Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en

Transcription

Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
Extrait du Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
http://www.systemique.be/spip
. Patients, familles et
soignants. Entretiens familiaux
en psychiatrie
- Réseau de savoirs - SAVOIR THÉORIQUE EN RÉSEAU - Documents pédagogiques - Notes prises lors de cours : échanges à partir de Deuxième Thérorie :Réseau d'échanges -
Date de mise en ligne : vendredi 1er juin 2007
Description :
Dans son autre livre, lauteur nous propose de nous remettre en question dans notre gestion de la folie que ce soit en entretien avec les familles de nos patients ou
dans notre travail au quotidien.
Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 1/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
Manuel dentretiens familiaux en psychiatrie
<h3 class="spip">1. Analogie fondamentale. </h3>
En hôpital psychiatrique, nous retrouvons ce que la théorie éco systémique appelle la disconfirmation (perte de soi,
perte en soi, perte pour les autres et par les autres). Dans les équipes soignantes une lente érosion les envahit à la
longue (chronicité, rechutes, échecs).
Les pressions du corps social, des administrations se joignent à ces lassitudes. Le travail avec les familles est une
gageure réelle. Il faut développer des modèles tripartites ou patient famille soignant sengagent sur un terrain
commun et ou tous disposent dune possibilité dentrer dans un univers réparateur, dans une activité de
changement.
Tous pareils et chacun différent.
Dans lunivers classique de lhôpital psychiatrique détonnantes similitudes se réalisent entre lui et la "maison".
Lanalogie avec le toit familial caractérise toutes les structures à séjour complet. Lorganisation des lieux, les gains
ou les pertes despace organise les relations. Ces "objets" sont ceux qui nous environnent dans nos vies normales
sous nos toits familiaux. Chaque rénovation, chaque effort de reconfirmation de lobjet porte ce message : " Ici nous
retrouvons lhumain et lindividuel malgré la démence et la collectivité aliénée". Une masse de soi indifférenciée.
Pour M.Bowen, nous restons notre vie entière non différencié pour une part, de notre famille. Nos premières
expériences relationnelles dominent toute notre existence dadulte. Ce qui est familial "émotionnel" en nous est
réveillé dans toute institution. Notre vie professionnelle va être prise dans cet étrange contexte. Cest ce phénomène
que M.Bowen va appeler " la masse de soi familial indifférencié" en opposition au moi différencié qui peut conserver
une objectivité conceptuelle au milieu dun système émotionnel en effervescence et en même temps rester en
relation actives avec les personnages clés du système.
A propos de la difficulté de changement.
La mobilisation de létat stable chronicisant mis en place par les doubles liens familiaux va pouvoir se réaliser grâce
à leffervescence émotionnelle avec son caractère collectif patient famille institution
à un certain retrait nécessaire pour concevoir des actions relationnelles utiles. Linstitution toute entière est
concernée par leffervescence chaotique issue des analogies fonctionnelles avec ces familles.
Coincé dans notre institution. « Je suis coincé, tu es coincé, etc. Accepter linconfort initial de la crise relationnel
constitue le premier pas. Jouer carte sur table et la dimension familiale se dévoile.
Vers une méthode générale de réunion.
Nous sommes pris dans des liens institutionnels, entremêlés eux-mêmes dans des liens familiaux à leur tour
emmêlés dans des angoisses et des symptômes de disconfirmation réciproque. Dans ce carcan, chacun étouffe et
se débat. Plus on sagite, plus les liens se resserrent jusquà limmobilité. Plus les patients sont malades. Plus les
soignants souffrent. La seule réponse efficace est une méthode de réunions générale et bien organisée.
<h3 class="spip"> 2. Triades, trahisons et dis confirmations</h3>
Sous ce titre lauteur décode les manipulations réciproques. Dans linstitution triangles ou triades, trahisons et
disconfirmations entretiennent la fusion collective, confusion sans distinctions claires. Les triangulations et les
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 2/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
trahisons effacent constamment les efforts pour se sortir de la non-existence. Notre monde institutionnel est un
fourre-tout ou dapparentes distinctions laissent en fait se constituer cette masse de moi institutionnel
non-différencié. Les triangles sont automatiques dès que langoisse saccroît dans un groupe ou dès que l'angisse
existe comme fait institutionnel. Les dyades de communication se transforment en triangles et les échanges
deviennent des manipulations.
