#HealthInSDGs Note d`orientation 1 : Villes-santé
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#HealthInSDGs Note d`orientation 1 : Villes-santé
#HealthInSDGs Note d’orientation 1 : Villes-santé Définitions et mandat Dans l’ensemble du monde, davantage de personnes vivent dans des zones urbaines qu’en milieu rural. Si les villes offrent de nombreuses possibilités d’emploi et permettent d’accéder à de meilleurs services (santé, éducation, protection sociale) – conditions nécessaires à un bon état de santé et au développement humain –, elles peuvent aussi présenter des risques particuliers pour la santé. Dans les bidonvilles et les habitats spontanés de taille plus modeste, le surpeuplement et le manque d’eau potable et de système d’assainissement contribuent à la propagation de maladies infectieuses comme la tuberculose. Les maladies non transmissibles (MNT), la violence et les maladies mentales y sont aussi souvent plus répandues en raison du contexte social, du cadre bâti et de l’environnement alimentaire. En outre, seulement 12 % des villes dans le monde atteignent les objectifs antipollution. Compte tenu de ces tendances, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que l’urbanisation est l’un des grands défis pour la santé publique au XXIe siècle.i Il deviendra de plus en plus important de gérer et de planifier l’urbanisation d’une façon qui soit bénéfique et non préjudiciable à la santé et à l’équité en santé. D’ici 2050, 70 % de la population mondiale vivra en ville. Nous devons faire en sorte que ces citadins habitent des villes vivables qui ne présentent pas de risques pour la santé et qui : « crée[nt] et améliore[nt] en permanence les environnements physiques et sociaux et développe[nt] les ressources communautaires qui permettent aux individus de se soutenir mutuellement pour accomplir toutes les fonctions de la vie et réaliser pleinement leur potentiel ».ii Le programme de développement durable à l’horizon 2030 souligne combien nos ambitions sociales, économiques et environnementales sont interdépendantes. Une action de promotion de la santé fondée sur un programme villes-santé peut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment l’ODD 11 : Faire en sorte que les Page 1 de 10 D’OTTAWA À SHANGHAÏ ET OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT DURABLE Il y a 30 ans, la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé a posé pour principe qu’il fallait donner aux individus une plus grande maîtrise de leur santé et de leur bien-être et davantage de moyens de les améliorer en créant un environnement durable, plus sain, où ils puissent vivre, travailler, s’instruire et se divertir. La justice sociale et l’équité ont été considérées comme des fondements de la santé et il a été admis que la promotion de la santé ne relevait pas seulement du secteur de la santé. Ces éléments ont été à nouveau affirmés comme essentiels pour la promotion de la santé lors des conférences mondiales sur la promotion de la santé organisées ultérieurement par l’OMS. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, plan d’action ambitieux et universel pour l’humanité, la planète et la prospérité, définit 17 objectifs, 169 cibles et 231 indicateurs initiaux. Il offre une nouvelle possibilité de collaboration multipartite pour faire en sorte que tout un chacun puisse réaliser son potentiel – vivre en bonne santé, dans des conditions de dignité et d’égalité. De ce point de vue, le thème de la Neuvième Conférence mondiale sur la promotion de la santé, « la promotion de la santé dans les objectifs de développement durable », est à la fois pertinent et nécessaire pour garantir la cohérence des politiques et l’harmonisation des programmes d’action. Le slogan « La santé pour tous, tous pour la santé » exprime la volonté de ne laisser personne de côté et d’associer tous les acteurs au sein d’un nouveau partenariat mondial pour réaliser ce programme de transformation. #HealthInSDGs villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. Parmi les acquis remarquables des programmes et du mouvement villes-santé de l’OMS, on peut citer l’engagement résolu, étayé par un système de valeurs, à innover en fonction des déterminants sociaux de la santé et à prendre en compte la santé dans toutes les politiques. Aujourd’hui, des milliers de villes dans toutes les Régions de l’OMS font partie du réseau des villes-santé, qui est devenu un vecteur important de développement sanitaire et durable dans de nombreuses parties du monde, car les villes sont souvent à l’avant-garde de l’innovation, maires et municipalités étant les initiateurs de l’action menée pour améliorer les conditions de vie quotidiennes des citadins. Une approche villes-santé qui stimule le