Europe 2017, une année blanche
Transcription
Europe 2017, une année blanche
Lettre Jacques Cœur Octobre 2016 Europe 2017, une année blanche ? 21 boulevard Montmartre 75002 Paris Tél : +33 1 83 95 41 91 Fax : +33 1 83 95 41 99 www.cfjc.fr Brexit, élections, frontières, migrations FRANCOIS-XAVIER BOUIS PRESIDENT CIE FINANCIERE JACQUES COEUR CFJC poursuit sa réflexion sur l’environnement stratégique européen avec l’analyse de la situation en Europe en 2017 MICHEL FOUCHER ANCIEN AMBASSADEUR, SENIOR ADVISOR CIE FINANCIERE JACQUES CŒUR SERGE GUILLON ANCIEN SECRETAIRE GENERAL DES AFFAIRES EUROPEENNES; DIRECTEUR PEDAGOGIQUE DU CHEE : CENTRE DES HAUTES ETUDES EUROPEENNES Sommaire « Il ne va sans doute pas se passer grand-chose d’ici 2018 mais c’est déjà le moment de confronter les points de vue » Joschka Fischer, 8/7/2016 I. Calendrier d’échéances sensibles II. Brexit : échéances, acteurs, enjeux, position des 27 III. Facteurs de changement du contexte européen et international IV. Recommandations pour les investisseurs européens - La question du 3% V. Impact du Brexit et avenir de la City I. Echéances sensibles 2016 14/9: discours de JC Juncker sur l’état de l’Union 16/9: sommet informel de l’UE à Bratislava (déclaration sobre: UE indispensable, contrôle des flux migratoires, sécurité interne et externe; Plan Juncker prolongé) 18/9: élections législatives en Russie 27/9: succès de Jeremy Corbin au congrès du Parti travailliste 2/10: échec du referendum en Hongrie sur la relocalisation des réfugiés 2/10: discours de Teresa May au congrès du Parti conservateur 20 et 21/10 Conseil européen 7-18/11 COP 22 à Marrakech 8/11 Elections américaines 23/11 présentation du budget Britannique par Philip Hammond 4/12 Référendum sur la réforme constitutionnelle en Italie 15-16/12: Conseil européen (coopération européenne sur la défense) Elections présidentielles en Autriche Décembre: élections législatives en Espagne ? 2017 20/1 Prise de fonction du nouveau président américain 2/17 Sommet européen informel à La Valette 31 mars Date-butoir de la notification du retrait (article 50 du traité de l’UE) par le gouvernement britannique 25/3 60ème anniversaire du Traité de Rome Mars Fin du programme de rachat de titres (80Mds€/mois) Mars Elections législatives aux Pays Bas Mai et juin Elections présidentielles puis législatives en France Mai Fin du mandat de Donald Tusk, président du Conseil de l’UE Août Elections législatives en Allemagne 2 II. Le Brexit : état des lieux Le discours de Teresa May prononcé à Birmingham le dimanche 2 octobre 2016 est fondateur. La notification de l’article 50 a été annoncée avant la fin de mars 2017. Le processus annoncé est celui d’une notification par le gouvernement seul et le vote d’un « Great Repeal Bill » (grande loi d’abrogation des lois européennes) (la loi de 1972 ne s’appliquera plus après le retrait mais l’acquis sera incorporé dans la loi britannique). Sa priorité est le contrôle de l’immigration européenne et l’adhésion des travaillistes pro-Brexit aux thèses du parti conservateur, en vue des élections prévues en 2020. Elle a présenté sa vision pour le RU après le Brexit: « Global Britain », « a truly Global Britain » : To leave the EU: We are going to be a fully-independent, sovereign country, that is no longer part of a political union with supranational institutions that can override national parliaments and courts. Brexit should make us think about our role in the wider world = Global Britain. Extrait du discours de Teresa May sur le choix d’un Royaume-Uni global ou la victoire du camp des globalistes : “A truly Global Britain is possible, and it is in sight. And it should be no surprise that it is. Because we are the fifth biggest economy in the world. Since 2010 we have grown faster than any economy in the G7. And we attract a fifth of all foreign investment in the EU. We are the biggest foreign investor in the United States. We have more Nobel Laureates than any country outside America. We have the best intelligence services in the world, a military that can project its power around the globe, and friendships, partnerships and alliances in every continent. We have the greatest soft power in the world, we sit in exactly the right time zone for global trade, and our language is the language of the