Diffusion des Technologies de L`information et des

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Diffusion des Technologies de L`information et des
Conférence Femise 2003
4, 5 et 6 décembre 2003, Marseille
Forum Euro-Mediterranéen des Instituts Economiques
www.femise.org
Diffusion des Technologies de L'information et des Communication
dans l'Espace Euro-Méditerranéen Elargi : Fractures vs Dividendes
Numériques
A. Ben Youssef* et H. Mhenni**
*ADIS, Faculté Jean Monnet Université Paris-Sud, **ESSEC Tunis
Étude Femise FEM21-22, ADIS, Faculté Jean Monnet Université Paris-Sud
– France ; ESSEC – Tunisie ; CEDEJ - Cairo – Egypte
Cette conférence a été réalisée avec le soutien financier de la
Commission des Communautés Européennes. Les opinions exprimées
dans les contributions n’engagent que les auteurs et ne reflètent pas
l’opinion officielle de la Commission.
This Conference was produced with financial support from the
Commission of European Communities. The opinions expressed in the
contributions are those of the authors only and do not necessarily reflect
the opinions of the Commission of European Communities.
Institut de la Méditerranée
3 eme FORUM EURO-MEDITERRANNEEN DES INSTITUTIONS
ECONOMIQUES
MARSEILLE, les 4-5-6 Décembre 2003
Diffusion des TIC dans le cadre euro-méditerranéen
élargi : Dividendes vs Fractures Numériques1
2
Adel BEN YOUSSEF
(ADIS et Université de Paris-Sud)
&
3
Hatem M’HENNI
(ESSEC Tunis)
Mots clés : Croissance économique, Technologies de l’Information et de la
Communication, Convergence, dividende, fossé numérique, diffusion des TIC.
Classification du JEL : O31 ; L16
1
EQUIPE DE RECHERCHE
Coordination : Université de Paris-Sud (Analyse des Dynamiques Industrielles et Sociales)*
Université de Tunis (Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales)
Membres : Université du Caire (Center for Economic Development Research)
Université de Rabat (Laboratoire d’Economie des Institutions et du Développement)
Université de Beirut (Center for Public Policies Research), Université de Galatassaray – Istanbul ,
Université d’Alger
Nous tenons à remercier Alain Rallet (Université de Paris-Sud), Emmanuelle Walkowiak (Université de
Paris-Dauphine), Sandrine Paillard (Commisariat Général au Plan), Sébastien Tran (Université de ParisSud), Fabrice Rochelandet (Université de Paris-Sud), Bertrand Bellon (Université de Paris-Sud), Larbi
Jaïdi (Université Mohamed V- Rabat), Nourredine El Aoufi (Université Mohamed V- Rabat), Patrick
Musso (Université de Nice Sophia-Antipolis), Najoua Boufaden (Université de Paris-Sud), Jean Pierre
Faugère (Université de Paris-Sud), Sabine Ferrand-Nagel (Université de Paris-Sud), Virginie Briand
(Université de Paris X), Raouchen Methamem (ESSEC Tunis) et Ludovic Ragni (Université de Nice
Sophia-Antipolis) pour leurs commentaires et leurs suggestions. Les erreurs ou les omissions sont de la
seule responsabilité des auteurs.
2
Faculté Jean Monnet, 54 bld Desgranges 92331 Sceaux-Cedex. France. + 33 (1) 40 91 19 35
- Télécopie +33 (1) 40 91 18 56 E-mail : [email protected]
3
Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis. 4, Rue Abou Zakaria El Hafsi.
1089. Montfleury. Tunis. Tunisie. +216 (71) 33 02 66- Télécopie +216 (71) 33 35 18.
E-mail : [email protected]
1
Résumé
La diffusion des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) a
fait l’objet d’une attention particulière de la part des économistes, des gestionnaires et
des décideurs publics durant les dernières années. Ces technologies génériques peuvent
jouer un rôle important dans le processus de croissance économique et dans la diffusion
des connaissances et des savoirs (Jorgenson 2001, Gordon, 2000a et 2000b, Mairesse,
Cette et Kocuglu, 2003, Boyer, 2002, Bellon, Ben Youssef et Rallet, 2003). Le retard de
diffusion des TIC peut conduire à une marginalisation croissante des territoires
faiblement équipés (fracture numérique). En revanche, une plus grande diffusion pourrait
permettre une dynamique de rattrapage (dividende numérique). Les TIC sont supposés
jouer un rôle primordial dans le processus de développement (PNUD, OCDE, Banque
Mondiale, FMI…).
L’objet de notre étude consiste à comprendre le rôle que pourraient jouer les TIC
dans le processus de rattrapage économique entre les deux rives de la méditerranée et la
place que celles-ci devraient avoir dans les accords d’association et dans la dynamique
régionale enclenchée par le processus de Barcelone.
Cinq objectifs seront abordés dans cette étude :
(i)
Caractériser l’état de diffusion des TIC au sein des Pays du Sud et de
l’Est de la Méditerranée (PSEM) et le comparer à celui des pays qui
accèderont à l’Union européenne dans un futur proche (AC 12) ainsi
qu’à celui des pays de l’Union européenne UE 15.
(ii)
Examiner les réformes et les modifications institutionnelles et
réglementaires permettant une plus grande adoption des TIC.
(iii)
Comprendre et caractériser de manière dynamique le lien entre
diffusion des TIC et performances macro-économiques (productivité,
croissance économique, emploi…).
(iv)
Cerner le rythme d’adoption des innovations organisationnelles
complémentaires aux TIC permettant d’améliorer les performances
micro-économiques des firmes dans les PSEM.
(v)
Evaluer les actions de politiques économiques susceptibles
d’engendrer une dynamique d’adoption plus importante des TIC au
sein des PSEM et comprendre dans quelle mesure elles relèvent de la
stratégie communautaire définie lors du sommet de Lisbonne en 1999
permettant de créer la société des connaissances la plus dynamique à
horizon 2010.
Nous nous limiterons dans la présente note à examiner l’état de la diffusion des
Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans l’Espace EuroMéditerranéen Elargi (EEME) composé de trois groupes de pays : les pays du sud et de
l’est de la méditerranée (PSEM), les pays devant intégrer l’Union Européenne à partir de
2004 (AC 12) et les pays de l’Union Européenne (UE), et à caractériser les différents
sentiers d’adoption.
La communication s’articule autour de cinq parties complémentaires. Dans la
première, nous présentons l’état de diffusion des technologies clés en matière
d’information et de communications (Téléphonie fixe et mobile, Ordinateurs et l’Internet
(users and hosts)). Dans la seconde partie, nous cherchons à caractériser les écarts de
diffusion des TIC et à comprendre leurs déterminants. La thèse de la fracture numérique
sera alors présentée et illustrée. La troisième partie nous amène à construire des
indicateurs pertinents pour mieux saisir l’ampleur de la fracture numérique. La quatrième
partie cherche à déterminer les délais de rattrapage des PSEM des pays plus avancés
(UE 15 et AC 10) et en matière d’équipement en TIC. Une modélisation économétrique
2
simple envisage plusieurs scénarii en fonction des évolutions des taux de croissance afin
de déterminer la convergence d’équipement en matière de TIC. Enfin, la dernière partie
fournit quelques pistes explicatives pour qualifier le retard de diffusion des TIC et
cherche à présenter nos hypothèses de travail pour le reste du rapport.
Quatre résultats principaux ont été obtenus dans cette partie du rapport.
Premièrement, nous identifions deux types de fractures numériques : la première
concerne les écarts d’équipements en matière de téléphonie avec des résultats contrastés,
et la seconde concerne l’Internet et les usages liés, et montre clairement l’existence d’un
fossé numérique. En effet, les niveaux d’équipements en télécommunications tendent à
converger grâce au recours croissant des pays à niveaux de développement plus faibles
aux nouvelles générations de technologies mieux adaptées à leurs besoins (Follower
advantage). En effet, on constate une dynamique forte d’adoption de la téléphonie
mobile au sein des PSEM. Mais cette dynamique a relégué la téléphonie fixe au second
plan. En revanche, la fracture tend à augmenter en matière d’informatique. La
conjugaison de l’absence de dynamique d’adoption dans la téléphonie fixe et un retard
important dans la diffusion des ordinateurs a pour effet d’engendrer un fossé numérique
en matière de diffusion d’Internet. L’absence de dynamique en matière d’Internet est
l’aspect le plus important à retenir. Il pourrait constituer un handicap sérieux dans la
perspective de la mise en place d’une « société des savoirs ». La neutralisation de l’effet
richesse en considérant les indicateurs rapportés au PIB montre que les efforts consentis
par les pays intermédiaires et les PSEM sont importants. La fracture relative est
beaucoup plus faible que la fracture absolue.
Le second résultat concerne les écarts en matière de diffusion et des usages au
sein de chaque groupe de pays. En effet, notre étude tend à montrer que les écarts sont
importants entre les pays les plus équipés (les nantis) et les pays les moins équipés (les
démunis) y compris au sein des PSEM. Ces inégalités tendent à augmenter de nos jours.
La zone de libre-échange euro-méditerranéenne devient une zone assez hétérogène du
point de vue de la diffusion des TIC. Ceci pourrait avoir des effets importants sur
l’allocation des ressources productives, si les firmes tiennent compte de ce facteur dans
leur décision d’implantation, et sur la divergence des performances macro-économiques
à terme (cf la partie 2 du rapport en cours d’élaboration).
Le troisième résultat concerne les scénarii de rattrapage. En effet, si l’on tient
compte du rythme de croissance actuel, on peut montrer que « le gap technologique » en
matière de TIC ne peut être rattrapé même dans un horizon long. Cependant, un
différentiel de croissance à long terme d’un point en faveur des PSEM comparativement
à l’UE conduit à diviser par deux le laps de rattrapage, qui demeure important. Ceci nous
conduit à affirmer que la richesse économique certes constitue le facteur explicatif clé
pour la fracture numérique. Il n’en demeure pas moins que des politiques publiques
volontaires ainsi que l’accélération des réformes des marchés des télécommunications
peuvent jouer également un rôle de premier ordre.
Le quatrième résultat concerne les impacts des évolutions technologiques sur la
fracture numérique. En effet, « l’effet retard » semble handicaper les PSEM à court terme
mais pas à long terme. Les nouvelles technologies de l’information et des
communications paraissent mieux convenir aux PSEM que les anciennes TIC (les
technologies satellitaires, le mobile, Internet sans fil,…). Des facteurs socio-économiques
permettent d’expliquer pourquoi certaines nouvelles technologies sont mieux adoptées
(Le téléphone mobile) que d’autres (l’Internet).
3
INTRODUCTION GENERALE
L’irruption d’une nouvelle génération de technologies de l’information et de la
communication [la téléphonie mobile, l’Internet, la messagerie électronique, les EDI,…]
et la généralisation de son usage a permis d’augmenter de manière considérable les
échanges d’information entre acteurs économiques. Ces technologies génériques au sens
de Bresnahan et Trajtenberg (1994 et 1995) permettent aux individus et aux institutions
de mieux échanger, stocker et utiliser les informations. La convergence opérée entre ces
technologies depuis les années 90 a permis l’émergence de nouveaux usages et de
nouvelles applications améliorant la performance de certains secteurs industriels et la
qualité de services associés (transport, tourisme, banque, assurances, santé…). De plus,
toute une nouvelle frange d’activités liée à ces nouvelles technologies a vu le jour depuis
le début des années 90 et a montré une véritable croissance rapide (services bancaires par
le Net, Call Centers, e-commerce,…). Cette « Nouvelle Economie », en dépit du
dégonflement de la bulle Internet semble être régie par une dynamique de croissance
propre.
De nombreux économistes ont reposé la question des impacts de ces technologies
sur la performance des entreprises (Bakos, 2001, Fraumani, 2001, Litan et Rivlin, 2001,
Bellon, 2002 et 2003), sur les performances des travailleurs (Greenan et alii (2001),
Greenan, L’horty et Mairesse (2002), Greenan et Walkowiak (2003), et plus
généralement sur celles des marchés (Bailey, 1999, Rallet et Brousseau, 1998, Varian et
Shapiro, 1999, Ben Youssef et Ragni, 2003 et 2004, Aréna, 2003). D’autres se sont
davantage intéressés aux performances macro-économiques telle que la croissance
économique et la productivité (OCDE 1999, Gordon 2000, Artus, 2002, Boyer, 2002,
Bellon, Ben Youssef et Rallet, 2003, Petit, 2003, Mairesse, 2003, Gilles et L’horty,
2003,). L’hypothèse d’un nouveau régime de croissance tiré par les TIC a été
sérieusement défendue compte tenu de l’accélération des performances macroéconomiques en termes de croissance et de productivité aux Etats-Unis (Gordon, 2002a
et 2002b) et plus généralement dans les pays de l’OCDE (Colecchia et Schreyer, 2002,
Jorgenson, Ho et Stiroh, 2003).