leadership politique et encourage une gouvernance participative peut apporter des changements décisifs en matière de santé et d’équité en santé, tout comme elle peut aider à atténuer les effets de la dégradation de l’environnement, des changements climatiques, du vieillissement de la population, des migrations, du creusement des inégalités et de l’isolement social (Tableau 1). Tableau 1. Liens avec les principaux ODD Villes-santé et ODD Les villes-santé peuvent garantir l’accès à des aliments sûrs et nutritifs en quantité suffisante en adoptant des mesures novatrices qui améliorent l’environnement alimentaire : 1) élargir les possibilités de faire des choix sains (par exemple marchés de produits fermiers) ; 2) fournir des informations claires permettant aux consommateurs de faire des choix plus sains (par exemple indication de la valeur énergétique et mises en garde illustrées sur les étiquettes) ; 3) restreindre la disponibilité des aliments et boissons qui nuisent à la santé ou appliquer des mesures dissuasives (par exemple politiques de zonage économique) ; et 4) aider à mettre fin à la malnutrition par la distribution ciblée de repas à haute teneur en nutriments aux plus démunis. L’urbanisation porte en elle la promesse d’une plus grande efficience, de meilleures infrastructures et du progrès technologique. L’approche villes-santé consiste à dûment intégrer dans cette dynamique l’accès élargi à l’eau potable et à de bons réseaux d’assainissement pour d’importants groupes de population, un système bien conçu d’élimination des déchets, des mesures antipollution et une bonne hygiène. Un niveau de salubrité adéquat doit être assuré dans les habitats spontanés comme dans les zones d’habitation organisées. Dans une approche villes-santé, de meilleures conditions de logement, un système d’assainissement plus performant, moins de promiscuité et l’aménagement des bidonvilles sont des priorités de santé publique. De mauvaises conditions de logement et un système d’assainissement médiocre augmentent le risque de tuberculose et d’autres maladies à transmission aérienne et sont propices à la propagation du paludisme, de la fièvre jaune et du virus Zika, surtout dans les endroits où il y a de l’eau stagnante. Cette approche encourage aussi un urbanisme mieux pensé, qui privilégie l’accès à des systèmes de transport sûrs, la création d’espaces verts et d’espaces publics, et l’intervention d’urgence en cas de catastrophe naturelle, éléments qui, ensemble, contribuent à réduire le nombre de victimes d’accidents de la route, à améliorer la qualité de l’air, à promouvoir l’exercice physique et à sauver des vies en cas de catastrophe. Page 2 de 10 #HealthInSDGs Les modes de consommation et de production non durables qui nuisent à l’environnement nuisent aussi à la santé, qu’il s’agisse de la pollution atmosphérique, de la contamination de l’eau ou des pertes de produits alimentaires. Les villes-santé sont donc des villes durables. Elles poussent les sociétés transnationales et aident les individus à adopter des pratiques durables pour la santé de la planète et de ses habitants. Une approche villes-santé tient compte du fait que les phénomènes météorologiques extrêmes ont d’importantes conséquences sur la santé, car ils rompent les chaînes d’approvisionnement alimentaire, contribuent à la propagation des maladies à transmission hydrique, engendrent déracinement et migrations, et causent des traumatismes physiques. Les villes-santé visent à réduire les émissions de gaz carbonique pour améliorer la qualité de l’air et, du même coup, promouvoir l’exercice physique (par exemple en incitant à se déplacer à pied ou à vélo plutôt qu’en voiture). D’importantes couches de la population, y compris les catégories démunies, étant aujourd’hui concentrées dans les villes, l’approche ville-santé est un des meilleurs moyens d’atténuer les effets des changements climatiques. Les villes-santé sont pacifiques et ouvertes à tous. Elles aident à éliminer la violence en permettant aux gens de vivre, de travailler et de se divertir dans des lieux sûrs. Elles inaugurent aussi le type de gouvernance intersectorielle efficace, transparente et responsable qui est nécessaire pour promouvoir la santé, instaurer la couverture sanitaire universelle et progresser sur la voie des autres ODD. Lieu idéal pour que naisse et s’amplifie un militantisme social acquis à la cause de la santé, les villessanté contribuent aussi à la justice pour tous, y compris les personnes marginalisées et déplacées. Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles les initiatives en faveur de la santé, aussi bien le projet villes-santé de l’OMS que l’initiative Santé et justice urbaines ou encore la campagne de l’ONUSIDA « Les villes s’engagent », ont fait des villes une priorité. L’initiative ART du PNUD aide les pays à mettre en place des structures et des systèmes de gouvernance multipartites, multisectoriels et à plusieurs niveaux pour renforcer le développement et la gouvernance à l’échelon local.iii De très grandes inégalités en santé persistent de par le monde et les taux de morbidité et de mortalité prématurée sont nettement plus élevés chez les groupes démunis et exclus. Ces disparités s’observent entre les pays, dans les pays et surtout dans les villes. De ce fait, les groupes les moins à même d’assumer le coût de la maladie sont aussi les plus touchés par elle. Ce n’est pas un hasard : les personnes démunies et marginalisées risquent davantage de vivre et de travailler dans des environnements dangereux pour la santé et ont moins facilement accès aux services et aux équipements. Une approche villes-santé est plus que tout autre capable de remédier à cette situation et de redresser d’autres injustices. Elle peut promouvoir la santé et l’équité en santé tout en contribuant à la réalisation d’autres objectifs de développement durable. Leadership des maires et des autorités locales dans la réalisation des ODD Les villes sont de plus en plus largement considérées comme essentielles pour la réalisation des ODD, notamment parce qu’elles abritent une proportion croissante de la population mondiale, mais aussi parce que les maires et les autorités municipales ont joué un rôle moteur sans précédent dans la réponse apportée aux problèmes de développement mondiaux. Sur le front des changements climatiques ou de la lutte contre le VIH, de la réduction des risques de catastrophe ou de la sécurité Page 3 de 10 #HealthInSDGs alimentaire, les maires ont parfois pris des initiatives audacieuses pour favoriser rapidement et efficacement le développement durable. En septembre 2015, en marge du sommet sur les ODD, les maires de 40 pays se sont réunis et ont déclaré leur adhésion au Programme de développement durable à l’horizon 2030iv et plusieurs initiatives ont vu le jour sous la houlette des maires, notamment le World Mayors Council on Climate Change, et d’autres encore, souvent codirigées par des fondations et soutenues par des partenaires de la société civile et du secteur privé, par exemple le Défi 100 villes résilientes de la Fondation Rockefeller et le C40 (Cities Climate Leadership Group). Il va de soi qu’une urbanisation incontrôlée ou qui dépasse les capacités des autorités locales creuse les inégalités dans les villes et crée des communautés vulnérables à la périphérie des villes.v Une approche villes-santé, qui met au premier plan le développement humain et l’équité en santé, peut venir compléter les initiatives plus classiques centrées sur la viabilité économique et environnementale. Mettre fin à l’épidémie de sida : les villes s’engagent Lancée à l’occasion de la Journée mondiale du sida en 2014 à Paris, l’initiative « Les villes s’engagent » est dirigée par des maires et des autorités municipales qui, à travers le monde, se sont engagés à atteindre les cibles suivantes d’ici à 2020 : i) 90 % des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique ; ii) 90 % des personnes qui connaissent leur séropositivité reçoivent des traitements antirétroviraux ; iii) 90 % des personnes sous traitement antirétroviral ont une charge virale indétectable ; iv) le nombre de nouvelles infections à VIH est ramené à 500 000 pour l’ensemble du monde ; et v) il n’y a plus de discrimination ni de stigmatisation. Les villes sont considérées comme essentielles dans la lutte contre le VIH pour un ensemble de raisons qui influent fortement sur la prévention, le traitement, les soins et le soutien. Les villes abritent une proportion croissante de la population, une grande partie de la charge mondiale du VIH y est concentrée, on y constate souvent de profondes inégalités économiques et entre les sexes (ODD 5 et 10) et elles offrent une réelle possibilité de créer des sociétés plus justes et plus inclusives (ODD 16). Quand les épidémies sont concentrées, ce sont les villes qui abritent les principales populations à risque. Quand les épidémies sont plus généralisées, les progrès réalisés dans les villes peuvent suffire à inverser la courbe de l’épidémie au niveau national.vi Dans son rapport intitulé « Accélérer la riposte pour mettre fin à l’épidémie de sida », le Secrétaire général de l’ONU note qu’une approche villes-santé, parallèlement à d’autres mesures comme l’élimination de la pauvreté (ODD 1) et l’accès à la protection sociale (ODD 1, 3, 5 et 10), sera indispensable pour « accélérer la riposte et répondre à l’ensemble des besoins de divers ordres que les personnes vivant avec le VIH ou y étant exposées