world.” Commentaire : Même avec le Brexit, le RU se perçoit comme une puissance globale. Des accords de libre-échange sont en cours d’élaboration avec le Canada, la Chine, l’Inde, le Mexique, Singapour et la Corée du sud. 5 points à retenir • 2 lignes rouges sont posées: le contrôle total de l’immigration et le refus des décisions de la Cour européenne de justice. • La décision de quitter le marché unique n’est pas encore définitivement prise mais est affirmée la volonté de remise en cause de ses règles. • L’hypothèse d’un accord commercial de type « Canada plus » est à l’étude. • Aucune référence à la City et aux services financiers n’a été faite. La livre a plongé à son plus bas depuis 31 ans sur l’interprétation d’un « hard Brexit ». • D’ici mars 2017, des négociations bilatérales « informelles » seront conduites. Elles ont déjà commencé. Sunday 2nd October was probably a defining moment for Brexit (FT). If the prime minister’s speech is followed through, it will be a faster, cleaner break than some expected. Reclaiming sovereignty is taking precedence over the economy. She renounced the term ‘Hard Brexit’, but it sounds an awful lot like it. (FT briefing, 3/10/2016). 21 boulevard Montmartre 75002 Paris Tél : +33 1 83 95 41 91 Fax : +33 1 83 95 41 99 www.cfjc.fr L’équipe en charge de la négociation Nick Timothy (photo ci-contre) est chef de cabinet de Mme May. Il a 36 ans. Né dans la banlieue ouvrière de Birmingham (qui a voté à 75% pour le Brexit), il a été directeur de recherche du Parti conservateur, puis conseiller politique de Mme May ministre de l’intérieur. Son objectif, en vue des élections législatives de 2020, est d’attirer chez les Tories les cols bleus proLabour qui ont voté pour le Brexit. Ceci l’emporte sur les préoccupations de la City. Il a une position anti-Juncker ; il veut un contrôle sur les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques (énergie) et a une ligne de politique extérieure pragmatique. Il est qualifié par les médias d’homme qui dirige le Royaume Uni. Son adjointe est Fiona Hill (à ses côtés sur la photo ci-contre). Elle fut journaliste (Sky News et The Scotsman), conseillère spéciale de Mme May à l’Intérieur, en conflit avec Michel Gove, rival de Mme May, à propos de la violence scolaire ce qui l’amena à démissionner, puis directrice d’une firme de lobbying. David Michael Davis (68 ans) est un homme politique britannique, membre du Parti conservateur. Ancien cadre de Tate & Lyle, il est député depuis 1987 et devient ministre d'État pour l'Europe en 1994. Eurosceptique de toujours, il est connu à Bruxelles comme « Mister No » et sera l’interlocuteur de Michel Barnier. Après le passage des Tories à l'Opposition en 1997, il est nommé président du parti en 2001. Il intègre le cabinet fantôme en 2002 et tente sans succès de se faire élire chef des conservateurs en 2005. Depuis le 13 juillet 2016, il est secrétaire d'État à la Sortie de l'Union européenne. « We joined a common market, an economic community. We have never really been comfortable being part of what is in reality a political project. We are now leaving that project » (Discours au congrès de Parti conservateur, 2/10/16). Mme Priti Sushil Patel est membre du Parlement depuis 2010. Elle est Secrétaire d’Etat au développement international, après avoir été ministre de l’emploi. Elle est considérée comme partisane d’une ligne très conservatrice et décrite comme « Thatchérienne ». Son origine dans la communauté indienne de l’Ouganda en fait la porte-parole d’un approfondissement des liens avec les pays du Commonwealth dans l’après-Brexit. Liam Fox a 55 ans. Médecin d’origine écossaise, Député depuis 1992, ancien leader des Tories, secrétaire d’Etat à la défense (2010-1) et Secrétaire d’Etat au commerce international depuis le 13 juillet 2016, il a été très engagé dans la campagne pro-Brexit. 