Réanimation et hépato-gastro-entérologie Critical care and
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Réanimation et hépato-gastro-entérologie Critical care and
Réanimation 13 (2004) 385–388 www.elsevier.com/locate/reaurg Éditorial Réanimation et hépato-gastro-entérologie Critical care and gastroenterology Dans une revue de réanimation, la réalisation d’un numéro thématique est toujours l’occasion de réfléchir à la place du thème envisagé dans le quotidien et le futur proche, et à la nature des liens entre la réanimation et la discipline concernée. Les numéros d’hépatogastroentérologie plus que tout autre, par l’étendue des sujets envisageables, la rapidité des évolutions technologiques et épidémiologiques, la multiplicité des acteurs potentiels, risquent de nous entraîner dans un long inventaire à la Prévert allant de l’ingestion des caustiques, à la décontamination digestive sélective, en passant par les cirrhoses, le HELLP syndrome ou l’ischémie mésentérique... Dans ce numéro nous avons privilégié plusieurs thèmes pratiques et d’actualité, les troubles de la déglutition, un type de malnutrition, des affections hépatiques, et une forme de péritonite. 1. Les troubles de la déglutition Les troubles de la déglutition au décours des intubations ou trachéotomies sont par leur apparente complexité un domaine encore très peu exploré malgré leur fréquence et leur gravité potentielle. Leur connaissance est ancienne, apparemment banalisée par notre discipline. Plus récemment, plusieurs événements en s’accumulant ont manifestement abaissé notre seuil de tolérance ; le développement de la trachéotomie percutanée peut-être, l’augmentation des neuromyopathies acquises sûrement, et par-dessus tout notre exaspération face à tout ce qui peut créer une infection nosocomiale ou aggraver une dénutrition. L’article de Danielle Robert nous donne en quelques pages les clés pour comprendre les troubles de la déglutition, les explorer, et les traiter [1]. 2. Les malnutritions La prise de conscience de la forte prévalence de la dénutrition hospitalière et de l’importance de la renutrition sont anciennes chez les réanimateurs et font régulièrement l’objet d’articles originaux, de mises au point et de conférences d’experts [2,3]. En revanche, il est plus difficile de trouver dans la littérature des données concernant la réanimation des patients victimes de conduites alimentaires anormales ou des conséquences d’une surconsommation d’alcool. Parmi les conduites alimentaires anormales conduisant à l’hospitalisation en réanimation, une est moins habituelle que les autres : l’anorexie mentale. Des sujets jeunes, des femmes le plus souvent arrivent de plus en plus fréquemment dans nos services, pour des tentatives de suicide ou des complications de leur extrême dénutrition. Cette arrivée traduit probablement l’augmentation de la prévalence de cette affection dans nos sociétés occidentales. Aux États-Unis par exemple, l’anorexie mentale est la 3e maladie chronique de l’adolescente derrière l’obésité et l’asthme. La revue de Laurent Tric et de ses collaborateurs, des services de réanimation et de psychiatrie de l’institut mutualiste Montsouris, arrive à point nommé pour nous aider à gérer au mieux une situation encore inhabituelle en décrivant les critères d’hospitalisation, le bilan à réaliser, les complications à rechercher, et la conduite du traitement [4]. Nous sommes plus habitués à accueillir dans nos services des patients obèses ou extrêmement obèses (l’obésité est définie par un index de masse corporelle (IMC) ≥ à 30 kg/m2, l’obésité morbide par un IMC ≥ à 40 kg/m2). En France, la prévalence de l’obésité chez l’adulte est en progression, elle est actuellement estimée entre 6 et 11 %. Celle de l’obésité morbide, moins bien connue, est entre 0,2 et 0,3 %, ce qui représente 100 à 150 000 personnes [5]. Aux États-Unis, 1,4 % des patients traités en réanimation ont une obésité morbide. L’obésité prolonge la durée d’hospitalisation et obère le pronostic de patients où tout est compliqué : examen radiologique, toilette, accès vasculaires, intubation ou prescription médicamenteuse [6–9]. Les conséquences en réanimation de la surconsommation d’alcool sont, aussi et encore, probablement sous-évaluées. La consommation excessive d’alcool nous interpelle épisodiquement, moins par sa responsabilité dans la genèse des hépatites alcooliques, des états de mal convulsif ou des pancréatites aiguës que quotidiennement par sa culpabilité massive dans l’admission de 23 à 68 % des patients traumatisés [10]. L’intoxication alcoolique chronique augmente également le risque d’acquérir une infection sévère communautaire ou hospitalière [11,12], la fréquence des