#HealthInSDGs Note d`orientation 1 : Villes-santé

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#HealthInSDGs Note d`orientation 1 : Villes-santé
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Note d’orientation 1 : Villes-santé
Définitions et mandat
Dans l’ensemble du monde, davantage de personnes
vivent dans des zones urbaines qu’en milieu rural. Si les
villes offrent de nombreuses possibilités d’emploi et
permettent d’accéder à de meilleurs services (santé,
éducation, protection sociale) – conditions nécessaires
à un bon état de santé et au développement humain –,
elles peuvent aussi présenter des risques particuliers
pour la santé. Dans les bidonvilles et les habitats
spontanés de taille plus modeste, le surpeuplement et
le manque d’eau potable et de système
d’assainissement contribuent à la propagation de
maladies infectieuses comme la tuberculose. Les
maladies non transmissibles (MNT), la violence et les
maladies mentales y sont aussi souvent plus répandues
en raison du contexte social, du cadre bâti et de
l’environnement alimentaire. En outre, seulement 12 %
des villes dans le monde atteignent les objectifs
antipollution. Compte tenu de ces tendances,
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que
l’urbanisation est l’un des grands défis pour la santé
publique au XXIe siècle.i
Il deviendra de plus en plus important de gérer et de
planifier l’urbanisation d’une façon qui soit bénéfique
et non préjudiciable à la santé et à l’équité en santé.
D’ici 2050, 70 % de la population mondiale vivra en
ville. Nous devons faire en sorte que ces citadins
habitent des villes vivables qui ne présentent pas de
risques pour la santé et qui : « crée[nt] et améliore[nt]
en permanence les environnements physiques et
sociaux
et
développe[nt]
les
ressources
communautaires qui permettent aux individus de se
soutenir mutuellement pour accomplir toutes les
fonctions de la vie et réaliser pleinement leur
potentiel ».ii
Le programme de développement durable à
l’horizon 2030 souligne combien nos ambitions
sociales, économiques et environnementales sont
interdépendantes. Une action de promotion de la santé
fondée sur un programme villes-santé peut contribuer
à la réalisation des objectifs de développement durable
(ODD), notamment l’ODD 11 : Faire en sorte que les
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D’OTTAWA À SHANGHAÏ ET OBJECTIFS
DE DEVELOPPEMENT DURABLE
Il y a 30 ans, la Charte d’Ottawa pour la
promotion de la santé a posé pour principe
qu’il fallait donner aux individus une plus
grande maîtrise de leur santé et de leur
bien-être et davantage de moyens de les
améliorer en créant un environnement
durable, plus sain, où ils puissent vivre,
travailler, s’instruire et se divertir. La justice
sociale et l’équité ont été considérées comme
des fondements de la santé et il a été admis
que la promotion de la santé ne relevait pas
seulement du secteur de la santé. Ces
éléments ont été à nouveau affirmés comme
essentiels pour la promotion de la santé lors
des conférences mondiales sur la promotion
de la santé organisées ultérieurement par
l’OMS.
Le Programme de développement durable à
l’horizon 2030, plan d’action ambitieux et
universel pour l’humanité, la planète et la
prospérité, définit 17 objectifs, 169 cibles et
231 indicateurs initiaux. Il offre une nouvelle
possibilité de collaboration multipartite pour
faire en sorte que tout un chacun puisse
réaliser son potentiel – vivre en bonne santé,
dans des conditions de dignité et d’égalité. De
ce point de vue, le thème de la Neuvième
Conférence mondiale sur la promotion de la
santé, « la promotion de la santé dans les
objectifs de développement durable », est à la
fois pertinent et nécessaire pour garantir la
cohérence des politiques et l’harmonisation
des programmes d’action. Le slogan « La santé
pour tous, tous pour la santé » exprime la
volonté de ne laisser personne de côté et
d’associer tous les acteurs au sein d’un
nouveau partenariat mondial pour réaliser ce
programme de transformation.
