistent encore au sein de l’Europe lorsqu’il s’agit de lutter contre le racisme et la discrimination ethnique dans le sport. Dans bon nombre de pays et de sports, selon notre étude, le problème n’est ni suffisamment reconnu ni efficacement traité. L’étude a examiné différents niveaux de la pratique sportive dans les Etats membres, allant des sports professionnels et sports amateurs organisés aux activités sportives locales pour les hommes, les femmes et les enfants. Le rapport comprend une vue d’ensemble des principaux acteurs au sein de l’UE et des mesures prises à la fois au niveau national et au niveau européen en la matière. Deux sports - le football et l’athlétisme - ont été examinés dans chaque Etat membre ; un troisième sport, différent pour chaque Etat membre selon sa popularité nationale, a également été examiné. L’Agence a constaté que presque toutes les organisations cadres internationales qui régissent les sports ont prévu, dans leurs statuts ou documents similaires, des paragraphes relatifs à la lutte contre le racisme ou les discriminations. La plupart de ces dispositions ne s’accompagnent cependant pas de mesures disciplinaires détaillées qui permettraient de réaliser leur mise en œuvre. Les organisations de football et de cricket constituent des exceptions positives à cet égard. Le football a traditionnellement été rongé par le racisme, par les agressions homophobes et les stéréotypes liés au genre. L’étude de l’Agence a constaté que seuls 10 Etats membres de l’UE disposaient de systèmes mis en place pour surveiller l’incidence du racisme dans les sports. La plupart des données disponibles sur les incidents racistes concernent le football professionnel masculin. Cependant, des incidents racistes graves et fréquents ont également été observés dans le football amateur masculin. Dans le football, des actes de racisme, d’antisémitisme et d’antitsiganisme ont été identifiés dans l’ensemble de l’Europe. En Allemagne et en Italie, des experts en la matière ont observé une tendance des "extrémistes racistes et xénophobes à s’écarter des ligues de football professionnel pour se diriger plutôt vers les ligues de football amateur". Il n’existait pas de données disponibles pour l’athlétisme et les différents sports examinés dans le contexte national de chaque Etat membre, à l’exception du basket-ball. Dans le basket-ball, plusieurs incidents racistes ont été enregistrés dans l’ensemble de l’Europe. Dans le cas du football, les supporters ont été signalés comme étant les principaux auteurs de tels faits, qu’il s’agisse du football amateur ou professionnel. Des incidents racistes ont également été recensés parmi les joueurs, en particulier dans le football amateur ; cependant, l’on a généralement tendance à ignorer les incidents qui touchent les sports amateurs. Ce qui s’est avéré encore plus inquiétant, c’est la mention d’arbitres et d’officiels de club impliqués dans des incidents racistes. Un nombre alarmant et considérable d’incidents racistes et afférents dans le football des jeunes et des enfants a été recensé. Aucune donnée n’était disponible pour ce qui concerne le sport féminin, amateur comme professionnel. Tout ceci pour démontrer que les structures d’administration et de gouvernance actuellement en place doivent examiner comment traiter plus efficacement ces problèmes et si des barrières structurelles s’opposent à toute action efficace en cette matière. Des mesures positives ont donc été prises par la FIFA et, à l’échelle européenne, par l’Union des associations européennes de football (l’UEFA) en matière de lutte contre le racisme et la discrimination ethnique dans le football. Les activités de l’UEFA peuvent être considérées comme un exemple de bonne pratique. Des initiatives telles que le Réseau européen de supporters de football (FSE), le réseau antiraciste Football contre le racisme en Europe (FARE) et le travail de la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels (FIFPro) nous donnent d’autres exemples de bonnes pratiques appliquées à l’échelle européenne. De quelles façons les autorités nationales ont-elles traité ces questions ? Dans la plupart des Etats membres, les sanctions pénales générales contre le racisme prévues par la loi s’appliquent également au sport. Certains Etats membres ont introduit des dispositions spécifiques pour le sport dans leur législation. Dans dix Etats membres, les organismes nationaux pour l’égalité de traitement et les Institutions nationales des droits de l’homme sont actives dans des cas d’incidents à caractère raciste dans le sport. Parmi les organes de gouvernance du sport, les fédérations de football, en particulier, possèdent dans leurs statuts des clauses ou des dispositions antiracistes ainsi que des réglementations disciplinaires. Deux tiers des fédérations européennes de football pénalisent les incidents racistes. Cependant, le nombre d’incidents sanctionnés était incroyablement faible (allant de un à plus de quinze incidents) au cours de la période de référence 2003-2008. D’autre part, seules deux fédérations d’athlétisme traitent explicitement de la question du racisme ou de l’intolérance qui y est liée dans leurs statuts ou réglementations. La majorité de ces réglementations sont centrées sur les agressions et comportements racistes des spectateurs. Seules quelques fédérations sportives ont élaboré des stratégies portant sur la façon de traiter des questions plus structurelles telles que, par exemple, la sous-représentation des minorités ethniques et des femmes au sein de leurs organes directeurs. Cette situation peut s’expliquer par un manque de sensibilisation à ces questions. Le nombre de fédérations nationales d’athlétisme qui, dans les Etats membres, font directement allusion à la lutte contre la discrimination (au sens large) dans leurs statuts ou d’autres documents est limité (cinq sur vingt-sept). En ce qui concerne le troisième sport examiné dans chaque Etat membre, les résultats prouvent qu’une proportion plus élevée de fédérations incluent des clauses relatives à l’antidiscrimination ou à l’antiracisme dans leurs documents officiels (treize sur vingt-sept). Cependant, ni les fédérations d’athlétisme ni celles des autres sports examinés dans chaque Etat membre ne disposent de réglementations contraignantes traitant la question des obstacles à une participation équitable aux sports. « Le sport joue un rôle important dans la vie de bon nombre d’entre nous mais, pour que ce rôle puisse être plus efficace et plus représentatif de chacun, son administration et sa gouvernance exigent une plus grande diversité et une inclusion plus importante. » Que peut-on y faire ? L’étude identifie que des mesures devraient être prises afin de renforcer la sensibilisation à ce problème et d’améliorer la diversité. C’est ainsi que l’on pourrait, par exemple, mettre en œuvre des activités de sensibilisation ciblées en étroite coopération avec les organes de gouvernance, les fédérations et les clubs de sport. De telles activités pourraient comprendre, par exemple, la promotion de programmes de diversité afin d’encourager la participation des migrants et des minorités ethniques, y compris la suppression des barrières à l’accès aux positions dirigeantes. Une attention toute particulière devrait être accordée aux initiatives qui visent à développer la participation aux sports des jeunes filles et des femmes issues d’une minorité ethnique. L’étude identifie également un besoin de suivi efficace. Les autorités nationales et locales pourraient développer un contrôle efficace des incidents racistes et des faits de discrimination dans le sport, en étroite collaboration avec les fédérations sportives, en vue d’améliorer l’enregistrement des incidents et de faciliter aussi le dépôt de plaintes individuelles. Une occasion de maximaliser le rôle des organismes nationaux d’égalité de traitement s’offre aux instances nationales et aux organismes mêmes. Il pourrait s’agir notamment de développer des activités de sensibilisation, d’offrir un soutien aux victimes potentielles et, lorsque c’est permis, de participer à des actions judiciaires intentées contre les auteurs d’actes discriminatoires. Ces organismes pourraient également aider les fédérations et les clubs sportifs à offrir un soutien aux victimes potentielles et à faire connaître les implications juridiques de la discrimination. La Décision-cadre du Conseil de l’UE en matière de lutte contre certaines formes et expressions de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal représente un instrument juridique important qui pourrait effectivement être utilisé pour combattre le racisme dans les manifestations sportives. Les organes de gouvernance sportifs doivent élaborer et mettre en œuvre des réglementations de lutte contre le racisme et des mesures d’égalité efficaces. Un soutien supplémentaire pourrait être apporté, par exemple, par la Commission européenne, laquelle pourrait jouer aussi un rôle important dans la coordination de l’échange de bonnes pratiques entre Etats membres. Le sport joue un rôle important dans la vie de bon nombre d’entre nous mais, pour que ce rôle puisse être plus efficace et plus représentatif de chacun, son administration et sa gouvernance exigent une plus grande diversité et une inclusion plus importante. La diversité et l’inclusion sont fondamentales à l’évolution de la société, tant pour sa capacité à se renouveler de façon progressiste que pour relever les défis communs liés au racisme et aux discriminations. La diversité et l’inclusion sont des valeurs fondamentales pour le sport. Ce n’est que quand ces concepts seront mis en œuvre avec succès et uniquement à ce moment que le sport sera ouvert à tous et que nous pourrons