4 A. Analyse de l’hypothèse du Brexit Il convient de distinguer trois niveaux de négociation : a) Celui de l’opinion publique : « Brexit is Brexit » PHILIPP HAMOND CHANCELIER DE L’ECHIQUIER (PROCITY) b) Celui des enceintes de négociation, avec le jeu des leurres et des influences c) Celui des véritables objectifs. Ajoutons un quatrième enjeu qui est celui de la participation du Royaume Uni (on non) au processus de prise de décision, qui est également un enjeu de souveraineté. Comme l’indique Marin Wolf, rappelant que l’UE 27 absorbe la moitié des exportations britanniques, marché préférentiel qui peut être perdu en 2019 : « The government would (then) learn the limits of sovereignty in an open economy. What drove Leavers was, we were also told, “the principle that decisions about the UK should be taken in the UK». The currency markets demonstrate the emptiness of that principle” (The markets teach May a harsh lesson, FT, 12/10/2016). La question de l’ouverture est posée également à propos des étudiants étrangers, dont le gouvernement entend durcir les conditions d’entrée alors que leur nombre a doublé depuis 15 ans (dont 90.000 chinois, 39.000 indiens en 2011) pour un revenu de près de 8 Mds€. « Foolish » selon The Economist. A ce stade, il est prudent de parler de l’hypothèse d’un Brexit qui se décompose en un accord de retrait (rappel : l’article 50 rassure car il est succinct et n’a jamais été utilisé) et une négociation sur le statut ultérieur : soit le RU obtient un nouveau statut qui devra faire l’objet d’un traité spécifique, soit en l’absence d’accord dans les deux ans, le RU devient un Etat tiers. Le référendum a porté sur une situation connue (l’Union européenne) et inconnue (le statut après le retrait). Il s’agit donc d’une situation complexe où rien n’est sûr. Le chemin sera long et difficile avec le risque d’une sortie perdants/perdants : les doutes grandissent au RU et les 27 s’interrogent. 10 Downing Street, résidence et lieu de travail du Premier Ministre britannique 5 Au Royaume Uni a) Le référendum est fragile. C’est le non-dit du congrès du Parti conservateur. Deux nations sur quatre sont opposées au Brexit (Ecosse – 62% pour le « Remain » - et Irlande du nord). Un référendum à la majorité qualifiée eut été plus démocratique et légitime. La crise politique est présente. Les jeunes ont voté oui, les seniors non. Le Parlement est aux deux-tiers en faveur du maintien dans l’UE. Des élections anticipées en 2017 ne sont pas à exclure, comme deuxième tour du référendum. b) Il s’agit d’un saut dans l’inconnu au plan économique. L’impact économique réel dépendra du statut final. La livre sterling a plongé après le discours de Mme May. On aura donc une succession de comportements : attentistes jusqu’en mars 2017, volatiles et prompts aux rumeurs pendant deux ans ou plus avant une stabilisation. c) Les affirmations pro-Brexit se défont : l’Etat devra prendre le relai de Bruxelles pour le soutien financier aux régions (fonds structurels) ce qui limitera les économies budgétaires ; la baisse de la croissance imposera une relance ; les emplois seront affectés par les délocalisations (car le RU offrait un accès à un marché européen attractif pour les investisseurs : 18% du marché mondial). d) Enfin le risque d’isolement géopolitique est réel. Mais pour Michael Fallon, ministre de la défense : « Le splendide isolement n’est pas une option et notre sécurité est fondamentalement liée à celle du continent » = vers 2% du PIB dans la défense, bataillon OTAN à l’Est, formation de l’armée ukrainienne, Irak: sécurité et leadership. Bâtiment Berlaymont, siège de la Commission Européenne, Bruxelles Dans l’UE 27 a) Le risque d’enlisement peut conduire à une année blanche en 2017. Comment négocier avant la formation du nouveau gouvernement allemand, soit fin 2017 ? Le télescopage du calendrier est à relever : les élections au Parlement européen auront lieu en juin 2019. Les négociations pourront-elles s’achever en mars 2019 ? Quel serait le thème de la campagne si le nouveau statut n’est pas défini ? Quid des 73 députés britanniques ? Quid des nouveaux équilibres politiques dès lors que si le RU quitte le Parlement, l’Allemagne et la France plus un petit pays pourront avoir la majorité. Quid des 1500 fonctionnaires britanniques de Bruxelles ? Quid enfin des citoyens européens résidant au RU (0,8 m Polonais, 0,6m résidents fiscaux italiens, …) ? 