Communiquer des messages contradictoires à deux personnes à la fois.
Les messages discordants, confusionnant, font partie du bagage de nombreux cadres commerciaux. Gardons à
lesprit que dans une institution ce sont des individus qui communiquent et échangent, même lorsquils vivent comme
des groupes. Dans ce climat, chacun pratique facilement lart de la manipulation puisquil possède naturellement un
double langage : le verbal et le para verbal. Chacun de nous utilise le « oui mais » le « non mais » début précieux de
toute fausse réponse.
La meilleure équipe possible peut se disputer au point duser son énergie à trouver le bouc émissaire. Bouc
émissaire qui sauve la façade. Dès lors, il faut confirmer chacun et chacune.
Pour cela nous avons besoin dun outil simple, significatif, source de principe dactions quasi rudimentaires. Les
familles nous apportent aussi, avec son patient, le tempo personnel de ses crises.
La complexité famille institution mêle des faits soudains, de lentes évolutions, des manSuvres brutales qui brouillent
les cartes. Familles et institutions possèdent le même conflit avec le temps : changements brutaux sur fond dinertie.
Ce que le soignant institutionnel doit savoir.
Toute action sociale est par essence triangulaire et non linéaire. Les familles saines ou les familles en crise, les
institutions sociales ou psychiatriques vivent continuellement leurs relations internes et externes, leur organisation,
leurs difficultés et leurs changements à travers une circularité relationnelle dont lélément de base est une triade ou
un triangle de communication.
Ceux-ci ont 2 caractéristiques :
Le nombre de relations est égal au nombre de partenaires.
Il existe une tendance à créer des coalitions, deux des éléments contre le troisième. Et tout échange entre les
deux partenaires implique ou concerne un tiers.
Mais voici le piège du double lien.
Les triades hiérarchiques discordantes créent le double lien institutionnel Notre institution vit constamment la rigidité
et la lenteur (ou la brutalité) de ses changements organisationnels. Le frein évident consiste dans les oppositions en
miroir de léquipe. Toute crise, toute agitation aigue répond au modèle des affrontements en miroir ou de façon plus
atténuée, à un pseudo consensus qui sémiette. Si il sagit dun patient, il devient un cas particulier avec un
message critique. Si il sagit dun soignant, il acquiert parfois le statut de bous émissaire, exutoire émotionnel
déchanges insuffisants. Affronter la confusion institutionnelle au niveau des relations entre le patient et son
environnement ouvre la porte à ce que nous cherchons tous : la restitution au patient de sa capacité de croissance
existentielle. Notre seule solution réside dans la reconfirmation des patients et des soignants. Lenfant ou
ladolescent institutionnalisé en psychiatrie se trouve en position basse mais paradoxalement en position plus haute
que celle de ladulte.
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 3/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
Il a 2 dépendances : linstitutionnelle et la familiale.
Il se pose donc cette question de loyauté des soignants vis-à-vis de leurs jeunes patients lors des rencontres avec
les familles. Il est le seul à pouvoir ouvrir la porte de sa famille. Famille souvent en crise ! La crise est constituée
elle-même démotions, de risques émotionnels, de spontanéité expressive. Les responsables sont pris dans les liens
dun jeu institutionnel global. Des impulsions du supra système sont transmises au patient. Cette pression va être
ressentie et devra être assumée par léquipe au complet. Ces émotions peuvent et doivent être partagée cest la
méthode des réunions. Notre complexité sexprime dans la dialectique entre une identité collective vécue dans notre
groupe de soignants et dautre part lindividualisation nécessaire des tâches. Toute complexité comporte une note
dincertitude et des efforts conceptuels. Accepter sa propre émotion et réfléchir dans les triangles de manipulation,
cest accepter la crise, afin dutiliser ce potentiel créateur de croissance relationnelle.
<h3 class="spip">3. Lindividu psychotique, linstitution, lauthenticité. </h3>
Le patient, les membres délégués de la famille, les intervenants impliqués ont tous un réflexe de survie mentale. Ils
sont partenaires obligés et se heurtent les uns aux autres. Le malade désigné et sur-désigné par sa chute dans
linstitution aliénante joue la partie la plus vitale.
Le soignant psychiatrique et son cauchemar.