tous nous adonner au sport. Le rôle de l’UE dans le sport et l’inclusion sociale des migrants Par Bart Ooijen, Responsable politique, Unité Sport, DG Education et Culture, Commission européenne Depuis l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, le sport a désormais également une dimension européenne. Cet article présente le rôle de l’UE dans le sport à travers les années et en particulier les dernières propositions qui sont sur la table dans ce domaine, et se focalise surtout sur le rôle du sport dans la promotion de l’inclusion sociale des groupes désavantagés. Le nouveau Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, mieux connu sous le nom de Traité de Lisbonne, a permis d’inclure la dimension européenne du sport dans l’agenda de l’UE. L’orientation exacte que devrait développer cette dimension et les éléments sur lesquels elle devrait se centrer ont fait l’objet de discussions le 18 janvier 2011, lorsque le Collège des Commissaires a adopté sa première Communication sur le développement du sport en Europe. Cette Communication s’appuie sur le Livre blanc sur le sport de 2007 et est le fruit d’une consultation menée auprès des Etats membres de l’UE et des parties prenantes dans le domaine du sport. Elle présente les idées de la Commission sur la coopération à l’échelle de l’UE dans le domaine du sport au cours des prochaines années. La Commission propose des mesures visant à renforcer la dimension sociétale, économique et organisationnelle du sport. Au cœur même de cette Communication se trouve un agenda européen pour le sport comportant des actions dans des domaines où la valeur ajoutée de l’UE peut être clairement démontrée et qui complètent les actions des Etats membres. L’un des engagements consiste à promouvoir l’inclusion sociale des groupes défavorisés et, liée à cela, la lutte contre la violence et l’intolérance dans le sport. Pour ceux qui suivent l’implication de l’UE dans le sport, cet engagement n’a rien de surprenant. Même avant l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, les questions liées au sport ont joué un certain rôle dans bon nombre de domaines pour lesquels l’UE possède une compétence directe, notamment ceux qui ont trait à l’inclusion sociale, à l’antidiscrimination et au multiculturalisme. L’importance sociale du sport et sa contribution au dialogue interculturel avaient déjà été reconnues dans la Déclaration d’Amsterdam (1997), laquelle "souligne l’importance sociale du sport et en particulier son rôle de ferment de l’identité et de trait d’union entre les hommes". Dans la Déclaration de Nice (2000), les Etats membres ont renforcé encore cette approche en soulignant que "Le sport est une activité humaine qui repose sur des valeurs sociales éducatives et culturelles essentielles. Il est un facteur d’insertion, de participation à la vie sociale, de tolérance, d’acceptation des différences et de respect des règles." La discussion portant sur le rôle du sport dans le domaine de l’inclusion sociale (des migrants) n’a pas disparu de l’agenda politique des Etats membres après l’adoption de la Déclaration de Nice. Elle a suscité une nouvelle attention dans le cadre de l’Année européenne 2004 de l’éducation par le sport, au travers d’un certain nombre de projets menés aux niveaux national et européen. L’étude indépendante du PMP sur le sport et le multiculturalisme, financée par la Commission européenne, faisait partie de ces projets : elle a évalué les façons dont le sport a été utilisé à plusieurs niveaux afin de réduire les tensions interculturelles dans les 25 Etats membres que comptait alors l’UE et a présenté quelques bonnes pratiques en la matière. L’étude a présenté des recommandations qui visaient une utilisation accrue du sport en vue de promouvoir le dialogue interculturel et qui portaient sur des questions relatives aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. L’étude a été discutée lors d’une réunion informelle des ministres des Sports à Liverpool en 2005 mais n’a pas reçu ultérieurement de suivi spécifique au niveau européen. Cependant, dans sa Communication de 2005 intitulée "Un agenda commun pour l’intégration - Un cadre pour l’intégration des ressortissants de pays tiers dans l’Union européenne", la Commission européenne souligne que l’interaction fréquente entre les immigrés et les citoyens des Etats membres est un mécanisme fondamental de l’intégration. Le Livre blanc sur le sport de 2007 s’appuie sur ce type de raisonnement et déclare : "Le sport est le vecteur d’un sentiment commun d’appartenance et de participation et il peut donc également être un instrument important d’intégration des immigrés. C’est dans ce contexte que la mise à disposition d’espaces réservés au sport et le soutien aux activités liées au sport sont essentiels pour permettre aux immigrés et à la société d’accueil d’interagir positivement." Dans le cadre de l’Année européenne 2008 du dialogue interculturel, le sport faisait partie de certains programmes nationaux des Etats membres. Les organisations sportives n’ont malheureusement pas été fortement impliquées dans les programmes, à l’exception de l’UEFA, du réseau FARE et de l’ISCA. Cependant, la présidence slovène de l’UE a pris l’initiative de la Déclaration conjointe des ministres des Sports de l’UE et des Comités olympiques nationaux sur la signification sociale et sur le dialogue dans le sport. Cette déclaration a mis l’accent sur la conviction des Etats membres et du mouvement olympique du rôle positif que peut jouer le sport dans l’inclusion sociale, la cohésion et le dialogue interculturel et elle reconnaît "l’importance sociale des organisations sportives en tant que partie intégrante de la société civile réunissant des individus de toutes origines confondues, de la base au sommet du milieu sportif". Le Livre blanc et la ratification prévue du Traité de Lisbonne ont permis le soutien d’initiatives émanant d’organisations sportives dans ce domaine au travers de programmes de l’UE. On peut citer pour exemples de ces projets transnationaux : "Mettre fin au racisme dans le sport, les écoles et la société" (Programme d’apprentissage tout au long de la vie) ; "Débouter le racisme et la violence" (Programme Jeunes en action) ; "Oui au sport - non aux drogues, à la violence et au racisme" et "Sport et diversité culturelle" (Programme Europe pour les citoyens) ; et Football pour l’égalité (Programme des droits de l’homme et de la citoyenneté). Suite à l’adoption de la Décision-cadre de l’UE sur la lutte contre le racisme et la xénophobie (en 2007), les Etats membres adaptent leur législation, y compris la législation liée au sport, pour faire en sorte que le racisme et la xénophobie soient punissables par des sanctions pénales efficaces, proportionnelles et dissuasives. L’Agence des droits fondamentaux (FRA) de l’Union européenne a mené une recherche sur le racisme, la discrimination et l’exclusion dans le sport, centrée sur « Les Etats membres de l’UE et le Parlement différents sports et niveaux de européen ont déjà exprimé leur approbation pratique. Les résultats nous montrent quant à ces priorités. Sous la présidence belge qu’en dépit de progrès significatifs de l’UE en 2010, les ministres des Sports de l’UE accomplis dans le passé, le sport ont reconnu le rôle du sport en tant que source continue à devoir faire face à un certain nombre de défis liés au racisme et moteur d’inclusion sociale active. Cependant, et à la discrimination ethnique. Les il dépendra de ces mêmes parties prenantes de effets du racisme et de la convenir d’une approche plus structurelle et discrimination ethnique affectent le plus durable. » sport au niveau professionnel ainsi qu’au niveau amateur. Le racisme est devenu plus courant dans le sport amateur et même dans le sport des jeunes. Il implique des comportements racistes et d’autres attitudes discriminatoires telles que l’antisémitisme, l’islamophobie et l’homophobie. En outre, le Parlement européen a pris l’initiative d’actions préparatoires dans le domaine du sport et a défini notamment pour priorité l’inclusion sociale des migrants dans le sport en 2010 et la lutte contre la violence et l’intolérance en 2011. Il a modifié le budget de l’UE afin de soutenir neuf projets européens dans ce domaine, notamment le projet ENGSO, dont ENAR est partenaire. Pour le développement d’actions futures et de bonnes pratiques, des évaluations de projets, y compris de ceux qui entrent dans le cadre des Actions préparatoires 2010 et 2011, ainsi que des études et recherches pourraient s’avérer utiles. Actuellement, le soutien d’initiatives dans le domaine du sport en est encore au stade de projets pilotes. Il existe de bonnes raisons d’entreprendre des actions futures : le racisme et la discrimination ethnique demeurent un problème majeur dans la société. Malheureusement, les événements sportifs continuent d’être marqués par des comportements racistes et intolérants. D’autre part, il importe aussi de pouvoir démontrer que la pratique du sport peut également constituer un excellent outil de lutte contre le racisme, comme le font le réseau FARE et des organisations telles que l’UEFA. Les Etats membres de l’UE et le Parlement européen ont déjà exprimé leur approbation quant à ces priorités. Sous la présidence belge de l’UE en 2010, les ministres des Sports de l’UE ont reconnu le rôle du sport en tant que source et moteur d’inclusion sociale active. Cependant, il dépendra de ces mêmes parties prenantes de convenir d’une approche plus structurelle et plus durable, comme l’a proposé le Collège des Commissaires le 28 juin 2011, comme composante du prochain Cadre financier pluriannuel de l’Union européenne pour 2014 - 2020. La proposition de la