Banque Mondiale

Transcription

Banque Mondiale
EPP- PNDR
Banque Mondiale
APB Consulting
Coopération Française
PROGRAMME RURALSTRUC
___________________
LES IMPLICATIONS STRUCTURELLES DE LA
LIBERALISATION SUR L’AGRICULTURE ET LE
DEVELOPPEMENT RURAL
___________________
Première phase : Synthèse Nationale
Madagascar
___________________
PIERRE BERNARD Alain
RAMBOARISON Rivo
RANDRIANARISON Lalaina
RONDRO-HARISOA Lydia
Antananarivo, Janvier 2007
Le programme RuralStruc sur les « Implications structurelles de la libéralisation sur
l’agriculture et le développement rural » est une initiative conjointe de la Banque mondiale et
de la Coopération française (Agence Française de Développement, Ministère de l’Agriculture
et de la Pêche, Ministère des Affaires Etrangères, Centre de Coopération Internationale en
Recherche Agronomique pour le Développement).
D’une durée de deux ans (2006-2008), son objectif est de proposer une analyse renouvelée sur
les processus de libéralisation et d’intégration économique, dépassant la seule dimension
commerciale, et sur leurs conséquences sur l’agriculture et le secteur rural des pays en
développement. Les résultats obtenus permettront d’améliorer le débat entre partenaires
nationaux et internationaux et de fournir des orientations sur les politiques destinées au
secteur agricole et au monde rural.
Le programme repose sur un dispositif comparatif de sept pays – Mexique, Nicaragua, Maroc,
Sénégal, Mali, Kenya et Madagascar – correspondant à des stades différents du processus de
libéralisation et d’intégration économique et conduit ses travaux avec des équipes d’experts et
chercheurs nationaux. Deux phases ont été retenues : une première phase d’état des lieux ; une
seconde phase d’études de cas sectorielles et régionales.
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/COUNTRIES/AFRICAEXT/0,,menuPK:311690~pagePK:146
732~piPK:64087638~theSitePK:258644,00.html
La présente étude porte le nom de ses auteurs et doit être utilisée et citée de manière
appropriée. Les résultats, interprétations et conclusions sont celles des auteurs et n’engagent
pas la Banque mondiale, son conseil d’administration, son management et ses Etats-membres.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
ii
AVANT-PROPOS
Le présent rapport présente le cas de Madagascar et est le fruit d’une collaboration efficace entre les
consultants 1 du Cabinet APB Consulting, les membres du Comité de Pilotage et divers partenaires
techniques et financiers présents à Madagascar.
Les diverses étapes d’avancement de ce travail ont fait l’objet de présentation et de discussion au
niveau du Comité de Pilotage, élargi aux divers partenaires techniques et financiers 2, dirigé par
l’Equipe Permanente de Pilotage du Plan National du Développement Rural (EPP-PNDR), au sein de
la Primature. Ces séances de travail se sont déroulées le 20 septembre 2006 et le 7 novembre 2006.
L’équipe de consultants se félicite d’avoir pu bénéficier de la présence, de la compétence et du
dynamisme d’un Comité de Pilotage qui s’est réellement impliqué tout au long de ce travail, en
apportant un appui efficace et en prodiguant des conseils pertinents. Nous tenons ainsi à remercier
tout particulièrement les personnes suivantes, membres ou non du Comité de Pilotage de la présente
étude :
-
Madame Bebe RAZAIARIMANANA, de l’EPP-PNDR
Madame Joceline SOLONITOMPOARINONY, de l’UPDR
Madame Bénédicte GASTINEAU, de l’IRD-ICM
Madame Marie Hélène DABAT, du CIRAD
Monsieur Jean Pierre ROLLAND, de l’UPDR
Monsieur Olivier JENN-TREYER, du SMB
Nous tenons aussi à remercier les divers participants aux deux séances de présentation et de
discussion des étapes intermédiaires du présent travail. La pertinence de leurs observations a permis
d’affiner les divers aspects abordés dans le présent rapport.
1
PIERRE BERNARD Alain, RAMBOARISON Rivo, RANDRIANARISON Lalaina et RONDRO-HARISOA Lydia.
Banque Mondiale, l’AFD, le SCAC de l’Ambassade de France, l’Union Européenne, l’USAID, le FIDA, le Secrétariat Multi
Bailleurs, le CIRAD, l’IRD, le MAEP (DAPP, DSI, UPDR), l’ESSA – Filière Agro-management, l’INSTAT et la Coalition Paysanne
de Madagascar
2
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
iii
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
iv
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE : PLACE ET ROLES DE L’AGRICULTURE DANS LA
CONFIGURATION NATIONALE : LES GRANDES TENDANCES ............................ 1
1.
REPERES HISTORIQUES ...................................................................................... 2
1.1.
Chronologie des événements politiques .................................................................2
1.1.1.
Période précoloniale.................................................................................................2
1.1.2.
L’ère coloniale, 1896-1960 .......................................................................................3
1.1.3.
L’Indépendance, la Première République et la transition militaire, 1960 – 1975......3
1.1.4.
La deuxième république, 1975-1992 ........................................................................3
1.1.5.
La troisième République, à partir de 1993................................................................4
1.2.
Les politiques agricoles et de développement rural ...............................................5
2.
DONNEES DEMOGRAPHIQUES ............................................................................ 10
2.1.
Une croissance démographique encore forte .......................................................10
2.2.
Une population très jeune .......................................................................................11
2.3.
Une faible urbanisation............................................................................................12
2.4.
Une population majoritairement rurale et agricole................................................13
2.5.
Une faible densité et une répartition spatiale très inégale ...................................14
2.6.
Plus de 300 000 jeunes nouveaux arrivants essentiellement ruraux sur le
marché du travail..................................................................................................................16
2.7.
Des phénomènes migratoires peu importants ......................................................16
2.7.1.
Très peu de migrations externes ............................................................................16
2.7.2.
Des migrations internes limitées et conjoncturelles................................................17
2.8.
Une population croissante et donc des besoins alimentaires qui augmenten t 18
2.9.
Une population à forte majorité de pauvres ..........................................................18
3.
PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE NATIONALE ................................... 20
3.1.
Une population active très majoritairement agricole ............................................20
3.2.
L’agriculture, le secteur moteur de l’économie malgache ...................................22
3.2.1.
Un PIB qui progresse de 2,7%/ an depuis 1993.....................................................22
3.2.2.
Une inflation annuelle de près de 15% depuis 1972 ..............................................23
3.2.3.
Un PIB dépendant majoritairement de l’agriculture et de la filière rizicole..............23
3.2.4.
Une part croissante de l’Elevage et de la Pêche dans le PIB agricole ...................25
4.
ECHANGES INTERNATIONAUX ............................................................................ 27
4.1.
Un déficit commercial qui se creuse ......................................................................27
4.2.
Des exportations concentrées sur quelques produits et quelques marchés.....27
4.2.1.
Une baisse de la part des exportations agricoles ...................................................27
4.2.2.
L'Europe demeure de premier débouché des produits malgaches ........................29
4.3.
Des importations en progression sensible ............................................................30
4.3.1.
Stagnation de la part des produits alimentaires dans les importations malgaches 30
4.3.2.
L'Europe : un premier fournisseur contesté............................................................31
4.4.
Termes de l’échange ................................................................................................32
4.5.
Accords commerciaux et régimes préférentiels : vers une ouverture accrue des
marchés.................................................................................................................................32
4.5.1.
L’OMC, la référence pour les relations commerciales internationales....................33
4.5.2.
Les relations UE-ACP : une remise en cause des privilèges accordés par les
Conventions de Lomé ? .........................................................................................................33
4.5.3.
L’AGOA ..................................................................................................................33
4.5.4.
Les accords régionaux : COI, COMESA et SADC..................................................33
4.5.5.
Les autres Accords commerciaux...........................................................................34
4.5.6.
Les enjeux ..............................................................................................................34
4.6.
Une monnaie ayant connu une longue période de dépréciation .........................35
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
v
4.7.
Fiscalité et dette .......................................................................................................35
4.7.1.
Une perte de recettes fiscales devant être compensée..........................................35
4.7.2.
Un service de la dette plus faible aujourd’hui du fait de l’IPPTE ............................36
5.
LES GRANDES CARACTERISTIQUES DU SECTEUR AGRICOLE ................................. 38
5.1.
5.1.1.
5.1.2.
5.1.3.
5.2.
5.2.1.
5.2.2.
5.2.3.
5.2.4.
5.2.5.
5.3.
5.4.
Espaces et ressources naturelles...........................................................................38
Un espace différemment exploité, et doté d’un potentiel naturel............................38
Eau : une ressource abondante faiblement exploitée.............................................38
Qualité de sols, forêts, et risques ...........................................................................39
Structures agraires et productions.........................................................................39
Structure agraire .....................................................................................................39
Production et rendement ........................................................................................40
Les systèmes de cultures .......................................................................................43
Les systèmes d’élevage .........................................................................................46
Les systèmes de pêche ..........................................................................................47
Des produits agricoles essentiellement destinés à l’autoconsommation ..........47
Un développement encore récent de l'agro-industrie...........................................48
6.
POLITIQUES PUBLIQUES .................................................................................... 50
6.1.
Périodisation et politique de développement rural ...............................................50
6.2.
Dotation en biens publics........................................................................................53
6.2.1.
Recherche ..............................................................................................................53
6.2.2.
Infrastructures (irrigation, piste) ..............................................................................54
6.3.
Financement du développement agricole et rural.................................................55
6.3.1.
Financement public et leur évolution ......................................................................55
6.3.2.
Evolution des politiques des bailleurs de fonds ......................................................55
6.3.3.
Investissements directs étrangers dans l’agriculture et dans l’agro-alimentaire.....56
CONCLUSION ......................................................................................................... 58
DEUXIEME PARTIE : LA STRUCTURE DES MARCHES AGRICOLES ET AGROALIMENTAIRES ET LEUR EVOLUTION ................................................................. 61
1.
LES MARCHES DES PRODUITS ET LES FILIERES.............................................. 62
1.1.
Organisation des marchés et types de filières ......................................................62
1.2.
Présentation des filières significatives ..................................................................64
1.2.1.
La filière riz : pilier de l’économie malgache ...........................................................68
1.2.2.
La filière haricot vert : un marché segmenté, une réussite à l’export .....................74
1.2.3.
La filière sucre : une filière en crise et en attente de privatisation ..........................76
1.2.4.
La filière lait ............................................................................................................80
1.2.5.
La filière coton : une privatisation récente pour répondre à la crise .......................83
1.2.6.
La filière crevette : un bon exemple de durabilité et de diversification à l’export....86
1.2.7.
La filière litchi : organisation de la commercialisation autour de la qualité export ..87
2.
LE MARCHE DES FACTEURS ............................................................................... 89
2.1.
2.1.1.
2.1.2.
2.1.3.
2.2.
2.3.
2.3.1.
2.3.2.
2.3.3.
2.3.4.
2.4.
2.5.
Le marché des intrants ............................................................................................89
Engrais : un produit cher et peu utilisé ...................................................................89
Matériel agricole : des spécificités géographiques .................................................91
Semences : faible production et utilisation des variétés améliorées ......................92
Le marché du foncier : sécuriser les paysans.......................................................94
Le marché du crédit : un accès toujours difficile ..................................................95
Offre en financement rural ......................................................................................95
Subventions pour le financement rural ...................................................................97
Demande potentielle en crédit ................................................................................97
Fixation du taux de base (ou taux nominal) des SFD.............................................98
Relance récente du marché du conseil agricole ..................................................99
L’importance du salariat agricole .........................................................................100
3.
L’EVOLUTION DES PRIX RELATIFS .....................................................................102
3.1.
Evolution des prix des produits agricoles ...........................................................102
3.1.1.
Riz ........................................................................................................................102
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
vi
3.1.2.
Maïs ......................................................................................................................103
3.1.3.
Café ......................................................................................................................104
3.1.4.
Vanille...................................................................................................................105
3.1.5.
Arachide ...............................................................................................................105
3.1.6.
Coton ....................................................................................................................106
3.2.
Evolution des prix des intrants agricoles ............................................................107
3.3.
Ratio NPK/Paddy ....................................................................................................107
CONCLUSION ........................................................................................................109
TROISIEME PARTIE : LES PROCESSUS DE SEGMENTATION DES
STRUCTURES DE PRODUCTION : TENDANCES OBSERVEES ET
CONSEQUENCES ..................................................................................................115
1.
LES INDICATEURS DE CHANGEMENT ..................................................................116
1.1.
1.2.
1.3.
1.3.1.
1.3.2.
1.3.3.
1.4.
1.5.
1.5.1.
1.5.2.
1.6.
Evolution du nombre d’exploitations agricoles ..................................................116
Evolution de la distribution provinciale par taille des exploitations .................117
Evolution du niveau technique .............................................................................118
Mécanisation des exploitations agricoles à l’état embryonnaire...........................118
Intrants : une denrée de moins en moins utilisée .................................................119
Irrigation : un bien difficilement maîtrisable, et inégalement réparti......................121
Un marché foncier non développé en milieu rural ..............................................122
Diversification et pluriactivite : des stratégies d'adaptation paysanne ............124
La diversification des productions.........................................................................124
La pluriactivité.......................................................................................................125
Salariat agricole : activité localisée quoique capitale pour certaines cultures 126
2.
LE PROCESSUS DE DIFFERENCIATION ................................................................128
2.1.
Les facteurs explicatifs..........................................................................................128
2.1.1.
L’évolution du milieu naturel .................................................................................128
2.1.2.
L’évolution de l’environnement économique et institutionnel................................130
2.1.3.
L’adaptation aux exigences des marchés.............................................................133
2.2.
Les conséquences structurelles...........................................................................134
2.2.1.
La stagnation des rendements agricoles ..............................................................134
2.2.2.
Performance du secteur et revenus des ménages ...............................................138
2.2.3.
Typologies de situations contrastées....................................................................143
2.2.4.
La structuration des filières par la coordination verticale......................................145
CONCLUSION .............................................................................................................147
QUATRIEME PARTIE : RISQUES ET BLOCAGES IDENTIFIABLES, POSSIBILITE
D’ADAPTATION ET RECOMPOSITION EN COURS .............................................149
1.
RISQUES DE BLOCAGES ET IMPASSES DE TRANSITION ........................................150
1.1.
Sur le plan démographique ...................................................................................150
1.1.1.
Fort taux d’accroissement de la population ..........................................................150
1.1.2.
Accélération quasi-exponentielle de la cohorte ....................................................150
1.2.
Une saturation foncière relative débouchant sur une pression forte sur les
ressources naturelles ........................................................................................................150
1.3.
Une stagnation de la productivité liée à la faiblesse du marché des facteurs .151
1.4.
L’activité principale de la population agricole concentrée sur le riz.................151
1.5.
Une concurrence croissante des produits importés...........................................152
1.6.
Une limitation des exportations, avec une concentration sur quelques produits
152
1.7.
Une stagnation de la pauvreté rurale ...................................................................153
1.8.
Faiblesse de l’agro-industrie.................................................................................153
1.9.
Faiblesse de structuration paysanne ...................................................................154
1.10.
Faiblesses des institutions................................................................................154
2.
ADAPTATION ET PORTE DE SORTIE ....................................................................154
2.1.
Adaptation en cours...............................................................................................154
2.1.1.
Au niveau des exploitations agricoles...................................................................154
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
vii
2.1.2.
Meilleure organisation et intégration des filières et des marchés .........................156
2.1.3.
Diversification et pluriactivité : une adaptation et une stratégie des paysans.......157
2.1.4.
Au niveau des institutions .....................................................................................158
2.2.
Portes de sortie ......................................................................................................158
2.2.1.
Migration interne et externe ..................................................................................158
2.2.2.
Réforme foncière ..................................................................................................161
2.2.3.
Développement des activités non agricoles .........................................................162
2.2.4.
Zones favorables identifiées .................................................................................164
2.2.5.
Ouverture sur des marchés régionaux et internationaux......................................164
2.2.6.
Investissement étranger dans l’agriculture ...........................................................165
2.2.7.
La mise en œuvre du MAP ...................................................................................165
CONCLUSION .............................................................................................................167
ANNEXES ...............................................................................................................169
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................183
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
viii
SIGLES, ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ABC
:
Agriculture Business Center
AC
:
Assistant de Culture
ACP
:
Afrique Caraïbes Pacifique
AD2M
:
Projet d’Appui au Développement de Menabe et de Melaky
ADEFI
:
Institution financière non mutualiste spécialisée dans la micro finance des
zones urbaines
ADRA
:
ONG Adventiste Américaine
AECA
:
Institution financière mutualiste mise en place par CIDR à Marovoay
AFD
:
Agence Française de Développement
AFOA
:
Afrique Orientale et Australe
AGETIPA
:
Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public d’Antananarivo
AGOA
:
African Growth Opportunity Act
AGR
:
Activité Génératrice de Revenus
AGRIVET
:
Société privée spécialisée dans la vente d’intrants
ANAE
:
Association Nationale des Actions pour l’Environnement
ANGAP
:
Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées
ANP
:
Assemblée Nationale Populaire
APE
:
Accords de Partenariat Economique
APIFM
:
Agence de Promotion des Institutions Financières Mutualistes
AQUALMA
:
Aquaculture de Madagascar
AREMA
:
Avant-garde pour la Rénovation de Madagascar (parti de l’opposition au
pouvoir actuel)
BAD
:
Banque Africaine de Développement
BAMEX
:
Business And Market Expansion
BCSR
:
Bureau de Commercialisation et de Stabilisation du Riz
BNI
:
Banque Nationale Industrielle (filiale du Crédit Agricole français)
BOA
:
Bank of Africa
BTP
:
Bâtiments et Travaux Publics
BV Lac
:
Bassin versant Lac Alaotra
BV-PI
:
Bassins versants –Périmètres irrigués
CAF
:
Coût, Assurance et Fret
CAR
:
Collectivités Autochtones Rurales
CARE
:
ONG américaine
CASA
:
Crédit d’Ajustement Structurel pour l’Agriculture
CEAMP
:
Institution de développement de la Première République
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
ix
CECAM
:
Caisse d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuels
CFAMA
:
Centre de Formation Appliquée au Machinisme Agricole
CFDT
:
Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles
CMCS
:
Centre Malgache de la Canne et du Sucre
CMCS
:
Centre Malgache de Canne à Sucre
CMS
:
Centre Multiplicateur de Semence
CNC
:
Conseil National de Coordination des Travaux de Réhabilitation des
Dégâts Cycloniques
CNCC
:
Centre National d’Appui à la Commercialisation du Café
CNRE
:
Centre National de la Recherche sur l’Environnement
CNRIT
:
Centre National de Recherche Industrielle et Technologique
CNS
:
Conseil National de Secours
COI
:
Commission de l’Océan Indien
COMESA
:
Common Market for Eastern and Southern Africa (Marché commun de
l’Afrique Orientale et Australe)
CORA
:
Enseigne de supermarchés du Groupe Vendemia
COROI
:
Comptoir de l’Océan Indien
COTONA
:
Cotonnière d’Antsirabe
CPM
:
Coalition Paysanne de Madagascar
CRESAN
:
Crédit de Renforcement du secteur Santé
CRESED
:
Crédit de Renforcement du secteur Education
CRS
:
Catholic Relief Service
CSA
:
Centre de Service Agricole
CSA
:
Centres de Services Agricoles
CTHA
:
Centre Technique Horticole d’Antananarivo
CTHT
:
Centre Technique Horticole de Toamasina
DAGRIS
:
Développement des Agro-Industries du Sud
DCPE
:
Document Cadre de Politique Economique
DGE
:
Direction Générale de l’Economie
DGEF
:
Direction Générale des Eaux et Forêts
DGP
:
Direction Générale du Plan
DIANA
:
Région de Diégo (Antsiranana), Ambilobe, Nosy Be et Ambanja
DSI
:
Direction du Système d’Informations
DSM
:
Direction des Statistiques des Ménages
DSRP
:
Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté
DTS
:
Droit de Tirages Spéciaux
ECI
:
Equilibre Compétitif Intégré
ECS
:
Equilibre Compétitif Segmenté
ENA
:
Entreprise Non Agricole
ENC
:
Equilibre Non Compétitif ou déséquilibre
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
x
EPM
:
Enquête Périodique auprès des Ménages
ERI
:
Eco-Régional Investisment (projet financé par USAID)
FAO
:
Food and Agriculture Organisation
FCV
:
Fonds de Contre Valeur
FENAPI
:
Fédération Nationale des Apiculteurs
FER
:
Fonds d’Entretien Routier
FERHA
:
Fonds d’Entretien des Réseaux Hydro-Agricoles
FIAVAMA
:
Société d’importation et de distribution d’intrants et de pesticides
FID
:
Fonds d’Intervention pour le Développement
FIDA
:
Fonds International pour le Développement de l’Agriculture
FIDES
:
Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social
FIFABE
:
Société d’Aménagement de la Plaine de Betsiboka
FIFAMANOR
:
Fikambanana Fifanampiana Malagasy Norveziana (Association pour la
Coopération Malgache - Norvégien)
FIFATA
:
Structure faîtière paysanne
FMG
:
Franc malgache (1 Ariary = 5 Fmg)
FMH
:
Fikambanan’ ny Mpamboly miara-miasa amin’i Hasyma (Association des
planteurs collaborant avec HASYMA)
FMI
:
Fonds Monétaire International
FOB
:
Free On Board
FOFIFA/CENRADERU
:
Foibe Fikarohana momba ny Fampandrosoana ny eny Ambanivohitra
(Centre National de la Recherche Appliquée au Développement Rural)
FRPC
:
Fonds pour la Réduction de la Pauvreté
GAPCM
:
Groupement des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar
GATT
:
General Agreement on Trade and Tariffs
GC
:
Groupements de Collectivités
GOPR
:
Groupement des Opérations de Productivité Rizicole
GPS
:
Groupement de producteurs semenciers
GSDM
:
Groupement de Semis Direct de Madagascar
HACCP
:
Analyse des dangers et points critiques à maîtriser
HAE
:
Haute Autorité de l’Etat
HASYMA
:
Hasy Malagasy (Coton Malgache)
HIMO
:
Haute Intensité de Main d’Oeuvre
IAA
:
Industrie Agro-Alimentaire
ICAR
:
Institution financière mutualiste
ICM
:
Institut Catholique de Madagascar
IFPRI
:
International Food Policy Research Institute
IMF
:
Institution de Micro-Finance
IMVAVET
:
Institut malgache de production de vaccins vétérinaires
INSTAT
:
Institut National de la Statistique
INTERQUEM
:
Société d’importation et de distribution d’intrants et de pesticides
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xi
IPFRI
:
Institut international de recherche sur le riz
IPPTE
:
Initiative en faveur des Petits Pays Très Endettés
IRAM
:
Institut de Recherches Agronomiques de Madagascar
IRD
:
Institut de Recherche pour le Développement (ex-ORSTOM)
IREDEC
:
Institut de Recherche sur Développement Communautaire
LDC
:
Low Developed Country
LECOFRUIT
:
Légumes, Condiments, Fruits de Madagascar
LPDR
:
Lettre de Politique du Développement Rural
MADIO
:
Madagascar, Dial, Instat, Orstom
MAEP
:
Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
MAP
:
Madagascar Action Plan
MAVAM
:
Mahanoro, Anosibe An’Ala, Vatomandry, Antanambao Manampotsy
MCA
:
Millenium Challenge Account
MEFB
:
Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget
MHL
:
Opération Micro Hydraulique
MICDSP
:
Ministère de l’Industrialisation, du Commerce et du Développement du
Secteur Privé
MTPT
:
Ministère des Travaux Publics et du Transport
ND
:
Non déterminé
NORAD
:
Agence de Coopération Norvégienne
OCAM
:
Organisation de la Communauté Africaine et Malgache
OIM JB
:
Omnium Industriel Malgache JB
OMC
:
Organisation Mondiale du Commerce
ONE
:
Office Nationale de l’Environnement
ONG
:
Organisation Non Gouvernementale
OP
:
Organisation Paysanne
OPA
:
Organisation Paysanne Agricole
OPEP
:
Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
OPR
:
Opération de Productivité Rizicole
OTIV
:
Ombona Tahiry Ifampisamborana Vola (Mutuelle d’Epargne et de Crédit)
OUA
:
Organisation de l’Unité Africaine
PADR
:
Plan d’Action du Développement Rural
PAEA
:
Projet d’Appui à l’Exportation Agricole
PAM
:
Programme Alimentaire Mondial
PANSA
:
Plan d’action national pour la sécurité alimentaire
PAS
:
Programme d’Ajustement Structurel
PC
:
Périmètre de Colonisation
PDRA
:
Plan Directeur de la Recherche Agricole
PED
:
Pays en développement
PGE
:
Politique Générale de l’Etat
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xii
PHBM
:
Projet Haut Bassin du Mandrare
PIB
:
Produit Intérieur Brut
PIC
:
Pôles Intégrés de Croissance
PIP
:
Programme d’Investissement Public
PIRD
:
Périmètre Ikopa Rive Droite
PISA
:
Projet intégré du Sud financé par la GTZ
PMA
:
Pays les moins avancés
PN
:
Prix Nominal
PN2D
:
Politique Nationale de Décentralisation et de Déconcentration
PNDR
:
Politique Nationale de Développement Rural
PNRA
:
Projet National de la Recherche Agricole
PNUD
:
Programme des Nations Unies pour le Développement
PNVA
:
Programme national de vulgarisation agricole
PPI
:
Petits périmètres irrigués
PPISE
:
Projet Périmètre Irrigué du Sud Est
PPRR
:
Programme de Promotion des Revenus Ruraux
PR
:
Prix Réel
PRBM
:
Projet de Réhabilitation du périmètre de Bas Mangoky
PROCHIMAD
:
Produits Chimiques de Madagascar
PROJER
:
Projet d’insertion des jeunes ruraux
PSD
:
Parti Social Démocrate
PSDR
:
Projet de Soutien au Développement Rural
PSE
:
Projet Sectoriel de l’Elevage
PST
:
Projet Sectoriel du Transport
RGPH
:
Recensement Général de la Population et de l’Habitat
ROR
:
Réseau des Observatoires Ruraux
S.A.
:
Société Anonyme
SADC
:
Southern Africa Development Community (Communauté pour le
Développement de l’Afrique Australe)
SAMANGOKY
:
Société d’Aménagement du périmètre du Bas Mangoky
SAMVA
:
Société de ramassage des ordures de la ville d’Antananarivo
SAN
:
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
SARL
:
Société à responsabilité limitée
SAVA
:
Région de Sambava, Vohémar, Antalaha, Andapa
SEDEFITA
:
Société d’Exploitation et de Développement de Taheza
SEIM
:
Société d’Exportation et d’Importation de Madagascar
SEMANA
:
Société de production et de distribution de semences
SEPCM
:
Société d’Exploitation de Produits Chimiques de Madagascar
SFD
:
Systèmes Financiers Décentralisés
SIB
:
Société Industrielle du Boina
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xiii
SICE
:
Société Industrielle et Commerciale de l’Emyrne
SIDEMA
:
Société Industrielle de Développement de Machines Agricoles
SILAC
:
Société de collecte et de rizerie du Lac Alaotra
SINPA
:
Société d’Intérêt National des Produits Agricoles
SIRAMA
:
Siramamy Malagasy (sucre malgache)
SIRANALA
:
Siramamy d’Analaiva (sucre d’Analaiva, devenu SUCOMA)
SMB
:
Secrétariat Multi Bailleurs
SMIG
:
Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti
SMPL
:
Société Malgache des Produits Laitiers
SNGF
:
Silo National des Graines Forestières
SNRA
:
Système National de Recherche Agricole
SOAMA
:
Société d’Aménagement de la plaine d’Andapa
SODEMO
:
Société de développement du Moyen Ouest
SOMACODIS
:
Société Malgache de Conditionnement et de Distribution
SOMACOU
:
Société Malgache de Couverture
SOMALAC
:
Société Malgache d’Aménagement du Lac Alaotra
SOMEAH
:
Société Malgache d’Etudes et d’Aménagement Hydraulique
SOTEMA
:
Société Textile de Madagascar
SP
:
Système de Production
SPG
:
Système de Préférence Généralisé
SRA
:
Système de Riziculture Améliorée
SRA
:
Système de Riziculture Amélioré
SRI
:
Système de Riziculture Intensive
SRI
:
Système de Riziculture Intensif
SUCOMA
:
Sucre Complant de Madagascar
T&V
:
Taining and Visit
TAFA
:
Tany sy Fampandrosoana (ONG Terre et Développement)
TAOBAVY
:
Société de fabrication de matériels métalliques
TIAVO
:
Tahiry Ifampisamborana Vola (Mutuelle d’Epargne et de Crédit)
TIM
:
Tiako I Madagasikara (parti au pouvoir actuellement)
TITEM
:
Institution de microfinance
TSA
:
Tout Sauf les Armes (Initiative européenne de libéralisation)
TVA
:
Taxe sur la Valeur Ajoutée
UE
:
Union Européenne
UNIMA
:
Groupe industriel exploitant entre autre une activité de pêche et
d’aquaculture de crevettes
UPDR
:
Unité de Politique de Développement Rural
US
:
United State
USAID
:
United States Agency for International Development (Agence des EtatsUnis pour le développement international)
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xiv
USD
:
Dollar américain
VMN
:
Vision Madagascar Naturellement
WWF
:
WorldWide Fund for Nature
ZEP
:
Zone d’Echanges Préférentiels
ZIA
:
Zone d’Investissement Agricole
ZLE
:
Zone de libre échange
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xv
MOTS MALGACHES UTILISES
Angady
:
Bêche malgache
Ariary
:
Unité monétaire malgache
Baiboho
:
Zone de décantation des rivières en crue
Fanompoana
:
Service obligatoire dénommé Indigénat (une sorte de travaux forcés auxquels
les indigènes doivent assurer pour le compte des colons)
Fivondronana
:
District ou département
Fokontany
:
Village, quartier (circonscription administrative et territoriale d’une commune)
Lavaka
:
Forme d’érosion en forme de trou géant attaquant les versants des collines
Lemaka
:
Plaine
Mofogasy
:
Galette de riz
Mpanera
:
Démarcheur
Mpihavy
:
Migrant
Mpitarika posy :
Tireur de pousse-pousse
Tanety
:
Pénéplaine, sommet et versant des collines
Tanimbary
:
Rizière
Tanindrazana
:
Terre des ancêtres
Tavy
:
Culture sur brûlis
Tompon-tany
:
Originaire de la zone (1
signification)
ère
signification), Propriétaire d’une parcelle (2ème
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xvi
EXECUTIVE SUMMARY
Rice always at the core of Madagascar’s society and agricultural policies
In order to fully grasp the structural changes in Madagascar’s agriculture, it is necessary to understand
the role rice has played in the country’s economy. Since the reign King Andrianampoinimerina, who
developed the Antananarivo plains at the end of the 18th century, the history of Madagascar and of
the Malagasy society and economy has been closely linked to the cultivation of this cereal. Rice has
always been and is still at the core of agricultural and development policies in Madagascar. Examples
to support this statement include the creation of the large irrigated farm areas in the 1950s, the rice
productivity operations of the First Republic, and the nationalizations during the socialist period.
Consequently, rice cultivation has, throughout history, shaped the country and its farmers. Today, rice
production concerns 87% of the farms and represents 60% of the crop acreage. The dominant
position of rice explains why the GDP structure has not changed over the last 30 years. The
agricultural sector still accounts for 35% of the country’s wealth, and the GDP trend is greatly
influenced by the development of the agricultural sector. . The rice sub-sector is therefore still one of
the key engines of Madagascar’s economy. However, Madagascar has a wide range of temperate or
tropical products, intended mainly for the local and national markets which also structure the
agricultural fabric.
Liberalization has changed the operation of markets after a period of nationalization
and State intervention
While successive agricultural and rural development policies have contributed to establishing the
predominance of rice, other products have benefited from State support during colonization and the
First Republic, particularly traditional export products (coffee, spices, lychee, etc.). Above all, the
agricultural sector was deeply marked by the socialist period. Nationalizations and State intervention
between 1975 and 1986 often had negative impacts on the production and marketing of many
agricultural products. These impacts are still there for some sub-sectors such as sugar, which is being
privatized, and cotton, which was recently privatized.
State divestiture and liberalization of trade initiated under the structural adjustment plans, as well as
deeper integration into the world economy since the 80s, have had very significant consequences on
the operation of markets and strategies of agricultural sub-sectors, without challenging the
predominance of rice.
Have these changes to the economic and institutional environment, as suggested by the assumptions
underlying the study, led to greater integration of the sub-sectors and segmentation of markets?
Prices determined more by the markets
Before the period of structural adjustment and gradual liberalization initiated in the mid 1980s, markets
for basic agricultural products were subject to direct State intervention. Producer prices were the same
throughout the country, and marketing operations were fairly simple, with a limited number of actors.
Today, most of the sub-sectors have been privatized, and prices are now fixed by the forces of
demand and supply with, for some sub-sectors, a strong influence from world prices (cotton, sugar,
coffee, and rice).
With the existence of residual public monopolies (sugar, chewing tobacco) or private pseudomonopolies and oligopolies (cotton, smoking tobacco, or milk), producers are still forced to accept
purchase prices (sugar, cotton, green beans, milk in some cases), while the prices of agricultural
products are generally variable and change according to seasons (rice, maize). For the same product,
the prices can also vary considerably depending on the production area, the degree of inaccessibility
to the area, and the existence or lack of dominant marketing positions.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xvii
Evolution of key sub-sectors
As in many other countries, the liberalization of the market has led to the emergence of several types
of marketing channels and increased number of actors. The number of middlemen between the
producers and the final consumers has increased; the rice sub-sector serves as a good example. This
situation has a significant impact on the structure of the sub-sector, distribution of the value of the
product, and pricing.
For some sub-sectors, such as vanilla or lychee, supervision is exercised by professional bodies in
consultation with the State.
Depending on the level of connection with the local or world market, adjustments of the sub-sectors to
new economic constraints are diverse as shown by the examples analyzed in the report:
•
The rice sub-sector, which is the pillar of Madagascar’s economy, remains a strategic sector
for the State. It is marked by high atomization of agricultural production (the average farm size
is less than 1 ha, and rice farmers are generally versatile), high concentration of whole sale
marketing and imports, and a more competitive processing structure. There is some degree of
integration, since some rice industrialists have contractual relations with rice farmers who
supply them with rice.
Despite price liberalization and privatization of production and marketing, State intervention is
frequent (tax policy, building of stocks, price regulation, import operations, etc.). However,
economic relations between agents depend on the market, which is more or less competitive
depending on the situation. Since 2004, there is also a consultation platform involving all the
stakeholders of the sub-sector and the State.
While liberalization and State divestiture have led to a higher number of actors in marketing,
they have not had the expected impacts on rice production. The price of paddy has remained
too low to act as incentive for farmers to produce more. Production has remained very
traditional, with little use of inputs, and its increase is mainly due to extension of crop areas.
The reduced size of parcels as a result of population growth and transmission of lands does
not really encourage farmers to take risks. The 2004 crisis, which led to sharp increase in the
price of paddy, had an incentive impact and producers increased crop areas, and in certain
cases, intensified production.
The price of local rice, and therefore the price of paddy, depends on world prices. Today,
producers are benefiting from the high world prices which enable them to be competitive.
However, it should be noted there is not only one rice price, but several rice prices in
Madagascar, depending on its variety, the season (pre-harvest gap or harvest), as well as the
inaccessibility of the production or consumption area, and organization of the marketing
network.
The key challenge facing this sub-sector in coming years is to rapidly achieve food selfsufficiency and position itself on the rice world market, by making efforts towards quality and
competitiveness. Some big rice industrialists have already positioned themselves within this
perspective.
•
The sugar sub-sector, which still has a public operator, is being privatized. It is concentrated
as there are only two sugar cane processing companies, and organized in two ways:
integration and contractualization between sugar cane producers and SIRAMA (Siramamy
Malagasy, a public processing enterprise) and production under State control for SUCOMA
(“Sucre Complant de Madagascar”, a private enterprise). The crisis in the sub-sector shows
the inadequacies of public management, whereas SIRAMA has for a long time benefited from
guaranteed export quotas to European and American markets at prices higher than the world
price; indeed, this advantage ought to have fostered its development. The imminent
privatization of SIRAMA should, in the short term, change the evolution of the sub-sector, with
the development of bio-fuel production.
•
The cotton sub-sector was privatized recently (2004). It is a historically integrated sub-sector
which has benefited from significant State support and was privatized in 2004. State monopoly
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xviii
has been replaced by private monopoly. The health of the sector depends very much on world
prices. Following the sharp decline in prices, the cotton sub-sector in Madagascar, as in most
African cotton producing countries, experienced a very difficult period, leading to a sharp
decline in production in the early 2000s. Under privatization, “HASYMA-Dagris” made huge
investments to boost production and improve the quality of cotton produced, and their initial
effects are being felt. Downstream, there are only two mills, even though the textile sector is
very developed and export-oriented. In 2004, fibre production was estimated at 4,545 tonnes,
with 2,400 tonnes for the local market, whereas domestic demand was estimated at 27,500
tonnes. To support the recovery of the sub-sector and in collaboration with the private sector,
Madagascar has established a cotton-textile consultation platform aimed at finalizing an Action
Plan that can receive support from EU-Africa partnership on cotton.
•
The milk sub-sector is much atomized upstream with a relatively low average productivity
and problems of quality of the milk produced. Most of the output is for home-consumption, and
a small part is processed. The milk sub-sector is relatively segmented, and most of the milk is
sold fresh to consumers. There are also many small processing plants. On the other hand, the
industrial segment is relatively concentrated, with two processing companies (TIKO and
SOCOLAIT) established in the 1980s, following privatization of SMPL for SOCOLAIT. It is one
of the rare sub-sectors with such a processing level. The sub-sector is partly integrated,
because the industrialists have cattle but also receive supplies from stockbreeders’
organizations to which they provide guidance and inputs.
Although the per capita consumption is extremely low, milk production has always been
unable to meet demand, leading to considerable imports of powder milk by the two industrial
companies. However, the protection of processed products offers enough guarantees for the
development of production with high added value. The price of milk is determined freely, but in
reality it is highly influenced by the purchase price paid by TIKO Company in the milk triangle
(Antananarivo region).
•
Lychee has become a flagship of Madagascar’s exports to European markets. Production
employs nearly 2.5 million rural people each season on the East coast of the island, and is
mainly through harvesting. About thirty lychee exporters operate in the Main Island for a few
European importers who fix the price of lychee; it is therefore a sub-sector that is relatively
concentrated downstream. With the development of standards (for example, Eurepgap) and
the establishment of traceability in Europe, the quality of products is today the major challenge
for development, and even the future of the sub-sector. To meet these expectations with
respect to quality, the sub-sector is being organized (creation of a consultation platform) and is
receiving significant technical support. Today, some enterprises have created orchards to
facilitate standardization, rendered difficult by harvesting.
•
The shrimp sub-sector is segmented, since there is a traditional fishing sub-sector, an
industrial fishing sub-sector, and an aquaculture sub-sector. However, the different segments
are connected. Industrial fishing and aquaculture are very concentrated sectors. The sector
has developed towards integration of traditional fishing into the supply channels of industrial
enterprises, which alone have access to export markets. Diversification of fishing to
aquaculture is a guarantee for sustainability of the sub-sector. Furthermore, Madagascar’s
shrimp occupies a very good position among high quality products on the world market. One
of the driving forces in the organization of this export-oriented sub-sector is compliance with
standards. All the industrial enterprises comply with HACCP standards to meet the
expectations of consumers, particularly European consumers.
For the last two export-oriented sub-sectors, quality is a major challenge. Compliance with
standards may be a constraint for producers and exporters who do not often have the facilities
or technical capacity to meet the requirements of international markets (cf. the European
embargo on animal products since August 1997 following a negative health evaluation).
Compliance with standards may be an advantage in comparison with less organized
competitors.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xix
In Madagascar, contractual agriculture is still not well developed, except for a few historical products
such as sugar or cotton. The green bean sub-sector, which is export-oriented, is a limited example of
successful contractual agriculture, based on efforts towards quality. The green bean sub-sector is
segmented, made up of a traditional sub-sector for the local market and a completely integrated export
sub-sector. Lecofruit Company, which concludes contracts with producers on the basis of pre-fixed
prices and specifications, provides the required inputs and technical supervisions. It has been certified
by HACCP, and exports beans in cans under contract with a European partner (Maille).
An analysis of these different sub-sectors shows that ongoing trends vary, depending on the region
and the product. However, market differentiation and segmentation factors can be identified in terms of
accessibility (existence or not of marketing facilities) and the final destination of the products: almost
exclusively local market (cassava, most fruits and vegetables, tubers and legumes, dairy products,
flour, and meat); exports (vanilla, spices, essential oils, lychee, and shrimps); or dual, for the local
market and for export (sugar, maize, cotton, coffee and, to a lesser extent, rice). Connection with the
international market, with regard to export products or local products competing with imports, calls for
adjustments in terms of quality and standards.
An undeveloped agro-industrial sector
Despite the wide variety of products which offer processing opportunities, the agro-industrial sector is
astonishingly under-developed. The atomization of production, dispersal over a large territory with
limited local output and often difficult marketing conditions make it difficult to obtain economies of
scale. Great variability of volume and quality is another constraint on processing.
Despite the existing potential, agro-industry concerns only a few sub-sectors, and accounts for only
0.3% of the working population. The most developed processing sectors, such as dairy products, oils,
flour or biscuits and confectionery obtain supplies mainly from imported products, and do not include
or include only a little local products. Agro-industrial production, based on local products, include
sugar, tobacco, cotton, brewery, chocolate factories and canning of sea products.
Development of mass marketing
In Madagascar, most agricultural products are consumed locally (particularly food crops, and primarily
rice), and sold in rural and urban markets. Since the liberalization of the economy, supermarkets are
participating in marketing. Three groups, linked to international mass marketing, share the market: the
South African chain “Shoprite”, located in Madagascar since 1992, after buying “Champion” shops, the
French chain “Leaderprice”, and “Score” supermarkets of Vindémia Company, a subsidiary of the
French group “Casino”. However, mass marketing is still concentrated only the big towns:
Antananarivo, Antsirabe, and Toamasina.
