AVERTISSEMENT - Le Proscenium

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AVERTISSEMENT - Le Proscenium
AVERTISSEMENT
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1
Les Mille et une Nuits
Une comédie musicale
de Sébastien NICOT
2
Dans le grand empire perse s'étendant sur les mers de sable
infinies de l'Orient, le sultan Shahryar prend un jour la terrible
décision de danser chaque jour la macarena avec une nouvelle
femme avant de la condamner à mort.
La belle Shéhérazade, qui compte bien mettre fin à cette
injustice, invente un stratagème qui consiste, après avoir épousé
le roi, à lui raconter une histoire palpitante sans la terminer...
Elle espère ainsi que le sultan, voulant connaître la suite le
lendemain, n'aura d'autre choix que de lui laisser la vie sauve.
Mais c'est sans compter qu'au pays mystérieux des mers de
sable infinies, les histoires s'entrecroisent et ont parfois
tendance à prendre vie et à s'entremêler...
Cette pièce est une adaptation de trois contes des Mille et une Nuits :
Shéhérazade, Ali Baba et Aladdin. Elle a été conçue pour une classe de
28 élèves de 6èmes.
Comportant plusieurs niveaux de compréhension, elle peut aussi être
jouée par des adultes.
La distribution est entièrement modulable. Il faut un minimum de 24
comédiens (~13 F et ~11 G) pour environ 50 rôles au total. Certains rôles
peuvent être joués indifféremment par des filles ou des garçons. Le
tableau page 5 liste les interventions de chaque personnage dans
chacune des scènes.
Pour obtenir la fin du texte, veuillez contacter l'auteur à
[email protected]
3
Personnages
(par ordre d'apparition)
1- La narratrice
2- Le Sultan Shahryar
3- La Sultane
4- La servante 1
5- La servante 2
6- L'homme déguisé en servante
7- Garde 1
8- Garde 2
9- Le Grand Vizir
10- Femme 1
11- Femme 2
12- Femme 3
13- Shéhérazade
14- Dinarzade
15- Cassim
16- Ali Baba
17- Femme de Cassim
18- Morgiane
19- Le Capitaine des Voleurs
20- Les voleurs
21- La Voix
22- L'apothicaire
23- Baba Moustafa
24- Policier 1
25- Policier 2
26- Aladdin
27- Mère d'Aladdin
28- Le magicien
29- La princesse
30- L'esprit de l'anneau
31- Le génie
32- Le marchand
33- Le Grand Vizir 2
34- Les esclaves blanches
35- Servante 3
36- Servante 4
4
ACTE I
ACTE II
ACTE III
1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Narratrice
Sultan
Sultane
Servante 1
Servante 2
H. déguisé
Garde 1
Garde 2
Grand Vizir
Femme 1
Femme 2
Femme 3
Shéhérazade
Dinarzade
Cassim
Ali Baba
Femme Cassim
Morgiane
Capitaine
Voleurs
Apothicaire
Baba Moustapha
Policier 1
Policier 2
Aladdin
Mère d'Aladdin
Magicien
Esprit
Génie
Princesse
Marchand
Grand Vizir 2
Esclaves
Servante 3
Servante 4
5
ACTE I
Scène 1
LA NARRATRICE (s'adressant au public) :
Allez, c'est l'heure !
Allez, les enfants, on arrête de chahuter, c'est l'heure !
Non, Mathéo, tu descends de l'armoire !
Hein ?...
Non, tu n'essayes pas de la descendre en parapente !
Julie, tu arrêtes de faire du bowling avec les chaussons de ton frère ! Bon Mathéo, tu descends
maintenant ?
(Elle regarde à droite et à gauche) Arthur ?... Il est où Arthur ?... Bah qu'est-ce que tu fais sous le
lit ? Non Arthur, à cette heure-là, c'est sur le lit qu'il faut aller, pas sous le lit !
Bon, Mathéo, tu fais quoi maintenant ?
Non, utiliser des ventouses pour descendre une armoire, il n'y a que Spiderman qui y arrive ! Et tu
n'es pas Spiderman, alors, maintenant tu descends normalement de cette armoire et tu vas au lit !
Julie... (Elle désigne ses narines). Va te moucher !
Non, j'ai dit va te moucher, pas va te coucher. Si ! Tu te couches quand même, mais d'abord tu te
mouches ! Un point c'est touche !
Arthur, sur le lit, mais sous les couvertures !!
Bon Mathéo, si tu ne descends pas tout de suite, je vais chercher ton père.
Julie, les mouchoirs, c'est pas fait pour se nettoyer les pieds. T'en prends un pour le nez et tu vas
au lit !
Bon, je compte jusqu'à 3. Si à trois, vous n'êtes pas au lit, il n'y aura pas d'histoire !...
Un !... Deux !... Trois ! (On entend également trois coups en coulisses).
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Scène 2
LA NARRATRICE : (qui s’assoit :) Alors... Il était une fois, dans le grand empire perse s'étendant sur
les mers de sable infinies de l'Orient, un sultan très puissant du nom de Shahryar (Entrée de
Shahryar). Dans le palais de ce royaume, le sultan et sa sultane vivaient heureux (Shahryar tend la
main et invite la sultane à le rejoindre. Entrée de la sultane.) Chaque jour depuis qu'ils étaient unis,
le sultan demandait à sa femme...
SHAHRYAR : Ma femme, ne sommes-nous pas heureux ?
LA NARRATRICE : Et la sultane répondait...
LA SULTANE : Oh si, mon roi, nous sommes si heureux !
LA NARRATRICE : Et le sultan demandait...
SHAHRYAR : Voulez-vous danser la macarena avec moi ?
LA NARRATRICE : Et la sultane répondait...
LA SULTANE : J'aimerais, mon roi, si vous le permettez, danser la macarena en compagnie de mes
servantes.
LA NARRATRICE : Et le roi répondait...
SHAHRYAR : Ma femme, j'aime vous voir heureuse. Si tel est là votre souhait, je ne peux que vous
l'accorder.
LA NARRATRICE : Là-dessus, le sultan quittait la sultane et allait chausser ses babouches royales
pour vaquer à ses occupations de sultan. La sultane frappait alors dans ses mains et ses servantes
la rejoignaient. (Entrée de 3 servantes voilées, dont un homme déguisé en servante). Ce jour-là,
comme souvent les autres jours, l'une d'entre elles (l'homme voilé) se plaça derrière la sultane, lui
cacha les yeux derrière ses mains et demanda...
LA SERVANTE : Qui c'est ?
LA NARRATRICE : La sultane se doutait de qui cela pouvait être, mais comme elle était d'humeur
taquine, elle répondit...
LA SULTANE : Je me demande bien qui cela peut être !
LA NARRATRICE : La sultane se retourna, souleva le voile et fit mine d'être surprise en s'écriant...
LA SULTANE (découvrant l'homme déguisé en servante) : Oh ! Mon danseur de macarena préféré !
LA NARRATRICE : Puis elle le serra si fort dans ses bras que l'homme déguisé en servante réussit
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tout juste à dire...
L'HOMME DÉGUISÉ EN SERVANTE (après un temps) : Euh... Tu m'étouffes !
LA NARRATRICE : La sultane relâcha aussitôt son étreinte et se réjouit...
LA SULTANE : Ca y est, il est parti, on va enfin pouvoir danser la macarena !
LA NARRATRICE : Proposition qui fut accueillie avec beaucoup d'enthousiasme.
LES SERVANTES (dans un cri joyeux) : Oui, oui, la macarena ! (Elles se mettent en place en retirant
leurs voiles).
LA SULTANE : Musique, ménestrel !
Musique Macarena de Los del Rio. La sultane, les deux servantes et l'homme déguisé en servante
dansent la macarena.
LA NARRATRICE : Pendant que la sultane et ses « servantes » s'amusaient, le sultan, qui avait
cherché désespérément ses babouches dans tout le palais pendant plus d'une demi-heure, revint
s'enquérir auprès de la sultane...
SHAHRYAR (qui entre) : Ma femme, aurais-tu vu par hasard mes bab...
LA NARRATRICE : En découvrant l'horrible scène, il s'interrompit...
SHAHRYAR (très surpris) : Mais qu'est-ce que ?... Que ?... Mais... Que vois-je ?
L'homme déguisé en servante pousse un cri et saute, apeuré, dans les bras de la sultane.
LA NARRATRICE : Pétrifié de douleur, le sultan appela ses gardes.
SHAHRYAR : Gardes !
Deux gardes distraits et maladroits entrent.
LES GARDES : Oui ?
LA NARRATRICE : Et leur ordonna...
SHAHRYAR : Enfermez-les !
GARDE 1 : Bien. (Il s'arrête :) Euh... Tout le monde ?
SHAHRYAR : Bah oui !
GARDE 1 : Ben... C'est qu'on a que... 2 mains...
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SHAHRYAR : Et bien vous êtes deux et ils sont quatre : vous en prenez un dans chaque main !
LES GARDES (qui comptent leurs mains puis les futurs prisonniers) : 1, 2, 3, 4... 1, 2, 3, 4... Ah bah
oui ! (Ils saisissent les prisonniers).
LA NARRATRICE : Là-dessus, le sultan appela son grand vizir...
SHAHRYAR : Grand vizir !
LE GRAND VIZIR (qui entre) : Vous m'avez quémandé, Ô Votre Sérénité ?
LA NARRATRICE : Et ordonna...
SHAHRYAR : Étranglez-les !
LE GRAND VIZIR : Euh, maintenant, Votre Grandeur ?
SHAHRYAR : Mais non, quand ils seront enfermés !
LE GRAND VIZIR : Ah bien !... Gardes, enfermez-les puis étranglez-les !