Commission inclut pour la première fois un budget destiné au sport dans le cadre d’un programme d’éducation. Un tel sous-programme permettra de soutenir concrètement les actions nécessaires à plus long terme, conjointement à la tenue d’un dialogue structuré avec le mouvement sportif. Les renseignements plus détaillés sur ce programme sont attendus pour la fin de l’année 2011. Sport et inclusion sociale : Un cadre théorique Par Tamas Doczi, Professeur assistant en sociologie à l’Université de Semmelweis, Faculté d’éducation physique et de sciences sportives, Budapest, Hongrie Bien que le sport soit considéré comme l’un des soussystèmes sociaux les plus ouverts, il ne fait aucun doute que les discriminations et les inégalités d’accès continuent de poser des difficultés en ce domaine. Néanmoins, au cours de ces dernières décennies, le sport a été de plus en plus reconnu comme un outil important d’inclusion sociale de groupes marginalisés, parmi lesquels les migrants et les minorités. Cette situation reflète une perception mitigée du sport et de son potentiel à contribuer à l’inclusion sociale, se caractérisant par une vision confiante, d’une part, et une vision plus sceptique, de l’autre. Ceux qui travaillent dans le "monde du sport" partagent une vision plus optimiste alors que les décideurs politiques attendent l’obtention de preuves pour souligner la "valeur ajoutée du sport". Cette situation donne pour tâche aux analystes et chercheurs d’examiner et de clarifier sous quelles conditions le sport peut servir de véhicule de l’intégration sociale. Lorsque l’on cherche des exemples positifs en ce domaine, le discours public évoque souvent l’apparition d’athlètes afro-américains dans les ligues professionnelles à partir des années 60 et la diversité des équipes nationales de football en Europe Occidentale. Bien que ces exemples illustrent clairement que le sport peut offrir des opportunités aux personnes issues de groupes minoritaires, il faut bien reconnaître que le phénomène concerne des centaines, au mieux des milliers d’athlètes professionnels. Si l’on considère les organes de gouvernance du football ou des sports autres que le football, on peut constater que cette diversité ethnique se reflète beaucoup moins (Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne de 2010). De même, lorsqu’il s’agit de la participation dans le concept du "Sport pour Tous", les jeunes, et particulièrement les adultes, issus d’une minorité restent à la traîne par rapport à leurs homologues de la majorité. Plusieurs documents politiques à l’échelle européenne font état des fonctions sociales positives du sport. C’est ainsi, par exemple, que la Déclaration d’Istanbul du Conseil de l’Europe (2004) déclare que "Le sport peut permettre de développer des compétences essentielles telles que le respect mutuel, l’esprit d’équipe, l’intégration et la cohésion sociale, qui constituent le « Bien que le sport aie le potentiel de contribuer au sentiment de connectivité sociale, il ne peut pas et ne devrait pas être considéré comme un remède universellement applicable aux problèmes sociaux. » fondement de notre société et, lorsqu’il est adéquatement encouragé et proposé dans de bonnes conditions, peut être une première étape dans l’instauration du dialogue interculturel, en réunissant des nationalités et des cultures différentes dans le cadre d’une activité commune avec des règles communes" (Conseil de l’Europe 2004). Cette idée apparaît également dans le Livre blanc sur le sport (Commission européenne 2007), et dans un certain nombre de documents subséquents de l’Union européenne liés au sport. Dans les "Conclusions du Conseil sur le rôle du sport comme source et moteur d’une inclusion sociale active" (Conseil de l’UE 2010), une différence est établie entre l’inclusion dans le sport, laquelle implique "une combinaison de "sport pour tous", d’égalité d’accès au sport, d’égalité des chances dans le sport et de diverses possibilités de pratiquer un sport en fonction de la demande et d’installations sportives," et l’inclusion sociale par le sport, qui implique "une participation inclusive dans la société, un développement communautaire et une cohésion sociale renforcée". Les fonctions instrumentales du sport, dans lesquelles les avantages proclamés de nature sociale, de santé ou d’éducation s’ajoutent à la seule participation sportive, ont été récemment étiquetées "sport plus" (Coalter 2007). Avant de s’attarder sur certains des facteurs et des obstacles relatifs à l’inclusion sociale au sein/au travers du sport, il convient de définir le terme de "capital social" dans le contexte du sport. Le capital social constitue "les réseaux, les normes et la confiance sociale qui facilitent la coordination et la coopération en vue d’un bénéfice mutuel" (Putnam 1995, p. 66). Le capital social peut se subdiviser en concepts d’attachement et d’accointances (Putnam 2000), où le premier concept se réfère aux liens étroits qui existent "au sein du groupe" entre des personnes issues de milieux semblables et où le second désigne des relations "entre groupes" de personnes qui connaissent des situations sociales différentes. En termes d’inclusion sociale, le capital social d’accointances est censé produire des résultats positifs (par exemple : d’équipes se composant de membres d’origines culturelles, religieuses ou ethniques mélangées). En même temps, la stimulation du capital social d’atttachement (tel que la fondation de clubs séparés pour divers groupes sociaux) est souvent perçue comme indésirable, dans la mesure où les groupes socialement défavorisés peuvent risquer de perdre le contact avec les normes et valeurs traditionnelles de la société (Van Sterkenburg 2011). Outre ces deux concepts, un troisième type de capital social, le capital social instrumental, a également été défini, qui fait référence aux liens avec les organisations qui aident les individus, les personnes ou les communautés à acquérir des ressources (Woolcock 2001), comme l’affiliation à un club sportif. Lorsque l’on discute du rôle du sport dans la promotion de l’inclusion sociale, malgré un discours optimiste dans sa majeure partie, il convient de formuler un certain nombre de remarques critiques. Bien que le sport aie le potentiel de contribuer au sentiment de connectivité sociale, il ne peut pas et ne devrait pas être considéré comme un remède universellement applicable aux problèmes sociaux (Sugden 2010, Van Sterkenburg 2011). La participation sportive en soi n’aboutit pas intrinsèquement aux effets et résultats escomptés. Ceux-ci ne peuvent être atteints que si certaines conditions sont réunies et si des processus efficaces sont mis en place (Coalter 2007). En effet, s’il est vrai qu’il peut être un outil d’intégration, le sport peut également renforcer les inégalités et les différences ethniques. En outre, les interventions fondées sur le sport, même animées des meilleures intentions, ne sont en aucun cas suffisantes pour traiter des questions sociales plus larges telles que le dénuement, la pauvreté ou le racisme (Van Sterkenburg 2011). Plusieurs facteurs produisent les conditions requises pour l’inclusion sociale au sein/au travers du sport dans un pays donné, dans le cas d’un groupe minoritaire donné. Tout d’abord, il faut tenir compte de l’aspect culturel. Il s’agit de savoir si le sport peut être harmonisé avec la culture, les habitudes et les normes du groupe (Verma et Darby 1994) ou, à vrai dire, de savoir "quelle forme de sport peut être harmonisée". Deuxièmement, les facteurs sociaux, tels que les attitudes de la "majorité" à l’égard des groupes de migrants/minorités ou l’ampleur de la ségrégation spatiale et éducative peuvent également avoir un impact en termes d’obstacles à la communication et de barrières physiques. Des circonstances économiques, telles que le volume et les types de ressources financières disponibles pour le sport aux niveaux national, régional, local et individuel revêtent certainement une importance cruciale aussi. Elles touchent à la fois l’offre, c’est-àdire les moyens disponibles, la question de savoir si les stratégies d’inclusion peuvent être traduites en plans d’action, et la demande, c’est-à-dire la question de savoir dans quelle mesure le "public cible" peut, en réalité, se permettre de participer au sport (Földesi 2010). Enfin, il existe certaines caractéristiques afférentes au système sportif proprement dit qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs d’inclusion sociale ou l’entraver. La nature du système sportif national, qu’il soit plus sélectif (en se concentrant sur la compétition sportive, l’excellence sportive et le sport d’élite) ou plus global (en se centrant sur la participation, l’égalité et le "sport pour tous") exerce effectivement une forte influence du fait que la motivation des différents acteurs peut différer en fonction de la nature du système sportif. Le premier système ne s’ouvrira vraisemblablement qu’aux groupes minoritaires pour y rechercher un socle de talents plus large. En lien avec ceci, la situation générale du "Sport pour Tous" dans le pays donné est cruciale en ceci qu’elle traduit fondamentalement dans quelle mesure l’activité sportive fait partie de la réflexion politique et de la culture traditionnelles du pays. Outre ces éléments, le secteur moteur (selon Henry 2009) du système sportif (Etat/entreprises/volontariat) peut également définir à la fois comment des interventions fondées sur le sport visant l’inclusion sociale sont mises en œuvre (sous forme descendante/ascendante) et la motivation des responsables poliques aussi. Le fait que le sport ait été identifié comme force positive pour différents objectifs sociaux n’a rien d’accidentel. Le fait