While in some countries the establishment of supermarkets has promoted the development of
contractual agriculture, this is not yet the case in Madagascar. Indeed, their local purchase strategy
does not attach importance to quality as is the case, for example, in Europe. Furthermore, in view of
their rather recent development and the persistence of small retail companies, it could be estimated
that supermarkets handle only a limited part of the marketing of fresh products. On the other hand,
they play an important and growing role in the marketing of imported agro-food products.
Agriculture that remains traditional and with low production
While State intervention has not always provided effective access for all producers to factors of
production, its divestiture, sometimes only partial, has not improved the situation. Consequently,
Madagascar’s agriculture is generally traditional, not intensive, not mechanized, while using relatively
small amounts of inputs. The reduced farm size certainly worsens the low degree of intensification,
which is a strategy to minimize risks:
•
Concerning fertilizers (but it is also true for phytosanitary products), the quantity used is very
low and the imports, compared to the area sown, have virtually stagnated since 1972. As a
result of ignorance, difficulties of access or uncertainties about its technical or economic
effectiveness, manure is not used much. The high prices of imported fertilizers, especially
when compared to paddy price trends, and the obstacles to the creation of a competitive
fertilizers market, do not encourage farmers to use them. 55% of the farms do not use
fertilizers.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xx
•
Mechanization is also very low, and a great majority of farmers continue to use only “angady”
(spade). Here again, the reduced farm size does not encourage investment in the purchase of
agricultural equipment.
•
Seed production has not yet been privatized, and improved seeds are not widely used by
farmers. The reasons include: preference for traditional seeds, inadequate domestic
production, problems of quality, certification and control, little commercial dynamism of
multiplication centres, etc.
•
Access to land is a major obstacle to improvement of agricultural productivity. The technical
and financial possibilities of the Administration to satisfy demand for recognition of land rights
are largely inadequate, creating potential situations of insecurity and conflict. The lack of land
certificates penalizes farmers in their efforts to obtain loans, and therefore to make
investments. Wide expanses of uninhabited and uncultivated lands coexist in the country with
regions where anthropogenic pressure has led to fragmentation of farms and adoption of
survival strategies. Land reform, which is under way, aims at securing farms at lower cost and
within a fairly short time. If the reform is properly implemented, it will revolutionize the
development of the agricultural sector.
Apart from the factors presented above, the limited use of inputs is also due to low rural credit and
virtual absence of agricultural services:
•
Micro-finance has been developing in Madagascar since 1990 to remedy the inadequacies of
the banking system in rural areas. However, the overall amount of rural loans is still low.
These loans come mainly from decentralized financial systems and, in most cases, from credit
unions. Despite a high demand for loans, which is still largely satisfied by informal financing at
very high interest rates, the penetration rate of rural financial services did not exceed 5%-6%
of households in 2005. Furthermore, the rates charged by micro-finance institutions (MFI) are
relatively high (close to a nominal rate of 36% per year).
Recently, banking institutions have been increasingly interested in micro-finance, and the
products proposed by development partners are also increasing. Since 2006, the Government
has, with the support of donors, been engaged in an interest rate reduction program for loans.
Lastly, one of the main obstacles to loans is inadequate land security, which limits the
development of credit. The ongoing reform should contribute to overcoming this constraint.
•
Until the end of the 70s, agricultural extension services were provided by the Government,
without however meeting the needs of producers. The mixed results of the National
Agricultural Extension Program in the 90s marked the start of a period of State divestiture,
replaced more or less by NGOs, projects or local administrative services with limited financial
and human resources for operation. The lack of technical support is one of the causes of low
productivity of Madagascar’s agriculture. The needs today are considerable. Recently, several
initiatives taken by the State and donors are aimed at meeting the needs of the farmers:
creation of Chambers of Agriculture and establishment of Agricultural Services Centres and
Agriculture Business Centres.
Consequently, liberalization has not specifically contributed to improving the productivity of farms. The
yields for major crops have increased little, and remain very low. In 2005, the rice yields stood at 2.75
t/ha, for maize 1t/ha, and for groundnut 0.72 t/ha.
Diminishing portion of agricultural products in Madagascar’s trade
The trade liberalization, accompanying the development of Madagascar’s agricultural sub-sectors, has
led to a sharp decline in agricultural exports, while food imports have continued to increase.
Indeed, Madagascar has concluded or is committed to different multilateral, bilateral and regional
trade agreements, which have, on the whole, worsened trade deficits. Between 1984 and 2005,
exports more than doubled, while imports tripled. Consequently, the trade balance, which already
showed a deficit of USD 74 million in 1984, worsened to a deficit of USD 701 million in 2005.
With regard to agricultural products, their share of total exports has declined over the past ten years,
from 62% in 1995 to 34% in 2005. In absolute value, agricultural exports declined from 316 to 286
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxi
million dollars. This trend is due to the growth of non-agricultural exports over the period, especially
clothing textile, as a result of the development of free trade areas. The decline in agricultural exports is
also due to a drop in the production of some key products, in particular coffee, which fell from 22% of
exports in 1995 to 1% in 2005, as a result of the fall in world prices that completely destroyed domestic
production. The situation is the same for sugar exports which, despite quotas on European and
American markets, declined from 90,000 tonnes in 1995 to 25,000 tonnes in 2003. Lastly, it should be
noted that some agricultural exports, such as vanilla and clove, have very volatile prices with direct
impact on the amount of harvesting.
The relative share of food imports has remained stable (12% in 1995 and 11% in 2005), and
Madagascar still records significant deficits in rice, sugar, wheat, flour, edible oil and dairy products.
Indeed, the opening up of markets has not contributed to significantly improving Madagascar’s
agricultural and agro-food exports. Since the agricultural sector is one of the main sources of foreign
exchange for country, this situation has weakened the national currency over the past few years.
Despite the existence of growth-oriented preferential markets (Europe, United States, COMESA, and
IOC), Madagascar has not been able to seize the opportunities offered to its agriculture: exports have
concentrated on a few products and markets, and only few products are processed.
Farms adapting to an increasingly difficult context
Increase in crop areas but reduction in average size
To date, the majority of new entrants in the labor market have been employed by the agricultural
sector, following the creation of new farms. This trend has been spectacular, since nearly one million
new farms have created in ten years, between 1985 and 2005. The growth in production stems from
an increase in the crop areas, rather than intensification, especially as yields have not increased.
There is also gradual reduction in farm size, which shows that the absorptive capacity saturation point
for the rural population, particularly the most densely populated areas, has been reached.
Consequently, there are current growing trends in land saturation. In 20 years, the total farm area
has increased by 19%, with an annual increase rate (0.86%) much lower than the annual increase rate
of the agricultural population (3.2%) and number of farms (3.3%). Consequently, the average farm
size reduced from 1.2 ha/farm in 1984-85 to 0.86 ha/farm in 2004-05, with a reduction of nearly 30%
in 20 years.
Diversification and pluriactivity to limit risks and improve viability
In addition to climate-related risks in a region subject to cyclones, the farmers face difficulties in having
access to markets of factors of production (inputs, loans, equipment, and agricultural services), which
have hardly improved with State divestiture. Access to loans has been made difficult by the lack of
land certificates, thereby limiting the investments required to improve production and increase
incomes.
To adapt to this difficult situation within a context of land tension and maintain the viability of their
farms, farmers have had to develop adaptation strategies, particularly diversification of products and
development of pluriactivity. This is aimed at spreading the risk over several products, by increasing
the number of products or implementing several crop cycles, or diversifying sources of income.
Additional activities at the local level include: handicraft, brick production, production of charcoal,
small-scale transport services, and paid agricultural labor. Some farmers do not hesitate to temporarily
emigrate to other agricultural regions depending on the crop cycle or to the towns. However, in some
critical cases, the poorest farmers are forced to give over their farms, and become tenant farmers or
paid laborers.
In terms of differentiation, several factors of division can be noted:
•
Regional differentiation, due to the presence of natural resources in each region and exposure
to unstable climatic conditions.
•
Differentiation between producers according to:
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxii
•
(i) their extent of diversification: Accordingly, the purchasing power of farmers who
diversified was less affected than that of producers specialized in rice, who suffered from
stagnation of the actual selling price of paddy and increase in the prices of staple
products.
•
(ii) their participation in structured sub-sectors that help to secure the sale of products
(contracts with processing, export or large surface companies): capacity for compliance
with standards is therefore a distinguishing factor.
•
(iii) their accessibility to markets: in inaccessible areas, producers are in a precarious
situation because of the low selling price of products and difficult access to basic services.
Significant risks of impasses
In addition to an overview of Madagascar’s agriculture and an analysis of ongoing adaptation efforts in
the major sub-sectors and in farms, the study identified a number of critical points and key issues,
which will be either open or closed doors for the future, depending on the nature of answers that will
be provided.
A key demographic factor
Due mainly to the role of rice in the economy and society, Madagascar has remained and should still
remain for many years, a rural country. The urbanization rate is low (less than 30% in 2005, with 12%
in Antananarivo), and should remain low in the next two decades (40% in 2030).
Madagascar is not a thickly populated country (nearly 18 millions inhabitants in 2006), for a country
the size of France and Belgium put together; however, it has a high population growth rate. Its
population has been multiplied by 3.8 in 50 years (1950-2000) and, even if the population rate drops,
Madagascar’s population should continue to grow to 45 million inhabitants in 2050. One of the
challenges for Madagascar and its agriculture will therefore be to meet the food requirements of this
fast growing population, thereby underscoring the predominant role of rice in agriculture and the
economy.
Last but not the least, Madagascar’s population is very young, since 56% of the population in 2004
was less than 20 years old. This population, most of whom live in rural areas, is poor (78% of farmers)
and often uneducated.
Absorption of cohorts into the labor market
The major challenge is undoubtedly the massive arrival of new people on the labor market over the
past many years. Currently, 300,000 youths join the working population each year. They will be more
than 600,000 per year in 2030. These are mainly rural youths who are often uneducated. To date, the
agricultural sector absorbs most of this inflow of labor, but can this continue for a long time? However,
apart from agriculture, the absorptive capacity of the economy is very limited. For example, the textile
and tourism sectors, which appear as expanding and reference sectors of Madagascar’s economy, are
likely to absorb 43,000 additional workers at best per year in the next few years.
The risk of land saturation and pressure on natural resources
So far, population growth has been absorbed without many problems by the agricultural sector as a
result of the development of new arable lands, mainly rice farms. However, it is clear that the land has
begun to be saturated, particularly in the densely populated areas, leading to significant reduction of
the average farm size and increased rural poverty. This tension is further compounded by the low
propensity to emigrate because of strong attachment to the land, many insecurity problems (land and
social), as well as the lack of a real migration policy. Within such a context, farmers continue to use
traditional farming systems (slash and burn cultivation), leading to very rapid environmental
degradation.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxiii
Increasingly uncertain viability of farms and the risk of impoverishment of the rural population
Limited access to means of production as a result of incomplete factor markets and the predominance
of traditional production methods have led to stagnation of productivity.
This low productivity, coupled with the reduced farm size, jeopardizes the viability of many farms in
Madagascar. In addition to the fragmentation of farms and low yields, the related price trends have not
been favorable. As a result of liberalization, even though the prices of agricultural products have
increased, inflation, increase in the prices of inputs and the emergence of multiple middlemen have
reduced the room for maneuver. At the structural level, incomes have declined, and only a few
specialized rice farmers saw an increase in their incomes in 2004-2005.
Such a situation, if it worsens, will impede achievement of the objectives of poverty reduction, which
concern farmers more than the other socio-economic groups.
In addition, the predominance of rice can also be an aggravating factor and impede the development
of the agricultural and agro-food sector. Indeed, since rice is the staple food, farmers adopt a rational
strategy and prefer to produce it themselves rather than having to buy it at unstable prices.
Consequently, agriculture is being oriented towards self-subsistence, with limited connection to the
market and very low productivity levels.
Increasing competition of imports and for exports
Another constraint for Madagascar’s agriculture is the increased liberalization of its markets. Rapid
exposure of its market or the regional market can lead to increased competition with products from
developed countries or emerging developing countries, which have obvious advantages in terms of
facilities, research, financing support and sometimes significant support to production and export of
products that in Madagascar do not benefit from any of these advantages, with the exception of cheap
labor. This could be case of products from SADC and, in particular South Africa or Europe.
Concurrently, this generalized opening up of the markets has resulted in increased competition on
traditional preferential markets (Europe) with more competitive countries (Latin America and Asia in
particular), with which competition in quality and compliance with standards is increasing.
Ongoing adaptation measures, and solutions being implemented
To meet these challenges, adaptation measures are already under way and solutions are being
implemented. These trends will be confirmed in the second phase of the study.
Adaptation measures in farms
At the level of farms, the diversification of crops, increasing use of paid workers, and the development
of non-agricultural activities contribute to the emergence of pluriactivity systems. This trend is
accompanied by greater mobility, which reinforces the impacts of urban/rural links and contributes to
boosting secondary centres.
Sub-sectors being structured, and improvement of the operation of markets
Concerning the sub-sectors, interprofessional organizations and consultation platforms are being
established to solve upgrading problems (compliance with standards, promotion of labels, evaluation
of import or export volumes, etc.).
As for the operation of markets, it has started improving, with the establishment of market information
systems (Rice Observatory) which contribute to better integration of the domestic market, and
incidentally, to stabilization and understanding of market mechanisms.
With respect to public institutions, a vast project is also under way, with the overhauling of the
missions of public administrative services, as well as transfer of operational tasks to the communal
and regional levels, through deconcentration of sectoral ministries and decentralization.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxiv
Development of internal and external migration
Since the urban labor market, which is often too demanding with respect to skills, will be not be able to
absorb all the youths entering the labor market, the problem of accompanying inter-regional and ruralrural migrations to potential rural areas will certainly be very important in the medium term. It should be
noted that Madagascar still has large uncultivated arable lands. The development of secondary towns
will also be a key factor.
This aspect concerns the territorial development policy, and goes well beyond the agricultural sector
alone. Within this context, land reform will certainly be a key tool.
These temporary or other migrations should lead to an increase in the labor absorbed by the informal
sector, which is still difficult to estimate.
Lastly, as a result of Madagascar’s adhesion to various trade agreements (SADC, COMESA, IOC, and
WTO), international migrations in the sub-region or elsewhere could also be a way out. However, this
would concern only a tiny part of the population. Indeed, there are opportunities, such as facility to
enter South Africa and Mauritius, which seek labor. However, there are still constraints: language
barrier, inadequate financial resources to cover travel and installation expenses, as well as risk and
adventure aversion.
Establishment of growth poles and agro-technopoles, and political will for market-oriented agriculture
Under the decentralization policy, the development of growth poles, agro-technopoles and agricultural
investment areas should be a driving factor to boost the openly market-oriented agriculture.
This concerns, in particular, developing agricultural and agro-industrial activities through “support to
growth-oriented sub-sectors” determined by the regions themselves.
These initiatives fall within the Madagascar 2007-2012 Action Plan (MAP), which lays emphasis on the
agricultural sector strategic plan and defines the sectoral growth objectives in terms of the
development of production, as well as the development of agro-industry. The Action Plan also lays
emphasis on the key role of agro-industry as a driving force for production, be it agricultural or
fisheries production, or livestock development for the domestic, regional and international markets.
Such political will should contribute to attracting potential investors, lacking in this sector in
Madagascar.
Development of exports in opening up to regional and international markets
Opening up to regional and international markets offers serious opportunities for Madagascar’s
agricultural and agro-food products (COMESA, SADC, IOC, APE, and WTO), on condition that
significant efforts are made in the area of standards, quality and vocational training for farmers and
investors.
Accordingly, the preparation of the SADC Regional Integration Agreement has enticed the
expectations of Madagascar’s operators. The prospect of privileged access to a market of more than
200 million consumers is an attractive opportunity. The major exports (vanilla, shrimp, clove, essential
oils, coffee, cocoa, sugar and cotton) should continue to be oriented towards the markets of developed
countries, although there will probably be a space for products currently exported in small quantities,
such as fruits and vegetables (potatoes, tomatoes, onion, and melon), maize, which is the main food
crop of southern Africa, and even rice.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxv
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
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RESUME EXECUTIF
Le riz, toujours au centre de la société malgache et des politiques agricoles
Pour bien appréhender les changements structurels de l’agriculture à Madagascar, il faut tout d’abord
bien comprendre la place considérable que le riz occupe historiquement dans la société malgache et
dans l’économie du pays.
En effet, depuis le roi Andrianampoinimerina qui a fait aménager les plaines d’Antananarivo à la fin du
XVIIIème, l'histoire de Madagascar et donc la société et l'économie malgaches sont intimement liées à
la culture de cette céréale : quel que soit le régime en place (d’avant la colonisation au pouvoir
actuel), le riz a été et reste encore au centre des politiques agricoles et d'aménagement de
Madagascar. Il suffit pour s'en convaincre de se rappeler la mise en place des grands périmètres
irrigués dans les années 1950, les opérations de productivité rizicole de la Première République, les
nationalisations de la période socialiste ou encore la place toujours accordée au riz dans la politique
générale de l'Etat.
La culture du riz a ainsi au fil de l'histoire façonné le pays et les paysans. Aujourd'hui, cette production
concerne encore 87% des exploitations et représente 60% des surfaces cultivées. La
prépondérance du riz explique une structure du PIB qui a peu évolué depuis plus de 30 ans. Le
secteur agricole représente toujours 35% de la richesse du pays et l'évolution du PIB est fortement
corrélée à l'évolution du secteur agricole et à la production rizicole en particulier. La filière riz est donc
encore un des moteurs essentiels de l'économie malgache. Toutefois, Madagascar dispose d’une
large gamme de produits agricoles tempérés ou tropicaux, surtout destinés aux marchés locaux et au
marché national, qui structurent également le tissu agricole.
Une libéralisation qui a modifié sensiblement le fonctionnement des marchés après
une période de nationalisation et d’interventionnisme d’Etat
Si les politiques agricoles et de développement rural successives ont contribué à conforter la
prédominance du riz, d’autres productions ont aussi bénéficié de soutiens de l'Etat lors de la
colonisation et de la Première République, notamment les produits traditionnels d'exportation (café,
épices, litchi, etc.),. Mais surtout le secteur agricole a été fortement marqué par la période socialiste.
Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat entre 1975 et 1986 ont eu des effets souvent
négatifs sur la production et la commercialisation de nombreuses productions agricoles. Ces effets
perdurent encore pour certaines filières, comme la filière sucre en cours de privatisation ou le coton
récemment privatisé.
Le désengagement de l'Etat et la libéralisation des échanges initiés dans le cadre des plans
d'ajustement structurel, mais également l'intégration plus forte à l'économie internationale depuis les
années 80 ont eu des conséquences très importantes sur le fonctionnement des marchés et sur les
stratégies des filières agricoles malgaches, sans toutefois remettre en cause la place prépondérante
du riz.
Ces modifications de l’environnement économique et institutionnel ont-elles conduit, comme le
suggéraient les hypothèses sous jacentes à l’étude, à une plus grande intégration des filières et à une
segmentation des marchés ?
Des prix davantage déterminés par les marchés
Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, entamée vers
le milieu des années 80, l'organisation des marchés pour les produits agricoles essentiels reposait sur
l'intervention directe de l'Etat. Les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et
les opérations de commercialisation étaient assez simples, avec un nombre restreint d'intervenants.
Aujourd’hui, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont désormais fixés par le jeu de
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxvii
l’offre et de la demande avec, pour certaines filières, une forte influence du cours international (coton,
sucre, café, riz).
Du fait de l’existence de monopoles publics résiduels (sucre, tabac à chiquer) ou de pseudomonopoles et oligopoles privés (coton, tabac à fumer, ou lait), le producteur se voit encore imposer
des prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas) mais les prix des produits agricoles
sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (riz, maïs). Pour un
même produit, les prix peuvent aussi varier considérablement suivant la zone de production, en
fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.
L’évolution des principales filières
Comme dans beaucoup d’autres pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs
types de circuits commerciaux et la multiplication des intervenants. Le nombre d’intermédiaires entre
producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un exemple patent. Ce
phénomène a un impact conséquent sur la structure de la filière, la répartition de la valeur et la
formation des prix.
Pour certaines filières, comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de
concertation professionnelle associant l'Etat, qui sont parties prenantes dans la détermination des prix
et l’organisation de la commercialisation.
Suivant le niveau de connexion avec le marché local ou international, les adaptations des filières aux
nouvelles contraintes économiques sont donc diverses, comme le montrent les exemples analysés
dans le rapport :
•
La filière riz, pilier de l'économie malgache demeure une filière stratégique pour l'Etat. Elle se
caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des
exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une
concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure
plus concurrentielle de la transformation. Il existe un certain degré d'intégration, puisque
certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui
les approvisionnent.
Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation,
l’intervention de l’Etat est récurrente (politique fiscale, constitution de stocks, administration
des prix, opérations d’importation...). Cependant les relations économiques entre les agents
sont plutôt régies par le marché, plus ou moins concurrentiel selon les situations. Il existe
également, depuis 2004, une plateforme de concertation associant l'ensemble des acteurs de
la filière et l'Etat.
Si la libéralisation et le désengagement de l'Etat ont entraîné la multiplication des intervenants
dans la commercialisation, ces processus n'ont pas eu les effets escomptés sur la production
rizicole. Le prix du paddy est resté trop faible pour inciter les producteurs à produire
davantage. La production est demeurée très traditionnelle, avec peu d'utilisation d'intrants, et
son augmentation est surtout due à une extension des surfaces cultivées. La diminution de la
taille des parcelles, du fait de la croissance démographique et de la transmission des terres,
n'incite d'ailleurs pas forcément à une prise de risque. La crise de 2004, qui s'est traduit par
une forte hausse du prix du paddy, a eu un effet incitatif et les producteurs ont augmenté les
surfaces cultivées et, dans certains cas, intensifié.
Le prix du riz local et donc celui du paddy sont dépendants du cours international. Et les
producteurs bénéficient aujourd'hui d'un cours international élevé qui leur permet d'être
compétitifs. Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à
Madagascar, en fonction de la variété, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de
l'enclavement de la zone de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de
commercialisation.
Le grand défi de cette filière, pour les années à venir, est d’arriver rapidement à
l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz, en faisant
des efforts de qualité et de compétitivité. Des grands riziers sont déjà positionnés dans cette
perspective.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxviii
•
La filière sucre qui comprend encore un opérateur public est en voie de privatisation. Elle est
très concentrée puisqu'il n'existe que deux entreprises de transformation de la canne et
présente deux modes d’organisation : intégration et contractualisation entre planteurs de
canne et la SIRAMA (Siramamy Malagasy, entreprise de transformation publique) ; production
en régie pour la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, entreprise privée). La situation
de crise que traverse la filière témoigne de la défaillance de la gestion publique alors que
SIRAMA a pourtant bénéficié depuis longtemps de quotas d'exportation à prix garanti vers les
marchés européen et américain à un cours supérieur au cours mondial, ce qui aurait donc dû
favoriser son développement. La privatisation imminente de la SIRAMA devrait à court terme
modifier l'évolution de cette filière, dans un contexte de développement de la production de
bio-carburant.
•
La filière coton a été récemment privatisée (2004). C'est une filière historiquement intégrée
qui a bénéficié d'appuis conséquents de l'Etat et qui a été privatisée en 2004. Le monopole
public a fait place un monopole privé. La santé de la filière est très dépendante des cours
internationaux. Suite à la forte dégradation des cours, la filière coton malgache, comme dans
la plupart des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile, se traduisant par
une forte chute de la production au début des années 2000. Dans le cadre de la privatisation,
HASYMA-Dagris a prévu des investissements importants pour relancer la production et
améliorer la qualité du coton produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir. En
aval, il n'existe plus que deux filatures, malgré l’existence d’un secteur textile très développé,
tourné essentiellement vers l'exportation. En 2004, la production de fibres était estimée à
4 545 tonnes, dont 2 400 destinées au marché local, alors que la demande nationale était
estimée à 27 500 tonnes. Pour appuyer la relance de la filière, en lien avec le secteur textile,
Madagascar a mis en place une Plateforme de concertation coton - textile dont l'objectif est de
finaliser un Plan d'action pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton.
•
La filière lait est une filière très atomisée en amont avec une productivité moyenne
relativement faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une grande partie de la
production est autoconsommée et une faible partie valorisée. La filière lait est relativement
segmentée, puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe
aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. En revanche le segment
industriel est relativement concentré avec l'existence de deux sociétés de transformation
(TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, suite à la privatisation de la
SMPL pour SOCOLAIT. Il s’agit d’une des rares filières disposant d'un tel niveau de
transformation. La filière est en partie intégrée, puisque les industriels disposent d'un cheptel
mais s'approvisionnent également auprès d'organisation d'éleveurs qu'ils encadrent et qu'ils
fournissent en intrants.
Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est
toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non
négligeables de poudre de lait par les deux sociétés industrielles. La protection des produits
transformés offre toutefois une garantie suffisante pour le développement d'une production de
produits à forte valeur ajoutée. Le prix du lait est fixé librement mais dans les faits il est
fortement influencé par le prix d'achat de la société TIKO dans le triangle laitier (région
d’Antananarivo).
•
Le litchi est devenu un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen. La
production occupe saisonnièrement près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de
l’île et est essentiellement une production de cueillette. Une trentaine d’exportateurs de litchi
opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs européens qui fixent le prix du litchi,
c'est donc une filière relativement concentrée en aval. Avec le développement des normes
(par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits
est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière. Pour
répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une plateforme
de concertation) et bénéficie d'un appui technique important.. Certaines entreprises mettent
aujourd'hui en place des vergers pour faciliter la mise aux normes rendue difficile par la
cueillette.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxix
•
La filière crevettière est une filière segmentée, puisqu'il existe une filière pêche artisanale,
une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont
cependant très connectés. La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très
concentrés. La filière a évolué vers l’intégration de la pêche artisanale aux circuits
d’approvisionnement des entreprises industrielles, seules à avoir accès aux marchés
d’exportation. La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de durabilité
de cette filière. En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché
international des produits de qualité. Un des ferments de l'organisation de cette filière orientée
vers l'exportation est le respect des normes. Toutes les entreprises industrielles sont aux
normes HACCP afin de répondre aux attentes des consommateurs, notamment européens.
Pour ces deux dernières filières tournées vers l'exportation, la question de la qualité est un
enjeu majeur. Ce respect des normes peut être une contrainte pour les producteurs et les
exportateurs qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour
répondre aux exigences des marchés internationaux (cf. l’embargo européen qui frappe les
produits d'origine animale depuis août 1997 suite à une évaluation sanitaire négative). Cette
mise aux normes peut s’avérer un atout face aux concurrents moins bien organisés.
A Madagascar, l'agriculture contractuelle est encore très peu développée, sauf pour quelques
productions historiques comme le sucre ou le coton. La filière haricot vert, orientée vers
l'exportation, constitue un exemple limité d'agriculture contractuelle réussi rendu possible grâce aux
efforts en matière de qualité. La filière haricot vert est segmentée avec d'un côté une filière
traditionnelle destinée au marché local et, de l'autre, une filière d'exportation totalement intégrée.
L'entreprise Lecofruit passe contrat avec les producteurs sur la base d'un prix fixé à l'avance et d'un
cahier des charges, fournit les intrants nécessaires et assure l’encadrement technique. Elle a été
certifiée HACCP et exporte des haricots en conserves sous contrat avec un partenaire européen
(Maille).
L’analyse de ces différentes filières montre que les évolutions en cours sont très diverses, suivant les
régions et les productions. Cependant des phénomènes de différenciation et de segmentation des
marchés peuvent être identifiés en relation avec l’accessibilité (existence ou non des infrastructures
de commercialisation) et la destination finale des productions : marché local quasi-exclusif (manioc, la
plupart des fruits et légumes, tubercules et légumineuses, produits laitiers, farine, viande) ; exportation
(vanille, épices, huiles essentielles, litchi, crevettes) ; ou duale vers le marché local et l'exportation
(sucre, maïs, coton, café et, dans une moindre mesure, riz). La connexion avec le marché
international, qu'il s'agisse de produits d'exportation ou de produits locaux confrontés aux
importations, génère des adaptations de qualité et de mise aux normes.
Un secteur agro-industriel très peu développé
Malgré la grande variété de produits disponibles qui sont autant d’opportunités de transformation, le
secteur agro-industriel reste étonnamment peu développé. L’atomisation de la production, la
dispersion sur un vaste territoire avec des volumes produits localement limités et des conditions
d’écoulement souvent difficiles ne facilitent pas les économies d’échelle. La grande variabilité en
volume et en qualité est une autre contrainte à la transformation.
Malgré le potentiel existant, l’agro-industrie ne concerne que quelques filières et ne représente que
0,3% de la population active. Les secteurs de transformation les plus développés comme les produits
laitiers, les huiles, la minoterie ou encore la biscuiterie et la confiserie s’approvisionnent
essentiellement avec des produits importés et n’intègrent pas ou peu la production locale. Les
productions agro-industrielles à base de produits locaux sont le sucre, le tabac, le coton, la brasserie,
la chocolaterie et la conserverie de produits de la mer.
Le développement de la grande distribution
A Madagascar, les produits agricoles sont pour une large partie autoconsommés (en particulier les
produits vivriers et en premier lieu le riz) mais aussi vendus sur les marchés ruraux et urbains. Depuis
la libéralisation de l'économie, les supermarchés sont un nouvel acteur de la commercialisation. Trois
groupes liés à la grande distribution internationale se partagent le marché : la chaîne sud-africaine
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxx
Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la marque Champion, la chaîne
française Leaderprice, et les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe français
Casino. La grande distribution reste toutefois concentrée dans les principales villes : Antananarivo,
Antsirabe, Toamasina.
Alors que, dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de
l’agriculture contractuelle, ce n’est pas encore le cas à Madagascar. En effet, leur stratégie d’achat
locale ne valorise pas la qualité comme cela se passe par exemple en Europe. Par ailleurs, au vu de
leur développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut
supposer que les supermarchés n’occupent qu’une part réduite dans le commerce des produits frais.
Par contre, ils jouent un rôle important et croissant dans la commercialisation de produits agroalimentaires importés.
Une agriculture qui demeure traditionnelle et peu productive
Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer, pour tous les producteurs, un accès
effectif aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a pas amélioré la
situation. En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture
traditionnelle, peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de la taille
des exploitations exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification qui correspond à une
stratégie de minimisation du risque :
•
Concernant les engrais (mais cela est vrai aussi pour les produits phytosanitaires), la quantité
utilisée est très faible et les importations, comparées à la superficie emblavée, ont quasiment
stagné depuis 1972. A cause de la méconnaissance, des difficultés d’accès ou de la remise
en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral n’est pas beaucoup
utilisé. Le prix élevé des engrais importés, notamment comparé à l'évolution du cours du
paddy et les entraves à la mise en place d’un marché de l’engrais concurrentiel,
n’encouragent pas non plus leur utilisation par les paysans. 55% des exploitations ne
recourent à aucune fertilisation.
•
La mécanisation est également très faible et la grande majorité des paysans continue à
utiliser seulement l'angady (bêche). Là encore, la réduction de la taille des exploitations
n’encourage pas à investir dans l'achat de matériel agricole.
•
La production de semences n’est pas encore privatisée et les semences améliorées sont peu
utilisées par les paysans. Parmi les causes on peut citer : la préférence pour les semences
traditionnelles, une production nationale insuffisante, des problèmes de qualité, de certification
et de contrôle, un faible dynamisme commercial des centres de multiplication….
•
L’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité agricole. Les
possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la demande de
reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des situations
potentielles d’insécurité et de conflit. L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au
crédit, et donc à l’investissement. Cohabitent ainsi dans le pays de vastes étendues de terres
inhabitées et non cultivées et des régions où la pression anthropique est à l’origine d’une
fragmentation des exploitations et de stratégies de survie. Une réforme foncière, actuellement
en cours, vise à sécuriser les exploitations paysannes à moindre frais, dans un délai assez
court. Si elle est menée à bien, ce sera une révolution pour le développement du secteur
agricole.
La faiblesse de l'utilisation des intrants, au-delà des éléments présentés précédemment, est
également liée d'une part à la faiblesse du crédit rural et, d’autre part, à la quasi-absence de service
agricole :
•
La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du
système bancaire en milieu rural. Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible.
Elle provient en grande partie des systèmes financiers décentralisés et majoritairement
d’organismes mutualistes. Malgré une demande de crédit importante, encore largement
satisfaite par du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxxi
services financiers ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. De plus, les taux
pratiqués par les IMF sont relativement élevés (proches d’un taux nominal de 36% par an).
Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent de plus en plus à la micro finance et
les produits proposés par les partenaires au développement se multiplient. Depuis 2006, l’Etat
s’investit d'ailleurs avec l'appui des bailleurs de fonds dans un programme de bonification de
taux d’intérêt du crédit. Enfin, un des principaux freins à l'offre de crédit est l’insuffisance de la
sécurisation foncière qui limite le développement du crédit. La réforme en cours devrait
contribuer à dépasser cette contrainte.
•
Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours
répondre aux besoins des producteurs. Les résultats mitigés du Programme national de
vulgarisation agricole dans les années 90 ont marqué le début d’une période de
désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services
administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers. Le manque
d’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de l’agriculture
malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants. Depuis peu, plusieurs initiatives prises par
l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre aux besoins des paysans : création de
Chambres d’agriculture, mise en place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture
Business Center…
En conséquence, la libéralisation n’a pas spécifiquement contribué à améliorer la productivité des
exploitations. Les rendements pour les grandes cultures ont peu progressé et demeurent très faibles.
En 2005, le rendement pour le riz était ainsi de 2,75 t/ha, pour le maïs de 1t/ha et pour l’arachide de
0,72 t/ha.
Une part décroissante des produits agricoles dans les échanges commerciaux de
Madagascar
La libéralisation commerciale concomitante à cette évolution des filières agricoles malgaches a
conduit à une forte baisse des exportations agricoles alors que les importations alimentaires ne
cessent d’augmenter.
Madagascar a en effet conclu ou s’est engagé dans différents accords commerciaux multilatéraux,
bilatéraux et régionaux. qui se sont globalement traduits par une aggravation des déficits
commerciaux. Entre 1984 et 2005, les exportations ont plus que doublé tandis que les importations
étaient multipliées par trois. En conséquence, la balance commerciale déjà négative de 74, millions de
USD en 1984 s’est détériorée, pour atteindre un déficit de 701 millions de USD en 2005.
Concernant les produits agricoles, leur part dans les exportations totales a diminué au cours des dix
dernières années, passant de 62% en 1995 à 34% en 2005. En valeur absolue les exportations
agricoles ont baissé de 316 à 286 millions de dollars. Une telle évolution s’explique par la croissance
des exportations non agricoles sur la période, surtout de textile habillement, grâce au développement
des zones franches. Ce repli des exportations agricoles s’explique aussi par la baisse de la production
de certains produits phares, en particulier le café, qui est passé de 22% des exportations en 1995 à
1% en 2005, sous l'effet de la chute des cours internationaux qui a totalement déstructuré la
production nationale. Il en est de même pour les exportations de sucre qui, malgré les quotas
disponibles sur le marché européen et américain, ont chuté de 90 000 tonnes en 1995 à 25 000
tonnes en 2003. Enfin, notons que certaines exportations agricoles comme pour la vanille ou le girofle
sont soumises à une très forte volatilité des prix avec un impact direct sur le niveau de récolte.
La part relative des importations alimentaires est restée stable (12% en 1995 et 11% en 2005) et
Madagascar demeure encore largement déficitaire en riz, sucre, blé, farine, huile alimentaire et
produits laitiers.
Ainsi l’ouverture des marchés n’a pas contribué à améliorer notablement les exportations agricoles et
agro-alimentaires de Madagascar, bien au contraire. Le secteur agricole étant une des principales
sources de devises du pays, cette situation a contribué à l’affaiblissement de la monnaie nationale au
cours des dernières années. Malgré l’existence de marchés préférentiels porteurs (Europe, EtatsUnis, COMESA, COI), Madagascar n’a pas su saisir les opportunités qui s’offrent à son agriculture :
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xxxii
les exportations sont demeurées concentrées sur quelques produits et quelques marchés et restent
marquées par la faiblesse des produits transformés.
Des exploitations agricoles qui s’adaptent dans un contexte de plus en plus difficile
Augmentation des surfaces mises en culture mais réduction de la taille moyenne
Jusqu’à présent, une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail a pu être
absorbée par le secteur agricole par le biais de la création de nouvelles exploitations. Cette évolution
a été spectaculaire puisque près d’un million de nouvelles exploitations ont été créées en dix
ans, entre 1985 et 2005. Cette poussée s’est traduite par l’augmentation des surfaces cultivées, plutôt
que par l’intensification, d’autant que les rendements ont peu progressé.
On observe aussi une diminution progressive de la taille des exploitations qui traduit l’arrivée au point
de saturation quant à la capacité d’absorption du croît démographique en zone rurale, notamment
dans les zones les plus peuplées. En conséquence, on assiste actuellement à des phénomènes
croissants de saturation foncière. En 20 ans, la superficie totale des exploitations agricoles a
augmenté de 19% soit un taux d’accroissement annuel (0,86%) nettement inférieur à l’accroissement
annuel de la population agricole (3,2%) et du nombre d’exploitations (3,3%). En conséquence, la taille
moyenne des exploitations a diminué et est passée de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86
ha/exploitation en 2004-05, soit une réduction de près de 30% en 20 ans.
Diversification et pluriactivité pour limiter les risques et améliorer la viabilité
Outre les risques liés aux aléas climatiques dans une région sujette aux cyclones, les paysans ont des
difficultés à accéder aux marchés des facteurs (intrants, crédits, équipement, services agricoles) qui
n’ont guère été améliorés par le désengagement de l’Etat. L’accès au crédit est rendu difficile par
l’inexistence de titres fonciers ce qui limite les investissements nécessaires à une amélioration de la
production et des revenus.
Pour s’adapter à cette situation difficile dans un contexte de tension foncière et maintenir la viabilité de
leurs exploitations, les paysans ont dû développer des stratégies d’adaptation, notamment la
diversification de la production et le développement de la pluriactivité. Il s’agit notamment de répartir le
risque sur plusieurs produits, par une augmentation du nombre des productions ou la mise en œuvre
de plusieurs cycles agricoles, ou de diversifier les sources de revenu. Les activités complémentaires
au niveau local sont entre autres : l’artisanat, la production de briques, la fabrication de charbon de
bois, le petit transport mais aussi le salariat agricole. Certains paysans n’hésitent pas à migrer
temporairement vers d’autres régions agricoles en fonction des cycles de culture ou vers les villes.
Mais, dans certains cas critiques, les paysans les plus pauvres sont amenés à céder leurs
exploitations et deviennent alors métayers ou salariés agricoles.
En termes de différenciation, plusieurs phénomènes de clivages sont observables :
•
une différenciation régionale, due à la dotation en ressources naturelles de chaque région et à
l’exposition aux aléas climatiques.
•
une différenciation entre producteurs selon :
•
(i) leur degré de diversification : ainsi, le pouvoir d’achat des agriculteurs ayant diversifié a
été moins affecté que celui des producteurs spécialisés en riz, qui ont subi `a la fois la
stagnation du prix de vente réel du paddy et l’augmentation des prix des produits de
consommation courante.
•
(ii) leur participation à des filières structurées permettant de sécuriser la vente des
produits (contrats avec des sociétés de transformation, d’exportation ou des grandes
surfaces) : la capacité au respect des normes est alors un critère discriminant
•
(iii) leur accessibilité aux marchés : dans les zones enclavées, les producteurs sont
précarisés par le double effet d’un faible prix de vente des produits et d’un accès difficile
aux services de base.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxxiii
Des risques d’impasses importants
Outre un panorama de l’agriculture malgache et des éléments d’analyse sur les adaptations en cours,
tant au niveau des principales filières que des exploitations, l’étude a permis d’identifier une série de
points critiques et de questions clefs, qui seront autant de portes ouvertes ou fermées sur l’avenir,
selon la nature des réponses qui seront apportées.
Un facteur démographique déterminant
Du fait notamment de la place du riz dans l’économie et la société, Madagascar est demeuré et
devrait rester encore pour de nombreuses années, un pays rural. Le taux d'urbanisation est faible
(moins de 30% en 2005, dont 12% à Antananarivo), et devrait rester modeste dans les deux
prochaines décennies (40% en 2030).
Madagascar est un pays peu peuplé (près de 18 millions d'habitants en 2006) pour un territoire
correspondant à la France et la Belgique réunies, mais qui connaît en revanche une forte progression
démographique. Sa population a été multipliée par 3,8 en 50 ans (1950-2000) et, même si le taux de
croissance démographique diminue maintenant, la population malgache devrait continuer à croître
pour atteindre 45 millions d'habitants en 2050. Un des enjeux pour Madagascar et son agriculture sera
donc déjà de répondre aux besoins alimentaires de cette population en forte croissance, ce qui devrait
conforter la place prépondérante du riz dans l'agriculture et l'économie.
Enfin et surtout, la population malgache est très jeune puisque 56% de la population en 2004 a moins
de 20 ans. Cette population en majorité rurale est une population pauvre (78% des producteurs
agricoles) et souvent peu éduquée.
L’absorption des cohortes sur le marché du travail
Le défi principal est incontestablement l’arrivée massive, et pour de nombreuses années encore, des
nouveaux entrants sur le marché du travail. Actuellement, ce sont 300 000 jeunes par an qui entrent
dans la vie active. Ils seront plus de 600 000 par an en 2030. Il s’agit essentiellement de jeunes ruraux
souvent peu éduqués. Jusqu’à maintenant c’est le secteur agricole qui a majoritairement absorbé cet
afflux de main-d’œuvre, mais le pourra-t-il encore longtemps ? Or, en dehors de l’agriculture, les
capacités d’absorption du reste de l’économie sont très limitées. Ainsi, les secteurs textile et tourisme,
qui apparaissent comme des secteurs d’expansion et de référence de l’économie malgache ne sont
susceptibles d’absorber au mieux que 43 000 actifs supplémentaires par an durant les prochaines
années.
