Suicide, dépression et mal-être - Observatoire Régional de la Santé
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Suicide, dépression et mal-être - Observatoire Régional de la Santé
Baromètre santé jeunes Poitou-Charentes 2005 Suicide, dépression et mal-être CONTEXTE La santé mentale est un champ vaste et complexe qui regroupe à la fois les pathologies psychiatriques caractérisées et la souffrance psychologique consécutive aux maux relationnels et sociaux. En 2002, d’après l’enquête « Santé Mentale en Population Générale» (SMPG), menée sous l’égide de l’OMS, un tiers de la population adulte française est susceptible de présenter au moins un trouble mental (trouble de l’humeur, trouble de l’anxiété, alcoolisme, toxicomanie ou troubles psychotiques). Cette prévalence est de 28 % en Poitou-Charentes (32 % en France). Les conséquences de ces problèmes en terme d’invalidité sont importantes : arrêts de travail, perturbations familiales, altération des relations sociales, voire exclusion. La prévention du suicide est un des axes du Plan Santé Mentale en région Poitou-Charentes. En 2003, près de 400 décès par suicide ont été observés en Poitou-Charentes, et près de 11 000 en France. Or, l’INSERM considère que ce nombre de décès est sous-estimé d’environ 20 %, le suicide représenterait alors près de 17 % des décès observés chez les 15-34 ans en France, comme en Poitou-Charentes. De plus, sur la période de 2000 à 2002, une surmortalité par suicide a été notée dans la région par rapport à la France (25 % chez les hommes et 18 % chez les femmes). Selon l’avis des professionnels confrontés directement à ces phénomènes, le suicide est rarement lié à une cause unique, mais est plutôt révélateur d’un mal-être global. Les données présentées ici concernent la santé mentale des jeunes en Poitou-Charentes, en particulier les idées suicidaires et les tentatives de suicide déclarées, les troubles dépressifs et leur prise en charge (traités pour la première fois dans le Baromètre Santé), et le mal-être décrit par rapport au manque d’énergie, aux problèmes de sommeil et à la fatigue. Le bien-être mesuré principalement par l’indicateur de qualité de vie de Duke dont les différents items permettent de construire un score de santé générale, physique, mentale et sociale. Cet indicateur est défini et expliqué dans la fiche « Qualité de vie, loisirs et activités physiques ». Evolution et comparaison à la situation nationale En % Idées suicidaires Tentatives de suicide Récidive de tentatives de suicide Episode Dépressif Caractérisé (EDC) Recours aux soins en cas de présence d’EDC Manque d’énergie Perte d’intérêt Fatigue Problème de sommeil Les données présentées sont des données déclaratives, issues d’interviews téléphoniques (Cf. fiche « Méthodologie ») France 2005 ns PoitouCharentes 2005 6,0 PoitouCharentes 2000 ns ns 4,7 ns 33,9 37,5 / ns 8,3 nd 26,9 45,0 nd ns 11,5 nd ns 11,1 nd 23,8 17,5 ns ns 8,9 ns Sources : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005, Baromètre Santé France 2005, Baromètre Santé Poitou-Charentes 2000 Exploitation ORS Poitou-Charentes Légende : / : effectif insuffisant, nd : non disponible, ns : différence non significative SYNTHESE Des conduites suicidaires identiques en 2000 et en France, avec, cependant, une proportion de récidive de tentatives de suicide plus élevée dans la région La proportion de jeunes Picto-Charentais de 15 à 25 ans ayant pensé au suicide au cours des douze derniers mois ou déclarant avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie est restée stable entre 2000 et 2005 et proche de la moyenne nationale. Par contre, la proportion de récidives de tentatives de suicide est plus importante en Poitou-Charentes qu’en France (38 % contre 34 %). Un recours aux soins en cas de dépression plus important en Poitou-Charentes En ce qui concerne les troubles dépressifs, la proportion de jeunes de 15 à 25 ans ayant souffert d’un Episode Dépressif Caractérisé (EDC) au cours des douze derniers mois n’est pas statistiquement différent dans la région et en France (information non disponible en 2000). Par contre, le recours aux soins en cas d’EDC est plus important en Poitou-Charentes qu’en France (45 % contre 27 %), et notamment le recours au médecin généraliste (57 % d’entre eux contre 31 %). Moins de fatigue déclarée en Poitou-Charentes La proportion des 12-25 ans ayant eu l’impression d’être « beaucoup fatigué » au cours de la semaine écoulée est moins élevée qu’au niveau national (18 % contre 24 %). Néanmoins, la part de ceux qui ont eu beaucoup de problèmes de sommeil au cours de la semaine écoulée, de ceux qui déclarent avoir manqué d’énergie ou de motivation pour faire des activités qui procurent habituellement du plaisir dans l’année est semblable à celle de la France. Observatoire Régional de la Santé de Poitou-Charentes 17, rue Salvador Allende - 86 000 Poitiers Tel : 05 49 38 33 12 - Fax : 05 49 50 61 92 Suicide, dépression et mal-être LES IDEES ET LES TENTATIVES DE SUICIDE Graphique 1 : Idées suicidaires et tentatives de suicide déclarées selon l’âge et le sexe (en %) Les pensées suicidaires depuis 1 an En Poitou-Charentes, 6 % des jeunes de 15 à 25 ans ont déclaré avoir pensé au suicide au cours de l’année écoulée (graphique 1). Les jeunes qui déclarent avoir connu la séparation ou le divorce de leurs parents avant l’âge de 18 ans, ou ceux qui déclarent avoir vécu avec une maladie, un handicap, un accident grave ou un décès de leur parents sont plus nombreux à avoir pensé au suicide que les autres. Les jeunes ayant subi ou pratiqué des violences sont quatre fois plus nombreux à avoir pensé au suicide (22 % contre 5 %). Les personnes déclarant avoir des troubles alimentaires sont 12 % à déclarer avoir eu des pensées suicidaires contre 3 % chez les autres. Le pourcentage de jeunes ayant des pensées suicidaires est en relation directe avec le statut tabagique : plus la consommation de tabac est importante, plus la prévalence des pensées suicidaires est élevée (graphique 2). Les personnes ayant pensé au suicide pendant l’année ont une qualité de vie moins bonne que les autres. 6,5 Filles Tentatives de suicide 8,2 2,6 Garçons 1,5 7,8 Filles Idées Suicidaires 6,5 6,5 Garçons 2,9 15-19 ans 20-25 ans Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Graphique 2 : Jeunes ayant des pensées suicidaires ou ayant tenté de se suicider selon le statut tabagique (en %) Parmi ceux qui ont pensé au suicide, 46 % en ont parlé à quelqu’un, principalement à leur mère, à des amis, à leur conjoint. Cette proportion est moins importante en zone rurale qu’en zone urbaine (29 % contre 57 %). Non fumeurs 4 3,8 6 Fumeurs occasionnels Les tentatives de suicide au cours de la vie En 2005, 4,7 % des jeunes de 15 à 25 ans ont déclaré avoir tenté de se suicider au cours de leur vie : les filles plus trois fois plus que les garçons (7 % contre 2 %) (graphique 1). A âge égal, les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les jeunes qui sont au chômage (9 %) que chez ceux qui font des études ou qui sont en formation (4 %). Les personnes vivant en zone rurale sont deux fois plus nombreuses que celles vivant en zone urbaine à déclarer avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie. D’autre part, les jeunes issus d’une famille monoparentale ou ayant vécu des événements familiaux marquants (divorce, maladie, handicap, décès des parents) sont plus nombreux à déclarer être passés à l’acte. Les jeunes ayant subi ou pratiqué des violences ou ayant des troubles alimentaires sont également plus nombreux à avoir tenté de se suicider. De plus, 12 % des jeunes ayant consommé des médicaments psychotropes ont déclaré avoir tenté de se suicider contre 3 % de ceux qui n’en ont pas consommé. Le pourcentage de « suicidants » augmente avec le statut tabagique des jeunes (graphique 2). Enfin, les personnes ayant déclaré avoir fait une tentative de suicide au cours de la vie ont une qualité de vie moins bonne que les autres. Fumeurs réguliers (- de 20 cig/jour) 9,3 4,9 7,3 Fumeurs réguliers (+ de 20 cig/jour) 15,5 11,8 Pensée suicidaire Tentative de suicide Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Graphique 3 : Prise en charge à la suite d’une tentative de suicide en Poitou-Charentes (en %) Parlé à une autre personne 69,8 Médecin ou "psy" 46,5 44,3 Hôpital Aucune prise en charge médicale 47,4 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Parmi