Eléments de correction pour le DM sur Primo Levi, l`arrivée au camp

Transcription

Eléments de correction pour le DM sur Primo Levi, l`arrivée au camp
Eléments de correction pour le DM sur Primo Levi, l’arrivée au camp.
Introduction d’Arthur :
Contexte
historique
Présentation de
l’auteur
Présentation
de l’œuvre
Situation de
l’extrait dans
l’œuvre
Annonce de la
problématique
et des axes
Introduction de Tristan :
Le texte dont on nous a proposé l’étude est un extrait de Si c’est un homme, récit autobiographique
rédigé par Primo Levi entre décembre 1945 et janvier 1947, année à laquelle il parut. Ce livre raconte
l’histoire de son auteur durant la seconde guerre mondiale, de son arrestation en Italie, le 13 décembre
1943, à la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier 1945. Le récit est centré sur la période, de janvier
1944 à janvier 1945, durant laquelle l’auteur a connu l’expérience d’être prisonnier d’un camp
d’extermination.
Primo Levi (1919-1987) est un chimiste de vocation qui se mit à l’écriture après la guerre afin de témoigner
de l’horreur de la Shoah. Toute sa vie, il se battra pour inspirer un devoir de mémoire, en luttant contre
toute forme de révisionnisme ou négationnisme concernant cette période de l’histoire. Son domaine de
prédilection, la science, explique sans doute son style neutre et objectif visant à, comme il le dit lui-même
dans la préface de Si c’est un homme, livrer « une étude dépassionnée de l’âme humaine ». En 1945, il lui
avait était demandé par les Alliés, de rédiger un rapport technique sur le fonctionnement du camp
d’Auschwitz. C’est sur ce travail et sur quelques brouillons écrits durant son emprisonnement, qu’il se basa
pour la rédaction de Si c’est un homme.
Le présent extrait traite de l’arrivée des déportés au camp, avec tous les détails de l’opération. Il parait
donc dans le deuxième chapitre, après le récit du trajet en train, et débute ainsi celui de la vie au camp
Auschwitz.
Comment Primo Levi nous présente-t-il l’arrivée au camp de la mort ?
Nous verrons tout d’abord la condition des déportés du trajet à leur découverte de la sélection, puis nous
nous attarderons sur le rôle des soldats SS, enfin nous étudierons un tri qui conditionne l’avenir des
prisonniers dans le camp.
Citation de l’auteur : « j’ai délibérément recouru au langage sobre et posé du témoin plutôt
qu’au pathétique de la victime ou à la véhémence du vengeur : je pensais que mes paroles
seraient d’autant plus crédibles qu’elles apparaitraient plus objectives et dépassionnées ;
c’est dans ces conditions seulement qu’un témoin appelé à déposer en justice remplit sa
mission, qui est de préparer le terrain aux juges. Et les juges, c’est vous. » (appendice à Si
c’est un homme)
Autres problématiques possibles :
- Montrez comment Primo Levi oppose humanité et barbarie dans ce texte.
- Quels procédés Primo Levi utilise-t-il pour dénoncer la déshumanisation des prisonniers ?
- En quoi ce texte constitue-t-il un témoignage historique destiné à empêcher l’oubli ?
- Vous montrerez comment dans ce texte l’idéologie nazie se substitue a un pouvoir divin.
Problématique du professeur :
- En quoi le Lager est-il un théâtre de l’Absurde où se joue une pièce cruelle ?
Ex. de plan détaillé :
I)
Un narrateur témoin …
1) Une précision scientifique
- de la ligne 1 à 36, la scène est décrite en temps réel
- paragraphes 1, 2, 3 : la descente du train, l’arrivée SS, premier et dernier
« échanges »
- de nombreux connecteurs et indicateurs spatio-temporels : « un peu plus loin, en un
instant, en moins de dix minutes … »
- hypotaxe : de nombreuses subordonnées qui expliquent, détaillent, précisent (l.2-3 …
naturels aux allemands quand ils commandent, et qui semblent … ; l. 20 … la tranquille
assurance de qui ne fait qu’accomplir son travail …)
- un témoignage minutieux : passé simple + chiffres l.29 à 31, décompte très précis
(scientifique)
2) Un témoignage émouvant
- un compte rendu neutre, tout en euphémismes, comme pour adopter le même ton
impassible des allemands (effet miroir)
- le « je » : une seule occurrence (le survivant) : discrétion, humilité
- se transforme en « nous » : « nous avons peur » -> survivants, morts = déportés ; « nous
savons » = lecteur + auteur
- nous = lutte de l’Humanité contre la barbarie; dénonciation de l’horreur
3) Un jugement en filigrane
- le juge -> anaphore: « nous savons », « ainsi » ; opposition « capables ou non » : retour au
présent d’énonciation, narrateur informé et regard distancié quelques années plus tard
- dénonciation des bourreaux avec le mot « traîtrise » (jugement de l’auteur sur les
allemands)
Transition : un narrateur témoin et acteur des événements.
II)