Le risque de saturation foncière et de pression sur les ressources naturelles
Jusqu’à maintenant, la croissance démographique a été absorbée sans trop de heurts par le secteur
agricole, sur la base de la mise en valeur de nouvelles terres arables, essentiellement rizicoles.
Toutefois, on note un début de saturation foncière évident, particulièrement dans les zones
densément peuplées qui s’est traduit par une forte réduction des surfaces moyennes par exploitation
et une pauvreté rurale accrue. Cette tension est renforcée par la faible propension à émigrer en raison
de la force de l’attachement au terroir, de la prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et
sociale), mais également du fait de l’absence de véritable politique de la migration. Dans un tel
contexte, on assiste à la persistance de systèmes de cultures traditionnels (culture sur brûlis), avec
une très forte incidence sur la dégradation de l’environnement.
La viabilité de plus en plus incertaine des exploitations et le risque d’appauvrissement de la population
rurale
Le faible accès aux moyens de production du fait de marchés des facteurs incomplets et la
prédominance de méthodes de production traditionnelles se traduisent par une stagnation de la
productivité.
Cette faible productivité associée à une réduction de la taille des exploitations remettent en cause la
viabilité de nombreuses exploitations malgaches. Parallèlement à l’émiettement des exploitations
agricoles et à la faiblesse des rendements, l’évolution des prix relatifs n’a pas été favorable. Avec la
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxxiv
libéralisation, même si les prix des produits agricole ont augmenté, l’inflation, la hausse du prix des
intrants et le développement des intermédiaires ont réduit les marges de manœuvre. Les revenus ont
régressé de manière structurelle et seuls quelques riziculteurs spécialisés ont vu leurs revenus
s’améliorer en 2004-2005.
Une telle situation, si elle s’aggrave, va à l’encontre des objectifs de lutte contre la pauvreté qui
concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes socio-économiques.
Parallèlement, la prédominance du riz peut aussi être un facteur aggravant et constituer un frein au
développement du secteur agricole et agro-alimentaire. En effet, le riz constituant l’aliment de base,
les paysans adoptent un comportement prudentiel rationnel et préférent le produire eux-mêmes plutôt
que d’avoir à l’acheter à un prix aléatoire. En conséquence l’orientation de l’agriculture vers
l’autosubsistance persiste avec une faible connexion au marché et des niveaux de productivité très
faible.
La concurrence croissante des produits importés et à l’exportation
Une autre contrainte forte pour l’agriculture malgache est l’ouverture accrue de ses marchés. Une
ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut entraîner une concurrence accrue de
produits provenant de pays développés ou de pays en développement émergents bénéficiant
d’avantages certains en matière d’infrastructures, de recherche, d’appui au financement et parfois de
soutiens importants à la production et à l’exportation sur des productions qui ne bénéficient, à
Madagascar, d’aucun de ces avantages, à l’exception d’une main-d’œuvre bon marché. Ce peut être
le cas pour les produits venant de la SADC et en particulier d’Afrique du Sud ou encore de l’Europe.
Simultanément cette ouverture généralisée des marchés se traduit par une concurrence accrue sur
les marchés préférentiels traditionnels (Europe) de la part de pays plus compétitifs (Amérique latine et
Asie notamment) vis-à-vis desquels la compétition sur la qualité et le respect des normes est
croissante.
Des adaptations en cours et des options de sortie qui se mettent place
Pour répondre à ces défis, des adaptations sont déjà en cours et des options de sortie
apparaissent. Ces tendances devront être confirmées dans le cadre de la deuxième phase de l’étude.
Des adaptations au niveau des exploitations agricoles
Au niveau des exploitations agricoles, la diversification des cultures, le recours de plus en plus
important au travail salarié, le développement des activités non agricoles, contribuent à l’apparition de
systèmes pluriactifs. Cette évolution s’accompagne d’une plus grande mobilité qui renforce les effets
de liaison ville-campagne et contribue à la dynamisation des centres secondaires.
Des filières qui tendent à se structurer et une amélioration du fonctionnement des marchés
Concernant les filières, on assiste à la fois à la mise en place d’organisations interprofessionnelles et
de plateformes de concertation à même de se saisir des problèmes de mise à niveau (respect des
normes, promotion de labels, évaluation des volumes à l’importation ou à l’exportation, etc.).
Le fonctionnement des marchés commence lui aussi à s’améliorer, avec la constitution de systèmes
d’information des marchés (Observatoire du Riz) qui contribuent à une meilleure intégration du
marché national et incidemment à la stabilisation et la compréhension des mécanismes de marché.
Au niveau des institutions publiques, un vaste chantier est également en cours, tant au niveau de la
refonte des missions des administrations publiques que du transfert de tâches opérationnelles vers les
niveaux communal et régional, à la fois au travers de la déconcentration des ministères sectoriels que
de la décentralisation.
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
xxxv
Le développement des migrations internes et externe
Dans la mesure où le marché de l’emploi urbain, souvent trop exigeant en matière de compétences,
sera largement insuffisant pour absorber les cohortes de jeunes entrants sur le marché de l’emploi, la
problématique de l’accompagnement des migrations inter-régionales et rural-rural, vers les zones
rurales d’accueil potentiel des migrants sera certainement déterminante à moyen terme. N’oublions
pas que Madagascar dispose encore de surfaces cultivables non-exploitées importantes. Le
développement induit des villes secondaires sera également un élément clef.
Cette perspective renvoie à la politique d’aménagement du territoire et dépasse très largement le
simple champ du secteur agricole. Dans ce contexte, la réforme foncière s’avèrera certainement un
outil crucial.
Ces migrations temporaires ou non devraient se traduire par un accroissement de la main-d’œuvre
absorbée par le secteur informel qui demeure difficile à estimer.
Enfin, du fait de l’adhésion de Madagascar à divers accords commerciaux (SADC, COMESA, COI,
OMC), les migrations internationales dans la sous- région ou ailleurs, pourraient également constituer
une porte de sortie. Mais cela ne pourra concerner qu’une infime partie de la population. Les
opportunités existent en effet, comme la facilité d’entrée en Afrique du Sud et à Maurice qui sont des
pays demandeurs de main-d’œuvre. Cependant, des contraintes persistent : barrière de la langue,
insuffisance de trésorerie pour supporter les frais de déplacement et d’installation, aversion pour le
risque et l’aventure.
La mise en place de pôles de croissance et d’agro-technopôles et une volonté politique affichée pour
une agriculture tournée vers le marché
Dans le cadre de la politique de décentralisation, le développement de pôles de croissance, d’agrotechnopôles et de zones d’investissement agricole devrait être un élément moteur pour la relance
d’une agriculture ouvertement tournée vers le marché.
Il s’agit en particulier de développer des activités agricoles et agro-alimentaires via un « appui aux
filières porteuses » déterminées par les régions elles-mêmes.
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du Plan d’Action Madagascar 2007-2012 (MAP) qui souligne
le rôle stratégique du secteur agricole et précise les objectifs de croissance sectorielle, en termes de
développement de la production proprement dite, mais aussi en termes de développement de l’agroindustrie. Le Plan d’Action met en avant le rôle capital de l’agro-industrie comme moteur de la
production, qu’elle soit agricole, halieutique ou dans le domaine de l’élevage pour répondre aux
marchés national, régional et international. Une telle volonté politique devrait contribuer à attirer des
investisseurs potentiels qui font défaut dans ce secteur à Madagascar.
Le développement des exportations dans le cadre de l’ouverture des marchés régionaux et
internationaux
L’ouverture des marchés régionaux et internationaux offre des opportunités sérieuses pour les
productions agricoles et agro-alimentaires malgaches (COMESA, SADC, COI, APE, OMC), pourvu
qu’un travail rigoureux soit consenti en termes de normes, de qualité et de formation professionnelle, à
la fois pour les exploitants et les techniciens susceptibles de les conseiller, mais aussi pour les
investisseurs potentiels.
Ainsi, la préparation de l’Accord d’intégration régionale de la SADC a créé de réelles expectatives de
la part des opérateurs malgaches, la perspective d’un accès privilégié à un marché de plus de 200
millions de consommateurs étant à l’évidence attractive. L’analyse des opportunités est bien
évidemment nuancée selon les produits. Les principaux produits exportés (vanille, crevette, girofle,
huiles essentielles, café, cacao, sucre, coton) devraient rester ciblés vers les marchés des pays
développés, alors qu’il y aurait probablement un espace pour des produits actuellement exportés en
petites quantités tels que les fruits et légumes (pomme de terre, tomate, oignon, melon), le maïs,
principal produit vivrier de l’Afrique australe, voire même le riz.
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xxxvi
PREMIERE PARTIE : PLACE ET ROLES DE
L’AGRICULTURE DANS LA CONFIGURATION
NATIONALE : LES GRANDES TENDANCES
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1. REPERES HISTORIQUES
1.1. CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS POLITIQUES 3
Le graphique suivant récapitule les principales dates ayant marqué la chronologie des évènements et
différents régimes politiques à Madagascar.
Période coloniale
Période précoloniale
1896
1
1960
ère
République
2
ème
1975
République
3
ème
République
1993
1.1.1. Période précoloniale
En 1500, le Portugais Diego Diaz découvre Madagascar. La période précoloniale est marquée par
une mortalité élevée du fait de la famine et de nombreuses maladies qui expliquent la croissance
limitée de la population.
Le roi Andrianampoinimerina règne de 1787 à 1810. Il fait aménager les plaines d’Antananarivo. Ceci
permet à la région d’Imerina (Antananarivo) de se distinguer des autres régions, par une mise en
valeur agricole des terres, bien supérieure au reste de l’île.
Sous le règne du roi Radama (1810 - 1828) puis de celui de la reine Ranavalona 1ère (1828 - 1861),
on assiste à une modification de l’organisation de l’espace rural et de la population. Il y a une tentative
de création de voies de communication afin de contrôler le territoire du point de vue économique et
politique. Des terres sont attribuées aux colons. Des migrations importantes sont observées vers les
ports conquis par le pouvoir royal (Majunga, Foulpointe, Fort dauphin)
La demande de main d’œuvre pour renforcer l’armée et pour travailler dans les plantations de la côte
Est augmente. Radama tente d’y remédier en intensifiant le système de corvée obligatoire. Ce
système est poursuivi sous le règne de Ranavalona 1ère (1830 - 1847). Les corvées obligatoires ont
des effets désastreux sur l’agriculture malgache. En effet, ce système prive le monde rural de la main
d’œuvre agricole et de celle nécessaire pour l’entretien des réseaux hydrauliques, d’où un état de
délabrement et une réduction des superficies cultivables en Imerina.
Le royaume de Madagascar possède ses propres institutions et réformes. En 1868, parait le Code des
101 articles, puis en 1881, le Code des 305 articles, législation novatrice touchant à la fois le droit civil,
le droit pénal, la procédure. L’émancipation des esclaves importés du continent africain est décidée en
1877.
Un premier conflit éclate entre Madagascar et la France en 1883. En 1895 – 1896 il y a une tentative
de mise en place d'un protectorat. Après des insurrections dans différentes parties de l’Ile, la Loi
d’annexion du 6 août 1896 est promulguée déclarant « colonie française l’île de Madagascar avec les
îles qui en dépendent ».
3
Les informations présentées dans cette partie sont tirées de H Deschamps (Histoire de Madagascar) et de B. Gastineau- Rakotoson.
2
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.1.2. L’ère coloniale, 1896-1960
La Constitution de 1946 de la quatrième République française fait de Madagascar un territoire d’outremer au sein de l’Union Française. En 1947, éclate une insurrection qui est sévèrement réprimée (plus
de 100 000 victimes). S’en suit une décennie marquée par une prolifération de partis politiques.
Au milieu du 20ème siècle, des moyens importants sont consacrés à la lutte antipaludique et à la
diffusion des vaccins, ce qui entraîne une amélioration de l’état de santé de la population et une
croissance démographique plus soutenue.
D’autres mesures sont prises par le régime colonial :
•
Incitation à l’exploitation agricole au moyen de contrats (entre affranchis et anciens maîtres).
•
Institution sur la base de « Fanompoana », d’un impôt direct de 30 à 50 jours de travail. Les
contribuables sont réquisitionnés pour des travaux d’intérêt collectifs et dans des entreprises
privées. Le système du travail obligatoire dure jusqu’en 1946.
•
Mise en œuvre de divers projets de mise en valeur agricole.
1.1.3. L’Indépendance, la Première République et la transition militaire, 1960 –
1975
L’indépendance de Madagascar est votée le 14 Octobre 1958. Elle est proclamée le 26 juin 1960.
Philibert Tsiranana devient le premier Président élu de la République Malgache. La coopération avec
la France reste très large : soutien financier et monétaire, envoi de coopérants et d’enseignants,
accords de défense. Des forces françaises sont stationnées à la base navale de Diégo-Suarez
(actuellement Antsiranana). Les échanges commerciaux avec la France restent prépondérants. Des
rapports sont néanmoins établis avec la Communauté Européenne, les USA, l’Allemagne, Israël et
Formose. Madagascar appartient à l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) et à l’OCAM. L’économie
reste stagnante. Les capitaux pour les investissements demeurent insuffisants et le niveau de vie de
la population décline. En 1971, une insurrection éclate dans le Sud, pour protester contre l’impôt de
capitation. Suite à la révolte des étudiants, le régime du Président Tsiranana et du parti PSD tombe en
1972.
En Mai 1972, en pleine crise estudiantine, le Président Tsiranana confie les pleins pouvoirs au général
Gabriel Ramanantsoa. Le gouvernement formé par le Général révise alors les accords de coopération
avec la France et les relations avec l’Afrique du Sud. La « taxe per capita » et l’impôt sur les zébus
sont supprimés.
Les résultats du référendum du 8 octobre 1972, prévoyant un régime provisoire pour cinq ans, marque
la fin de la première République Malgache.
Le régime militaire qui s’en suit, ne peut résoudre ni les problèmes économiques ni certaines
dissensions ethniques au sein de l’armée. En désespoir de cause, le général Ramanantsoa remet à
son tour les pleins pouvoirs au colonel Richard Ratsimandrava, le 5 février 1975. Suite à l’assassinat
de ce dernier cinq jours plus tard, un Directoire Militaire est mis en place.
1.1.4. La deuxième république, 1975-1992
Le 15 juin 1975, le Directoire Militaire choisit le capitaine de frégate Didier Ratsiraka comme Chef de
l’Etat. Les résultats du référendum du 21 décembre 1975 confirment Ratsiraka à ce poste et
entérinent la Charte de la Révolution Socialiste Malgache. Ainsi naît la Deuxième République de
Madagascar, qui dure jusqu’en 1992.
3
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Ce régime est marqué par l’autoritarisme de Ratsiraka et le parti AREMA. Les nationalisations et les
politiques économiques mal conçues entraînent de graves pénuries de devises, de produits
alimentaires et de produits de première nécessité. Face aux difficultés économiques, Ratsiraka
accepte de mettre en place des réformes économiques et de passer d’une économie planifiée à un
régime plus libéral d’économie de marché. Ces réformes sont mises en œuvre dans la période 1986 –
1990.
L’opposition est alors regroupée au sein des Forces Vives. Des grèves menées par les Forces Vives
éclatent dans tout le pays, en 1991. Le mécontentement populaire se cristallise le 10 août 1991, lors
d’une marche organisée par les Forces Vives et lors de laquelle la garde présidentielle tire sur la foule.
Les longs mois de grèves qui s’installent compromettent les fragiles résultats du processus
d’ajustement structurel mis en place.
Le 31 octobre 1991, Ratsiraka accepte de soutenir un processus de transition démocratique, complété
par la formulation d’une nouvelle constitution et l’organisation d’élections multipartites libres. Un
gouvernement transitoire est mis en place, et la Haute Autorité de l’Etat (HAE), présidée par le
Professeur Albert Zafy, partage le pouvoir avec le régime Ratsiraka, pendant la période de transition.
Le processus de transition, de 1991 à 1993, est géré par le Premier Ministre Guy Razanamasy.
1.1.5. La troisième République, à partir de 1993
Des élections sont organisées qui voient la victoire de Albert Zafy. Il devient le premier Président de la
Troisième République Malgache, le 27 mars 1993. Une nouvelle Assemblée Nationale est mise en
place, à majorité Forces Vives.
Le régime, peu expérimenté, se débat avec les difficultés économiques et les difficiles relations avec
le FMI et la Banque Mondiale. Ces derniers préconisent de mettre en application des réformes du
marché, ainsi qu’une réduction drastique du déficit budgétaire. Le régime flirte avec les financements
non traditionnels proposés par des individus peu dignes de confiance. Par ailleurs, Zafy est confronté
à des dissensions au sein même de sa majorité (les Forces Vives), tant et si bien qu’il est déchu de
son poste suite au vote d’une motion d’empêchement par l’Assemblée Nationale, en 1996.
Les élections de 1997 voient le retour de Ratsiraka au pouvoir. Le parti AREMA redevient majoritaire
au sein de la nouvelle Assemblée Nationale. Cette dernière approuve la constitution de 1998 qui
renforce considérablement le pouvoir présidentiel.
Suite aux contestations des résultats des élections présidentielles de décembre 2001, faites par le
candidat Marc Ravalomanana (Maire d’Antananarivo), une longue crise s’installe dans le pays. Les
partisans de Ratsiraka tentent d’asphyxier la Capitale, bloquant les routes et dynamitant des ponts.
Après la fuite en exil de Ratsiraka et de ses plus proches partisans en France, en juillet 2002,
Ravalomanana accède alors officiellement au pouvoir. Les élections législatives de décembre 2002
confortent la position politique du nouveau Président, par la victoire de son parti, le Tiako i
Madagasikara (TIM). Les gouverneurs provinciaux sont remplacés par des Chefs de Délégations
Spéciales. 22 régions sont officiellement constituées.
Les élections municipales de 2003 voient l’émergence de nouveaux maires issus aussi bien de la
majorité présidentielle que de l’opposition.
L’actuel régime base sa politique sur le Madagascar Action Plan (MAP). Ce plan vise, entre autre, à
relever les défis de la mondialisation, à instaurer une économie émergente et compétitive, à atteindre
une forte productivité, à accroître la création d’emplois, à un développement rural dynamique et à
l’émergence d’un secteur privé fort et diversifié.
4
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.2. LES POLITIQUES AGRICOLES ET DE DEVELOPPEMENT RURAL 4
o
Durant la colonisation, l’économie est structurée autour des cultures d’exportation dans les
zones spécialisées (café, cacao, vanille, riz de luxe, etc…). Le territoire est doté de grands
services publics, et des stations d’agriculture et d’élevage sont créées. Entre 1953 et 1963, la
vulgarisation agricole est axée sur des organismes de participation devant permettre à la
population rurale de participer à la gestion des opérations et d’en prendre progressivement la
responsabilité. Ce sont les Collectivités Autochtones Rurales (CAR) 5, équivalentes des
Communes Rurales actuelles. Les CAR sont modernisées avec l’utilisation des tracteurs et des
bulldozers et deviennent les Collectivités Rurales Autochtones Modernisées (circulaire d’octobre
1951). Elles donnent la possibilité d’emprunter et de recevoir des subventions sur les crédits
FIDES 6, mais rapidement le coût élevé des pièces de rechange empêche la réparation des
tracteurs et diminue la rentabilité escomptée des opérations de mise en valeur des terres. De
plus, du fait du régime autoritaire des administrateurs et des techniciens, la politique de
participation n'est pas réellement perçue, il n'y a donc qu'une faible appropriation par les
producteurs.
Pour y remédier, on base les actions sur les Groupements de Collectivités (GC) 7 et les secteurs
de paysannat. Ces derniers sont membres des GC mais sont autonomes dans leurs actions
techniques. Cette politique échoue du fait d’un manque de méthode, d’objectif et de programme
bien définis, ainsi que d’un défaut d’organisation.
o
La première République (1960-1972) opte pour le développement du secteur agricole avec
pour priorités de nourrir la population qui croît fortement et d’augmenter les productions
d’exportation. Dans le plan quinquennal 1964-1968, l’objectif d’un accroissement de richesse
identifie l’agriculture comme l’élément dominant du développement économique du pays. Le
développement de l’industrie (transformation des produits du sol, fabrication des biens
d’équipements dans les domaines de l’agriculture et de la construction, industries de biens de
consommation) figure aussi dans les objectifs du plan quinquennal. Le plan est basé sur la
régionalisation, principe qui sous-tend son exécution. Toutefois, il est mentionné que la condition
essentielle d’un réel développement industriel est l’accès de nombreux paysans à une économie
monétaire et à un niveau de vie accru créant un véritable marché intérieur.
Le plan propose plus précisément :
o
•
le développement de la production agricole, base de l’économie nationale, par la mise en
valeur de nouvelles terres, l’amélioration des rendements, le choix des cultures les plus
rémunératrices assurées d’un débouché stable et de prix soutenus et le développement
d’un système de commercialisation fondé sur la coopération ;
•
le développement de l’industrie ;
•
le développement et l’amélioration des moyens de transport et des circuits de
commercialisation.
Dans les années 60, la politique agricole est marquée par la mise en œuvre de l’ Opération de
Productivité Rizicole (OPR) assurée par 3 sociétés 8 qui s'associent pour créer le Groupement
d'Opérations de Productivité Rizicole (GOPR). Les schémas techniques sont largement imposés
et « l’encadrement » est dense, avec notamment un concours important de l’assistance technique
extérieure.
Un gros effort est accordé à la formation du personnel de terrain. Si le coût de la tonne
supplémentaire de riz produite est sans doute très élevé, les résultats sont très significatifs: les
Les informations présentées dans cette partie sont issues du Plan quinquennal 64-68 (Thèse 3ème cycle Economie Rurale : Action de masse et
développement agricole à Madagascar par D Ralaivaohita) du Plan Directeur de la Recherche Agricole, FOFIFA, et de l’Annexe PANSA, DCPE et DSRP
4
5 CAR : établissements de droit public créé par arrêté du 7 juin 1950, géré par des notables ruraux avec budget et plan de campagne contrôlés par le chef
de district.
6 Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social.
7 GC : organisme de droit public ayant la personnalité morale, regroupant les CAR et les CRAM à l’échelon du district. Les GC pouvaient acheter, vendre et
commercialiser les produits.
8 SAREC, ISAGRARIA ET AGRAR Hydro-technique
5
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
rendements en paddy augmentent 9 (entre 1,54 à 1,92 tonnes à l’hectare) et les cultures pluviales
sur tanety se développent. Il n’y a pas à l’époque de crise de sécurité alimentaire. Le « schéma »
GOPR qui visait essentiellement à assurer l’offre en matière de sécurité alimentaire (disponibilité
et stabilité) a permis que les années 60 soient quasiment toutes excédentaires en riz 10.
La politique agricole de la période de 1966 à mai 1972 met l’accent sur de grands projets visant à
accroître la production de riz. Le développement de l’élevage et de l’exploitation forestière ne vient
qu’en second lieu. L’accent est mis plutôt sur la mise en culture de nouvelles terres. L’emploi de
moyens de production tels que semences sélectionnées, engrais et petit équipement agricole est
nettement recommandé. La part des investissements publics dédiés au secteur agricole
représente 21% du programme général d’investissement proposé, tous secteurs confondus. La
production vise à réduire les importations de lait, de viande, de pâte à papier...
o
Dans les années 70, l’Etat est omniprésent et l’idéologie socialiste impose son modèle de
développement, sans réel effort de participation des communautés paysannes. Celles–ci se
replient progressivement sur elles–mêmes, en limitant leur insertion au marché. Les importations
de riz augmentent régulièrement pour culminer au début des années 80 (de 59 000 tonnes en
1975 à 351 000 tonnes en 1982, soit plus de 20% de la consommation). De plus, la mise en
valeur des tanety souffre d'un laxisme généralisé en matière de préservation des ressources
naturelles.
Grâce à l'aide extérieure, des efforts se poursuivent dans le domaine des aménagements hydro–
agricoles permettant d’augmenter les surfaces bénéficiant d’une bonne maîtrise de l’eau. La
vulgarisation technique et la transmission de messages de développement durable se révèlent par
contre de moins en moins efficaces, et les infrastructures se dégradent progressivement, faute
d'entretien adéquat. Cette situation se traduit par une stabilisation, voire une diminution dans
certaines zones, des rendements et des volumes produits.
Que reste–t–il des acquis de la période des années 60, considérée comme « faste »?
Malheureusement très peu car le coût d’une telle politique n’a pas pu être assumé par le nouveau
régime. L’idéologie socialiste a gravement perturbé les marchés tant des intrants que des produits
agricoles, l’effort dans la formation du personnel s’est peu à peu dégradé, les schémas
techniques, plus imposés qu’appropriés par les paysans, se sont largement dilués et les déficits
en riz sont régulièrement apparus au cours des années 70 et 80.
o
Pendant la 2ème République (1975-1992), le Plan quinquennal 1982-1987 est destiné à
«établir la cohérence des différentes politiques et programmes d’ajustement, de redressement et
de relance de l’économie ». Ce plan est scindé en deux phases :
- 1982/1985 : arrêt du processus de dégradation de l’économie ;
- 1986/1987 : création des conditions d’une relance durable de l’activité économique basée sur
la recherche de l’autosuffisance alimentaire, la réduction du déficit énergétique du pays, la
dynamisation du secteur industriel et la diversification des ressources d’exportation .
Un nouveau plan pour la période 1986-1990 est soumis à l’Assemblée Nationale Populaire, en
juin 1986, avec quatre objectifs prioritaires :
- l'autosuffisance alimentaire ;
- l'augmentation des produits d’exportation ;
- l'amélioration du niveau de vie de la population ;
- la recherche d’une plus grande indépendance énergétique.
La mise en oeuvre d’un programme de stabilisation et d'ajustement structurel (libéralisation du
taux de change, libéralisation du commerce intérieur, déréglementation des prix, désengagement
de l’Etat des activités de production et de commerce, libéralisation des importations…) dans la
deuxième moitié des années 80 permet d’atteindre une croissance économique positive en
termes réels à la fin de la décennie, même si l’inflation demeure relativement élevée.
9
Au moins dans les zones GOPR
Exportation nette
10
6
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
o
Dans les années 80 et 90, de nombreuses études sont menées et de multiples projets sont
mis en œuvre pour accompagner le retour vers une politique plus libérale. L’effet cumulatif des
Programmes d’Ajustement Structurel lancés depuis 1985 donne naissance à une économie plus
ouverte et orientée vers le marché.
Tout d’abord, beaucoup d’investissements sont réalisés pour réhabiliter les périmètres irrigués
(Programmes PPI et Micro–hydraulique notamment). On assiste aussi à la mise en œuvre de
projets plus « intégrés » comme l’Opération de Développement Rizicole (puis rural, l'ODR) sur les
Hautes Terres.
Pour améliorer l'encadrement des paysans le Ministère chargé de l'agriculture met en place un
programme national de vulgarisation agricole (PNVA) qui vise à développer une approche ayant
connu quelque réussite en Asie. Ce programme se révèle être un échec, tant par la faiblesse de
ses résultats que par ses déficiences en matière de durabilité.
Les projets de réhabilitation de périmètres rizicoles par contre permettent de poursuivre
l’augmentation des surfaces irriguées, avec maîtrise de l’eau. L’organisation des usagers connaît
quelques avancées dans la perspective de l’entretien et de la gestion des infrastructures,
condition sine qua non de leur durabilité. Les messages techniques visant à l’accroissement des
rendements ne progressent malheureusement que sur certains grands périmètres où l’essentiel
de la production est destiné à la vente.
o
Dans les années 90, plusieurs politiques sont mises en place pour tenter d’améliorer la
situation du monde rural :
La politique pour le Développement Rural de 1994 vise les objectifs suivants : (i) améliorer
les conditions de vie en milieu rural ; (ii) améliorer la productivité agricole ; (iii) promouvoir une
politique d'ouverture des marchés ; (iv) valoriser les ressources disponibles ; (v) protéger
l'environnement.
Le Document Cadre de Politique Economique (DCPE), de 1998, a des implications fortes en
termes de politique agricole puisqu’il en énonce les grands axes : le désengagement de l’Etat
des activités de production et de commercialisation, la libéralisation des marchés des intrants
et des produits (riz, vanille, sucre), une redéfinition du rôle de l’Etat (avec le redéploiement
des effectifs, et un renforcement ciblé des compétences), le transfert de responsabilité vers
les collectivités territoriales décentralisées et le développement du secteur privé (R Bourgeois,
1998, p.2).
Le Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR), institutionnalisé en Janvier 1999, met
l’accent sur la participation des différents acteurs dans la définition des axes prioritaires et sur
la décentralisation des décisions. Le PADR vise à engendrer une meilleure gestion des
ressources, une coordination plus efficace des interventions et un contact plus étroit avec les
communautés rurales.
o
Au début des années 2000 :
-
-
-
Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) est finalisé en septembre
2002 puis révisé fin 2003, le DSRP est un document de base décrivant les stratégies et
programmes devant permettre la réduction de la pauvreté. Concernant l’Agriculture, les
programmes de mise en œuvre du DSRP visent essentiellement à "assurer la sécurité
alimentaire et à optimiser l’utilisation des ressources".
La Politique Générale de l’Etat (PGE) et la Vision Madagascar Naturellement (VMN), deux
documents initiés par le Président Marc Ravalomanana, définissent les priorités et les
objectifs du Gouvernement, constituant les « chapeaux de l’action gouvernementale ».
Pour la Vision 2020 décrite dans la VMN, le développement rural est incontournable en vue
de la réduction de la pauvreté, de l’amélioration de l’éducation et de la santé, de l’égalité des
chances pour les jeunes et de la diminution du clivage villes/monde rural.
La PGE fixe des objectifs et indicateurs précis qui s’articulent autour des 3 grands axes du
DSRP :
-
La Lettre de Politique de Développement Rural (LPDR) est élaborée en 2001. Sa mise à jour
est réalisée en 2004 et actualisée en 2005. Cette LPDR identifie 3 axes de politique
conformes aux orientations du PADR, qui sera remplacé par le PNDR: (i) Amélioration de la
productivité rurale pour réduire significativement la pauvreté rurale, améliorer la sécurité
7
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
alimentaire et augmenter les revenus des producteurs ; (ii) Promotion de la diversification
rurale, des produits à valeur ajoutée et des exportations ; (iii) Développement de
d'industrialisation rurale et promotion d'activités rurales non - agricoles.
-
Le Programme National de Développement Rural (PNDR) a pour mission « d'accélérer le
développement rural tout en préservant et valorisant l’environnement ». Le PNDR définit cinq
orientations : (i) rendre le cadre institutionnel du secteur plus effectif efficace ; (ii) améliorer la
sécurité alimentaire et augmenter la production et la transformation agricoles ; (iii) valoriser les
ressources naturelles et préserver les facteurs naturels de production ; (iv) développer et
organiser les marchés de filières et (v) faciliter l’accès au capital. La prise en compte de la
conservation et de la protection de l'environnement (PAE) est partie intégrante de cette
politique.
-
Le Plan directeur quinquennal pour le développement rural (« Master plan ») du MAEP (20042009), réalisé en janvier 2004, présente une approche orientée vers le marché. Quatre
objectifs principaux sont mis en relief : (i) développement de systèmes de production agricole,
d'élevage et de pêche traditionnelle orientés vers le marché ; (ii) investissements dans les
domaines de la vulgarisation et de la recherche appliquée; (iii) établissement d'un
environnement plus favorable pour assurer un développement rural rapide et durable; et (iv)
création d'alliances pour identifier les ressources financières et promouvoir les opportunités
commerciales.
Ainsi, la politique de développement rural du présent Gouvernement affirme l’impératif de la
modernisation des exploitations agricoles, de la promotion de la production marchande et de
l’amélioration de la productivité du travail et des sols dans le cadre d’une gestion pérenne des
ressources naturelles. Ce choix est celui d’une agriculture tournée vers le marché,
comme base indispensable au développement durable du secteur agricole. Tout ceci
est réaffirmé dans le Madagascar Action Plan (MAP). Le MAP porte sur la période 20072012, et est basé sur les objectifs de la Vision « Madagascar Naturellement » et les
Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Outre les produits d’exportation traditionnels (vanille, girofle, café, cacao…), l’agriculture malgache n’a
pas beaucoup varié son offre à l’exportation. Le désengagement de l’Etat du système productif et
commercial a permis l’émergence de nouveaux produits d’exportation performants tels que les
haricots verts ou les crevettes. La nouvelle dynamique de l’environnement international, résultant de
la signature de divers accords commerciaux, présente de nouvelles opportunités de marchés pour
Madagascar. D’où la volonté marquée actuellement dans les diverses politiques mises en place de
tourner résolument l’agriculture vers le marché. L’ambition est de passer d’une agriculture de
subsistance et peu diversifiée à une offre plus élargie, via une agriculture plus agressive face à la
concurrence mondiale.
Résumé
•
La dynamique des politiques agricoles qui se sont succédées à Madagascar a subi les
contrecoups des divers changements (parfois brutaux) de régimes politiques.
•
Il en est résulté un manque de continuité dans la conception et la mise en œuvre des politiques.
•
Néanmoins, face au défi de la pauvreté et aux nouvelles donnes internationales, l’agriculture
malgache se tourne actuellement résolument vers le marché.
•
Les différentes politiques agricoles ont largement privilégié la culture du riz, façonnant ainsi au fil
de l'histoire les campagnes malgaches.
•
Les cultures d'exportation ont bénéficié, notamment sous la colonisation et la première
république, d'appuis importants.
8
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
•
Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat durant la période socialiste ont eu des effets
souvent négatifs sur la production et la commercialisation des produits agricoles qui se font
encore ressentir, notamment pour le sucre, le coton, le tabac et les huiles et même le riz.
•
La libéralisation de l'économie et le désengagement de l'Etat qui ont suivi cette période, initiés
dans le cadre des programmes d'ajustement structurels, ont permis de "libérer les forces du
marché" sans toujours avoir les effets escomptés sur la production et les échanges agricoles.
9
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
2.1. UNE CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE ENCORE FORTE
La population malgache estimée à 2 641 000 en 1900, a atteint les 4 230 000 en 1950 et comptait au
dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat, en 1993, 12 238 914 individus 11.
En 2006, d’après l’Institut National de la Statistique (INSTAT), la population de Madagascar serait de
17 532 000 individus. A moyen terme, les projections des Nations Unies prévoient une population de
27 millions en 2020 (hypothèse moyenne, avec les bases de données du PNUD) et de 45,3 millions
en 2050.
Le nombre d’habitants à Madagascar a donc été multiplié par 3,8 en un demi-siècle (1950-2000) et
pourrait être multiplié par 10,3 en un siècle (1950-2050). Cette tendance traduit la baisse importante
de la mortalité (même si celle-ci reste élevée) et une fécondité encore très élevée (indice de fécondité
de 5,2 en 2003).
Graphique 1. Evolution de l’effectif de la population de Madagascar de 1900 à 2050
50000
45000
Effectif (En 000)
40000
35000
30000
25000
20000
15000
10000
5000
0
Pop Totale
1900
1910
1920
1930
1940
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
2641
3000
3300
3700
4000
4230
5395
6939
9048
11956
15970
21093
27077
33464
39347
46292
Sources : 1911-1941 : BASTIAN : Etude géographique et économique, 1967
1950-2050 : PNUD Data base
A l’instar de ses voisins africains, si la population malgache a cru faiblement (1 % environ) jusqu'en
1950, la tendance s’est ensuite accélérée. Le taux de croissance de la population est ainsi passé de
2,2% en 1966 (pour une population de 6 462 000 habitants), à 2,7% en 1975 (pour 7 603 790
habitants) et 3,14% pour la période 1993-1994.
Depuis on assiste à une certaine diminution du taux de croissance qui est estimé à 2,60% pour la
période 2003-2004. Cette tendance devrait se confirmer dans les années à venir et le taux de
croissance pourrait atteindre 2,46% pour la période 2006-2010.
Si Madagascar a entamé sa transition démographique, la population malgache devrait
continuer à augmenter sensiblement d’ici les quarante prochaines années.
11
B. Gastineau- Rakotoson : Etude de l’évolution de la population de Madagascar- Vintsy , 2006
10
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 2. Evolution du taux d’accroissement naturel de la population et tendance
2,84
2,93
2,78
2,64
2,52
2,37
2,33
2,04
1,71
1,41
1950-55 1960-65 1970-75 1980-85 1990-95 2000-05 2010-15 2020-25 2030-35 2040-45
Source : PNUD Population database révision, 2004
2.2. UNE POPULATION TRES JEUNE
Comme le souligne B. Gastineau « la conjonction d’une mortalité, certes en baisse mais encore forte,
et d’une fécondité qui se maintient à haut niveau malgré une récente diminution explique que la
population malgache reste une « population jeune» 12. Ainsi, en 2004 56,6% de la population a
moins de 20 ans et la part des personnes de plus de 60 ans est particulièrement faible (moins de 5%).
Comme le montre les pyramides des âges et le tableau qui suit, la part de la population jeune va
demeurer importante encore longtemps.
On devrait assister à une régression de la part des plus jeunes en 2050, indiquant un début de
vieillissement de la population. Les moins de 15 ans ne devraient alors plus représenter que 28% de
la population, et les plus de 60 ans à peine 10%. Par contre la population en âge de travailler (15-59
ans) devrait représenter plus de 60% de la population, ce qui pose dès à présent la question de
l’absorption de cette population sur le marché du travail.
Tableau 1.
Répartition de la population par groupe d’âges
1966
1975
1993
2005
2050
Moins de 15 ans
46,5
44,4
44,6
44,0
27,7
Entre 15 et 59 ans
47,9
49,9
51,5
51,2
62,7
60 ans et plus
5,6
5,7
3,9
4,8
9,6
Sources : Recensement de la population et de l’habitat pour 1966, 1975 et 1993, et estimation des Nations
Unies (2004) pour 2005 et 2050
12
: B. Gastineau- Rakotoson : Etude de l’évolution de la population de Madagascar- Vintsy , 2006
11
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 3.
Pyramides des âges de Madagascar (population en milliers)
1975 – recensement de la population
1993 - recensement de la population
70-74
70-74
60-64
60-64
50-54
Femmes
Hommes
50-54
40-44
40-44
30-34
30-34
20-24
20-24
10-14
10-14
0-4
0-4
2500
1500
500
500
1500
2500
Femmes
Hommes
2500
1500
500
500
1500
2500
2030 – projections – Calculs Gastineau, Rakotoson
(2006)
2050 – projections – Calculs Gastineau, Rakotoson
(2006)
70-74
70-74
60-64
60-64
50-54
Femmes
Hommes
50-54
40-44
40-44
30-34
30-34
20-24
20-24
10-14
10-14
0-4
0-4
2500
1500
500
500
1500
2500
2500
Femmes
Hommes
1500
500
500
1500
2500
2.3. UNE FAIBLE URBANISATION
Les données exhaustives les plus récentes concernant la population de Madagascar datent du dernier
recensement général de la population (RGPH) en 1993.
Les taux d’urbanisation et les effectifs de population urbaine présentés après 1993 sont donc des
estimations qui reposent sur des hypothèses de croissance démographique (fécondité, mortalité,
migration…). L’analyse des données pose une autre difficulté : la définition de la population urbaine
varie d’un recensement à l’autre :
•
Pour le RGPH 1975, le milieu urbain est constitué d’agglomérations de plus de 4 000
habitants ayant réalisé un plan d’urbanisme ;
•
Pour le RGPH 1993, le milieu urbain est constitué des 7 grands centres urbains (chef lieu de
province et Antsirabe) et de l’ensemble de tous les chefs lieux de district, à l’exception de
ceux d’Antananarivo Atsimondrano et Avaradrano, de Fianarantsoa II, de Toamasina II, de
Mahajanga II, de Toliara II et d’Antsiranana II.
Toute population qui ne réside pas dans ces localités est considérée comme population
rurale. En revanche, la population agricole est celle qui réside en milieu rural et qui a comme
activité principale l’agriculture. Ne sont pas inclus ceux qui résident dans les centres urbains,
mais qui vivent de l’agriculture. Ce dernier cas est surtout fréquent dans les centres urbains
secondaires.
12
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
De 14% en 1960, la part de la population urbaine est passée à 29,4% en 2006 et, selon les
projections, la tendance à l’urbanisation devrait s'accélérer au cours des prochaines décennies :
33,5% en 2020, 40,7% en 2030, correspondant respectivement à 8 913 000 habitants et 13 157 000
habitants. Malgré cette progression de l’urbanisation, Madagascar demeure un pays très rural
par rapport à la plupart des pays en développement.
Antananarivo reste la province la plus urbanisée, mais la période 1975-1993 est marquée par le
développement d’autres centres urbains. Les provinces de Toliary, Toamasina et, dans une moindre
mesure, Fianarantsoa ont connu une progression de l’urbanisation pendant cette période. On assiste
notamment au développement de villes secondaires, alors que la taille des villes primaires, en dehors
d’Antananarivo reste limitée.
Tableau 2.