que des avis critiques aient été formulés remettant en question le discours généralement optimiste tenu sur le sport et le fait qu’il existe une demande croissante d’auto-évaluation des programmes existants, peuvent également être sources de progrès quant à l’élaboration de certains principes clés en matière de bonnes pratiques. Il faudrait néanmoins, pour la transférabilité même de ces pratiques, prendre également en considération le contexte créé par les facteurs susmentionnés. Références Coalter, F. (2007) A Wider Social Role for Sport : Who’s Keeping Score ? Londres : Routledge. Conseil de l’Europe (2004) Déclaration d’Istanbul. La contribution du sport au dialogue interculturel. Extrait le 24 octobre 2011. Conseil de l’Union européenne (2010), Conclusions du Conseil sur le rôle du sport comme source et moteur d’une inclusion sociale active. Journal Officiel de l’Union européenne C326, 5-8. Agence des droits fondamentaux de l’UE (2010) Racism, ethnic discrimination and exclusion of migrants and minorities in sport : The situation in the European Union. Rapport sommaire. Commission européenne (2007) Livre blanc sur le sport. Extrait le 24 octobre 2011. Földesi, S.G. (2010) Social Exclusion/Inclusion in the Context of Hungarian Sport. Physical Culture and Sport. Studies and Research, 50, 44-59. Henry, I. (2009) European models of Sport : Governance, Organisational Change and Sports Policy in the EU. Journal of Policy for Physical Education and Sport, 18. 1-22. Levitas, R., Pantazis, C., Fahmy, E., Gordon, D., Lloyd, E. & Patsios, D. (2007) The multi-dimensional analysis of social exclusion. Bristol : Université de Bristol. Putnam, R. D. (1995) “Bowling alone : America’s decline of social capital”. Journal of Democracy, 6 (1) 65–78. Putnam, R. D. (2000) Bowling alone. The collapse and revival of American community. New York : Simon & Schuster. Sugden, J. (2010) Critical left-realism and sport interventions in divided societies. International Review for the Sociology of Sport, 45 (3) 258-272. Van Sterkenburg, J. (2011) The values and limits of sport-based social interventions in post-conflict societies. In Dorokhina, O., Hosta, M. & Van Sterkenburg, J. : Sport in Post-Conflict Societies, 11-17. Verma, G. K. & Darby, D. S. (1994) Winners and Losers : Ethnic minorities in sport and recreation. Brighton : Falmer Press Woolcock, M. (2001) The place of social capital in understanding social and economic outcomes. Extrait le 24 octobre 2011. Lutter contre les discriminations dans le football : la perspective des supporters Par Michal Riecanský, Martin Endemann et Daniela Wurbs, Réseau européen de supporters de football (FSE) Le football est un sport pratiqué sur tous les continents du monde par des personnes de toutes nationalités, toutes convictions, toutes cultures et tous milieux sociaux. La même réalité s’applique aux supporters présents dans les tribunes. Qui que vous soyez, quelle que soit votre provenance, seuls comptent les joueurs, le club et les amis lorsque l’on soutient son équipe. Dès lors, les stades de football et la vie qui gravite autour de ces lieux véhiculent un énorme potentiel de rassemblement. Et ce qui se passe dans les tribunes reflète l’image de la société, de la ville et du pays liés à cet événement, avec tous ses aspects positifs et négatifs. Nous sommes malheureusement nombreux à avoir été les témoins de chants racistes, de banderoles xénophobes et de la présence manifeste de membres de groupements d’extrême droite dans les stades de football. Ces incidents ont fait l’objet d’une médiatisation importante et de vastes discussions mais cela signifie-t-il que les supporters de football ont collectivement tendance à agir de façon raciste ? Bien sûr que non. Le comportement raciste ne concerne bien souvent qu’une minorité de supporters, qui ont parfois un rôle très influent dans des groupes locaux de supporters ou suscitent généralement l’attrait d’une presse à sensation. Mais, si l’on s’accorde certes à dire que les cas de discrimination ou d’abus sont encore trop nombreux, on trouve aussi des supporters de football qui s’opposent ouvertement et activement à toute forme de discrimination. Prendre position - Le rôle des supporters dans la lutte contre le racisme C’est l’augmentation des incidents racistes dans les tribunes de football au cours des années 80 qui a motivé la création d’une culture de supporters antiracistes, représentée par un nombre toujours croissant de supporters dans l’ensemble du continent. Avec l’influence croissante des supporters racistes dans les noyaux de supporters de certains clubs, il était tout à fait naturel de voir d’autres supporters exprimer leur opposition au comportement raciste, que ce soit auprès d’autres supporters ou auprès des responsables officiels du football. Bon nombre de ces groupes et organisations de supporters qui se consacrent à la lutte contre le racisme ont été fondés au début des années 90 et ont tenté d’agir contre les discriminations aux niveaux local ou national. Le plus souvent, ils n’ont pourtant suscité à l’époque qu’un large désintérêt auprès du grand public, des clubs et des associations. En 1999, des supporters et militants actifs du football se sont rencontrés à Vienne afin de discuter de l’augmentation des incidents à caractère raciste lors des matchs en Europe. Cette réunion a abouti à la création du réseau européen "Football Against Racism in Europe" (FARE). FARE s’est développé depuis lors pour devenir le plus grand réseau contre le racisme dans le sport en Europe et a joué un rôle clé dans la lutte contre les discriminations dans le football. Ce sont principalement des membres de la grande famille du football qui ont pris part à ses activités. Il s’agissait notamment d’ONG et d’associations de football. Depuis sa fondation, des centaines de groupes de supporters ont également soutenu les activités de FARE, tout particulièrement au cours des Semaines d’action annuelles de FARE ou lors du festival Mondiali Antirazzisti, la coupe du monde annuelle de lutte contre le racisme en Italie. Au cours de ces dernières années, des groupes de supporters encore plus nombreux ont adopté une position active non seulement contre le racisme mais aussi contre toute forme de discrimination, ce qui constitue la première étape dans la création d’un environnement vraiment ouvert dans le monde du football. Le fait que de plus en plus de supporters partout en Europe osent davantage dénoncer les comportements discriminatoires représente un signe encourageant et témoigne aussi d’une prise de conscience croissante à cet égard dans les sphères des autorités footballistiques. D’autres manifestations de comportements discriminatoires, en particulier sous forme de sexisme et d’homophobie mais également en termes d’accessibilité des stades aux supporters handicapés, sont devenus de plus en plus importants au cours de ces dernières années. Le football est encore souvent considéré comme un sport masculin alors que le football féminin se développe en Europe et que l’on recense un nombre croissant de supporters de football féminins au sein des groupes de supporters. Cependant, les stéréotypes sexistes à l’égard des femmes dans le football sont encore très communs et doivent être combattus. Les supporters féminins de F_in, un réseau de femmes du monde footballistique, par exemple, ont joué un rôle moteur à cet égard. L’homophobie dans le football est construite également autour de ces stéréotypes, favorisant la masculinité hétérosexuelle telle qu’elle est encore assez profondément enracinée dans de nombreuses sociétés. Les déclarations homophobes émanent de diverses parties prenantes du football, depuis les officiels jusqu’aux entraîneurs et aux supporters. Mais comme dans le cas du racisme, on voit de plus en plus aujourd’hui des groupes de supporters, depuis le Royaume-Uni jusqu’en Allemagne en passant par la Croatie, exprimer ouvertement leur position contre l’homophobie. Bon nombre des activités de sensibilisation visant les instances dirigeantes du football en ce domaine se résument au travail de réseaux de supporters tels que le Queer Football Fan Clubs. On peut observer un mouvement d’opposition active contre toutes les formes de discrimination chez un nombre croissant de groupes de supporters. Ce mouvement, né de leur propre initiative, constitue sans aucun doute un signe des plus positifs. Quand des supporters reprennent ces questions à leur propre compte, cela témoigne d’une véritable volonté de changement et d’amélioration de la situation. Ce doit constituer la base de toute lutte contre les discriminations ultérieure car il n’y a rien de plus efficace que la pression exercée par les pairs. Cela dit, il est clair que les discriminations ne sont pas un problème qui se limite au seul monde du football et, plus particulièrement, que les actions des supporters ne représentent pas la seule clé pour résoudre le problème. Un mouvement de supporters contre les discriminations peut et devrait toutefois constituer le fondement d’un mouvement d’antidiscrimination fort dans le football. En outre, le manque d’engagement d’un tel mouvement ou son absence ont été la raison pour laquelle de nombreuses campagnes et de nombreux projets ont échoué par le passé. Les raisons de cette dynamique sont assez simples à identifier : des groupes de supporters, en particulier ceux que l’on appelle les groupes de tifosi ou d’ultras, qui se dressent contre les discriminations peuvent offrir une alternative positive bien visible aux jeunes supporters d’une équipe. Bon nombre d’exemples observés dans toute l’Europe montrent que, dans les clubs où de tels groupes antiracistes peuvent jouer un rôle dominant et ont gagné le respect