L’Union Européenne, consciente de son retard en matière d’usage et
d’équipement en TIC, a décidé au sommet de Lisbonne (1999) de mettre en place une
stratégie de rattrapage pour faire en sorte que l’Europe soit l’économie de la
connaissance la plus dynamique vers 2010. Ainsi, une stratégie d’optimisation du
potentiel des TIC et un basculement dans la « e-Europe », une société fondée sur les
savoirs « Knowledge Based Economy » a été mise en œuvre au Nord. Son extension au
Sud à travers la mise en place du programme EUMEDIS (Euro-Mediterranean
Information Society) en février 1999 et l’implication des PSEM dans le projet ESIS
(European Survey of Information Society) traduisent une volonté de faire bénéficier les
pays partenaires de la zone de libre-échange de profiter des externalités de croissance et
de savoirs. Ainsi une large zone de diffusion et d’optimisation des retombées des TIC
serait en construction.
Si de nombreuses études ont été élaborées pour comprendre les effets des TIC
sur les performances des pays industrialisés, leurs impacts sur le processus de
développement constituent un sujet hautement politique et polémique. La thèse d’une
« fracture numérique » développée par de nombreuses organisations internationales
(OCDE, BM, PNUD, OMC…) illustre la difficulté d’évaluer l’impact des TIC sur le
processus de développement. En effet, les TIC pourraient conduire à une marginalisation
croissante de certains pays a été clairement évoquée (OCDE, 2001). Les écarts
d’équipements et d’usage des TIC pourraient contribuer à cantonner certains pays à la
production de biens et services à faible en valeur ajoutée alors que d’autres se
4
spécialiseraient dans la production de biens et services à forte valeur ajoutée et à fort
contenu en TIC. Les TIC seraient un élément aggravant dans la marginalisation des pays
en développement et un facteur d’augmentation des inégalités. La fracture actuelle en
termes de répartition des richesses serait aggravée par la fracture numérique.
Depuis peu, une thèse inverse selon laquelle les TIC pourraient être à l’origine
d’une accélération du rattrapage en augmentant la productivité et la croissance des pays
en voie de développement a vu le jour. Un rattrapage technologique et économique des
pays industrialisés par les pays en développement pourrait être accéléré par un recours
croissant aux TIC (Quibria, 1999, Wong, 2002, Ben Youssef et M’henni, 2003 et 2004).
Les PVD pourraient bénéficier d’un double dividende. Le premier concerne la croissance
économique et le développement. Le second dividende concerne la numérisation de
l’économie et l’accumulation d’un stock de capital plus récent.
Nous proposons à travers ce rapport de contribuer au débat portant sur les
impacts des TIC sur le processus de développement économique en illustrant cette
problématique dans le cadre de la zone euro-méditerranéenne. Des recommandations de
politiques économiques allant dans le sens de la réalisation de la « E-Europe élargie »
seront prodiguées.
Quatre objectifs complémentaires sont poursuivis dans ce travail : d’une part,
caractériser l’état de diffusion des TIC dans l’espace économique européen élargi
[Europe des 25 + les PSEM] et d’en comprendre les sentiers de diffusion et les
évolutions singulières constatées. D’autre part, nous tenterons de cerner les effets des
TIC sur les performances macro-économiques des PSEM et de les mettre en perspective
à la lumière des évolutions comparables dans d’autres dynamiques d’intégration
régionales. Nous tenterons d’examiner la contribution des TIC à la croissance et à la
productivité dans les PSEM. Par ailleurs, nous nous attarderons sur l’état des réformes
structurelles (réglementaires et institutionnelles) qui conditionnent la diffusion des TIC.
Enfin, à l’aide d’une large étude de terrain nous tenterons de mettre en exergue la
diffusion des TIC au sein du tissu industriel des PSEM. L’enquête permettra de faire la
lumière sur les usages des TIC et les facteurs de blocage. Une attention particulière sera
accordée aux innovations organisationnelles complémentaires nécessaires à
l’augmentation des performances.
En effet, la première partie du rapport fait état de la diffusion des TIC dans
l’espace euro-méditerranéen, caractérise les sentiers de diffusion, met l’accent sur les
difficultés de pénétration de certaines technologies et discute la thèse d’une fracture
numérique. Les politiques économiques d’accompagnement permettant une meilleure
allocation des ressources technologiques seront particulièrement discutées.
La seconde partie du rapport s’intéressera à l’impact des TIC sur les
performances macro-économiques des PSEM. Quatre canaux d’amélioration de la
performance sont identifiés : l’investissement en TIC (la part de l’économie numérique
dans l’économie globale) et les effets multiplicateurs qui peuvent en découler, la
substitution TIC/ Travail (The Capital Deepening Effect), l’effet déflateur qui montre
l’impact de la baisse des prix continue du secteur TIC sur le reste de l’économie et
surtout sur la maîtrise de l’inflation, et en fin l’effet qualité qui résume les évolutions
qualitatives de l’univers des transactions par le recours aux TIC. L’appréciation de ces
quatre effets nous permettra de conclure quant aux effets des TIC sur la croissance
économique et la productivité.
La troisième partie du rapport a pour objectif de comprendre l’évolution du cadre
réglementaire et institutionnel entourant le secteur TIC. En effet, nombre d’économistes
attribuent l’accélération des performances macro-économiques aux vagues de
déréglementation et aux réformes opérées dans les années 80 dans les pays de l’OCDE
pour le secteur des télécommunications (Noll, 2001, Boyer, 2002 ; Laffont et Tirole,
2002). Nous tenterons de mettre en place une grille d’analyse des évolutions de la
5
réforme du secteur TIC au sein des PSEM. De plus, nous tenterons d’examiner les
corrélations existant entre déréglementation, diffusion des TIC et performances macroéconomiques.
Enfin, la dernière partie tentera à travers une étude de terrain de voir dans quelle
mesure les TIC ont pénétré le tissu industriel des PSEM et quels sont les usages faits
jusqu’à présent. Une enquête de grande ampleur sera faite dans six pays parmi les PSEM
au sein de 500 entreprises par la méthode du tirage aléatoire.
Encadré 1 – Définition de la Fracture Numérique.
Le concept de « fracture numérique » ne renvoie pas à une définition précise et
stabilisée en analyse économique. A l’instar de « nouvelle économie », ce terme a été
fabriqué et popularisé par les médias et les décideurs publics. Il désigne au sens large les
inégalités économiques et sociales générées par les technologies de l’information et de la
Communication. Cette notion se décline en fonction de la problématique et du contexte
abordé. Tantôt elle désigne la non accession de certaines catégories sociales aux TIC.
Ainsi aux Etats-Unis, le débat porte sur la non accession de certaines catégories de la
population aux services de base (Téléphone) ou à l’Internet. En Europe, le débat a porté
davantage sur la couverture géographique de certains territoires par les opérateurs privés
de téléphonie après les vagues de déréglementation. Ainsi, une fracture « géographique »
risque de marginaliser certains territoires et certaines populations. En France, le débat a
porté sur la couverture géographique du haut débit. Ainsi, bien qu’une grande partie du
territoire soit couverte par les opérateurs, le haut débit reste cantonné à certains territoires
et marginalise ainsi les autres ! Enfin, les institutions internationales ont abordé le débat
sous l’angle de la marginalisation des pays en voie de développement contenu de leur
retard en « équipement technologique ». Il existerait ainsi un fossé numérique entre les
pays « connectés » et ceux qui n’ont pas encore un usage courant du téléphone !
D’un point de vue conceptuel, peu de définitions précises ont été proposées. Elles
renvoient à des conceptions différentes des fractures numériques. Au risque d’une
simplification abusive, on peut distinguer quatre types de définitions. La première définit
la fracture numérique comme l’accroissement des écarts de raccordement à l’Internet et
plus généralement de diffusion des TIC. La seconde concerne l’accroissement des
inégalités liées aux impacts économiques du secteur TIC sur le reste de l’économie. La
troisième concerne les inégalités liées aux usages des TIC. Enfin, la dernière part du
constat que la fracture numérique concerne avant tout les inégalités concernant les
modalités d’apprentissage et des connaissances générées par les TIC.
La première définition d’ordre strictement technologique et relève des
infrastructures.
Au sens strict, la fracture numérique désigne l’écart des taux de croissance des
taux d’équipement en Internet. En novembre 2001, 40% des utilisateurs d’Internet
résident aux Etats-Unis et au Canada, 30 % en Europe et 25% en Asie Pacifique. Le reste
du monde compte pour uniquement 5% des utilisateurs d'Internet. Ici les indicateurs
utilisés sont le nombre d’internautes par mille habitant, le taux d’hôtes d’Internet, la
capacité de computation globale, etc…
Au sens large, elle consiste à interpréter la fracture numérique comme une écart
du stock des TIC dans une économie donnée (Connexions Internet, PC, Téléphone
portables, téléphones fixes, etc..) (Long-Scott, 1995). La fracture numérique concerne
l’accroissement de l’écart de l’équipement en TIC entre deux zones géographiques
données. Elle désigne en quelques sortes une ligne de partage entre les territoires qui
utilisent les TIC et ceux qui ne l’utilisent que marginalement. Afin de mesurer la fracture
6
numérique on ajoute aux indicateurs précédemment cités ceux relatifs au taux de
pénétration des PC, le nombre de téléphones fixes par mille habitant, le nombre de
téléphones portables par mille habitants, etc…
La seconde définition, se rattache à la première, et concerne davantage les effets
économiques des TIC. Elle mesure la contribution des TIC à la croissance économique,
aux exportations, à la productivité et à l’emploi. Il convient de mesurer ici les impacts
économiques et les efforts entrepris en matière de Tic par un pays. L’idée essentielle
derrière cette démarche concerne les effets multiplicateurs potentiels des TIC.Ces
derniers peuvent être résumés de la manière suivante : les industries des TIC en 1997 ont
compté pour 3-4% de l’emploi, 6-9% de la valeur ajoutée, 10-25 % des exportations et
25-40% des dépenses de R&D aux Etats-Unis, au Japon et en Europe (Koski, Rouvinen
et Ylä-Anttila, 2002). Vraisemblablement des effets similaires sont attendus des pays qui
l’utiliseront. Ainsi, la fracture numérique désigne la divergence des trajectoires des
sentiers de croissance provoquée par les impacts économiques des TIC. Pohjola (2002)
définit un seuil de 5% de la part des TIC dans le revenu national comme seuil critique
permettant de séparer les pays dont la croissance pourrait être accélérée et ceux qui
demeureraient sur le sentier de croissance faible.
La troisième définition possible de la fracture numérique concerne davantage les
usages des TIC que leur stock. Il s’agit d’apprécier la manière dont les TIC sont utilisés
par les agents économiques et la manière dont ils permettent de vérifier le triptyque
« better, faster, cheaper ». En d’autres termes, comment les TIC permettent aux agents
d’abaisser les coûts de production, d’augmenter le volume des transactions et d’améliorer
la qualité de leurs prestations. La facture numérique porterait ainsi sur des pays à taux
d’équipement équivalents qui utilisent les TIC de manières différentes. On s’intéresse ici
aux volumes des transactions commerciales par Internet, la vente directe, le nombre d’eentreprises, la baisse des prix constatée (l’effet déflateur)…Cette définition permet ainsi
de constater qu’il ne s’agit pas d’investir massivement en TIC et de les produire mais il
est également question d’utilisation rationnelle par les agents économiques. Les
dimensions culturelles et sociétales sont présents ici.
La dernière définition de la fracture numérique est liée aux modalités
d’apprentissages et à la nature de l’acquisition des informations et des connaissances par
les TIC. En d’autres termes, si l’on part du postulat que l’équipement en TIC constitue un
préalable (infrastructure) et que les usages permettent d’accroître les performances, il
s’agit d’examiner comment les agents apprennent à utiliser les TIC. Les inégalités liées
aux TIC seraient liées aux inégalités des formes de l’apprentissage (Hargittai, 2002).