Les gardes sortent, entraînant les prisonniers.
LA NARRATRICE : Se sentant profondément trahi, et persuadé qu'aucune femme ne serait assez
sage pour ne pas aller danser la macarena avec un autre, le sultan prit une décision terrible...
SHAHRYAR : Je me sens profondément trahi ! Je suis sûr que plus aucune femme ne sera assez
sage pour ne pas aller danser la macarena avec un autre. Je me résous désormais à prendre
chaque jour une nouvelle épouse, à danser la macarena avec elle et à la faire étrangler dès le
lendemain.
LA NARRATRICE : Et il ajouta, à l'intention de son grand vizir...
SHAHRYAR : Grand vizir, vous vous occuperez des menus détails.
LE GRAND VIZIR : Oui, Votre Immensité.
LA NARRATRICE : A partir de ce jour, et pour tous les jours qui suivirent, le sultan, aidé de son
grand vizir, appliqua sa décision à la lettre.
Musique Macarena de Los del Rio. Le grand vizir revient avec une femme qu'il présente au sultan.
Très honoré, le sultan danse quelques instants avec elle, puis l'envoie dans les bras des gardes qui
l'emmènent. Même jeu avec une autre femme, puis avec une troisième. Le Sultan sort en dansant
la macarena.
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Scène 3
LA NARRATRICE : Aucune femme devenue reine ne l'était plus de 24 heures. Les années passèrent,
au rythme de cet effroyable coutume, au désespoir du grand vizir chargé de faire appliquer au
quotidien cette terrible décision.
LE GRAND VIZIR : Je me désespère de devoir faire appliquer au quotidien cette terrible décision !
LA NARRATRICE : Le vizir avait deux filles. Un jour, l’une d'entre elles, l'aînée, qui était aussi la plus
belle, la plus délurée et la plus cultivée, demanda à lui parler.
SHÉHÉRAZADE : Père, puis-je vous parler ?
LE GRAND VIZIR : Mais bien sûr, ma fille, qu'y a t-il ?
LA NARRATRICE : Elle se nommait Shéhérazade.
LE GRAND VIZIR (qui se reprend) : Mais bien sûr, Shéhérazade, qu'y a t-il ?
SHÉHÉRAZADE : Père, j'ai une faveur à vous demander. Je vous supplie très humblement de me
l'accorder.
LA NARRATRICE : Le grand vizir, qui savait sa fille digne de toute confiance tant elle était douée
d'un grand discernement -ce qui n'est pas le cas de tous les enfants, n'est-ce pas Julie ?... Les
mouchoirs, c'est pas fait pour les pieds ! - lui répondit...
LE GRAND VIZIR : Je t'écoute.
SHÉHÉRAZADE : Et bien voilà, Père: j'ai trouvé un moyen d'arrêter la terrible injustice dont souffre
ce royaume !
LE GRAND VIZIR : Tu veux parler de cette coutume qui consiste à faire chaque jour des reines d'un
jour ?
SHÉHÉRAZADE : Oui, mon Père.
LE GRAND VIZIR : Je crains qu'il n'y ait aucune solution à ce problème, Shéhérazade.
SHÉHÉRAZADE : Mais si, mon père, j'ai une idée ! Mais pour cela, il faut que vous acceptiez que
j'épouse le sultan !
LA NARRATRICE : A ces mots, le grand vizir fut pris d'un grand transport...
LE GRAND VIZIR : Quoi ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Ca va pas la tête ? Pourquoi ne pas me
demander de t'inscrire à une joute de chars de combat pendant que tu y es ?
SHÉHÉRAZADE : Je comprends que cela puisse vous faire peur, Père, et que cela vous apparaisse
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comme un acte de folie, mais la solution que j'ai trouvée, bien que non dénuée de danger, est le
fruit d'une mûre réflexion.
LE GRAND VIZIR : Mais oui ! Et la réflexion du miroir quand je me regarderai une fois que j'aurai dû
ordonner de t'étrangler, tu y a pensé ?
SHÉHÉRAZADE : Mon père, je vous promets que vous n'aurez pas à en arriver là et qu'en me
donnant votre accord, vous ne regretterez pas votre décision. Je suis même sûre que celle-ci vous
réjouira jusqu'à la fin de votre vie car j'ai bien l'intention, par cet acte, de délivrer le royaume de la
terrible malédiction qui pèse sur lui.
LA NARRATRICE : A ces mots, le grand vizir prit un air fortement dubitatif (Le grand vizir prend un
air fortement dubitatif). Cependant, la jeune fille avait fortement éveillé sa curiosité.
LE GRAND VIZIR : Et comment comptes-tu t'y prendre ?
SHÉHÉRAZADE : Je ne peux rien vous dire pour le moment, Père, vous devez me faire confiance !
LE GRAND VIZIR (après un moment de réflexion) : Très bien, puisque c'est ton vœu le plus cher, je
te l'accorde.
SHÉHÉRAZADE : Merci, Père ! (Elle se jette à son cou et l'embrasse).
LA NARRATRICE : Là-dessus, le grand vizir alla annoncer la demande de sa fille au sultan. (Le grand
vizir sort). Shéhérazade appela aussitôt sa sœur.
Scène 4
SHÉHÉRAZADE : Petite sœur !
DINARZADE (qui entre) : Oui ?
LA NARRATRICE : Elle s'appelait Dinarzade.
SHÉHÉRAZADE : Dinarzade !
DINARZADE (qui rentre après être ressortie) : Oui ?
SHÉHÉRAZADE : Ma chère sœur, j'ai besoin de ton aide pour une affaire très importante. Voilà : j'ai
demandé à Père de me conduire chez le sultan pour que je devienne son épouse.
LA NARRATRICE : La sœur cadette fut prise d'un grand transport...
DINARZADE : Quoi ? Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Ca va pas la tête ? Pourquoi ne pas t'inscrire à
une joute de chars de combat pendant que tu y es ?
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SHÉHÉRAZADE : Ma chère sœur, je comprends que cette nouvelle puisse t'effrayer mais écoutemoi.
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE (qui l'interrompt) : Quand je serai devant le sultan, je lui demanderai s'il veut bien
que tu me rejoignes afin que je profite de ta compagnie.
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE (qui l'interrompt) : S'il est d'accord, comme je l'espère, il faudra alors que tu te
rappelles d'une chose très importante.
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE (qui l'interrompt) : Cette nuit, le sultan va sûrement m'inviter à danser la
macarena...
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE (qui l'interrompt) : Il faudra à ce moment-là que tu m'adresses ces paroles...
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE (qui l'interrompt) : « Ma sœur, en attendant le jour qui paraîtra bientôt, je vous
supplie de me raconter un de ces beaux contes que vous savez. »
DINARZADE : Oui, mais...
SHÉHÉRAZADE : Oui, mais quoi ?
LA NARRATRICE : Dinarzade hésita, elle n'était pas sûre de pouvoir mener à bien la mission que sa
sœur lui confiait. Après tout, elle n'était que la sœur cadette et tout le monde s'accordait à dire
qu'elle était beaucoup moins courageuse que sa sœur aînée.
DINARZADE : C'est que je ne suis pas sûre de pouvoir mener à bien la mission que tu me confies.
Après tout, je ne suis que ta sœur cadette et... Tout le monde s'accorde à dire que... (Elle implore
la narratrice).
LA NARRATRICE : En fait, Dinarzade était morte de trouille !
DINARZADE : Oui, c'est ça... Je suis morte de trouille !
SHÉHÉRAZADE (qui a remarqué la présence de la narratrice) : Ne t'inquiète pas, tout va bien se
passer ! Allez, répète après moi : « Ma sœur, en attendant le jour qui paraîtra bientôt, je vous
supplie de me raconter un de ces beaux contes que vous savez. »
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DINARZADE : Ma sœur, en attendant le jour qui paraîtra bientôt...
SHÉHÉRAZADE : « Je vous supplie de me raconter un de ces beaux contes que vous savez. »
DINARZADE : Je vous supplie de me raconter un de ces beaux contes que vous savez.
SHÉHÉRAZADE : Bravo, ma sœur, tu t'en sors très bien ! (Elle s'interrompt :) J'entends des voix, ce
doit être Père qui revient avec le sultan, retourne vite dans ta chambre et rappelle-toi bien ce que
je t'ai demandé.
DINARZADE : Oui, oui !
Dinarzade sort.
Scène 5
LE GRAND VIZIR : Je vous présente ma fille, Shéhérazade.
SHAHRYAR (troublé) : Ravi de vous connaître ! (Silence, moment de gêne). Merci, grand vizir, vous
pouvez disposer. (Le grand vizir sort, contrarié). Je suis très surpris qu'on me présente à vous, et
plus encore par votre grande beauté.
LA NARRATRICE : Shéhérazade se mit à pleurer.
Shéhérazade se met à pleurer.
SHAHRYAR : Mais qu'avez-vous ?
SHÉHÉRAZADE : C'est que, Votre Altesse, j'ai une sœur que j'aime plus que tout au monde et...
SHAHRYAR : Et ?...
SHÉHÉRAZADE : Et j'aimerais que...
SHAHRYAR : Que ?
SHÉHÉRAZADE : Qu'elle passe la nuit avec nous.
SHAHRYAR : Cette nuit ?
SHÉHÉRAZADE : Oui, Votre Altesse, pour lui dire...
SHAHRYAR : Pour lui dire ?
SHÉHÉRAZADE : Pour lui dire au revoir encore une fois.
SHAHRYAR : Ah ! Très bien, ma femme ! Puisque c'est là votre souhait le plus cher, je vous
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l'accorde.