Province
Taux en 1975
(%)
Antananarivo
26,2
Fianarantsoa
10,2
Toamasina
11,8
Mahajanga
15
Toliary
9,1
Antsiranana
Population totale
22,1
16,4
Urbanisation en 1975 et en 1993
Taille des villes en 1975
Taux en 1993
(%)
Antananarivo : 157.000
Antsirabe : 26.500
Ambatolampy : 4.400
Miarinarivo : 8.200
Fianarantsoa : 38.200
Farafangana : 18.000
Mananjary : 4.800
Toamasina : 29.500
Ambatondrazaka : 10.100
Fénérive Est : 7.600
Mahajanga : 30.700
Antsohihy : 10.500
Toliary : 17.000
Taolagnaro : 7.800
Morondava : 6.500
Antsiranana : 30.400
Antalaha : 15.200
30,1
16,6
21,8
21,8
22,5
18,3
22,9
Taille des villes en 1993
Antananarivo : 903.450
Antsirabe : 186.600
Ambatolampy : 49.900
Miarinarivo : 9.700
Fianarantsoa : 109.260
Farafangana : 17.500
Mananjary : 19.500
Toamasina : 137.800
Ambatondrazaka : 27.600
Fénérive Est : 13.560
Mahajanga : 106.780
Antsohihy : 14.200
Toliary : 80.800
Taolagnaro : 30.600
Morondava : 25.070
Antsiranana : 59.040
Antalaha : 23.960
Sources : RGPH, 1975 et 1993
2.4. UNE POPULATION MAJORITAIREMENT RURALE ET AGRICOLE
L’évolution de la population depuis l’époque précoloniale jusqu’à aujourd’hui montre que Madagascar
demeure un pays dont la majorité de la population vit en milieu rural. Ainsi, en 2005, les trois quarts de
la population vivent encore en zone rurale contre 5/6 en 1960.
Mais surtout, le pays va encore demeurer très rural dans les décennies à venir. En effet, la poussée
de l'urbanisation n'entraîne pas de diminution de la population rurale. Celle-ci estimée aujourd'hui à
13 580 000 devrait atteindre 19 840 000 en 2030, soit 59,29% de la population. Une des raisons de
cette progression est le niveau de fécondité qui reste élevé dans les campagnes (5,4 enfants pour le
pays en 2003) et est supérieur au niveau de fécondité en milieu urbain (3,7 enfants par femme en
2003) 13.
Notons que la population rurale se différencie très peu de la population agricole à Madagascar.
L’évolution de ces deux populations est donc aussi très proche. Ainsi, la population rurale est passée
de 10 417 000 en 1996 à 12 386 720 en 2002, et la population agricole est passée de 9 792 000 à
11 657 900. La population malgache devrait donc rester, pour quelques décennies encore, une
population majoritairement rurale et agricole.
13
Source : INSTAT ORC Macro 2005
13
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 4. Evolution des populations urbaine, rurale et agricole
16000
Effectifs ( en millier)
14000
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1950
Population urbaine
1960
1970
1980
1990
2000
Population agricole
2010
Population rurale
Source : PNUD Population Database Révision, 2004
2.5. UNE FAIBLE DENSITE ET UNE REPARTITION SPATIALE TRES INEGALE
Du fait de l’accroissement de la population, on assiste à une progression de la densité de population
sur le territoire :
•
Fin du 19ème siècle : 4 hab./km² (source Campbell, 1991)
•
1950 : 7,2 hab./km²
•
2000 : 27,2 hab./km²
•
2050 : 78,9 hab./km2
Toutefois cette densité est faible et va le demeurer encore longtemps puisqu’elle est estimée à
78,9 habitants/km² en 2050.
Si la densité est relativement faible, la population est aussi inégalement répartie sur le territoire
(cf. carte page suivante). On note ainsi une concentration (jusqu’à 120 habitants/km² en 1993) de la
population dans la partie orientale du pays, dans la partie Est des Hautes Terres centrales malgaches
et dans certaines zones comme l’Alaotra, à Marovoay ou encore à Morondava. L’ancienneté de
l’occupation, l’existence de vastes plaines rizicoles et la possibilité d’entreprendre des cultures
tropicales d’exportation explique un niveau de densité élevé de population dans ces régions.
La partie occidentale, à l’exception des grandes villes, est presque vide (moins de 10 habitants/km² en
1993). C’est une zone traditionnellement destinée à l’élevage, et historiquement vide d’hommes à
l’exception des plaines alluviales riches, comme la vallée de la Betsiriry (Miandrivazo, Malaimbandy),
la plaine de Betsiboka (Maevatanana, Ambatoboéni, Marovoay), la dépression périphérique de
Mampikony-Port Bergé, la plaine du Bas Mangoky, la plaine de Dabara à Morondava…
Bien que la densité de la population soit faible, cette répartition très inégale de la population sur le
territoire se traduit par des phénomènes de saturation foncière dans certaines zones, alors que
d’autres zones sont complètement vides.
14
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Par rapport à la superficie arable, la densité rurale est passée de 14,18 habitants/km² en 1950 à 42,97
en 2000, et près de 50 habitants/km² en 2005.
15
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.6. PLUS DE 300 000 JEUNES NOUVEAUX ARRIVANTS ESSENTIELLEMENT RURAUX SUR
LE MARCHE DU TRAVAIL
On définit par cohorte annuelle de jeunes arrivant sur le marché du travail, les jeunes qui ne suivent
plus leur scolarité et qui souhaitent entrer dans la vie active à une année donnée. Entrent aussi dans
cette catégorie les jeunes qui souhaitent fonder une famille.
Le défi pour Madagascar est d’insérer annuellement dans la vie active, une cohorte de 287 000
à 387 000 jeunes adultes, entre 2000 et 2010.
Ce chiffre est sans doute sous estimé, car il ne prend en compte que 20% des jeunes entre 20 et 24
ans, or les nouveaux entrants sur le marché du travail, sont et seront des ruraux qui entrent en
général tôt dans la vie active (moins de 16 ans pour le sexe féminin, et 18 ans au plus tard pour le
sexe masculin). De plus, il faut souligner que plus des trois-quarts des jeunes de 20 à 24 ans sont
déjà en activité en milieu rural et fondent une famille.
Graphique 5. Evolution des effectifs des nouvelles cohortes annuelles de jeunes adultes à
insérer dans la vie professionnelle (1/5 des 20-24 ans)
705600 757600
621400
527000
387000
287000
212000
160000
110000
75400 92000
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
Source : PNUD Population database révision, 2004
Enfin, la cohorte des jeunes adultes à insérer dans la vie professionnelle augmente d’année en
année. Estimée à 300 000 jeunes actuellement, cette cohorte devrait progresser de façon
exponentielle, à partir de 2010, et pourrait atteindre plus de 700 000 jeunes en 2040
Notons que ces jeunes sont essentiellement des jeunes ruraux, ce qui pose la question d’une
part, de l’offre supplémentaire de travail dans les campagnes mais aussi dans les villes et,
d’autre part, de la formation de ces jeunes pour répondre à cette offre, qu’elle soit dans le
secteur agricole, dans l’industrie, dans le tourisme ou dans le secteur tertiaire en général.
2.7. DES PHENOMENES MIGRATOIRES PEU IMPORTANTS
2.7.1. Très peu de migrations externes
En raison de son insularité et de sa position géographique éloignée des grands courants migratoires
mondiaux, Madagascar a, jusqu’ici, eu très peu d'échanges de population avec l'extérieur et les
phénomènes migratoires internationaux y sont négligeables. Cependant, il existe des possibilités de
migration de main d’œuvre compétitive au niveau régional, surtout dans le cadre des divers accords
régionaux (COMESA, SADC, COI) et bilatéraux (Liban, Ile Maurice, Afrique du Sud).
16
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.7.2. Des migrations internes limitées et conjoncturelles
A Madagascar, les migrations internes demeurent limitées (14,8% selon EPM, 2004), et sont surtout
des migrations campagne/campagne, ou périurbaines.
Les migrations régionales sont surtout saisonnières (exemple des repiqueurs de riz vers le lac Alaotra)
et ont eu tendance à augmenter avec la crise du riz, en 2004.
Il existe aussi des phénomènes migratoires plus structurels qui peuvent avoir des bases culturelles.
Ainsi, les Antandroy partent « s’enrichir » dans des zones de production comme le Menabe (pour la
culture de maïs de défriche-brûlis) ou dans des zones de production industrielle (zone de plantation
de canne à sucre du Nord Ouest). Cependant, ils retournent en général dans leurs villages natals
lorsqu’ils ont amassé suffisamment d’argent.
La population du Sud Est, confrontée à une certaine saturation foncière, émigre dans toute l’île, soit à
la recherche de nouvelles terres agricoles (surtout pour la riziculture ou pour des cultures de défrichebrûlis), soit pour travailler dans le secteur informel (comme tireurs de pousse par exemple). Parmi ces
migrants, beaucoup ne pensent plus à retourner chez eux et ont même déjà construit des tombeaux
ème
en dur dans leur nouvelle zone d’installation. Ce dernier cas concerne surtout des migrants de la 3
ème
génération.
à la 5
Il existe aussi des migrations temporaires de Merina et de Betsileo (groupes ethniques des Hautes
Terres centrales) qui partent vivre hors de leurs régions d’origine. Outre des emplois dans
l’Administration ou des sociétés privées, la majorité de ces migrants s’adonnent au petit commerce.
Dans la plupart des cas, ces groupes ethniques retournent dans leur région, à l’âge de la retraite, et
laissent leurs enfants continuer leurs activités.
La proportion des individus vivant en milieu urbain ayant émigrés est supérieure à celle des ruraux
(23,4% contre 12,2% selon EPM 2004). Les migrations en milieu rural sont freinées par les problèmes
d’insécurité, d’infrastructures (routières, d’accueil, de services publics…), d’encadrement technique,
d’antagonismes sociaux ou de conflits fonciers.
Les migrations rurales/urbaines existent, mais semblent être de moindre ampleur que dans les autres
pays du continent africain ou d’Amérique Latine. Ces cas concernent surtout des jeunes actifs issus
de l’enseignement secondaire et qui partent se faire embaucher dans des entreprises franches.
Des processus de migrations organisées ont été initiés et mis en œuvre soit par l’Etat, soit par des
ONGs. Le Ministère de la Population a ainsi lancé un projet pour le déplacement et l’insertion des
familles déshéritées vivant dans les rues des villes, notamment Antananarivo, mais avec un succès
limité. Citons aussi le Projet d’insertion des jeunes ruraux (PROJER), destiné à l’insertion, dans le
Moyen Ouest, de jeunes sortant de l’université. Cependant les effectifs concernés sont encore faibles.
Du fait de l’existence de situation de saturation foncière, sur les Hautes Terres par exemple, il semble
que les phénomènes migratoires tendent à se développer. Or, il s’agit probablement d’une des
évolutions à venir pour l’agriculture malgache, qu’il s’agisse de migrations internes ou externes, ce qui
pose la question à la fois de la formation des migrants, des infrastructures dans les zones d’accueil,
des incitations à partir. La réussite de ce processus est dépendante de l’efficacité des politiques de
décentralisation et d’aménagement du territoire.
Ceci est un sujet essentiel. Or, mises à part les données de l’Enquête Périodique auprès des
Ménages de l’INSTAT, le phénomène migratoire est faiblement étudié et les données chiffrées sont
peu importantes. Ce phénomène pourrait donc être affiné lors de la seconde phase de l’étude.
17
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.8. UNE POPULATION CROISSANTE ET DONC DES BESOINS ALIMENTAIRES QUI
AUGMENTEN T
En plus de l'offre d'emplois supplémentaires nécessaires pour la population croissante en âge de
travailler, un autre enjeu important pour Madagascar, notamment en matière d'agriculture, est de
répondre aux besoins alimentaires de la population totale.
En prenant comme base une consommation annuelle de riz par habitant de 120 kg, la consommation
totale serait aujourd'hui de 2,16 millions de tonnes de riz, soit des besoins en paddy de 3,27 millions
de tonnes. Si ce niveau de consommation par habitant demeure constant, les besoins en paddy, qui
suivent la croissance démographique, pourraient atteindre près de 5 millions de tonnes en 2030, 6
millions de tonnes en 2030 et plus de 8 millions de tonnes en 2050.
Cependant, on peut penser qu'à l'avenir la consommation va se diversifier, ce qui est d'ailleurs déjà le
cas, et que la consommation de riz par habitant va diminuer. Cependant, même avec 100 kg/habitant,
les besoins en paddy progresseront sensiblement et pourraient dépasser les 5 millions de tonnes en
2030.
Ces estimations, qui doivent être prises avec précaution, montrent que s'il est nécessaire
d'encourager les processus de diversification de la consommation, et donc de la production, le riz
demeurera un élément central pour l'agriculture et l'économie malgache.
Tableau 3.
Estimation des besoins en riz et en paddy en fonction de l'évolution de la
population et du niveau de consommation par habitant
2006 2010 2020 2030 2040 2050
Population totale (estimation)
18
21,1
27,1 33,5 39,3
45,3
Consommation totale estimée avec hypothèse 120kg/hbt (millions de
tonnes)
2,16 2,532 3,252 4,02 4,716 5,436
Besoins en paddy (coefficient 0,66)
3,27
3,84
4,93 6,09 7,15
8,24
Consommation totale estimée avec hypothèse 100kg/hbt (millions de
tonnes)
2,11
2,71 3,35 3,93
4,53
1,8
Besoins en paddy
2,73
3,20
4,11 5,08 5,95
6,86
Source : Calculs des auteurs
2.9. UNE POPULATION A FORTE MAJORITE DE PAUVRES
La population malgache est majoritairement pauvre. En 2005, le taux d'incidence de la pauvreté était
de 68,7% pour l’ensemble du pays. La population la plus pauvre est rurale, avec un taux d'incidence
de la pauvreté de 73,5% en milieu rural, contre 52% en milieu urbain (EPM 2005).
Graphique 6. Evolution du taux d’incidence de la pauvreté de 1993 à 2005 (unité : %)
Source : Razafindravonona et alii. Evolution de la pauvreté à Madagascar, 1993-2002.
INSTAT/DSM/EPM2004 et 2005.
18
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La pauvreté concerne davantage les agriculteurs que les autres groupes socio-économiques.
Ainsi, en 2005, la proportion de pauvres est de 78% pour les petits agriculteurs contre 56% pour les
travailleurs indépendants.
Mesuré en terme de consommation annuelle par tête, le seuil de pauvreté était de 305.300 Ariary pour
l’année 2005. Cette valeur a été calculée à partir des données de 2001 et actualisée selon le taux
d’inflation.
Résumé
•
Une population croissante qui pourrait atteindre les 27 millions en 2020
•
Une population jeune et qui va le rester encore longtemps (57% de moins de 20 ans en 2004)
•
Un faible taux d’urbanisation, mais qui ira en s’accroissant à l’avenir
•
Une population majoritairement rurale et agricole et qui va le rester (75% de la population est
rurale et agricole en 2005)
•
Plus de 300 000 nouveaux arrivants essentiellement ruraux sur le marché du travail en 2005
et plus de 700 000 en 2040
•
Une densité de population encore faible, mais une répartition inégale de la population sur le
territoire, avec l’existence de zones vides et des phénomènes de saturation foncière
•
Peu de migrations externes, et des migrations internes limitées, mais qui devraient se
développer du fait des situations de saturation foncière
•
Des besoins alimentaires croissants auxquels il faut répondre qui confortent la place
prépondérante du riz dans l'agriculture et l'économie malgache
•
Une pauvreté massive qui stagne et qui concerne davantage les agriculteurs que les autres
groupes sociaux économiques
19
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
3. PLACE DE L’AGRICULTURE DANS L’ECONOMIE
NATIONALE
3.1. UNE POPULATION ACTIVE TRES MAJORITAIREMENT AGRICOLE
Face à plus de 300 000 jeunes, essentiellement ruraux, qui arrivent chaque année sur le marché du
travail (et plus de 700 000 en 2040), la question qui se pose est celle de la capacité d’absorption de
ce marché.
La population active est définie comme étant la population en âge de travailler qui est ou qui souhaite
s’insérer sur le marché du travail. Cependant, les tranches d’âge considérées varient suivant les
enquêtes permanentes auprès des ménages (EPM). Ainsi, dans l’EPM 1993, la population active
comprend les individus âgés de 6 ans à 65 ans et pour les EPM 2001 et 2004, elle comprend les
individus âgés de 14 ans à 65 ans. Il est donc difficile de procéder à une analyse comparative de
l’évolution de la population active sur la période 1993 – 2004.
Au-delà de ces différences de champ, l’analyse des données statistiques de ces périodes permet les
observations suivantes :
•
En 2001, parmi les 12 189 000 individus en âge de travailler, 8 108 000 étaient effectivement
actifs, soit un taux d’activité estimé à 66,5% sur l’ensemble du pays.
•
En 2004, le taux d’activité de l’ensemble de la population était estimé à 66,7% et à 64,6%, en
2005.
Graphique 7. Evolution de la population active (15-59 ans)
27279
2050
2040
23266
2030
18915
14776
2020
11093
2010
8168
2000
1990
6045
4535
1980
3474
1970
1960
1950
2765
2264
Source : PNUD population data base révision 2004
Selon les données des EPM de 2001 et 2004, le taux d’activité est relativement équivalent dans
chacune des provinces de Madagascar, et se situe entre 62,5% à Antananarivo et 71,4% à
Antsiranana en 2004.
Le taux d’activité des hommes reste toujours supérieur à celui des femmes, toutes activités
confondues, dans la mesure où les femmes sont généralement soumises aux travaux domestiques.
Toutefois, les femmes actives sont relativement plus jeunes que les hommes actifs (EPM 2004)
Enfin, le travail des enfants est encore très important, en particulier en milieu rural. Ainsi selon les
résultats de l’EPM 2004, 20% de la population active seraient des enfants de 6 à 14 ans.
20
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
De plus, selon la même source, les emplois salariés sont relativement peu nombreux à Madagascar,
avec un taux de salarisation de 13,4%, ce qui indique une place importante du secteur informel. En
milieu rural, le poids des emplois non salariés est même de 88%.
Provinces
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliara
Antsiranana
Total
Tableau 4.
Taux d’activité par province
Population active en 2001
Population active en 2004
61,8
62,5
65,7
71,7
68,4
68,5
70,5
67,7
73,7
63,2
67,4
71,4
66,5
66,7
Source : INSTAT / DSM / EPM 2001 et 2004
Selon les résultats des EPM de 1993, 2002 et 2004, la majorité de la population active travaille dans
le secteur agricole et sa proportion a même tendance à progresser. En effet, d’après ces enquêtes, le
secteur agricole représentait 82,4% des actifs en 2004, contre 65% en 1993 et 75,6% en 2001. Cela
pourrait témoigner d’un engouement pour le secteur agricole du fait d’une hausse des prix, en
particulier du riz, mais aussi de la faiblesse des offres d’emplois dans les autres secteurs.
Le tableau suivant fournit la répartition des emplois informels et formels suivant les différentes
branches d’activité 14.
Tableau 5.
Répartition des actifs entre les différents secteurs, dans le milieu rural et dans
l’ensemble de Madagascar
2004
Branche d'activité
Rural
Ensemble
Agriculture
90,1
82,4
Industrie alimentaire
0,2
0,3
industrie textile
0,4
0,8
BTP
1,3
1,5
Autres industries
1
1,6
Commerce
1,7
4
Transport
0,6
1,1
Santé privée
0,1
0,1
Education privée
0,2
0,4
Admnistration publique
2
2,9
Autres services
2,5
4,9
Sources : EPM 2004
En dehors de l’agriculture, il existe peu d’opportunités d’emplois, notamment en milieu rural. Le
commerce est la seconde source d’emploi (4% en 2004 et 6% en 2001), devant l’administration (2,9%
en 2004 et 2,6% en 2001) et les autres industries (1,6% en 2004). Notons, concernant le commerce,
que les emplois dans ce secteur sont très souvent liés au secteur agricole. Quant aux industries
alimentaires, elles ne représentent que 1% des emplois en 2001 et à peine 0,3% en 2004, ce qui
témoigne du faible développement de cette branche d’activité, pourtant essentielle pour le
développement de l’agriculture.
Faute de chiffres exhaustifs sur les effectifs d’actifs dans les différentes branches d’activité, nous
analysons les perspectives d’emplois dans deux secteurs jugés porteurs pour l’économie malgache. Il
s’agit du secteur tourisme et du secteur textile- habillement.
15
Selon une étude récente portant sur le secteur textile habillement à Madagascar, le secteur et ses
activités connexes employaient environ 180.000 personnes en 2005. Moyennant la conquête de
nouveaux marchés, notamment européens, et des investissements importants, les possibilités
d’emplois seraient au maximum de 300.000 emplois à l’horizon 2009, soit environ 30.000 emplois de
plus par an.
14
15
: Ce tableau ayant été obtenu à partir d’enquêtes par échantillonnage, les effectifs d’actifs par secteur ne sont pas disponibles.
JEXCO-« Le secteur textile- habillement de Madagascar et son environnement international »- Septembre 2006
21
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Concernant le tourisme, l’INSTAT avait évalué les emplois directs et indirects de ce secteur à 19 850
personnes en 2004. Les prévisions du plan directeur du tourisme, élaboré par le Cabinet GATO AG,
font une estimation de 135.400 emplois directs et indirects à l’horizon 2013, soit à peine 13.000
nouveaux emplois par an sur 12 ans.
Le constat est donc sans appel : ces deux secteurs, pourtant jugés phares pour le développement de
l’économie malgache, n’absorberaient au maximum que 43.000 emplois/an, face à plus de 300.000
jeunes arrivant annuellement sur le marché de travail.
3.2. L’AGRICULTURE, LE SECTEUR MOTEUR DE L’ECONOMIE MALGACHE
3.2.1. Un PIB qui progresse de 2,7%/ an depuis 1993
Graphique 8. Relation PIB réel et nominal
PIB REEL ET NOMINAL 1960 à 2005
12000,0
550,0
500,0
10000,0
450,0
REEL
400,0
6000,0
350,0
NOMINAL
8000,0
4000,0
300,0
2000,0
250,0
PIB réel
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
1980
1978
1976
1974
1972
1970
1968
1966
1964
1962
0,0
1960
200,0
PIB nominal
Sources : MEFB/DGE-INSTAT
L’évolution du PIB réel depuis 1960 peut être décomposée en quatre périodes :
•
De 1960 à 1971, le PIB a connu une croissance régulière. La croissance annuelle moyenne
du PIB sur cette période est de 2,9% et est quasiment au même niveau que la croissance
démographique (2,8% par an). L’environnement économique se caractérise par une inflation
modérée puisque le taux maximum atteint est inférieur à 7%.
•
De 1972 à 1982, le PIB réel évolue en dents de scie. Le pays enregistre une croissance
négative du PIB réel tous les deux ans. La croissance annuelle moyenne est quasiment nulle
(-0,5%). C’est la période durant laquelle la pauvreté a connu la plus forte augmentation à
Madagascar.
•
De 1983 à 1992, l’économie enregistre une croissance annuelle moyenne positive mais faible
(1,2%/an en moyenne). La paupérisation de la population se poursuit. Madagascar entre en
ajustement structurel. La fin de la période est ponctuée par la crise politique de 1991.
•
De 1993 à 2005, la croissance moyenne annuelle (2,7%) fait plus que doubler par rapport à la
période précédente. La croissance de l’économie suit la croissance démographique. On
assiste à une rupture en 2002, suite à une crise politique, mais dès 2003 la croissance repart.
En 2004, le PIB réel atteint son niveau maximal depuis 5 ans.
22
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
3.2.2. Une inflation annuelle de près de 15% depuis 1972
L’observation de l’inflation met en évidence deux grandes périodes :
• avant 1972, le franc malgache appartient à la zone Franc, l’inflation est contenue et se situe
en moyenne à 3,3% entre 1960 et 1972 ;
• depuis 1972, Madagascar a quitté la zone Franc. Le déséquilibre important de la balance
commerciale devient alors source d’inflation qui, sur la période, atteint en moyenne 14,6%.
Graphique 9. Inflation et PIB
CROISSANCE DU PIB ET INFLATION 1961-2005
50,0%
40,0%
30,0%
20,0%
10,0%
2005
2003
2001
1999
1997
1995
1993
1991
1989
1987
1985
1983
1981
1979
1977
1975
1973
1971
1969
1967
1965
1963
1961
0,0%
-10,0%
PIB
INFLATION
-20,0%
Sources : MEFB/DGE-INSTAT
Les taux d'inflation annuels moyens sur les sous périodes 1972-1982, 1983-1992 et 1993-2005 sont
pratiquement les mêmes (respectivement de 14,4% ; 14,3% et 15,6%). Toutefois, les causes
majeures de ces niveaux d’inflation sont différentes :
• Pendant la période allant de 1972 à 1983, le non respect de la discipline budgétaire a généré
une forte hausse de l’inflation ;
• La période allant de 1983 à 1992 est marquée par la libéralisation des prix intérieurs et par
des dévaluations successives de la monnaie nationale.
• La dernière sous période allant de 1993 à 2005 débute par le passage au flottement de la
monnaie malgache (en 1994). D’autre part, il y a une inflation importée, suite à la hausse des
cours du riz et du pétrole sur le marché international. Il est à noter que pendant la crise
politique de 2002, la flambée des prix à la consommation avoisinait les 17%. Après une
stabilisation des prix en 2003, la mise en place d’une politique de détaxation sur certains
produits importés engendre une autre flambée des prix à la consommation de près de 14% en
2004, induite par forte dépréciation de la monnaie nationale.
3.2.3. Un PIB dépendant majoritairement de l’agriculture et de la filière rizicole
Depuis 1970, la structure du PIB n’a quasiment pas évolué. Ceci signifie que l’économie malgache
n’a pas connu de changement majeur durant cette période. Le secteur primaire représente en
moyenne 35% de la richesse du pays, le secteur secondaire 14% et le secteur tertiaire 51%. Si le
secteur tertiaire est le premier secteur créateur de valeur ajoutée, il faut souligner qu’il s’agit
essentiellement d’activités commerciales qui sont souvent liées au secteur agricole 16.
16
Faute de série longue, l’analyse ne débute qu’en 1970.
23
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 6.
Evolution du PIB réel
REPARTITION DU PIB REEL MOYEN ANNUEL CREES PAR SECTEUR
DE 1970-2005
STRUCTURE DU PIB REEL PAR SECTEUR
1970-2005
100%
Secteur tertiaire
80%
Primaire
35%
60%
Secteur secondaire
40%
Tertiaire
51%
Secteur primaire
20%
Secondaire
14%
Sources : MEFB/DGE-INSTAT
Source : MEFB/DGE-INSTAT
De 1970 à 2005, le secteur primaire a progressé de 1,6% par an, le secteur secondaire de 0,6% et le
secteur tertiaire de 1,3%. Après la crise politique de 2002, et suite à la reprise des activités au cours
de l’année 2003, chaque secteur d’activité retrouve son rythme de croisière respectif au cours de
l’année 2004. Le secteur primaire dépasse même son niveau d’avant la crise. Le PIB réel de ce
dernier secteur d’activité, évalué à 159,6 milliards d’Ariary en 2004, contre 154,9 milliards d’Ariary en
2001, reflète l’effort entrepris dans le monde rural.
Tableau 7.
Périodes
Croissance annuelle moyenne des PIB sectoriels par périodes
1972-1982
1983-1992
1993-2005
0,5%
2,4%
1,8%
-2,9%
2,7%
2,5%
-0,6%
0,6%
2,9%
Primaire
Secondaire
Tertiaire
Source : MEFB/DGE-INSTAT, nos propres calculs
L'apparente diversification de l'économie malgache doit être considérée avec précaution. En effet, si
l’on compare l'évolution du taux de croissance du PIB avec l'évolution du taux de croissance du PIB
agricole et celle du taux de croissance de la production rizicole, on constate une relative similitude qui
suggère que le secteur agricole et en particulier la filière riz, est le moteur principal de l’économie
malgache.
Graphique 10. Evolution du PIB National par rapport au PIB Agricole
15%
10%
5%
20
04
20
02
20
00
19
98
19
96
19
94
19
92
19
90
19
88
19
86
19
84
19
82
19
80
19
78
19
76
19
74
19
72
19
70
19
68
0%
-5%
-10%
-15%
PIB Agricole
PIB National
Source : Data Base RuralStruc/ B.Losch
24
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
1980
1978
1976
1974
1972
1970
0%
Graphique 11. Evolution du PIB National par rapport au PIB Rizicole
Taux de croissance de la production rizicole et du PIB national
15
10
5
%
Taux de croissance de la production rizicole
Taux de croissance du PIB national
0
-5
-10
19
71
19
73
19
75
19
77
19
79
19
81
19
83
19
85
19
87
19
89
19
91
19
93
19
95
19
97
19
99
20
01
20
03
-15
Source : O. Jenn-Treyer (SMB)
Notons par ailleurs que l’agro-alimentaire représente une part importante du PIB du secteur
secondaire. Au cours de la période d’observation (1984-2005), le poids de l’agro-alimentaire dans ce
secteur est passé de 34% en 1984 à 37,8% en 2005 17.
3.2.4. Une part croissante de l’Elevage et de la Pêche dans le PIB agricole
Dans la comptabilité nationale malgache, le secteur primaire est composé des branches d’activités
suivantes : l’agriculture, l’élevage et la pêche et la sylviculture. Les mines sont comptabilisées dans le
secteur secondaire. Le PIB primaire se confond donc avec le PIB agricole. L’évolution des différentes
branches de l’agriculture est synthétisée dans le graphe ci-dessous.
Graphique 12. Evolution de la répartition des différentes branches de l’agriculture
PIB PRIMAIRE EN TERME REEL
STRUCTURE DU PIB AGRICOLE DE 1984 A 2005
100%
Sylviculture
11%
Sylviculture
80%
Agriculture
47%
Elevage et
Pêche
60%
Elevage et pêche
42%
40%
Source : INSTAT
20%
Agriculture
0%
1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source : INSTAT
17
Source : MEFB-INSTAT
25
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
L’agriculture est ici entendue au sens large, à savoir l’agriculture, l’élevage, la pêche et la foresterie.
Les informations disponibles portent sur la période 1984-2005. Durant ces 21 ans, l’agriculture
représente en moyenne 47% du PIB agricole, l’élevage et la pêche 42% et la sylviculture 11%. Sur la
même période, le taux de croissance moyen de chaque branche est respectivement de 1,6%, 2,8% et
1,6%.
Les poids de l’agriculture et de la sylviculture ont plutôt tendance à diminuer au profit de l’élevage et
de la pêche. Ceci peut s’expliquer par les effets des programmes de protection de l’environnement
dans le cas de la sylviculture, par la baisse des cours des produits agricoles, mais surtout par le
dynamisme de la filière pêche et en particulier de la filière crevettes.
Résumé
•
Une population active très majoritairement agricole (82,4% en 2004)
•
Très peu d’emplois salariés
•
Des opportunités d’emplois très insuffisantes en dehors de l’agriculture, y compris dans le
tourisme et le textile, pour faire face à plus de 300 000 jeunes nouveaux arrivants sur le
marché du travail
•
Un PIB qui progresse plus vite que la croissance démographique depuis 1993 (2,7%/an)
•
Une inflation encore forte (plus de 15,5% depuis 1993)
•
Une structure quasi constante du PIB depuis 1972 : le secteur primaire représente en
moyenne 35% de la richesse du pays, le secteur secondaire 14% et le secteur tertiaire 51%.
•
Le secteur agricole, et en particulier la filière riz, moteur de l’économie malgache
•
L’agro-alimentaire représente 38% du secteur secondaire en 2005
•
Une place croissante de l’élevage et surtout de la pêche dans le secteur agricole au dépend
de l’agriculture et de la sylviculture
26
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
4. ECHANGES INTERNATIONAUX
4.1. UN DEFICIT COMMERCIAL QUI SE CREUSE
Entre 1984 et 2005, les exportations malgaches ont plus que doublé, tandis que les importations
malgaches ont été multipliées par trois. En conséquence, la balance commerciale, déjà négative
de 74, millions de USD en 1984, s’est détériorée pour atteindre un déficit de 701 millions de
USD en 2005.
Graphique 13. Evolution de l’importation, de l’exportation et de la balance commerciale
2000
1500
1000
500
0
1984
1986
1988
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
-500
-1000
Export
Import
balance com.
Source : Banque centrale de Madagascar
4.2. DES EXPORTATIONS CONCENTREES SUR QUELQUES PRODUITS ET QUELQUES
MARCHES
4.2.1. Une baisse de la part des exportations agricoles
Tableau 8.
Valeur des exportations agricoles et totales, en millions de dollars
1995
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Exportations agricoles
316,1
340,0
416,9
400 ;8
479,9
382,9
286,4
Exportations totales
510,0
955,7
943,2
664,7
974,5
1022,3
854,9
Part
agricole
des
62,0%
35,6%
44,2%
60,3%
49,2%
37,5%
33,5%
exportations
Source : INSTAT
Les exportations malgaches ont augmenté sensiblement, passant de 510 millions USD en 1995 pour
atteindre 1022 millions USD en 2004, avant de baisser à 855 millions d’US Dollars en 2005. Dans le
même temps, la part des exportations agricoles malgaches dans les exportations totales a eu une
évolution contrastée, en deçà ou au-delà de la moitié de celles-ci selon les années. On note toutefois
27
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
que la part des exportations agricoles dans les exportations totales est en baisse ces dix dernières
années, passant de 62% en 1995 à 34% en 2005.
Cela s’explique, d’une part, par la plus forte croissance des exportations non agricoles sur la période,
surtout de textile- habillement. Le développement des zones franches a entraîné une forte progression
des exportations malgaches et aussi une modification de la composition de ces exportations. Ainsi, en
2005 le textile- habillement représentent 39% des exportations malgaches contre environ 14% en
1995. Notons que la quasi-totalité de ces produits proviennent des zones franches. Toutefois, le
démantèlement des accords multifibres en 2004 a entraîné une baisse du niveau des exportations
malgaches pour ces produits, en 2005.
Cette chute s’explique d'autre part, par la baisse des exportations de certains produits phares et en
particulier le café. La part du café est, en effet, passé de 22% des exportations en 1995 à 1% des
exportations en 2005, sous l'effet de la chute des cours internationaux qui a totalement déstructuré la
production nationale.
Les exportations de sucre ont également diminué ces dernières années, malgré les quotas
disponibles sur le marché européen et américain. Cette situation traduit l'état de crise que traverse la
filière sucre à Madagascar, avec une production qui est passé de 90 000 tonnes en 1995 à 25 000
tonnes en 2003.
C’est également le cas pour la vanille dont les exportations ont fortement chuté entre 2004 et 2005. La
hausse des cours de la vanille naturelle qui ont atteint en 2004, 500 USD/kg s'est traduite par une
baisse de la demande mondiale, une réorientation de cette demande vers la vanille de synthèse et
une progression de la production mondiale de vanille. En conséquence, l'offre de vanille naturelle a
largement dépassé la demande mondiale et les cours ont fortement chuté pour atteindre les
25 USD/kg en 2005, alors que les volumes exportés diminuaient.
Dans le cas des crevettes, le tassement des exportations semble indiquer une raréfaction de la
ressource, malgré le développement de la production aquacole.
Tableau 9.
Produits
Crevette
Vanille
Thon
Girofle
Litchi
Coton
Café
Cacao
Langouste
Sucre
Evolution des principales exportations agricoles, en millions d’US Dollars
Unité
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
Millions USD
Tonnes
1995
61,5
835,8
38,8
697,6
28,4
1402,1
11
1712,8
11
7526,7
13,1
4351,6
108,2
39313,1
3,8
3256,5
3,5
215,6
13,5
22290,4
2000
101,9
12 209,7
64,3
1 810,0
22,6
9 958,0
50,9
14 874,5
13,3
12 276,9
38,6
8 980,2
9,1
12 975,5
3,8
3 390,7
2,8
249,4
7,3
15 361,8
2001
90,2
12 185,8
143,6
1 412,8
28,1
13 852,4
90,9
17 692,7
6,8
5 064,5
9
4 628,5
3,2
6 034,9
5,4
5 305,1
2,4
214,3
6,3
19 832,6
2002
122,1
15 965,9
164,4
1 128,9
28,5
12 506,9
23,1
7 178,0
11,3
12 486,3
9,3
4 815,4
3,9
8 135,9
8,2
5 346,9
3,9
276,6
0,9
2 569,8
2003
122,3
14 690,1
227,3
1 137,9
42,4
20 172,8
28,9
15 880,0
10,3
13 473,7
9,1
5 897,9
4,5
7 056,7
7,7
4 433,3
3,2
260,1
3,6
5 563,3
2004
105,5
11 801,9
124,4
651,4
42,1
18 468,6
28,3
12 584,6
18,2
18 844,5
11,5
4 377,1
4,5
7 841,1
6,4
4 333,5
4,4
390,6
8,5
13 589,7
2005
101
11 294,6
47,2
2 028,6
20,8
9 094,4
17
6 313,8
14,6
21 043,9
14,3
2 624,7
6,4
6 729,8
4,2
2 433,4
3,4
280,8
2,0
3 140,9
2005/1995
64%
22%
-27%
55%
33%
9%
-94%
12%
-3%
-85%
Source : INSTAT
Malgré une diversité de productions, les exportations malgaches de produits agricoles sont aujourd’hui
concentrées sur quelques produits en particulier : la vanille, le litchi, le girofle, le cacao et le coton et,
dans une moindre mesure, le sucre, les légumes secs, les conserves de fruits et légumes...
Par ailleurs, on constate une forte spécialisation géographique des exportations agricoles malgaches
par produit.
28
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 10.
Vanille
- USA
69%
- France 19%
- Canada 7%
Litchi
- France
93%
- Pays Bas 3%
- Allemagne 2%
Principales destinations des exportations agricoles malgaches 2004
Crevette
Girofle
- France 74%
- Singapour 80%
- Japon
14%
- USA
3%
- Espagne 6%
- Pays Bas
3%
- Maurice
3%
- France
2%
Sucre
Café
- Italie
57%
- France
33%
- Allemagne 28%
- Allemagne 15%
- France
14%
- Belgique 15%
Source : Données statistiques de COMTRADE
Soulignons qu’en dehors du litchi et des pois secs, les volumes exportés par Madagascar demeurent
limités. De plus, comme le montre le cas de la vanille, du café ou du girofle, les exportations de
produits agricoles sont soumises à une forte volatilité des cours. Ainsi, le prix à l’exportation du
kilogramme de vanille est passé de 73 USD en 1993 à 16 USD en 1996 puis 100 USD en 2000 et 450
à 500 USD en 2003 pour redescendre à 25 USD en 2005.
Enfin, malgré sa production agricole très variée Madagascar exporte très peu de produits agricoles
transformés en dehors du sucre, du café et du coton, ce qui témoigne du faible développement de
l’agro-industrie dans le pays.
Les produits de la pêche sont parmi les premiers produits exportés par Madagascar. Il s’agit tout
d’abord des crevettes dont les exportations (12 000 tonnes) ont quadruplé en valeur depuis 1995 pour
atteindre 12% des exportations totales. Madagascar exporte aussi des poissons et autres crustacés
(3% des exportations en 2005). La crevette a bénéficié d’investissements privés importants et de
l’aide publique au développement, d’une bonne organisation de filière et du développement des zones
franches.
Enfin, parmi les autres exportations malgaches traditionnelles, citons les huiles essentielles, les
pierres fines et industrielles, le graphite et la chromite.
4.2.2. L'Europe demeure de premier débouché des produits malgaches
Si l’Europe demeure la première destination des exportations malgaches, elle perd du terrain face aux
autres destinations. Elle ne représente plus en 2005 que 48% des exportations malgaches contre plus
de 60% en 1995. Ce recul du marché européen s’explique par un développement des exportations
malgaches vers deux autres marchés : le marché du Sud-Est asiatique et le marché des Etats-Unis
(22% des exportations en 2005). Outre une demande accrue sur ces marchés, les exportations
malgaches ont bénéficié, dans le cas du marché américain, de l’initiative African Growth Opportunity
Act (AGOA). Notons par ailleurs la stagnation des échanges avec le Japon et la Chine, deux marchés
pourtant porteurs.
Enfin, autre fait marquant, la faiblesse des échanges régionaux au sein de la COMESA (1% des
exportations malgaches en 2005) et de la SADC (moins de 1% en 2005). La création d'une zone de
libre-échange en 2000 dans le cadre du COMESA ne semble pas avoir eu d'effet notoire sur les
exportations malgaches. Par contre la récente création d'une zone de libre-échange au sein de la
SADC offre des opportunités que la Grande Ile se doit de saisir, notamment pour les produits
agricoles et agro-alimentaires.
29
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 14. Destination des exportations malgaches en 2005
Erreur ! Des objets ne peuvent pas être créés à partir des codes de champs de mise en forme.
Source : INSTAT
Graphique 15. Structure de l’exportation (1995 – 2005)
1995
Autres
Produits
24%
Crevettes
12%
Autres
Produits
Agricoles
9%
Café
22%
Poisson et
autres
crustacés
6%
2005
Autres
Produits
28%
Textiles Habillement
14%
Vanille
8%
Girofle
2%
Coton
3%
Textiles Habillement
39%
Autres
Produits
Agricoles
8%
Café
1%
Poisson et
autres
crustacés
2%
Crevettes
12%
Coton
2%
Source : INSTAT
Girofle Vanille
6%
2%
Source : INSTAT
4.3. DES IMPORTATIONS EN PROGRESSION SENSIBLE
Graphique 16. Structures des importations en 1995 et 2005
2005
1995
Autres
biens
22%
Produits
Alimentaires
11%
Produits
Alimentaires
11%
Autres biens
24%
Energie
19%
Matières
premières
26%
Equipement
22%
Source : INSTAT
Energie
16%
Matières
premières
24%
Equipement
25%
Source : INSTAT
Entre 1995 et 2005, les importations malgaches ont triplé, passant de 661 millions d’USD en 1995 à
1706 millions d’USD en 2005. Cette progression résulte du fait d’une part de la progression des
importations en zones franches pour la production textile, mais aussi de la hausse des cours du
pétrole et de la dépréciation de l’Ariary face au dollar et à l’euro.
En 2005, comme en 1995, les importations malgaches se sont concentrées sur l’énergie (20% en
2005), les biens d’équipement (29%), les matières premières (21%) et les produits d’alimentation
(11% en 2005).