Récemment l’OCDE (2001) a formulé une définition qui semble tenir compte de
l’ensemble de ces dimensions et constitue une référence dans la littérature :
« The gap between individuals, households, business and geographic areas at
different socio-economic levels with regard both to their opportunities to access
information and communication technologies (ICTs) and to their use of Internet for a
wide variety of activities. The digital divide reflects various differences among and within
countries. The ability of individuals and businesses to take advantage of the Internet
varies significantly across the OECD area as well between OECD and non member
countries. Access to basic telecommunications infrastructures is fundamental to any
consideration of the issue, as it precedes and is more widely available than access to and
use of the Internet.”
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1. DELIMITATION DU SECTEUR TIC
Les Technologies de l’Information et de la Communication tiennent une place
centrale dans l’économie. Elles sont à la fois des technologies de production, des
consommations intermédiaires et des consommations finales. En effet, elles sont
considérées comme des consommations finales pour les ménages (les dépenses
d’équipement en ordinateurs, logiciels et les dépenses en téléphonie, connexion à
Internet…) et des consommations intermédiaires ou de formation brut de capital fixe
pour les entreprises (dépenses pour la constitution d’un capital TIC) (. Les TIC sont des
biens et services produits selon des ramifications et une spécialisation internationale
complexes. Appréhender leur état de diffusion dans une économie nécessite de prendre
en compte cette distinction.
A - Production des TIC
Afin d’établir des comparaisons internationales, l’OCDE a proposé une
définition du secteur TIC lorsque l’on aborde celui-ci sous l’angle de la production. En
effet, le secteur des TIC regroupe les industries et les services de trois filières : la filière
informatique, la filière des télécommunications et la filière électronique. Ainsi défini, le
secteur TIC a fortement progressé dans les pays de l’OCDE jusqu’en 2001. Ce secteur a
atteint dans certains pays un niveau d’importance égal à celui de la construction
automobile ou de l’agroalimentaire.
La production des TIC à l’échelle internationale ne semble pas être cantonnée
aux pays industrialisés, de nombreux pays du Sud Est asiatique se sont taillés une part de
marché importante sur les composants électroniques, l’assemblage des ordinateurs ou
encore dans la conception des logiciels (le cas de l’Inde), voire dans l’attraction des call
centers.
Examiner l’état de diffusion des TIC nécessite que l’on aborde le poids de ce
secteur dans les économies des PSEM du point de vue du chiffre d’affaires, de l’emploi
et de la valeur ajoutée (dans la partie 2 du rapport).
La filière informatique
Machines de bureau
Ordinateurs personnels
Grands ordinateurs
Serveurs
Matériels de réseaux
Périphériques
Cartes
LE SECTEUR DES TIC
La filière des télécommunications
Equipements professionnels de
transmission
Commutateurs
Relais
Terminaux destinés aux usagers
Câbles
Fibres optiques
La filière électronique
Composants électroniques
Semi-conducteurs
Circuits imprimés
Les équipements de
l’électronique grand public
(téléviseurs, magnétoscopes,
récepteurs radio, lecteurs de
disques)
Instruments de mesure
Instruments de navigation
Compteurs
Productique
Tableau 1 : délimitation du secteur TIC – source OCDE (1999)
B - La consommation des TIC
Afin de bénéficier des effets économiques des TIC, il n’est nul besoin de les
produire. Les pays importateurs peuvent également bénéficier des apports économiques
et sociaux des TIC et voir leurs performances s’accélérer. Les importations de biens TIC
8
permettent d’engendrer des effets de diffusion technologiques importants (Navaretti,
2001).
Après une large phase de diffusion des produits électroniques durant les
décennies 80 et 90, on assiste de nos jours à une généralisation de l’usage de la
téléphonie et des produits informatiques et dans une moindre mesure de l’Internet. Si
cette tendance globale est confirmée dans les pays de l’OCDE, la dynamique d’adoption
et de consommation des TIC demeure assez faible par ailleurs.
L’étude de l’état d’adoption et de consommation des populations des PSEM des
TIC nous permettra de mieux comprendre les sentiers de diffusion, l’existence ou
l’inexistence d’effets de réseaux, les difficultés liées aux usages et aux modalités
particulières de consommation.
La modélisation des modifications des comportements d’achat et des préférences
collectives des pays du PSEM pourrait s’avérer fortement utile pour notre étude.
C - Diffusion des TIC comme technologies génériques
Le débat concernant les impacts des TIC sur les performances économiques a
surtout été formulé sous l’angle technologique. En d’autres termes, les TIC ont été
considérées comme des technologies génériques « General Purpuse Technologies » au
sens de Bresnahan et Trajtenberg (1994). Elles admettent un impact sur l’ensemble des
secteurs économiques sans distinction. Elles agissent sur le système d’information des
organisations et peuvent sous certaines conditions améliorer leurs performances
(Brousseau et Rallet, 1999). Elles pourraient contribuer à modifier le rythme de leur
croissance potentielle.
Si la thèse des externalités d’adoption des TIC a été vigoureusement adoptée (un
effet mécanique de l’adoption des TIC sur les performances macro-économiques), on
assiste de nos jours à l’émergence d’une littérature importante développant la thèse de la
complémentarité entre TIC et organisation (Grennan, L’horty et Mairesse, 2002 ;
Bresnahan, Brynjolfson et Hitt, 2002, Greenan et alii 2000, Askenazy et Gianella, 2001)
ou encore entre TIC et formation (Keller, 1996 ; Van Elkan 1996,…). Les
investissements en TIC sont considérés comme préalables à une amélioration de la
performance des firmes, qui n’a lieu que lorsque les firmes investissent également en
formation et en réorganisation interne.
Aborder la diffusion des TIC nécessite donc que l’on discute tour à tour
l’ensemble de ces points. Mais ceci constitue un des objectifs du rapport et certaines
parties seront détaillées ultérieurement. Nous préférons dans un premier temps fournir
une vision globale de l’état de diffusion des principales technologies liées aux TIC dans
l’espace européen élargi et caractériser les écarts entre les différents groupes. Alors que
pour certains, l’intégration euro-méditerranéenne est un facteur de réduction des écarts en
matière de diffusion des TIC, pour d’autres, les fractures ne font qu’augmenter et la
fracture numérique ne cesse de se creuser entre l’Union européenne et les PSEM.
2. ETAT DE DIFFUSION DES TIC DANS L’ESPACE EUROMEDITERANEEN ELARGI
Trois technologies sont considérées comme essentielles lorsque l’on aborde les TIC :
la téléphonie (sous sa forme mobile ou fixe, terrestre, par fibre optique ou satellitaire),
l’informatique (ordinateur portable, ordinateur fixe, ordinateur central ou ordnateur
individuel, compact ou centralisé,…) et l’Internet (navigation, Mail, EDI, e-commerce,
etc…). Cinq indicateurs permettent d’aborder usuellement leur diffusion : le nombre de
9
téléphone fixe par mil habitants, le nombre de téléphone portable par mil habitant, le
nombre de PC par mil habitant, le nombre d’ordinateurs connectés à Internet par mil
habitant et le nombre d’utilisateurs d’Internet par mil habitant. Nous proposons de les
examiner pour les 37 pays formant l’Espace Euro-Méditerranéen Elargi.
2.1. Etat de diffusion des TIC
La diffusion des TIC est abordée ici en commentant l’évolution de leur adoption selon les
données de l’I.T.U. Les graphiques relatifs aux cinq indicateurs appellent quelques
commentaires.
L’adoption du téléphone fixe plafonne
En effet, on constate qu’au sein de l’Union Européenne (UE 15), le téléphone
fixe plafonne aux alentours de 600 lignes par mil habitants alors qu’un palier à 300 lignes
par mil habitants est observé dans les pays de l’AC 12 et ce niveau n’atteint que 150
lignes par mil habitants au sein des PSEM. La diffusion est deux fois plus importante
d’une zone économique à une autre.
Une adoption forte du téléphone mobile
Le téléphone mobile, en revanche, a été rapidement adopté dans les trois régions.
Il a dépassé le taux d’équipement en téléphone fixe même si des écarts importants
demeurent entre les trois groupes de pays. Le taux d’équipement est de 800 lignes par mil
habitant au sein de l’UE 15, 400 lignes par mil habitant au sein de l’AC 12 et de
seulement 200 lignes par mil habitants au sein des PSEM. La proportionnalité est
identique dans les deux formes de téléphonie (deux fois supérieure d’une zone à une
autre).
Par ailleurs, on constate clairement une substitution entre les deux formes de
téléphonie dans les trois zones alors même qu’un écart important en matière de
téléphonie fixe subsiste. Pire encore, en matière de téléphonie fixe la croissance des
abonnements est négative.
10
TELPH
TELPH
600
600
500
500
400
400
300
300
200
200
100
100
0
1998
1999
2000
CE
CA12
2001
2002
0
CE
CA12
PSEM
1998
1999
2000
PSEM
2001
2002
CMSPH
CMSPH
900
900
800
700
800
600
500
600
700
500
400
400
300
300
200
100
200
100
0
1998
1999
2000
CE
CA12
2001
2002
0
CE
CA12
PSEM
1998
IHPH
50000
40000
40000
30000
30000
20000
20000
10000
10000
0
1999
2000
CE
CA12
2001
CE
PSEM
400
300
200
200
100
100
0
2000
CA12
CA12
PSEM
IUPH
300
CE
2002
1998 1999 2000 2001 2002
400
1999
2001
0
2002
IUPH
1998
2000
IHPH
50000
1998
1999
PSEM
2001
2002
0
CE
PSEM
CA12
PSEM
1998 1999 2000 2001 2002
PCPH
PCPH
400
400
300
300
200
200
100
100
0
0
1998
1999
CE
2000
CA12
2001
PSEM
2002
CE
CA12
PSEM
1998 1999 2000 2001 2002
11
TELPD
TELPD
90
90
80
80
70
60
70
50
50
40
60
40
30
20
30
20
10
10
0
0
1998
1999
2000
CE
CA12
2001
CE
PSEM
CA12
1998
CMSPD
1999
2000
PSEM
2001
CMSPD
90
90
80
80
70
70
60
60
50
40
50
30
30
40
20
20
10
10
0
1998
1999
2000
CE
CA12
2001
0
CE
PSEM
CA12
1998
1999
PSEM
2000
2001
IHPD
IHPD
3000
3000
2500
2500
2000
2000
1500
1500
1000
1000
500
500
0
0
1998
1999
2000
CE
CA12
2001
CE
PSEM
CA12
1998
1999
2000
PSEM
2001
IUPD
IUPD
30
30
25
25
20
20
15
15
10
10
5
5
0
0
1998
1999
2000
CE
2001
CA12
CE
PSEM
CA12
1998
PCPD
1999
2000
PSEM
2001
PCPD
25
25
20
20
15
15
10
10
5
5
0
0
1998
1999
CE
2000
CA12
PSEM
2001
CE
CA12
1998
1999
2000
PSEM
2001
12
Une faible progression dans l’équipement informatique
L’équipement informatique demeure assez faible dans la zone EEME. Un
individu sur trois possède un ordinateur dans l’UE 15. Seulement un individu sur dix au
sein des AC 12 et un sur 25 au sein des PSEM. Cette forte divergence en matière
d’équipement informatique pourrait être relativisé en considérant davantage l’ordinateur
comme un bien privé au sein de l’Union Européenne et un bien public au sein des AC 10
et dans les PSEM. Par ailleurs, ceci pourrait provenir de l’incapacité à cerner avec
exactitude le nombre de P.C. au sein des PSEM. En effet, outre l’importation légale,
d’autres formes d’importations peuvent se développer sans que le système statistique
puisse les prendre en compte (contrebande, importations par les populations immigrés,
etc…). Contrairement à la téléphonie où le nombre d’abonnés permet de cerner
exactement les modalités d’adoption, il n’existe pas d’indicateur officiel pour les
ordinateurs.
Une absence totale de dynamique dans l’Internet au sein des PSEM
Les indicateurs relatifs à Internet montrent l’absence totale de dynamique au sein
des PSEM alors même qu’on constate une forte progression de l’adoption de cette
technologie au sein des AC 12 ou de l’UE des 15. La faiblesse en matière d’Internet peut
être attribuée à la nouveauté de cette technologie, mais également à la faiblesse des
technologies nécessaires à son usage.
L’effort relatif des pays
Ces premières constatations doivent être relativisées. En effet, l’existence
d’écarts initiaux de développement économique et de revenus est déterminante pour
l’adoption de ces technologies. Nous avons voulu tenir compte de cet aspect et relativiser
la diffusion par le PIB pour examiner l’effort relatif des divers pays pour l’équipement
dans ces technologies clés. Les résultats méritent une certaine attention.