LA NARRATRICE : Là-dessus, on fit chercher Dinarzade. Celle-ci les rejoignit une fois les noces
terminées.
Un garde entre avec Dinarzade, qui s'approche, terrifiée.
SHAHRYAR (à Shéhérazade) : Voulez-vous danser la macarena avec moi ?
Shéhérazade fait un signe à Dinarzade. Dinarzade la regarde, pétrifiée.
SHÉHÉRAZADE (en aparté, à Dinarzade) : Maintenant !
DINARZADE : Euh...
SHÉHÉRAZADE (toujours en aparté) : Allez !
LA NARRATRICE : La sœur cadette était comme pétrifiée sur place.
DINARZADE : Euh... Shéhérazade ?...
SHÉHÉRAZADE (au Sultan) : Votre Altesse, je crois que ma sœur veut me demander quelque
chose...
SHAHRYAR (à Dinarzade) : Oui, nous vous écoutons.
DINARZADE (terrifiée) : Euh... Sa mœur, en attendant je lour qui baraîtra pientôt, je vous plussie de
me baconter un de ces reaux contes que vous vassez !
Silence.
SHAHRYAR : Qu'est-ce qu'elle a dit ?
SHÉHÉRAZADE (qui fait mine d'être surprise) : Je ne sais pas, j'ai pas très bien compris... Qu'est-ce
que tu as dit, Dinarzade ?
DINARZADE : Ma tœur, en assendant le pour qui jaraîtra bientôt, je vous rupplie de me saconter
un de ces bons côtes que vous savez !
Silence. Les autres la regardent sans comprendre. Shéhérazade rit nerveusement.
DINARZADE (qui lutte pour tenter de délivrer son message) : Savez vous, que contes beaux ces de
un, raconter me de supplie vous, je bientôt paraîtra, qui jour le attendant en sœur ma !
SHÉHÉRAZADE (qui fait mine d'être surprise) : Tout va bien, Dinarzade ?
DINARZADE : Euh... Ca ba très vien !
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SHAHRYAR : Vous êtes sûre ?
DINARZADE : Tout à sait fûre !
SHÉHÉRAZADE (au Sultan) : Ne vous inquiétez pas, ma sœur a toujours eu des problèmes de
langage, c'est la cadette, vous savez ! Je crois savoir ce qu'elle veut... (A Dinarzade, comme si elle
s'adressait à une enfant :) Tu veux que je te raconte une histoire, c'est ça ?
Dinarzade aquiesce, toujours terrifiée.
SHÉHÉRAZADE (au Sultan) : Elle veut que je lui raconte une histoire. Ca ne vous ennuie pas,
j'espère.
SHAHRYAR : Non, pas le moins du monde.
SHÉHÉRAZADE (l'interrompant) : Parfait ! Alors allons-y...
Ils s'installent confortablement.
Scène 6
LA NARRATRICE : Shéhérazade commença à raconter une histoire au Sultan. Cette histoire
commençait par...
SHÉHÉRAZADE : Il était une fois...
LA NARRATRICE (qui va répéter tout ce que dit Shéhérazade) : Il était une fois...
SHÉHÉRAZADE : ...dans le grand empire perse s'étendant sur les mers de sable infinies de
l'Orient...
LA NARRATRICE : ...dans le grand empire perse s'étendant sur les mers de sable infinies de
l'Orient...
SHÉHÉRAZADE (qui a remarqué la narratrice) : ...au-delà des contrées les plus reculées de ce
monde...
LA NARRATRICE : ...au-delà des contrées les plus reculées de ce monde...
SHÉHÉRAZADE : ...une ville dans laquelle vivaient deux frères...
LA NARRATRICE : ...une ville dans laquelle vivaient deux frères...
SHÉHÉRAZADE (qui s'interrompt) : Excusez-moi !
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Elle se dirige vers la narratrice.
SHÉHÉRAZADE (à la narratrice) : Vous avez fini de répéter tout ce que je dis ?
LA NARRATRICE : Qu'est-ce que vous faites là ?
SHÉHÉRAZADE : Non, la question n'est pas « qu'est-ce que JE fais là ? » mais « qu'est-ce que VOUS
faites là ? »
LA NARRATRICE : Je raconte une histoire à mes enfants.
SHÉHÉRAZADE (faussement surprise) : Vos enfants ? Quels enfants ? (Elle cherche du regard dans
le public).
LA NARRATRICE : Et bien, mes... (elle s'arrête net). Mes enfants ! Où sont-ils ?
SHÉHÉRAZADE : Vos enfants dorment profondément, sans doute confortablement plongés dans
leurs rêves !
LA NARRATRICE : Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Ca ne va pas du tout, ça ! C'était pas
prévu ! (Elle regarde autour d'elle) Mais je suis où, là ?
SHÉHÉRAZADE : Vous êtes dans le palais du sultan.
LA NARRATRICE : Mais c'est pas possible, le palais du sultan, il est dans le livre ! Où sont mes
enfants ?
SHÉHÉRAZADE : Écoutez, Madame, je ne comprends pas du tout ce que vous essayez de me
raconter. Alors si vous voulez bien aller cherchez vos enfants ailleurs, parce que moi j'ai du travail.
J'ai une histoire à raconter et, comme vous devez le savoir, il ne peut y avoir qu'une seule
conteuse !
LA NARRATRICE : Très bien, je m'en vais ! Mais puisque c'est comme ça, je ne vais pas en rester là !
On ne fait pas disparaître des enfants comme ça ! Je vais porter plainte contre... contre... (elle
regarde au dos de son livre) contre les éditions de Minuit ! (Elle sort).
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ACTE II
Scène 1
SHÉHÉRAZADE (qui retourne auprès du Sultan et de Dinarzade) : Bien ! Je disais donc... Il était une
fois, dans le grand empire perse s'étendant sur les mers de sable infinies de l'Orient, au-delà des
contrées les plus reculées de ce monde, une ville dans laquelle vivaient deux frères. (Les deux
frères apparaissent, Ali Baba tient un balai). Ils se prénommaient Cassim et Ali Baba.
CASSIM (tendant la main à Ali Baba) : Bonjour, je me prénomme Cassim !
ALI BABA (surpris) : Bah je sais comment tu t'appelles, tu es mon frère !
CASSIM : Oui mais, au moins, c'est clair pour tout le monde... vu que je suis le plus riche !
ALI BABA : Mais tais-toi, on n'est pas censé le savoir encore !
CASSIM : T'inquièt', ça va venir !
SHÉHÉRAZADE : Bien que leur père leur eut laissé le peu de biens qu'il possédait, et ceci de
manière égale, le hasard en décida autrement...
CASSIM (très fier de lui) : Tiens, qu'est-ce que je disais !...
SHÉHÉRAZADE : Cassim épousa une femme (entrée de la femme de Cassim, richement vêtue.
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Cassim appuie chaque parole de Shéhérazade d'un hochement de tête) qui, peu de temps après
leur mariage, devint héritière d’une boutique bien garnie, d’un magasin rempli de bonnes
marchandises qui le rendirent un des marchands les plus riches de la ville. Ali Baba, au contraire,
avait épousé une femme aussi pauvre que lui (entrée de Morgiane, vêtue pauvrement. Cassim fait
mine de compatir à chaque parole de Shéhérazade) et pour vous dire à quel point ils étaient
pauvres, votre Altesse, tous les deux vivaient avec leurs enfants dans un petit deux-pièces d'un
vieux HLM de la banlieue qu'on appelait (elle prend un accent arabe :) « la Zup ». Pour gagner sa
vie et nourrir sa famille, Ali Baba travaillait durement au poste d'agent d'entretien dans un des
luxueux locaux bancaires du centre-ville (avec un accent arabe :) « le Crédit A Bricoles ». (Ali Baba
se met à balayer). Un jour qu'il nettoyait avec soin l'une des nombreuses statues de marbre situées
devant la salle des coffres...
ALI BABA (qui nettoie avec son balai une personne au premier rang) : Pfff, qu'est-ce qu'il y a
comme poussière là-dessus ! Si ça continue, je me demande si je ferais pas mieux de la récurer
avec de la Javel ! (Il nettoie les pieds d'une autre personne :) Et celle, là, c'est à se demander si elle
est pas sortie exprès pour aller traîner ses pieds dans la boue !... (Il s'intéresse à la statue :) Elle est
même pas belle, en plus !
SHÉHÉRAZADE : ...il vit soudain un groupe d'hommes et de femmes très nerveux s'approcher. Bien
qu'on ne parlât pas de voleurs dans le pays, Ali Baba se dit que ça pouvait bien en être et alla
grimper sur la statue pour se cacher.
Ali Baba se cache dans le public.
Scène 2
Musique Nous sommes les quarante voleurs, Les Mille et une vies d'Ali Baba.
Arrivée des voleurs.
Capitaine :
Je suis le capitaine de cette bande
Voleurs :
Nous sommes ses fidèles
Capitaine :
Je vous les recommande
Avec une armée de gaillards comme ça
Voleur 1 :
Sur toute cette région
Voleur 2 :
Nous imposons la loi
Voleuse 1 :
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Sans morale
Voleur 1 :
Sans scrupules
Voleur 3 :
Aussi sans réfléchir
Capitaine :
Tout ce qu'on veut, c'est simple
Voleurs :
Simplement s'enrichir
Voleur 2 :
Et chaque jour un peu plus
Voleurs :
Amasser les trésors
Capitaine :
Alors, écoutez-les bien, voici mes conquistadors
Tous (Refrain 1) :
Nous sommes les Quarante Voleurs
À quarante, on n'a pas peur
De voler, de mentir
D'escroquer, de trahir
D'enlever, d'envahir
On n'aime pas obéir
Capitaine :
Ah, ça non, alors !