auront tout au long de leur vie » (A/70/811).vii Une ville saine est une ville non-fumeurs Si des lois non-fumeurs globales sont idéales au niveau national pour protéger l’ensemble de la population d’un pays contre le tabagisme passif, les dirigeants des villes, grandes ou petites, ont une possibilité sans équivalent – et aussi la responsabilité – de protéger les citadins contre les maladies, les décès prématurés et les nombreuses autres conséquences sociales et économiques néfastes du tabagisme passif.viii Des mesures spéciales dans les villes pour protéger les habitants de l’exposition à la fumée du tabac peuvent aussi donner l’élan nécessaire pour amener l’ensemble du pays à appliquer une politique non-fumeurs, les responsables municipaux étant généralement reconnus pour leur rôle d’ambassadeurs et leur faculté à innover. Page 4 de 10 #HealthInSDGs La protection contre l’exposition à la fumée du tabac fait l’objet de l’article 8 de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, et l’application renforcée de la Convention constitue la cible 3.a des ODD. Diminuer l’exposition au tabagisme passif est un moyen à la fois économique et efficace de contribuer à la réalisation d’une série de cibles relevant de l’ODD 3, consacré à la santé, qui concernent aussi bien les MNT et la tuberculose que la santé de la mère et de l’enfant. C’est aussi un moyen de progresser sur la voie d’autres objectifs du Programme 2030, par exemple ceux consistant à promouvoir la sécurité sur le lieu de travail et à assurer la protection de tous les travailleurs (ODD 8) ou à assurer l’accès de tous à des espaces verts et à des espaces publics sûrs (ODD 11). Les maires qui ont entrepris de faire de leur ville un lieu non-fumeurs ont certainement tous eu des doutes. Est-il vraiment réaliste de bannir la cigarette de tous les lieux de travail intérieurs, lieux publics et transports publics ? Pareille mesure ne risque-t-elle pas de rendre la ville moins accueillante et de nuire au tourisme ? Des travailleurs vont-ils perdre leur travail ? Est-ce une atteinte aux droits des gens ? Les prédictions catastrophistes souvent faites par l’industrie du tabac et ses partisans amplifient ces doutes. Pourtant, des centaines de villes dans le monde – y compris des mégapoles comme Beijing, Mexico, New York et São Paulo – ont réussi à imposer l’interdiction de fumer. Leur exemple est révélateur : le leadership politique s’est avéré être le meilleur rempart contre toutes les difficultés. New York, ville non-fumeurs – l’initiative municipale pour une ville saine et un air propre Quand, le 30 mars 2003, Michael Bloomberg, alors maire de New York, a promulgué la loi non-fumeurs (« Smoke-Free Air Act »), celle-ci a fait polémique, ses détracteurs arguant qu’elle allait nuire au commerce, supprimer des emplois et diminuer les recettes fiscales. Le maire a pris les choses en mains et, de concert avec la Coalition pour une New York non-fumeurs, a fait valoir les avantages de cette loi et fait taire les critiques. La campagne a consisté à diffuser des messages clairs sur la nécessité de protéger sans distinction la santé de tous les travailleurs sur leur lieu de travail, principe auquel s’est ralliée l’opinion publique. Un an plus tard, les instances municipales chargées de la santé et de l’hygiène mentale, des finances et des petites entreprises ainsi que la Société de développement économique de la ville (Economic Development Corporation) ont publié un premier bilanix montrant que la loi était très largement appliquée et que 97 % des restaurants et des bars étaient non-fumeurs : aucun client ni employé n’était vu en train de fumer, il n’y avait pas de cendriers et les panneaux « non-fumeurs » étaient affichés correctement. Plusieurs sondages ont révélé une forte adhésion des New-Yorkais (par exemple le sondage Quinnipiac Poll, réalisé en octobre 2003, indiquant un rapport de 2 à 1 en faveur de la nouvelle loi). Le nombre d’emplois dans les restaurants et les bars avait augmenté, les recettes commerciales s’étaient accrues de 8,7 % et tout indiquait que l’activité économique de New York était florissante. La ville est ainsi devenue plus sûre et plus saine pour tous les travailleurs, commerçants, touristes et habitants. En un mot, pour tous. Une bonne gouvernance des programmes villes-santé Le rôle moteur des maires et des autres instances dirigeantes est capital dans l’approche villes-santé. Toutefois, comme le montrent divers exemples et les différentes phases du projet de l’OMS villes-santé européennes,x la volonté politique des hauts dirigeants n’est qu’un élément, certes crucial, d’une approche globale de la prévention des maladies. La mise sur pied de structures organisationnelles, le développement du