Lentrée dun soignant en unité psychiatrique implique un choix. Il acquiert des connaissances qui enrichissent ses
connaissances initiales. Au bout dun temps, son élan seffrite. Il affronte un univers de compromis et de multiples
résultats insatisfaisants. Les cas particuliers et les cas difficiles apportent leurs tensions et les incompréhensions.
Dans léquipe chacun cherche constamment à maintenir et à reconstruire le pseudo consensus. La confirmation
institutionnelle sétiole. Lindividu psychotique transmet la communication familiale. Une prise de conscience des
similitudes entre notre position dis confirmée et celle de notre patient sappuie sur notre nouveau savoir : lanalogie
entre la pathologie de notre patient et la communication dans son univers familial.
Lapproche familiale soignante se fonde sur la découverte de sens relationnel des symptômes. Pour Don Jackson et
Jay Haley : »Les gens tentent constamment de définir la nature de leurs relation. Cela se fait le plus directement par
une mise en acte et par lémission de messages congruents et plus indirectement par lémission de messages
occultés (couvert). Chaque symptôme peut-être considéré comme un message occulté, cest-à-dire une tentavive
dinfluencer la relation. »
La règle de loyauté à légard du patient.
Les entretiens correspondent à cet effort : entrer dans la famille en tant que thérapeute du patient à laide des
messages occultés transmis par celui-ci. Une donnée fondamentale veut que le patient progresse à travers une
confiance relationnelle absolue dans son thérapeute. La « trahison » du thérapeute a pour effet un appauvrissement
du thérapeutique.
La trahison est accrue par :
le besoin de la famille de communiquer son angoisse
le sentiment de la famille de perte de pouvoir par rapport à linstitution
le besoin de la famille de simposer activement (téléphoner, écrire)
la famille maintient une pression sur nous.
Ces différents points transforme le thérapeute, lui font peur, entament sa confiance. A la sur désignation du patient
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 4/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
répond notre double désignation : nous sommes les soignants désignés de patients désignés.
Pour éviter ces pièges deux règles dor :
Éviter toute communication avec la famille en dehors de la présence du patient
Le patient co-gère avec les thérapeutes les relations entre linstitution et sa famille. Si ces deux conditions sont
remplies du mieux possible, elle font apparaître un double résultat :
des signes évolutifs chez le patient
une coopération des participants familiaux découverte en présence et avec laide du patient.
De la crainte réciproque à la loyauté.
Des problèmes délicats apparaissent lorsque le patient interné présente des troubles somatiques sérieux. Le
médecin prend souvent des décisions nécessaires qui interfèrent avec le programme psychiatrique. Les patients sont
souvent adressés à des services médicaux ou leur présence est mal acceptée. Le patient revient parfois avec les
mêmes problèmes quau départ. Le piège sest refermé sur léquipe. Responsabilité soignante de son état mental et
état général du patient qui nécessite des soins dans un autre milieu. Jean -Claude Benoît ne donne pas de solution
miracle mais préconise une analyse du cas et surtout de tout mettre en Suvre pour le bien du patient en évitant ce
quil pourrait considérer comme une trahison des soignants institutionnels.
A propos de lauthenticité.
Tout soignant est un peu artiste un peu scientiste mais une de ses caractéristiques est la fragilité. Nous acceptons la
mise en cause de notre personnalité comme ouverture à laccueil des difficultés de nos patients. Le recours aux
savoirs et aux apprentissages techniques joue le rôle complémentaire indispensable. Les relations entre un individu
souffrant et sa famille ont montré quun savoir particulier va sajouter aux autres. Dans le domaine institutionnel ce
savoir organise les autres savoirs. La famille étudiée activement réorganise nos savoirs concrets sur les situations
où nous impliquent nos patients. Lapprentissage éco systémique semble restituer aux patients et aux soignants
institutionnalisés leur place dêtre à part entière dans un ensemble qui menace de les écraser. Lauthentés est le
maître absolu qui fait autorité et lauthentique exprime la vérité profonde de lindividu, ces définitions conviennent à
ces situations thérapeutiques. Reconfirmation de soi au sein de la disconfirmation et de lautodisconfirmation
aliénée, cela vaut pour les patients, leurs familles et tous les participants institutionnalisés. Lauthenticité se vit
comme une participation globale de Je dans la relation Je-Tu.