6 b) La peur de l’effet domino n’est pas à négliger dès lors que l’intérêt britannique est d’obtenir mieux en étant dehors que dedans. Ce scenario n’est pas acceptable pour l’UE car ce serait une incitation à sortir ou à renégocier des exemptions (Pays bas, Danemark, Finlande, Grèce). c) Des gouvernements fragilisés peuvent craindre les difficultés de la négociation. d) A quel moment arrêter le versement des financements européens ? ménager une période transitoire ? organiser un retrait peu visible ? prolonger au-delà des deux ans ? B. Les enjeux de la négociation La négociation est difficile, dans un contexte peu favorable. Londres rejette les modèles existants (modèle norvégien de l’EEE (Espace économique européen) qui implique une reprise de l’acquis juridique de l’UE ; modèle suisse, avec reprise de l’acquis juridique, des exceptions sur la libre circulation, plus de 50 accords bilatéraux). Il s’agit d’inventer quelque chose dans une négociation spécifique. Le scenario CETA (accord Canada / UE) est un accord de libre-échange. Mais en 2019 tous les accords commerciaux ne seront plus applicables au RU. Il faudra négocier un accord de libre-échange spécifique, en situation d’inégalité (car l’UE pèse 18ù du commerce mondial) (cf accord Suisse/Chine, défavorable pour la Suisse car inégalitaire). Si le RU perd l’accès au marché unique, les droits de douane sur les pays tiers s’appliqueront, soit 5% en moyenne (du fait du désarmement tarifaire de l’UE) mais avec des pics tarifaires de 15% à 20% (chimie, textile, automobile,…). L’enjeu est également celui des services, qui pèsent 12% du PIB britannique. Le RU avait déjà un statut privilégié dans l’UE : ni euro ni Schengen, plus les nouvelles concessions obtenues par David Cameron en février 2016. L’UE doit montrer qu’il y a un avantage à rester dans l’UE. On relève trois variables de négociations : • L’accès au marché intérieur : les 4 libertés sont indissociables • la libre circulation des travailleurs : si il y est mis fin, quid des travailleurs présents ? • le financement. En outre, la question de la participation du Royaume-Uni à la prise de décision est posée. C’est aussi un sujet de souveraineté. Enfin quelle sera l’articulation entre le retrait et le nouveau statut ? • Pour Londres, l’intérêt est de régler la question du statut (final) avant le retrait, avant même la notification. Sinon, on s’oriente vers un statut de pays tiers. • Pour l’UE 27, l’intérêt est inverse : négocier le retrait puis aviser. Un débat émerge au RU : les « remainers » sont rassemblés. Le choix est entre une situation connue et une situation inconnue. Le vrai choix demain sera celui du nouveau statut, à soumettre à un référendum. 7 Union européenne : équipe de négociation « L’Europe ne doit ni faire un exemple ni créer un précédent laissant croire qu’un pays peut bénéficier d’avantages à la carte », Jens Weidmann, (Président de la Bundesbank, 20/9/2016) C’est le Conseil européen qui aura la main sur les négociations, avec Didier Seeuws, diplomate belge expérimenté, ex directeur de cabinet d’Herman van Rompuy, prédécesseur de Donald Tusk à la présidence du Conseil européen. Michel Barnier conseille Jean Claude Juncker sur la négociation. Guy Verhofstadt, député européen (ALDE) et ancien premier ministre de Belgique, exercera le regard du Parlement européen. Impact sur l’UE L’UE est fissurée car de nombreux Etats ont des liens bilatéraux étroits avec le Royaume Uni : migrants, OTAN, modèle libéral, commerce, conception de l’UE. A noter le télescopage du calendrier 2017 (France, Allemagne, Pays bas) et juin 2019 (élections Parlement européen). Le retrait britannique offre l’occasion, en théorie, d’un rôle accru pour le franco-allemand (population et droit de vote, défense) mais les divergences demeurent (pacte de stabilité). Quel avenir pour ce qu’il y a de britannique dans les textes européens (budget, temps de travail) ? L’UE deviendra-telle plus pragmatique ? BREXIT : des risques économiques majeurs pour le Royaume-Uni Selon les divers scénarios, l'impact sur le PIB serait compris entre - 1,6% et - 4,1% en moyenne, mais pourrait atteindre près de - 8%. Selon l'OCDE les services financiers représentaient 7 % du PIB britannique et 4 % de l'emploi en 2015 ; en outre, alors que les exportations de services financiers correspondaient à 2,5 % du PIB, 40 % de ces dernières étaient dirigées vers l'Union européenne. En y intégrant les activités proches, comme l'assurance et les services professionnels liés, la fédération professionnelle TheCityUK estime même que l'industrie financière participe au PIB à hauteur de 11,8 % et emploie 2,2 millions de salariés. 