d’autres groupes dans les tribunes, les incidents discriminatoires sont pratiquement inexistants et l’atmosphère globale y est sensiblement meilleure. Les processus d’autorégulation jouent un rôle très important dans la résolution des problèmes liés au comportement discriminatoire des supporters, plus encore que les lois ou les réglementations imposées par les associations de football. Dans bon nombre de clubs de toute l’Europe, des groupes de supporters antiracistes ont pu réguler leur base de supporters et y marginaliser voire même en expulser la minorité raciste. Même dans les milieux où les groupes de supporters racistes sont encore très influents dans les tribunes, on trouve des supporters qui s’opposent à ces attitudes et comportements discriminatoires. S’ils bénéficient d’assez de soutien et de protection, ils peuvent alors inspirer des supporters d’autres clubs. C’est ce qu’atteste la croissance d’une base de supporters antiracistes en Europe de l’Est, où, au fil des ans, de plus en plus de groupes sont devenus actifs à cet égard et essaient de briser la domination de groupes ouvertement d’extrême droite, notamment en devant résister à d’importantes menaces d’agressions physiques. Le Réseau européen de supporters de football FSE (Football Supporters Europe), officiellement créé en 2009, tente de regrouper tous les supporters qui se sont unis pour s’opposer aux discriminations et rejeter la violence dans les stades. Ces dernières valeurs constituent les principes de base de la FSE et les conditions d’affiliation au réseau. Les membres de la FSE, répartis actuellement dans quelque 38 pays, comprennent donc des groupes tels que F_in ou QFF mais également un grand nombre d’autres groupes de supporters, dont la plupart prônent précisément parmi les supporters les processus d’autorégulation mentionnés ci-dessus. Aux Congrès annuels de supporters européens organisés par la FSE, plusieurs ateliers sont organisés afin d’aborder les différentes questions relatives aux discriminations dans le football, parmi d’autres thèmes traités. De bonnes pratiques sont également partagées par de nombreux supporters actifs au sein de la FSE. En conséquence, les membres de la FSE préparent actuellement une exposition européenne sur les supporters de football féminins et ont, en outre, réussi à promouvoir l’égalité entre les genres de façon visible, en doublant la présence des membres féminins au sein de son comité exécutif, passant, en trois ans d’existence seulement, de deux membres à quatre sur un total de onze membres au comité. La situation ne cesse de s’améliorer - Le rôle des clubs et des autorités de football Depuis les années 80 et 90, de nombreux changements se sont produits et, dans un nombre croissant de pays d’Europe, des groupes de supporters européens opposés aux discriminations tentent de changer l’atmosphère qui règne dans les stades et font pression auprès des clubs et des autorités pour obtenir une prise de position plus claire et un soutien plus ferme vis-à-vis de leur action. Le rôle clé des supporters dans la lutte contre le racisme dans le football a malheureusement été jusqu’à présent trop souvent négligé par les clubs et les associations de football, qui ont généralement tendance à ne considérer les supporters collectivement que comme de simples clients ou comme un risque potentiel pour la sécurité. De notre point de vue et au vu des exemples de meilleures pratiques existantes cependant, il serait du meilleur intérêt des clubs et des associations de football de donner à ces groupes de supporters tout le soutien dont ils ont besoin. A défaut, beaucoup de ces groupes pourraient bien se retrouver isolés et marginalisés au sein de leurs propres clubs, avec le risque de déclencher des mouvements contre-productifs dangereux voire même d’engendrer, parmi les supporters d’extrême droite, le sentiment que le comportement discriminatoire est toléré par leur club. Au cours de la dernière décennie, de plus en plus de clubs, d’associations de football et d’instances dirigeantes l’ont bien compris et ont développé des réglementations, ont lancé des projets et ont soutenu des organisations de base telles que les partenaires de FARE ou des membres du réseau de supporters de la FSE. L’UEFA plus particulièrement coopère avec et soutient l’engagement de FARE depuis longtemps et, plus récemment, de la FSE également. L’UEFA s’est impliquée activement en 2001 lorsqu’elle a signé un accord de coopération officiel avec le réseau FARE. Les premiers résultats majeurs sont apparus en 2002, avec la mise sur pied du Plan d’action en 10 points de l’UEFA visant à combattre le racisme. Ce plan d’action fut suivi d’autres plans, de recommandations et de réglementations adoptés en vue de favoriser la lutte contre le racisme dans le football au niveau européen. En outre, l’UEFA a, depuis lors, coorganisé trois conférences européennes contre le racisme, a mis en œuvre des activités de campagnes lors des compétitions de clubs et intégré dans les deux derniers championnats européens de plus grands projets de campagnes contre le racisme. L’EURO 2012 s’accompagnera aussi d’un programme prônant la diversité, organisé par FARE, d’un programme favorisant l’accessibilité pour les personnes handicapées organisé par nos partenaires de "Café", le « Un mouvement de supporters contre les Centre pour l’accès au football en discriminations peut et devrait constituer le Europe, ainsi que d’un programme fondement d’un mouvement d’antidiscrimination nommé "Fans’ Embassy" fort dans le football. » (Ambassade de supporters) organisé par la FSE, par les supporters pour les supporters, dans toutes les villes d’accueil. Les Ambassades de supporters offrent des services de soutien qui visent à favoriser au niveau international l’hospitalité, à prévenir les conflits et à œuvrer contre les préjugés qui règnent parmi les supporters. Cela dit, alors même que le présent article a pour intention de mettre en lumière les développements positifs qui ont eu lieu et le rôle crucial qu’ont joué et que continuent de jouer les supporters en ce domaine, il apparaît clairement aussi, ce que corroborent de récents incidents survenus, par exemple, lors de la rencontre opposant l’Italie à la Serbie ou à l’occasion d’autres rencontres au niveau local dans toute l’Europe, que le problème des discriminations dans le football est encore loin d’être résolu et que l’on voit encore trop souvent des supporters participer à de tels incidents. Il est donc encore de la responsabilité des clubs, des associations et des supporters, aux niveaux national et local aussi, d’enfin adopter une position claire et ferme contre les discriminations dans le football afin de s’attaquer à ce problème de manière efficace. Cela s’avère particulièrement important dans certains pays où les contributions positives courageuses de supporters se voient encore ignorées par certaines institutions, par les instances dirigeantes du football, ou font même l’objet de menaces émanant d’autres supporters et où leur engagement ne peut trouver pratiquement aucun écho dans les médias. Ce sont pourtant ces mêmes supporters qui sont disposés à être actifs ou sont actifs en s’opposant ouvertement aux discriminations. On en trouve dans tous les clubs. Qu’ils ne soient qu’une poignée ou qu’ils soient plus nombreux, ils ont le potentiel d’être les agents de multiplication les plus puissants de ce qui constitue probablement l’objectif commun le plus crucial pour le football. Le journalisme et le défi du racisme dans le sport Par Yuk Lan Wong, Responsable campagnes et projets, Fédération européenne des journalistes Le sport et les médias se partagent une caractéristique. Ils incarnent tous deux la notion d’équité. Dans le sport, la capacité de réussite d’une personne est déterminée par le talent dont il a hérité à sa naissance indépendamment de sa race ou de son appartenance ethnique. Les médias et journalistes responsables s’efforcent toujours de dire la vérité au travers de reportages honnêtes et précis. Comme pour le sport, le journalisme le meilleur peut rassembler des personnes issues de cultures, appartenances ethniques ou milieux religieux différents et prendre fait et cause pour les valeurs communes partagées dans notre société. Mais, dans un monde où les conflits ethniques, les affrontements raciaux et le terrorisme liés à l’ultranationalisme ont marqué la vie politique, nos valeurs communes peuvent facilement vaciller sous les coups de la propagande politique véhiculée au travers des médias. Ce n’est pas qu’en temps de guerre que les médias doivent faire face au défi de l’intolérance. La violence raciale dans nos communautés, qui se caractérise par des incidents terroristes, l’influence des partis politiques d’extrême droite, une intolérance religieuse répandue, des préjugés et discriminations à l’encontre de groupes minoritaires, sont autant de réalités qui font partie du compte rendu quotidien de l’actualité. Des manifestations sportives de masse telle que les Jeux olympiques peuvent devenir un terrain fertile pour les préjugés raciaux et être utilisées par les partis politiques d’extrême droite pour inculquer des idées populistes et dangereuses, comme ce fut le cas lors des Jeux olympiques dans l’Allemagne nazie en 1936, théâtre de diffusion de convictions antisémites. Plus subtilement, l’on a pu voir comment le racisme était profondément ancré dans la société américaine lorsque les spéculations quant à savoir si Adolf Hitler aurait refusé de serrer la main du médaillé afro-américain Jessie Owen furent exploitées par les médias américains pour projeter une propagande spécifique. Dans de telles circonstances, les médias peuvent devenir une arme d’intolérance pour des