<h3 class="spip"> 4. De la crise à la certitude.</h3>
J-C Benoît constate lincertitude fonctionnelle de lensemble famille patient institution, privé de tout pouvoir évolutif
en proie au pseudo devoir familiale, au pseudo vouloir du patient et au pseudo savoir des institutionnels. Lobjectif
thérapeutique devient donc la redécouverte de ces deux valeurs : être et se différencier. Un autre élément se montre
: la zone daliénation. Concevoir un écosystème conduit à percevoir la spatialisation des relations qui lorganise.
Cette topologie institutionnelle constitue une aide précieuse pour notre pratique thérapeutique. Elle est directement
concernée par ces valeurs-notions : crise, certitude, différence.
De G. Bateson à René Thom.
Les informations apportées par le langage analogique et par le langage digital, verbal pur, au lieu de sexclure ou de
sadditionner sintègrent dans des échanges au point de se multiplier les unes par rapport aux autres. Telle est la loi
batesonienne de la communication humaine. Avec la notion de méta communication le soignant institutionnel
apprend que ses patients ont acquis limpossibilité dune participation congruente aux échanges Ils souffrent dun
trouble de la capacité didentifier et dinterpréter cette classe de signaux qui nous indiquent à quel mode de message
appartient le message que nous recevons. Cette incapacité de percevoir à quel genre ou ordre de message il a
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 5/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
affaire est le noyau du syndrome auquel nous confronte de façon précise soit la relation psychothérapeutique avec le
psychotique soit lentretien collectif familiale.
Chaque famille possède son mode dobstacle à la méta communication.
Ces altérations de la méta communication remontent à des apprentissages familiaux précoces et prolongés. Avec
un patient en crise se trouve une famille en difficulté et qui va interférer dans lhospitalisation et les soins. De même
un patient sapaisera lorsquune fiabilité relationnelle lui sera démontrée entre ses intervenants, son environnement
personnel et lui. Le mathématicien René Thom présente depuis plusieurs décennies des recherches et des
applications sur la réflexion des changements brusques : la théorie des catastrophes. Pour lui le terme crise signale
le caractère subjectif dun changement généralement redouté et ses manifestations (la crise) proprement
morphologiques demeurent relativement discrètes voire inexistantes. Si dans une crise, la fonction est fréquemment
atteinte, la structure elle demeure intacte. A lopposer une catastrophe est par essence un fait bien observable, une
discontinuité patente, une mutation de la structure. Cette claire distinction est utile. Tous les patients entrants ou
présents dans un hôpital, un service, une unité de soins psychiatriques présentent un état de crise quils
communiquent à linstitution daccueil. La situation extérieure devenue insoluble pour eux-mêmes entre dans notre
espace spécialisé, la zone daliénation.
Vers le modèle dune pyramide de méta communication.
Les représentations relationnelles triangulaires se rapprochent au plus près des phénomènes interactionnels
psychiatrique. Elles seront utilisées comme éléments de base pour les modèles. Dans le triangle basal
patient-famille-institution les actions sont portées par des individus en présence dautres individus. Les groupes
fabriquent des délégués voir des boucs émissaires en nombre suffisant pour tous les angles de ces innombrables
drames et pour leur confuse mobilité permanente. Une composante supplémentaire peut aussi être envisagée : la
présentation verticale. Elle indique naturellement une disposition hiérarchique de ce triangle fondamental. Cette
disposition hiérarchique traduit la présence interactionnelle des trois individus. Elle reflète aussi que le faible
apparent joue un rôle au moins égal à celui des deux autres. Chaque participant est observateur et éventuellement
intervenant par rapport à la relation des deux autres.
Le modèle de la fronce : catastrophes positives et négatives
La mobilisation de la fronde de René Thom permet une figuration intéressante de linstitutionnalisation du patient
dans la zone daliénation et de son évolution. Il faut distinguer trois niveaux de complexité :
Dans la zone moyenne se trouve une famille en croissance avec son thème principal celui de la différenciation
des êtres jeunes
Cette différenciation devient objective lorsquils quittent le giron familial et créent à leur tour une famille.
Cette différenciation ne se fait pas ou se fait partiellement lorsque un jeune présente un état mental nécessitant
une institutionnalisation psychiatrique. Quitter la maison ou entrer en hôpital psychiatrique, ces actions familiales
comportent une modification de lespace temps de chacun des individus concernés. Bowen dit « chaque famille sur
terre a pour tâche première de créer une ou plusieurs familles ».