8 Selon les estimations avancées par Open Europe et TheCityUK, le secteur financier - banques et assurances comprises - affiche un excédent à l'égard des États de l'Union européenne de près de 19 milliards de livres sterling ; de même, celui-ci serait à l'origine de plus de 66 milliards de livres de prélèvements obligatoires par an. Le « passeport européen » - aussi appelé « agrément unique » - permet aux établissements de crédit, de paiement, de monnaie électronique, ainsi qu'aux entreprises d'investissement ou d'assurance, d'exercer leurs activités dans tout État membre de l'Union européenne (UE) ou partie à l'accord sur l'Espace économique européen (EEE), dès lors qu'ils ont obtenu un agrément de l'autorité compétente dans leur pays d'origine. L'usage du « passeport européen » peut se faire par le biais de la libre prestation de service - consistant, pour une entité, à pouvoir offrir des services sur le territoire d'un autre État membre sans y être établie -, ou par celui de la liberté d'établissement - qui correspond à la faculté pour une entreprise d'offrir ses services dans un autre pays à partir d'un établissement permanent. 9 III. Facteurs de changement du contexte européen et international A. FACTEURS DE CHANGEMENT DANS LE CONTEXTE EUROPEEN Allemagne L’AfD pose un défi à Angela Merkel (22% des suffrages dans le Mecklembourg- Poméranie occidentale: « Si le monde s’écroulait, j’irai dans le Mecklembourg parce tout là-bas arrive avec 50 ans de retard », Bismarck) et 14% à Berlin). Vote contre « l’Asylchaos ». Parti protestataire qui supplante Die Linke à l’est. Situation politique ouverte: AM soutenue par 42% des sondés; sondages CDU-CSU: 34% (41% en 2013); SPD 23 (25), Verts 11 (8), AfD 10 (au niveau national). La CSU, Horst Seehofer, dénonce « la politique de Berlin » qui veut empêcher une force à sa droite. Les Länder de l’ex-RDA restent en retrait sur l’ouverture (Rapport annuel sur l’unité allemande: « la xénophobie menace le développement économique et la paix sociale »). Deutsche Bank: amende US ramenée à 5,4Mds$ (1/7 des revenus 2015); soutien de Daimler et BASF; éviter sauvetage public (opinion opposée à 69%); réaction en fonction des précédents. Idem Commerzbank Avec le Brexit, Berlin perd un allié dans sa vision ordo-libérale de l’Europe. Italie Le Brexit est-il un effet d’aubaine pour Matteo Renzi ? Rappel des liens bilatéraux : 600 000 résidents italiens fiscaux au RU + non déclarés ; 5% des exportations italiennes. Rome entend être dans la négociation et rêve de remplacer Londres dans une relation spéciale avec Washington. Risque politique à court terme pour M. Renzi: les sondages pour le référendum sur la réforme constitutionnelle sont négatifs à ce jour: (non : 52-53%). Sa date a été retardée au 4/12/2016 et la dissociation établie entre le résultat et le mandat du Président du Conseil ainsi qu’entre la réforme et la loi électorale. M. Renzi mène une campagne en Italie; il relance du projet de pont sur le détroit de Sicile (« il Ponte sullo Stretto crea lavoro » 6Mds€) pour parler aux électeurs du Mezzogiorno. Il a reçu l’appui explicite de l’ambassadeur des Etats-Unis. La crise bancaire italienne est atténuée, dans les médias, par celle de la DB. Renzi exige toujours plus de flexibilité sur les dépenses publiques. Si Matteo Renzi gagne le 4/12, il se voit en position de leadership européen: il joue sa destinée européenne de 3ème pilier, avec l’anniversaire du traité de Rome 28 mars 2017. Les initiatives européennes se multiplient : un Schengen de la défense (8/16) ; papier de Padoan sur la relance des investissements publics. Rome préside le G 7 en 2017. Espagne Impact du Brexit : 15 m de touristes britanniques en 2015 (23% du total) + 300 000 résidents permanents + 1m en résidence partielle en Espagne. Un solde positif du commerce extérieur: + 6Mds€ en 2015. FDI: Le RU est le 3ème investisseur en Espagne; le RU est le 2ème récepteur des investissements espagnols (télécoms, énergie). Enjeux de 10 souveraineté : vers condominium sur Gibraltar, demandé par Madrid ? Refus du Foreign and Commonwealth Office. Ecosse, précédent pour la Catalogne ? Situation économique : PIB 2016: + 3,1% (au milieu de 3,5% attendus, selon BBVA Research); réformes en retard (formation), taux de chômage 16 à 18% mais hausse du tourisme (contexte géopolitique) et prix du pétrole, baisse des impôts. Déficit budgétaire: 4,6% en 2016 (risques de sanctions de Bruxelles: 0,5% PIB et gel des fonds). « Quand il est mu par l’inertie, un corps avance en perdant de la vitesse » Luis de Guindos, Ministre des finances aux Cortès (13/9) Situation politique : fin de l’impasse et de la paralysie des institutions ? 