journalistes habitués à dispenser une propagande politique. Ce fait met en lumière pourquoi les discriminations dans les médias devrait être éliminée, souligne que le journalisme devrait surveiller de très près les idées populistes et dangereuses qui circulent et montre pourquoi les journalistes devraient être conscients du fait que la discrimination peut être véhiculée par les médias eux-mêmes. « Les initiatives qui visent à fixer des lignes directrices pour les médias, à discuter de cas, à encourager les débats et la discussion parmi les parties prenantes - et non la réglementation représentent autant de voies permettant de contrer les discriminations dans les médias. » Il est regrettable que le racisme soit toujours une réalité, particulièrement dans le sport. Bien que la situation se soit améliorée au fil des ans, le racisme reste un problème récurrent dans le monde sportif. En dépit des campagnes ’Kick it Out’ menées à l’échelle européenne, les chants racistes se font encore entendre dans les stades de football, bien qu’en aucun lieu à des niveaux proches de ceux atteints dans les années 70 et 80, lorsque les joueurs noirs étaient souvent salués par des cris de singe et des jets de bananes. Aujourd’hui, les journalistes sont devenus plus sensibles à cette question et réagissent plus rapidement aux comportements inacceptables. Les insultes à caractère raciste exprimées par l’ancien caddie de Tiger Woods, Steve Williams, ont été rapidement relevées par des journalistes et ont donné lieu à l’engagement d’une action immédiate par l’International Federation of Professional Golf Tour et aux excuses publiques de Williams. Un autre incident rapporté par les médias portant sur une remarque estimée raciste du capitaine de l’équipe de football anglaise, John Terry, a conduit à l’ouverture d’une enquête officielle de l’Association de football et à un plus grand nombre de débats publics sur le racisme dans le sport. Ces incidents montrent que les médias peuvent contribuer à fixer les normes déterminant ce qui est acceptable dans la société et à orienter le débat public dans la bonne direction. A ce jour, bon nombre d’organisations médiatiques et de conseils de presse ont introduit des lignes directrices d’autoréglementation [1] et des codes éthiques relatifs à l’utilisation d’un langage discriminatoire et des dispositions assurant la protection des groupes ethniques et minoritaires. Néanmoins, l’on peut encore entendre, lire et voir des expressions de racisme dans les médias traditionnels. Les commentaires racistes tenus par un présentateur de la télévision britannique, Ron Atkinson, nous en offrent un exemple. En 2004, Atkinson a été accusé de racisme pour avoir émis un commentaire à propos d’un joueur de football noir dans le cadre d’une conversation hors antenne. Bien qu’Atkinson ait été contraint de démissionner, bon nombre de supporters de football et de confrères commentateurs sportifs ont excusé ses propos, parce qu’exprimés "dans le feu de l’action" ou perçus comme un "écart de langage". L’incident a montré combien le racisme était profondément ancré dans le sport. Il n’y a pas que le racisme qui doive être traité. La discrimination fondée sur le sexe représente un autre défi dominant qu’il convient également d’éradiquer des mondes du sport et des médias. Nous avons encore à l’esprit ce scandale du "test du genre" imposé à une athlète féminine âgée de 18 ans, Caster Semenya, au cours des Championnats du monde de 2009, à la suite d’une obsession des médias quant à son genre. Les médias se sont mis à spéculer sur ses "caractéristiques masculines" et sur sa "puissance de course" qui ne correspondaient pas aux représentations stéréotypées et étroites des athlètes féminines. Au début de cette année, les propos sexistes tenus par deux présentateurs de télévision britanniques, Richard Keys et Andy Gray, montrent que le sport est largement représenté sous une perspective masculine. Ils ont été immédiatement limogés après avoir tenu des propos sexistes sur deux arbitres féminins et un membre du comité exécutif de football féminin, contestant leur compétence sur la base de critères fondés sur le sexe. Ceci souligne l’existence d’un discours dominé par la présence masculine dans le sport, où les athlètes féminines sont souvent remises en question. Mais la mesure expéditive prise par le radiodiffuseur a aussi soulevé le problème de savoir s’ils avaient reçu une audition équitable et s’il ne s’agissait pas d’un cas de véritable humour. Ceci démontre clairement la nécessité de plus de professionnalisme, de formations et de lignes directrices claires au niveau rédactionnel pour déterminer ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Le défi que représentent les discriminations dans le sport exige non seulement une culture de changement au sein de l’industrie sportive ; les médias et les journalistes devraient également faire partie de ce changement afin de refléter la diversité et l’égalité dans le sport. Pour ce faire, il faut que ces derniers jouent leur rôle afin de s’assurer que les personnes obtiennent l’information dont ils ont besoin, sans truffer celle-ci de partis pris et de préjugés. Les initiatives qui visent à fixer des lignes directrices pour les médias, à discuter de cas, à encourager les débats et la discussion parmi les parties prenantes - et non la réglementation - représentent autant de voies permettant de contrer les discriminations dans les médias. Bien que les codes éthiques ne puissent résoudre tous les problèmes d’intolérance dans les médias, ils aident les journalistes à prendre leurs responsabilités et les encouragent à agir selon leur conscience. Au fil des ans, la Fédération internationale/européenne des journalistes (FIJ/FEJ) a lancé un grand nombre de campagnes internationales et a travaillé avec les syndicats de journalistes, la société civile, les institutions européennes et les décideurs politiques afin de promouvoir un journalisme éthique. En 2008, l’IFJ/EFJ a lancé un programme phare, l’Initiative de journalisme éthique, afin de promouvoir le journalisme éthique. L’initiative s’appuie sur la conviction qu’un média qui est éthique est généralement capable aussi d’agir avec toute la responsabilité nécessaire dans l’exercice de la liberté d’expression. Dans le cadre de cette initiative, les syndicats de journalistes ont lancé des initiatives visant à promouvoir la diversité et l’égalité dans les médias. L’Union nationale de journalistes du Royaume-Uni et d’Irlande a créé un Conseil de membres noirs (Black Members’ Council) afin de mener campagne pour l’égalité raciale dans le syndicat et sur le lieu de travail et de s’attaquer au racisme dans les médias. Il a récemment produit des Lignes directrices sur les reportages relatifs aux questions raciales. En 2008, la Federazione Nazionale della Stampa Italiana a développé la Charte de Rome, un code de conduite relatif aux reportages sur les demandeurs d’asile, les réfugiés, les victimes du trafic des êtres humains et les immigrés dans les médias. En 2009, l’IFJ/EFJ a publié une étude sur la diversité médiatique en Europe, menée en partenariat avec la Commission européenne et le Media Diversity Institute. Cette année, des syndicats de Grèce (Syndicat des journalistes des quotidiens de Macédoine et de Thrace), de Slovaquie (Syndicat des journalistes slovaques) et de Lituanie (Syndicat des journalistes de Lituanie) ont pris part à un projet [2] mené par l’IFJ/EFJ en partenariat avec Article 19 et le Media Diversity Institute afin de combattre les discriminations dans les médias et ont lancé des campagnes à ce sujet au niveau national. S’appuyant sur le travail et les initiatives qui existent déjà, la FIJ/FEJ a récemment joint ses forces à celles du Conseil de l’Europe (CdE) dans un projet d’échelle européenne, Médias et Anti-Racisme dans le Sport (MARS), visant à combattre le racisme dans le sport en améliorant les normes éthiques en vigueur dans le monde journalistique. Le projet MARS est un programme commun de l’UE/du CdE centré (mais pas exclusivement) sur le sport, considéré comme un important espace de création d’une cohésion sociale. Il s’agit aussi d’un projet venant bien à propos dans la période préparatoire aux Jeux olympiques de 2012 pour sensibiliser le grand public aux problèmes de discrimination qui entachent le monde sportif. Une série d’activités, parmi lesquelles des programmes d’échange pour les professionnels des médias et des conférences nationales et européennes, seront lancées dans toute l’Europe. Ces activités se centreront sur trois domaines essentiels du monde médiatique, dont la formation et la documentation des médias, l’éthique et la gestion rédactionnelle ainsi que la production médiatique croisée. Le projet vise tous les acteurs médiatiques, notamment les directeurs, les rédacteurs en chef, les éditeurs, les journalistes, les formateurs médiatiques et les éducateurs ainsi que les étudiants en journalisme. Le projet MARS s’appuie non seulement sur des normes fixées par divers organismes du CdE en matière de pluralisme médiatique, d’expression de la diversité et de nondiscrimination mais reconnaît aussi le travail déjà réalisé par la FIJ/FEJ et ses affiliés en ce domaine, ainsi que le rôle important joué par les journalistes à cet égard. Que peuvent faire les journalistes pour améliorer les normes éthiques en vigueur ? Comment les syndicats peuvent-ils utiliser le processus de négociation collective pour parvenir à une plus grande égalité des chances dans les salles de presse ? Comment encourager davantage l’embauche dans le journalisme de personnes provenant de milieux différents ? Il s’agit d’autant de questions qui sont fortement susceptibles de nous aider à