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villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. Parmi les acquis
remarquables des programmes et du mouvement villes-santé de l’OMS, on peut citer l’engagement
résolu, étayé par un système de valeurs, à innover en fonction des déterminants sociaux de la santé et à
prendre en compte la santé dans toutes les politiques. Aujourd’hui, des milliers de villes dans toutes les
Régions de l’OMS font partie du réseau des villes-santé, qui est devenu un vecteur important de
développement sanitaire et durable dans de nombreuses parties du monde, car les villes sont souvent à
l’avant-garde de l’innovation, maires et municipalités étant les initiateurs de l’action menée pour
améliorer les conditions de vie quotidiennes des citadins. Une approche villes-santé qui stimule le
leadership politique et encourage une gouvernance participative peut apporter des changements
décisifs en matière de santé et d’équité en santé, tout comme elle peut aider à atténuer les effets de la
dégradation de l’environnement, des changements climatiques, du vieillissement de la population, des
migrations, du creusement des inégalités et de l’isolement social (Tableau 1).
Tableau 1. Liens avec les principaux ODD
Villes-santé et ODD
Les villes-santé peuvent garantir l’accès à des aliments sûrs et nutritifs en quantité
suffisante en adoptant des mesures novatrices qui améliorent l’environnement
alimentaire : 1) élargir les possibilités de faire des choix sains (par exemple marchés
de produits fermiers) ; 2) fournir des informations claires permettant aux
consommateurs de faire des choix plus sains (par exemple indication de la valeur
énergétique et mises en garde illustrées sur les étiquettes) ; 3) restreindre la
disponibilité des aliments et boissons qui nuisent à la santé ou appliquer des
mesures dissuasives (par exemple politiques de zonage économique) ; et 4) aider à
mettre fin à la malnutrition par la distribution ciblée de repas à haute teneur en
nutriments aux plus démunis.
L’urbanisation porte en elle la promesse d’une plus grande efficience, de meilleures
infrastructures et du progrès technologique. L’approche villes-santé consiste à
dûment intégrer dans cette dynamique l’accès élargi à l’eau potable et à de bons
réseaux d’assainissement pour d’importants groupes de population, un système bien
conçu d’élimination des déchets, des mesures antipollution et une bonne hygiène.
Un niveau de salubrité adéquat doit être assuré dans les habitats spontanés comme
dans les zones d’habitation organisées.
Dans une approche villes-santé, de meilleures conditions de logement, un système
d’assainissement plus performant, moins de promiscuité et l’aménagement des
bidonvilles sont des priorités de santé publique. De mauvaises conditions de
logement et un système d’assainissement médiocre augmentent le risque de
tuberculose et d’autres maladies à transmission aérienne et sont propices à la
propagation du paludisme, de la fièvre jaune et du virus Zika, surtout dans les
endroits où il y a de l’eau stagnante. Cette approche encourage aussi un urbanisme
mieux pensé, qui privilégie l’accès à des systèmes de transport sûrs, la création
d’espaces verts et d’espaces publics, et l’intervention d’urgence en cas de
catastrophe naturelle, éléments qui, ensemble, contribuent à réduire le nombre de
victimes d’accidents de la route, à améliorer la qualité de l’air, à promouvoir
l’exercice physique et à sauver des vies en cas de catastrophe.
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Les modes de consommation et de production non durables qui nuisent à
l’environnement nuisent aussi à la santé, qu’il s’agisse de la pollution
atmosphérique, de la contamination de l’eau ou des pertes de produits alimentaires.
Les villes-santé sont donc des villes durables. Elles poussent les sociétés
transnationales et aident les individus à adopter des pratiques durables pour la santé
de la planète et de ses habitants.
Une approche villes-santé tient compte du fait que les phénomènes
météorologiques extrêmes ont d’importantes conséquences sur la santé, car ils
rompent les chaînes d’approvisionnement alimentaire, contribuent à la propagation
des maladies à transmission hydrique, engendrent déracinement et migrations, et
causent des traumatismes physiques. Les villes-santé visent à réduire les émissions
de gaz carbonique pour améliorer la qualité de l’air et, du même coup, promouvoir
l’exercice physique (par exemple en incitant à se déplacer à pied ou à vélo plutôt
qu’en voiture). D’importantes couches de la population, y compris les catégories
démunies, étant aujourd’hui concentrées dans les villes, l’approche ville-santé est un
des meilleurs moyens d’atténuer les effets des changements climatiques.
Les villes-santé sont pacifiques et ouvertes à tous. Elles aident à éliminer la violence
en permettant aux gens de vivre, de travailler et de se divertir dans des lieux sûrs.