Tous (Refrain 2) :
Nous sommes les Quarante Voleurs
À quarante, on n'a pas peur
De faucher, de haïr
De plagier, de salir
D'détourner, d'affaiblir
On n'aime pas obéir
Voleuse 1 :
Moi, je suis la meilleure des pickpockets
Voleur 2 :
J'ai la technique pour le racket
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Voleur 1 :
Moi, c'est le fric-frac, ça m'déchaine
Voleur 3 :
Quand je veux, je peux avoir la haine
Capitaine :
Mon péché mignon, les cailloux de valeur
Voleuse 1 :
Nous sommes de vrais démons
Voleur 1 :
Nous n'avons pas de cœur
Tous :
Et lui c'est notre chef
Voleur 2 :
Mauvais sous tous rapports
Capitaine :
Allez, regardez-les bien, voici mes conquistadors
Tous : [Refrain 1]
Voleuse 1 :
Ah, ça non, alors !
Tous : [Refrain 2]
Tous :
On n'a pas peur
Voleuse 1 :
De gauler, ni de refroidir
Tous :
On n'a pas peur
Voleur 2 :
D'extorquer, ni de blanchir
Tous :
On n'a pas peur
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Voleur 1 :
De tricher, ni de bannir, non !
Tous :
On n'a pas peur
Capitaine :
D'arnaquer, ni de vous dire
Tous : [Refrain 1]
Voleuse 1 :
Ah, ça non, alors !
Tous :
Obéir
On n'aime pas obéir
Obéir
Non !
Tous : [Refrain 2]
SHÉHÉRAZADE : Le capitaine des voleurs s'approcha du coffre et prononça ces mots...
LE CAPITAINE : Sésame, ouvre-toi !
SHÉHÉRAZADE : Aussitôt, une voix lui répondit...
LA VOIX : Bonjour, vous êtes en relation avec la salle des coffres. Pour effectuer un retrait, tapez 1.
Pour connaître le solde de votre compte, tapez 2. Pour ouvrir le coffre, tapez... quelqu'un .
SHÉHÉRAZADE : Le capitaine appela l'un de ses fidèles.
LE CAPITAINE (désignant l'un(e) des voleurs) : Toi, viens ici !
VOLEUR 4 : Euh... Moi ?
LE CAPITAINE : Oui, toi !
VOLEUR 4 : C'est que...
LE CAPITAINE : C'est que quoi ?
VOLEUR 4 : C'est que j'ai du mal à marcher, je me suis fait mal au pied en descendant l'escalier.
LE CAPITAINE : Et bien viens justement, j'ai une solution pour toi.
VOLEUR 4 (qui hésite) : Vous êtes sûr ?
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LE CAPITAINE : Ah oui, je suis sûr ! Le meilleur moyen de plus avoir mal quelque part, c'est d'avoir
encore plus mal ailleurs ! Allez, viens !
VOLEUR 4 (qui s'approche) : Oui Capitaine !
Le Capitaine lui envoie une gifle magistrale.
LE CAPITAINE : Alors, t'as encore mal au pied ?
VOLEUR 4 (qui se frotte la joue) : Non, capitaine !
SHÉHÉRAZADE : Aussitôt, une porte s'ouvrit.
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s’entrouvre.
SHÉHÉRAZADE : Les voleurs s’engouffrèrent dans le passage. D'abord le capitaine, puis le voleur 1,
2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10...
Shéhérazade compte de plus en plus vite jusqu'à 40. Quand elle arrive à 40, ceux qui restent
s'immobilisent. Silence. Puis elle leur tourne le dos.
SHÉHÉRAZADE : 1, 2, 3, soleil !
Elle se retourne. Ceux qui restent s'immobilisent à nouveau. Le jeu continue jusqu'à ce que tous les
voleurs soient entrés.
SHÉHÉRAZADE (soulagée) : Et la porte se referma. Ils restèrent un petit moment dans le coffre. De
peur d'être surpris, Ali Baba se cramponnait à la statue.
Ali Baba se cramponne à quelqu'un dans le public.
SHÉHÉRAZADE : La porte se rouvrit enfin.
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'entrouvre. Les quarante voleurs
ressortent.
SHÉHÉRAZADE : Le capitaine prononça alors ces mots...
LE CAPITAINE : Sésame, referme-toi !
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Les quarante voleurs regardent la porte se
refermer puis disparaissent dans un brouhaha de cris.
Scène 3
22
SHÉHÉRAZADE : Ali Baba descendit de la statue, s'approcha de la porte et prononça les mots du
capitaine qu'il venait d'entendre.
ALI BABA : Sésame, ouvre-toi !
LA VOIX : Bonjour, vous êtes en relation avec la salle des coffres. Pour effectuer un retrait, tapez 1.
Pour connaître le solde de votre compte, tapez 2. Pour ouvrir le coffre, tapez... quelqu'un .
Ali Baba regarde à droite et à gauche mais ne voit personne. Il regarde alors le public puis s'avance
vers lui, l'air menaçant.
SHÉHÉRAZADE : Ca ne marchera pas, ce sont des statues !
Ali Baba fait mine de ne pas l'écouter et continue d'avancer.
SHÉHÉRAZADE : Heureusement, un moustique qui passait par là piqua Ali Baba sur la joue.
Ali Baba se frappe la joue. Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'ouvre
sur le décor d'un coffre empli de richesses.
ALI BABA : Waouh !
Ali Baba circule entre les richesses.
ALI BABA : Des émeraudes... Des rubis... Des diamants... De l'or... Des bons du trésor... Le dernier
GTA 5 et sa Xbox...
SHÉHÉRAZADE : Ali Baba prit tout ce que pouvait transporter ses poches...
Ali Baba remplit ses poches de richesses. Une fois pleines, il en met aussi dans ses chaussettes.
SHÉHÉRAZADE (impatiente) : ...Ses chaussettes...
Une fois les chaussettes pleines, il en met aussi dans son pantalon.
SHÉHÉRAZADE (très impatiente) : … Son pantalon !... Puis il sortit du coffre et dit...
ALI BABA : Sésame, referme-toi !
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le coffre se referme.
Scène 4
SHÉHÉRAZADE : Ali Baba reprit le chemin de sa maison. (Ali Baba marche de long en large de la
cour au jardin). En arrivant chez lui, il montra toutes ces richesses à sa femme. (Entrée de la femme
d'Ali Baba).
23
ALI BABA : Regarde, femme, ce que j'ai trouvé !
MORGIANE (sceptique) : Ce que tu as trouvé ?... Et où donc as-tu trouvé ça ?
ALI BABA : Dans un coffre !
MORGIANE : Mais bien sûr ! Et ce coffre, tu l'as trouvé où ?
ALI BABA : Dans la banque où je travaille.
MORGIANE (avec l'accent arabe) : Le Crédit A Bricoles ?
SHÉHÉRAZADE : Voyant que sa femme ne le croyait pas, Ali Baba décida de lui raconter toute son
aventure.
Ali Baba raconte son aventure.
SHÉHÉRAZADE : Pris qu'ils étaient par l'histoire, il ne virent pas Cassim qui passaient par là...
Entrée de Cassim qui s'arrête pour écouter la conversation.
ALI BABA : Et quand j'ai dit les mots magiques, la porte s'est ouverte, et il y avait des bijoux
partout, et puis de l'or, et des bons du trésor... Et il y avait même la dernière version de GTA et sa
Xbox...
CASSIM (interrompant la conversation) : Comment ? La dernière version de GTA et sa Xbox ? Dans
le coffre de ta banque ? Quels mots magiques as-tu dit ?
ALI BABA (s'interrompant, surpris) : Bonjour, Cassim.
CASSIM : « Bonjour Cassim » ? C'est les mots magiques ?
ALI BABA : Non, je disais : « Bonjour, Cassim ».
CASSIM : Ah oui, bonjour ! (Il salue Ali Baba et sa femme). Alors, c'est quoi les mots magiques ?...
ALI BABA : Et bien, je ne suis pas sûr que ça t'intéresse...
CASSIM : Oh si, je suis quelqu'un de très intéressé par nature !
ALI BABA : C'est-à-dire que c'est assez technique, tu sais...
CASSIM : Justement, plus c'est compliqué, plus je kif !
ALI BABA (très ennuyé) : Tu promets de garder le secret ?
CASSIM : Tu me connais : une vraie tombe !
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ALI BABA : Très bien... (Il lui murmure les mots magiques à l'oreille).
CASSIM (qui répète haut et fort) : « César, couvre-toi » ?
ALI BABA : Shuuut !... Mais non... (Il lui murmure à nouveau à l'oreille).
CASSIM : Quoi ? « Ces armes couvrent le toit » ?
ALI BABA : Mais non... (Il lui murmure à nouveau à l'oreille).
CASSIM : Hein ? « Ces amours en toi » ?
ALI BABA (qui s'impatiente) : Mais c'est pas vrai ! T'es sourd ou quoi ?
CASSIM : Hein ?
ALI BABA (qui comprend que son frère est sourd) : Ah d'accord ! Bon écoute-bien : « Sésame,
ouvre-toi ! »
CASSIM : Ah, « Sésame ouvre-toi », bah fallait le dire tout de suite !
Ali Baba se tape la main sur le front.
Scène 5
SHÉHÉRAZADE : Cassim et Ali Baba prirent congé, et dès le lendemain, Cassim se rendit à la
banque de son frère alors que celui-ci avait pris un jour de RTT. Sa cupidité n'ayant pas de limite, il
était bien décidé à s'emparer de la totalité du trésor.
CASSIM : Ma cupidité n'a pas de limite et je suis bien décidé à m'emparer de la totalité du trésor,
et surtout la dernière version de GTA et sa Xbox !