développer des médias inclusifs, diversifiés et responsables en Europe. La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) est le groupe de journalistes le plus important au monde, représentant plus de 600.000 journalistes. Son groupe régional en Europe, la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ), représente plus de 260.000 journalistes dans tous les Etats membres de l’UE. [1] La BBC, par exemple, a introduit des lignes directrices rédactionnelles sur l’utilisation du langage discriminatoire. Le Press Complaint Commission Code britannique contient des dispositions portant sur les discriminations. [2] Le projet est financé par la Commission européenne, DG Justice, Citoyenneté et Droits fondamentaux. Le projet ENGSO “Créer des conditions équitables” vise l’inclusion sociale au sein et au travers du sport Par Heidi Pekkola, Responsable politique et communication, ENGSO Le sport peut aider l’Europe à relever certains des défis liés à l’intégration de personnes issues de groupes moins privilégiés, tels que les migrants et les personnes d’origine étrangère. Le projet "Créer des conditions équitables" a pour objectif l’inclusion sociale. Il est dirigé par ENGSO, l’Organisation sportive non gouvernementale européenne, qui est l’organe cadre des Confédérations sportives nationales et des Comités olympiques nationaux. Ce projet a reçu une subvention de l’UE en 2010 dans le cadre d’actions préparatoires menées dans le domaine du sport sous le thème de l’inclusion sociale au sein et au travers du sport. Sa mise en œuvre s’est faite en coopération avec 11 organisations de toute l’Europe, qui constituent l’équipe responsable du projet. Parmi ces organisations partenaires, on trouve des organisations sportives (la Fédération bulgare de ski, la Fédération sportive finlandaise, la Confédération des sports olympiques allemande, le Comité olympique et paralympique et la Confédération des sports de Norvège ainsi que le Comité olympique slovène), des organisations publiques (le gouvernement régional de Steiermark, en Autriche, et le ministère régional de la jeunesse et des sports d’Estrémadure, en Espagne), des organisations spécialisées (le Réseau européen contre le racisme ENAR et UNITED) et des instituts de recherche (l’Université de Semmelweis, en Hongrie, et la Fondation LIKES des sports et des sciences de la santé, en Finlande). Le projet "Créer des conditions équitables” a pour objectif d’échanger des exemples de meilleures pratiques en matière d’inclusion des immigrés et des personnes d’origine étrangère dans des activités sportives entre organisations sportives, services publics et organisations travaillant dans le domaine de l’inclusion sociale et de l’antidiscrimination. En outre, une analyse des exemples de meilleures pratiques sera effectuée dans l’optique d’identifier les réussites parmi ces exemples et de déterminer la façon dont ils pourraient être transférés à d’autres contextes. « Le projet a pour objectif d’échanger des exemples de meilleures pratiques en matière d’inclusion des immigrés et des personnes d’origine étrangère dans des activités sportives entre organisations sportives, services publics et organisations travaillant dans le domaine de l’inclusion sociale et de l’antidiscrimination. » Le projet a été lancé en janvier 2011 lors d’une conférence inaugurale à Bruxelles. Une conférence à moyen terme s’est tenue au début du mois d’octobre et s’est centrée sur l’échange et la collecte de bonnes pratiques. Une conférence de clôture se déroulera à Helsinki en mars 2012 pour établir un compte-rendu des conclusions et des expériences du projet. Les activités du projet comprennent des visites d’étude afin d’échanger des bonnes pratiques entre les partenaires au projet et des conférences afin d’évaluer les résultats. Les partenaires participent à deux visites d’étude, l’une d’accueil et l’autre de visite d’un autre partenaire. Le programme de visites d’étude est fondé sur une combinaison de travaux pratiques de terrain et de réunions, permettant une expérience d’apprentissage de part et d’autre. Conférence à moyen terme en vue de développer des recommandations clés Organisée par le ministère régional de la jeunesse et des sports d’Estrémadure, l’équipe responsable du projet s’est réuni les 4 et 5 octobre 2011 à El Anillo, en Espagne, pour élaborer des recommandations sur l’inclusion sociale au sein et au travers du sport dans l’UE, en s’appuyant sur les expériences tirées de la première tournée de visites d’étude et utilisant les connaissances des experts mises à sa disposition en vue. En séances d’ateliers, les participants de pays tels que la Norvège, la Slovénie, l’Allemagne, l’Autriche, et la Hongrie ont discuté des défis à relever dans le domaine du sport multiculturel et des mécanismes et circonstances qui favorisent une participation des minorités. Ces discussions ont permis l’élaboration de messages clés destinés aux décideurs politiques. La conférence fut également l’occasion de développer le travail en réseau entre les partenaires du projet et de partager les initiatives réalisées dans les différents pays et en tirer des leçons. Au cours d’une visite d’étude organisée avant la conférence, les délégations de la Confédération des sports olympiques allemande et le gouvernement régional de Styrie (Autriche) ont visité un centre de sports d’aventure pour les personnes socialement défavorisées et un centre d’intégration des personnes handicapées, une initiative unique en Espagne. Le projet "Créer des conditions équitables" poursuit son action actuellement par un deuxième tour de visites d’étude et une analyse des données et des exemples de meilleures pratiques recueillies. L’analyse vise à décrire les éléments parmi ces bonnes pratiques qui ont conduit à une participation complète et régulière du groupe cible et à montrer comment ces pratiques pourraient être mises en œuvre dans d’autres contextes. Un livret contenant les meilleures pratiques et l’analyse ainsi que des recommandations destinées aux décideurs politiques sera publié lors de la conférence finale de mars 2012. Contact : ENGSO – Creating a Level Playing Field | Heidi Pekkola, Melanie Strauch c/o EOC EU Office | 52 avenue de Cortenbergh | B-1000 Bruxelles, Belgique Tel +32 2 73803 25 | Fax +32 2 73803 27 | [email protected] Emergence-XL : Soutenir les jeunes demandeurs d’emploi via le sport Par Jamel Bahki, Directeur d’Emergence-XL, Belgique Emergence-XL ? Ce nom ne vous dit peut-être rien ! Cette jeune asssociation travaille depuis plus de deux ans à aider les jeunes demandeurs d’emploi issus de milieux fragilisés à déterminer leur projet professionnel et à les accompagner dans leurs démarches afin qu’ils retrouvent un emploi stable. Beaucoup de jeunes chômeurs ont connu des difficultés dans leur parcours de vie parfois dès à l’école. Difficultés économiques, administrative, sociales, de logement… qui font que le jeune ne sait plus par où commencer et qui l’empêche de rechercher un emploi. C’est pour répondre à ces problèmes qu’Emergence-XL a été mis en place par Bea Diallo, Echevin de l’Emploi et de la Jeunesse avec le soutien du Collège des Bourgmestres et Echevins de la Commune d’Ixelles. Inquiet du taux élevé du chômage des jeunes et des difficultés démographiques à Bruxelles, « nous devons aider cette jeunesse avant que cette génération ne soit une génération perdue », souligne Bea Diallo. En collaboration avec la Mission locale d’Ixelles, Emergence-XL a mis en place une formation dynamique, « Au top pour un Job » qui est destinée en priorité aux jeunes entre 18 et 30 ans de la Région de Bruxelles-Capitale. Celle-ci s’étale sur 6 semaines et propose des matinées consacrées à des activités sportives (boxeéducative, course, fitness,…) et des après-midis dédié au coaching emploi, et cela avec la participation de divers organismes. Certains se diront : « Mais pourquoi la boxe » ? Pour ceux qui pensent que la boxe est un sport violent nous répondrons comme nous le rappelle Daniel Beun, coordinateur d’Emergence-XL, que « la boxe est un sport très dur et très exigeant qui permet avant tout de se dépasser, d’avoir une certaine confiance en soi et d’accepter plus facilement le respect des règles et des consignes ». Ces valeurs sont essentielles, aujourd’hui pour faire face à la dureté du marché de l’emploi. La recherche d’emploi est aujourd’hui un combat qui, il est vrai, exige une grande motivation et surtout de la persévérance ! Certains jeunes tombent trop vite dans un fatalisme qui les empêches d’atteindre leur objectif professionnel. Pour certains leurs échecs s’explique par un manque de diplôme, par un patron raciste, ou par un manque de chance. « Je reste convaincu que les jeunes ont du potentiel et qu’ils peuvent franchir tout les obstacles à partir du moment où on les motive et on leur fait prendre conscience de leur réel potentiel », souligne Bea Diallo. Mais les jeunes ont de plus en plus de mal à aller vers les structures existantes telles qu’Actiris (l’agence pour l’emploi de la région de Bruxelles) ou les Missions Locales. « Nous avons constaté que beaucoup de jeunes avaient une méconnaissance et des préjugés sur les organismes d’insertion. Ils ne comprennent pas toujours leurs rôles et leurs utilités. C’est pourquoi nous incluons dans notre formation des scéances d’information sur les droits et devoirs des chercheurs d’emploi et cela avec la participation d’Actiris, de l’Agence locale pour l’emploi, du Centre public d’aide sociale (CPAS), de Bruxelles Carrefour Formation et des services communaux d’Ixelles », souligne Jamel Bahki, directeur d’Emergence-XL. L’utilisation du sport est un outil attractif, surtout lorsqu’on sait que la pratique du sport en Belgique