potentiel des agents du changement, l’élaboration de politiques publiques favorables à la santé et un urbanisme abordant les problèmes dans leur globalité, un suivi et une évaluation systématiques, la formation de partenariats et la création de réseaux de villes sont tous des éléments constitutifs de l’approche villes-santé. Depuis 1986, les villes de la Région européenne de l’OMS peuvent Page 5 de 10 #HealthInSDGs entretenir des liens directs avec l’OMS grâce à des processus de désignation (pour les villes prises individuellement) et d’accréditation (pour les réseaux nationaux de villes-santé). À travers ces processus importants, les villes expriment leur engagement politique et financier en faveur du système de valeurs du mouvement Villes-santé. Ainsi responsabilisées, elles peuvent profiter des expériences menées dans ce « laboratoire vivant » qu’est le réseau OMS des villes-santé européennes.xi En Chine et dans d’autres pays de la Région OMS du Pacifique occidental, des mécanismes incitatifs analogues ont contribué à faire avancer les programmes villes-santé. Une bonne coordination intersectorielle est fondamentale. Pour les villes-santé, elle passe souvent par un comité directeur ou un conseil de coordination interdisciplinairexii composé de représentants des secteurs de la santé, de l’urbanisme, du logement, de l’assainissement, de l’environnement et/ou des transports. Bien que l’approche villes-santé pose pour principe que « la santé est l’affaire de tous les secteurs »,xiii les autorités sanitaires devraient montrer la voie à suivre pour faire en sorte que le développement urbain soit bénéfique, et non néfaste, à la santé et à l’équité en santé. L’idée n’est pas que le secteur de la santé s’arroge les compétences essentielles d’autres instances ou acteurs locaux,xiv ni de promouvoir les villessanté du seul point de vue du secteur de la santé. Il s’agit plutôt pour les autorités sanitaires de soutenir et de collaborer avec d’autres instances pour concevoir et appliquer des politiques, des plans et des programmes multisectoriels efficaces et équitables qui optimisent les avantages communs pour tous les secteurs concernés. Pour une bonne coordination intersectorielle au titre des villes-santé, les instances municipales doivent comprendre les menaces pour la santé et cartographier les épidémies, mesurer ou estimer les effets (positifs et négatifs) des activités de développement sur la santé (par exemple par des analyses de complexitéxv), appliquer des interventions éprouvées, suivre et évaluer leurs retombées sur la santé, l’équité en santé et le développement. La participation de la société civile et l’autonomisation des communautés président souvent à la planification et à la mise en œuvre des initiatives villes-santé. Contrôle local pour faire évoluer les comportements en matière d’assainissement à Maputo (Mozambique)xvi Une grande partie de la population de Maputo vit dans des zones d’habitat spontané où l’accès aux services de base est un problème constant. La médiocrité du système d’assainissement dans le district urbain de Nhlamankulo, l’un des quartiers spontanés les plus densément peuplés de Maputo (plus de 200 habitants/ha), contribue à la fréquence élevée des maladies diarrhéiques et aux flambées périodiques de choléra, qui mettent en péril non seulement la santé de ces habitants, mais aussi de ceux qui disposent d’un réseau d’égouts ou d’une fosse septique. En février 2010, dans le cadre du programme multidonateur Eau et assainissement administré par la Banque mondiale, le Conseil municipal de Maputo a confié le soin à des « chefs d’îlot » locaux (responsable chacun de 70 foyers environ) de réunir les informations nécessaires pour planifier et gérer le réseau d’assainissement dans les zones périurbaines. L’une des retombées inattendues de ce projet est que les notables locaux, respectés par beaucoup de gens, ont également persuadé les résidents d’améliorer la propreté et l’état de leurs sanitaires, indiquant qu’ils reviendraient deux à quatre semaines plus tard pour vérifier si les promesses faites avaient été tenues. Après six mois, quelque 80 % des résidents avaient reconstruit ou modernisé leurs latrines ou les avaient rendues plus hygiéniques, le nombre de latrines présentant des risques sanitaires étant passé de 29 % à 14 %.xvii Même si l’amélioration du système d’assainissement exige une série de mesures complémentaires, la méthode économique employée à Maputo montre qu’un simple état des lieux peut aider à résoudre le problème et qu’on peut mobiliser les personnalités influentes locales et les résidents autour de projets publics destinés à rendre les villes plus saines. Page 6 de 10 #HealthInSDGs La voie à suivre : un plan pour les 15 prochaines