2/9: Mariano Rajoy (PP) (oui 170; non 180 le 2/9): PP + Ciudadanos contre PSOE + Podemos + 24 députés nationalistes catalans + 5 PNV. 25/9: élections régionales en Galice et au Pays basque: Galice: PP 47,5%, Podemos 19%, PSOE 17,9% Guipuzcoa: PNV 37,7%, EH Bildu (ETA) 21,2%, Podemos 14,8%, PSOE 10% = score du PSOE divisé par 3 au PB et 2,9 en Galice/ 2008 La crise du PSOE, marqué par ses mauvais résultats électoraux (16% en Catalogne en juin 2016 contre 45% en 2008) a provoqué la fronde des barons (conduite par Felipe Gonzalez et Susana Diaz, Séville, photo) et la démission de Pedro Sanchez (PSOE), soupçonné de recherche d’alliance avec les indépendantistes catalans (« ceux qui veulent casser l’Espagne ») pour former un gouvernement. = Fin du blocage aux Cortès ? L’abstention du PSOE permettrait la formation d’un gouvernement PP+C. à la majorité simple (en évitant un 3ème tour 54 jours après le 1/11(Parlement dissous). A été annoncé un référendum en Catalogne en novembre 2017 par Carles Puigdemont i Casamajó, président de la Generalitat, et maire de Gérone. Les pro-indépendantistes sont minoritaires (Catalogne intérieure) mais politique de « catalinisation » (langue, écoles primaires, impôts locaux). 11 L’UE dans le monde après le Brexit Face au risque du statu quo: quelle relance ? Va-t-on vers une UE plus différenciée et une zone euro plus intégrée ? La dimension franco-allemande plus forte que jamais. « Il y a un déséquilibre politique dans le couple francoallemand. L’Allemagne est en situation de leadership politique alors qu’elle ne le souhaite pas (…). Elle ne s’en sent pas capable. La faiblesse de la France est contreproductive. L’Allemagne ne peut agir qu’avec la France. Pourquoi estce si compliqué pour la France d’ajuster quelques écrous ? » J. Fischer A noter les hésitations en Europe centrale entre couplage à l’Allemagne et équilibrage. Vers de nouveaux clubs et formats ? Fondateurs ? EuMed ? Weimar + Italie; Paris-Berlin-Rome ? Zone euro et aire Schengen ? Ni élargissement ni approfondissement semblent la règle actuelle. Après Brexit, l’UE restera une puissance régionale, au risque d’un effacement comme acteur global. Un point de vue chinois: « un évènement marquant la direction prise par le Royaume-Uni, celle d’un petit pays avec une faible population, qui renonce à croire en lui et agit imprudemment » (Global Times, quotidien anglophone du groupe Le Quotidien du Peuple). B. • Facteurs de changement du contexte européen et international 14 septembre 2016, le Conseil a approuvé de manière définitive le corps européen de garde-frontières et de garde-côtes. L'adoption du règlement, que le Conseil a approuvé par procédure écrite, permettra au corps européen de garde-frontières et de garde-côtes de commencer ses activités à la mi-octobre. • Avenir des relations UE Turquie : après le coup d’Etat raté: comment ne pas perdre la Turquie ? « Fin de partie » selon le président Erdogan ? Si les relations se tendent, quid de l’accord migratoire de mars qui donne à la Turquie un rôle de garde-frontière ? • Etat des relations UE Russie après les élections législatives en Russie (18/9/2016). Le parti Russie Unie a obtenu 53% des voix (et 76% des sièges à la Douma) avec un taux d’abstention de 49%. Le Président Poutine a un taux de popularité de 86%. Pour les médias russes « la crise est derrière nous » versus « crise des migrants en Allemagne ». Vers une réforme des services de sécurité intérieure (rappel: opinions favorables du PCUS en 1990: 86%). Vers un 4ème mandat pour V. Poutine en 2018, doyen de l’arène internationale; perception d’un moment autoritaire. Mais limites de son influence (sauf au Moyen Orient) en raison du poids de la relation sino-américaine (illusion d’un directoire); la Chine ne soutient la Russie ni sur les sanctions ni sur l’Ukraine. Mais un but est atteint (Syrie et Iran): être pris au sérieux par Washington. Mais Pékin n’est pas impressionné par une puissance belliqueuse et solitaire (à la différence de l’Europe). 