SHÉHÉRAZADE : Il arriva près du coffre et prononça ces mots...
CASSIM : Sésame, ouvre-toi !
LA VOIX : Bonjour, vous êtes en relation avec la salle des coffres. Pour effectuer un retrait, tapez 1.
Pour connaître le solde de votre compte, tapez 2. Pour ouvrir le coffre, tapez... quelqu'un .
Cassim regarde à droite et à gauche sans voir personne. Puis il aperçoit Shéhérazade, Dinarzade et
le Sultan dans un coin et se dirige vers eux.
CASSIM : Excusez-moi.
LE SULTAN : Oui, c'est pour quoi ?
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SHÉHÉRAZADE (qui reconnaît Cassim) : Cassim ? Qu'est-ce que tu fais là ?
LE SULTAN (soudain suspicieux) : Vous vous connaissez ?
SHÉHÉRAZADE : Et bien, c'est Cassim, dont je vous parlais à l'instant, je ne vois pas ce qu'il fait là...
LE SULTAN : Qu'est-ce que vous faites là ?
CASSIM : Je me demandais si vous pourriez m'aider...
LE SULTAN : A quoi ?
CASSIM : Et bien, j'ai un coffre à ouvrir et j'ai besoin de taper quelqu'un.
LE SULTAN (ironique) : Oui, et vous croyez peut-être qu'on va vous aider ?...
CASSIM : Ben, je me disais...
LE SULTAN : Rien du tout ! (Il appelle ses gardes :) Gardes !
Les gardes entrent.
LE SULTAN : Saisissez ce malotrus et enfermez-le !
LES GARDES : Qui ça ?
LE SULTAN : Lui !
CASSIM : Mais...
LES GARDES : Bah qu'est-ce qu'il fait là ?
LE SULTAN : Qu'est-ce que j'en sais, ce qu'il fait là, moi ? Vous étiez chargés de garder la porte, oui
ou non ?
LES GARDES (qui ne comprennent pas) : Bah oui.
LE SULTAN : Alors faites votre travail ! Enfermez-le et... Coupez-le en morceaux !
CASSIM : Mais...
LES GARDES : Bien, bien... (A Cassim:) Allez venez... Vous en faites pas, c'est juste un mauvais
moment à passer...
CASSIM (emmené par les gardes) : Mais je ne veux pas... J'ai un coffre à ouvrir... L'histoire n'est pas
finie...
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LE SULTAN : Ca fallait y penser avant, mon vieux !
SHÉHÉRAZADE : Votre Altesse, si je peux me permettre... (à part :) Cet homme fait partie de la
suite de l'histoire. Si vous le supprimez, vous ne pourrez pas connaître la fin...
LE SULTAN : Ah, c'est ennuyeux ! (Après un temps de réflexion :) Gardes !
LES GARDES (qui reviennent) : Oui ?
LE SULTAN : Libérez cet homme.
Les gardes, très étonnés, se regardent et finissent par s'exécuter. Cassim est soudain soulagé.
SHÉHÉRAZADE : Euh, Votre Altesse, si vous le permettez, il faudrait... (Elle mime une gifle et
désigne un des gardes).
LE SULTAN : Ah oui ! (Aux gardes :) Gardes !
LES GARDES : Euh... Oui ?
LE SULTAN : Approchez-vous.
(Les gardes s'approchent de Cassim).
LE SULTAN (à Cassim) : Allez-y, choisissez !
CASSIM (réjoui) : Je peux choisir ?
LE SULTAN (à Cassim) : Puisque je vous le dis.
Cassim prend un garde, le met bien en face de lui, se prépare à bien viser et envoie une gifle
magistrale au garde qui fait un tour complet.
CASSIM : Yes !
Scène 6
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'ouvre sur le décor d'un coffre
empli de richesses. Shéhérazade, Dinarzade et le Sultan se rassoient, Cassim entre dans la Grotte.
Le rideau se referme.
CASSIM : Waouh ! Des émeraudes... Des rubis... Des diamants... De l'or... Des bons du trésor... Le
dernier GTA 5 et sa Xbox... Je vais devenir l'homme le plus riche du monde, ah ah ah !!
LE SULTAN : Je me demande si j'ai bien fait de le libérer, celui-là !
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SHÉHÉRAZADE : Rassurez-vous, Votre Altesse, il n'en a plus pour très longtemps...
LE SULTAN : Ah, tant mieux !
SHÉHÉRAZADE : Et oui, Cassim prit tout ce que pouvait transporter ses poches, ses chaussettes, etc
mais au moment de sortir, il ne se souvenait plus de la formule magique.
CASSIM (de derrière le rideau :) Euh, César, couvre-toi !
LA VOIX OFF : Bonjour, nous n'avons pas compris votre demande. Merci de recommencer.
CASSIM : Euh, Céréale, ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Désolé, ce choix est impossible.
CASSIM : Euh... riz, ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Non plus !
CASSIM : Euh, maïs, ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Pas mieux !
CASSIM : Soja, ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Vous avez atteint le nombre maximum d'essais possible. Votre compte est bloqué.
Veuillez contacter votre banque pour plus d'informations.
Scène 7
SHÉHÉRAZADE : C'est alors que les voleurs revinrent à la grotte.
Entrée des voleurs. Musique Nous sommes les quarante voleurs, Les Mille et une vies d'Ali Baba.
Tous :
Nous sommes les Quarante Voleurs
À quarante, on n'a pas peur
De voler, de mentir
D'escroquer, de trahir
D'enlever, d'envahir
On n'aime pas obéir
LE CAPITAINE : Sésame ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Bonjour, vous êtes...
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Le Capitaine gifle l'un de ses voleurs.
LA VOIX OFF : Merci !
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'ouvre.
CASSIM : Ah, enfin, j'ai cru que j'allais rester blo... (Il s'interrompt à la vue des voleurs qui sortent
leurs armes.) Ho ho !
Cassim fait un pas en arrière et tous les voleurs se lancent à sa poursuite sur la Musique du thème
de Benny Hill. Une fois rentrés dans la grotte, le rideau se referme et on entend les cris de Cassim et
des voleurs qui le découpent en petits morceaux.
LE CAPITAINE : Sésame, ouvre-toi !
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'ouvre. Les voleurs sortent et font
des commentaires enjoués sur le crime qu'ils viennent de commettre.
Scène 8
SHÉHÉRAZADE : Le lendemain, la femme de Cassim vint voir Ali Baba.
Entrée d'Ali Baba et de la femme de Cassim.
FEMME DE CASSIM : Beau-frère, est-ce que tu saurais où est Cassim ? Je ne comprends pas, il n'est
pas rentré de la nuit !
ALI BABA : Ce n'est pas la première fois !
FEMME DE CASSIM : C'est vrai, mais là je n'arrive même pas à le joindre sur son portable, je suis
très inquiète !
ALI BABA : Ah oui, c'est bizarre. Je crois que j'ai une petite idée de là où il a pu aller. Rentre chez toi
et attend de mes nouvelles.
FEMME DE CASSIM : D'accord, merci, beau-frère !
ALI BABA (une fois seul :) Sésame, ouvre-toi !
LA VOIX OFF : Bonjour, vous êtes...
Ali Baba se gifle.
LA VOIX OFF : Bon, d'accord !
29
Musique Ainsi parla Zarathoustra, de Richard Strauss. Le rideau s'ouvre. Ali Baba entre et ressort
aussitôt.
ALI BABA : Bon, je crois qu'il ne me reste plus qu'à me mettre à la couture !
Le rideau se referme.
SHÉHÉRAZADE : Ali Baba ramassa tous les morceaux de son frère et les mit dans un grand sac. Une
fois hors de la grotte, il appela la femme de Cassim...
DINARZADE (qui l'interrompt :) Euh, pardonnez-moi de vous interrompre, ma sœur, mais pourquoi
pas avant ?
SHÉHÉRAZADE : Pourquoi pas avant quoi, Dinarzade ?
DINARZADE : Pourquoi il l'a pas appelé avant ?
SHÉHÉRAZADE : Parce que dans la grotte, les portables, ils ne passent pas, Dinarzade !
DINARZADE : Ah, d'accord !
SHÉHÉRAZADE : Je disais donc... Une fois hors de la grotte, il appela la femme de Cassim...
On entend un cri. La femme de Cassim apparaît un téléphone à la main, profondément affligée.
ALI BABA : J'ai une très mauvaise nouvelle à t'apprendre. Cassim est mort.
FEMME DE CASSIM (pleurant) : Mon Dieu, mais ce n'est pas possible. Qu'est-ce que je vais devenir
sans lui ? Qui va m'acheter mes robes ? Et mes bijoux ? Qui va subvenir aux besoins des
domestiques ?...
ALI BABA : Ne t'inquiète pas, belle-soeur, je sais qu'on ne pourra jamais réparer tout ça, enfin...
façon de parler... mais je te propose de devenir mon épouse. J'ai de l'argent maintenant et mon
épouse n'est pas jalouse.
FEMME DE CASSIM (soudain réjouie) : C'est vrai ?
ALI BABA : Oui, mais à une condition : il faut que la mort de mon frère paraisse naturelle !
FEMME DE CASSIM : C'est d'accord ! (Elle raccroche) Youpi !! (Elle sort).
SHÉHÉRAZADE : Ali Baba alla ensuite retrouver sa femme, Morgiane, et lui raconta toute l'histoire.
Ali Baba et sa femme entrent. Ali Baba transporte un sac de toile lourd et taché de sang, avec un
bras qui dépasse.
ALI BABA : Il faut absolument que la mort de mon frère ait l'air naturelle pour ne pas attirer
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l'attention. Par contre, je ne connais rien à la couture...