Le modèle du double lien conjugo-parentale.
La dyade conjugo-parentale est au centre des triangles pathogènes dans les troubles relationnels francs. La théorie
du double lien fait directement référence aux incertitudes éducatives et affectives précoces pour au moins un des
enfants.. Cet axe témoigne du rôle crucial de la dyade conjugal dans lunion des familles dorigine et créant une
nouvelle famille et recomposant la famille élargie. Bateson montre que le double lien apporte une bifurcation de
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 6/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
deux chemins : léchec ou la créativité. Le cycle de vie engendre des crises qui dans les familles saines conduisent
à une croissance relationnelle. Dans le cas de notre patient institutionnalisé, la croissance existentielle des uns et
des autres se trouve bloquée. Il faut trouvé dautres voies de croissance.
Une conclusion paradoxale : tout malade mental a une famille rigide, mais prête à être aidée à laider.
Tout patient institutionnalisé implique sa famille et le fonctionnement de celle-ci. Nous voici, sans le savoir,
confrontés aux échecs tant de la famille que des groupes sociaux. Pour Mara Selvini, elle soppose à la dis
confirmation des proches ? Ce qui paraît être « lenfer des bonnes intentions » a un sens. Que nous ne percevrons
quen nous intégrant à ce groupe familial. Elle crée la pratique dune post-séance où les intervenants quittent la
famille pour échanger des informations, leurs observations, préciser les propositions, préparer un commentaire
positif. La connotation positive des angoisses familiales doit être complétée par lévocation de la continuité des soins
et les prescriptions concernant le programme. Lévocation des forces émotionnelles qui créent et animent la famille
peut-être la reprise dune autonomie de croissance pour le patient. Linclusion de la famille habitue les intervenants à
une souplesse relationnelle qui est aussi utile avec leurs collègues.
<h3 class="spip">5. Lindividu soignant et son institution. </h3>
Linstitution psyhiatrique , machinerie collective, implique de multiples individus saisis dans des relations vitales et
émotives. Le psychiatre dinstitution a un pouvoir quasi absolu dans cette zone daliénation. Il a la tâche de ramener
à la vie sociale tous ceux et toutes celles qui tombent dans « ce trou ». On leur demande dutiliser des moyens
médicaux, des traitements psychotropes, tous les moyens psychologiques disponibles et on place à leur côté une
équipe dautres professionnels. Dans cette équipe soignante, tous les membres donnent des médicaments, ouvrent
et ferment des portes et font du mieux quils peuvent toutes les psychothérapies quils savent faire. Tout le monde se
trouve pris dans le double lien institution famille.
Bateson a décrypté les bizarreries des aliénés : il sagit de leur langage familial. Pour que tel ou tel psychotique
sexprime plus clairement il suffit dêtre loyal avec lui, dimposer à la famille de parler devant lui ainsi quà tous les
intervenants.
Victime ou « cas particulier » ?
En institution,un cas particulier correspond à la cristallisation visible des doubles liens et révèle les points faibles de
son organisation. Selon Bateson, les doubles liens peuvent conduire soit à léchec, le cas particulier devient victime,
soit à la créativité où lorganisation des relations fait un progrès attendu et nécessaire.
Changement, crise et consensus déquipe.
Le consensus vrai engage chacun par des efforts nécessaires Le pseudo-consensus permet seulement une entende
provisoire. Les termes « institution,réunion, consensus » désignent des structures vivantes, animées, fonctionnant
selon des schèmes difficiles à expliciter clairement, en particulier sil sagit de trouver des solutions positives dans
des tensions négatives. Le taux de consensus reste toujours loin du 100% dans notre moi institutionnel indifférencié.
Il varie lors des réunions exigées par une crise. Les réunions de crise apportent lespoir de voir monter le consensus
de quelques points lorsquun risque est affronté clairement avec une réponse collective. Individu,pouvoir et alliance.