4.3.1. Stagnation de la part des produits alimentaires dans les importations
malgaches
La part des importations alimentaires quant à elle a quasiment stagné, passant de 12% des
importations en 1995 à 11% des importations en 2005. Les principaux produits agricoles et
alimentaires importés sont le riz, le sucre, le blé, la farine, l’huile alimentaire et les produits laitiers.
30
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2000
Riz
Millions
USD
Tonnes
Sucre
Millions
USD
Tonnes
Blé/Froment Millions
USD
Tonnes
Farine
Millions
USD
Tonnes
Produits
Millions
laitiers
USD
Tonnes
Huiles
Millions
USD
Tonnes
Tableau 11.
Importations
2001
2002
42
33,75
8,97
2003
46,85
2004
30,18
2005
92,7
192 531
5,77
170 653
9,92
53 237
5,16
241 321
18,17
126126
23,24
299 117
18,09
30 190
6,39
41 179
3,52
22 861
0,25
74 268
8,68
92 968
10,19
68 809
6,68
36198
12,84
21279
12,36
858
8,33
36030
14,36
46028
11,82
29110
14,71
54200
7,84
67140
4,60
36325
5,85
57852
5,43
37904
7,72
53507
9,36
5 800
28,26
2354
22,00
3743
22,44
2333
55,78
3598
66,03
3691
31,98
69401
41100
87676
96661
51970
53659
Source : INSTAT
Tableau 12.
Riz
- Thaïlande
- Pakistan
- Philippines
- Chine
Huile alimentaire
- Etats-Unis
- France
- Indonésie
- Malaisie
Quelques pays fournisseurs de produits alimentaires en 2005
Sucre
Farine
- France
- Afrique du Sud
- Afrique du Sud
- Union Européenne
- Brésil
- Egypte
- Inde
- Chine
Produits laitiers
Blé
- France
- France
- Etats-Unis
- Etats-Unis
- Nouvelle-Zélande
- Inde
- Pays-Bas
Source : INSTAT
Madagascar étant une île, de plus relativement protégée (droit de douane de 20% en général et TVA
de 18%), la concurrence des produits agricoles importés reste assez faible. Cependant l’ouverture
effective de son marché dans le cadre de la COI, du COMESA, ou à venir dans le cadre de la SADC
ou de l’APE risque d’accentuer cette concurrence.
4.3.2. L'Europe : un premier fournisseur contesté
Comme pour les exportations, si l’Europe demeure le premier fournisseur de Madagascar, sa place
est contestée par les pays pétroliers et les pays d’Asie du Sud-Est, car on assiste à un alourdissement
de la facture pétrolière.
Sur cette période, la Chine accroît sensiblement ses exportations vers Madagascar. Sa part de
marché en 2005 était de 13,9% des importations malgaches. Il s’agit notamment de fils et tissus
transformés dans les zones franches.
Les importations en provenance de la COMESA ont augmenté en 2005 pour représenter 12,5% des
importations malgaches, traduisant une hausse sensible des importations en provenance de l'Egypte,
qui est membre de la zone de libre-échange du COMESA comme Madagascar.
Par contre, la SADC représente près de 8% des approvisionnements extérieurs de la Grande Ile et la
création d'une zone de libre-échange devrait avoir des répercutions sur les échanges, notamment
avec l'Afrique du Sud, y compris pour les productions agricoles.
31
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 13.
Les 10 premiers pays d’importation de Madagascar en 2005
Pays
%
France
14,3
Chine
13,9
Bahreïn
13,1
Maurice, île
7,4
Inde
5,9
Afrique du Sud
5,9
Belgique
2,8
Allemagne
2,6
Japon
2,4
Etats-Unis
2,4
Autres
29,4
Source : INSTAT
4.4. TERMES DE L’ECHANGE
Pour Madagascar, la tendance des termes de l’échange présente un creux au milieu des années 90.
Les termes de l’échange ont donc évolué au profit des importations jusqu’en 1989. On assiste à un
retournement de tendance à partir de 1999 stoppé par la crise de 2002, puis à une forte diminution
des termes de l'échange à partir de 2003 du fait des effets économiques et monétaires de la
dévaluation mais aussi de la hausse des cours du pétrole.
Graphique 17. Terme de l’échange et déficit commercial (1984-2005)
T E R M E D E L 'E C H A N G E E T D E F IC IT C O M M E R C IA L /P IB
1 9 8 4 -2 0 0 5
1 ,4 0
1 8 ,0 %
1 6 ,0 %
1 ,2 0
1 2 ,0 %
0 ,8 0
1 0 ,0 %
0 ,6 0
8 ,0 %
6 ,0 %
0 ,4 0
4 ,0 %
0 ,2 0
2 ,0 %
D é fic it c o m m e rc ia l/P IB
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
0 ,0 %
1984
0 ,0 0
T e r m e d e l'é c h a n g e
Source : Banque Centrale de Madagascar
4.5. ACCORDS COMMERCIAUX ET REGIMES PREFERENTIELS : VERS UNE OUVERTURE
ACCRUE DES MARCHES
Madagascar a conclu ou s’est engagé dans différents accords commerciaux multilatéraux, bilatéraux
et régionaux. Le point commun à l’ensemble de ces Accords est la libéralisation des marchés. Il s’agit
d’une part, d’ouvrir le plus possible les marchés internationaux et d’autre part, de limiter l’intervention
de l’Etat, en particulier en matière de politique agricole. L’objectif final est de permettre à chaque pays
de faire valoir ses avantages comparatifs et ainsi de développer les échanges pour une augmentation
32
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Déficit commercial/PIB
Terme de l'échange
1 4 ,0 %
1 ,0 0
du bien être de la population dans chaque pays. Cependant les pays ne bénéficiant pas tous des
mêmes avantages au départ, ceux classés comme pays en développement (PED) ou comme pays les
moins avancés (PMA) bénéficient d’aménagements qui devraient être limités dans le temps.
4.5.1. L’OMC, la référence pour les relations commerciales internationales
Madagascar après avoir participé au GATT, est devenu membre de l’OMC en 1995 en signant les
différents Accords commerciaux, dont l’Accord agricole. Les Accords de l’OMC sont « la base des
relations commerciales internationales ». Les autres accords commerciaux, qu’ils soient régionaux ou
bilatéraux, doivent en effet respecter les règles de l’OMC. Madagascar, en tant que PED et PMA,
bénéficie d’un certain nombre d’aménagement, en particulier en matière d’accès au marché. Ainsi,
Madagascar n’a aujourd’hui aucune obligation d’ouverture supplémentaire de son marché et peut
même augmenter ses protections jusqu’à un taux plafond fixé à 250% pour les produits agricoles.
Toutefois, il convient de noter que Madagascar est déjà largement ouvert et que le taux maximum de
protection est aujourd’hui de 20%, auquel il faut ajouter une TVA de 18%.
4.5.2. Les relations UE-ACP : une remise en cause des privilèges accordés par
les Conventions de Lomé ?
En tant que pays ACP, Madagascar bénéficie, depuis les années 70, des Conventions de Lomé
successives qui lui offrent un accès préférentiel au marché européen sans contrepartie. Etant aussi
PMA, cet accès a été renforcé en janvier 2002 par l’initiative « Tout sauf les armes » (TSA) qui lui
donne accès sans droit de douane et sans quota à ce marché, sauf pour les armes. Cependant,
l’ouverture totale du marché européen est repoussée 2009 pour le sucre et le riz.
L’Accord de Cotonou, qui se traduit par la mise en place d’Accord de Partenariat Economique (APE),
modifie cette relation commerciale non réciproque, en instaurant des zones de libre échange
régionales entre l’UE et les pays ACP. Cela signifie que Madagascar, si elle signe un APE dans le
cadre de la région l’Afrique Orientale et Australe (AFOA), doit devoir ouvrir progressivement son
marché aux produits européens à partir de 2008. Certains produits dits sensibles pourront cependant
être exclus de la zone de libre-échange, ce qui devrait être le cas pour de nombreux produits agricoles
afin de les protéger des avantages dont bénéficient les produits européens, grâce à la Politique
Agricole Commune.
4.5.3. L’AGOA
Madagascar bénéficie, notamment pour le textile, d’un accès préférentiel au marché américain, dans
le cadre de «L’African Growth and Opportunity Act» (AGOA) promulgué le 18 mai 2000. En tant que
PMA Madagascar bénéficie de la clause spéciale LDC qui lui permet d’utiliser des matières premières
en provenance de pays tiers jusqu’en 2012, pour la production des textiles et vêtements exportés vers
les Etats-Unis. Cet accès privilégié explique l’augmentation des importations vers les Etats-Unis
depuis 2000.
4.5.4. Les accords régionaux : COI, COMESA et SADC
Madagascar participe à trois Accords économiques régionaux : la COI, le COMESA et la SADC.
La Commission de l'océan Indien
La Commission de l'Océan Indien (COI) compte cinq membres : Madagascar, les Comores, Maurice,
la Réunion (France) et les Seychelles. Elle a été créée en 1984 en vertu de l'Accord général de
coopération. Les membres fondateurs sont Madagascar, Maurice et les Seychelles. Les Comores et
la Réunion sont devenues membres en 1986.
Un des principaux objectifs de la COI est de promouvoir les échanges commerciaux entre ses
membres. Depuis 2000, Madagascar a ainsi normalement supprimé ses barrières tarifaires avec
Maurice, les Comores et les Seychelles dans le cadre de la Zone d’Echanges Préférentiels (ZEP).
33
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Notons que la Réunion, en tant que région ultrapériphérique de l’Union Européenne, devrait pouvoir
mieux s’inscrire dans le processus d’intégration régional en cours.
Le COMESA
Madagascar est devenu membre du Marché commun pour l’Afrique Orientale et Australe (COMESA)
en 1995. Le COMESA regroupe actuellement 19 pays : Angola, Burundi, Comores, Djibouti, Égypte,
Érythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie, Ouganda, République
démocratique du Congo, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland, Zambie et Zimbabwe.
Neuf membres (Djibouti, Egypte, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Soudan, Zambie et
Zimbabwe) ont créé une zone de libre échange (ZLE) le 31 octobre 2000. Ils ont été rejoints par le
Rwanda en janvier 2004. Le Swaziland attendait l’accord de la SACU pour rejoindre la ZLE. Les
autres membres devraient bientôt les rejoindre. Il a été décidé aussi de créer très rapidement une
Union douanière.
Avec 1% de ses exportations en 2005, le COMESA est pour l’instant un débouché mineur pour
Madagascar et la création d'une zone de libre-échange n'a eu que peu d'impact pour les exportations
du pays.
Les importations malgaches en provenance du COMESA ont par contre augmenté pour représenter
12,5% de ses importations totales. Cette hausse témoigne de l'entrée massive de produits égyptiens
très concurrentiels sur le marché malgache.
La SADC
Madagascar a signé le protocole sur le commerce de la SADC en 2005. Son adhésion à la SADC a
été entérinée en 2006.
Le protocole sur le commerce a pour objectif la libéralisation des échanges via la suppression des
droits de douane et des barrières non tarifaires. Ce protocole envisage aussi une coopération
réglementaire régionale, la promotion des échanges commerciaux dans les services, les
investissements transfrontaliers et la facilitation des échanges commerciaux.
Dans le cadre de ce protocole, Madagascar négocie actuellement son plan de démantèlement
tarifaire. Le calendrier de démantèlement devrait s’échelonner de 2007 à 2012, date de l’ouverture
totale de son marché aux produits de la SADC. Seul le sucre devrait être exclu de la zone de libreéchange
Pour l’instant, les exportations malgaches vers l’Afrique du Sud demeurent faibles et sont concentrées
sur le sisal, le girofle et les fruits. Par contre les importations en provenance de l’Afrique du Sud
représentent, en 2005, près de 8% (200,5 milliards d’Ariary) des importations totales de Madagascar.
Ces importations devraient progresser avec la mise en œuvre de la zone de libre-échange, y compris
pour les produits agricoles. En effet, il existe un risque d'importation de produits agricoles et agroalimentaires d'Afrique du Sud qui bénéficie d'une agriculture et d'une agro-industrie très compétitives.
4.5.5. Les autres Accords commerciaux
Madagascar bénéficie en outre d'un traitement tarifaire préférentiel accordé par l'Australie, le Canada,
les États-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'UE dans le cadre du Système de Préférences
Généralisé (SPG) ou en tant que PMA.
4.5.6. Les enjeux
L’ouverture accrue des marchés régionaux et internationaux est une chance à saisir pour que
Madagascar augmente sensiblement ses exportations, en particulier de produits agricoles et agroalimentaires. Cependant, pour saisir cette opportunité, de nombreuses contraintes doivent être
dépassées en matière de production, de commercialisation et de respect des normes.
34
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Cette évolution n’est pas non plus sans risque pour Madagascar et en particulier pour son secteur
agricole et agro-alimentaire. Une ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut
entraîner une concurrence accrue de produits provenant de pays développés ou de pays en
développement émergents bénéficiant d’avantages certains en matière d’infrastructures, de
recherche, d’appui au financement et parfois de soutiens importants à la production et à l’exportation
sur des productions qui ne bénéficient d’aucun de ces avantages, à l’exception d’une main d’œuvre
bon marché.
Enfin, la multiplicité des Accords régionaux est également une contrainte à gérer pour éviter la
confusion.
4.6. UNE MONNAIE AYANT CONNU UNE LONGUE PERIODE DE DEPRECIATION
Le taux de change en dollars US est demeuré quasiment constant de 1960 à 1973. Après la sortie de
la zone franc en 1972, la monnaie se déprécie en moyenne de 18,5%/an par rapport au dollar entre
1980 et 1993, suite aux différentes dévaluations appliquées par l’Administration monétaire.
A partir de 1994, date d’instauration du flottement de la monnaie nationale, la dépréciation se poursuit.
Jusqu’en 2005, la monnaie malgache perd annuellement en moyenne de 14,8% de sa valeur. On
constate, néanmoins, un répit entre 2001 et 2003 : la monnaie s’apprécie même légèrement de 3%
avant de se déprécier à nouveau. De janvier 2005 à juin 2006, la monnaie s’est dépréciée de près de
13%, par rapport à l’Euro.
Graphique 18. Taux de change Dollars US / Ariary
2500
2000
1500
1000
500
0
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
Source : Banque Centrale de Madagascar
L’origine principale de cette dépréciation, quasi continue depuis 1994, est la forte progression des
importations engendrant une demande croissante de devises, face à une augmentation plus faible des
exportations. Cette tendance a été accentuée entre 2003 et 2005 du fait de la détaxation sur les biens
d’équipement, dont les importations ont progressé de 106% entre 2002 et 2003. Le niveau des
importations concernant ces produits s’est maintenu en 2004 et 2005.
4.7. FISCALITE ET DETTE
4.7.1. Une perte de recettes fiscales devant être compensée
35
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
En 2005, la répartition des recettes fiscales, par types d’impôts et taxes est la suivante : 49% de
« taxes à l’importation », 34% « d’impôts sur les biens et services », 16% « d’impôts sur les revenus
et gains » et 1% « d’autres taxes ». Etant donné l’importance des taxes à l’importation dans les
recettes fiscales, l’ouverture croissante de son marché accordée par Madagascar dans le cadre des
négociations commerciales en cours, implique une contrainte fiscale importante et la nécessité
d’augmenter le niveau de fiscalité interne, notamment par un élargissement de l’assiette fiscale.
Graphique 19. Source des recettes fiscales malgaches en 2005
Répartition des recettes fiscales 2005 selon les sources
Autres
1%
Sur revenus et gains
16%
Sur les importations
49%
Sur biens et services
34%
Source : INSTAT
4.7.2. Un service de la dette plus faible aujourd’hui du fait de l’IPPTE
Service de la dette extérieure
En 2005, le service de la dette extérieure, avant allègement du Club de Paris, s’élève à 103,8 millions
de DTS, contre 125,7 millions de DTS en 2004, et représente respectivement 11,9% et 13,1% des
exportations de biens et services non facteurs (source : Banque Centrale). Après allègement, le
service de la dette ne représente plus que 5,6% des exportations de biens et services non facteurs en
2005, contre 6,1% en 2004.
L’encours de la dette extérieure
L’encours de la dette extérieure du pays est de 2 124,7 millions de DTS (3 036,3 millions d’USD) à fin
2005, contre 2 535,2 millions de DTS en 2004 (3 926,8 millions d’USD). Par rapport au PIB, l’encours
de la dette extérieure représente 64,5% du PIB nominal à fin 2005, contre 90% à fin 2004.
Au cours de l’exercice 2004, Madagascar a rempli toutes les conditions nécessaires à l’atteinte du
point d’achèvement dans le cadre de l’Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE).
Le traitement du stock de la dette qui s’ensuit devrait réduire le service de la dette extérieure à un
niveau soutenable, et permettre au Gouvernement de concentrer ses efforts dans la lutte contre la
pauvreté et pour la croissance économique.
36
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Résumé
•
Un déficit commercial qui se creuse
•
Des exportations concentrées sur quelques produits et quelques marchés
•
Une baisse de la part des produits agricoles dans les exportations malgaches
•
Des exportations agricoles soumises à la volatilité des cours
•
Peu de produits agricoles transformés exportés
•
Des importations qui progressent du fait de la facture pétrolière et de la dépréciation quasi
continue de la monnaie malgache
•
Des Accords commerciaux multilatéraux (OMC, APE…), régionaux (COI, COMESA, SADC)
ou bilatéraux (AGOA…) qui conduisent à une plus grande ouverture des marchés
•
Une ouverture croissante des marchés internationaux qui est une opportunité pour le
développement des exportations, en particulier agricoles et agro-alimentaires, si l’on sait
dépasser les contraintes
•
Mais une ouverture du marché malgache qui peut entraîner, si elle est trop rapide, une
concurrence accrue de produits, notamment agricoles et agro-alimentaires, provenant de pays
développés ou de pays en développement émergents plus compétitifs
•
Un risque de baisse des recettes fiscales à résoudre et un poids de la dette qui diminue grâce
à l’initiative PPTE
37
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
5. LES GRANDES CARACTERISTIQUES DU SECTEUR
AGRICOLE18
5.1. ESPACES ET RESSOURCES NATURELLES
5.1.1. Un espace différemment exploité, et doté d’un potentiel naturel
Madagascar est un pays doté de potentialités importantes et variées, en particulier en matière
d’agriculture. Quasiment tous les produits tempérés et tropicaux y sont présents. L’île a une superficie
totale de 58.704.000 ha. Les superficies de terres cultivables sont estimées à huit millions d’hectares.
D’après le recensement agricole de 2004-2005, la superficie physique des exploitations agricoles est
estimée à 2.083.590 ha. Une légère augmentation des superficies cultivées de 0,9% par an est
constatée par rapport au dernier recensement de 1984-85.
La surface agricole potentielle (cultures et zones de pâturage) est estimée à plus de 35 millions
d’hectares. Selon la FAO, la surface de terre à vocation agricole, y compris pour le pâturage, est
limitée, et la croissance soutenue de la population rurale entraîne une saturation foncière dans
certaines zones rurales (Sud-Est, partie orientale des Hautes Terres centrales). En revanche, les
régions occidentales et du Nord possèdent encore des potentiels agricoles importants, tant pour
l’agriculture que pour l’élevage.
Pour la pêche, Madagascar dispose de plus de 5.000 km de côtes qui sont exploitées différemment
selon les zones, et de 2.000 km² de lacs.
5.1.2. Eau : une ressource abondante faiblement exploitée
Madagascar possède un réseau hydrographique important. Ses principaux fleuves et rivières, dont la
largeur est supérieure à 10m, s’étendent sur environ 3.000 km. Les réseaux hydrographiques
occidental et oriental présentent des différences notables :
•
La région occidentale (140.300 km²) est parcourue par de nombreux fleuves et rivières. On
identifie huit fleuves principaux dont le Mangoky, la Tsiribihina et la Betsiboka. Ces rivières
irriguent respectivement 46.300 km², 53.430 km² et 40.300 km² de bassins versants, et sont
longues respectivement de 714 km, 525 km et 605 km.
•
La région orientale (47.580 km²), par contre, est dominée par des cours d’eau de faibles
étendues, et qui traversent des bassins versants de moyennes surfaces. On identifie neuf
rivières principales parmi lesquelles le Mangoro, le Maningory et le Mananara. Ces rivières
irriguent respectivement 17.175 km², 12.645 km² et 17.760 km² de bassins versants, et sont
longues respectivement de 300 km, 260 km et 323 km.
Madagascar compte environ 1.300 lacs, dont la profondeur moyenne est de 4m et qui couvrent
2.000 km² environ. Les grands lacs ne sont pas nombreux. Ce sont notamment le Lac Aloatra avec
une superficie de 231,3.km², le complexe des lacs de Manambolomaty sur 74,91 km², et le lac
Tsimanampetsotsa avec une superficie de 456 km² (source : Tableau de Bord Environnemental de
l’ONE, 2003).
Dans l’ensemble, Madagascar possède différents types de nappes aquifères qui peuvent alimenter les
zones pauvres en eaux de surface. Dans la majorité des cas, ces eaux souterraines sont de très
bonne qualité (bassins de Morondava, de Toliary, de Mahajanga).
Dans la majorité des cas, les rivières et les ruisseaux sont exploités par les paysans pour irriguer leurs
parcelles rizicoles de bas fonds ou de pente quand leurs aménagements ne demandent ni technicité
complexe, ni investissement important. Dans le passé, l’Etat a investi dans l’aménagement 19 de
18
19
: Les analyses en terme d'évolution sont abordées en partie 3
Voir paragraphe 1.5 sur la dotation publique (infrastructures)
38
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
grandes plaines agricoles, irriguées soit par des barrages de retenue (cas de Lac Alaotra, de
Marovoay…), soit en tirant l’eau des fleuves (cas de Bas Mangoky).
Les terres potentiellement irrigables sont encore importantes, et les ressources en eau
suffisantes, mais nécessitant d’importants aménagements et un niveau de gestion plus
efficace.
5.1.3. Qualité de sols, forêts, et risques
Madagascar présente un relief accidenté. Les surfaces planes à très fortes étendues sont plutôt rares.
L’île est constituée par un ensemble de Hautes Terres occupant presque les deux tiers du pays.
Différents types de sols sont présents :
•
Des sols ferralitiques occupant environ 40% de la superficie de l’île, soit 243.000km².
•
Des sols ferrugineux tropicaux sur base sédimentaire couvrant 166.000 km².
•
Des sols minéraux bruts s’étendant sur une superficie de 158.000 km² dans les Hautes
Terres, le versant occidental et l’extrême Sud.
Les sols de tanety (ferralitiques et ferrugineux) sont pauvres en phosphore. Ces types de sol sont
cultivables mais ne procurant qu’un faible rendement agricole. Ils nécessitent en effet soit un apport
de fumure, soit la pratique de système de cultures sous couvert végétal qui permettra une
amélioration progressive de sa fertilité. Les sols bruts d’apport, du type baiboho, sont très recherchés
tant pour la riziculture de décrue que pour les autres cultures alimentaires (vivrières) et non
alimentaires (coton), car très fertiles.
Madagascar est un pays montagneux, dont les plaines et les bas-fonds rizicoles sont dominés par des
bassins versants à forts reliefs. Cette disposition, combinée à l’abondance des pluies et la dégradation
du couvert végétal, entraîne une rapide dégradation des sols en amont et cause souvent des dégâts
et l’ensablement des infrastructures et des parcelles irriguées en aval.
L’accroissement des productions s’est surtout fait sur la base d’une extension des surfaces.
La persistance des systèmes de culture traditionnels, alternant cultures et jachères naturelles,
entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des ressources naturelles, une chute
de la fertilité des sols et une extension de surfaces dégradées ou en voie de désertification,
sans que des alternatives soient toujours à la portée des producteurs.
On estime que chaque année 200.000 ha à 300.000 ha de forêts disparaissent par extension des
activités agricoles (pratique du défriche-brûlis) et extraction du bois de chauffe 20, il ne resterait
plus aujourd’hui que 16% de la surface nationale totale en forêt naturelle. Ces pratiques, liées en
partie à la croissance démographique et à l’urbanisation, entraînent une déforestation spectaculaire et
vraisemblablement irréversible.
5.2. STRUCTURES AGRAIRES ET PRODUCTIONS
5.2.1. Structure agraire
Bien qu’une partie de Madagascar soit relativement vide, on assiste dans certaines régions à une forte
pression foncière (Sud-Est, partie centrale des Hautes Terres). Dans ce contexte, les exploitations
agricoles se fragmentent à l'occasion des héritages et deviennent de moins en moins viables et
rentables (cf. Partie 3).
D’après le recensement agricole 2004-2005 21, il y avait en 2005 environ 2.428.500 exploitations
agricoles ainsi réparties suivant les provinces : 19% à Antananarivo, 22% à Fianarantsoa, 17% à
Toamasina, 16% à Mahajanga, 17% à Toliara et 9% à Antsiranana.
20
21
Bois de chauffe : 2.239.863 m3 en 1962, 9.919.766 m3 en 2001, charbon de bois : 45.760 tonnes métriques en 1980, 676.337 en 2001.
Recensement de l’Agriculture (RA) 2004-2005/MAEP/DSI
39
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Chaque exploitation dispose en moyenne d’une surface physique de 0,87 ha. Cette surface varie
sensiblement d’une province à l’autre mais reste relativement faible. Sur 22 régions, seulement huit
ont une taille moyenne d’exploitation supérieure à 1ha.
Tableau 14.
Province
Antananarivo
Fianarantsoa
Toliary
Mahajanga
Antsiranana
Toamasina
Ensemble
Superficie moyenne des exploitations agricoles
Superficie moyenne des exploitations agricoles (en Ha)
0,66
0,84
0,89
1,12
1,07
1,04
0,87
Source : Recensement agricole 2004-2005, DSI-MAEP
Si le nombre des exploitations agricoles a augmenté de 60,9% entre 1985 et 2003, l’accroissement de
la population agricole était de 65,8% sur la même période, laissant supposer une réduction de la taille
des exploitations et aussi l’émergence de paysans sans terre (cf. partie 3).
La superficie moyenne des exploitations agricoles est plus importante dans les zones d’immigration
(Menabe, Bongolava, Boeny, Diana). En revanche, elle est inférieure à 0,7 ha pour les zones
anciennement occupées (Analamanga, Vakinankaratra, Haute Matsiatra, Amoron’i Mania) et pour les
régions dont les conditions sont difficiles (Androy, Ihorombe).
L’importance relative des surfaces affectées aux cultures vivrières d’une part, et le recours à la
polyculture face à la faiblesse de la taille moyenne des exploitations d’autre part, confirment
l’importance de l’autosubsistance dans l’agriculture malgache.
La pêche traditionnelle occupe au moins 71.000 exploitations dont 32.700 comme activité principale et
38.200 en tant qu’activité secondaire. Par rapport à l’ensemble des exploitations agricoles,
l’importance relative de l’activité de pêche varie sensiblement d’une province à une autre, voire d’une
région à une autre. Elle est plus concentrée dans les provinces de Toamasina, Toliara et Mahajanga
qui regroupent plus de 70% des pêcheurs.
Le cheptel malgache est essentiellement composé de bovins, de porcins, de petits ruminants et de
volailles. L’agriculture et l’élevage sont étroitement associés au sein des exploitations agricoles. Une
exploitation sur deux élève des bovins, mais le rythme de croissance du cheptel reste faible, de l’ordre
de 1% par an. L’élevage porcin semble avoir une bonne reprise après le passage de l’épidémie de
peste porcine africaine. L’élevage des petits ruminants évolue avec un taux de croissance annuel de
2,3%.
Il existe d’autres types d’élevages tels que la sériciculture, l’apiculture et la pisciculture (y compris la
rizipisciculture). Leur importance varie d’une région à l’autre.
Les autres espèces d’élevage telles que les crocodiles et les autruches concernent quelques
exploitations modernes spécifiques.
5.2.2. Production et rendement
Grâce à des potentialités agro- climatiques exceptionnelles, Madagascar offre une grande diversité de
cultures aussi bien de zones tempérées que tropicales (voir carte ci-dessous). La plupart des
productions sont, en outre, exportables.
40
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 20. Répartition des zones de cultures
Source : Minten B. et al. (2003)
41
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Le tableau suivant présente les caractéristiques des principales cultures selon les résultats du
Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005, recensement effectué par la Direction du
Système d’Informations (DSI) du MAEP.
Type
Riz
Maïs
Manioc
Coton
Vanille
Litchi
Girofle
Café
Arachide
Canne à sucre
Crevettes
Tableau 15.
Poids des différents types de cultures
Nombre
Production
exploitants
Surface (Ha)
(Tonnes)
2 075 153
1 243 854
3 416 602
964 525
252 837
252 837
1 659 473
388 779
2 721 453
6 100
9 267
10 750
160 444
28 676
5 735
74 389
ND
40 000
103 430
37 231
5 957
368 181
115 020
40 257
ND
54 505
39 244
4 700
9 072
387560
10 000
22 500
Rendement
(Tonnes/ha)
2,75
1,00
7,00
1,16
0,20
ND
0,16
0,35
0,72
42,72
ND
Source : Recensement agricole 2004-2005, DSI-MAEP
Madagascar est une économie à dominante agricole. Le riz est cultivé dans tout le pays. La
riziculture occupe une place prépondérante dans toutes les régions : elle est pratiquée par
2.075.152 exploitations, soit 87% des exploitations agricoles, sur une superficie de
1.250.000 Ha.
Le manioc et le maïs occupent les plus grandes surfaces cultivées dans le sud du pays.
Madagascar offre une grande diversité de fruits et de légumes aussi bien des zones tempérées que
tropicales. Les légumes sont surtout concentrées sur les Hautes Terres (axe Antananarivo – Antsirabe
– Fianarantsoa). Et les fruits sont surtout concentrés dans l’Est pour les bananes et le litchi (exporté),
dans le Nord et Nord-Ouest pour les mangues, et sur les Hautes Terres se trouvent les papayes,
ananas et fruits tempérés (pommes, pêches, agrumes, fraises…) 22.
D’après les résultats du recensement agricole de la campagne 2004-2005 23, le riz occupe 60%
de la superficie cultivée. L’orientation de l’agriculture vers l’autosubsistance demeure forte.
L’orientation des activités agricoles n’a pratiquement pas changée pour les petites exploitations. Dans
les zones périurbaines, on assiste à une diversification/spécialisation des cultures maraîchères
notamment sur les Hautes Terres (Analamanga et Vakinankaratra) et dans les zones à forte
croissance démographique urbaine. Notons l’intérêt récent que portent certains exploitants pour la
production d’huiles essentielles et des fruits et épices.
Malgré les actions de vulgarisation, l'agriculture malgache est encore largement caractérisée
par la prédominance de modes de production basés sur la mise en œuvre de techniques
culturales traditionnelles peu performantes, mais éprouvées.
Le recensement agricole de 2004-2005 catégorise les cultures en deux grands groupes :
22
23
•
les cultures à cycle court ayant un cycle de vie d’un an maximum. Elles concernent le riz, le
maïs, les racines et tubercules, les légumineuses, les grains secs et les cultures industrielles
(canne à sucre, arachide, coton et tabac). Ces cultures occupent plus de 93% (3.465.236 ha)
des surfaces emblavées ; Les cultures industrielles se rencontrent dans le Nord-Ouest et le
Sud de l’île, tandis que les cultures vivrières sont présentes partout dans les exploitations
avec comme base de production la riziculture.
•
les cultures à cycle long ayant un cycle végétatif long. Les cultures à cycle long englobent le
café, le girofle, le poivre, la vanille et le litchi et les autres arbres fruitiers. Ces cultures ne
représentent que 7% (233.904 ha) des surfaces cultivées. Les cultures traditionnelles
Les cartes de répartition des fruits et épices et des légumes sont données en annexe…
Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005 du MAEP Août 2006
42
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
d’exportation telles que la vanille, le café, le girofle, le poivre, le litchi occupent la côte Est et
le Nord-Est.
5.2.3. Les systèmes de cultures
Les divers systèmes de production agricoles sont basés sur les caractéristiques des zones agro–
écologiques (climat, sols, etc.) et des calendriers culturaux spécifiques qui en découlent.
On distingue ainsi :
•
les systèmes de production en surplus alimentaires permanents avec vente de 50% de la
production de riz ;
•
les systèmes de production d’autosubsistance à déficits alimentaires saisonniers ;
•
les systèmes de production vulnérables à déficit saisonnier et chronique, déficitaire en riz
avec d’autres produits végétaux comme compléments ;
•
les systèmes de production extrêmement vulnérables/pauvres à déficit permanent, sans terre
pratiquant le métayage/location et le salariat.
Outre les ménages agricoles ruraux, il existe également des agro-.entrepreneurs. Ce sont des
agriculteurs disposant généralement d’un bon niveau d’éducation, pratiquant une agriculture moderne,
avec un capital d’exploitation important et des surfaces représentant au minimum quelques dizaines
d’hectares. Ils sont encore peu nombreux, et ont commencé à s’installer dans le cadre du programme
de développement de l’élevage laitier lié à l’importation de vaches laitières à haut potentiel. Ces agroentrepreneurs ont vocation à travailler sur les principales filières de l’agriculture, (notamment maïs, riz
pluvial, oléagineux), de l’élevage (élevage bovin laitier, élevage bovin extensif, volailles et porcs), et
de la pisciculture. Le Gouvernement compte sur ces entrepreneurs pour assurer un développement
rapide de la production et une conformité de cette production aux normes exigées par les marchés
internationaux. Pour ce faire, des Zones d’Investissement Agricole (ZIA) ont été créées sous la
responsabilité des Chefs de Régions.
Les légumes et épices, intégrant l’économie de marché, émergent autour des grandes agglomérations
et des sites touristiques (grandes surfaces, marchés locaux, restaurants). Elles commencent à être
sollicitées pour l’exportation (pomme de terre, haricot vert, cornichon, épices). Cette expansion de
l’économie marchande est propice à la diversification de la production et du développement des
initiatives.
Les systèmes de culture rizicole
Les systèmes de production concernent une association de plusieurs systèmes de culture ou
parcelles dans la même exploitation. Sept (07) systèmes de production rizicole existent à
Madagascar 24 sur la base des trois critères de discrimination suivants :
• le type de riziculture selon le type de terroir et le mode d’alimentation hydrique,
• le nombre de récoltes de paddy réalisées en une année pour un type de riziculture ou pour la
pratique simultanée de deux ou trois types de riziculture,
• l’état du sol après la récolte du riz.
Trois systèmes de culture rizicole principaux sont retenus :
• Le riz aquatique, ou riz irrigué, est la principale culture en terme d’occupation de la superficie
cultivée, et constitue la principale source de revenu agricole de la moitié des communes (Bart
Minten et al., Statistiques agricoles, Etudes filières MAEP). La riziculture offre un paysage qui
exprime la spécificité de la civilisation du riz à Madagascar. En effet, dans tout le pays, non
24
Cf. Etude filière FAO.
43
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
seulement tous les bas-fonds sont aménagés en rizières irriguées mais aussi les tanety
(collines) dans le Betsileo.
• Le riz pluvial est relativement favorisé par le climat sur environ la moitié de la superficie totale.
Ce type de riziculture est encore peu important mais offre des possibilités de développement
non négligeables. Les deltas et les plaines alluviales de la côte occidentale et les deltas
intérieurs renferment également de grosses potentialités pour l’extension des superficies
rizicoles.
• La culture sur brûlis ou tavy est pratiquée surtout dans la partie Est de l’île. Elle existe depuis
longtemps et a provoqué la destruction de bien des forêts.
Au sein du riz aquatique, quatre sous-systèmes, selon la technique culturale, sont considérés (semis
direct, repiquage en foule, repiquage en ligne (jeunes plants/SRA), système de riziculture intensif
(SRI) avec repiquage en ligne de plants de 8 jours.
Certaines analyses distinguent parmi les systèmes aquatique et pluvial : le système de forme
traditionnelle et le système de forme améliorée :
• La forme traditionnelle est caractérisée par le piétinage, le labour à l’angady (bêche), le semis
direct (à la volée), le repiquage en foule, l’usage de fumure organique sans engrais minéral,
l’utilisation de semences « tout venant » non traitées et variétés traditionnelles/locales,
l’absence de sarclage ou seulement un seul sarclage manuel.
• La forme améliorée donnant une meilleure production se caractérise par un labour en culture
attelée ou mécanisée, le semis en ligne, le repiquage en ligne, le recours aux fertilisants
minéraux ou organiques et minéraux, les nouvelles variétés performantes et les semences
améliorées, le sarclage mécanique (houe rotative) ou chimique (herbicide).
Les cultures alimentaires autres que le riz
Le maïs
Le maïs est utilisé pour la consommation humaine et l’alimentation des animaux. Il est considéré
comme une culture vivrière utilisée essentiellement comme aliment de base, surtout pour la population
du Sud. Il est cultivé sur les tanety, bas de pente et baiboho. Les cultures à petite échelle sont
répandues dans tout le pays. Les grandes exploitations mécanisées (d'environ 10 ha) se rencontrent
surtout dans le Vakinankaratra et le Menabe. Le maïs, largement cultivé sur brûlis dans le Sud-Ouest
du pays entre 1990 et 2000, a été à l’origine de la perte de biodiversité dans les forêts d’épineux de la
région, sur une superficie d’environ 500km². C’est la deuxième céréale en importance après le riz, elle
a connu des taux de croissance de la superficie et de la production exceptionnellement élevés, grâce
à une nette augmentation des emblavures depuis 1995.
Les quantités exportées sont passées de 7.700 tonnes en 1984 à 14.460 tonnes en 1991 et 32.170
tonnes en 1993, ce qui fait du maïs un des nouveaux produits d'exportation. On distingue quatre
systèmes de culture du maïs à Madagascar :
• Culture traditionnelle : petits exploitants sans utilisation d’intrants exogènes. Le rendement
moyen est de l’ordre de 1t/ha.
• Culture semi-intensive : utilisation de fumure minérale et de variétés améliorées. Le rendement
obtenu varie de 2 à 3t/ha.
• Culture intensive : grands exploitants et industriels, avec mécanisation et fertilisation complète.
Le rendement peut aller jusqu’à 8 à 10 t/ha avec les variétés hybrides.
• Cultures de contre-saison : dans les zones de décrue du Faritany de Mahajanga et sur les
berges des rivières pour le Faritany d’Antananarivo où le maïs est surtout vendu en vert car
très estimé par la communauté indopakistanaise de la capitale.
44
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Le manioc
C’est une culture de réserve et de substitution du riz, surtout pour les ménages pauvres durant la
période de soudure, quand le prix du riz augmente. Dans le Sud, le manioc, au même titre que le riz et
le maïs, apporte plus du quart des calories consommées (Dostie et al., 2000). Le manioc peut être
consommé frais ou sec. Il est cultivé dans toutes les régions mais de manière plus importance dans le
Sud, le Sud Ouest, les hauts plateaux et la Côte Est. Il s'agit d'une production paysannale et de petite
plantation. Le manioc est installé sur tanety ou sur baiboho et bas de pente.
La pomme de terre
En terme de quantité produite, la pomme de terre se place en quatrième position derrière le riz, le
manioc et la patate douce. La pomme de terre s’avère un produit stratégique dans une optique de
sécurité alimentaire pour les populations rurales (notamment en période de soudure) et dans une
optique de diversification alimentaire au niveau urbain (en substitution ou en complément au riz). Au
niveau du producteur, elle constitue à la fois une culture de rente et un substitut ou un appoint au riz.
Ces dernières années, une relative stagnation de la production a été observée, alors
qu’apparemment, la culture de contre saison s’est développée. Le faible prix au producteur, le
problème d’évacuation des produits et les frais de transport élevés, ainsi que la recherche de
débouchés entravent encore le développement de cette production. Depuis deux ans, une demande
de l’île Maurice en variété Spunta a fait de cette spéculation un produit d’exportation prometteur.
Le sucre
Le sucre figurait jusqu'à récemment parmi les produits agricoles les plus importants de Madagascar.
La société Siramamy Malagasy (SIRAMA) domine le secteur et les principales zones de production
sont situées dans l’Ouest et le Nord-ouest (Ambilobe, Namakia, Nosy-Be, Morondava) ainsi que dans
l'Est à Brickaville. Le secteur rencontre actuellement de grandes difficultés, du fait de la lenteur du
processus de privatisation.
Les cultures alimentaires d’exportation
Ce sont principalement le litchi, la vanille, le girofle, le café, le cacao et le poivre. La plupart de la
production est concentrée sur la côte Est de l’île dans les provinces d’Antsiranana, de Toamasina et
de Fianarantsoa. Le vieillissement et le mauvais entretien de ces cultures sont à l’origine de la baisse
de la production et d'une qualité moyenne, ne répondant pas toujours aux normes requises par les
pays importateurs.
Trois régions situées sur la côte nord-est de Madagascar fournissent plus de la moitié de la production
nationale de vanille : Antalaha, Sambava et Andapa. Le café, cultivé dans toute la partie Est de l’île,
était par le passé la principale culture alimentaire d’exportation du pays. Actuellement, les exportations
de ce produit sont quantités négligeables (1% des exportations malgaches). La filière est en déclin.
Les fruits, les légumes et les épices
Les productions à cycle long (cas des arbres fruitiers) s’appuient sur un système de cueillette. Les
fruits sont récoltés sur des arbres vieillissant, souvent hérités de la colonisation. Tel est le cas du
girofle, du café et même du litchi (de loin le premier produit exporté dans le domaine des fruits et
légumes). Avec l’appui du Centre Technique Horticole de Toamasina (CTHT), 1 000 Ha de vergers
"raisonnés" ont été plantés sur la côte Est. La production d'épices est concentrée sur la côte Est, ce
qui facilite l’encadrement technique du paysannat. Actuellement la promotion des fruits et épices
constitue un volet du Projet de Promotion de Revenus Ruraux (PPRR), projet du Ministère de
l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) financé par le FIDA, dans la région d’Analanjirofo.
Les cultures non alimentaires
Les principales cultures non alimentaires sont le coton, le sisal et les plantes aromatiques destinées à
l’extraction d’huiles essentielles. Ces cultures relèvent généralement de spécialisations locales. Elles
couvrent environ 8% de la superficie cultivée.