12 - Sanctions : compte-tenu de la poursuite des violences en Ukraine, les mesures restrictives de l’UE (visant les actions menées contre l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine) ont été prolongées le 15/9 par le Conseil européen pour 6 mois = (gel des avoirs et interdiction de voyage dans l’UE frappant 146 personnes et 37 entités). Mais la Russie demeure le 4ème partenaire commercial de l’UE. • Chine: l’UE doit elle lui accorder le statut d’économie de marché ? Pékin estime que ce statut doit lui être accordé 15 ans après son entrée dans l’OMC (11/12/2001). Ce sujet a été repéré tardivement par l’UE, qui considère que cet octroi est mécanique. Mais le Parlement européen a dès juin 2016, dans une résolution, estimé que les critères techniques n’étaient pas satisfaits. Le risque d’un désarmement tarifaire est réel mais les mesures de rétorsion de la Chine sont redoutées. Les Etats-Unis ont refusé l’octroi de ce statut (et imposé des mesures anti-dumping). Un accord sur les investissements est ne cours de négociation. • Le contexte des élections américaines crée un vide de pouvoir, rendant le système international plus fragile. Hillary Clinton reprendra la TTIP (au point mort) et aggravera les sanctions contre la Russie. 13 IV. Recommandations : éléments de contexte de moyen terme à observer La question du déficit budgétaire UE: un débat sur les 3% s’est ouvert partout ou presque (impact sur le niveau des dépenses publiques, une relance par les travaux d’infrastructure ?) L’amélioration économique dans la zone euro, du moins de manière agrégée, laisse penser que la cible des 3% sera moins importante. Mais des interrogations demeurent sur la pertinence d’un chiffre unique alors que les Etats membres de l’UE ont des situations différentes. Certaines dépenses publiques ont plus d’impact que d’autres (exemples : défense, aide publique au développement). La France a réalisé depuis dix ans un effort de défense de l’ordre de 0,5% du PIB supérieur à la moyenne de l’UE (et de l’Allemagne) ; idem pour les dépense de R&D et d’APD. Enfin 7 Etats seulement dépassent le seuil de 3% en raison qu’étant les plus endettés, le service de la dette représente le premier budget de dépenses publiques. Il faudrait donc alléger ce boulet hérité de situations passées. Depuis 15 ans, plusieurs Etats ont toujours dépassé ce seuil, à commencer par la France et l’Allemagne en 2004. Les sanctions de la Commission n’ont jamais été mises en œuvre ; elles sont absurdes et inapplicables. Le 3% est un chiffre mythique à relativiser et un garde-fou utile (surveillance économique et budgétaire effective avec sa part invisible, le « semestre européen » où chaque Etat se présente devant un jury qui juge des réformes en cours). La Commission européenne s’inquiète du débat public en France et des dérapages attendus en 2018. Il conviendrait d’intervenir sur la structure de la dépense (cf l’initiative italienne de Pier Paolo Padoan, ministre de l’économie). V. Impact du Brexit et avenir de la City A. Le Brexit et après a) Au plan économique, le Brexit n’a pas encore eu lieu mais mécanisme de diffusion: chute de 10% de la £; vers inflation de 2% (via importations); gel des investissements (Nissan à Sunderland; groupe Tata (droits de douane à 10% si retour aux règles OMC; mémo japonais), 10% des emplois de la City pourraient être transférés, y compris vers des villes à moindre coûts salariaux (Varsovie). « La City est devenue de facto l’opposition officielle à la politique du gouvernement » (David Bloom, HSBC, cité dans le FT). b) Passeport financier européen: il est utilisé par 5 500 entreprises basées au RU employant 590 000 salariés (selon la Financial Conduct Authrority, régulateur). Scénario de transfert d’activité (Llyods: John Neslon, transfert inévitable; Crédit Suisse: 15 à 20% du volume, selon Tidjane Thiam; JP Morgan chiffres comparables) = Dublin, Luxembourg, Francfort, Paris, Amsterdam: one way ticket (ACPR et AMF, procédures simplifiées) ? Liam Fox a évoqué la possibilité d’octroi d’un permis de travail spécifique pour la City (les « talents » selon Liam Fox) et une période de transition de plus de 