Elles inaugurent aussi le type de gouvernance intersectorielle efficace, transparente
et responsable qui est nécessaire pour promouvoir la santé, instaurer la couverture
sanitaire universelle et progresser sur la voie des autres ODD. Lieu idéal pour que
naisse et s’amplifie un militantisme social acquis à la cause de la santé, les villessanté contribuent aussi à la justice pour tous, y compris les personnes marginalisées
et déplacées. Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les
initiatives en faveur de la santé, aussi bien le projet villes-santé de l’OMS que
l’initiative Santé et justice urbaines ou encore la campagne de l’ONUSIDA « Les villes
s’engagent », ont fait des villes une priorité. L’initiative ART du PNUD aide les pays à
mettre en place des structures et des systèmes de gouvernance multipartites,
multisectoriels et à plusieurs niveaux pour renforcer le développement et la
gouvernance à l’échelon local.iii
De très grandes inégalités en santé persistent de par le monde et les taux de morbidité et de mortalité
prématurée sont nettement plus élevés chez les groupes démunis et exclus. Ces disparités s’observent
entre les pays, dans les pays et surtout dans les villes. De ce fait, les groupes les moins à même
d’assumer le coût de la maladie sont aussi les plus touchés par elle. Ce n’est pas un hasard : les
personnes démunies et marginalisées risquent davantage de vivre et de travailler dans des
environnements dangereux pour la santé et ont moins facilement accès aux services et aux
équipements. Une approche villes-santé est plus que tout autre capable de remédier à cette situation et
de redresser d’autres injustices. Elle peut promouvoir la santé et l’équité en santé tout en contribuant à
la réalisation d’autres objectifs de développement durable.
Leadership des maires et des autorités locales dans la réalisation des ODD
Les villes sont de plus en plus largement considérées comme essentielles pour la réalisation des ODD,
notamment parce qu’elles abritent une proportion croissante de la population mondiale, mais aussi
parce que les maires et les autorités municipales ont joué un rôle moteur sans précédent dans la
réponse apportée aux problèmes de développement mondiaux. Sur le front des changements
climatiques ou de la lutte contre le VIH, de la réduction des risques de catastrophe ou de la sécurité
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alimentaire, les maires ont parfois pris des initiatives audacieuses pour favoriser rapidement et
efficacement le développement durable. En septembre 2015, en marge du sommet sur les ODD, les
maires de 40 pays se sont réunis et ont déclaré leur adhésion au Programme de développement durable
à l’horizon 2030iv et plusieurs initiatives ont vu le jour sous la houlette des maires, notamment le World
Mayors Council on Climate Change, et d’autres encore, souvent codirigées par des fondations et
soutenues par des partenaires de la société civile et du secteur privé, par exemple le Défi 100 villes
résilientes de la Fondation Rockefeller et le C40 (Cities Climate Leadership Group).
Il va de soi qu’une urbanisation incontrôlée ou qui dépasse les capacités des autorités locales creuse les
inégalités dans les villes et crée des communautés vulnérables à la périphérie des villes.v Une approche
villes-santé, qui met au premier plan le développement humain et l’équité en santé, peut venir
compléter les initiatives plus classiques centrées sur la viabilité économique et environnementale.
Mettre fin à l’épidémie de sida : les villes s’engagent
Lancée à l’occasion de la Journée mondiale du sida en 2014 à Paris, l’initiative « Les villes s’engagent »
est dirigée par des maires et des autorités municipales qui, à travers le monde, se sont engagés à
atteindre les cibles suivantes d’ici à 2020 : i) 90 % des personnes séropositives connaissent leur statut
sérologique ; ii) 90 % des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements
antirétroviraux ; iii) 90 % des personnes sous traitement antirétroviral ont une charge virale
indétectable ; iv) le nombre de nouvelles infections à VIH est ramené à 500 000 pour l’ensemble du
monde ; et v) il n’y a plus de discrimination ni de stigmatisation. Les villes sont considérées comme
essentielles dans la lutte contre le VIH pour un ensemble de raisons qui influent fortement sur la
prévention, le traitement, les soins et le soutien. Les villes abritent une proportion croissante de la
population, une grande partie de la charge mondiale du VIH y est concentrée, on y constate souvent de
profondes inégalités économiques et entre les sexes (ODD 5 et 10) et elles offrent une réelle possibilité
de créer des sociétés plus justes et plus inclusives (ODD 16). Quand les épidémies sont concentrées, ce
sont les villes qui abritent les principales populations à risque. Quand les épidémies sont plus
généralisées, les progrès réalisés dans les villes peuvent suffire à inverser la courbe de l’épidémie au
niveau national.vi Dans son rapport intitulé « Accélérer la riposte pour mettre fin à l’épidémie de sida »,
le Secrétaire général de l’ONU note qu’une approche villes-santé, parallèlement à d’autres mesures
comme l’élimination de la pauvreté (ODD 1) et l’accès à la protection sociale (ODD 1, 3, 5 et 10), sera
indispensable pour « accélérer la riposte et répondre à l’ensemble des besoins de divers ordres que les
personnes vivant avec le VIH ou y étant exposées auront tout au long de leur vie » (A/70/811).vii
Une ville saine est une ville non-fumeurs
Si des lois non-fumeurs globales sont idéales au niveau national pour protéger l’ensemble de la
population d’un pays contre le tabagisme passif, les dirigeants des villes, grandes ou petites, ont une
possibilité sans équivalent – et aussi la responsabilité – de protéger les citadins contre les maladies, les
décès prématurés et les nombreuses autres conséquences sociales et économiques néfastes du
tabagisme passif.viii Des mesures spéciales dans les villes pour protéger les habitants de l’exposition à la
fumée du tabac peuvent aussi donner l’élan nécessaire pour amener l’ensemble du pays à appliquer une
politique non-fumeurs, les responsables municipaux étant généralement reconnus pour leur rôle
d’ambassadeurs et leur faculté à innover.