45
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La filière coton a été marquée par l’intervention de l’Etat jusqu’en 2004. L’essentiel de la production
est assurée par la culture pluviale et la culture de décrue dont la performance est jugée meilleure.
Cette filière se relève difficilement des effets de la baisse des cours internationaux. Si auparavant la
production était assurée par de grandes fermes, de petites exploitations privées et par les paysans à
petite échelle, seul ce dernier mode de production existe à ce jour dans les principales zones de
production du Nord-Ouest et du Sud. La société HASYMA-DAGRIS domine la filière depuis la
privatisation effectuée en 2004.
5.2.4. Les systèmes d’élevage
L’élevage bovin est pratiqué partout à Madagascar, mais son importance varie sensiblement d’une
région à une autre suivant la vocation de cette dernière d’une part et selon l’objectif même de
l’élevage d’autre part. D’une manière générale, le nombre de femelles est supérieur au nombre de
mâles avec un rapport de masculinité autour de 0,9, sauf pour la province d’Antananarivo où ce
rapport est de 1,66. Le cheptel bovin mâle de la province d’Antananarivo est essentiellement composé
de bœufs de trait.
Les vaches laitières représentent moins de 20% des bovins femelles. Les races améliorées ne
représentent que 1,11% et avec une forte concentration dans les provinces d’Antananarivo et de
Fianarantsoa, plus précisément dans les régions d’Analamanga, Vakinankaratra, Haute Matsiatra et
Amoron’i Mania.
Dans le Sud et le Nord, considérés comme zones pastorales, les zébus constituent une forme de
thésaurisation, destinés principalement aux activités socioculturelles, et dont l’utilisation n’est permis
qu’en cas de nécessité.
Elevage
Bovin
Porcin
Ovin
Caprin
Volaille
Apiculture
Ver à soie
Pisciculture
Tableau 16.
Effectif du cheptel
Nombre d'exploitations Effectif moyen par
Effectif
concernées
exploitation
9 687 342
1 188 332
8,15
1 272 646
527 021
2,41
703 343
84 766
8,30
1 249 227
216 953
5,76
29 442 039
1 889 085
15,59
90 734
1 812
134 417
Source : Recensement national agricole 2004-05, DSI-MAEP
L’élevage des petits ruminants s’est développé modérément, si on se réfère aux résultats du
précédent recensement de l’agriculture en 1984-1985. L’effectif des animaux est passé de 1.200.000
têtes en 1984 à 1.900.000 têtes en 2004. L’élevage est pratiqué dans presque toutes les provinces
avec une forte concentration dans la province de Toliara (86%).
Le cheptel avicole est essentiellement composé des poulets, des gallinacés et des dindes et compte
29.442.000 têtes pour la campagne de référence du Recensement. En terme d’espèce, l’élevage des
poulets est le plus répandu, regroupant plus de 83% de l’effectif total du cheptel. Il est à noter que la
province de Fianarantsoa regroupe 30% des canards, tandis que la province de Toliara concentre
plus de 46% des dindes.
46
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
5.2.5. Les systèmes de pêche
Il existe deux grands types de pêche :
•
la pêche traditionnelle, pratiquée à petite échelle et avec des matériels rudimentaires
(pirogues, filets…) peu performants et dont les productions sont écoulées localement ou
repris par des collecteurs intermédiaires,
•
la pêche industrielle, pratiquée par les grosses sociétés d’exportation.
Par ailleurs, et notamment sur les Hautes terres, on pratique la pêche en eau douce, la pisciculture en
cage/en étang et la rizipisciculture pour les zones où il n’y a pas de plans d’eau.
5.3. DES PRODUITS AGRICOLES ESSENTIELLEMENT DESTINES A L’AUTOCONSOMMATION
Le commerce des produits agricoles est intimement lié à la nature des denrées, des techniques de
conservation, des facilités d’évacuation et aussi au jeu de l’offre et de la demande. La demande
s’avère d'ailleurs très élastique, et s’adapte à l’offre quel que soit l’état du marché. Mais une telle
demande varie avec le niveau de vie de la population et la répartition sociale des ressources.
Du fait de la diversité régionale, la polyculture a prédominé à Madagascar, même si la riziculture
demeure centrale pour la plupart des exploitations. Cette diversité de la production agricole constitue
un atout encore mal valorisé en terme de variété de l’offre, tant pour le marché national que pour les
marchés internationaux.
Tableau 17.
PRODUITS
Utilisation des produits (en %)
AUTOCONSOMMATION ET
VENTE
DONS/SOCIAL
STOCK
RIZ
MAÏS GRAIN SEC
MAÏS GRAIN FRAIS
BLE
MANIOC SEC
MANIOC FRAIS
POMME DE TERRE
PATATE DOUCE
ARACHIDE
HARICOT
SOJA
VOANJOBORY
POIS DU CAP
TOMATE
CAROTTE
BREDES
BANANE
LITCHI
ORANGE
PECHE
POIRE
POMME
CAFE
GIROFLE
VANILLE
CANNE A SUCRE
TABAC
VIANDE
68,4
65,2
71,9
86,2
70,0
64,3
46,7
63,3
36,9
56,6
15,4
56,3
72,2
7,2
49,9
77,3
42,5
ND
20,3
12,9
18,2
25,7
41,5
2,3
14,5
25,2
19 5
21,3
6,4
28,0
28,7
50,2
35,1
46,4
31,6
79,2
35,5
25,6
92,0
49,6
21,0
55,0
ND
79,5
77,0
81,8
74, 3
47,1
72,9
68,0
100,00
100,00
ND
ND
Source : EPM 2002, INSTAT/DSM
6,4
7,3
1,2
3,4
1,7
6,A
0,6
1,3
7,8
1,0
0,6
2,2
0,0
0,7
0,3
1,2
1,0
ND
0,1
10,1
0,0
0,0
2,9
24,7
0,4
ND
Malgré cette diversité, la finalité des cultures alimentaires reste, à Madagascar, l’autoconsommation.
Ainsi, d’après l'EPM de 2004, 45,4% de la récolte de paddy sont consommés par les riziculteurs et
18% sont retenus en stock pour faire face aux imprévus. Seulement 27% de la récolte sont destinés à
47
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
la vente et une infime partie est allouée au frais de métayage, salaires ou autres usages. Cette
situation illustre la part élevée de la subsistance dans la production rizicole malgache. Le principal défi
pour de nombreux producteurs demeure celui de pouvoir dégager un excédent, même faible, de
produits destiné à être écoulé sur le marché local.
Les cultures alimentaires d’exportation comptent pour 17% du total du revenu monétaire agricole. Les
perspectives les plus prometteuses proviennent des fruits tels que le litchi qui est considéré jusqu’à
présent comme une simple production de cueillette. Or, Madagascar est devenu le premier pays
exportateur de litchi vers l’Europe, dont 80% à destination de la France. Sur 30 000 tonnes de litchi
récoltées, un peu plus de 50% sont exportés (source UPDR/MAEP, Juillet 2004).
La vanille est une autre culture alimentaire d’exportation de choix pour le pays. Madagascar est le
principal pays fournisseur de vanille sur le marché mondial, avec près de 60% de part de marché. Le
marché mondial de la vanille est assez étroit, estimé à 2 000 tonnes par an environ. Les principaux
importateurs sont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Les principaux pays exportateurs sont
Madagascar (60%), l’Indonésie (30%), les Comores, l’Ouganda, la Réunion et la Chine se partageant
le reste. Face à la concurrence, Madagascar doit améliorer sa compétitivité.
Parmi les cultures non alimentaires, la place du coton devrait aller en croissant pour Madagascar. En
effet, la quête de compétitivité dans le secteur Textile- Habillement et la menace de la suppression de
la règle spéciale de l’AGOA, en 2012, militent en faveur d’une plus grande intégration de la filière. La
politique de HASYMA-DAGRIS devrait aller en ce sens.
5.4. UN DEVELOPPEMENT ENCORE RECENT DE L'AGRO-INDUSTRIE
Concernant la transformation des produits, on assiste à un développement encore récent des
industries agro-alimentaires (IAA) avec deux composantes :
•
l’agro-industrie, comprenant les industries de premières transformations des produits
agricoles (riz, sisal, café, sucre, poisson, fruits et légumes, huiles essentielles, tabac…).
•
les industries alimentaires (boissons, huiles alimentaires, confiserie, chocolaterie…).
Les IAA, dominées par les rizeries- décortiqueries, forment 26% du tissu industriel malgache (Projet
MADIO, 1997) et comptent pour 35% de la valeur ajoutée totale du secteur industriel.
Tableau 18.
Les industries agro-alimentaires
Agro-industries
Industries alimentaires
Chargées des opérations de première
Industries alimentaires proprement dites
transformation des produits agricoles (café, riz,
(confiserie, chocolaterie, biscuiterie, minoterie,
sisal, sucre, tabac, fruits et légumes…) et dont
fabrication de pâtes alimentaires, laiterie et
les produits sont destinés aux industries
fromagerie,…), industries de boissons et
alimentaires ou aux consommateurs directs
brasseries, industries des corps gras, tabac…
34.350 emplois (21% du secteur industriel
19.710 emplois (12% du secteur industriel
formel)
formel)
12% assurent 97% des emplois
10% assurent 58% des emplois
Production plutôt orientée vers l’exportation
Produits destinés au marché local
Source : Randrianjohary d’après Projet Madio 1997
L’implantation des activités de transformation des produits agricoles est apparue avec le
développement des cultures industrielles et la mise en œuvre de techniques culturales améliorées du
temps de la colonisation (avant 1960). Se sont alors développées les rizeries, féculeries, minoteries,
huileries, savonneries, sucreries et manufactures de tabac, entre autres.
Notons que les modes de production industrielle et artisanale ont toujours cohabité dans les filières
agro-alimentaires malgaches, sauf dans celles tournées exclusivement vers l’exportation. Dans ces
dernières filières, le respect des normes et standards phytosanitaires, entre autres conditions, permet
48
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
difficilement au sous-secteur artisanal d’accéder au marché international, étant donné les coûts
d’ajustement nécessaires (ex. aquaculture de crevette).
Résumé
•
Madagascar bénéficie encore de surfaces cultivables qui semblent importantes, malgré des
phénomènes de saturation dans certaines régions.
•
Les ressources en eau sont abondantes et faiblement exploitées, mais nécessitent des
aménagements importants et une meilleure gestion.
•
Les exploitations sont de faible taille (0,87 ha en moyenne) et cette taille a plutôt tendance à
diminuer.
•
Grâce à des potentialités géographiques exceptionnelles, Madagascar offre une grande
diversité de cultures tropicales et tempérées.
•
Madagascar est un grand pays d'élevage, mais le cheptel est peu valorisé sauf pour le petit
élevage.
•
Madagascar dispose d'un secteur pêche très développé alliant la pêche traditionnelle, la
pêche industrielle et l'aquaculture.
•
Pratiqué par 87% des exploitations sur 60% des surfaces, le riz occupe une place
prépondérante dans l'agriculture et l'économie malgache.
•
L'agriculture pratiquée est en général traditionnelle et peu intensive. Les rendements
demeurent relativement faibles.
•
Les cultures vivrières sont en majorité autoconsommées, à l’exception du riz pour les moyens
et les grands exploitants qui disposent d'un surplus de production.
•
Les légumes et les fruits constituent également des Activités Génératrices de Revenus (AGR)
non négligeables.
•
Quant aux produits d’exportation et aux cultures non alimentaires, elles sont destinées à la
vente et à la transformation (épices, litchi, vanille…).
•
Le développement de l’agro-industrie demeure récent, avec deux composantes : l’industrie de
première transformation des produits agricoles et les industries alimentaires.
•
Les modes de production industrielle et artisanale ont toujours cohabité dans les filières agroalimentaires malgaches, sauf dans celles tournées exclusivement vers l’exportation soumises
au respect des normes et standards phytosanitaires.
49
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
6. POLITIQUES PUBLIQUES
6.1. PERIODISATION ET POLITIQUE DE DEVELOPPEMENT RURAL 25
Périodes
Politiques générales de l’Etat
La politique économique sous Tsiranana
•
Développement du secteur agricole
avec pour priorité de nourrir la
population
et
d’accroître
les
productions d’exportation.
Caractéristiques de la politique agricole
•
•
•
Indépendance en 1960, mais liens
étroits avec la France jusqu’en 1972.
•
•
1960 – 1972
•
1963-1968 :
Premier
Plan
Quinquennal
de
la
République
Malgache.
Plan
basé
sur
la
régionalisation
•
•
•
•
1970- 1974 : Le Deuxième Plan devait être un
plan de projets. Arrêt du deuxième Plan à
cause la crise politique de 1972 qui fait tomber
le régime
•
•
•
1972 – 1975
Période transitoire de passage au socialisme
par le gouvernement Ramanantsoa
•
Mise en œuvre des réformes de
structure, remaniement des accords
de coopération avec la France
1975 – 1980
Charte de la Révolution Socialiste Malgache et
politique d’investissement à outrance sous la
présidence du Capitaine de frégate Didier
Ratsiraka en 1975
•
Nationalisation du commerce et de
l’industrie
•
Renforcement du contrôle de l’Etat sur
l’économie
avec
le
Plan
de
Développement 1978 – 1980
•
Politique d’investissement à outrance
financée par des emprunts extérieurs
et
une
expansion
monétaire
domestique
25
Politique agricole marquée par la mise en
œuvre de l’Opération de Productivité Rizicole
(OPR) par 3 sociétés qui se sont associées
pour créer le GOPR
La politique agricole de la période de 1966 à
mai 1972 met l’accent sur les grandes
opérations productivistes, une action de
masse concentrée sur le riz, les industries de
substitution et une politique financière orientée
davantage vers l’investissement public
La stratégie du premier Plan national de
développement pour le secteur agricole a pour
objectif d’accroître la production agricole
Priorité donnée à la production de riz,
développement
de
l’élevage
et
de
l’exploitation forestière en second lieu
Mise en place des différents types
d’institutions de développement : les sociétés
de développement, la CEAMP, les fermes
d’Etat, les communes rurales
21% du programme général d’investissement
proposé sont dédiés au secteur agricole
Priorité aux projets permettant d’obtenir un
rendement rapide et à faible coefficient de
capital
Domination des intérêts étrangers dans
l’économie : 65% des ventes sont sous
contrôle français, commerce extérieur et
intérieur dominé par les étrangers
Cultures d’exportation dominées par les
sociétés françaises
Crise du riz en 1965
Mise en œuvre d’une politique d’import
substitution
Instabilité politique peu favorable au développement
Création des agences para-publiques chargées de la
commercialisation des produits agricoles
16% de l’investissement alloué au secteur agricole
Ce point reprend de manière synthétique le point 1.1.2
50
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Périodes
Politiques générales de l’Etat
Caractéristiques de la politique agricole
La politique de stabilisation et d’ajustement
structurel
•
Recours au FMI pour faire face à la
crise de la balance des paiements
•
Mise en œuvre des politiques
d’ajustement
structurel :
politique
budgétaire,
politique
monétaire,
politique de commerce et taux de
change
•
Mise en place d’un Plan quinquennal
1982-1987 destiné à «établir la
cohérence des différentes politiques et
programmes
d’ajustement,
de
redressement et de relance de
l’économie ».
•
Un nouveau plan pour 1986-1990
soumis à l’ANP en juin 1986, avec
quatre objectifs prioritaires
1981 – 1991
•
Le Plan 1991-1995 reprenant, pour
l’agriculture les mêmes orientations
générales
Mais Plan non exécuté à cause des
évènements de 1991.
•
Naissance d’une économie plus
ouverte et orientée vers le marché.
1986 : Mise en place du Crédit d’Ajustement Structurel
pour l’Agriculture (CASA) :
•
Promotion de la libéralisation du secteur
agricole
•
Poursuite des réformes de la production et de
la commercialisation du riz
•
Adoption du prix plancher pour le paddy.
Objectifs prioritaires: (i) autosuffisance alimentaire, (ii)
augmentation des produits d’exportation, (iii)
amélioration du niveau de vie de la population (iv)
recherche
d’une
plus
grande
indépendance
énergétique.
Orientations : Consolider l’autosuffisance alimentaire
et dégager des surplus exportables ; Améliorer
l’environnement physique, économique et social de
l’agriculteur ; Assurer un niveau optimal de revenu ...
Troisième génération du PAS : DSRP
1991-1993
Transition avec Razanamasy
Retour de M Ratsiraka
1993- 2001
DSRP élaboré en 2000, finalisé en septembre
2002 puis révisé fin 2003.
3 piliers du DSRP : Etat de droit et bonne
gouvernance, une croissance économique à
base sociale élargie et promotion des
systèmes de sécurisation humaine et sociale
Le DCPE (Document Cadre de Politique
Economique), réalisé en 1998 par le
gouvernement en collaboration avec les
services du FMI et de la Banque mondiale
établit un calendrier des réformes structurelles
et fournit un cadre macro-économique
couvrant la période 1999-2001
2001 - 2003
Grève générale en 1991 qui compromet les résultats
fragiles du PAS
•
Politique pour le Développement Rural de
1994 visant à: (i) améliorer les conditions de
vie en milieu rural ; (ii) améliorer la productivité
agricole ; (iii) promouvoir une politique
d'ouverture des marchés ; (iv) valoriser les
ressources disponibles ; (v) protéger
l'environnement ;
•
Le PADR ou Plan d’Action pour le
Développement Rural, selon le Décret 99-022
du 20 Janvier 1999, constitue le référentiel
unique de toute intervention en matière de
développement rural
•
Concernant l’Agriculture, Les programmes de
mise
en
œuvre
du
DSRP
visent
essentiellement à « assurer la sécurité
alimentaire et optimiser l’utilisation des
ressources
•
Grands axes du DCPE ayant une implication
sur la politique agricole : le désengagement de
l’Etat des activités de production et de
commercialisation, la libéralisation des
marchés des intrants et des produits (riz,
vanille, sucre), une redéfinition du rôle de
l’Etat, le transfert de responsabilité vers les
collectivités territoriales décentralisées et le
développement du secteur privé
FRPC / FMI : Sortie de crise - DSRP
51
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Périodes
Politiques générales de l’Etat
Sous
la
Présidence
de
RAVALOMANANA
Caractéristiques de la politique agricole
Marc
Elaboration des deux documents sur la
Politique Générale de l’Etat (PGE) et la Vision
Madagascar Naturellement (VMN).
Lettre de Politique de Développement Rural
(LPDR) élaborée en 2001, mise à jour en 2004
et actualisée en 2005.
Prise en compte des changements dans
l'environnement économique (y compris
l'influence
des
accords
commerciaux
internationaux)
Le Plan directeur quinquennal pour le
développement rural (« Master plan ») du
MAEP (2004-2009), réalisé en janvier 2004
2002 à ce jour
Politique Nationale de Décentralisation et
Déconcentration (PN2D) dont la finalité est de
contribuer de manière générale à la réduction
significative de la pauvreté et au processus de
développement dans son ensemble et plus
particulièrement à l’amélioration de la
gouvernance locale et au rapprochement du
pouvoir des citoyens
Madagascar Action Plan (MAP)
Approche période de cinq ans des actions
pour atteindre les objectifs ambitieux de 2012,
le MAP prend le relais du DSRP et il est basé
sur les objectifs de la Vision « Madagascar
Naturellement » et sur les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
Les deux grands axes
du Secteur
agricole/MAEP (2004-2009) :
- le développement de l’agri business, qui
assurera des débouchés aux paysans, et
créera de l’emploi et de la valeur ajoutée. Le
pilotage de ce développement devra être
assuré conjointement par le MAEP et le
MICDSP.
- le développement de la production
proprement dite, dans les trois domaines de
compétence du MAEP : agriculture, élevage,
et pêche.
Le Programme National de Développement
Rural (PNDR) est le document de mise à jour
du PADR, sous l’égide de la Primature. Le
PNDR se réfère à la « Vision Madagascar
Naturellement » et au DSRP. Il s’inscrit dans le
cadre de la mise en œuvre de la « Politique
Le développement rural est incontournable dans la
Vision 2020 (VMN).
Stratégie de lutte contre la pauvreté en mettant en
avant la nécessité de consolider la vocation agricole
du pays et de tisser des liens forts avec le monde rural
Axée sur les aspects économiques du développement
rural en lien avec l'environnement : les infrastructures,
l’éducation /formation et le capital humain (un accent
très fort est marqué sur l’enseignement agricole et
l’apprentissage du métier d’agriculteur), la recherche
agricole et le transfert de technologie, la sécurité
rurale, le crédit, l’enregistrement des terres agricoles,
et les services sociaux
Quatre objectifs principaux mis en relief :
(i) développement de systèmes de production
agricole, d'élevage et de pêche traditionnelle orientés
vers le marché; (ii) investissements dans les domaines
de la vulgarisation et de la recherche appliquée; (iii)
établissement d'un environnement plus favorable pour
assurer un développement rural rapide et durable; et
(iv) création d'alliances pour identifier les ressources
financières
et
promouvoir
les
opportunités
commerciales
La politique de développement rural affirme l’impératif
de la modernisation des exploitations agricoles, de la
promotion de la production marchande et de
l’amélioration de la productivité du travail et des sols
dans le cadre d’une gestion pérenne des ressources
naturelles. Ce choix est celui d’une agriculture tournée
vers le marché, comme base indispensable au
développement durable du secteur agricole
- Axes de développement de l’agro-industrie
devant :
− Développer une image de bonne gouvernance et
de havre de sécurité pour les investisseurs (mesurée
par des enquêtes d’opinion)
− Développer des infrastructures d’accueil (agro
technopoles ou simples zones industrielles) dans les
grands pôles de production.
- Axes de développement de la production :
− Amélioration des rendements et des performances
économiques des producteurs dont le foncier
− Extension des surfaces en culture sèche
− Réhabilitation et extension des aménagements
hydro agricoles
Les orientations du PNDR sont de:
- Rendre le cadre institutionnel du secteur plus
efficace
- Faciliter l’accès au capital et aux facteurs de
production
- Améliorer la sécurité alimentaire et augmenter la
52
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Périodes
Politiques générales de l’Etat
Générale de l’Etat » (PGE).
Le PNDR oriente les interventions des
Bailleurs de Fonds vers des objectifs de
développement rural. C’est un document de
négociation qui permet d’inscrire l’engagement
des partenaires.
Caractéristiques de la politique agricole
production et la transformation agricoles
- Valoriser les ressources naturelles et préserver les
facteurs naturels de production
- Développer les marches et organiser les filières
6.2. DOTATION EN BIENS PUBLICS
6.2.1. Recherche
Le regroupement des différents instituts de recherche français en un seul, IRAM (Institut de
Recherches Agronomiques de Madagascar) après la 2ème guerre, a été décidé par la France pour
atténuer les prérogatives des institutions mères sur leurs représentations à Madagascar. Cette
situation a été maintenue jusqu’en 1974, année où la nationalisation de la recherche a abouti à la
création du FOFIFA-CENRADERU (Centre national de recherche agricole appliquée au
développement rural).
La position du FOFIFA a pris de l’importance grâce à la définition d’un plan directeur de la recherche
agricole (PDRA) en 1989 par la mise en œuvre du projet national de la recherche agricole (PNRA),
sur financement de la Banque Mondiale. En 1995, une unité de production de vaccins a été créée à
partir d’un département de FOFIFA et rendue autonome pour constituer l’Institut malgache de
production de vaccins vétérinaires (IMVAVET).
Dans le Système National de Recherche Agricole (SNRA), FOFIFA occupe la place la plus importante
en terme d’effectif de chercheurs (200 environ), de moyens et de présence sur le territoire national,
surtout depuis les années 1990.
Le FOFIFA depuis sa création n’a cessé de diffuser ses résultats malgré l’insuffisance de moyens des
chercheurs. En 2005, les résultats vulgarisables par domaine concernaient le développement agricole
(variétés, phytosanitaire…), le développement agro-alimentaire (transformation du manioc et patate
douce), le développement de l’élevage (bovin dont lait), la protection de l'environnement (foresterie et
agroforesterie) et les sciences sociales.
Tout comme d’autres organismes de recherche d’Etat, le FOFIFA s’est trouvé confronté à d’énormes
restrictions financières. L’existence des fonds provenant de la vente de produits, de bétail et de
semences ainsi que d’analyses de laboratoire et de services de consultant, depuis les années 90
constituent les capitaux générés de manière interne. Depuis 2005, le FOFIFA a obtenu un
financement pour l’accompagnement de la recherche au sein d’un projet de développement rural
(PSDR) qui comprend de l’appui à l’investissement et un encadrement agricole. Ce financement a
permis entre autre de mettre l’accent sur la valorisation des résultats de la recherche. Mais le
désengagement brutal des services publics de vulgarisation pose un problème de diffusion des
recherches.
•
•
•
•
26
« La recherche, parent pauvre de tous les secteurs » (Revue de l’Océan indien en juillet-août 2004). Ce constat est
particulièrement vrai en Afrique et à Madagascar, où plusieurs symptômes en attestent (F. Rasolo) :
Les budgets en francs constants se sont à peine maintenus au cours des dernières années. Les programmes
26
nationaux pour la recherche agricole (PNRA) existant dans les années 90 ont disparu du jour où les financements
extérieurs ont cessé, faute d’anticipation sur le retrait des aides et de travail de pérennisation.
En matière de développement rural, la définition de priorités est en perpétuel mouvement, ce qui rend difficile tout
travail de programmation sur le long terme. Ainsi, malgré la définition, en 1990, d’un plan directeur de la recherche
pour 15 ans, nous avons vu les priorités données par l’État déjà modifiées radicalement par deux fois.
Il existe un véritable fossé entre le discours, qui prône la priorité à la recherche, et la réalité… Signe de la faible
importance accordée par l’État au secteur, en moins d’une quinzaine d’années, le ministère chargé de la recherche a
changé dix fois de dénomination, la recherche passant d’une tutelle à une autre.
Mise en place au Sénégal, au Cameroun et de 1990 à 1998 à Madagascar.
53
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
D’autres structures qui ne relèvent pas directement du ministère de la recherche s’impliquent
également dans la recherche agricole. C’est le cas du FIFAMANOR (Fiompiana Fambolena Malagasy
Norveziana), créé en 1972 et qui est le fruit de la coopération malgacho-norvégienne. Sa mission est
d’assurer le développement de l’élevage et de l’agriculture sur les Hautes Terres. Son rayon d’action
ne se limite pas uniquement à la région de Vakinankaratra aboutissant à la création d’un triangle laitier
constitué des Régions de Haute Matsiatra, d’Analamanga (Vakiniadiana) et de Bongolava avec Sakay
(Aune et al. 2005 27). Même si FIFAMANOR dispose en son sein un département de recherche, il reste
toujours sous tutelle du ministère en charge du développement rural ou du ministère de l’agriculture.
Le désengagement de l’État a aussi incité l’émergence d’autres entités, dont des ONGs destinés à
s’impliquer davantage dans le développement rural et la recherche-développement. Au moins une
dizaine d’organismes ou d’instituts évoluent dans le système national de recherche agricole (SNRA)
au côté de FOFIFA depuis les années 90 (Aune et al.), notamment :
• L’ONG FAFIALA, appuyé par la coopération suisse évolue sur les Hautes Terres et effectue
des recherches en agroforesterie et sur les ressources naturelles.
• L’institut de recherche sur développement communautaire (IREDEC), qui a vu le jour en 1986,
s’implique également dans les approches méthodologiques du développement et est surtout
présent sur les Hautes Terres.
• TAFA (Tany sy Fampandrosoana : « Terre et Développement »), depuis une dizaine
d’années, mène des expérimentations chez les agriculteurs de plantes de couverture pour la
gestion agrobiologique des sols.
• L’ONG Ramilamina travaille sur l’azolla, plante fixatrice d’azote pour améliorer la fertilité des
parcelles de cultures.
Il existe aussi depuis 2001 deux centres techniques horticoles : le CTHT (Centre Technique
d’Horticulture de Toamasina) et le CTHA (Centre Technique Horticole d’Antananarivo) qui travaillent
notamment sur la promotion des cultures horticoles tropicales (Litchi, Vanille, Epices…) et tempérées
(Fruits et Légumes) à haute valeur ajoutée.
Enfin, certaines sociétés privées ou publiques sont engagées dans la recherche comme HASYMA
(par exemple pour le coton ou la SIRAMA pour le sucre avec l'appui du CIRAD de la réunion.
6.2.2. Infrastructures (irrigation, piste)
Après que l’Etat ait récemment pris la décision d’utiliser la réhabilitation/construction des routes et des
pistes comme un des leviers du développement, de nombreuses pistes ont été réhabilitées, et certains
axes principaux goudronnés. Malheureusement, les données y afférentes (longueur de pistes et
routes fonctionnelles, budgets utilisés) ne sont pas diffusées par les services concernés. L’accès à
ces informations est d’autant plus difficile que l’aménagement des pistes et routes est pris en charge
par différents acteurs (MTPT avec le projet PST et la Cellule des Grands Travaux, FER, FID,
AGETIPA ; sans parler des projets ponctuels, comme celui du FIFAMANOR, pour la réhabilitation de
480 km de pistes à vocation laitière dans le Vakinankaratra, du Centre HIMO Route, du PHBM, du
PPRR, du PRBM…). Néanmoins, il est constaté que d’énormes efforts sont actuellement fournis pour
sortir de l’isolement de nombreuses Régions (comme le Melaky, Anosy, SAVA, DIANA). Cependant,
en dehors des grands axes routiers, les possibilités de déplacement sont toujours limitées à l’intérieur
de chaque région (cas de la partie nord de la Région d’Analanjirofo, idem pour Melaky, cas des zones
au sud du Menabe…).
Les périmètres rizicoles ont reçu depuis longtemps des investissements très importants.
Malheureusement, les données y afférant (superficie avec maîtrise d’eau, budgets investis…) sont
éparpillées, incomplètes et ne sont pas à jour. Comme pour les pistes, nombreux sont les acteurs qui
ont investi, investissent et investiront dans la réhabilitation ou l’aménagement des réseaux
hydroagricoles, du fait que la majorité des demandes paysannes se situent dans cette rubrique. L’Etat
central, par le biais du Programme des Petits Périmètres Irrigués, le FID, le PSDR, le PHBM, le
PRBM, le BV Lac, le PPRR, les communes et les différentes ONG nationales et internationales
27 Aune J. B., Skjotnes M., Randriamamonjy A. W. ; 2005 ; Review of Norwegian Support to FIFAMANOR ; Noragric Report n°30 ; Norwegian University of
Life Sciences
54
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
(CARE, ADRA, CRS…), sans parler des aménagements paysans, participent activement dans la
construction et/ou la réhabilitation des réseaux hydroagricoles (irrigation, drainage et protection).
Actuellement, le Programme Bassin Versant Périmètres Irrigués, récemment mis en place, avec ses
plusieurs dizaines de millions de dollars financés par la Banque Mondiale et l’AFD, reprendra de
nouveau l’effort de réhabilitation de ces aménagements et ouvrages hydroagricoles.
6.3. FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL
6.3.1. Financement public et leur évolution
La part du Programme d’Investissement Public allouée au Ministère de l’Agriculture, de
l’Elevage et de la Pêche (MAEP), destiné au financement du développement agricole et rural,
représente moins de 10% du total du programme d’investissements publics, tel qu’il ressort du
tableau ci-après :
Tableau 19.
Proportion du PIP du MAEP (unité monétaire : en millions d’ariary)
PIP
2002
2003
2004
2005
2006
MAEP (a)
27 092
45 564
64 875
84 526
100 922
Général (b)
745 960
509 130
622 132
1 029 220
1 262 684
Pourcentage (b)/(a)
3,63%
8,95%
10,43%
8,21%
7,99%
Source : Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB)
A titre de comparaison, dans le premier Plan Quinquennal de la République Malgache (1963- 1968),
la part des investissements publics dédiée au secteur agricole représentait alors 21% du programme
général d’investissements proposé, tous secteurs confondus.
Graphique 21. Evolution du PIP total et PIP du MAEP
(en millions d'ariary)
1 400 000
1 200 000
1 000 000
800 000
MAEP
600 000
Général
400 000
200 000
-
années
2002
2003
2004
2005
2006
Source : Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget (MEFB)
En 2006, les prévisions d’utilisation du PIP pour le développement rural et la promotion agricole
montrent une répartition régionale inégale. Ainsi, en moyenne, 21,57% du PIP agricole sont alloués au
niveau central national. Le reliquat est réparti entre les 22 régions. Celles du nord sont les moins
favorisées, avec 7,28% du PIP en moyenne, tandis que celles du sud sont les mieux loties avec
25,97% en moyenne. Le reste du PIP est départagé entre les régions de l’est et de l’ouest.
6.3.2. Evolution des politiques des bailleurs de fonds
A partir de 2004, les contributions des bailleurs de fonds représentent plus de 70% du financement du
PIP du MAEP. Les emprunts représentent plus de la moitié de ces financements et les subventions
avoisinent 29%, suivant les données du tableau ci après.
55
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 20.
Structure du financement des bailleurs de fonds dans le PIP du MAEP (millions
d’ariary)
Années
2002
2003
2004
2005
2006
Subventions
3 191
8 246
11 670
12 441
22 533
Emprunts
6 739
11 083
29 302
40 260
41 549
Fonds de contre valeur (FCV)
1 059
2 131
7 417
10 957
7 562
Total des fonds des bailleurs (a)
10 989
21 461
48 389
63 658
71 644
PIP du MAEP (b)
27 092
45 564
64 875
84 526
100 922
Pourcentage de (a) sur (b)
40,56%
47,10%
74,59%
75,31%
70,99%
Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)
Les différents types de financements octroyés par les bailleurs se répartissent en subventions,
emprunts et fonds de contre valeur.
Graphique 22. Part de financements de l’Etat et des bailleurs de fonds dans le PIP du MAEP
(en millions d'ariary)
120 000
100 000
80 000
60 000
40 000
20 000
2002
2003
2004
2005
2006
années
PIP du MAEP
Part de l'Etat
Total des fonds des bailleurs
Source : Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)
Les principaux bailleurs de fonds intervenant dans le développement agricole et rural à Madagascar
sont l’Union Européenne, la banque Mondiale, l’AFD, la coopération française, le MCA, la BAD, la
FAO, le FIDA, l’OPEP et le NORAD.
Le financement total des bailleurs de fonds s’est accru de près de 100% entre 2003 et 2004, et de
20% sur la période 2004 et 2006. Les principaux domaines ciblés par les bailleurs de fonds portent
sur l’appui aux institutions de développement rural (MAEP, UPDR, PADR…), sur la réforme foncière,
sur la lutte anti–acridienne, sur la recherche, sur l’appui à la filière semences, sur la
professionnalisation de l'agriculture, sur l’appui à la formation pour la promotion agricole, sur la
relance des exportations agricoles et sur les appuis en engrais.
6.3.3. Investissements directs étrangers dans l’agriculture et dans l’agroalimentaire
Rares sont les capitaux étrangers qui ont été investis directement dans les branches productives de
l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Les investisseurs se sont beaucoup plus orientés vers des
activités commerciales (plus de 30% des investissements), du fait de leur aversion au risque.
Tableau 21.
Répartition des entreprises des IDE par branche
Branche d'activité
2002
2003
Agriculture, chasse, élevage et sylviculture
1,6
2,1
Pêche, pisciculture, aquaculture
2,7
2,5
Autres
95,7
95,4
Ensemble
100
100
2004
1,7
2,1
96,2
100
Source : Banque Centrale de Madagascar
56
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Néanmoins, ceux qui ont pris le risque d’investir dans les branches de l’agriculture, de l’élevage et de
la pêche ont pu obtenir un taux de valeur ajoutée élevé (ratio valeur ajoutée rapportée au chiffre
d’affaires). Par ailleurs, on remarque que la main d’œuvre travaillant dans les entreprises à
investissement étranger oeuvrant dans les activités pêche, pisciculture et l’aquaculture figure parmi
les plus productives.
Tableau 22.
Indicateurs de performance des entreprises à investissement étranger par
branche
Productivité apparente (103
Ariary/tête)
Branche d'activité
Agriculture, chasse, élevage et
sylviculture
Pêche, pisciculture, aquaculture
Ensemble de toutes les branches
2002
2003
Taux de valeur ajoutée (en %)
2004
2002
2003
2004
220
460
720
16,6
49
65
12 260
18 500
13 740
29,3
29,3
22,9
26,1
25,8
21
6 640
5 140
5 220
Source : Banque Centrale de Madagascar
Résumé
•
Comme cela a déjà été évoqué, les politiques publiques ont façonné les paysages agricole et
rural au fil de l'histoire, en mettant notamment au centre de ces politiques la culture du riz.
•
Malgré l'importance du secteur agricole pour Madagascar, la part du Programme
d’Investissement Public allouée au Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
(MAEP), destiné au financement du développement agricole et rural, représente moins de
10% du total du programme des investissements publics, contre 21% dans les années 60.
•
Ces investissements progressent cependant et dépendent massivement des financements
extérieurs
•
Les investissements directs étrangers dans l'agriculture, l'élevage et la pêche demeurent
limités, malgré un taux de valeur ajoutée important, en particulier pour la pêche.
•
En matière de dotation en biens publics, le désengagement de l'Etat s'est traduit par un
affaiblissement de la recherche.
•
Concernant les infrastructures, le pays est encore très déficitaire en routes et pistes, ce qui
entraîne des situations d'enclavement et augmentent les coûts de commercialisation. Le
régime actuel en a fait un point central de sa politique de développement.
•
Malgré des investissements hydro agricoles, en particulier dans les grands périmètres
rizicoles, les besoins en investissements sont encore importants. De nombreux financements
sont aujourd'hui mobilisés, notamment dans le cadre du Programme Bassin Versant
Périmètres Irrigués, récemment avec l'appui de la Banque Mondiale et l’AFD
57
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
CONCLUSION
Depuis le roi Andrianampoinimerina qui a fait aménager les plaines d’Antananarivo fin XVIIIème,
l'histoire de Madagascar et donc la société et l'économie malgaches sont intimement liées à la culture
du riz : quel que soit le régime en place (de la colonisation au pouvoir actuel), le riz a été et
reste encore au centre des politiques agricoles et d'aménagement de Madagascar. Il suffit pour
s'en convaincre de se rappeler la mise en place des grands périmètres irrigués dans les années 1950,
les opérations de productivité rizicole de la Première République, les nationalisations de la période
socialiste ou encore la place toujours accordée au riz dans la politique générale de l'Etat.
La culture du riz a ainsi au fil de l'histoire façonné le pays et les paysans. Aujourd'hui, cette
production concerne 87% des exploitations et représente encore 60% des surfaces cultivées. La
prépondérance du riz explique une structure du PIB qui a peu évolué depuis plus de 30 ans. Le
secteur agricole représente aujourd'hui encore 35% de la richesse du pays et l'évolution du PIB est
fortement corrélée à l'évolution du secteur agricole et à la production rizicole en particulier. La filière
riz est donc encore un des moteurs essentiels de l'économie malgache.
A côté du riz, Madagascar dispose d’une large gamme de produits agricoles tempérés ou tropicaux,
surtout destinés aux marchés locaux et au marché national. Certaines de ces productions ont aussi
bénéficié de soutiens de l'Etat, notamment les produits traditionnels d'exportation (café, épices, litchi,
etc.), lors de la colonisation et de la première République. Le secteur agricole a été fortement marqué
par la période socialiste. Les nationalisations et l'interventionnisme de l'Etat ont eu des effets
souvent négatifs sur la production et la commercialisation de nombreuses productions
agricoles (1975-86). Ces effets perdurent encore pour certaines filières comme la filière sucre en
cours de privatisation ou le coton récemment privatisé. La libéralisation de l'économie et le
désengagement de l'Etat qui ont suivi cette période, initiés dans le cadre des programmes
d'ajustement structurels, ont permis de "libérer les forces du marché" sans toutefois toujours avoir les
effets escomptés sur la production et les échanges agricoles.
L'importance de l'agriculture à Madagascar est le témoin d'un pays encore très rural. Le taux
d'urbanisation est relativement faible (moins de 30%, dont 12% à Antananarivo), même s'il est amené
à progresser. La population est donc aujourd'hui majoritairement rurale et agricole (75% de la
population totale en 2005) et devrait le rester encore longtemps (près de 60% en 2030). Madagascar
reste un pays peu peuplé (près de 18 millions d'habitants en 2006) pour un territoire correspondant
à la France et la Belgique réunies, mais connaît une forte progression démographique. Sa
population a été multipliée par 3,8 en 50 ans (1950-2000) et même si le taux de croissance
démographique diminue maintenant, la population malgache devrait continuer à progresser pour
atteindre 45,3 millions d'habitants en 2050. Un des enjeux pour Madagascar est donc déjà de
répondre aux besoins alimentaires de cette population en forte croissance. Etant donné l'importance
du riz dans le régime alimentaire malgache, et même si on assiste à une certaine diversification de
l'alimentation, l'augmentation totale de la consommation devrait conforter la place prépondérante du
riz dans l'agriculture et l'économie.
Par ailleurs, il s'agit d'une population très jeune puisque 56% de la population en 2004 a moins de
20 ans. Cette population en majorité rurale est une population pauvre (78% des producteurs
agricoles) et souvent peu éduquée. L'enjeu majeur pour Madagascar est donc, dès à présent,
l'avenir des nouveaux entrants, essentiellement ruraux, sur le marché du travail : 300 000 en
2005 et probablement plus de 700 000 en 2040.
Il s'agit donc de répondre à la question suivante : quelle est et quelle sera l’offre
supplémentaire de travail dans les campagnes, mais aussi dans les villes, pour absorber ces
nouveaux arrivants ? Et en question subsidiaire : quels sont les mesures d'accompagnement les
plus appropriées, notamment en matière d'éducation et de formation pour ces jeunes, afin de
répondre positivement à cette l’offre potentielle, qu’elle soit dans le secteur agricole, dans l’industrie,
dans le tourisme ou dans le secteur tertiaire en général ?