En effet, l’effort relatif d’équipement en TIC le plus important est consenti par
les AC 12. Quelle que soit la technologie considérée, les AC 12 semblent être déterminés
à combler le retard ou le gap technologique rapidement. Les PSEM consentent également
un effort important au vu de leur PIB. Cependant, cet effort ne semble pas être suffisant.
Ceci permet d’attirer l’attention sur la nécessité d’un apport extérieur pour combler les
écarts existants (ce point sera développé au point 1.5). Il convient également de noter la
progression de l’effort relatif de l’UE en matière d’informatique et d’Internet.
L’analyse rapide des principaux indicateurs relatifs aux trois technologies génériques
(téléphonie, ordinateurs et Internet) semble indiquer clairement l’existence de fortes
similarités des sentiers de diffusion mais également de notables différences qu’il convient
de mieux qualifier. Pour cela, l’analyse des écarts à travers les courbes de LORENZ et les
indices de GINI permettront de qualifier les gaps technologiques entre les trois groupes
de pays. Ceci permettra d’indiquer si ou non si l’on peut parler de fracture numérique.
2.2. Les Indices de GINI et courbes de LORENZ
L’évaluation quantitative de la fracture numérique est faite sur la base du calcul de
l’indice de concentration de Gini. Dans ce travail, nous proposons d’envisager l’étude de
l’étendue de la diffusion de certaines TIC en tenant compte, d’une part de la population et
13
d’autre part du niveau de la richesse. Cette distinction devrait nous permettre d’apprécier
l’effort entrepris dans chaque pays dans le but d’une meilleure diffusion des TIC.
Encadré 2 : Indice de GINI et Courbe de LORENZ
La notion de concentration a trait à la répartition de la masse du caractère entre
les individus. Par exemple, une forte concentration signifie qu’une grande part de la
masse totale du caractère revient à très peu de gens. Vice versa, l’absence de
concentration correspond au cas où une part égale de la masse totale du caractère revient
à chaque individu. Cet indice de concentration est calculé à partir de la courbe de Lorenz
selon la méthodologie suivante :
D’abord, la distribution des individus est donnée par les fréquences de chaque pays
(population du pays sur population totale de tous les pays), tandis que celle de la masse
du caractère est donnée par le nombre d’installations du pays sur le nombre total
d’installations de tous les pays (par exemple le nombre de lignes téléphoniques du pays
sur le nombre total des lignes téléphoniques de tous les pays).
Ensuite et afin de comparer l’écart entre la distribution des individus et celle du caractère,
on peut songer à mettre en opposition les fréquences relatives cumulées. On dira par
exemple que x % de la population utilise ou bénéficie de y % de toutes les installations.
La courbe de Lorenz généralise cette idée de comparaison des fréquences
cumulées. Elle donne le lien des couples (fréquences cumulées de la population Fi ,
fréquences cumulées des installations Gi ). Ces fréquences donnent respectivement le
rang relatif de l’observation (par exemple le pays ou le groupe de pays) et la contribution
à la masse du caractère (par exemple installations téléphoniques).
Pour construire la courbe de Lorenz, on considère un carré égal à 100. On porte en
abscisse les fréquences cumulées de la population et en ordonnées celles du caractère.
Pour chaque observation, on représente le point de coordonnées ( Fi , Gi ). On obtient
ainsi autant de points que l’on a de données (par exemple de pays ou de groupes de pays).
La courbe s’obtient alors en reliant successivement ces points en partant de l’origine
(0,0). Le dernier point se trouve évidemment toujours en (100,100). Exemple : dans la
courbe de Lorenz relative à la variable téléphone fixe de l’année 1999 on peut lire que
47,59% de la population possèdent 19,84% des téléphones fixes. Pour la même année on
peut aussi lire que 50,46% de la population possèdent 8,93% des ordinateurs connectés à
Internet (IH).
Courbe
de
Lorenz
telph
1998
Courbe de Lorenz ihph 1998
120
120
100
100
80
80
60
60
40
40
20
20
0
0
0
20
40
60
80
100
0
20
40
60
80
100
14
Près de 15% de la population totale détient plus de 10% des lignes téléphoniques (ce
point correspond aux pays du PSEM) et plus de 45% de la population détient près de 25%
des lignes téléphoniques (ce point correspond aux pays du PSEM et AC12) (G 1).
Près de 11% de la richesse des groupes détient près de 6% des lignes téléphoniques (ce
point correspond aux pays du PSEM) et plus de 22% de la richesse détient près de 10%
des lignes téléphoniques (ce point correspond aux pays du PSEM et AC12) (G 2).
Plus la courbe s’écarte de la bissectrice plus la répartition des lignes entre les individus
ou entre les pays est inégalitaire et vice versa. D’où l’indice de Gini qui mesure le rapport
de l’aire comprise entre la bissectrice et la courbe
On complète le graphique par la diagonale. La surface comprise entre cette dernière et la
courbe de Lorenz est appelée surface de concentration. En effet, la diagonale correspond
à la courbe de Lorenz d’une distribution parfaitement égalitaire où tous les individus
obtiennent la même part de la masse du caractère. Lorsque la courbe de Lorenz est près
de la diagonale les
sont proches des
correspondants et la concentration est faible.
Inversement, la concentration augmente lorsque la courbe de Lorenz s’éloigne de la
diagonale. La concentration est maximale, qui correspond au cas où tous les individus
n’ont rien sauf le dernier qui a tout, est donnée par la courbe qui suit l’axe horizontal
jusqu’en (0,100) puis monte verticalement en (100,100). Si la surface comprise entre la
bissectrice et la courbe de Lorenz permet de visualiser la concentration, il est naturel de
penser à son aire comme indicateur de la concentration. En cas de concentration
maximale, cette aire vaut 5000, qui est l’aire du triangle. Pour obtenir une mesure qui
prend ses valeurs entre 0 et 1, et atteint 1 lorsqu’il y a concentration totale, on normalise
l’aire en divisant par l’aire du triangle. On définit ainsi l’indice de Gini.
On appelle l’indice de Gini le rapport de l’aire comprise entre la diagonale et la courbe de
Lorenz à la surface du triangle. Par construction l’indice de Gini prend ses valeurs dans
l’intervalle (0,1). Il prend la valeur 0 lorsque chaque individu reçoit la même part de la
masse du caractère, et la valeur 1 lorsqu’un seul individu détient toute la masse du
caractère et les autres rien. Exemple : La valeur 0,2662 de l’indice de Gini pour le
téléphone fixe en 1999 veut dire que par exemple 10% de la population utilise 36,62% du
parc total du téléphone fixe.
L’indice de Gini pour le téléphone fixe en 1999 (0,2662) est inférieur à l’indice IH pour
la même année (44,73%) ce qui montre qu’il existe une plus grande disparité dans le
domaine IH que pour celui de la téléphonie fixe. Le seuil au-delà duquel on considère que
la concentration est forte dépend évidemment du contexte. Un degré de concentration qui
peut paraître important dans un cas, sera considéré comme faible dans un autre contexte.
15
A - Analyse par groupe de pays
Si l’on considère l’ensemble des pays et que l’on examine la diffusion des TIC au
sein de la population, la matrice des indices de GINI pour les quatre années
d’observations se présente alors comme suit :
TEL
CMS
IH
IU
PC
1999
0,2175382
0,32478465
0,39686983
0,36683495
0,37342682
2000
0,21510442
0,30152847
0,39788599
0,37579303
0,37438886
2001
0,21390611
0,26261463
0,39693657
0,37757841
0,37333202
2002
0,21949659
0,23537397
0,39798858
0,34623817
0,37945579
Nous remarquons que le niveau de la fracture est plus élevé dans les technologies
de l’informatique (IU, PC, IH) que dans la téléphonie (qui est stable pour la téléphonie
fixe ou en légère amélioration dans le cas du mobile). Cependant, en recalculant ce même
indice déflaté par le niveau de la richesse, nous constatons, que d’une part, le niveau en
absolu de la fracture baisse et donc que l’écart constaté est plus réduit que celui estimé
par lé précédent indicateur. Et d’autre part, que de l’indice pour les variables (IH, IU,
PC) baisse. Ceci montre que la fracture est en train de perdre de son ampleur.
1999
TEL 0,14047015
CMS 0,04533337
IH 0,00878407
IU 0,03146349
PC 0,0192868
2000
0,13454077
0,06006629
0,01541967
0,01231367
0,011322
2001
0,13635019
0,09443706
0,00848679
0,01424617
0,01563276
Dans une vision statique nous montrons la présence de deux sous groupes
d'indices. Le premier est constitué des technologies suivantes : IH, IU et PC, qui semble
révéler un niveau élevé de dispersion et donc une fracture numérique relativement
importante. Le deuxième est constitué des technologies suivantes : MP et TEL, dont les
indices sont moins élevés que dans le premier groupe et révèlent un niveau de dispersion
plus faible et donc une fracture relativement moins importante.
Dans une optique dynamique, nous avons un premier groupe constitué de IH, IU
et PC qui présente des indices constants de 1999 à 2001 ce qui voudrait dire que la
fracture numérique persiste pour ces technologies. Le deuxième groupe constitué de MP
et TEL est moins stable et tend à avoir des indices décroissants d'une année à une autre ce
qui peut révéler une baisse du taux de la fracture. La baisse la plus significative est celle
de MP.
B - Analyse par pays
16
Si l’on considère à présent l’évolution de la fracture en fonction des pays,
l'analyse statique permet de confirmer la première analyse puisque les différences entre
les deux sous groupes d’indices persistent et sont même accentuées. Puisque tous les
indices sont plus élevés dans ce dernier cas par rapport au premier (l’indice de Gini d’IH
en 1999 est égal à 40,38% dans une optique groupe alors qu’il est de 44,73% dans une
optique pays. Cette différence s’explique par l’hétérogénéité entre les pays appartenant au
même groupe.
Le premier est constitué des technologies de l’Internet (IH, IU et PC) qui
semblent révéler un niveau élevé de dispersion et donc une fracture numérique
relativement importante respectivement PC puis IU puis IH.
Le deuxième est constitué des technologies suivantes de la téléphonie (MP et
TEL) dont les indices sont moins élevés que dans le premier groupe et révèlent un niveau
de dispersion plus faible et donc une fracture relativement moins importante.
L'analyse dynamique montre en revanche que, pour le premier groupe, l’indice
IH décrit une situation où la fracture est accentuée en 2001 bien que la situation se soit
légèrement améliorée en 2000 par rapport à 1999. Pour le deuxième groupe, la baisse de
l’indice de Gini relatif à MP et TEL confirme que l’usage de ces technologies se
généralise et l’écart se comble petit à petit.
Le calcul de l'indice de GINI relatif aux quatre technologies choisies aussi bien
au niveau des groupes qu’au niveau des pays tend à montrer deux résultats
fondamentaux : d’une part, la fracture dans Internet est plus importante que dans la
téléphonie. D’autre part, cette tendance se perpétue au cours du temps. La fracture
s’aggrave au lieu de se résorber ! Ces conclusions confirment les constats élaborés dans
la seconde partie.
C - Fractures au sein des groupes de pays
La lecture des trois graphiques ci-dessous montre qu’il existe une fracture au sein
même des groupes. Les trois blocs ne sont pas homogènes.
L’analyse statique montre d’abord que cette fracture intra groupe est plus élevée dans le
groupe des PSEM (de 0,36 pour le téléphone en 2002 à plus de 0,85 pour IH en 2000)
que dans les autres groupes (de 0,06 pour le téléphone mobile en 2001 à 0,44 pour IH en
2002 pour l’UE et de 0,12 pour le téléphone fixe en 2001 à 0,37 pour IH en 1999 pour
l’AC12). Ensuite, quel que soit le groupe, la fracture intra groupe la plus élevée est celle
relative à IH.
L’analyse dynamique montre une baisse sinon une stagnation de la fracture intra groupe
sauf pour IH dans le groupe UE à partir de 2000.
IG UE
0,5
0,4
tel
0,3
cms
ih
0,2
iu
pc
0,1
0
1999
2000
2001
2002
17
IG AC12
0,4
0,35
0,3
tel
0,25
cms
0,2
ih
iu
0,15
pc
0,1
0,05
0
1999
2000
2001
IG
2002
PSEM
1
0,9
0,8
0,7
tel
0,6
cms
0,5
ih
0,4
iu
0,3
pc
0,2
0,1
0
1999
2000
2001
2002
In
D - Courbes des nouveaux arrivants et explications de la fracture
L’évolution des nouveaux arrivants (les nouvelles personnes ayant adopté les
technologies considérées) peut permettre de mieux saisir les évolutions des fractures
numériques constatées. En effet, ceci permet de mieux cerner les déterminants des écarts
de diffusion.