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La protection contre l’exposition à la fumée du tabac fait l’objet de l’article 8 de la Convention-cadre de
l’OMS pour la lutte antitabac, et l’application renforcée de la Convention constitue la cible 3.a des ODD.
Diminuer l’exposition au tabagisme passif est un moyen à la fois économique et efficace de contribuer à
la réalisation d’une série de cibles relevant de l’ODD 3, consacré à la santé, qui concernent aussi bien les
MNT et la tuberculose que la santé de la mère et de l’enfant. C’est aussi un moyen de progresser sur la
voie d’autres objectifs du Programme 2030, par exemple ceux consistant à promouvoir la sécurité sur le
lieu de travail et à assurer la protection de tous les travailleurs (ODD 8) ou à assurer l’accès de tous à des
espaces verts et à des espaces publics sûrs (ODD 11).
Les maires qui ont entrepris de faire de leur ville un lieu non-fumeurs ont certainement tous eu des
doutes. Est-il vraiment réaliste de bannir la cigarette de tous les lieux de travail intérieurs, lieux publics
et transports publics ? Pareille mesure ne risque-t-elle pas de rendre la ville moins accueillante et de
nuire au tourisme ? Des travailleurs vont-ils perdre leur travail ? Est-ce une atteinte aux droits des gens ?
Les prédictions catastrophistes souvent faites par l’industrie du tabac et ses partisans amplifient ces
doutes. Pourtant, des centaines de villes dans le monde – y compris des mégapoles comme Beijing,
Mexico, New York et São Paulo – ont réussi à imposer l’interdiction de fumer. Leur exemple est
révélateur : le leadership politique s’est avéré être le meilleur rempart contre toutes les difficultés.
New York, ville non-fumeurs – l’initiative municipale pour une ville saine et un air propre
Quand, le 30 mars 2003, Michael Bloomberg, alors maire de New York, a promulgué la loi non-fumeurs
(« Smoke-Free Air Act »), celle-ci a fait polémique, ses détracteurs arguant qu’elle allait nuire au
commerce, supprimer des emplois et diminuer les recettes fiscales. Le maire a pris les choses en mains
et, de concert avec la Coalition pour une New York non-fumeurs, a fait valoir les avantages de cette loi
et fait taire les critiques. La campagne a consisté à diffuser des messages clairs sur la nécessité de
protéger sans distinction la santé de tous les travailleurs sur leur lieu de travail, principe auquel s’est
ralliée l’opinion publique. Un an plus tard, les instances municipales chargées de la santé et de l’hygiène
mentale, des finances et des petites entreprises ainsi que la Société de développement économique de
la ville (Economic Development Corporation) ont publié un premier bilanix montrant que la loi était très
largement appliquée et que 97 % des restaurants et des bars étaient non-fumeurs : aucun client ni
employé n’était vu en train de fumer, il n’y avait pas de cendriers et les panneaux « non-fumeurs »
étaient affichés correctement. Plusieurs sondages ont révélé une forte adhésion des New-Yorkais (par
exemple le sondage Quinnipiac Poll, réalisé en octobre 2003, indiquant un rapport de 2 à 1 en faveur de
la nouvelle loi). Le nombre d’emplois dans les restaurants et les bars avait augmenté, les recettes
commerciales s’étaient accrues de 8,7 % et tout indiquait que l’activité économique de New York était
florissante. La ville est ainsi devenue plus sûre et plus saine pour tous les travailleurs, commerçants,
touristes et habitants. En un mot, pour tous.