La plupart des soignants veulent évoluer vers des soins plus efficaces mais constatent quils mettent alors en cause
leurs relations confraternelles et leur adhésion à « lidéologie du service ». Ils mettent ainsi en cause leurs existences
Une sorte de coalition sorganise contre le changement à travers les multiplicités du pouvoir sexerçant dans le milieu
de soins.. Il faut chercher des alliances, laffiliation, et accepter lhypothèse que linfluence personnelle définit le
pouvoir dans linstitution. Le systémicien connaît les dimensions familiales été groupales de ses choix
professionnels. Ainsi éclairées, les certitudes personnelles peuvent sadapter aux certitudes collectives découvertes
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 7/8
. Patients, familles et soignants. Entretiens familiaux en psychiatrie
dans chaque situation : le consensus. Être des participants-observateurs réciproques dans chaque situation tel est
lapprentissage.
<h3 class="spip">6.Tracer la carte institutionnelle.</h3>
La carte nest pas le territoire. Dans la perspective large que Bateson utilise , il voit la carte comme un résultat de la
sommation des différences, organisant des nouvelles différences dans le territoire. Les situations psychotiques
altèrent cette réalité claire. La carte devient le territoire et vice et versa. Les stratégies les joueurs, la sectorisation
des responsabilités sociales sont autant dexemples de fusion et de confusion entre les faits du terrain, la
schématisation des relations à étudier et les stratégies des participants. Le but est daller vers une cartographie
vivante et évolutive facilitant lélucidation des catastrophes négatives menaçantes. Une chrono-topologie des soins
institutionnels. Dans linstitution ou se trouve le patient avec nous comme au dehors avec sa famille, les triangles de
manipulations se multiplient et se succèdent.
Nous le percevons aussi dans le monde social sollicité par les familles. Les familles lorsquelles abordent une crise
majeure font appel aux soignants. Nous imaginons le grand nombre des intervenants précédents vaincus, ceux-là
ont appris leur impuissance et la famille a fait lapprentissage de tactiques pseudo-victorieuses. La situation qui
arrive à notre niveau est sortie du contractuel pour aboutir à la contrainte et au mandatement. Dans les de
psychiatrie infanto-juvénile nous connaissons les complications inouïes qui entourent les jeunes patients : les
multiples interventions chaotiques, les institutions qui interfèrent, les intervenants divers (médicaux ou sociaux) . A
travers les étapes de la croissance du groupe familial le statu quo ou la répétition sont de règles.
Lélaboration des cartes institutionnelles.
La topologie des crises facilite lidentification dun blocage ou dune lente évolution. Elle permet aussi de penser en
formes relationnelles, analogies qui permettent aux équipes de se maintenir actives à travers un système
thérapeutique qui accueille toutes ces complications. Ces données négatives, menaçantes, dévalorisantes, peuvent
permettre une meilleure anticipation à léquipe des soignants. Une description détaillée en est donnée par lauteur
avec exemple à lappui (Patients, familles et soignant pages 110 à 115). Le territoire, la carte et la méthode exigent
des concordances strictes. Le territoire comporte des obligations concrètes (horaires, lieux, contacts, etc.). La carte
est établie par les intervenants qui ont besoin délucider et de multiplier les informations entre eux ( obligations,
possibilités thérapeutiques ou gestionnaire). La carte dessine lensemble des complications actuelles autour du
double lien conjugo-parental occulté.
Une relation est toujours le produit dune double description.
En institution, nous sommes dans le paradoxe : obliger les gens à progresser volontairement parmi dautres patients
et à travers une relation avec une équipe. Les familles de nos patients nous habituent à ces paradoxes et doubles
liens. Nous devons passer des complications mortifères à une complexité harmonieuse. Le soignant coincé dans le
paradoxe institutionnel peut penché soit du côté laxiste soit trop scientifique (deux formes dabsence relationnelle).
Lévolution positive du patient restitue au soignant et à léquipe « lêtre mental »quils ont fourni. Les cas particuliers
et difficiles apprennent que la pathologie du patient et lhoméostasie de linstitution apportent leur message : » Tu es
un sous-système, ignorant tout du supra-système, de ses caprices, de ses crises ou de ses inhibitions ».
Post-scriptum :
PS Mes impressions
Le livre permet aux soignants qui travaille dans une institution de " penser" à tous les doubles liens dans lesquels ils vivent. Cette approche
permet une meilleure connaissance de lapproche des familles, de la hiérarchisation et de lindiffération du soi.
Copyright © Espace d'échanges du site IDRES sur la systémique
Page 8/8