MORGIANE : Et moi, ce n'est pas trop mon rayon non plus, mais je connais quelqu'un qui pourrait
nous aider ! Ne t'en fais pas et laisse-moi le sac !
ALI BABA : Oh, tu sais que je t'adore, toi ! (Il sort).
Scène 9
SHÉHÉRAZADE : Morgiane avait une petite idée derrière la tête mais avant, elle cacha le sac...
MORGIANE (à un spectateur du premier rang) : Tenez, gardez-moi ça, vous !
SHÉHÉRAZADE : Elle dissimula son visage derrière un voile et alla tout droit chez un apothicaire.
L'apothicaire entre et se poste derrière le pupitre.
DINARZADE : Euh, pardonnez-moi de vous interrompre, ma sœur, mais c'est quoi un apothicaire ?
L'apothicaire, interrompu, lève les yeux au ciel.
SHÉHÉRAZADE : Un pharmacien si tu préfères.
DINARZADE : Ben pourquoi tu dis pas pharmacien, alors ?
SHÉHÉRAZADE : Pourquoi pas ?
LE SULTAN : Bon, on peut continuer, oui ?
SHÉHÉRAZADE : Oui, Votre Altesse.
L'APOTHICAIRE (suggérant de refaire son entrée) : Je...
SHÉHÉRAZADE : S'il vous plaît.
L'APOTHICAIRE : OK.
SHÉHÉRAZADE : Donc Morgiane alla tout droit chez un apothicaire.
L'apothicaire entre de nouveau et se poste derrière le pupitre.
L'APOTHICAIRE (avec un accent) : Bonjour, chère Madame, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
MORGIANE : Je suis la servante de Cassim. Mon maître est gravement malade et j'aurais besoin
des plus grands remèdes que vous avez.
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L'APOTHICAIRE : Ici, vous ne trouverez que des plus grands remèdes, Madame. Je peux vous
conseiller dernières molécules sur le marché : Paracétamol, Efferalgan, Doliprane, Aspégic 1000,
Dafalgan... A moins que vous ne préfériez les médicaments génériques : huile essentielle de tortue
du désert, sirop de venin de cobra à 10%, gelée royale de peau de lézard... Je dispose aussi d'un
purificateur d'air dernier modèle arrivé ce matin...
MORGIANE : Donnez-moi tout !
L'APOTHICAIRE : Vos désirs sont des ordres, Madame. Pour l'huile essentielle, vous préférez en
gélules ou en flacon ?
MORGIANE : En gélule, ça ira très bien.
L'APOTHICAIRE (qui tend un sac de médicaments à Morgiane) : Voilà, Madame, cela fera... (Il sort
sa machine à calculer et calcule) 4800 + 2604 x 40 + 55299... 164259 piastres, je vous prie, à moins
que vous ne préféreriez payer en pièces d'or ?
MORGIANE : Je préfère.
L'APOTHICAIRE : Alors... (Il retape à la machine) 2 pièces d'or s'il vous plaît, tout rond.
SHÉHÉRAZADE : Morgiane tendit les pièces d'or et rentra chez elle. (L'apothicaire va pour s'en
aller). Le lendemain, elle revint voir l'apothicaire (l'apothicaire fait demi-tour), toujours dissimulé
sous un voile.
L'APOTHICAIRE : Quelle joie de vous revoir, Madame. Que puis-je pour vous ?
MORGIANE (en pleurs) : Hélas, les remèdes que vous m'avez donnés ont été sans effet. Il me faut à
présent une potion qui permette à mon Maître de ne plus souffrir avant qu'il ne rejoigne l'au-delà.
L'APOTHICAIRE : Je vois... Donnez-lui ça ! (Il tend un pot de Nutella).
MORGIANE : Merci. Combien je vous dois ?
L'APOTHICAIRE : Rien, Madame. Nutella, c'est gratuit pour l'au-delà !
SHÉHÉRAZADE : C'est ainsi que personne ne fut surpris de découvrir que le soir même, Cassim
était mort. Le jour suivant, Morgiane sortit de grand matin et alla trouver un savetier nommé Baba
Moustafa.
L'apothicaire sort. Entre Baba Moustafa.
Scène 10
DINARZADE : Euh, pardonnez-moi de vous interrompre, ma sœur, mais c'est quoi un savetier ?
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Baba Moustafa lève les yeux au ciel.
SHÉHÉRAZADE : C'est un monsieur qui répare les savates, bécasse !
DINARZADE : Ben je suis pas obligé de savoir ! Les cordonniers, ils réparent pas les cordons, sinon
ça se saurait !
SHÉHÉRAZADE : Oui, c'est sûr, vu comme ça !
Le Sultan fait un signe à Dinarzade en la menaçant de lui couper la tête si elle continue à
interrompre l'histoire.
SHÉHÉRAZADE : Morgiane, donc, cacha à nouveau son visage et alla trouver un savetier nommé
Baba Moustafa.
Baba Moustafa entre et se poste derrière le pupitre.
BABA MOUSTAFA (avec l'accent) : Bonjour, Madame, que puis-je pour vous ?
MORGIANE : J'aurais un petit travail de couture à vous faire faire en échange de deux pièces d'or.
BABA MOUSTAFA (étonné) : Deux pièces d'or ? Ca nous en fait des savates à ce prix-là, vous avez
eu un lot ?
MORGIANE : Non, juste deux-trois petites choses à raccommoder. Par contre, je dois vous bander
les yeux.
BABA MOUSTAFA : Oh, vous êtes sûre que ce n'est pas quelque chose d'illégal ou de malhonnête ?
Genre une O. P. A. chez Eram ?
MORGIANE : Non, rien de tout ça. Tenez et ne craignez rien.
Elle glisse une pièce d'or supplémentaire dans sa main et lui bande les yeux.
MORGIANE : Venez !
Elle le guide jusqu'au spectateur du premier rang qui a gardé le sac.
MORGIANE : C'est ici ! (Elle lui tend le sac). Tenez !
BABA MOUSTAFA : Ah, je vois. Bien, je vais m'y mettre tout de suite.
Ils sortent.
SHÉHÉRAZADE : C'est ainsi que la mort tragique de Cassim fut cachée au reste du monde et que
l'enterrement put avoir lieu. Ali Baba et sa femme s'installèrent dans la maison de sa belle sœur
qui fit un très beau second mariage.
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Musique de mariage.
FEMME DE CASSIM (qui repasse) : Youpi !!
Scène 11
SHÉHÉRAZADE : Quelques jours plus tard, le capitaine des voleurs découvrit la disparition.
LE CAPITAINE (à l'un des voleurs) : Ils étaient donc deux ! Crois-moi, le deuxième ne fera pas de
vieux os ! Il est encore tôt, va donc voir à la ville si on ne parle pas de celui que nous avons liquidé !
Et trouve où habite celui qui a fait le coup !
LE VOLEUR : Oui, Capitaine !
SHÉHÉRAZADE : Il était encore tôt et le voleur ne trouva qu'une boutique ouverte, celle de Baba
Moustafa.
Baba Moustafa entre et se poste derrière le pupitre.
BABA MOUSTAFA : Bonjour, cher Monsieur, que puis-je pour vous ?
LE VOLEUR : Je me demandais comment vous arriviez à voir alors qu'il ne fait même pas jour. Vu
votre âge et votre vue basse, vous ne devez pas réussir à coudre grand chose !
BABA MOUSTAFA : Détrompez-vous ! J'ai beau être vieux, je vois parfaitement bien dans le noir.
D'ailleurs, il n'y a pas longtemps, j'ai raccommodé les morceaux d'un homme qui avait été
transformé en puzzle dans un endroit où il ne faisait pas plus clair que maintenant !
LE VOLEUR : Ah oui, quel endroit ?
BABA MOUSTAFA : Je ne sais pas, on m'a bandé les yeux pour m'y conduire et pour revenir.
LE VOLEUR : Et si vous essayiez de vous en rappeler ? On pourrait vous rebander les yeux et refaire
le même chemin ? (Il lui tend une pièce d'or).
BABA MOUSTAFA (d'un ton appuyé) : Mais pas de problème ! (Il sort un foulard et se bande luimême les yeux).
LE VOLEUR : On y va, c'est par là ?
BABA MOUSTAFA : Oui, et là, on a dû tourner à droite, et là à gauche...
Et ainsi de suite, l'un guidant l'autre et l'autre guidant l'un, jusqu'à ce qu'ils se trouvent devant un
des spectateurs du premier rang.
34
BABA MOUSTAFA : C'est là !
LE VOLEUR : C'est là ? Vous êtes sûr ?
BABA MOUSTAFA : Absolument sûr !
LE VOLEUR : Très bien, je vais marquer d'une croix cette maison. (Il sort une craie et dessine une
croix sur le front du spectateur). Parfait ! (Il enlève le bandeau de Baba Moustafa), je vous
remercie ! Tenez ! (Il lui donne une autre pièce d'or).
BABA MOUSTAFA : Merci mon frère ! (Ils se tapent dans la main).
LE VOLEUR : Vous voulez que je vous raccompagne ?
BABA MOUSTAFA : Non, ça va aller, je vais remettre le bandeau, ce sera plus facile.
LE VOLEUR : Ah, comme vous voudrez !
Baba Moustafa repart et, malgré les avertissements de dernière minute du voleur, heurte divers
obstacles : public, scène, etc. Le voleur finit par aller l'aider et ils sortent. Morgiane entre.
MORGIANE (qui aperçoit la croix sur le front du spectateur) : Tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?