Une bonne gouvernance des programmes villes-santé
Le rôle moteur des maires et des autres instances dirigeantes est capital dans l’approche villes-santé.
Toutefois, comme le montrent divers exemples et les différentes phases du projet de l’OMS villes-santé
européennes,x la volonté politique des hauts dirigeants n’est qu’un élément, certes crucial, d’une
approche globale de la prévention des maladies. La mise sur pied de structures organisationnelles, le
développement du potentiel des agents du changement, l’élaboration de politiques publiques favorables
à la santé et un urbanisme abordant les problèmes dans leur globalité, un suivi et une évaluation
systématiques, la formation de partenariats et la création de réseaux de villes sont tous des éléments
constitutifs de l’approche villes-santé. Depuis 1986, les villes de la Région européenne de l’OMS peuvent
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entretenir des liens directs avec l’OMS grâce à des processus de désignation (pour les villes prises
individuellement) et d’accréditation (pour les réseaux nationaux de villes-santé). À travers ces processus
importants, les villes expriment leur engagement politique et financier en faveur du système de valeurs
du mouvement Villes-santé. Ainsi responsabilisées, elles peuvent profiter des expériences menées dans
ce « laboratoire vivant » qu’est le réseau OMS des villes-santé européennes.xi En Chine et dans d’autres
pays de la Région OMS du Pacifique occidental, des mécanismes incitatifs analogues ont contribué à faire
avancer les programmes villes-santé.
Une bonne coordination intersectorielle est fondamentale. Pour les villes-santé, elle passe souvent par un
comité directeur ou un conseil de coordination interdisciplinairexii composé de représentants des secteurs
de la santé, de l’urbanisme, du logement, de l’assainissement, de l’environnement et/ou des transports.
Bien que l’approche villes-santé pose pour principe que « la santé est l’affaire de tous les secteurs »,xiii les
autorités sanitaires devraient montrer la voie à suivre pour faire en sorte que le développement urbain
soit bénéfique, et non néfaste, à la santé et à l’équité en santé. L’idée n’est pas que le secteur de la santé
s’arroge les compétences essentielles d’autres instances ou acteurs locaux,xiv ni de promouvoir les villessanté du seul point de vue du secteur de la santé. Il s’agit plutôt pour les autorités sanitaires de soutenir
et de collaborer avec d’autres instances pour concevoir et appliquer des politiques, des plans et des
programmes multisectoriels efficaces et équitables qui optimisent les avantages communs pour tous les
secteurs concernés. Pour une bonne coordination intersectorielle au titre des villes-santé, les instances
municipales doivent comprendre les menaces pour la santé et cartographier les épidémies, mesurer ou
estimer les effets (positifs et négatifs) des activités de développement sur la santé (par exemple par des
analyses de complexitéxv), appliquer des interventions éprouvées, suivre et évaluer leurs retombées sur la
santé, l’équité en santé et le développement. La participation de la société civile et l’autonomisation des
communautés président souvent à la planification et à la mise en œuvre des initiatives villes-santé.
Contrôle local pour faire évoluer les comportements en matière d’assainissement à Maputo
(Mozambique)xvi
Une grande partie de la population de Maputo vit dans des zones d’habitat spontané où l’accès aux
services de base est un problème constant. La médiocrité du système d’assainissement dans le district
urbain de Nhlamankulo, l’un des quartiers spontanés les plus densément peuplés de Maputo (plus de
200 habitants/ha), contribue à la fréquence élevée des maladies diarrhéiques et aux flambées
périodiques de choléra, qui mettent en péril non seulement la santé de ces habitants, mais aussi de ceux
qui disposent d’un réseau d’égouts ou d’une fosse septique.