Les courbes ci-dessous montrent la diffusion des technologies considérées
(courbes de gauche), l’évolution des nouveaux arrivants (courbes médianes) et
l’évolution des taux d’adoption. Lorsque la courbe de droite est décroissante, ceci veut
dire que la fracture tend à se résorber et inversement lorsqu’elle est croissante.
18
TELPH
600
500
300,00%
5,00%
250,00%
4,00%
3,00%
200,00%
400
UE-AC12
150,00%
300
UE-PSEM
AC12-PSEM
200
100,00%
100
1999
2000
2001
CA12
2002
CMSPH
2000
2001
2002
600,00%
800
700
500,00%
600
500
400,00%
400
300
300,00%
200
100
200,00%
120,00%
100,00%
80,00%
UE-AC12
UE-PSEM
0
1999
2000
2001
CA12
2002
2000
2001
0,00%
2002
2000-1999
3000,00%
40000
2500,00%
30000
2000,00%
20000
1500,00%
2001-2000
2002-2001
45,00%
3500,00%
50000
PSEM
20,00%
1999
IHPH
CA12
40,00%
100,00%
PSEM
CE
60,00%
AC12-PSEM
0,00%
CE
2002-2001
-2,00%
700,00%
900
2001-2000
-1,00%
1999
PSEM
PSEM
2000-1999
0,00%
CE
CA12
1,00%
0,00%
50,00%
0
CE
2,00%
40,00%
35,00%
30,00%
UE-AC12
UE-PSEM
10000
AC12-PSEM
1000,00%
0
2000
2001
CA12
2002
CA12
15,00%
PSEM
5,00%
0,00%
0,00%
1999
CE
CE
20,00%
10,00%
500,00%
1999
25,00%
2000
2001
2002
-5,00%
PSEM
2000-1999
2001-2000
2002-2001
IUPH
70,00%
1200,00%
400
1000,00%
300
800,00%
60,00%
50,00%
UE-AC12
200
AC12-PSEM
100
400,00%
0
1999
2000
2001
CA12
2002
200,00%
PSEM
10,00%
0,00%
1999
PSEM
CA12
30,00%
20,00%
0,00%
CE
CE
40,00%
UE-PSEM
600,00%
2000
2001
2000-1999
2002
2001-2000
2002-2001
PCPH
20,00%
1200,00%
400
18,00%
1000,00%
300
16,00%
14,00%
800,00%
200
600,00%
100
UE-AC12
12,00%
CE
UE-PSEM
10,00%
CA12
8,00%
PSEM
AC12-PSEM
400,00%
0
1999
2000
2001
2002
6,00%
4,00%
200,00%
2,00%
0,00%
0,00%
CE
CA12
PSEM
1999
2000
2001
2002
2000-1999
2001-2000
2002-2001
Ainsi, pour le téléphone fixe et comme nous l’avons souligné auparavant, l’écart
de diffusion existe entre les trois groupes de pays, il est même important et ne s’améliore
pas. Pour comprendre les raisons qui expliquent cet état de fait, nous avons effectué des
calculs relatifs aux nouveaux utilisateurs du téléphone fixe. Les résultats montrent que le
taux de croissance des nouveaux utilisateurs du téléphone fixe est en baisse dans les deux
sous groupes AC12 et PSEM. Ce taux est même négatif en 2002. Ceci signifie que dans
certains pays le taux de pénétration de la téléphonie fixe est en train de baisser.
Cela n’est pas le cas de la téléphonie mobile, qui est en pleine expansion. Selon nos
résultats, un rattrapage pourrait être atteint, si les évolutions dans les différents sous
groupes gardent le même rythme. Il sera plus rapide pour les AC12 que pour les PSEM
dans lesquels l’évolution ne semble pas suivre un rythme stable. Il est intéressant aussi de
noter que pour la plupart des pays, le taux de croissance a commencé à baisser dans les
dernières années.
Dans le secteur de l’Internet, la fracture est encore plus nette. Aussi bien en
considérant l’indice hôte (utilisateurs d’Internet) le niveau de la fracture est certainement
19
le plus élevé parmi toutes les TIC retenues. L’usage de l’Internet est beaucoup plus diffus
en Europe que dans les PSEM. Il l’est aussi entre les AC12 et les PSEM. Cette situation
devrait perdurer encore pour quelques années. La situation dans le domaine des hôtes
Internet est encore plus préoccupante même si en terme de taux de croissance il y a
convergence à la fin de l’année 2002. Si ce taux n’est pas plus élevé chez les PSEM, ou
dans les AC12, pendant une période de temps suffisamment longue une convergence
absolue ne peut être atteinte.
Ces constatations doivent être liées à la question du retard en terme d’équipement
en matériel informatique et en particulier dans celui des ordinateurs personnels. En effet,
les AC12 et plus particulièrement les PSEM sont non seulement en retard mais aussi dans
une dynamique défavorable, qui se traduit par des taux de croissance du niveau de
diffusion des PC en baisse. Ceci peut être l’une des principales causes du retard constaté
dans la diffusion de l’Internet.
3. ELABORATION D’INDICES SYNTHETIQUES DE LA
FRACTURE NUMERIQUE.
Elaborer des indices synthétiques afin d’observer l’économie de la connaissance,
la nouvelle économie, ou encore la fracture numérique, n’est pas une tâche aisée et
constitue un challenge pour de nombreuses institutions nationales et internationales4. Le
travail le plus significatif concernant notre problématique a été élaboré par le Programme
des Nations Unies pour le Développement (PNUD). En effet, le PNUD a élaboré en 2001
un nouvel indicateur pour mesurer l’écart technologique entre les pays : l’Indice de
Développement Technologique (IDT). Son approche est assez proche de la nôtre même si
l’étude n’est pas centrée sur les technologies de l’information et de la communication.
Le calcul de cet indicateur repose sur quatre critères :
La diffusion des anciennes technologies : on retient essentiellement les deux
technologies les plus génériques (l’électricité et le téléphone (fixe et portable) qui
conditionnent l’adoption des nouvelles technologies.
La diffusion des technologies récentes : essentiellement la diffusion d’Internet (à travers
la comptabilisation des ordinateurs connectés – Internet Hosts) et la proportion des
exportations de produits à contenu technologique moyen ou fort dans la totalité des
exportations.
Les compétences humaines : le calcul de l’IDT inclut la durée moyenne de scolarisation
et le taux brut d’inscription d’étudiants dans l’enseignement supérieur en sciences, en
mathématiques et en ingénierie.
L’innovation technologique : le niveau d’innovation est mesuré en fonction du nombre
de brevets délivrés par habitant et des redevances et des droits de licences perçues du
reste du monde.
L’élaboration de l’IDT permet ainsi d’examiner le retard technologique entre
pays en général et son évolution dans le temps. On pourrait ainsi caractériser l’évolution
de la fracture technologique.
4
Le commissariat Général au plan en France a tenté d’élaborer des indicateurs de la société de
connaissances voir S. Paillard (2001), l’OCDE s’est penché également sur la même problématique….
20
Notre approche a consisté à emprunter un cheminement assez proche de celui du
PNUD en nous concentrerons sur les principales TIC à savoir le téléphone fixe, le
téléphone portable, les ordinateurs, les ordinateurs connectés à Internet et les usagers
d’Internet.
Trois technologies génériques ont été au centre de nos préoccupations : la
téléphonie (fixe et mobile), l’ordinateur et l’Internet. On peut les classer selon la date de
leur apparition en trois générations : la première concerne le téléphone fixe, la seconde
est relative au P.C, et enfin la dernière a trait au téléphone mobile et à l’Internet.
3.1. Indices synthétiques de la fracture numérique par groupe de pays
L’ensemble des commentaires dans cette partie traite les régions comme des
blocs homogènes alors même que nous avons insisté dans le précédent paragraphe sur les
disparités au sein même des groupes de pays. Notre démarche consiste à caractériser les
évolutions entre les trois blocs de pays à l’aide d’indices synthétiques comprenant
l’ensemble des TIC. Nous avons élaboré à cet égard six indices : (GPT1) (un indice
composite simple avec une pondération égale entre les diverses technologies génériques),
GPT2 : un indice composite accordant plus d’importance aux technologies génériques
anciennes que les technologies génériques nouvelles. Il attribué 0.5 aux anciennes TIC
(PC + téléphonie fixe), 0.25 (IH + IU) + 0.25 (Téléphonie mobile). On suppose en effet
que la diffusion des anciennes générations de TIC devrait être plus importante que les
nouvelles. En théorie une plus faible pénétration des nouvelles technologies devrait
moins handicaper les pays en développement.
Le troisième indice (TEL) concerne la téléphonie. Il nous permet d’examiner
l’état de diffusion de la technologie des télécommunications. Le quatrième indice est
IUSAGE. Il concerne l’utilisation des ordinateurs et des ordinateurs connectés. Ceci nous
permet d’examiner l’état d’usage des P.C et enfin l’indice INTERNET qui permet de
donner l’intensité de l’usage de l’Internet.
21
1er Indice
1er Indice
10000
700
8000
600
6000
500
4000
300
400
200
2000
100
0
0
CE
CA 12
PSEM
CE
1998 1999 2000 2001 2002
CA 12
1998
Indice Téléphonie
1999
2000
PSEM
2001
Indice Téléphonie
100
800
80
600
60
400
40
200
20
0
0
CE
CA 12
CE
PSEM
CA 12
PSEM
1998 1999 2000 2001
1998 1999 2000 2001 2002
Indice Internet
Indice Internet
25000
1500
20000
1000
15000
10000
500
5000
0
0
CE
CA 12
CE
PSEM
CA 12
PSEM
1998 1999 2000 2001
1998 1999 2000 2001 2002
Indice Infrastructure
Indice Infrastructure
500
60
400
50
40
300
30
200
20
100
10
0
0
CE
CA 12
CE
PSEM
CA 12
PSEM
1998 1999 2000 2001
1998 1999 2000 2001 2002
Indice Génération
Indice Génération
10000
700
600
500
400
300
200
100
0
8000
6000
4000
2000
0
CE
CA 12
CE
PSEM
1998 1999 2000 2001 2002
CA 12
PSEM
1998 1999 2000 2001
Indice Usage
Indice Usage
25000
1500
20000
1000
15000
10000
500
5000
0
0
CE
CA 12
1998 1999 2000 2001 2002
PSEM
CE
CA 12
PSEM
1998 1999 2000 2001
22
A – Les indices composites simples : (GPT1) et (GPT2)
De manière générale, l’indice composite simple montre l’inexistance d’une
dynamique de TIC dans les PSEM, contrairement aux AC 12 et aux pays de l’Union
Européenne. Le rythme de progression de l’indice composite simple confirme l’existence
et l’aggravation de la fracture numérique entre les trois groupes de pays. Il convient de
noter une accélération de l’adoption des TIC au sein de l’Union Européenne depuis 2000.
L’évolution des écarts de l’indice composite simple montre l’aggravation de la
fracture numérique entre l’Union Européenne et les pays du PSEM. On note une
accentuation de cette évolution à partir de 2000. Ceci est dû essentiellement à la
modification du rythme d’adoption des TIC en Europe comme le montre le graphique
page 20. Les évolutions constatées entre les deux rives de la méditerranée tendent à
montrer l’existence d’un fossé numérique.
La même tendance est constatée avec le groupe de pays AC 12 mais avec une
ampleur nettement plus faible. En effet, l’écart relatif tend à augmenter mais à un rythme
relativement faible. On peut parler de fracture numérique entre les PSEM et les AC 12
Il convient également de souligner la stabilisation des écarts entre les pays de
l’Union Européenne et ceux des AC 12. La fracture existe mais tend à se stabiliser.
Les évolutions constatées avec l’indice de génération sont assez semblables à
celles de l’indice composite simple comme le montre les graphiques (page 20). Ceci
corrobore notre hypothèse selon laquelle le vraie problème concerne davantage les
anciennes technologies génériques (Téléphonie fixe et ordinateurs) que les nouvelles
technologies (téléphonie mobile).
B – Indice de téléphonie et des infrastructures
Pour ces deux indices on constate une véritable dynamique dans les PSEM. En
effet, la dynamique d’adoption de la téléphonie mobile semble relativement importante.
Cette technologie générique paraît la plus appropriée aux PSEM en dépit des coûts qui
sont semblables voir plus importants que la téléphonie fixe.