58
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Jusqu'à aujourd'hui l'agriculture, et en particulier le secteur rizicole, a intégré la majorité des
nouveaux actifs mais le pourra-t-elle encore dans un proche avenir ? En 2004, le secteur agricole
absorbait toujours 82,4% des actifs à Madagascar. Le commerce est la seconde source d’emplois (4%
en 2004), mais est très lié au secteur agricole, devant l’administration (2,9% en 2004) et les autres
industries (1,6% en 2004). Et les deux secteurs phares de l'économie malgache – le textile et le
tourisme - n’absorberaient au maximum que 43 000 emplois/an, face à plus de 300 000 jeunes
arrivant actuellement chaque année sur le marché de travail. En dehors de l’agriculture, il existe
donc peu d’opportunités d’emplois, notamment en milieu rural.
Du fait de son insularité et de sa position géographique, les migrations externes demeurent
faibles et ne sont pas pour l'instant une option de sortie comme dans d'autres pays. Les migrations
internes, même si elles restent limitées et plutôt saisonnières, semblent par contre progresser.
La densité de population est encore faible (27,2 habitants/km²) et il existe des régions quasiment vides
pouvant être mises en culture, moyennant des investissements publics. A l'opposé, dans certaines
régions, et en particulier sur les Hautes Terres, on assiste à des phénomènes croissants de saturation
foncière, ce qui devrait pousser à la migration. De plus, la population urbaine augmente, sans un
exode rural massif vers la capitale comme dans d'autres pays, mais avec le développement des villes
secondaires. L’arrivée massive de nouveaux entrants sur le marché du travail est donc
également un enjeu d'aménagement du territoire.
Au delà des migrations internes, la croissance démographique, en particulier en milieu rural avec les
conséquences évoquées précédemment en termes de pression foncière et de conquête de terres
disponibles, pose la question de l'adaptation du secteur agricole.
Cette adaptation s'inscrit dans un cadre général de libéralisation de l'économie et de redéfinition des
rôles de l'Etat au niveau national. Elle s'inscrit aussi dans le cadre d'une plus grande intégration à
l'économie internationale. En effet, Madagascar a conclu de nombreux accords commerciaux
multilatéraux (OMC), régionaux (COI, COMESA, SADC) ou bilatéraux (AGOA, APE) qui conduisent à
une plus grande ouverture des marchés.
Une ouverture croissante des marchés internationaux est une opportunité pour le
développement des exportations, en particulier agricoles et agro-alimentaires, sous réserve de
dépasser les contraintes. Il s'agit notamment de pouvoir offrir une gamme plus élargie de produits
agricoles frais et surtout transformés, répondant aux normes sanitaires et phytosanitaires et aux
normes techniques internationales. Il s'agit aussi de conquérir d'autres marchés que les marchés
traditionnels (Europe notamment et Etats-Unis) et de tirer avantage des bénéfices offerts par les
accords commerciaux, en particulier au niveau régional (COI, COMESA, SADC).
Par contre l'ouverture du marché malgache peut entraîner, si elle est trop rapide, une
concurrence accrue de produits, notamment agricoles et agro-alimentaires, provenant de pays
développés ou de pays en développement émergents plus compétitifs, avec des effets négatifs
potentiels sur le secteur agricole, mais aussi sur la balance commerciale du pays, et par conséquent
sur la monnaie.
Madagascar dispose de terres disponibles et des ressources en eau abondantes mais faiblement
exploitées. De par ses potentialités géographiques exceptionnelles, la grande Ile offre une grande
diversité de fruits et de légumes, aussi bien de zones tempérées que tropicales. C'est également un
pays d'élevage qui dispose aussi d'un secteur pêche très développé, alliant la pêche traditionnelle, la
pêche industrielle et l'aquaculture. Madagascar est donc très bien placé pour répondre à la demande
régionale et internationale en produits agricoles et agro-alimentaires. Toutefois, l'agriculture demeure
majoritairement traditionnelle, peu productive, basée sur de petites exploitations (0,87 ha en
moyenne) et encore très orientée vers le riz. De plus, une faible part de la production est
commercialisée, sauf pour quelques produits d'exportation. Enfin, le développement de l'agro-industrie
est récent. Le pays ne propose encore qu'une gamme limitée de produits transformés. Et le respect
indispensable des normes techniques et sanitaires pour pouvoir exporter est une contrainte parfois
difficile à dépasser.
59
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
60
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
DEUXIEME PARTIE : LA STRUCTURE DES MARCHES
AGRICOLES ET AGRO-ALIMENTAIRES ET LEUR
EVOLUTION
61
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1. LES MARCHES DES PRODUITS ET LES FILIERES
Madagascar dispose d’une large gamme de produits agricoles, surtout destinés aux marchés locaux et au
marché national. Une partie de la production, quoique encore faible, est destinée à l’exportation. Cette part
devrait croître au niveau sous-régional pour des produits tels que la pomme de terre, l’oignon, les légumes
et certains fruits. En effet, Madagascar est la seule île de l’Océan Indien à disposer du potentiel foncier de
production et l’élargissement de son marché intérieur au continent africain constitue une opportunité.
Certaines productions nationales comme la vanille, les produits de l’aquaculture, le litchi et les épices
(girofle…), occupent une place importante sur le marché mondial. Le sucre, bien qu’ayant auparavant
alimenté le marché européen, ne suffit plus à satisfaire la demande interne, et le pays est contraint d’en
importer.
Malgré l’augmentation du nombre d’opérateurs privés, suite à la libéralisation des marchés agricoles
(IFPRI/FOFIFA, 1997), les marchés intérieurs sont encore peu développés, surtout dans les zones rurales.
Le mauvais état et/ou l’insuffisance des infrastructures routières, et donc l’enclavement des zones de
production, empêchent les marchés de fonctionner normalement. Les coûts de transport constituent souvent
une part importante du différentiel de prix au sein des filières et grèvent la compétitivité des produits. Le
difficile accès physique à l’information, surtout dans les zones les plus éloignées, crée des situations
asymétriques entre les agents, parfois compensées par les réseaux sociaux pour les agents de la
commercialisation.
La question de la qualité peut aussi constituer une contrainte importante pour les producteurs et
exportateurs, qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour respecter les
normes auxquelles les produits doivent se conformer pour avoir accès aux marchés internationaux. Par
exemple, la viande locale n’est pas exportée sur les marchés de l’Union Européenne en vertu d’un embargo
frappant les produits de ce secteur depuis août 1997 pour non-conformité aux normes phytosanitaires.
1.1. ORGANISATION DES MARCHES ET TYPES DE FILIERES
Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie entamée vers le milieu
des années 80, l'organisation des marchés pour les produits agricoles essentiels, reposait sur l'intervention
de l'Etat, souvent acteur direct des filières. Les prix d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le
pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.
Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la
demande. Pour certaines filières comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de
concertation professionnelle qui associent l'Etat et qui sont parties prenantes dans la fixation des prix et
dans l’organisation de la commercialisation. L’Etat est un acteur important dans le secteur sucre pour lequel
la privatisation n’est pas encore achevée. Enfin, il existe dans certains cas des situations de monopôle ou
d'oligopole privé (filière coton ou filière lait). De plus, étant donné les situations d'enclavement pour de
nombreuses régions, il existe des dysfonctionnements de marché.
Comme dans beaucoup de pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs types de
circuits commerciaux et la multiplication des intervenants dans la commercialisation. Le nombre
d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un cas
exemplaire. Ce phénomène a un impact conséquent sur la longueur de la filière et sur la formation des prix.
L’intégration verticale existe traditionnellement dans certaines filières comme le tabac ou le coton, qui ont
été privatisées, et pour la filière sucre en voie de privatisation. Cette intégration s’est développée plus
récemment dans d'autres filières, notamment pour le riz (intégration par certains riziers) ou pour la crevette,
et la filière haricot vert à l'exportation. Ainsi Lecofruit, une société exportatrice de produits frais et
transformés, contrôle son approvisionnement en légumes de qualité grâce à des contrats de production
établis avec les paysans. Le circuit n’inclut que les paysans producteurs et la société de transformation qui
se charge du conditionnement et de l’exportation des produits à destination des marchés européens. Les
intermédiaires entre la société et les paysans sont court-circuités.
Les filières fruits et légumes sont parmi celles qui n'ont pas été soumises aux réglementations et régulations
de l'Etat. Le circuit de commercialisation dans ces filières est nécessairement court, en raison de la
périssabilité des produits et de la forme du produit final (souvent consommé à l'état frais sur le marché local).
62
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Au delà de la longueur des filières, de leur niveau d'intégration et du nombre d'intermédiaires, les filières
peuvent être classées en fonction de la destination de la production :
•
Les filières alimentaires orientées quasiment uniquement vers le marché local : manioc, la
plupart des fruits et légumes tempérés ou tropicaux, les tubercules et légumineuses, les produits
laitiers, la farine, la viande
•
Les filières agricoles et alimentaires orientées principalement vers l'exportation : vanille, épices,
huiles essentielles, litchi, crevettes
•
Les filières agricoles et alimentaires destinées au marché local et à l'exportation : le sucre, le
maïs, le coton, le café et dans une moindre mesure le riz
Par ailleurs, un certain nombre de produits sont confrontés ou peuvent être confrontés à la concurrence des
produits importés. C'est le cas notamment pour le sucre, les produits laitiers, la farine, l'huile, le riz, les jus
de fruits, les produits de la biscuiterie et de la confiserie.
Enfin, si la majorité des produits agricoles est soit autoconsommée soit vendus sur les marchés ruraux ou
urbains, les supermarchés sont devenus des acteurs de la commercialisation qui sont apparus dans le
paysage après la libéralisation de l’économie. Le réseau est actuellement le fait de trois groupes à capitaux
étrangers :
•
la chaîne sud-africaine Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la
chaîne Champion, disposant de sept magasins dont cinq à Antananarivo, un à Antsirabe et un à
Toamasina ;
•
la chaîne française Leaderprice avec trois enseignes à Antananarivo ;
•
les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe Casino, avec trois
hypermarchés à Antananarivo et deux supermarchés dans les autres provinces.
Si dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de l’agriculture
contractuelle, tel n’est pas encore le cas à Madagascar. La société Lecofruit par exemple ne remplit pas le
quota de 5% de sa production qu’elle peut écouler sur le marché local à travers les supermarchés. En effet,
ces derniers ne valorisent pas la qualité comme cela se passe en Europe. Par ailleurs, au vu de leur
développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut supposer que les
supermarchés n’occupent pas encore une grande part de marché dans le commerce des produits frais. Par
contre, ils jouent un rôle important dans la commercialisation des produits agro-alimentaires importés.
Résumé
•
Les produits de l’agriculture malgache sont essentiellement consommés localement.
•
Quelques produits sont présents sur les marchés régionaux (pomme de terre, oignon, mangue…) ou
internationaux (vanille, litchi, épices, crevettes…).
•
Certaines productions, potentiellement exportables, se heurtent à la contrainte de compétitivité
(sucre) ou de qualité sanitaire (viande).
•
Après un interventionnisme important de l’Etat, les filières se libéralisent et les prix sont actuellement
fixés par le jeu du marché ou sont coordonnés par des interprofessions dans lesquelles l’Etat peut
jouer un rôle plus ou moins important (vanille, litchi, crevette, riz…).
•
L’Etat a du mal à se désengager de filières sensibles comme le sucre et est traditionnellement
absent de filières comme les produits maraîchers.
•
Le retrait de l'Etat a laissé dans certains cas la place à des situations de monopôle ou d'oligopole
privé (filière coton ou filière lait).
•
Le retrait de l'Etat et la libéralisation des prix, entraînant pourtant une multiplication des intervenants
dans les filières, ont eu des résultats mitigés sur l’amélioration de la compétitivité des produits
malgaches par rapport à leurs concurrents du fait de l’enclavement des régions productrices et de la
structure non concurrentielle de la commercialisation : difficultés d’approvisionnement en intrants,
coûts importants d’évacuation des produits, mauvais accès à l’information…
63
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
•
L’intégration verticale existe traditionnellement pour certaines filières, comme le tabac ou le coton,
qui ont été privatisées et pour la filière sucre. Cette intégration s’est développée plus récemment
dans d'autres filières, notamment comme le riz (intégration par certains riziers) ou pour la crevette,
et la filière haricot vert à l'exportation.
•
Les supermarchés, nouveaux arrivants dans les circuits de commercialisation, écoulent des
quantités réduites de produits agricoles frais, en comparaison des petits commerces de détail, et ne
valorisent pas encore la qualité. Par contre ils jouent un rôle important dans la commercialisation
des produits agro-alimentaires importés.
1.2. PRESENTATION DES FILIERES SIGNIFICATIVES
La situation des marchés agricoles sera illustrée à partir de quelques filières au poids significatif dans
l’économie, notamment
•
La filière riz, pilier de l'économie malgache, qui demeure un produit stratégique pour l'Etat
malgache,
•
La filière émergente "haricot vert à l’export", qui offre une illustration réussie de l’agriculture
contractuelle dans un pays en développement,
•
La filière sucre, une filière intégrée en situation difficile et en voie de privatisation,
•
La filière coton, une filière structurante dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest de Madagascar,
avec une situation de monopôle privé,
•
La filière lait, une des rares filières agro-industrielles du pays qui importe une partie de ses
besoins en matière première,
•
La filière vanille, qui représente un des principaux produits traditionnels à l’exportation,
•
La filière litchi, dont un des enjeux majeurs est la mise aux normes pour pouvoir exporter,
•
La filière crevettière, une filière d'exportation intégrée.
64
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 23.
Produit
Riz
Local
Autoconsommation
Bref aperçu de l’organisation de la commercialisation de quelques produits agricoles
Circuit court
National
Grossistes =
riziers
Vente sur les
marchés
« villageois » par les
producteurs eux
mêmes
Export
Vente dans pays
de l’Océan Indien
Exportateurs =
riziers
Local
Vente après
passage par une
série
d’intermédiaires
(collecteurs,
transformateurs,
commerçants de
différents types)
Circuit long
National
Vente après
passage par une
série
d’intermédiaires
(collecteurs,
transformateurs,
commerçants de
différents types)
Export
Vente dans
pays de
l’Océan Indien
Exportateurs =
acteurs hors
filière riz
(« ferrailleurs »)
Intervention de l’Etat
Coexistence du secteur
public et privé de 1960 à
1973
Libéralisation du secteur
vers le milieu des années
80
Monopole/organisation
de filière
Monopole étatique dans la
commercialisation entre
1971 et le milieu des
années 80
Existence d'une
Plateforme de
concertation privée- public
Gestion de la situation de
crise du riz de 2004
(importations et
administration du prix de
vente)
Autres céréales
Tubercules et
légumineuses
Fruits
Vente de produits
frais sur les
marchés villageois
Vente de
produits secs
Vente sur les
marchés
« villageois » par les
producteurs euxmêmes des produits
à l’état frais (surtout
en période de
récolte) ou sec
--
Exportations
minimes sur le
marché régional
--
Vente des produits
à l’état frais
Vente sur les
marchés des
produits à
l’état frais
Fruits à l’état frais
(2% des
exportations
malgaches) :
essentiellement
litchi, mangue
Produits
transformés par
petites unités
agroalimentaires
informelles (jus
de fruits…)
Vente après
passage par une
série
d’intermédiaires
(collecteurs,
transformateurs,
commerçants de
différents types)
des produits à
l’état frais
(surtout en
période de
récolte), sec ou
transformés
(farine de
manioc, de
maïs…)
Produits
transformés par
unités agroalimentaires
formelles (jus de
fruits, confitures,
pâtes de fruits)
Vente dans
pays de
l’Océan Indien
Maïs
Exportations
minimes sur le
marché
régional
Produits
transformés par
unités agroalimentaires
formelles (jus
de fruits,
confitures,
pâtes de
fruits) ; quantité
minime
--
--
Existence d'une
Plateforme de
concertation privée public
pour le litchi
Existence d'un
Groupement des
exportateurs de litchis
65
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Produit
Local
Vente des produits
à l’état frais
Légumes
Circuit court
National
Vente des
produits à
l’état frais ou
transformés
(conserves)
--
--
Vente des produits
de pêche
continentale ou
maritime
Vente des
produits de
pêche
continentale
ou maritime
Export
Légumes à l’état
frais ou
transformé :
haricots- verts, pois
mange-tout et
cornichons sur le
marché européen,
oignons, pomme de
terre sur le marché
régional
--
--
Epices
Produits de
pêche
Circuit long
National
Local
Exportation des
produits de pêche
maritime et
d’aquaculture
(crevettes) par
larges unités
verticalement
intégrées
Intervention de l’Etat
Export
--
Monopole/organisation
de filière
Filière intégrée pour les
haricots verts exportés
--
--
Vente de
produits
transformés par
les unités
industrielles et
artisanales
(poivre, …)
Vente de thon en
boîte
Vanille, girofle,
cannelle,
piment, baie
rose,
gingembre...
Existence d'une
Plateforme de
concertation privée public
pour la vanille
Exportation de
thon en boîte
Existence d'un
Groupement des
Aquaculteurs et des
Pêcheurs de Crevettes de
Madagascar
Filière sucrière
industrielle
Filière sucrière
industrielle
Accords de pêche
avec Commission
européenne (thon)
Produits
d’élevage
Sucre
Coton
Vente des produits
à l’état frais ou
transformés sur
marchés locaux par
les producteurs
mêmes
Vente des
produits à
l’état frais ou
transformés
(conserves de
viande,
produits
laitiers)
Filière sucrière
industrielle
Vente de sucre et
produits dérivés de
fabrication
artisanale (sucre,
boissons
alcoolisées)
Vente de
coton fibre et
de graines de
Export de coton
fibre
Libéralisation du secteur
non effective
Entreprise publique :
SIRAMA
Entreprise privée à
capitaux étrangers :
SUCOMA
Libéralisation réalisée en
2005
Société
HASYMA/DAGRIS pour la
production de coton fibre,
66
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Produit
Local
Circuit court
National
coton à
destination
des huileries
et sociétés de
trituration
Export
Vente d'alcool et de
vin local
Café, chocolat,
confiserie
Sisal
Circuit long
National
Export
Vente de
cigarettes et de
tabac à chiquer
Tabac
Boissons
Local
Vente de vins,
d'alcool, de
boissons
hygiéniques et
de bière et
d'eau
Vente de
bonbons,
café vert
Exportations de
cacao, de chocolat
et de café
Extraction de
fibre
Export de fibre
torsadée
Vente de café
torréfié,
chocolat, biscuit
Exportations de
cacao, de
chocolat et de
café
Intervention de l’Etat
Monopole/organisation
de filière
de semences et de
graines de coton
Existence d'une
Plateforme de
concertation privée public
Coton, textile
Existence d'un
Groupement des
exportateurs de litchis
Monopôle privé pour la
tabac à fumer et monopôle
public pour le tabac à
chiquer
Monopôle privé pour la
bière
Existence d'un Comité
National de
Commercialisation du
Café
Exploitation en régie par
quelques sociétés privées
67
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.2.1. La filière riz : pilier de l’économie malgache
Madagascar est une économie agricole fondée sur le riz : la population agricole constitue près de 80%
de la population active totale et 87% des exploitants cultivent du riz ; cette céréale est la principale
culture en termes d’occupation de la superficie agricole pour trois-quarts des communes malgaches et
la principale source de revenu des ménages dans 45% des communes (Minten et al, 2003).
La production de paddy a officiellement dépassé 3 millions de tonnes en 2004. Elle génère un volume
disponible pour la consommation de 2,8 millions de tonnes de paddy, soit presque 2 millions de
tonnes de riz décortiqué. Environ 68% de la production est destinée à l’autoconsommation, aussi la
filière riz est peu intégrée au marché (UPDR-FAO, 2000). Les importations représentent environ 10%
de la production nationale et le riz commercialisé, local ou importé, approvisionne à 60% le milieu
urbain.
Les performances de la filière déterminent de manière significative le dynamisme du secteur agricole
et de l’économie nationale. Sa valeur ajoutée économique directe, calculée en 1999, contribue à
hauteur de 12% au PIB national et de 43% au PIB agricole en termes courants.
Le riz est la principale denrée alimentaire dans la plupart des régions malgaches. Leur sécurité
alimentaire est fortement liée à l’abondance des récoltes ainsi qu’au niveau et à la stabilité des prix.
Les situations de pénuries, le plus souvent dues à des facteurs naturels (cyclones, fortes pluies,
sécheresse…), ont un impact immédiat sur l’approvisionnement des marchés et les rations
alimentaires. L’augmentation des prix réduit le pouvoir d’achat des consommateurs nets de riz et
diminue leur consommation. A contrario, une baisse des prix touche les vendeurs nets de riz et
décourage la production. Les fluctuations saisonnières pénalisent même les ménages autosuffisants
en riz qui généralement vendent la récolte à prix bas et achètent du riz plus cher à la soudure.
Ainsi, les marchés rizicoles jouent à Madagascar un rôle majeur sur les revenus des producteurs
(environ 60% de la population) et le niveau de vie des consommateurs (la population en entier) par le
biais des prix. D’où l’intérêt de rechercher une plus grande efficacité du fonctionnement des marchés
28
rizicoles (Dabat et al., 2005) .
Description de la filière
Dabat M.-H., Jenn-Treyer O., Bockel L., Razafimandimby S., 2005. Histoire inachevée de la régulation du marché pour un développement durable de la
riziculture malgache. Communication aux Journées de la Société Française d’Economie Rurale, Les institutions du développement durable des agricultures
du Sud, Montpellier, 7-8-9 novembre.
28
68
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les acteurs principaux
D’après le recensement agricole de 2004-2005 (MAEP), la riziculture est pratiquée par 2.075.000
exploitants. Si on intègre l’aval de la filière (30.000 opérateurs dont la plupart sont plurifonctionnels
dans la collecte, le décorticage et la vente en gros ou au détail, UPDR-FAO), 2.105.000 opérateurs
sont concernés 29.
Les collecteurs servent d’intermédiaires entre producteurs et grossistes. Ces agents sont en contact
direct avec les producteurs et sont souvent aussi transporteurs en parallèle. En 1999, le pays comptait
4.700 collecteurs formels dont 40% opérant sur les Hautes Terres centrales, 27% dans le CentreOuest et 18% dans le Nord-Ouest. Chaque collecteur employait en moyenne cinq personnes, ce qui
permet d’estimer cette branche à 22.000 emplois.
Le secteur de la collecte est très concurrentiel, notamment entre acteurs formels et informels ; mais
également entre collecteurs indépendants et collecteurs « non indépendants ». Les premiers
travaillent avec leurs fonds propres, ils traitent parfois avec des sous collecteurs et les financent en
octroyant une avance pour payer patentes et autres charges fonctionnelles. Les seconds agissent
pour le compte de grossistes, leur revenu dépend des commissions qu’ils perçoivent selon le tonnage
effectué. Ils fonctionnent généralement sur avance préalablement donnée par leurs commanditaires.
Outre le pilonnage manuel du paddy par les paysans, la transformation est assurée par les
décortiqueries et les rizeries. Les décortiqueries, petites unités de transformation de paddy, sont
réparties dans tout le pays tandis que les rizeries sont davantage concentrées dans les grands
bassins de production comme le Lac Alaotra. Depuis la libéralisation de la filière, le nombre de
décortiqueries a augmenté à un rythme plus rapide que les rizeries auxquelles elles font concurrence.
En effet, les décortiqueries ont des coûts d’opération nettement inférieurs à ceux des rizeries : 6.600 à
11.400 Ar/t de paddy pour les premières en 1999 contre 40.000 à 44.600 Ar/t pour les secondes.
Les grossistes sont les agents de la filière qui disposent des plus grandes capacités de stockage de
riz (spéculation sur le prix en période de soudure). Ils sont surtout localisés dans les centres urbains et
s’impliquent de plus en plus dans l’importation de riz.
Les détaillants étaient environ 24.000 dans le secteur formel en 1999. Ils s’approvisionnent en riz
blanc auprès des grossistes (66%), des décortiqueries et/ou rizeries ou des collecteurs et n’ont
généralement pas de lien contractuel avec ces acteurs. Très souvent, leur commerce ne se limite pas
à celui du riz. La grande majorité des détaillants est constituée d’opérateurs informels, souvent
occasionnels, qui opèrent sur les marchés locaux à ciel ouvert. Plus de 60% sont des femmes.
Notons que pour améliorer la gestion de la filière riz une plateforme de concertation et de pilotage
(PCP Riz) a été crée en 2004 qui rassemble l'ensemble des acteurs de cette filière et les
représentants de l'Etat.
Brève description de l’évolution de la filière 30
"A Madagascar, le riz a toujours été considéré par l’Etat comme un produit stratégique, capable à lui
seul de mettre en danger la stabilité politique du pays. Aussi, depuis son indépendance, et jusqu’à la
fin des années 1980, Madagascar a connu divers systèmes de régulation étatique du marché du riz.
En 1963, l’Etat crée le Bureau de Commercialisation et de Stabilisation du Riz (BCSR). Cet organisme
avait pour mission la régulation du prix du riz en achetant le paddy aux producteurs par l’intermédiaire
de mandataires agréés. Cet organisme coexistait avec le secteur privé, mais avait la haute main sur
les deux greniers à riz de Marovoay et surtout du lac Alaotra.
Ce contrôle de l’Etat s’est durci à partir du début des années 1970, avec d’abord en 1970 l’entrée en
vigueur du monopole du BCSR au lac Alaotra, puis, à partir de 1973, avec l’éviction totale du secteur
privé de la commercialisation du riz. La SINPA a eu jusqu’en 1977 le monopole de la
commercialisation du riz, et s’appuyait notamment sur deux sociétés d’aménagement, la SOMALAC
29
UPDR-FAO, 2001. Diagnostic et perspectives de développement de la filière riz à Madagascar, rapport final, 111p.
30 Cet historique rapide provient du Rapport de mission du PAM "Mise en place d'un système de régulation sur le marché du riz à Madagascar" de mai 2005
et se réfère pour l’essentiel à I. Droy, « Que sont les greniers à riz devenus », Economie de Madagascar n°2, pp.63-88. Voir spécialement les pages 69 et
88..
69
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
(Société Malgache du lac Alaotra, crée en 1961) et la COMEMA (Comité d’Expansion Economique de
la plaine de Marovoay, créé en 1964), transformé en une société d’Etat en 1974 (FIFABE).
Face aux difficultés de la SINPA pour se substituer au réseau très ramifié de collecteurs qui existait
précédemment, l’Etat a étendu le monopole de la SINPA à d’autres sociétés publiques ou
parapubliques. Toutefois, en dehors des difficultés administratives et techniques liées à la gestion
d’une structure aussi lourde et inadaptée aux réalités des campagnes et à l’éclatement des bassins de
production secondaires, d’autres éléments expliquent la déliquescence du système. Ainsi, la fixation
du prix du paddy aux producteurs à des niveaux de moins en moins incitatifs 31 (dans le but de garantir
aux consommateurs urbains de bas prix du riz) ou le fait que le riz était payé aux producteurs en bons
administratifs (parfois non remboursés par l’Etat), ont contribué à l’enclenchement d’un processus
d’involution rurale (F. Pesnaud, 1997, p.90), c’est-à-dire de repli du monde rural sur lui-même. Ainsi,
au début des années 1980, à peine moins de 10% de la production était collectée par l’Etat et mise
sur le marché. Cette pénurie de riz dans les centres urbains conduisit l’Etat à procéder à des
importations massives, avec un pic historique de 355 000 tonnes en 1982.
A partir de 1983-1984, Madagascar, comme d’autres pays d’Afrique sub-saharienne, s’est engagé
dans une série de mesures d’ajustement structurel, sous l’égide du Fonds Monétaire International et
de la Banque Mondiale. Ces mesures devaient déboucher sur la libéralisation progressive des
marchés. A Madagascar, ce processus de libéralisation progressive s’est déroulé sur une période de 7
à 8 ans, entre 1983 et 1990.
En 1983, le monopole de l’Etat sur la commercialisation du riz est aboli, excepté sur les deux
« greniers à riz » principaux, à savoir le Lac Alaotra et la plaine de Marovoay. Ce n’est qu’en 1986 que
le commerce intérieur de riz est libéralisé sur l’ensemble du territoire. En ce qui concerne les
importations, celles-ci ne sont rendues au secteur privé qu’en 1990.
Pour accompagner ce mouvement, des opérations de contrôle des marchés par l’Etat ont encore eu
lieu jusqu’en 1991. Ainsi, en dehors des marchés libres, les autorités ont continué à commercialiser du
riz, à des prix largement inférieurs à ceux du marché. Cette opération, connue sous le nom de « riz
fokontany », a été mise en place en 1983, et s’est poursuivi jusqu’en octobre 1988. Jusqu’en 1986, le
32
« riz fokontany » à Antananarivo, représentait 60% du riz commercialisé .
De 1986 à 1991, un système de stocks tampons a fonctionné. Mis en place avec l’appui des bailleurs
de fonds, ce stock tampon se voulait être une alternative à l’opération « riz fokontany », qui faisait
peser sur les finances de l’Etat une charge insurmontable et était vecteur d’une série d’effets pervers
liés à la distorsion des marchés.
Défini lors de sa conception comme « un stock de riz maintenu pour n’être libéré sur le marché que
lorsque les fluctuations poussent le prix jusqu’à des niveaux excessivement élevés » 33, il obéissait à
une triple préoccupation :
• « intervenir sur les marchés en vue d’atténuer les fluctuations anormales des prix et décourager
les spéculations durant la période de libéralisation du commerce du riz ;
• faire face aux situations causées par des calamités non prévisibles ;
• assurer une distribution ciblée aux consommateurs les plus défavorisés » 34.
Confié à la gestion de la SOMACODIS et de la SINPA, le stock régulateur obéissait à des règles
claires : « La mise sur le marché du riz appartenant au stock régulateur était faite lorsque le prix du riz
sur le marché libre dépassait pendant 4 jours consécutifs le prix d’intervention déterminé
annuellement. Le prix de cession au détaillant était inférieur au prix d’intervention de façon à laisser
une marge bénéficiaire au commerçant. Après avoir tenu compte des frais intermédiaires (ou prix
différentiel), qui comprenaient les coûts entre la cale du navire et la distribution, le produit net de la
Voir F. Roubaud, 1997, p.52.
Voir F. Roubaud, 1997, p.55.
33 Mission FAO, Ministère de la Production Agricole et de la Réforme Agraire, Direction de la Sécurité Alimentaire, Principe de fonctionnement du stock
régulateur, p.4.
34 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock
régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.2.
31
32
70
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
vente était versé sur un compte porteur d’intérêt dans une banque commerciale et constituait le Fonds
de Développement Agricole (FDA). » 35
En fait, le stock régulateur n’a véritablement fonctionné que durant 3 ans, sachant « qu’à partir de
1990, les interventions du stock régulateur ont davantage obéi à la nécessité de liquider les quantités
restantes plutôt qu’au besoin de réguler les prix à la consommation.
Dans son évaluation, la mission du PAM a par ailleurs noté les coûts de gestion prohibitifs du stock de
régulation par les organismes chargés de leur administration. En effet, ces sociétés ont retenu près de
50% des fonds générés par la vente du riz du PAM 36.
Enfin, elle note en guise de conclusion que « le gouvernement considère [en 1990] que le stock
régulateur n’a plus de raison d’être car, avec la libéralisation du marché et la présence de nombreux
opérateurs, les marges commerciales ont diminué et les prix se sont stabilisés par le jeu de la
concurrence. Le gouvernement continue cependant de veiller sur l’évolution de la libéralisation du
marché des importations de riz, car le riz importé est susceptible de faire baisser le prix offert aux
producteurs locaux et de décourager ainsi la production nationale. » 37
Quelque soit le mode de régulation mis en oeuvre (encadrement par l'Etat ou libéralisation), celui-ci
n'a pas eu d'effet notoire sur la production de riz tant que prix du riz n'était pas incitatif pour le
producteur. On a même assisté à un affaiblissement de la production intérieure qui a progressé moins
vite que la population du pays. Cette situation s'est traduite par un appel important aux importations
(plus de 350.000 t en 1982, plus de 200.000 t en 2000).
Graphique 23.
Evolution de la production de paddy et de la population malgache
Source : O. JENN-TREYER SMB
La crise du marché du riz en 2004-2005 illustre le risque de déstabilisation interne lié à la dépendance
vis-à-vis d’un marché mondial où les hausses de prix sont accentuées en cas de dégradation du taux
de change. Cependant, elle a ouvert la voie à la mise en place d’un nouveau cadre de régulation qui
limite l’intervention de l’Etat à la création des conditions favorables au fonctionnement d’un marché
35 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock
régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3.
36 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock
régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.3 et p.5.
37 PAM, Mission de revue des aspects de gestion du projet Madagascar 3123 « Assistance à une opération d’ajustement du secteur agricole – stock
régulateur » ; 14-28 janvier 1991, Rapport de Mission, p.5.
71
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
libre et en voie d’organisation. Les taxes d’import sur le riz ont été ramenées à 0% après s’être
élevées à 30% en 1991, 10% en 1997, 5% en 1999, 30% en 2000 et 21% en 2004 38. Cependant le
riz importé est soumis à la TVA de 18% ce qui n'est pas le cas du riz local. Cette crise qui a entraîné
une hausse sans précédent des cours du paddy et du riz blanc a généré une hausse importante de la
production. Les producteurs ont été incités à mettre plus de terres en culture et dans certains cas à
investir pour intensifier.
Si le pays reste encore aujourd'hui déficitaire et importateur d’une quantité de riz de l’ordre de
100.000t à 300.000 t/an, cette récente augmentation de la production et des investissements
nouveaux laisse entrevoir une situation d'autosuffisance et le développement de possibles
exportations à court terme sur le marché régional.
Détermination et niveau des prix
Afin d’assurer la satisfaction des besoins de la population, notamment des couches urbaines, l’Etat,
dans les années 60 et 70, contrôlait les prix sur le marché des biens alimentaires, en particulier du
riz, au moyen d’importantes subventions. Le monopole public de la collecte et de la transformation du
paddy, ainsi que de la commercialisation interne et externe du riz, a eu pour conséquence de
déconnecter les prix au producteur des prix internationaux et des coûts de production.
Les premières mesures d’ajustement structurel à partir de la décennie 80 visaient l’incitation à la
production de paddy en favorisant, dans un premier temps, l’augmentation des prix au producteur par
le biais d’un relèvement forfaitaire puis, dans un second temps, la libéralisation progressive des prix
et des circuits de commercialisation (suppression du monopole public de commercialisation en 1986,
privatisation des importations en 1990, abandon du stock régulateur en 1991, annulation de la taxe à
l’importation en 2005).
Si les prix étaient auparavant administrés, ils sont désormais définis par la rencontre de l’offre et de la
demande. Actuellement, le prix du riz sur le marché intérieur s’aligne sur le prix de parité import.
Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à Madagascar en
fonction de la variété du riz, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de l'enclavement de la zone
de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de commercialisation.
Une estimation de la compétitivité du riz en 1997 39 a montré que le riz malgache est fortement
compétitif à la ferme. La perte de compétitivité se situe en aval et résulte essentiellement de la
structure de commercialisation (intervention de nombreux agents successifs, rôle prépondérant d’une
poignée de grossistes dans les approvisionnements, difficultés matérielles du transport…).
Degré d’intégration
La commercialisation intermédiaire se caractérise par une forte multifonctionnalité des agents. Un
grand nombre d’agents n’assument pas une seule fonction particulière, ou même une fonction
principale, les différenciant des autres agents situés à un autre stade de la filière. La distinction, entre
collecteur (par définition échelon intermédiaire entre le riziculteur et le grossiste) et le grossiste
(habituellement en relation avec le détaillant), n’est pas toujours marquée. Certains agents
économiques sont à la fois en relation d’achat et de vente avec les riziculteurs, les détaillants et même
les consommateurs. Les riziculteurs eux-mêmes commercialisent selon les régions jusqu’à 30% de
leur production (en équivalent paddy) sous forme de riz blanc, souvent auprès des consommateurs.
On trouve des paysans parmi les collecteurs. 34% des décortiqueurs enquêtés (UPDR-FAO, 2000)
ont au moins une activité annexe dans la filière : 60% sont collecteurs de paddy, 26% transporteurs,
30% grossistes, 19% détaillants. Cette intégration verticale permet aux décortiqueurs de mieux
rentabiliser les investissements et de tirer le maximum de profit en maîtrisant certaines contraintes.
Les gros riziers du Lac Alaotra contractualisent avec les paysans en mettant à leur disposition
semences et intrants pour éviter les ruptures d’approvisionnement en paddy. Pour optimiser leur
structure, certains grands riziers produisent du riz, collectent, transforment, commercialisent et usinent
Le détail de l’évolution de la réglementation sur le riz figure en annexe.
L’Ajustement structurel et le secteur agricole : faiblesse de la compétitivité et insuffisance des réformes de prix ; Luc Razafimandimby ; Banque Mondiale
Mission Résidente 1997.
38
39
72
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
le riz d’autres collecteurs (Société Roger et SILAC au Lac Alaotra par exemple). Dans les zones
accessibles, les rizeries arbitrent entre plusieurs origines pour leur approvisionnement, ils
emmagasinent du riz importé quand celui-ci est meilleur marché que le riz national.
Le Groupe agro-industriel Tiko s’est installé récemment dans la région du Lac Alaotra avec
l’implantation de l’unité « Fanamby S.A » disposant d’une usine et d’une capacité de stockage de
30.000 tonnes. Le paddy collecté est transformé, stocké et conditionné dans l’unité de Vohidiala ; le
riz blanc est ensuite commercialisé via les supermarchés du Groupe dans l’île. Ce groupe et certains
grands riziers ont également comme objectifs de relancer les exportations de riz, très faibles
aujourd'hui, en particulier vers les marchés de la SADC et du COMESA, voire de l'Europe (pour des
produits biologiques ou des riz de luxe), sur lesquels ils bénéficient d'une ouverture totale. Cela
suppose néanmoins de maîtriser les coûts de commercialisation et de respecter les normes de qualité
définis par les pays de destination.
Degré de concentration
Au niveau de l’usinage, les années 60-70 ont vu le monopole des grandes rizeries privées avec une
intervention minime de l’Etat. Puis à partir du milieu des années 70, ce sont les sociétés d’Etat, telles
que la SINPA, qui ont eu l’exclusivité de la collecte et de l’usinage. Par la suite, après la libéralisation,
les petites et moyennes unités ont pris le relais.
Au niveau de la collecte, certaines situations géographiques créent des monopoles ou des oligopoles
de fait. Tel peut être le cas dans les zones productrices éloignées difficilement accessibles ou dans
des zones d’insécurité.
Résumé
•
La filière riz est le pilier de l’économie malgache dans le sens où elle conditionne fortement le
niveau de développement des campagnes et la sécurité alimentaire des villes.
•
Elle se caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des
exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une
concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure
plus concurrentielle de la transformation.
•
Certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui
les approvisionnent.
•
Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation,
l’intervention de l’Etat est récurrente dans la filière riz (politique fiscale, constitution de stocks,
administration des prix, opérations d’importation...).
•
Cependant les relations économiques entre les agents sont plutôt régies par le marché, plus
ou moins concurrentiel selon les situations.
•
La crise de 2004 a cependant ouvert la voie à la mise en place d’un nouveau cadre de
régulation qui limite l’intervention de l’Etat à la création des conditions favorables au
fonctionnement d’un marché libre et en voie d’organisation.
•
Le prix du riz est très dépendant des cours internationaux. C'est un prix qui varie fortement
suivant les saisons et les régions.
•
Cette crise a aussi eu pour effet d'inciter les producteurs à augmenter les surfaces cultivées et
dans certains cas à intensifier.
•
Le grand défi de cette filière pour les années à venir est d’arriver rapidement à
l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz en faisant
des efforts de qualité et de compétitivité.
•
Pour améliorer la gestion de la filière riz une plateforme de concertation et de pilotage a été
créée en 2004 rassemblant l'ensemble des acteurs de cette filière et des représentants de
l'Etat.
73
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.2.2. La filière haricot vert : un marché segmenté, une réussite à l’export
La filière haricot vert se caractérise par la segmentation de son marché. La demande nationale
s’oriente vers les produits frais nécessitant un minimum de conditionnement et de transformation
(triage grossier, nettoyage et emballage sommaires avec mise en panier).
La demande internationale, européenne notamment, provient des supermarchés qui imposent des
normes de qualité et de sécurité élevées, telles que stipulées dans des cahiers des charges. Les
produits malgaches exportés sur le marché européen par la société Lecofruit 40 sont essentiellement
des haricots verts extra-fins en conserve « cueillis et rangés à la main ». Cette niche de marché offre
des prix plus élevés que ceux des autres variétés de haricot vert (traités industriellement). Ces
produits, comme tous les produits agricoles (sauf quelques exceptions), bénéficient actuellement d’un
accès préférentiel au marché de l’Union Européenne dans le cadre de l'Accord de Cotonou et de
l’initiative Tout Sauf les Armes (TSA).
Cette partie se base sur les études de filières réalisées par l’UPDR-MAEP 41, une étude de MDPJEXCO 42 et les résultats des travaux de Minten, Randrianarison et Swinnen 43.
Description de la filière
On peut distinguer deux sous-secteurs dans la filière haricot vert : la filière locale dont un nouvel
acteur sont les supermarchés et la filière d’exportation apparue au début des années 90 où le produit
concerné est le haricot vert extra-fin.
Les principaux acteurs de la filière locale
La demande nationale en légumes cible surtout les produits frais. En général, la production de
légumes est assurée par des petits maraîchers individuels situés dans les ceintures maraîchères
autour des villes (Antananarivo, Antsirabe, Fianarantsoa et Antsiranana) et dans les grandes zones de
Voir description de la société Lecofruit en annexe.
Unité de Politique et de Développement Rural – MAEP (2004). Filières de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et actions du Ministère de l’agriculture,
de l’élevage et de la pêche. MAEP/Coopération Franco-Malgache, Antananarivo. CD-Rom.