2 ans. 14 Enjeux de relocalisation des services : • pour les services bancaires et l’asset management, il est possible de passer par Dublin ou Luxembourg. • l’octroi d’un régime de pays tiers, en l’absence de passeport européen, est incertain. • le clearing en euro devra se déplacer. Il semble que de vifs débats se déroulent au sein du gouvernement à propos de la poursuite de l’accès au marché unique et de son coût financier et politique. B. Scénarios à plus long terme pour la City Certains experts1 estiment que la City risque de se marginaliser si elle perd l’accès au marché européen (750 mds€ d’épargne gérée par an ; levée de capitaux). Elle a payé 66,5 Mds£ d’impôts en 2015.La perte de talents affaiblirait l’effet de réseau : « c’est là que ça se passe ». Mais la City pourra modifier son offre et se diversifier hors de la finance : technologies numériques, intelligence artificielle, neurosciences, génétique (Google a 100000m² de bureaux près de la gare de St Pancras, Francis Crick a un immense centre de génétique depuis 2016). Ce qui suppose que l’ouverture aux talents étrangers (63% des doctorants et mastériens de Cambridge en 2015 étaient étrangers) ne soit pas stoppée, arrêtant l’effet de réseau. La réponse revient aux dirigeants politiques. Londres ne sera sans doute plus la « capitale du monde ». C. • France La coopération bilatérale avec la France (traité de Lancaster House de 2010) se poursuivra dans la défense : « de l’entente cordiale à l’entente profonde puis supérieure », selon Michael Fallon (5/9/2016). De même dans le domaine des investissements industriels (énergie nucléaire à Hinkley Point). • L’impact commercial lié au ralentissement britannique et au renchérissement de l’euro en 2017 est estimé à 0,% du PIB français car le Royaume-Uni est le premier excédent commercial de la France dans l’Union européenne (à hauteur de 12 Mds€). L’importance de la relation économique bilatérale est souvent sousestimée (plus le demi-million de français à Londres, les 300000 résidents britanniques permanents en France, les échanges scolaires et universitaires, les coopérations scientifiques et éditoriales,…). • Enfin, la France se trouvera ne face à face avec l’Allemagne, et réciproquement. 1 Nicolas Véron, The City will decline, The British Prospect Magazine (18/8/2016) et Eric Chaney : Pour survivre, la City devra se réinventer et le Royaume Uni rester ouvert (Telos, 4/10/2016) 15 Depuis 2003 CFJC a intermédié plus de 3 milliards d’euros en Europe pour le compte de grands gérants de fonds ouverts, mais aussi pour le compte de gérant de fonds fermés à caractère institutionnel avec des sous-jacents variés : private equity, dette mezzanine, private debt, immobilier, infrastructure… Compagnie Financière Jacques Cœur réalise également des levées de fonds pour permettre à des entreprises cotées et non cotées d’émettre des placements privés obligataires et actions. Acteur de premier plan de l’Asset Management finlandais (9Mds AuM). EVLI Europe (fonds actions) EVLI Short Corporate Bond EVLI European High Yield EVLI Corporate Bond Société de gestion suédoise indépendante (6Mds AuM) Fund House de l’année 2015 en Suède. Lannebo Småbolag Leader en Europe du financement d’ETI non cotées (6 Mds AuM). Commercialisation en Italie et en Europe du Nord IPD IV : Idinvest Private Debt IV IDS IV : Idinvest Dette Senior IV Spécialiste d’Europe de l’Est, de la Russie, de la Turquie et de la Chine (2Mds AuM). East Capital Frontier Markets East Capital China Environmental Un des principaux acteurs du financement mezzanine et senior dédié aux PME et ETI françaises CM CIC Mezzanine 4 CM CIC Debt Fund 2 Réside Etudes - Février 2016 Rachat d'une fraction de sa souche obligataire 2019, et émission d’une nouvelle souche obligataire de 50 M€ à 7 ans, avec un coupon de 4,50% Vectorisation de molécules au travers de la barrière du cerveau Imagerie médicale permettant un diagnostic instantané Traitement de maladies neurologiques chroniques et aigues par protection des neurones FONDS OUVERTS FONDS FERMÉS PLACEMENTS PRIVÉS OBLIGATAIRES PLACEMENTS PRIVÉS ACTIONS Compagnie Financière Jacques Cœur entreprise d’investissement agréée par l’ACPR pour les services de : Conseil en investissements. Placement à l’émission non garanti d’instruments financiers. 16