Le graphique des écarts relatifs montre un phénomène de rattrapage des PSEM
comparativement à l’Union européenne, il en est de même pour les AC 12 par rapport à
l’Union Européenne qui connaît un phénomène de saturation. Cependant, le rythme de
rattrapage des AC 12 est plus élevé que celui des PSEM. Ceci permet d’expliquer la
progression de la courbe des écarts entre les deux groupes de pays.
Toutefois, cette variable ne tient pas compte des services proposés au sein de chaque
zone et de la couverture du réseau et autres détails de la qualité et du confort des
prestations.
Les évolutions de l’indice des infrastructures montrent également une dynamique
semblable. Ce resserrement s’explique davantage par une saturation de l’équipement en
téléphonie et en P.C au sein de l’Union Européenne que par une forte progression des
équipements des PSEM. Le tableau des écarts relatifs permet de montrer que le rythme
d’évolution de l’équipement au sein des AC 12 est plus rapide que dans les PSEM.
C – Indices de l’Internet et des usages
L’indice d’Internet montre véritablement l’absence de dynamique dans la zone
des PSEM comparativement aux deux autres zones. Ceci peut s’expliquer, par une faible
adoption de cette technologie par les utilisateurs, mais surtout par la faiblesse des
technologies génériques support à l’utilisation de l’Internet. Cette dynamique est
23
totalement à la marge comparativement à l’intensification de l’usage d’Internet en Europe
et au sein des AC 12. On constate un changement de pallier dans l’adoption de l’Internet
au sein de l’Union Européenne et une accélération de son usage par les pays des AC 12.
L’examen du graphique des écarts relatifs permet de mettre en évidence la
Fracture Internet voire le creusement d’un fossé à propos de cette technologie entre les
deux rives de la méditerranée. L’écart entre les pays de l’Union européenne et les PSEM
semble s’aggraver de manière significative. L’écart entre les AC 12 et les pays de
l’Union Européenne semble en revanche en cours de stabilisation, alors que l’écart entre
les AC 12 et les PSEM semble augmenter mais à un rythme relativement faible.
D - Commentaire général
Les évolutions constatées tendent à montrer une véritable dynamique d’adoption
de la téléphonie mobile. Cette technologie générique paraît mieux convenir aux PSEM
pour des raisons objectives (infrastructures insuffisantes, vétusté du réseau, dispersion
des populations,…) et des raisons subjectives (effet de démonstration, effet mimétique,
etc…) qu’il conviendra de détailler ultérieurement. On assiste en même temps à un
véritable phénomène de substitution. Le choix entre téléphonie fixe et téléphonie mobile
est en faveur de ce dernier. Cette évolution si elle permet de combler les écarts en matière
de téléphonie avec les autres groupes de pays, paraît handicapante quant à l’évolution en
matière d’Internet. En effet, la diffusion d’Internet est actuellement strictement liée à la
connexion locale (téléphonie) et à la possession d’ordinateurs. L’indicateur composite
intitulé infrastructure montre que les équipements support d’Internet reste faiblement
adoptés dans les PSEM. C’est à ce niveau que notre attention devrait davantage se
tourner. La vraie fracture numérique semble essentiellement concerner les premières
technologies génériques en matière de TIC que les dernières technologies. Cependant, le
développement de l’Internet sans fil (Wi-Fi), par satellites et par des supports autres que
le téléphone fixe (réseau électrique) nous paraît un élément essentiel de résorption de la
fracture numérique. En d’autres termes, on pourrait assister à une dynamique d’adoption
plus forte similaire à celle constatée en matière de téléphonie mobile.
3.2. Indices synthétiques de la fracture numérique et évolution de pays
Après avoir caractérisé les évolutions de la fracture numérique à l’aide d’indices
synthétiques par groupes de pays (blocs régionaux selon l’appartenance géographique), il
convient d’examiner de plus près les évolutions particulières des pays en matière de TIC.
Notre méthodologie consiste ici à construire un groupe de 39 pays et d’examiner les
évolutions entre les divers déciles pour chaque indice. L’appartenance aux déciles
supérieurs ou inférieurs dépend des caractéristiques des pays et moins de son
appartenance géographique. A ce titre un pays comme Israël se trouve parmi les pays les
avancés sur certaines technologies. L’idée consiste à mieux maîtriser l’homogénéité des
trajectoires pour chaque TIC. La méthodologie employée par Scadias (2002), entre
autres, consiste à examiner l’écart entre les plus démunis et les plus nantis en matière de
TIC. Au sens strict la fracture numérique concerne la divergence des trajectoires entre le
décile supérieur et le décile inférieur, c’est-à-dire, le groupe de pays le plus équipé et le
groupe de pays le moins équipé.
Lorsque la trajectoire des pays du décile supérieur diverge de ceux du décile
inférieur on peut conclure à l’existence et à l’aggravation de la fracture numérique. En
revanche, si les trajectoires se rapprochent on conclut à la résorption de la fracture. Afin
d’éviter les biais statistiques, certains auteurs raisonnent en éliminant les déciles
supérieur et inférieur (D10 et D0) et raisonnent sur D1 et D9.
24
A – Evolutions des déciles pour les indices composite
Graphique 1 :1er Indicateur
50000
45000
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
1998
Inf
D1
1999
D2
2000
D3
D4
D5
2001
D6
D7
2002
D8
D9
Sup
Graphique 1 : Evolution des déciles selon le premier indice.
Si l’on exclut le premier et le second décile (le groupe des pays leaders), on
constate une certaine homogénéité dans les trajectoires poursuivies par les pays. On peut
parler d’une fracture numérique entre le groupe de ces pays et le groupe des deux
premiers déciles et les autres pays. Globalement les écarts dans les équipements en TIC
augmentent depuis 2000. Ceci est davantage lié à une large adoption dans les pays les
plus avancés en matière de TIC. Le graphique montre en outre l’absence de dynamique
pour le décile inférieur.
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
1998
1999
2000
Inf
D1
D2
D8
D9
Sup
D3
2001
D4
D5
2002
D6
D7
Graphique 2 : Evolution des déciles en matière d’indice de Téléphonie
En matière de téléphonie, les évolutions des trajectoires des pays présentent une
certaine homogénéité. Le taux de pénétration du téléphone semble être corrélé avec le
niveau de revenu, ceci a pour effet de montrer de manière distincte les évolutions des
groupes (déciles). L’exclusion des deux déciles particuliers (inf et sup) et la seule
considération du rapport D9 moins D1 indique une certaine stabilité des écarts. Ceci
rejoint nos conclusions précédentes selon lesquelles tous les pays ont consentis des
efforts en matière d’équipement en téléphonie et notamment en téléphonie mobile.
25
140000
120000
100000
80000
60000
40000
20000
0
1998
Inf
D1
1999
D2
D3
2000
D4
D5
2001
D6
D7
2002
D8
D9
Sup
Graphique 3 : Indice Internet
En matière d’Internet, les évolutions des trajectoires des pays présente une forte
hétérogénéité du point de vue de la « connectivité ». Le taux de pénétration d’Internet
semble être assez inégal entre les groupes de pays. Le décile supérieur admet une
évolution particulière avec une accélération à partir de 2000. Une augmentation du
nombre des utilisateurs semble également frappé le groupe du décile 9, mais l’usage
d’Internet reste faible globalement dans les autres groupes de pays. On constate une
évolution assez semblable des déciles 8 jusqu’au décile 3. Pour les deux derniers déciles
on constate l’absence totale de dynamique.
La fracture numérique tend à s’aggraver si l’on considère l’Indice Internet.
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
1998
Inf
D1
1999
D2
D3
2000
D4
D5
2001
D6
D7
2002
D8
D9
Sup
Graphique 4 : Evolution des déciles selon l’indice d’infrastructure
Les évolutions des trajectoires des pays présentent une certaine homogénéité. Le
taux d’équipement dans les technologies clefs (ordinateurs et téléphone fixe) semble
également être également corrélé avec le niveau de revenu. On constate l’existence de
véritables paliers séparés entre les groupes de pays (déciles). L’exclusion des deux
déciles particuliers (inf et sup) et la seule considération du rapport D9 moins D1 indique
une certaine stabilité des écarts. On constate ainsi l’absence de convergence en matière
d’équipement en technologies clés et l’existence de fortes disparités régionales. Pire
encore, les écarts entre les groupes de pays tendent à augmenter depuis 1998.
26
60000
50000
40000
30000
20000
10000
0
1998
Inf
D1
1999
D2
D3
2000
D4
D5
2001
D6
D7
2002
D8
D9
Sup
Graphique 5 : L’indice des usages.
L’évolution la plus marquée concerne l’indice des usages. En effet, le groupe de
pays le plus avancé en matière d’usage des TIC semble accélérer son avance au détriment
des autres pays globalement et surtout des pays qui composent le décile inférieur. Une
accélération de cet écart semble être constatée depuis 2000. Ce résultat confirme
l’évolution inquiétante d’un accroissement des inégalités des usages liés aux TIC constaté
entre les blocs de pays. Il convient également de noter que l’ensemble des déciles D8 à
D3 présente des caractéristiques assez homogènes.
4. MODELISATION DE L’EVOLUTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE
Après avoir caractérisé les évolutions de la diffusion des TIC dans l’espace euroméditerranéen et indiqué le retard relatif (fracture numérique) avec diverses
méthodologies, nous avons voulu examiner les modalités de rattrapage en TIC et surtout
son horizon. Certes, une discussion concernant l’impact des évolutions technologiques
(l’apparition des NTIC) peut remettre en cause notre modélisation. Il n’en demeure pas
moins, que la question du rattrapage en matière de TIC et ses implications sur les
performances économiques des pays du Sud demeure de première importance.
A- Le modèle théorique
Dans la partie qui suit nous nous intéressons à la relation quantitative qui existe
entre l’évolution du PNB par habitant (noté PNBPH)5 et certains indicateurs de diffusion
des NTIC6. Il s’agira de déterminer de manière exacte qu’elle est la sensibilité des
indicateurs suivants ; le nombre de téléphones fixes par mille habitants (noté TEL), le
nombre d’utilisateurs de l’Internet (noté IU), le nombre d’hôtes Internet (noté IH), le
nombre de téléphones mobiles par mille habitants (noté MP) et le taux de pénétration des
ordinateurs personnels par mille habitants (noté PC) par rapport au niveau économique,
apprécié par le PNB par habitant corrigé par la parité des pouvoirs d’achat.
L’étude porte sur l’ensemble des 37 pays observés de 1998 à 2002 et répartis en trois
groupes en fonction de leur appartenance géographique : UE, PSEM et AC12.
Le graphique suivant comporte 30 représentations symétriques par rapport à la deuxième
bissectrice. Il décrit seulement quinze relations. On peut lire par exemple sur la dernière
ligne et symétriquement sur la dernière colonne, les relations entre le PNB par habitant
avec les autres variables (TEL, IU, IH, MP et PC).
5
6
Extrait de la base de données de la Banque Mondiale, World Development Indicators 2002.
Données extraites de divers rapports de l’Union Internationale des Télécommunications.
27
Trois types de commentaires peuvent être suggérés :
- La relation entre le PNB/habitant et les autres variables ne semble être pertinente
que pour une partie de nos observations (qu’il faut déterminer).
- Cette relation est plus évidente entre le PNB/habitant et le PC ou le TEL car leur
nuage de points est plus ramassé et homogène.
- Enfin, la traînée de points prend dans la plupart des cas de figure une allure soit
logarithmique soit exponentielle, ce qui présage d’une relation non linéaire entre
les variables.
Le graphique suivant montre également que la variable PNBPH est positivement corrélée
avec les autres variables du modèle ce qui permet d’anticiper des résultats stables et
significatifs. C’est cette relation que nous allons exploiter dans le but de déterminer
l’ampleur et l’évolution future de la fracture numérique entre les pays. Ce graphique
montre aussi que des relations intéressantes existent entre les indicateurs de diffusion eux
mêmes. Celle qui nous semble la plus nette est entre les variables TEL, PC, IH et IU. Elle
correspond à une corrélation positive qui s’explique par la complémentarité dans l’usage
des techniques.
Insérer Graphique 1 : Tous les pays
Cependant cette corrélation semble être non linéaire. Ce qui nous suggère de linéariser les
relations entre les dites variables, comme le montre le graphique suivant.
Insérer Graphique 2 : Tous les pays
La relation proposée au départ devient :
LINTIC = f (LPNBPH )
Où LINTIC représente le logarithme népérien de l’indice choisi pour représenter la
diffusion des NTIC et LPNBPH représente le logarithme népérien du PNB par habitant.