est un luxe pour certains jeunes. Surtout depuis la supression des chèques-sport. Abdel El Ouadi, coach sportif à Emergence-XL, souligne que « nous sommes conscient que sans le volet sportif, certains jeunes ne se seraient pas inscrit à cette formation. Mais notre objectif est de leur faire réaliser le potentiel qu’ils possèdent et de le transposer ce potentiel dans la recherche d’un emploi stable. Nous avons vu des jeunes qui en entrant en formation semblaient vraiment « désespérés » et qui en fin sortaient avec une motivation à toute épreuve et parfois même avec un contrat ». Pour arriver à cela, des « lunchs-entreprises » sont organisés entre des chefs d’entreprises et les jeunes afin de casser les représentations et les préjugés des uns et des autres. Cela permet de rapprocher parfois deux mondes (les jeunes et les entreprises) qui ne souhaitent en réalité que se faire confiance. En même temps, les lunchs-entreprises permettent vraiment de pouvoir connaître les attentes des entreprises et des jeunes et de pouvoir appréhender les entretiens d’embauche de manière plus serreine pour les jeunes. A la suite de ces 6 semaines, des stages en entreprises de 4 semaines sont organisés pour les jeunes qui leur permet de confirmer leur projet professionnel et constitue parfois une première expérience professionnelle qui leur fait parfois défaut. Pour ce faire, Jamel Bahki souligne l’importance des partenariats qui ont été établit entre Emergence-XL et plusieurs entreprises. « Nous avons la chance de compter parmis nos partenaires des entreprises, dans divers secteurs d’activités, qui nous proposent non seulement des lieux de stages mais parfois également des emplois ». Quels sont les résultats de ce type de formation ? La formule est originale et a donné de nombreux résultat au Havre, d’où le projet est originaire, où près de 800 jeunes ont retrouvé un emploi en 10 ans d’existance. Pour le moment à Emergence-XL, nous sommes à plus de 75% de réussite et cela non seulement grâce à l’équipe des formateurs mais surtout à la confiance des entreprises partenaires du projet. « Nous sommes conscient que sans le volet sportif, certains jeunes ne se seraient pas inscrit à cette formation. Mais notre objectif est de leur faire réaliser le potentiel qu’ils possèdent et de le transposer ce potentiel dans la recherche d’un emploi stable. » Actuellement, trois modules par an sont organisés et « nous souhaitons, avec le soutien de nouvelles entreprises, pouvoir doubler ce chiffre dans l’avenir d’ici 2013 », souligne le directeur d’Emergence-XL. Mondiali Antirazzisti : Les migrants et les supporters unis contre le racisme Par Daniela Conti, Coordinatrice de projet à l’Unione Italiana Sport Per Tutti (UISP) L’Association italienne "Sport pour Tous" UISP a créé le festival "Mondiali Antirazzisti", Coupe mondiale de lutte contre le racisme, afin de prouver que la coexistence entre diverses cultures est possible et que le multiculturalisme est une ressource essentielle pour nous tous. Le projet "Mondiali Antirazzisti" consiste concrètement en un tournoi de football non compétitif ouvert à tous. Multiculturalisme. Cette expression est devenue de plus en plus répandue dans la plupart des pays européens, les institutions européennes et nationales promouvant constamment des projets visant à lutter contre toutes les formes de discrimination et à démanteler les barrières sociales. Nos communautés se transforment au contact de nouvelles cultures et s’enrichissent du "métissage" de différentes personnes et traditions. La musique devient de plus en plus un creuset d’expérimentations, de sons et de rythmes. Cependant, l’exclusion sociale ne semble pas disparaître pour autant. Chaque jour, nous sommes témoins d’épisodes qui nous ramènent au scénario d’une "Europe forteresse", à un contexte hostile et fermé envers ceux qui viennent de pays différents, qui croient en d’autres religions, qui souffrent de handicaps physiques ou mentaux ou qui sont d’une orientation sexuelle différente. Dans ce contexte, le sport peut jouer un rôle important dans la promotion de l’inclusion sociale et la lutte contre le racisme. Le rôle social du sport, en particulier comme moyen d’inclusion sociale des migrants, a été reconnu par l’Union européenne, comme le déclare le Livre blanc sur le sport : "Le sport contribue de manière importante à la cohésion économique et sociale et à l’intégration de la société. Tous les résidents devraient avoir accès au sport. Il convient dès lors de répondre aux besoins et à la situation spécifiques des groupes sous-représentés et de tenir compte du rôle particulier que le sport peut jouer pour les jeunes, les personnes handicapées et les personnes de milieux défavorisés. Le sport peut également faciliter l’intégration dans la société des immigrés et des personnes d’origine étrangère et favoriser le dialogue interculturel." Cependant, bon nombre de contraintes juridiques et culturelles limitent l’accès des migrants, des réfugiés et d’autres groupes minoritaires au sport. Les migrants qui veulent participer à un sport rencontrent maints obstacles, dont notamment des ressources financières limitées et un manque d’informations sur les organisations sportives, les infrastructures sportives et leur localisation ainsi que sur les conditions d’accès aux activités sportives à un niveau compétitif. Une coopération limitée voire un manque total de coopération entre les organisations sportives, les organisations de migrants et les autorités nationales et locales empêche de traiter efficacement les problèmes susmentionnés. Le cadre du concept du "Sport pour tous", basé sur les relations sociales et personnelles entre les personnes plutôt que sur les aptitudes et les performances, peut offrir un moyen de stimuler une citoyenneté active, d’améliorer le dialogue interethnique et intercommunautaire et de faciliter l’inclusion sociale des migrants. « L’Association italienne "Sport pour Tous" UISP a créé le festival "Mondiali Antirazzisti", Coupe mondiale de lutte contre le racisme, afin de prouver que la coexistence entre diverses cultures est possible et que le multiculturalisme est une ressource essentielle pour nous tous. » C’est la raison pour laquelle l’Association italienne "Sport pour Tous" UISP a créé, en 1996, le festival "Mondiali Antirazzisti", Coupe mondiale de lutte contre le racisme, afin de prouver que la coexistence entre diverses cultures est possible et que le multiculturalisme est une ressource essentielle pour nous tous. Le projet "Mondiali Antirazzisti" consiste concrètement en un tournoi de football non compétitif ouvert à tous. La seule règle en vigueur veut que les participants se respectent mutuellement. Chaque année en juillet, de nombreuses équipes venues de toutes les régions du monde se rassemblent en Emilie-Romagne, à Bosco Albergati près de Modène, afin d’y jouer et d’y célébrer la diversité du football. Les équipes participantes se composent de communautés de migrants, de supporters, d’associations sportives et d’associations antiracistes, de femmes et d’hommes jouant ensemble et, très souvent, d’équipes échangeant des joueurs et créant des équipes spéciales au cours de l’événement. Le football - miroir de notre société - est malheureusement encore touché par les problèmes d’intolérance : le racisme s’observe trop souvent encore parmi les supporters, les entraîneurs, les joueurs, les clubs, et même dans un certain nombre d’associations de football. Mais le football, c’est aussi le sport le plus populaire, qui peut, à ce titre, rassembler un bon nombre de personnes. C’est pourquoi le Mondiali Antirazzisti a choisi d’agir principalement au travers de cette discipline. Le Mondiali a considérablement évolué depuis sa première édition, laquelle ne comptait que huit équipes et quatre-vingts participants. La formule de l’actuel Mondiali est très réussie. Le nombre d’équipes et de participants au Mondiali s’est spectaculairement accru au fil des ans, comptant 20 équipes et 200 participants la deuxième année, 36 équipes et 400 personnes la troisième, 70 équipes et 700 participants la quatrième. En 2002, en sa cinquième année, 120 équipes comptant plus de 3.000 participants y ont participé et, en 2003, ce festival a atteint le nombre record de 168 équipes et plus de 5.000 participants ! En 2011, le nombre d’équipes est passé à 204 et le nombre de personnes à 8.000. Parallèlement au tournoi de football, cette dernière année a vu, pour la première fois, l’organisation d’un tournoi de basket-ball mettant en lice 32 équipes, d’un tournoi de volleyball comptant 24 équipes et des tournois de criquet et de rugby comptant respectivement 12 et 4 équipes. Outre ces activités sportives, l’événement réserve des moments importants à la réflexion, aux discussions et à des expositions et organise des concerts et la projection de films documentaires. Cet événement s’est fixé pour premier objectif de répondre à la principale préoccupation du Livre blanc sur le sport, mentionné ci-dessus. Les participants au Mondiali ont tissé ainsi un réseau de relations informel qui a souvent permis la création de projets transculturels et d’événements semblables partout en Europe. Le festival devient également une véritable opportunité en termes d’autonomisation des migrants directement impliqués dans l’événement. Le succès de l’événement a fait boule de neige. Les participants au Mondiali reviennent l’année suivante avec plus d’amis, dont la curiosité a été aiguisée à l’écoute de récits enthousiastes des participants précédents. Au cours des années, le Mondiali s’est de plus en plus transformé en un véritable festival multiculturel et une expérience concrète d’union contre le racisme. Contact : [email protected]