… d’une pièce cruelle jouée dans un théâtre absurde …
1) La mise en scène
- une fin annoncée -> l.1: « dénouement » ; des silences et des bruitages « avec fracas »,
« peur de rompre le silence » (allitération en [R] qui souligne l’âpreté de la scène), « silence
d’aquarium » l.14 ; des jeux de lumière(s) « obscurité » / « éclairé par des projecteurs » ;
une scène « un large quai » ; des éléments de décor (train, camions, bagages)
2) Les acteurs et leur texte
Opposition entre :
- la posture des arrivants … « tous s’affairaient autour des bagages » l.7-8 -> mouvement et
agitation : énumération l.8 « se cherchaient, s’interpellaient »
… et celle des soldats SS : « plantés sur leurs jambes écartées … » l.9 ;
- les prises de parole des arrivants … : n’osent pas prendre la parole : adv. « timidement » +
locution « à mi-voix » l.8
- … et celles des soldats : ils hurlent « ordres hurlés », « aboiements barbares » l.2
-> échange déséquilibré, mécanisé (question/réponse ; ordres/obéissance ; échange force
de travail contre la survie…)
3) L’Absurde
- absurdité : les déportés sont encore en vie mais leur mort est annoncée d’emblée car déjà
programmée par les organisateurs
- absurdité aussi dans le choix de ceux qui vont vivre ou mourir, l.3’ à 36 : descendre du bon
côté du train, caractère aléatoire de la mort (références : les Parques, fil d’Ariane …)
Transition : dans cette pièce, face à face entre Humanité et Monstruosite.
III)
… où s’opposent les bourreaux et leurs victimes.
1) Un langage différent
- confusion dans les langues («dans une langue étrangère » l.2, « quelqu’un traduisit les
ordres » l.5; on peut évoquer une référence à Babel : ils ne se comprennent pas puisque
l’adj. « apocalyptique » est utilisé l.15 et qu’il ancre le récit dans une référence biblique
- discours direct : énoncés réduits à leur plus simple expression, langage déshumanisé
(les hommes ne sont pas nommés : « quel âge? … bagages, après »)
- « dégénéré » : le narrateur emprunte un mot utilisé par les bourreaux (paradoxe : c’est le
seul qui fait preuve d’humanité)
2) Une perception de la réalité différente
- rêve vs réalité « scène vue en rêve », l.9
- monde de l’ordinaire : présence habituelle SS « leur travail de tous les jours » répété
deux fois : opposition entre la dure réalité des déportés et la banalité de la situation pour
les SS
3) Une résistance à la déshumanisation
- « vivants » opposés aux « morts » // hommes contre bourreaux déshumanisés (robots)
- évocation collective puis individuelle des déportés : le narrateur donne aux déportés : une
identité (Renzo, Francesca, Emilia, Aldo Levi), une personnalité (« une enfant curieuse,
ambitieuse, gaie intelligente », l.39), un métier (« ingénieur », l.39), des émotions
(«s’attardait un peu trop à dire adieu à Francesca, sa fiancée », l.20-21) : ils restent des
hommes malgré leur sort
- la bain de la petite fille: se laver pour rester digne (humain vs animaux)
Eléments de conclusion :
- réponse à la problématique : souvenir de l’arrivée au camp et de la première sélection : une pièce
cruelle mise en scène par des bourreaux
- rappel des idées importantes : maîtrise de l’expression de l’émotion dans le texte
- la parole est surtout donnée aux personnages ; le narrateur reste en retrait et se contente de
donner les indications nécessaires à la compréhension des événements
- enjeux autobiographiques et historiques du texte: témoigner, instruire, rendre hommage
(et émouvoir) pour mieux juger (le lecteur est juge des événements rapportés)
- ouverture : témoignage de Varlam Chalamov à travers sa nouvelle « Le Procurateur de Judée »,
datée de 1978: autre fait historique, les camps staliniens; la fiction permet au narrateur de rester en
retrait mais la force du récit n’en est pas moins grande.
Conclusion de Tristan :
C’est donc, avec toute sa rigueur, que Primo Levi nous livre les détails de cette arrivée au camp, qui bien
que succincte, se révèle décisive pour l’avenir des déportés. C’est dans la rapidité, la désorientation, la
confusion, mais le calme et le silence absolu que les prisonniers sont jugés, par des soldats tout aussi
placides mais cyniques, aptes ou non à poursuivre leur existence. Le futur est incertain, et nul ne peut être
sûr de ce qu’il va devenir, mais les détenus restent conscients, malgré la surprenante tranquillité de leurs
bourreaux, que nombre d’entre eux ne ressortiront jamais du camp. D’autres auteurs comme Martin Gray
dans son livre Au nom de tous les miens (1971), se mirent à l’écriture après la guerre pour témoigner de
leur expérience de la Shoah.
Conclusion d’Arthur :
A rajouter -> date de parution de l’œuvre citée en ouverture : 1966

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