(Elle s'approche et observe attentivement). C'est bizarre, ça, quelque chose me dit que cette
marque n'est pas là par hasard. (Elle sort un livre ou un parchemin). Voyons voir, que dit le petit
manuel des voleurs à l'usage des propriétaires... (Elle lit :) Alors, une croix sur la maison « Graves
ennuis en perspective : des voleurs vous cherchent et ont bien l'intention de vous faire passer un
sale quart d'heure ! » (Un temps). Je sais ce que je vais faire : je vais mettre une croix identique sur
les maisons voisines. (Elle prend une craie et dessine une croix sur les spectateurs d'à côté.) Voilà,
comme ça, ma maison ne risque plus rien ! Par contre les autres... (Elle sort).
Entrent le voleur et le Capitaine.
LE VOLEUR : C'est ici, Capitaine, regardez, j'ai fait une croix sur la mais... (Il s'interrompt).
LE CAPITAINE : C'est laquelle ? Il y a des croix sur toutes les maisons !
LE VOLEUR : Bah, je ne comprends pas, j'avais pourtant...
LE CAPITAINE : T'avais pourtant quoi ?
LE VOLEUR : J'avais pourtant marqué qu'une seule maison.
LE CAPITAINE : Et bien, on dirait que tu n'étais pas le seul. Bon, voyons voir... (Il sort un livre ou un
parchemin).
LE VOLEUR : Qu'est-ce que c'est, Capitaine ?
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LE CAPITAINE (qui lit) : « Petit manuel des propriétaires à l'usage des voleurs ». Alors... « Croix »...
Ah voilà : « Plusieurs croix » ; « Si vous avez marqué une maison d'une croix et qu'à votre retour, il
y a des croix sur d'autres maisons alentours, c'est sans doute une ruse du propriétaire qui veut que
vous vous mélangiez les pinceaux. Dans ce cas, la bonne maison peut se retrouver en faisant le
calcul suivant : Racine carrée du nombre total de maisons concernées multiplié par l'hypoténuse
de la somme du nombre de fenêtres moins l'âge du Capitaine »... (Après un calcul de tête, il repère
le spectateur du premier rang et le désigne). C'est elle !
LE VOLEUR : Waouh, vous êtes trop fort, Capitaine !
LE CAPITAINE : Et pourquoi est-ce que tu crois que je suis Capitaine ? (Silence) Nous reviendrons ici
ce soir avec tout le reste de l'équipe, j'ai une idée.
Ils sortent.
Scène 12
SHÉHÉRAZADE : Là-dessus, le Capitaine et le voleur s'éloignèrent...
DINARZADE (forçant le ton) : Oh le jour pointe déjà son nez ! Je me demande quelle est donc cette
idée qu'a eue le Capitaine.
SHÉHÉRAZADE : Tu pourrais le savoir si je te racontais la suite, mais il faudrait que le Sultan me
donne sa permission pour que je te la raconte la nuit prochaine.
DINARZADE : Oh, Monsieur le Sultan, voulez-vous bien que ma sœur raconte la suite la nuit
prochaine ?
LE SULTAN : J'aimerais bien connaître moi aussi la fameuse idée de ce Capitaine. J'accepte ! De
toutes façons, je pourrai très bien lui faire couper la tête une fois que j'aurai entendu la fin de
l'histoire !
SHÉHÉRAZADE ET DINARZADE (victorieuses) : Yes !
ENTRACTE
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ACTE III
37
Scène 1
Le Sultan, Shéhérazade et Dinarzade entrent.
LE SULTAN : Avez-vous bien dormi, ma femme ?
SHÉHÉRAZADE : Très bien, Votre Altesse.
Ils s'installent.
LE SULTAN : Alors, quelle est donc cette fameuse idée qu'a eue le Capitaine ?
SHÉHÉRAZADE : Comme je vous le disais, Votre Altesse, le Capitaine revint le lendemain soir. Afin
qu'on ne le reconnaisse pas, il s'était déguisé en marchand.
LE CAPITAINE (qui entre) : Y'a quelqu'un ? Oh hé, y'a quelqu'un ?
ALI BABA (qui entre) : Oui, voilà, voilà... (Au Capitaine :) Bonsoir !
LE CAPITAINE (avec une révérence) : Bonsoir, noble seigneur. Veuillez m'excuser de vous déranger à
une heure si tardive mais je suis un modeste marchand qui vient de très loin pour le marché
demain et je ne sais pas où loger. Seriez-vous assez aimable de me recevoir pour la nuit ?
Pour obtenir la fin de la scène 1 et la scène 2,
veuillez contacter l'auteur à [email protected]
Scène 3
SHÉHÉRAZADE : Et c'est ainsi qu'Ali Baba, sa femme et toute sa descendance, à qui ils firent passer
le secret du coffre et des paroles magiques, vécurent heureux et firent fructifier leur argent avec
une grande modestie et beaucoup de modération.
LE SULTAN : Quelle histoire magnifique, femme !
SHÉHÉRAZADE : Merci, Votre Altesse ! Si vous voulez, je peux vous en raconter une autre, le jour
n'est pas encore levé.
DINARZADE : Oh oui, oui, une autre, une autre !
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LE SULTAN : Cela a l'air de réjouir votre sœur, alors, d'accord.
SHÉHÉRAZADE : Très bien, Votre Altesse. Il était une autre fois, dans une autre ville du grand
empire perse s'étendant sur les mers de sable infinies de l'Orient, un adolescent du nom d'Aladdin
qui n'était pas très bien élevé.
ALADDIN (qui entre) : Et z'y va, j'm'appelle Aladdin et je fais ce que je veux dans ma life !
SHÉHÉRAZADE : Depuis que son père avait été emporté par une maladie grave, Aladdin vivait seul
avec sa mère qui gagnait tout juste de quoi survivre en filant de la laine et du coton.
MÈRE D'ALADDIN (qui entre avec une pelote de laine et la fait tomber) : Oups, Aladdin, peux-tu
ramasser la pelote s'il-te-plaît ?
ALADDIN : Et vas'y, tu vas la chercher toi-même, ta pelote, j'ai pas qu'ça à faire, j'ai un rencart avec
des potes !
Il sort, donnant un coup de pied dans la pelote qui roule jusque dans les coulisses.
MÈRE D'ALADDIN (qui court après sa pelote) : Aladdin, reviens ici, viens aider ta pauvre mère !
Aladdin joue à se faire courser par sa mère, se cache, revient, etc.
SHÉHÉRAZADE : Un jour qu'il traînait dans un des plus grands souks de la ville...
ALADDIN : Yo, c'est le souk ici ! (Il provoque les spectateurs du premier rang).
Scène 4
SHÉHÉRAZADE : Un étranger vint à passer par là. (Entrée de l'étranger). C'était un magicien très
fort, diplômé des sciences occultes et des pratiques vaudou de l'Université très réputée de Bagdad,
mais qui se faisait passer pour un marchand.
LE MAGICIEN (à part) : Voici enfin le garçon que je cherchais depuis si longtemps, celui qui m'a fait
voyager à travers les contrées du grand empire perse, hé hé hé... (Il s'approche d'Aladdin et fait
mine de le reconnaître). Mais... Mais... Ne serais-tu pas le fils de Mustafa le tailleur ?
ALADDIN (interloqué) : Euh, oui, c'était mon père...
LE MAGICIEN : « C'était » ? Ah, mon fils, quelle triste nouvelle tu m'apprends là ! Je suis si affligé !
Je rentre de voyage et j'apprends la disparition de mon propre frère ? (Il change complètement
d'attitude.) Mais heureusement, toi, son fils, tu es là ! Quelle joie de rencontrer enfin mon neveu.
Viens embrasser ton oncle !
Aladdin embrasse le magicien.
39
LE MAGICIEN : J'aimerais faire quelque chose pour toi, que dirais-tu de devenir un homme riche
comme moi ?
ALADDIN : Euh, je ne sais pas... Qu'est-ce qui me prouve que vous êtes riche ?
LE MAGICIEN : Comme je te l'ai dit, je rentre d'un grand voyage. Mon métier de marchand m'a
permis de gagner beaucoup d'argent. Tiens, voici dix dirhams pour toi, je pourrais t'en faire gagner
mille fois plus si tu fais ce que je te dis.
ALADDIN : Whaouh, dix dirhams ! Et je pourrais en gagner mille fois plus ?
LE MAGICIEN : Mille fois, tu as ma parole !
ALADDIN : C'est d'accord !
LE MAGICIEN : Viens, suis-moi, je vais te montrer quelque chose.
Le magicien et Aladdin marchent en faisant du sur-place.
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin se mirent en chemin. Ils prirent une rue, puis une autre...
ALADDIN : C'est encore loin ?
LE MAGICIEN (rassurant) : Non.
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin sortirent du souk...
ALADDIN : On arrive bientôt ?
LE MAGICIEN (rassurant) : Oui, bientôt.
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin traversèrent un quartier de la ville qu'Aladdin ne
connaissait pas...
ALADDIN : Il y en a pour longtemps encore ?
LE MAGICIEN : Non, pas très longtemps.
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin sortirent de la ville et entrèrent dans le désert...
ALADDIN : On arrive quand ?
LE MAGICIEN (sèchement) : Dans pas longtemps.
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin marchèrent plusieurs heures à travers le désert...
ALADDIN : C'est ça que tu appelles pas longtemps ?
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LE MAGICIEN (l'imitant, excédé) : « C'est ça que tu appelles pas longtemps ? »
ALADDIN : Non, parce que ça fait des heures qu'on marche !
LE MAGICIEN (l'imitant, excédé) : « Non, parce que ça fait des heures qu'on marche ! »
ALADDIN : En plus, il fait chaud sous ce soleil de plomb !