Syndromes de 1624-0693/$ - see front matter © 2004 Société de réanimation de langue française. Publié par Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.reaurg.2004.07.003 386 Éditorial / Réanimation 13 (2004) 385–388 détresse respiratoire aiguë (SDRA) et la gravité des lésions extra pulmonaires qui lui sont associées. Un patient sur deux victimes d’un SDRA serait un alcoolique [13]. Ces données font que l’appréciation de la gravité initiale et à distance toute analyse des séquelles et de la qualité de vie des patients ayant survécu à un SDRA rechercheront et intégreront en toute logique la présence ou l’absence d’alcoolisme. Au-delà du problème particulier de l’alcool et du SDRA, plus largement il paraît légitime de se demander si le fait d’incorporer dans un nouvel indice de gravité la dénutrition, l’obésité ou l’alcoolisme ne permettrait pas d’améliorer les capacités des scores de gravité [14,15]. 3. Les affections hépatiques Habituellement dans un service de réanimation polyvalente, l’ictère est rare, en revanche les perturbations des tests biologiques usuels hépatiques sont fréquents, d’autant plus que l’état du malade est préoccupant [16]. Dans la majorité des cas, après la traditionnelle échographie qui élimine un obstacle sur les voies biliaires, tout se résume à évoquer la responsabilité d’une hépatopathie ou d’un acte chirurgical antérieurs, des médicaments, des infections bactériennes, des transfusions, d’une insuffisance rénale, de la nutrition parentérale..., et à conclure que l’atteinte hépatique reflète « tout au plus » la sévérité de la condition générale du patient [17,18]. La notion de relative bénignité de l’atteinte hépatique peut être remise en question chez des patients avec une hémopathie auxquels nous consacrons une part de plus en plus importante de nos ressources [19,20]. Cette nouvelle donnée est parfaitement bien illustrée dans ce numéro par l’article de Romain Guieze et de ses collaborateurs [21]. La lecture de cette revue consacrée aux malades ayant eu une greffe autologue de cellules souches hématopoïétiques, montre que dans ce cadre l’atteinte hépatique n’est plus un simple marqueur aspécifique de la gravité de la situation. Les perturbations hépatiques sont au contraire directement le témoin d’affections très préoccupantes parfois associées dont les thérapeutiques potentiellement opposées nécessitent parfois le recours à une biopsie hépatique chez des malades présentant souvent des troubles majeurs de l’hémostase. Le travail de Philippe Lutun et de ses collaborateurs, aux travers des greffes hépatiques, nous donne l’occasion de réfléchir à la pénurie d’organes et aux techniques d’assistance corporelle [22]. Chaque année en France, 10 000 personnes pourraient théoriquement bénéficier d’une greffe d’organe ; pratiquement un peu plus de 3000 greffes sont réalisées, 2000 de rein, 800 de foie, et 300 de cœur. La greffe de foie, par l’amélioration de ses résultats dans la phase périopératoire et le long terme, a vu l’extension de ses indications à des patients plus âgés, et à des situations plus fréquentes comme les cirrhoses d’origine alcoolique [23]. Face à la pénurie des greffons qui occasionne chaque année le décès de plusieurs centaines de personnes, tous les réani- mateurs se sentent directement concernés. La prise en charge des donneurs potentiels, des patients en état de mort cérébral, est manifestement un devoir de solidarité, le nôtre. Devoir nécessaire dont l’efficacité ne pourra être réellement améliorée que si toutes les difficultés de tous ceux qui sont uniquement « du côté donneur » et qui gèrent simultanément les aspects médicaux, éthiques, moraux, administratifs, et la douleur des familles du défunt, sont aussi pleinement explorées, comprises, intégrées, et résolues [24]. La réanimation et les techniques d’assistance sont très liées. Les suppléances rénales et ventilatoires sont notre quotidien. Les assistances circulatoires se développent [25,26]. Les assistances hépatiques émergent. Nous ne pouvons ainsi qu’être très attentifs à la description par Philippe Lutun et ses collaborateurs des principes, indications, et limites des différents modes d’assistances hépatiques [22]. Ces techniques sont manifestement de deux types, il y a celles qui suppléent un foie défaillant par des hépatocytes exogènes (foie bio-artificiel ou assistance biologique), et celles qui épurent « simplement » les molécules toxiques sans intégrer les fonctions de synthèse et de métabolisme du foie (assistance non biologique ou artificielle). L’utilisation des foies bioartificiels est limitée à quelques équipes étroitement associées à la greffe hépatique. En revanche, les assistances non biologiques, qui évoquent les reins artificiels sont apparemment accessibles à tous ou presque. Cette facilité est finalement dérangeante par le risque que ce type d’assistance soit institué loin de toute possibilité de greffe chez un malade ayant une insuffisance hépatique subfulminante. La crainte de laisser passer le moment optimal de la greffe doit conduire tout malade atteint d’une hépatite fulminante ou subfulminante à une prise en charge à proximité immédiate d’un service de transplantation hépatique. 