années Le Programme 2030 exigera de travailler autrement en exploitant les synergies considérables entre les différents objectifs. En outre, compte tenu de son ambition et de son amplitude, le programme ne pourra être réalisé que grâce à un nouveau partenariat mondial associant tout un ensemble d’acteurs, comme celui envisagé dans l’objectif 17. Étant donné que la plupart de la population mondiale vit aujourd’hui en milieu urbain et que cette proportion augmente rapidement, les villes-santé offrent un cadre idéal pour promouvoir la santé et l’équité en santé et pour progresser sur la voie des ODD. Pour pleinement exploiter ce potentiel, il faut que les nombreux acteurs concernés s’emploient à affermir la volonté des maires et des autorités municipales d’appliquer l’approche villes-santé, de mettre en place des mécanismes et des interventions à la fois économiques et efficaces pour parer aux problèmes émergents dans les villes, et d’évaluer les effets sur la santé et le développement durable. Pour aborder les ODD selon une approche villes-santé, les différentes parties prenantes peuvent notamment : Pouvoirs publics – Les maires et les autorités municipales devraient montrer la voie en intégrant résolument la santé dans toutes les politiques, en mettant en place des structures et des mécanismes pour les programmes villes-santé, en encourageant une collaboration intersectorielle telle que tous soient gagnants et qui permette de progresser à la fois en santé urbaine et sur la voie d’objectifs connexes, et en continuant à faire œuvre de pionnier tout en veillant à ce que les industries (industrie alimentaire, industrie du tabac, secteurs agricole et énergétique) ne s’immiscent pas dans l’élaboration des politiques. Société civile – Travailler ensemble pour mettre les compétences, l’expérience et les capacités de la société civile au service de l’urbanisme et veiller à ce que les groupes marginalisés, les jeunes et les femmes participent au débat sur la planification. Médias (y compris médias sociaux) – Servir de tribune au dialogue public sur la santé, le bien-être et le développement humain durable, et créer un climat propice à l’avènement de villes-santé. Organisations du système des Nations Unies – Contribuer à la cohérence des politiques gouvernementales locales et nationales, encourager la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, ainsi que le partage du savoir sur les bonnes pratiques. Figures locales – Promouvoir l’inclusion de tous dans la vie urbaine et la prise de décisions à l’échelle municipale et œuvrer pour l’égalité d’accès aux services et l’égalité des chances. Instituts de recherche et universités – Mettre au point des méthodes d’évaluation des programmes villes-santé ou perfectionner celles qui existent déjà, rassembler et diffuser des exemples de bonnes pratiques suivies de mise au point d’interventions et prouver scientifiquement quelles sont les mesures efficaces, dans quel contexte et pourquoi. La formule des villes-santé est sans doute la plus connue et la plus large des approches fondées sur le cadre de vie. Elle aborde la santé et l’équité en santé de manière globale. Le Programme 2030 et le processus Habitat III offrent une possibilité d’harmonisation pour étendre la promotion de la santé au-delà du secteur de la santé et montrer que non seulement elle sert les grands objectifs des autres secteurs mais qu’elle est indispensable à la réalisation de beaucoup d’entre eux. Il sera impossible d’atteindre les ODD sans en faire des priorités et si la voie menant à eux n’est tracée qu’en milieu Page 7 de 10 #HealthInSDGs urbain. Les paris difficiles sont nombreux dans les villes, mais le leadership et la volonté dont certains maires ont déjà fait preuve pour améliorer la vie des citadins de manière durable et adaptable offrent des perspectives prometteuses. = = = Page 8 de 10 #HealthInSDGs AVIS DE NON-RESPONSABILITÉ Tous droits réservés. La présente note d’orientation ne représente pas une position officielle de l’Organisation mondiale de la Santé ni du Programme des Nations Unies pour le développement. Elle a été établie pour recueillir le point de vue des parties intéressées sur le sujet traité. Les mentions d’États Membres et de partenaires internationaux ne sont que des suggestions et ne constituent ou n’impliquent aucune approbation que ce soit du présent document de réflexion. L’Organisation mondiale de la Santé et/ou le Programme des Nations Unies pour le développement ne garantissent pas l’exhaustivité et l’exactitude des informations contenues dans la présente note d’orientation et ne sauraient être tenus pour responsables de tout préjudice subi à la suite de leur utilisation. 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