ceux qui ont déclaré avoir tenté de se suicider, 37 % ont récidivé (contre 34 % en France). A la suite de la dernière tentative de suicide, 44 % ont bénéficié d’une prise en charge à l’hôpital, 46 % chez un médecin, et près de 7 personnes sur 10 en ont parlé à une autre personne. Au total, 47 % n’ont eu aucune prise en charge médicale, ce qui est un problème par rapport aux recommandations de suivi et de prise en charge des tentatives de suicide (graphique 3). Tableau 1 : Correspondance entre idées suicidaires au cours de l’année et tentatives de suicide au cours de la vie (en %) 15-25 ans Garçons Filles 15-19 ans 20-25 ans En 2005, plus de 9 jeunes de 15 à 25 ans sur 10 ont déclaré ne pas avoir eu de pensées suicidaires au cours de l’année écoulée et n’avoir jamais tenté de se suicider. Les jeunes qui déclarent avoir eu des idées suicidaires et avoir tenté de se suicider représentent 2 %. Les filles déclarent plus souvent que les garçons avoir tenté de se suicider sans avoir eu d’idées suicidaires au cours de l’année. Inversement, les 20-25 ans témoignent plus fréquemment que les plus jeunes avoir eu des idées sans être passé à l’acte (tableau 1). PS et TS 1,8 1,7 1,9 1,9 1,7 TS sans PS 2,9 0,3 5,4* 2,9 2,8 PS sans TS 4,2 3,1 5,3 2,8 5,4* Ni PS ni TS 91,2 94,9 87,4* 92,4 90,1 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Légende : PS : pensées suicidaires depuis 1 an, TS : Tentative de suicide au cours de la vie * : différence significative à 5 % Relation entre idées suicidaires et tentatives de suicide déclarés Malgré le fait que les deux indicateurs ne se situent pas sur la même échelle de temps, le tableau ci-dessus montre qu’il peut exister une continuité entre le fait d’avoir pensé au suicide au cours de l’année écoulée et le passage à l’acte au cours de la vie. 2 Suicide, dépression et mal-être Tableau 2 : Prévalence des troubles dépressifs au cours des douze derniers mois selon le sexe (en %) LES TROUBLES DEPRESSIFS 8 % des jeunes ont eu des épisodes dépressifs dans l’année En 2005, 8 % des jeunes Picto-Charentais interrogés ont souffert d’un Episode Dépressif Caractérisé (EDC) au cours des douze derniers mois ; les filles étant près de deux fois plus concernées par ce problème (11 % contre 6 %). Dans la majorité des cas, il s’agissait d’épisodes moyens ou sévères (6 %) et d’épisodes récurrents ou chroniques (5 %). (tableau 2) Plus l’âge augmente, plus la prévalence des épisodes dépressifs augmente avec un maximum pour les 23-25 ans (12 %). (graphique 4) A âge égal, les personnes ayant souffert d’un épisode dépressif caractérisé sont plus fréquemment au chômage et moins souvent à l’école. La proportion de ceux qui ont connu la séparation ou le divorce de leur parents est plus importante parmi ceux qui ont eu au moins un épisode dépressif. La proportion de ceux qui ont subi ou pratiqué des violences ou qui ont des troubles alimentaires est plus importante parmi ceux qui ont souffert d’un EDC par rapport aux autres. La proportion des personnes interrogées (ou de leur conjoint) ayant eu une IVG est plus élevée parmi ceux qui ont souffert d’un EDC par rapport aux autres (14 % contre 3 %). Les personnes ayant des troubles dépressifs ont des comportements addictifs plus marqués : une proportion plus élevée de personnes ayant déclaré plus de 3 ivresses annuelles (42 % contre 27 %), ce sont plus souvent des fumeurs réguliers et plus souvent des consommateurs occasionnels ou réguliers de cannabis. De plus, la proportion de moyenne et forte dépendance au tabac est plus élevée chez ceux présentant un EDC (55 % contre 31 %). Ils sont plus nombreux également à déclarer avoir consommé des médicaments psychotropes (80 % contre 58 %), à avoir une maladie chronique (21 % contre 9 %) et à avoir suivi une psychothérapie (31 % contre 6 %). Les personnes ayant souffert d’un EDC pendant l’année ont une qualité de vie moins bonne, au niveau mental, physique et général, que les autres. Aucune différence n’est notée concernant la qualité de vie sociale ressentie. Les jeunes ayant souffert d’un EDC ont déclaré plus souvent avoir eu des problèmes de sommeil que les autres (22 % contre 9 %), et à être plus souvent fatigués (48 % vs 17 %). (1) Garçons Filles 5,9 10,8 0,7 2,6 2,6 2,8 4,9 3,1 3,5 0,2 2,2 4,6 1,1 5,1 Episode dépressif caractérisé (EDC) Sévérité des EDC - léger - moyen - sévère Chronicité des EDC - récurrent - chronique - unique Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Graphique 4 : Prévalence des troubles dépressifs selon le sexe et l’âge (en %) 14,3 11,8 8,1 7,7 8,8 7,6 3,9 2,6 15-17 ans 18-19 ans 20-22 ans Garçons 23-25 ans Filles Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORSPEC Tableau 3 : Recours aux soins des jeunes de 15 à 25 ans ayant présenté un épisode dépressif caractérisé au cours des 12 derniers mois (en %) Recours aux soins (total) 45,0 Médecin généraliste Psychologue Psychiatre Centre Médico-Psychologique (CMP) 57,5 39,4 15,1 15,1 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Graphique 5 : Principaux traitements utilisés contre la dépression (%) Un recours aux soins déclaré pour la majorité des personnes dépressives Près de la moitié des personnes dépressives déclare avoir consulté pour raison de santé mentale au cours de l’année, le médecin généraliste étant le plus cité (58 %) (tableau 3). Question à choix multiple 38,2 37,2 Antidépresseur Psychothérapie Millepertuis Anxiolytique 2,7 29,6 Soutien psychologique Plus de la moitié des dépressifs a bénéficié d’un traitement validé en cas de dépression Parmi ceux qui ont consulté, 54 % ont bénéficié d’un traitement adapté à la dépression au regard des connaissances actuelles en matière de bonnes pratiques cliniques : antidépresseurs (38 %), psychothérapie (37 %) et millepertuis (3 %). D’autres traitements qui ne ciblent pas la dépression ont largement été utilisés par les personnes souffrant d’EDC : les anxiolytiques (30 %) et le soutien psychologique pour la majorité (graphique 5). La majorité de ces personnes affirme que leurs problèmes se sont améliorés suite à l’aide qu’elles ont reçue (50 %). Cette amélioration ne s’est pas révélée significativement différente selon le type de traitement utilisé (pharmacologique, psychologique, mixte). (1) avoir des difficultés à dormir fait parti des critères de sélection de l’épisode dépressif caractérisé mais cette information est néanmoins intéressante. 3 56,8 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes EPISODE DEPRESSIF CARACTERISE (CDIDSHORT form et DSM-IV) Avoir vécu une période d’au moins deux semaines consécutives en se sentant triste, déprimé, sans espoir ou en ayant perdu de l’intérêt pour la plupart du temps toute la journée, presque tous les jours. On recense également au moins 3 de ces symptômes : - Se sentir épuisé(e) ou manquer d’énergie plus que d’habitude - Avoir pris ou perdu au moins 5 kg - Avoir plus que d’habitude des difficultés à dormir - Avoir beaucoup plus de mal que d’habitude à se concentrer - Avoir beaucoup pensé à la mort - Avoir perdu de l’intérêt pour la plupart des choses comme les loisirs, le travail ou les activités qui donnent habituellement du plaisir Cet état engendre également une perturbation des activités habituelles. - Episode dépressif léger : De 3 à 4 symptômes ci-dessus sont présents. Le sujet est le plus souvent en mesure de poursuivre la plupart de ses activités habituelles. - Episode dépressif moyen : tous les cas entre légers et sévères. - Episode dépressif sévère : Au moins 5 symptômes ci-dessus sont recensés et le sujet risque d’avoir beaucoup de mal à poursuivre ses activités habituelles. - Episode dépressif récurrent : Au moins deux épisodes dépressifs caractérisés avec au moins une période de deux mois entre les deux épisodes - Episode dépressif chronique : sa durée est d’au moins de deux ans. Suicide, dépression et mal-être LE MAL-ETRE Graphique 6 : Manque d’énergie ou de motivation pour faire des choses habituelles selon l’âge (en %) 14,5 13,3 Perte d’intérêt et manque d’énergie 11 % des jeunes de 12 à 25 ans déclarent avoir perdu intérêt pour la plupart des activités qui procurent habituellement du plaisir. Durant la même période, plus d’un jeune sur dix déclare également se sentir épuisé et manquer d’énergie. Ce manque d’énergie ou de motivation s’accroît avec l’âge, mais ne diffère pas selon le sexe (graphique 6). Fatigue et problèmes de sommeil (1) Près de 18 % des jeunes âgés de 12 à 25 ans déclarent avoir eu l’impression d’être « beaucoup fatigué » au cours des huit derniers jours et 9 % déclarent avoir eu des problèmes de sommeil au cours de la semaine écoulée. Ces problèmes sont plus souvent déclarés par les filles et par les 18-19 ans (tableau 4). CONDUITES SUICIDAIRES, DEPRESSION ET MAL-ETRE : DES LIENS ETROITS Des prévalences plus élevées de dépression, de pensées suicidaires et de tentatives de suicide chez les jeunes ayant des symptômes de mal-être Les jeunes de 15 à 25 ans qui ont déclaré se sentir épuisés ou manquer d’énergie pendant les deux semaines précédentes présentent une prévalence plus élevée d’épisodes dépressifs caractérisés (54 % contre 1 %). Ils déclarent également plus souvent avoir pensé au suicide dans l’année (26 % contre 3 %) et avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie (15 % contre 3 %). Ces tendances se retrouvent également pour ceux qui déclarent avoir perdu de l’intérêt pour des activités qui donnent habituellement du plaisir, pour ceux qui ont eu des problèmes de sommeil ou se sont sentis très fatigués au cours de la semaine écoulée. Tous présentent, en effet, des prévalences plus élevées de dépression, de pensées suicidaires et de tentatives de suicide (tableau 5). Des conduites suicidaires plus fréquentes chez les jeunes souffrant de troubles dépressifs Parmi les jeunes ayant souffert d’un épisode dépressif dans l’année, 36 % déclarent avoir pensé au suicide sur la même période et 20 % avoir déjà tenté de se suicider au cours de la vie. Cette proportion est plus importante s’il s’agit d’un épisode dépressif sévère (respectivement 46 % et 21 %) (tableau 5). EN SAVOIR PLUS… • Bouet R., Debarre J., Chabaud F., La santé mentale en population générale (SMPG) : images et réalités. Enquête en Poitou-Charentes. ORS Poitou-Charentes n°95; janvier 2004, 129 p. • Debarre J., Serazin C., Mortalité par suicide en Poitou-Charentes et par département de 1980 à 2002, ORS Poitou-Charentes, Etude statistique n°2, mars 2006, 39 p. • Guilbert P., Gautier A, Baromètre Santé 2005 : Premiers résultats, INPES, mars 2006, 170 p. • ORS Pays de la Loire, Qualité de vie, santé mentale, violences, accidents chez les jeunes de 12-25 ans, Baromètre Santé Jeunes 2005, novembre 2006, 24 p. 9,4 10,7 5,1 4,9 12-14 ans 15-17 ans Manque d'énergie 18-25 ans Perte d'intérêt Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes Tableau 4 : Fatigue et problèmes de sommeil(1) selon l’âge (en %) Etre fatigué Beaucoup Un peu Problèmes de sommeil Beaucoup Un peu 12-14 ans 15-17 ans 18-19 ans 20-22 ans 23-25 ans 8,4 51,1 20,9 51,5 26,8 51,1 18,6 54,0 14,8 53,6 5,7 24,8 10,2 31,8 12,5 31,0 10,7 28,3 6,1 19,4 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes (1) Ces questions concernant la fatigue et les problèmes de sommeil constituent deux questions du profil de santé de Duke. Elles ont fait l’objet d’une exploitation spécifique. Tableau 5 : Facteurs associés pour les 15-25 ans (en %) 15-25 ans Manque d’énergie Oui Non Perte d’intérêt Oui Non Problèmes de sommeil Beaucoup Pas du tout / un peu Se sentir fatigué Beaucoup Pas du tout / un peu EDC sévère EDC Non dépressif Souffrir d’un EDC (année) Avoir des idées suicidaires (année) Avoir tenté de se suicider (vie) 54,1 1,4 26,1 3,1 15,1 3,2 58,4 1,1 29,3 2,7 15,0 3,3 18,9 7,4 12,9 5,3 19,1 3,3 20,8 5,5 12,8 4,4 46,4 35,8 3,2 11,3 3,2 21,4 19,7 3,5 Source : Baromètre Santé Jeunes Poitou-Charentes 2005 Exploitation ORS Poitou-Charentes . EDC : Episode dépressif caractérisé Note de lecture : 54 % des 15-25 ans qui ont déclaré se sentir épuisé ou avoir manqué d’énergie pendant les deux semaines précédant l’enquête ont souffert d’un épisode dépressif caractérisé (EDC) Rédacteur : J. DEBARRE Merci à P.SURAULT (sociologue) et R.BOUET (psychiatre, C.H. Laborit) pour leur relecture attentive et leurs suggestions Publication : octobre 2007 Observatoire Régional de la Santé de Poitou-Charentes Vous pouvez vous procurer l’ensemble des fiches sur le site de l’ORS : www.ors-poitou-charentes.org ou par courrier ORS Poitou-Charentes : 17, rue Salvador Allende - 86000 POITIERS Tél. : 05 49 38 33 12 E-mail : [email protected]