4. Les péritonites La prise en charge d’un patient ayant une infection intrapéritonéale est souvent gratifiante, parfois désespérante, toujours délicate. Parmi toutes les péritonites, les péritonites postopératoires ont une place particulière, la reprise chirurgicale est techniquement et psychologiquement difficile et pourtant, « une reprise chirurgicale « pour rien » vaut toujours mieux qu’un sepsis dépassé, opéré trop tardivement » [27]. Les réanimateurs médicaux, moins souvent confrontés aux problèmes du postopératoire, discuteront peut-être et adhèreront sûrement à ce principe. Certains songeront à compléter le premier aphorisme par un deuxième qui ne lui est pas antinomique comme « laparotomie blanche, série noire» , tous liront certainement avec un très grand intérêt l’article de Philippe Montravers et de ses collaborateurs consacré aux péritonites postopératoires [27]. En effet, un à quatre pour cent des patients admis dans un service de réanimation médicale ont aussi une affection intrapéritonéale, (perforation d’organes creux, ischémie mésentérique, cholécystite alithiasique, pancréatite...) qui complique le Éditorial / Réanimation 13 (2004) 385–388 cours d’une affection médicale ou pénètre en réanimation, masquée par une présentation atypique et/ou la décompensation d’une pathologie sous jacente [28,29]. Les difficultés diagnostiques et la nécessité d’une rapide intervention chirurgicale sont très comparables aux péritonites postopératoires. L’apport de la mesure de la pression intra-abdominale évoquée dans la revue de Philippe Montravers est une idée intéressante [27,30]. Toutefois, avant d’utiliser cette mesure comme un outil diagnostique décisionnel en complément de l’ensemble des données épidémiologiques, cliniques, biologiques, et radiologiques, il apparaît important d’attendre simplement les résultats d’études observationnelles où les patients avant d’être réopérés pour une suspicion de péritonite secondaire auront eu une mesure de la pression intravésicale. La prise en charge des patients ayant une affection ou une comorbidité hépatique ou gastroentérologique est aussi l’occasion de réfléchir aux liens plus sociologiques que la réanimation entretient ou peut entretenir avec l’hépatogastroentérologie. Existe-t-il des liens de filiation ou de cousinage ? Globalement la réponse est non. Actuellement moins de 5 % des 250 étudiants inscrits au DESC de réanimation médicale sont issus du DES d’hépatogastroentérologie. Généralement ces étudiants passent peu dans nos services. Cette faible participation ne pourra qu’interpeller les responsables pédagogiques des deux disciplines. Les causes en sont probablement multiples, on peut évoquer pêle-mêle, la diminution du nombre des étudiants inscrits au DES d’hépatogastroentérologie, le peu de disponibilité des médecins en formation absorbés par l’acquisition de la maîtrise de leur spécialité, et/ou leur certitude d’évoluer pour toujours dans une discipline médicotechnique pleinement autonome [31]. Existe-t-il des filières de soins formels ou informels, des moments, des endroits où nos compétences deviennent complémentaires et favorisent la prise en charge globale des patients ? La réponse est globalement oui. Régulièrement les hémorragies digestives associent médecins endoscopistes, réanimateurs, chirurgiens ; « les abdomens aigus » associent quotidiennement réanimateurs et chirurgiens ; les greffes hépatiques sont, comme pour toutes les greffes, un très bel exemple de filière où coopèrent réanimateurs, hépatologues, et chirurgiens digestifs. Enfin, nationalement la Société francophone de nutrition entérale et parentérale et les établissements, au sein des Comités de liaison alimentation et nutrition associent très fréquemment gastroentérologues et réanimateurs. Dans le contexte actuel peut-on espérer encore plus ? Est-ce une des priorités de nos disciplines ? C’est à nos Sociétés de répondre. [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] Références [22] [1] [2] Robert D. Les troubles de la déglutition post-intubation et trachéotomie. Réanimation 2004;13(6/7). Dans ce numéro. Nitenberg G. Apports nutritionnels en réanimation. 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