Afin d’augmenter le nombre d’observations l’estimation en données de panel, sur le
logiciel STATA a été adoptée,
d’où la spécification
suivante
itititLINDPHLPNBPH
abe
++ du modèle qui s’écrit :
B – Les résultats économétriques
Le tableau suivant résume les résultats des régressions faites sur le modèle
présenté. Il s’agit d’une part de voire comment évoluent les indicateurs choisis par
rapport au PNB par habitant, puis de refaire le même travail pour le compte de chaque
groupe de pays7.
Dans le cas général (l’ensemble des pays), nous remarquons que le téléphone fixe
est la variable la plus expliquée par le PNB par habitant (R2 = 0,72), alors que l’indicateur
hôte d’Internet est le plus élastique par rapport au PNB par habitant (2,02). La première
constatation conforte notre choix du PNB par habitant comme variable explicative de la
diffusion. La deuxième signifie que pour toute augmentation du PNBPH, l’IH augmente
du double. Ceci s’explique par la « non maturité » dans l’usage d’une telle technique pour
tous les groupes de pays.
Pour l’UE, il est à remarquer que ses « R_ » sont relativement les plus faibles
parmi les sous groupes choisis. Dans ce cas, l’introduction de nouvelles variables est
nécessaire. Celles-ci peuvent être soient institutionnelles, soient technologiques. Ce sont
le TEL et le PC qui semblent être les variables les plus expliquées par le PNBPH. Tandis
7
Après les vérifications d’usage, nous pouvons confirmer que cette linéarisation est aussi permise dans le
cas des sous groupes (UE, PSEM et AC12).
28
que ce sont le PC et l’IH qui sont les plus sensibles aux variations du PNBPH. Il est
important de souligner que nous avons trouvé, pour ce sous groupe de pays, un très faible
pouvoir explicatif du PNBPH en terme de diffusion de MP et IU (voire graphique 3 et en
particulier les cases (ligne 2, colonne 6) et (ligne 4, colonne 6)). Ceci veut-il dire que
pendant la période étudiée ces techniques sont devenues à usage courant et ont atteint le
seuil de maturité ?
Dans le cas des AC12, même si le pouvoir explicatif de la variable exogène est le
plus élevé pour le téléphone fixe, il n’en est pas de même pour le coefficient estimé
puisque dans ce cas l’indice IU devient le plus élevé. Cela peut être interprété, avec la
prudence nécessaire dans ce genre de situation, comme suit : un niveau de développement
plus élevé entraîne une plus grande sensibilité en terme d’hôtes de l’Internet qu’en celui
d’utilisateurs de l’Internet. Ceci veut dire que pour un revenu moyen plus élevé, alors que
pour les AC12 cela entraîne plus d’utilisateurs, chez les pays de l’UE ce sont les hôtes
qui augmentent le plus. Il est difficile, à ce point de ne pas penser que le développement
des hôtes est tributaire de l’augmentation du nombre d’utilisateurs et donc de rejoindre
ceux qui défendent l’idée que le développement d’Internet, comme pour toute nouvelle
technologie, suit une évolution logistique (en S).
Diffusion
d’Internet
PSEM
AC12
UE
Niveau de
développement
En ce qui concerne les PSEM, deux remarques sont à faire, la première a trait au
fait que « ses » R2 sont plus élevés que pour les autres sous groupes. Cela dénote d’un
degré d’«explicativité » plus fort. Nous remarquons aussi le niveau assez élevé, en
comparaison avec les autre sous groupes, des élasticités des indices relatifs aux nouvelles
technologies ( MP, IH, IU) par rapport à celles relativement plus anciennes (téléphones
fixes ou PC).
29
Tous les
pays
0.66***
â
LTEL
T
19.18
R_
0.72
1.07***
â
LMP
T
13.60
R_
0.56
2.02***
â
LIH
T
14.05
R_
0.58
1.17***
â
LIU
T
9.84
R_
0.41
1.12***
â
LPC
T
14.04
R_
0.58
(***) 0 < <1% ; (**) 1% < < 5% ; (*)
Pays de
l’UE
0.34***
6.67
0.46
0.04
0.17
0
1.45***
1.82
0.27
0.89
1.62
0.04
1.60***
6.59
0.43
5% < < 10%
Pays de
l’AC12
0.40***
8.58
0.62
0.68***
4.12
0.27
0.83***
3.82
0.24
1.14***
2.87
0.15
1.07***
3.39
0.20
Pays du
PSEM
1.03***
12.29
0.80
1.66***
6
0.51
2.43***
5.09
0.41
1.50***
4.38
0.36
1.14***
4.50
0.35
C - Les simulations
Nous nous proposons à présent de déterminer l’évolution de cette fracture, à
partir de l’année 2002. Certes les résultats doivent être maniés avec beaucoup de
précautions, il n’en demeure pas moins que l’exercice peut conduire à certaines
conclusions utiles pour l’étude.
Nous allons utiliser les résultats des régressions, qui nous ont permis de
quantifier la relation entre les indices de diffusion et le PNBPH. Ce dernier sera un
élément déterminant dans la définition des trajectoires d’adoption des technologies
étudiées.
Dans cette perspective, nous allons envisager différents scénarii possibles. Un
premier, dans lequel nous neutralisons l’effet « croissance du PNBPH » que l’on suppose
le même dans tous les sous groupes. Ce scénario permet d’envisager l’évolution inertielle
de la diffusion des différentes TIC étudiées. Le second scénario tient compte du fait que
dans les dernières années le différentiel de taux de croissance est en faveur des AC12 de
deux points par rapport à l’UE et d’un point par rapport aux PSEM. Finalement nous
envisagerons le cas optimiste pour les PSEM où ces derniers pays ont le taux de
croissance économique le plus élevé.
Le tableau suivant nous donne une idée sur l’état de la fracture en 2002. Il servira
de base à notre calcul de l’évolution « théorique » de la fracture numérique, selon la
formule suivante. En notant par _ le coefficient d’élasticité de l’indice de diffusion par
rapport au PNBPH et par µ le taux de croissance du PNBPH, nous avons le taux de
croissance de chaque indice de diffusion _ = _ µ.
UE
AC12
PSEM
TEL
MP
565 ,05
787,5
295,49
413,55
150,82
180,49
IH
40514,51
13736,68
1338,93
IU
356,94
118,35
40,66
PC
325,09
93,11
28,97
30
Premier Scénario : (µ= 1%)
_=_
TEL
UE
AC12
PSEM
0,34
0,4
1,03
MP
ICH
0,04
1,45
0,68
0,83
1,66
2,43
IU
0,89
1,14
1,5
PC
1,6
1,07
1,14
Les résultats relatifs au premier scénario montrent que la vitesse de rattrapage entre les
AC12 et l’UE sera relativement plus rapide dans le cas du TEL, MP et IU que pour les IH
et les PC. Ce constat, peut se faire pour les PSEM aussi, sauf que dans le cas de l’IH nous
avons une dynamique de rattrapage assez nette.
Nous remarquons aussi, que dans ce cas, les PSEM vont avoir tendance à rattraper leur
retard relatif par rapport aux AC12. Ceci se fera plus nettement dans le cas du TEL, MP
et IH que pour l’IU et le PC.
Deuxième Scénario : (µ = 1% pour UE, 3% pour AC12 et 2% pour PSEM)
_=_
µ
TEL
MP
UE
AC12
PSEM
0,34
0,04
1,2
2,04
2,06
3,23
IH
1,45
2,49
4,86
IU
0,89
3,42
3
PC
1,6
3,21
2,28
Dans le cas de ce second scénario qui avantage les pays des AC12, nous
remarquons une tendance à privilégier la dynamique de rattrapage dans le cas de toutes
les technologies étudiées. Cette dynamique est portée par un effet revenu qui a déterminé
un avantage pour les AC12 par rapport à l’UE, mais n’a pas été suffisant pour le faire
avec les PSEM qui garde des taux de convergence supérieurs pour toutes les technologies
sauf pour l’IU et le PC.
Troisième Scénario : (µ = 1% pour UE, 2% pour AC12 et 3% pour PSEM)
_=_
µ
TEL
UE
AC12
PSEM
0,34
0,8
3,09
MP
IH
0,04
1,45
1,26
1,66
4,98
7,29
IU
0,89
2,28
4,5
PC
1,6
2,14
3,42
31
Le tableau suivant nous indique le nombre d’années qu’il faut pour résorber la
fracture entre les AC12 et les PSEM avec les pays de l’UE. Il s’agit de calculer le nombre
d’années nécessaires pour que les pays des AC12 et des PSEM atteignent les chiffres de
diffusion des l’UE de 20028.
Nous montrons, grâce à ce tableau, que quelque soit le scénario proposé, il faut des
dizaines d’années pour qu’un effet de rattrapage, plus qu’hypothétique, soit vérifié. Dans
certains cas de figure, il faut plus d’un siècle pour que les taux de diffusion dans les
PSEM et les AC12 atteignent ceux de l’UE en 2002. Nous montrons aussi que l’écart le
plus faible est d’une trentaine d’années (pour le MP dans le cas du scénario le plus
favorable aux AC12 et pour celui des PSEM). L’écart le plus difficile à combler est celui
des PC pour les PSEM (213 ans).
Si l’on tient compte que dans les pays de l’UE il existe aussi une évolution positive non
négligeable de ces indicateurs, l’écart temporel sera démultiplié.
Scénario
1
TEL
MP
ICH
IU
PC
AC12
162
95
131
98
118
PSEM
132
89
142
146
213
Scénario
2
TEL
MP
IH
IU
PC
AC12
54
31
44
33
40
PSEM
66
46
72
73
107
Scénario
3
TEL
MP
IH
IU
PC
AC12
81
51
66
49
59
PSEM
35
30
49
49
72
Les données à notre disposition montrent que la fracture numérique existe,
qu’elle est d’une ampleur certaine et qu’elle mettra beaucoup de temps à se résorber. La
croissance économique à elle seule ne pourra pas réduire les écarts de manière drastique
et rapide même s’il semble qu’elle soit un élément majeur pour déterminer une
dynamique de convergence. En effet chaque point de croissance supplémentaire dans les
PSEM ou les AC12 par rapport aux pays de l’UE, aura tendance à diviser par deux la
période (nombre d’années) représentant l’écart temporel de diffusion (scénario 1).
Il est à noter que les dites technologies sont tellement évolutives que les horizons
temporels qui sont présentés dans ce dernier tableau deviennent plus que problématique.
Car, qui dit que dans trente ans nous continuerons à utiliser l’une ou l’autre de ces
technologies ?
Insérer Graphique 3 : Pays de l’UE
Insérer Graphique 5 : Pays de l’AC12
Insérer Graphique 6 : Pays du PSEM
8
Si l’on note par Xt la variable-objectif et par Xo la variable initiale, le nombre d’années nécessaires pour
qu’un rattrapage relatif soit vérifié est donné par la formule suivant : t = Log(Xt/Xo)/Log(1+g) où g
représente le taux de croissance de la variable X Celle-ci est considérée, dans chaque scénario, comme
constante pendant toute la période.
32
5. QUELQUES PISTES DE REFLEXION A PROPOS DE LA
« FRACTURE NUMERIQUE ».
Au risque d’une simplification abusive on peut formuler quatre hypothèses
complémentaires à propos des difficultés de diffusion des TIC dans les PSEM. En
premier lieu, l’absence d’un contexte macro-économique propice à la diffusion des TIC
(les structures institutionnelles, réglementaires,…). Deuxièmement, les retards de la
diffusion des TIC est essentiellement lié aux écarts des revenus : la fracture numérique
n’est qu’une transposition de la fracture économique. Troisièmement, la diffusion des
TIC dépend également de la formation, des connaissances, des savoirs et des
compétences préalables aux usages (maîtrise des technologies, maîtrise de la langue, …).
Enfin, certaines barrières sociologiques (héritages sociaux, faible accès des femmes aux
TIC, inégalités devant l’acquisition des savoirs) peuvent également contribuer à retarder
la diffusion des TIC.
5.1. Les déterminants du retard
A – Le poids des structures macro-économiques, institutionnelles et
réglementaires
La diffusion des TIC dans un territoire donné dépend des structures macroéconomiques, institutionnelles et réglementaires (Cohen, 1998 ; Colecchia et 2001,
Boyer, 2002, Petit, 2003). En effet, la structure des marchés associés aux TIC, le contrôle
exercé par l’autorité de contrôle, le degré de concurrence dans le secteur, les institutions
publiques chargées de leur diffusion jouent un rôle moteur dans l’accessibilité de ces
technologies et dans leur diffusion au sein de l’économie. Définir un cadre légal
permettant la diffusion des TIC dans l’économie semble un premier pas dans le chemin
de l’économie des savoirs et dans l’économie numérique. Mais comme le souligne R.