En février 2010, dans le cadre du programme multidonateur Eau et assainissement administré par la
Banque mondiale, le Conseil municipal de Maputo a confié le soin à des « chefs d’îlot » locaux
(responsable chacun de 70 foyers environ) de réunir les informations nécessaires pour planifier et gérer le
réseau d’assainissement dans les zones périurbaines. L’une des retombées inattendues de ce projet est
que les notables locaux, respectés par beaucoup de gens, ont également persuadé les résidents
d’améliorer la propreté et l’état de leurs sanitaires, indiquant qu’ils reviendraient deux à quatre semaines
plus tard pour vérifier si les promesses faites avaient été tenues. Après six mois, quelque 80 % des
résidents avaient reconstruit ou modernisé leurs latrines ou les avaient rendues plus hygiéniques, le
nombre de latrines présentant des risques sanitaires étant passé de 29 % à 14 %.xvii Même si
l’amélioration du système d’assainissement exige une série de mesures complémentaires, la méthode
économique employée à Maputo montre qu’un simple état des lieux peut aider à résoudre le problème
et qu’on peut mobiliser les personnalités influentes locales et les résidents autour de projets publics
destinés à rendre les villes plus saines.
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La voie à suivre : un plan pour les 15 prochaines années
Le Programme 2030 exigera de travailler autrement en exploitant les synergies considérables entre les
différents objectifs. En outre, compte tenu de son ambition et de son amplitude, le programme ne pourra
être réalisé que grâce à un nouveau partenariat mondial associant tout un ensemble d’acteurs, comme
celui envisagé dans l’objectif 17. Étant donné que la plupart de la population mondiale vit aujourd’hui en
milieu urbain et que cette proportion augmente rapidement, les villes-santé offrent un cadre idéal pour
promouvoir la santé et l’équité en santé et pour progresser sur la voie des ODD. Pour pleinement
exploiter ce potentiel, il faut que les nombreux acteurs concernés s’emploient à affermir la volonté des
maires et des autorités municipales d’appliquer l’approche villes-santé, de mettre en place des
mécanismes et des interventions à la fois économiques et efficaces pour parer aux problèmes émergents
dans les villes, et d’évaluer les effets sur la santé et le développement durable. Pour aborder les ODD
selon une approche villes-santé, les différentes parties prenantes peuvent notamment :

Pouvoirs publics – Les maires et les autorités municipales devraient montrer la voie en intégrant
résolument la santé dans toutes les politiques, en mettant en place des structures et des
mécanismes pour les programmes villes-santé, en encourageant une collaboration intersectorielle
telle que tous soient gagnants et qui permette de progresser à la fois en santé urbaine et sur la voie
d’objectifs connexes, et en continuant à faire œuvre de pionnier tout en veillant à ce que les
industries (industrie alimentaire, industrie du tabac, secteurs agricole et énergétique) ne
s’immiscent pas dans l’élaboration des politiques.

Société civile – Travailler ensemble pour mettre les compétences, l’expérience et les capacités de la
société civile au service de l’urbanisme et veiller à ce que les groupes marginalisés, les jeunes et les
femmes participent au débat sur la planification.

Médias (y compris médias sociaux) – Servir de tribune au dialogue public sur la santé, le bien-être
et le développement humain durable, et créer un climat propice à l’avènement de villes-santé.

Organisations du système des Nations Unies – Contribuer à la cohérence des politiques
gouvernementales locales et nationales, encourager la coopération Sud-Sud et la coopération
triangulaire, ainsi que le partage du savoir sur les bonnes pratiques.

Figures locales – Promouvoir l’inclusion de tous dans la vie urbaine et la prise de décisions à
l’échelle municipale et œuvrer pour l’égalité d’accès aux services et l’égalité des chances.

Instituts de recherche et universités – Mettre au point des méthodes d’évaluation des programmes
villes-santé ou perfectionner celles qui existent déjà, rassembler et diffuser des exemples de bonnes
pratiques suivies de mise au point d’interventions et prouver scientifiquement quelles sont les
mesures efficaces, dans quel contexte et pourquoi.
La formule des villes-santé est sans doute la plus connue et la plus large des approches fondées sur le
cadre de vie. Elle aborde la santé et l’équité en santé de manière globale. Le Programme 2030 et le
processus Habitat III offrent une possibilité d’harmonisation pour étendre la promotion de la santé
au-delà du secteur de la santé et montrer que non seulement elle sert les grands objectifs des autres
secteurs mais qu’elle est indispensable à la réalisation de beaucoup d’entre eux. Il sera impossible
d’atteindre les ODD sans en faire des priorités et si la voie menant à eux n’est tracée qu’en milieu
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urbain. Les paris difficiles sont nombreux dans les villes, mais le leadership et la volonté dont certains
maires ont déjà fait preuve pour améliorer la vie des citadins de manière durable et adaptable offrent
des perspectives prometteuses.
= = =
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