LE MAGICIEN : « En plus, il fait chaud sous ce soleil de plomb ! »
ALADDIN : T'arrête de répéter tout ce que je dis ?
LE MAGICIEN : « T'arrête de répéter tout ce que je dis ? »
ALADDIN : Je suis un idiot de marchand !
LE MAGICIEN : « Je suis un... » (Il s'interrompt).
SHÉHÉRAZADE : Le magicien et Aladdin arrivèrent au fond d'une vallée étroite...
ALADDIN : Alors, c'est quand qu'on arrive ?
LE MAGICIEN : Et bien, nous y sommes !
ALADDIN : Ah, enfin !
Scène 5
LE MAGICIEN : A présent, tais-toi et regarde ! (Il prononce une formule magique :) « Baraka
couscous allal kif-kif bourricot mamelouk zénith babouche de smala élixir de nabab merguez frites
de fatma curcuma belle gazelle, le méchoui dans la casbah ».
Sons de tremblements de terre et d'éboulements. Fumée. Le rideau s'ouvre sur une grotte pleine de
trésors.
SHÉHÉRAZADE : Aladdin, qui n'était pas habitué à la magie, s'enfuit à toutes jambes.
ALADDIN : Aah, au secours !
Il court et traverse un décor.
LE MAGICIEN : Viens ici et regarde, où sinon, je vais t'en mettre une que tu t'en souviendras
jusqu'à la fin de ta vie !
Aladdin s'arrête et regarde la grotte au trésor.
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LE MAGICIEN : Alors ?
ALADDIN (qui siffle d'admiration) : Piiuut, c'est pour moi, tout ça ?
LE MAGICIEN : Pas encore. D'abord, tu dois m'écouter.
ALADDIN : Encore ? Mais je fais que ça ! En plus, si c'est pour que je m'en ramasse une que je m'en
souviendrais jusqu'à la fin de ma vie !...
LE MAGICIEN (qui se reprend) : C'est vrai que je t'ai parlé un peu brusquement tout-à-l'heure,
mais, crois-moi, c'est pour ton bien. C'est parce que je tiens plus à toi que n'importe qui d'autre,
comme un oncle tient à son neveu, et surtout que je crois en toi !
ALADDIN : Ah oui ?
LE MAGICIEN : Bien sûr ! Écoute, tu vas entrer dans cette grotte et tu vas aller tout au fond. Sur ton
chemin, tu verras plein de bijoux, des jarres remplies d'or et des tas de trésors ; surtout, n'y touche
pas sinon, tu seras instantanément changé en bloc de pierre. Quand tu seras au fond, tu trouveras
une lampe à huile, tu la prendras et tu me la rapporteras.
ALADDIN : D'accord, mais pourquoi vous n'y allez pas, vous ?
LE MAGICIEN : Parce que je veux que tu deviennes un homme, mon neveu !
ALADDIN : Je ne sais pas quoi répondre !
LE MAGICIEN : Alors ne dis rien. Tiens, je te donne mon anneau. Mets-le à ton doigt et il te
protégera de tous les dangers. (Il lui donne son anneau). A présent, entre !
SHÉHÉRAZADE : Aladdin entreprit d'entrer dans la grotte.
Aladdin entre en maugréant.
ALADDIN : Devenir un homme, devenir un homme, qu'est-ce qu'il faut pas faire pour devenir un
homme ! Pas le droit de toucher aux trésors ! Je voudrais bien l'y voir, lui ! Des trésors partout et
on peut même pas y toucher. Si c'est comme ça que je vais devenir riche, et ben il va falloir qu'il
m'explique ! On peut pas devenir riche si on peut même pas toucher les trésors qu'on a sous le
nez !
LE MAGICIEN : Alors est-ce que tu trouves la lampe ?
ALADDIN : Oui, oui, mon oncle, je sens que j'approche... (Aladdin voit la lampe). Ca y est, je la
vois ! (Il s'approche et la prend). Bah, elle est toute petite !
LE MAGICIEN : Alors, ça vient ?
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ALADDIN : Oui, je l'ai, mon oncle, j'arrive... Oh, des pierres précieuses... (Il en prend quelques unes
qu'il glisse dans sa poche).
LE MAGICIEN : Dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire !
ALADDIN : J'arrive, j'arrive...
LE MAGICIEN : Allez, allez...
ALADDIN : Je suis là, mon oncle...
LE MAGICIEN : Ah te voilà ! Allez, donne-moi la lampe, vite !
ALADDIN : Mais mon oncle, aidez-moi à sortir d'abord...
LE MAGICIEN : Tu vas me donner cette foutue lampe !
Aladdin recule, effrayé.
LE MAGICIEN : Viens ici ou je t'en mets une que tu t'en souviendras jusqu'à la fin de ta vie !
ALADDIN : Encore ? Alors là, pas question !
LE MAGICIEN : Ah c'est comme ça que tu le prends ? Et bien, très bien, tu veux y rester, alors
restes-y, dans ta grotte ! (Il prononce une formule magique :) « Plus de casbah, plus de méchoui,
mouche-toi et mange ton curcuma ! » (On entend un grondement de tonnerre : la grotte se
referme).
ALADDIN : Non, ne me laissez pas !
LE MAGICIEN (sur l'air des « 3 petits cochons » ) :
Qui c'est qu'a fait le malin, c'est pas moi, c'est pas moi
Qui a trahi l'magicien, c'est pas moi non plus !
Maintenant, tu vas rester, dans ta grotte, dans ta grotte,
Et moi, je vais m'en aller et t'es plus mon pote !
(Il sort. Aladdin reste seul dans la pénombre).
Scène 6
ALADDIN (qui tatonne dans le noir) : Mon oncle ? Mon oncle ? Où êtes-vous, mon oncle ? Je ne
vois plus rien ? Mon oncle, que se passe-t-il ? Revenez, mon oncle ! Ne me laissez pas tout seul !
Mon oncle !!
SHÉHÉRAZADE : Resté seul, Aladdin fut pris d'une grande inquiétude. Il se tordit les mains si fort
qu'il frotta sans le vouloir l'anneau que le magicien lui avait donné. C'est alors que...
43
Musique Cleopatra in New York, de Nickodemus. Fumée. Un esprit apparaît sous les traits d'une
danseuse.
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Salut !
ALADDIN : Qui êtes-vous ?
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Je suis l'esclave de l'anneau, sur la terre, dans les airs et sur l'eau, et je
commençais à m'ennuyer, ça faisait un petit moment qu'on avait pas fait appel à moi !
ALADDIN : Qu'est-ce que vous faites là ?
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Je viens te le dire, je suis l'esclave de l'anneau... Sur la terre, dans les airs
et sur l'eau... L'anneau ! (Aladdin ne comprend pas). Celui que tu portes à ton doigt (elle désigne
l'anneau).
ALADDIN : Aaah, l'anneau... Celui que m'a laissé mon oncle ?
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : C'est ça !... Enfin, c'était pas vraiment ton oncle, mais ça change rien à
l'affaire, c'est bien le même anneau ! Bon, qu'est-ce que tu veux ?
ALADDIN : Comment ça, qu'est-ce que je veux ?
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Je suis là, alors qu'est-ce que tu veux ?...
ALADDIN : Tu es là ?...
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Ben couillon, il est pas aidé, celui-là ! Bon, on va la faire protocolaire : « Je
suis l'esprit de l'anneau, sur la terre, dans les airs et sur l'eau. Que veux-tu ? Parle, et je t'obéirai ! »
ALADDIN : …
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Bon, j't'explique : si moi, on me demandait ce que je veux, je dirais que je
veux être une star à Hollywood ! Tu sais, les movie stars ? Les paillettes, les diamants, la célébrité...
C'est mon truc, ça, ça a toujours été mon truc ! Je danserais sur tous les écrans du monde, je
poserais pour les magazines, j'aurais une villa à Beverly Hills avec une piscine de 30 000 mètres
cubes ! Et puis je ferais des fêtes de stars, où j'inviterais des stars, on fera des repas de stars et on
dansera toute la nuit comme des stars... Tu comprends ?
ALADDIN : Je comprends surtout que tu n'arrives pas à réaliser ton souhait alors que tu es
« l'esprit-de-l'anneau-sur-la-terre-dans-les-airs-et-sur-l'eau !
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Oui, je suis « l'esprit-de-l'anneau-sur-la-terre-dans-les-airs-et-sur-l'eau ! Et
c'est bien pour ça que je ne peux pas réaliser mes souhaits ! Je ne peux réaliser que ceux des
autres ! Et si c'est pour me dire ça que tu m'as fait venir, moi, je repars d'où je viens !
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Elle va pour sortir.
ALADDIN : Non, attends !
Elle s'arrête.
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Quoi ?
ALADDIN : J'ai quelque chose à te demander.
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Ah, quand même !
ALADDIN : Je ne suis pas sûr que tu y arrives, mais bon, on peut toujours essayer... En fait,
j'aimerais sortir d'ici !
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Et ben, tu vois, c'est pas compliqué ! (A la régie :) Aymeric, tu peux
allumer la lumière s'il-te-plaît ! (La scène s'illumine). Voilà, t'as juste à descendre l'escalier et t'y
es !
ALADDIN (aveuglé) : Merci !
L'ESPRIT DE L'ANNEAU : Pas de quoi ! La prochaine fois, demande à Aymeric à la régie. Et si t'as
besoin, t'hésite pas... Esprit de l'anneau, disponible 24h sur 24, sept jours sur sept ! (Elle fait
quelques pas de danse). Tu frottes, je trotte ! Allez, ciao !
Elle sort sur la musique Cleopatra in New York, de Nickodemus. Fumée.
Pour obtenir la fin du texte, veuillez contacter l'auteur à
[email protected]
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