Boyer (2002), il n’existe pas de modèle unique et toute prescription en la matière devrait
être faite avec beaucoup de précautions. La diffusion la plus rapide des TIC est constatée
dans les pays d’Europe du nord (Suède, Finlande, Danemark) et aux Etats-Unis. Force est
de reconnaître que les structures macro-économiques et réglementaires des deux pays
sont assez dissemblables et pourtant ils aboutissent à un même résultat. Ceci conduit à
conclure qu’une pluralité de contextes institutionnels et réglementaires peut conduire à un
même résultat. Steinmuller (2002) met en l’accent sur la nécessité d’emprunter des
trajectoires différenciées pour les pays. Mais dans tout état de cause, des réformes
structurelles permettant une meilleure disponibilité des TIC sont nécessaires. Certains
auteurs vont jusqu’à affirmer que le jeu du marché amènera la résorption de la fracture
liée aux infrastructures. Nous consacrerons, la seconde partie du rapport entièrement à cet
aspect.
B – Les écarts de revenus sont déterminants
Même si ce point constitue une évidence, il est nécessaire de reconnaître que les
écarts de revenus impliquent des retards concernant les équipements en TIC et donc les
usages d’Internet. La diminution des prix des TIC et de leurs composants a permis une
plus grande diffusion dans les pays de l’OCDE. Cette baisse des prix, et donc
l’augmentation du pouvoir d’achat peut conduire à une dynamique d’adoption forte.
Certaines dispositions prises par certains PVD semblent aller dans ce sens. En effet,
l’adhésion de plus en plus de PSEM (Maroc, Tunisie,…) au protocole volontaire de
33
l’OMC sur la non taxation des produits relatifs aux TIC pourrait conduire à une baisse
substantielle des prix des TIC dans les PSEM. A l’heure actuelle, les produits et services
relatifs aux TIC ne font pas partie des biens de consommation courante hormis quelques
exceptions.
Une plus grande diffusion des TIC nécessite, soit un relèvement du PIB/ha de
manière significative. Ceci ne peut être envisagé qu’à moyen et long terme. Deux
solutions peuvent être envisagées. D’une part, on peut pratiquer une politique volontaire
et volontariste d’un abaissement des coûts par le jeu du marché lorsque ceci est possible.
Mais la taille du marché, l’absence d’une politique de concurrence active, la faible
déréglementation de l’opérateur historique,…sont autant limites inhérentes aux PSEM
qui ne permettent pas une diffusion rapide. D’autre part, on peut être amené à afficher
une volonté publique plus importante dans la démocratisation des usages des TIC en
supportant dans un premier temps, une partie des coûts.
C – Le retard du point de vue du capital humain et des compétences
Afin d’optimiser leurs usages les TIC nécessitent l’acquisition de niveaux de
compétences spécifiques. L’éducation et la scolarisation constituent des conditions
préalables. Pour Petit (2002), la société basée sur les savoirs n’a émergé en Europe qu’à
partir du moment ou le taux de scolarisation et d’éducation a décollé substantiellement.
Les écarts actuels en matière d’investissement en capital humain (formation) fait penser
que la fracture numérique est une conséquence de cet élément. La diffusion des TIC
dépend également des connaissances, des savoirs et des compétences préalables aux
usages (maîtrise des technologies, maîtrise de la langue, …). Bâtir la société des savoirs
consiste à investir dans la formation : initiale, aux salariés, aux catégories les plus
démunies.
Si la majeure partie des TIC ne nécessite pas de savoirs spécifiques, la
convergence des technologies, l’enrichissement des produits en nouvelles fonctionnalités,
l’apparition de nouvelles technologies nécessite un apprentissage face auquel une partie
de la population (la moins instruite en théorie) peut être démunie. La généralisation de
l’apprentissage des TIC et notamment l’Internet, par des initiatives publiques pour les
populations les plus défavorisées, peut permettre une meilleure diffusion des TIC.
D – Les barrières sociologiques
Les TIC admettent un impact non négligeable sur les structures hiérarchiques, sur
les modes de pensée et sur les rapports entre les individus. Elles ne sont pas sans
conséquence sur les habitudes culturelles, sociologiques et ethniques. Elles peuvent
conduire à modifier et à bouleverser l’ordre établi. Les usages liés aux TIC peuvent
permettre une plus grande émancipation de la femme, une plus grande prise de
conscience des problèmes internationaux, une confrontation des idéaux chez les jeunes.
Mais ils conduisent également à l’émergence d’une « nouvelle culture » et de nouvelles
pratiques.
La renonciation aux TIC pourrait alors s’expliquer par la nécessité de
sauvegarder les habitudes locales et l’ordre établi. Seules les TIC ne remettant pas en
cause ces éléments seraient alors diffusées dans une large mesure. Le retard important en
matière d’Internet pourrait relever de cette dimension.
5.2. Un retard relatif et des avantages du follower : Les arguments en faveur d’un
dividende numérique
Si les dimensions mentionnées auparavant contribuent au maintien d’un retard
technologique et dans la diffusion des TIC dans les PSEM, d’autres facteurs pourraient
34
relativiser la thèse du retard en matière de TIC et laisser penser qu’un rattrapage rapide
puisse avoir lieu prochainement. Les arguments allant vers un processus de rattrapage et
de convergence issu d’un dividende numérique sont au moins de quatre ordres.
A – les avantages du follower : une adoption tardive permet d’éviter les effets
de « Lock-in »
En effet, les PSEM semblent pouvoir profiter du potentiel des TIC sans subir les
coûts de développement et surtout ceux relatifs au processus d’essais et d’erreurs qui
conduisent à la solution finale. En d’autres termes, les PSEM adoptent les technologies
mûres et stabilisées une fois que la normalisation internationale a eu lieu. D’ailleurs, le
taux d’équipement des PSEM en matière de certaines TIC, comme le téléphone portable,
indique une forte adoption dès lors que la technologie est stabilisée. Certes, on peut
rétorquer que pour les anciennes TIC (téléphone portable et Ordinateurs personnels) le
taux d’équipement est relativement bas, mais l’expérience du téléphone portable montre
que les évolutions technologiques fournissent des produits et des services plus adaptés au
contexte des PSEM.
B – La diffusion des TIC comme des technologies génériques
Une partie des technologies de l’information et des communications est tombée
dans le domaine public. Les PSEM peuvent profiter ainsi du potentiel de ces technologies
sans coûts afin d’optimiser leur diffusion. A titre d’exemple on peut citer les logiciels
libres et leur utilisation qui peut profiter à tous les utilisateurs. Dans la même idée de
grandeur on pourrait étendre l’argument aux produits piratés. Les coûts de duplication
des logiciels, etc…est quasi nulle. Ceci profite indiscutablement aux utilisateurs des
PSEM et pourrait accélérer leur croissance sans coûts. Un autre exemple de NTG
concerne l’utilisation du réseau électrique comme moyen d’équipement pour Internet.
Ceci pourrait profiter aux PSEM en tant que technologie générique permettant de limiter
les écarts de connexion. Certes, la question des droits de propriété intellectuelle demeure
intacte. Mais le débat sur les génériques dans l’industrie pharmaceutique peut éclairer
certains aspects des solutions vers lesquelles on pourrait tendre (i.e) ; une négociation
entre PSEM et les Multinationales concernant les usages de leurs produits à des tarifs
privilégiés.
C - Le dépassement des contraintes spatiales
Parmi les répercussions les plus importantes de l’avènement des TIC on peut
évoquer la possible réallocation des stratégies de localisation des firmes et le
dépassement des contraintes spatiales (Rao, 2001 ; Breathnach, 2000). En effet, si l’on
suppose que les contraintes techniques et réglementaires sont résolues, les TIC permettent
aux firmes du Sud d’effectuer des transactions commerciales à travers le monde, de
bénéficier ainsi des baisses de prix pour les inputs et de disposer d’un marché élargi. En
même temps, les stratégies d’investissement des firmes multinationales pourraient
prendre en compte les nouvelles technologies afin de réallouer le capital à l’échelle
internationale. L’exemple des Call Centers est assez illustratif de cette dynamique.
CONCLUSION GENERALE.
L’objet de cette première partie a été de montrer l’état de diffusion dans l’espace
européen élargi des technologies de l’information et de la communication. Dépassant le
35
simple constat, notre démarche a tenté d’identifier la dynamique d’adoption des pays et
des groupes de pays des principales technologies de l’information et de la
communication. Quatre résultats fondamentaux peuvent être soulignés à ce niveau :
Premièrement, notre étude montre globalement l’existence d’un écart important
en matière de diffusion des TIC entre les pays. Au sein de l’Union Européenne, un
groupe de pays leaders semble se détacher et accroître son écart avec le reste de l’Union
des 15. Cette hétérogénéité concerne essentiellement l’Internet. Les pays AC 12 semblent
donc être gagné par une bonne dynamique d’adoption des TIC en dépit de leur différence
en termes de revenus. Les PSEM, en revanche, sont largement dépassés en matière de
TIC et semblent être en retard. Une fracture numérique existe entre l’UE15 et les AC12 et
un fossé numérique existe entre l’UE 15 et les PSEM. Les indicateurs synthétiques
montrent clairement l’existence de cette fracture.
Deuxièmement, on constate l’existence d’une véritable dynamique au sein des
PSEM et des AC 12 en matière de téléphonie portable. Un effet de substitution semble
avoir eu lieu entre le téléphone fixe et le téléphone portable. Cette technologie semble
être plus appropriée aux pays à moindre développement (AC 12 et PSEM). Cette
dynamique particulière permet de poser à nouveau la problématique de diffusion des TIC
en termes de progrès technique. La thèse du retard de diffusion devient synonyme de
l’existence ou de l’inexistence de technologies plus appropriées aux caractéristiques des
PVD (manque d’infrastructures, dispersion des populations, absence d’effets de réseaux
dus à la faible taille des utilisateurs, opérateurs peu efficaces...). Les nouvelles
générations de TIC pourraient permettre un rattrapage rapide et une dynamique
d’adoption plus forte dépassant les contraintes inhérentes aux PSEM.
Troisièmement, en l’absence de technologies alternatives permettant l’utilisation
d’Internet, notre travail montre que la fracture technologique concerne essentiellement les
anciennes technologies. Les taux de pénétration du téléphone fixe semblent bloqués au
moment du passage au téléphone portable. Alors qu’au sein de l’Union européenne la
téléphonie fixe est complémentaire de la téléphonie mobile (le taux d’équipement en
téléphonie fixe est proche de 60%), dans les AC 12 la substitution s’est effectuée à un
palier plus bas (30%) et dans les PSEM la substitution a été faite à un niveau encore plus
faible (15%). Si le constat du retard en matière d’Internet n’est pas forcément
problématique compte tenu des écarts de revenus, l’écart en matière d’anciennes
technologies est plus préoccupant en l’absence d’alternatives technologiques sérieuses.
Quatrièmement, l’effort relatif des PSEM et des AC 12 afin de combler leurs
écarts en matière de TIC est important. Les indicateurs rapportés au revenu national
montrent un réel effort de la part des pays à plus faible revenu. Cependant, cet effort ne
peut être suffisant, comme nous le montre les simulations des délais de rattrapage. Une
stratégie globale et transnationale pourrait constituer un plan pour le développement
économique, pour la mise en œuvre de la société des savoirs et pour le développement
humain dans la zone euro-méditerranéenne.
36
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39
Annexe : Liste des abréviations
TIC : Technologies de l’information et des communications
PSEM : Pays du sud et de l’est de la méditerranée
UE 15: Union européenne (15 pays)
AC12 : Les pays qui vont accéder à l’UE
OCDE : Organisation de la coopération et du développement économique
BM : Banque mondiale
PNUD : Programme des nations unis pour le développement
OMC : Organisation mondiale du commerce
IU : utilisateurs d’internet
PC : ordinateur personnel
IH : ordinateur connecté à internet
TEL : Telephone fixe
CMS : Telephone portable
IUPH : utilisateurs d’internet par x habitants
PCPH : ordinateur personnel par x habitants
IHPH : ordinateur connecté à internet par x habitants
TELPH : Telephone fixe par x habitants
CMSPH : Telephone mobile par x habitants
IUPD : utilisateurs d’internet déflaté par le PIB
PCPD : ordinateur personnel déflaté par le PIB
IHPD : ordinateur connecté à internet déflaté par le PIB
TELPD : Telephone fixe déflaté par le PIB
CMSPD : Telephone portable déflaté par le PIB
IDT: Indice de développement technologique
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