42 MDP-JEXCO (2004). Etude d’impacts des APE pour Madagascar. Version provisoire.
43 Minten B., Randrianarison L. et J. Swinnen (2005). “Global retail chains and poor farmers: evidence from Madagascar”. In: WWF-Madagascar. Trade
Liberalization, Rural Poverty and the Environment: the case of Madagascar. Antananarivo. Mimeo.
40
41
74
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
production du Vakinankaratra (Hautes-Terres Centrales), de l’Itasy
d’Ambatondrazaka (Lac Alaotra). Ce sont les zones les plus accessibles.
(Moyen-Ouest)
et
L’approvisionnement des consommateurs en légumes frais est assuré par les paysans producteurs,
par des grossistes (pouvant aussi assurer la fonction de collecteur/transporteur), par des
commerçants de détail et par les supermarchés. Pour certains produits, les supermarchés sont
approvisionnés par des groupements de producteurs. Toutefois ces expériences se sont, dans la
plupart des cas, soldées par un échec : notamment les groupements ne sont pas arrivés à contrôler la
qualité des produits fournis par leurs membres, ce qui a conduit à la livraison de produits ne répondant
pas aux attentes des supermarchés, et à terme à la cessation de collaboration avec eux.
La filière d’exportation
Comme le produit exporté est constitué majoritairement de conserves de haricots verts extra-fins (à
90%), nous nous intéresserons en priorité à cette filière qui implique deux acteurs principaux :
•
les paysans producteurs sous contrat, au nombre de 10.000 environ pour une production sur une
superficie de 500 ha environ au cours de l’année culturale 2004/05,
•
une société de conditionnement et de transformation (Lecofruit) certifiée HACCP, qui se charge
de la préparation et du conditionnement des légumes pour l’exportation sur le marché européen :
France, Belgique, Pays-Bas (supermarchés distributeurs pour les haricots verts en conserve :
Leclerc, Intermarché, Auchan, Casino ; et grossistes, restaurateurs, commerces de détail pour les
produits frais).
Ces deux entités travaillent dans le cadre de l’agriculture contractuelle. Une partie de la production
des paysans contractants peut être constituée de haricots verts qui n’entrent pas dans le cadre de
leurs contrats avec Lecofruit, les produits sont alors écoulés sur les marchés locaux via les circuits
traditionnels.
Détermination et structure des prix
La détermination des prix se fait librement sur les marchés locaux, l’offre étant réglée par le calendrier
cultural. Pour les haricots verts extra-fins destinés à l’exportation, la société de conditionnement et
d’exportation fixe unilatéralement, en début de campagne, un prix d’achat dans le contrat avec les
paysans. Ce prix ne change pas en cours d’année. Pour 2003-04, Lecofruit a acheté les haricots verts
extra-fins 310 Ariary/kg au producteur. Pour cette période, le prix sur le marché de gros français de
Rungis à Paris était de 3,5 euros/kg. Cependant, les grandes surfaces européennes sont plus
sensibles à la sécurité de leur approvisionnement qu’au niveau de prix obtenu (communication
Lecofruit) 44.
Degré d’intégration
Pour l’approvisionnement du marché local
Les stratégies des enseignes de supermarché varient. Leader Price favorise l’achat direct auprès de
producteurs individuels sans toutefois formaliser le partenariat, mais en ayant une connaissance
approfondie des conditions de production de leurs fournisseurs de légumes. Il s’agit d’un suivi des
programmes de plantation en vue d’arriver à avoir de façon continue des produits de meilleure qualité
en quantité suffisante. L’enseigne CORA reste elle plus attachée au prix des produits qu’à leur qualité.
Cependant la majorité des haricots verts frais sont aujourd'hui commercialisés sur les marchés de
détail ruraux ou urbains.
44
La structure des prix pour les haricots verts extra-fins conditionnés figure en annexe.
75
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
L’agriculture contractuelle
Lecofruit travaille en partenariat avec les paysans producteurs de légumes afin d’assurer un
approvisionnement régulier, respectant les normes et exigences de qualité et de sécurité de plus en
plus élevées des supermarchés européens et du marché mondial en général 45. Des contrats écrits 46
sont signés entre chaque contractant et la société promotrice. Ces derniers tirent 50% de leurs
revenus du maraîchage, l’entreprise compte 70% de fidèles parmi ses contractants. Elle constitue leur
seul débouché pour les légumes destinés à l’exportation.
Pour assurer le contrôle et l’application des normes de sécurité alimentaire et des standards sanitaires
agricoles, qui sont imposés par le marché international, ainsi que pour éviter les « ventes hors
contrat », un système de suivi sur terrain des contrats de production de légumes a été mis en place 47.
Degré de concentration
Le parti pris de Lecofruit a été d’encadrer complètement la filière car les producteurs n’étaient pas
organisés en coopérative. L’entreprise contrôle toute sa chaîne d’approvisionnement dans un rayon
de 120 km autour d’Antananarivo. Elle compte 6 cadres expatriés et 300 techniciens agricoles pour
l’appui des paysans (coordination de la production, fourniture des intrants, formation des paysans…)
selon un taux d’encadrement élevé de 1 technicien pour 35 paysans environ.
Résumé
•
Le haricot vert constitue un exemple du potentiel d’exportation de Madagascar, rendu possible
grâce à des efforts en matière de qualité du produit.
•
On note une forte concentration du secteur de la transformation à destination de l’Europe (une
seule entreprise).
•
Les exploitants agricoles en sont cependant faiblement dépendants à titre individuel dans le
sens où la stratégie du transformateur/exportateur est de travailler avec un grand nombre
d’agriculteurs fidélisés plutôt que de concentrer son approvisionnement sur un nombre réduits
de contractants. De plus, le choix a été fait de n'utiliser qu'une partie des exploitations le reste
étant en général consacré à la production de riz.
•
C'est un exemple réussi d'agriculture contractuelle puisqu'il répond à la fois à une demande de
qualité à l'exportation et permet aux producteurs locaux de diversifier leurs productions et
leurs sources de revenu.
1.2.3. La filière sucre : une filière en crise et en attente de privatisation
La canne à sucre est produite sur tout le territoire de Madagascar et se répartit entre culture
industrielle et culture paysanne. En 1999-2000, sur une superficie totale de 67 000 ha, la culture
industrielle ne représentait que 10 000 ha. Aujourd'hui les deux industries sucrières représentent
14 000 ha récoltables.
L’industrie sucrière est dominée par deux entreprises : la SIRAMA (Siramamy Malagasy) entreprise
publique en cours de privatisation et la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, firme chinoise qui
a pris l’ex-SIRANALA en location-gérance en 1997.
La SIRAMA regroupe 4 complexes sucriers (Ambilobe, Namakia, Nosy-Be et Brickaville) d’une
capacité d’origine de production annuelle de 118 000 tonnes de sucre, 101 000 hl d’alcool pur et 400
48
tonnes de levure . Ces dernières années, la SIRAMA a produit moins de 20 000 tonnes par an. En
Les normes à respecter pour l’exportation sur le marché européen figurent en annexe.
Les caractéristiques du contrat figurent en annexe.
47 Voir contrôle et supervision par la société en annexe.
48 : L’activité de levurerie ne fonctionne plus depuis 1988 pour cause d’un non-respect des normes de qualité.
45
46
76
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2003, cette production était estimée à 10 049 tonnes, soit 8,5 % de sa capacité. En juin 2004, la
SIRAMA a remis en location gérance son unité d'Ambilobe à la société mauricienne Lenferma, en
août 2004 son unité de Namakia et en novembre 2004 ses unités de Nosy Be et Brickaville au groupe
réunionnais Tom. Ces locations gérance avaient pour objectif de relancer la production pour la
campagne 2004/2005. Malheureusement cette option n'a pas eu l'effet escompté et la production a
continué à baisser pour atteindre 9 700 tonnes en 2005 49.
La SUCOMA dispose d’un complexe sucrier situé dans la plaine de Morondava. Sa capacité de
production est de 20 000 tonnes de sucre par an. En 2003, la SUCOMA a produit 15 223 tonnes de
sucre, soit environ 75% de sa capacité. L’entreprise produit du sucre blanc export (quota ACP) et du
sucre blanc pour le marché local.
Graphique 24.
Production de sucre
Source : CMCS
Notons qu'en 2002/03 sur une production totale de 2 238 370 tonnes de canne à sucre, la production
industrielle ne représentait que 920 000 tonnes, soit environ 41 % de la production totale 50.
La crise actuelle que connaît l'industrie sucrière est due :
•
aux difficultés financières qu’ont traversées les sociétés et qui ne leur permet pas d’assurer des
plantations, d’où les chutes de rendement pour la SIRAMA ;
•
et à l’obsolescence de certaines structures.
L’industrie sucrière emploie 15.000 personnes, dont 4.800 permanents. La filière génère 70.000
emplois directs et indirects.
49
50
Voir évolution de la production sucrière en annexe.
Statistiques agricoles MAEP et Note UPDR ( Filière sucre et enjeux internationaux )
77
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Description de la filière
Les principaux acteurs de la filière
886.000 exploitations produisent de la canne à sucre (toutes tailles et modes de production
confondus) d’après les statistiques agricoles de 2002-03, soit 37% environ des exploitations
agricoles malgaches. Les surfaces cultivées se concentrent autour des sites sucriers de la SIRAMA
dans les régions d’Ambilobe, Namakia, Nosy-Be, Brickaville ; et de la SUCOMA dans la Commune
d’Analaiva-Morondava 51.
Les planteurs approvisionnent la SIRAMA en canne à sucre : 500 d’entre eux sont regroupés dans 21
coopératives organisées par la SIRAMA. La canne peut être vendue directement sur les marchés
locaux comme canne de bouche. Certains planteurs la transforment en sucre 52 de manière artisanale
et informelle, et ces produits sont destinés aux consommateurs locaux. Des commerces villageois en
assurent la vente. La SUCOMA assure elle-même son approvisionnement à travers un domaine de
6.000 ha, dont environ 2.200 ha sont aménagés.
La SIRAMA achète 20% de son approvisionnement en canne auprès de petits ou gros planteurs 53.
L’usine dispose d’une sucrerie et d’une distillerie. Une part du sucre produit va sur le marché local, et
une partie est exportée. Les produits de la distillerie (mélasse et alcool) sont destinés au marché local.
La SIRAMA a eu aussi une activité de levurerie, abandonnée en 1988 pour cause d’un non-respect
des normes de qualité. La SIRAMA octroie des licences à des grossistes chargés d’écouler les
produits sur les marchés locaux. La SUCOMA transforme en sucre et en alcool la canne récoltée sur
son domaine sucrier de Morondava. Son usine de transformation a été construite en 1983. Sa
production de sucre approvisionne le marché local et le marché international. Des mini-sucreries,
spécialisées dans la canne à sucre biologique, sont en cours d’implantation sur la Côte Est de l’île.
Dans le cadre d'accords d'accès préférentiels à certains marchés, Madagascar est bénéficiaire des
préférences commerciales européennes en tant que membre du groupe ACP et dispose d’un quota
annuel de 10.000 tonnes de sucre (Convention de Lomé). Par ailleurs, les Etats-Unis ont alloué un
quota de 7.258 tonnes de sucre brut par an à Madagascar depuis 1996. Ces exportations se font à
des prix plus élevés que le cours du sucre sur le marché mondial. Ces prix étaient pour l’Union
Européenne en 1999/2000 de 646,5 euros la tonne CAF de sucre blanc et de 523,7 euros la tonne
CAF de sucre brut, et pour les Etats-Unis, un prix garanti de 415,9 US$ la tonne FOB. Dans le cadre
de la réforme de l'organisation commune de son marché du sucre l'Europe va diminuer sensiblement
Voir carte et description des sites de production en annexe.
52 « Siramamy gasy » ou sucre malgache en briquette, évaluée à 10% de la production nationale de sucre par MDP-JEXCO (2004) ou boissons
alcoolisées comme le « betsabetsa » et le « toaka gasy », dont la fabrication et la vente sont interdites à Madagascar.
53 Voir détail en annexe.
51
78
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
ce prix garanti. Par ailleurs, en tant que PMA, Madagascar bénéficiera dès 2009 d'un accès à droits 0
et sans quota au marché européen.
Par ailleurs, Madagascar exporte sur le marché libre des quantités variables mais décroissantes, elles
sont passées de 31.547 tonnes en 1999/2000 à 3.981 tonnes en 2002/2003. Bien que les
exportations de sucre aient quasiment cessé et que Madagascar n’arrive plus à remplir son quota sur
les marchés à l’exportation, les sucreries essaient de diversifier les produits et leur destination 54.
Les importations de sucre (cf. tableau 11 du chapitre 1) viennent principalement de l’Afrique du Sud,
de la France, d’Allemagne et des Pays-Bas.
La filière sucre reçoit l’appui du Centre Malgache de la Canne et du Sucre (CMCS) qui encadre les
planteurs, sert d’intermédiaire entre les sucreries et les planteurs, donne un appui technique en
introduction variétale et sert de négociateur pour les quotas à l’export vers l’Union Européenne.
Détermination et structure des prix
La SIRAMA a le monopole d’achat auprès des planteurs dans les régions où elle intervient. Le prix
d’achat de la canne est fixé d’un commun accord avec le CMCS qui défend ici les intérêts des
producteurs. Le sucre produit localement est relativement plus cher que le sucre importé, même après
application des droits et taxes 55. Des licences sont octroyées à des grossistes pour la
commercialisation du sucre provenant de la SIRAMA et destiné au marché local. Ces grossistes
peuvent alors exiger un prix plus élevé lors de la distribution. Le système nuit aux consommateurs
malgaches car le marché n’est pas concurrentiel et l’entrée sur ce marché n’est pas libre.
Le prix à l'exportation vers le marché européen est, quant à lui, fixé dans le cadre de la PAC pour les
pays ACP fournisseurs. Ce prix garanti va diminuer du fait d'une réforme de l'organisation commune
du marché du sucre européen. Les quotas d'exportation vers les Etats-Unis bénéficient aussi d'un prix
garanti.
Degré d’intégration
La SUCOMA est une industrie intégrée, elle assure la production de sucre de la canne jusqu'à la
transformation industrielle sur son complexe sucrier.
La SIRAMA suit ce schéma pour 80% de son approvisionnement en canne. Pour les 20% restant, elle
travaille avec des groupes de producteurs qui, toutefois, n’ont pas d’engagement contractuel formel
avec la société. Depuis quelques années certains fournisseurs n’ont pu être payés en raison des
difficultés que rencontre la société.
Degré de concentration
La SIRAMA détient le monopole de l’achat de la canne au niveau des planteurs en vue de sa
transformation industrielle. Cette société est une entreprise publique privatisable depuis 1998 et est
en cours de privatisation.
Résumé
54
55
•
La canne à sucre est une filière très concentrée, puisqu'il n'existe que deux entreprises de
transformation de la canne.
•
C'est une filière très intégrée via une contractualisation avec des planteurs dans le cas de la
SIRAMA et une production en régie pour la SUCOMA.
•
La SIRAMA principale entreprise sucrière est toujours majoritairement à capitaux publiques est
très déficitaire. Sa privatisation est en cours.
Voir détail en annexe.
Voir structure des prix du sucre importé et du sucre produit localement en annexe.
79
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
•
La production sucrière, du fait de la crise que traverse la SIRAMA, a considérablement
entraînant des besoins d'importations croissants estimés aujourd'hui à 100 000 tonnes et ne
permettant pas de remplir les quotas d'exportation à prix garanti dont bénéficie Madagascar.
•
Cette situation témoigne d'une mauvaise gestion d'une entreprise publique qui bénéficie depuis
longtemps de quotas d'exportation à prix garanti vers le marché européen et le marché
américain plus élevé que le cours mondial et aurait donc du favoriser le développement de
cette filière.
1.2.4. La filière lait
La production
Le cheptel bovin est estimé à 8 millions de têtes, dont 1,5 millions de vaches en lactation. La
production de lait est saisonnière, elle diminue de 25% à 50% en saison sèche. Elle est concentrée
sur les hauts plateaux (triangle laitier) et est estimée à 300 millions de litre par an. 30 millions de litres
de lait seraient commercialisés, dont 15 millions de litres transformés. La valorisation de la production
laitière est donc faible.
Le cheptel est essentiellement constitué de zébus dont la production est relativement faible (300 litres
par lactation, soit 2,7 à 3,6 litres/j), de Rana (croisement entre une femelle zébu et un mâle taurin
importé) qui peuvent produire de 5 à 8 litres de lait par jour en période de lactation. Enfin, on estime à
50 000 le nombre de vaches laitières issues d’une race pure (Normande, Frisonne, Holstein, Pie
rouge norvégienne). Leur production varie entre 3000 et 5000 litre par lactation suivant la race.
Notons que le cheptel est indemne des principales maladies contagieuses africaines (peste,
péripneumonie et fièvre aphteuse) et des trypanosomiases. Par contre les charbons et les parasitoses
sont très répandus.
Une des principales contraintes à la production est la bonne alimentation du bétail. Une vache laitière
a besoin de 0,4 à 0,75 ha de culture fourragère. La faiblesse de l’alimentation explique en partie la
mauvaise qualité sanitaire du lait produit ce qui pose des problème de conservation, notamment pour
le lait UHT.
La consommation par habitant est très faible, elle est en moyenne de 4kg par an, contre 40 kg par an
en moyenne pour l’ensemble des pays en développement. Et la demande en produits laitiers est
aujourd’hui loin d’être satisfaite.
Pour améliorer la production le MAEP, avec l'appui du PSDR, a récemment encadré l'importation de
vaches laitières de Nouvelle Zélande destinées aux producteurs industriels et aux organisations
d'éleveurs. Dans le cadre de cette opération les opérateurs bénéficiaient d'un crédit à taux 0 de la part
du PSDR.
Les principaux acteurs de la filière
Il existe une multitude d’éleveurs. On estime qu’ils sont plus de 500 000 qui vendent une partie de leur
lait, dont 10 000 producteurs industriels ou artisanaux travaillant avec des races améliorées. La
majorité des éleveurs ont moins de 5 vaches et une grande partie du lait est auto-consommée.
La filière lait est relativement segmentée puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux
consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. Enfin,
pour le segment industriel, la filière est relativement concentrée en aval avec l'existence de deux
sociétés qui transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980,
dont la dernière suite à la privatisation de la SMPL.
Une partie du lait est donc vendue directement par les éleveurs et une partie est collectée. La collecte
traditionnelle repose sur des « trayeurs cyclistes » ou des « trayeurs à pied » qui traient de 5 à 15
vaches par jours. Il existe également des ramasseurs spéculateurs en voiture. La collecte
80
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
traditionnelle est en particulier utilisée par les transformateurs artisanaux (3 à 800 litres par jour) et
pour la vente aux particuliers.
La collecte organisée est pratiquée en particulier par les unités de transformation industrielles comme
Tiko et Socolait. Les éleveurs amènent le lait aux points de collecte, puis il est transporté par camion
citerne ou par camionnettes vers les usines de transformation.
Tiko dispose d’une unité de transformation aux normes européennes de capacité journalière de
180 000 litres encore sous-utilisée. Tiko collectait en 2003 dans 30 centres, auprès de 5 000
producteurs, en moyenne de 25 000 à 35 000 litres de lait par jour. Tiko produit du lait UHT, du yaourt,
du fromage, du beurre et de la crème fraîche. En 2002, Tiko a produit : 691 000 litres de lait entier en
sachet, 553 600 litres de lait demi-écrémé UHT et 902 000 litres de yaourt nature.
Socolait est spécialisée dans la production de lait concentré et de farine lactée infantile. Elle fabrique
aussi du yaourt à boire, du fromage et de la crème fraîche. Elle collecte en moyenne 4 000 litres par
jour pendant 6 mois auprès de 500 éleveurs (6 centres de collectes aux alentours d’Antsirabe). Les
prévisions de production de Socolait pour 2003 étaient de 4 493 tonnes de lait concentré sucré, 1 123
tonnes de Kaoatry concentré sucré, 300 tonnes de Farilac et 500 000 litres de yaourt à boire nature
sucré.
Notons que les entreprises industrielles ou semi industrielles utilisent du lait en poudre importé pour
assurer leur production. Parmi les autres entreprises de transformation, citons : la Hutte canadienne,
CPLP LATI, TELINA, la Grande Ile, ALIVA. Ces entreprises en général encadrent les producteurs et
fournissent des produits vétérinaires et de l’aliment pour le bétail. Il existe chez Tiko un département
de vulgarisation pour améliorer les techniques d’élevage et une activité d’insémination pour améliorer
la productivité du troupeau.
Il existe aussi de nombreux fabricants artisanaux dont les plus importants sont la ferme école de
Tombontsoa et la ferme école de Bevalala qui écoulent respectivement 450 000 litres et 300 000 litres
de lait par an.
La filière a disposé d’une interprofession l’AROM, créée avec le PSE (Programme Sectoriel Elevage)
en 1998, qui regroupait théoriquement tous les acteurs professionnels de la filière lait au sein du
« triangle laitier ». Depuis 2004, la profession s'est regroupée au sein d'un Dairy Board créé avec
l'appui de la FAO. Cette structure a pour mission de coordonner l’ensemble des actions et orientations
concernant la filière.
En 1998, on comptabilisait 927 associations de base d’éleveurs laitiers, et en 2000, elles n'étaient plus
que 256. Il existe aussi une interprofession régionale de Vakinankaratra, l’IPROVA qui travaille avec
9 000 éleveurs et 90 transformateurs. Citons également le cas de Rova, une coopérative de 285
éleveurs dans la région de Vakinankaratra.
La filière lait a bénéficié du Programme Sectoriel Elevage de 1991 à 1999 qui a eu un impact
significatif sur la production laitière. Aujourd’hui, elle bénéficie de l’appui du PSDR. FIFAMANOR
opère également dans le triangle laitier en matière de vulgarisation et d’amélioration génétique,
d’alimentation animale, de santé animale et de projet de piste laitière. Enfin, notons également l’appui
du FOFIFA qui intervient par l’intermédiaire de son Département de Recherches Zootechnique.
Détermination et structure des prix
Le prix du lait est libre, cependant il est fortement conditionné, du moins dans le triangle laitier, par le
prix d'achat fixé par Tiko premier groupe industriel laitier du pays : aujourd'hui 400 Ariary le litre de lait
frais dans le triangle laitier contre environ 700 Ariary le litre sur le marché de Tana.
Le prix des produits laitiers est également influencé par les prix des produits importés. Ainsi, en 2002
Madagascar a importé 3 669 tonnes de produits laitiers pour un montant total de 7,7 milliards d’Ariary.
Les importations de lait sont concentrées sur la poudre de lait et le lait concentré, utilisés notamment
par les entreprises de transformation (85% en valeur), puis le fromage (9%), et le lait et crème de lait
(3%).
81
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Pour promouvoir la production nationale, les produits laitiers sont soumis à une protection relativement
élevée. Le cumul des droits et redevances, autres que la TVA sur les produits finis, constitue
théoriquement une forte protection de la production locale et permet une taxation plus faible sur les
matières premières utilisées comme intrants pour les industries locales.
Degré d’intégration
Le degré d'intégration est relativement élevé puisque deux sociétés industrielles, SOCOLAIT et
surtout TIKO, organisent leur approvisionnement soit directement à partir de leur cheptel propre
(TIKO) soit via des producteurs de lait auxquels ils fournissent aussi des services (encadrement des
producteurs et fourniture de produits vétérinaires et de l’aliment pour le bétail). Ce lait collecté,
mélangé à la poudre de lait importée, permet la production d'une large gamme de produits laitiers
vendus dans tous le pays, tant dans les petites épiceries que les grandes surfaces. Il s'agit donc d'une
des rares filières agro-industrielles intégrant la production jusqu'à la transformation. Cependant, la
production de lait est encore loin de satisfaire la demande locale puisque Madagascar a importé en
2002 près de 4 000 tonnes de produits laitiers, essentiellement constitués de poudre de lait utilisée
par les industriels.
Degré de concentration
En amont, le degré d'intégration est relativement faible et la production relativement atomisée puisque
l'on estime qu'il y a 500 000 producteurs qui vendent une partie de leur lait. Parmi ces producteurs,
seuls 10 000 producteurs industriels ou artisanaux travaillent avec des races améliorées. Certains de
ces producteurs sont regroupés en associations et bénéficient d'appui d'ONG ou de projets de
coopération. Notons aussi que la production est concentrée géographiquement sur les Hautes Terres.
En aval par contre, il existe, notamment dans le triangle laitier, une certaine concentration au niveau
de la transformation. Deux industries laitières dominent le secteur : Tiko et Socolait dans une moindre
mesure. A côté de ses industries, il existe de nombreux fabricants artisanaux de produits laitiers, dont
les plus importants sont la ferme école de Tombontsoa et la ferme école de Bevalala.
Résumé
•
La filière lait est une filière très atomisée, avec, en amont, une productivité moyenne relativement
faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une partie de la production est autoconsommée
et une partie valorisée.
•
En dehors de l’autoconsommation, la filière lait est relativement segmentée puisqu'une grande
partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe aussi de nombreuses petites unités de
transformation artisanales. Enfin, pour le segment industriel, la filière est relativement concentrée
en aval avec l'existence de deux sociétés qui transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont
installées dans les années 1980, dont la dernière suite à la privatisation de la SMPL.
•
Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est
toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non négligeables
de poudre de lait par les deux sociétés industrielles.
•
La protection des produits transformés offre toutefois une protection suffisante pour le
développement d'une production de produits à forte valeur ajoutée.
•
Dans le triangle laitier, le prix est fortement influencé par le prix d'achat fixé par TIKO, ce qui peut
être une contrainte pour leurs producteurs locaux, en particulier les moins compétitifs.
•
Pour améliorer la production, le MAEP, avec l'appui du PSDR, a d'ailleurs récemment encadré
l'importation de vaches laitières de Nouvelle Zélande destinées aux producteurs industriels et aux
organisations d'éleveurs. Dans le cadre de cette opération, les opérateurs bénéficiaient d'un crédit
à taux 0 de la part du PSDR. Il s'agit à la fois d'améliorer la productivité des animaux et la qualité
du lait produit.
•
Notons enfin que la filière est organisée dans le cadre du Dairy Board, sensé coordonner
l’ensemble des actions et orientations concernant la filière.
82
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.2.5. La filière coton : une privatisation récente pour répondre à la crise
L’organisation de la filière, depuis le démarrage des actions de développement de la culture
cotonnière à Madagascar, est marquée par trois périodes distinctes :
• Avant 1979, la Compagnie Française pour le Développement des Fibres Textiles (CFDT)
dominait le secteur,
•
De 1979 à 2004, après la nationalisation du secteur, la société d’Etat HASYMA est en
situation de monopôle,
•
Depuis 2005, HASYMA a été privatisée et son capital racheté par DAGRIS.
Le secteur coton, comme celui du sucre, est donc caractérisé par une intervention marquante de l’Etat
jusqu'à récemment. C'est également une filière qui a traversé une situation très difficile. Du fait de la
baisse du prix d’achat au producteur, liée à chute des cours internationaux, la production de coton a
accusé une baisse de près de 75% entre 1999 et 2002. Depuis elle se redresse lentement. En 2003,
HASYMA a produit 11 327 tonnes de coton graine et la production est estimée à près de 14 000
tonnes pour 2004.
Pour 2005, HASYMA prévoyait une production de 23 650 tonnes, pour une surface totale de 23 095
hectares, l'objectif étant d'atteindre à terme les 50 000 tonnes. HASYMA-DAGRIS a prévu des
investissements nouveaux, afin d'une part d'augmenter la production de coton et d'améliorer la qualité
du coton produit d’autre part, en vue de répondre tant à la demande nationale qu'internationale.
Notons qu'il existe avec FOFIFA un partenariat historique en matière de recherche/développement,
tant en matière de lutte contre les nuisibles que d'essais de nouvelles variétés.
Tableau 24.
Surface (hectares) et production de coton graine (tonnes) à Madagascar
Surface totale
Production totale
Surface HASYMA
Production totale HASYMA
1999
35189
34625
32551
30206
2000
28553
27369
24227
20134
2001
28413
26674
24372
19805
2002
12095
8156
12095
8156
2003
14882
11327
14882
11327
2004
18238
13979
18238
13979
2005
23095
23650
23095
23650
Source HASYMA
Description de la filière
83
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les principaux acteurs de la filière
•
Avant 1979, le principal acteur du secteur était la CFDT. et les principaux clients locaux en fibre
de coton étaient la COTONA, la SOTEMA et la SOMACOU. A partir de la campagne 1963, le
produit net de la vente des sous-produits était versé entièrement à une Caisse de Stabilisation.
•
Entre 1979 et 2004, suite à un transfert d’actions à l’Etat Malgache, HASYMA 56 a pris la relève en
gardant les principales fonctions de la CFDT, à savoir l’encadrement de la culture, la distribution
des intrants nécessaires à la production, la collecte du coton graine, l’égrenage, la
commercialisation de la fibre, des graines et des sous-produits et la gestion des bâtiments et
équipements industriels existants.
•
L’intervention de HASYMA est marquée par la création des groupements de planteurs dénommés
FMH (« Fikambanan’ ny Mpamboly miara-miasa amin’i Hasyma ») ou Association des planteurs
collaborant avec HASYMA) à partir de 1989 57. En 2003, on dénombre 142 FMH fonctionnels avec
545 planteurs à Ambilobe, 301 FMH avec 2.345 planteurs à Mahajanga et 709 FMH avec 3.878
membres à Tuléar. En 2003, l’ensemble des FMH regroupe près de 6.800 cultivateurs de coton. A
ceux-ci se sont ajoutés les producteurs individuels au nombre de 4000 environ.
•
Depuis 2005, le capital de HASYMA a été racheté par la société privée DAGRIS. HASYMADAGRIS s’approvisionne auprès des producteurs de coton-graine et assure les fonctions de
production de coton fibre, semences et graines de coton. Une partie de cette production sert à la
production de semences. En effet, la société approvisionne les producteurs en semences et
autres intrants nécessaires dans la culture du cotonnier.
Jusqu'en 2004, environ la moitié de la production de coton fibre était exportée. L’autre moitié est
destinée aux filatures établies sur le territoire malgache : COTONA, Société Malgache de Couverture
ou SOMACOU.
Les graines de coton sont destinées essentiellement aux huileries et unités de trituration des sociétés
SIB (Société Industrielle du Boina), SEIM (Société d’Exportation et d’Importation de Madagascar) et
DRAMCO (SOMEAH Consultants d’après HASYMA, 2005). La société TIKO Oil Products prévoit
aussi d’intervenir sur ce marché de transformation des graines de coton en huile et tourteaux.
Détermination et structure des prix
Avant 1979, les prix étaient fixés par décision du Gouvernement. Entre 1979 et 2004, le prix local était
fixé par accord entre les différentes firmes locales (ayant à leur tête HASYMA) et lié aux prix
mondiaux 58.
Depuis 2004, HASYMA-DAGRIS, en tant que seul acheteur de coton graine, fixe les prix. Le prix
d’achat du coton graine est calculé en tenant compte du coût de production des planteurs, mais est
surtout fortement conditionné par les cours mondiaux des fibres qui ont connu une forte chute ces
dernières années.
Degré d’intégration
HASYMA-DAGRIS travaille étroitement avec des paysans déjà ciblés, qui bénéficient d’aides sous
forme d’avance sur produits, en semences, engrais, produits phytosanitaires et matériels comme les
charrues ou les pulvérisateurs. Ces avances sur produits sont remboursées pendant la période de
récolte moyennant intérêt (dont le taux a été fixé à 15% par la Bank Of Africa en 2004). Les
cotonculteurs peuvent acheter au comptant les matériels. Les cotonculteurs bénéficient aussi de
l'appui technique de HASYMA.
HASYMA fixe ses contrats d’achats avec les producteurs locaux en début de saison de production.
Pour la campagne 2005, le pourcentage de vente sur le marché national atteint 95% de la production.
La baisse des exportations est surtout intervenue en 2004.
En aval, il n'existe plus que deux filatures à Madagascar, la COTONA et SOMACOU, qui représentent
le débouché quasi exclusif du coton malgache en 2005.
Voir description de la HASYMA en annexe.
Voir détail sur les fournisseurs de coton-graine de HASYMA en annexe.
58 La comparaison des prix HASYMA et du cours mondial figure en annexe.
56
57
84
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La filière coton malgache bénéficie plus en aval encore de l'existence d'un secteur textile très
développé tourné essentiellement vers l'exportation. En 2003, ce secteur comptait 114 entreprises. Sa
production représentait 29% du PIB industriel. L’industrie textile emploie près de 30% des salariés du
secteur industriel formel, soit environ 120 000 emplois (75% des emplois en zone franche). Elle
engendre également environ 80 000 emplois indirects dans les secteurs des services et de la culture
du coton.
Ce secteur bénéficie d'avantages particulier qui permettent à Madagascar d'être concurrentiel même
face à la production chinoise, sur des marchés de moyenne et haute gamme : existence des zones
franches, faiblesse des coûts de main d’œuvre, savoir faire reconnu, production d’un coton de qualité
et accès privilégié aux marchés européen (Accords de Cotonou et Initiative Tout sauf les armes) et
américain (AGOA III). Le secteur textile est demandeur de fibre de coton qui pourrait être fournies par
la production nationale. Or, en 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2400
tonnes destinées au marché local et 2 050 tonnes exportées, alors que la demande nationale était
estimée à 27 500 tonnes.
Pour appuyer la relance de la filière coton et s'appuyer en particulier sur le développement du secteur
textile, Madagascar a créé en 2004 une plate-forme nationale de concertation sur le secteur coton
textile, ayant pour objectif principal d'élaborer un plan d'action pour le secteur cotonnier à Madagascar
pouvant être proposé pour financement dans le cadre du partenariat UE-Afrique sur le coton.
Degré de concentration
Depuis octobre 2004, suite au contrat de cession et d’acquisition d’actions passé entre la République
de Madagascar et DAGRIS, le capital social de HASYMA-DAGRIS est actuellement réparti entre
DAGRIS (90%) et l’Etat malagasy (10%). Si les producteurs sont nombreux et organisés pour la
plupart en organisations de planteurs, HASYMA-DAGRIS est l'unique société cotonnière du pays, à
l'exception d'une très faible production de coton PIMA assurée par une société privée.
Résumé
•
La filière coton est une filière concentrée, puisqu'il n'existe aujourd'hui qu'une seule entreprise
cotonnière HASYMA-Dagris.
•
Cette filière a bénéficié historiquement des appuis de l'Etat, mais est privatisée depuis 2004.
•
Suite à la forte chute des cours internationaux, la filière coton malgache, comme dans la plupart
des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile se traduisant par une forte chute
de la production au début des années 2000.
•
HASYMA-Dagris prévoit des investissements importants pour relancer la production et améliorer
la qualité du coton produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir.
•
Il s'agit d'une filière très intégrée puisque HASYMA-DAGRIS travaille étroitement avec des
paysans déjà ciblés, qui bénéficient d’aides sous forme d’avance sur produits, en semences,
engrais, produits phytosanitaires et matériels de l'appui technique de HASYMA.
•
En aval, il n'existe plus que deux filatures, par contre la filière coton bénéficie plus en aval encore
de l'existence d'un secteur textile très développé, tourné essentiellement vers l'exportation.
•
En 2004, la production de fibres était estimée à 4 545 tonnes, dont 2400 tonnes destinées au
marché local et 2 050 tonnes exportées, alors que la demande nationale était estimée à 27 500
tonnes.
•
Pour appuyer la relance de cette filière coton en lien avec le secteur textile, Madagascar a mis en
place une Plateforme de concertation coton textile dont l'objectif est de finaliser un Plan d'action
pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton
85
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.2.6. La filière crevette : un bon exemple de durabilité et de diversification à
l’export
Le secteur de la pêche est, après celui du textile, le deuxième secteur d’exportation de Madagascar.
La crevette représente ainsi 12% des exportations malgaches en 2005. La filière crevettière est une
filière segmentée puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une filière pêche industrielle et
une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très connectés.
La pêche crevettière (incluant la pêche traditionnelle, artisanale et industrielle) représente environ
8,4% du PIB. Le secteur a atteint son "niveau maximal" (préservation du capital naturel) avec une
production autour de 12 000 tonnes par an, dont près de 70% viennent de la pêche industrielle. Ce
secteur fournit environ 10 000 emplois directs et 30 000 emplois indirects. Face à la concentration de
l’activité économique sur les Hautes Terres, la pêche crevettière permet une diversification
géographique de création de revenus.
La pêche artisanale évolue actuellement vers la collecte auprès des pêcheurs traditionnels pour
approvisionner les armateurs industriels. La pêche traditionnelle est elle très vivace et dans certaines
zones (côte Ouest), elle complète bien la production agricole (pluriactivité rurale).
L’aquaculture a permis une augmentation de la production par diversification de l’activité crevettière.
Ce sont souvent les entreprises de pêche industrielle qui se sont diversifiées vers l’aquaculture (par
exemple Pêcheries de Nosy-Be avec AQUALMA puis UNIMA). L’aquaculture crevettière
représenterait 5,2% du PIB national. Son apport en termes de recettes publiques est faible, dans la
mesure où les firmes sont établies sous le régime de zone franche. La pêche rapporte plus au budget
de l’Etat grâce aux licences de pêche industrielle mais moins que dans d’autres pays 59. Son impact
économique et social, à travers les emplois générés par six sociétés industrielles, est bien plus
important. La production de l’aquaculture de crevettes a connu une forte croissance, de 6 021 tonnes
en 2003 à 10 500 tonnes en 2004. Le potentiel est encore considérable. Les sites aménageables sont
estimés à plus de 11 000 ha de surface nette en eau pouvant produire 54 000 tonnes de crevettes en
mode semi intensif.
La filière crevette est un bon exemple de diversification des exportations malgaches, face à l’instabilité
d’autres produits (vanille, café…). La quasi-totalité de la production est exportée (plus de 95%),
essentiellement vers l’Europe et en particulier vers la France (plus de 50% des exportations).
D’après une étude réalisée en 1998, au commencement de l’aquaculture crevettière (5 000 tonnes
produites par une seule entreprise), l’ensemble de la filière crevette représentait déjà 37 milliards
d’Ariary de valeur ajoutée incluse (i.e. sommation de la valeur ajoutée de la filière et des retombées
économiques dans le pays : réparation navale, emballage, quincaillerie, eau et carburant…) 60.
Madagascar bénéficie peu de la filière, étant donné la forte convergence de cette économie (nécessité
d’importer la plupart des consommations intermédiaires). la pêche traditionnelle crée beaucoup moins
de valeur ajoutée que la pêche industrielle, mais est beaucoup plus intégrée à l’économie locale.
La filière crevette représentait 3,2% des importations (consommations intermédiaires) et 8,1% des
exportations soit un excédent de 26,7 milliards d’Ariary, non négligeable comparé au déficit de
168,6 milliards d’Ariary de la balance commerciale dans un pays par ailleurs endetté à hauteur de plus
de 100% de son PIB. Avec le développement de l’aquaculture, l’impact de cette filière sur la balance
commerciale devrait s'accroître.
Les crevettes malgaches se positionnent dans le haut de gamme. La question des normes et de la
traçabilité figure parmi les préoccupations des acteurs du secteur regroupés au sein du Groupement
des Aquaculteurs et Pêcheurs de Crevettes de Madagascar (GAPCM). Le WWF travaille avec le
groupe UNIMA 61 pour la mise en place de l’écocertification dans le secteur.
59 L’étude de 1998 sur les retombées de la pêche crevettière à Madagascar a montré, avant relèvement du niveau des licences, que l’Etat recevait
seulement 7% de la valeur ajoutée, ce qui était inférieur au taux moyen de taxation des activités à Madagascar (recettes fiscales totales / PIB) et inférieur à
la part de l’Etat dans le partage de la valeur ajoutée de la filière pêche dans d’autres pays africains (de l’ordre de 15%).
60 La valeur économique de la ressource crevettière à Madagascar, Article In Kourkouliotis K. et Ranaivoson E. (eds), Aménagement de la pêche crevettière
malgache, rapport technique de l’atelier organisé à Antananarivo du 17 au 19 juin 1998, Programme sectoriel Pêche, PNUD/FAO, p 127-160, Henry F.,
Dabat M.-H., Rakotomanjaka J.
61 Voir description du Groupe UNIMA en annexe.
86
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Résumé
•
La filière crevette a un impact important sur la création de valeur ajoutée, l’équilibre de la
balance commerciale, la création d’emploi et l’aménagement du territoire.
•
La filière crevettière est une filière segmentée puisqu'il existe une filière pêche artisanale, une
filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont cependant très
connectés.
•
La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très concentrés, la filière a évolué vers
l’intégration des secteurs de la pêche artisanale et de la pêche traditionnelle qui
approvisionnent les entreprises industrielles, seules à avoir accès aux marchés d’exportation.
•
La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de durabilité de cette filière.
En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché international des produits
de qualité.
•
Un des enjeux majeurs de cette filière orientée vers l'exportation est le respect des normes et
la traçabilité.
1.2.7. La filière litchi : organisation de la commercialisation autour de la qualité
export
Bien que basée quasiment uniquement sur la cueillette, le litchi est devenu une production majeure à
Madagascar, tant en termes d’emplois que de source de devises. Madagascar est ainsi devenu le
premier exportateur mondial de litchi vers l’Europe, avec une part de marché d'environ 70% contre
15% pour le Brésil et l’Afrique du Sud.
La production nationale 62 est estimée autour de 180.000 t pour la saison 2005/06 et l’exportation 63 a
atteint près de 24 000 t de fruits en 2005/06. La production occupe, saisonnièrement, près de 2,5
millions de ruraux répartis sur la côte Est de l’île (MAEP/MICDSP, 2006).
Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile, la plupart se consacrant à
l’exportation de litchi frais, la transformation n’étant pas encore développée. Face à eux quelques
grands exportateurs européens sont organisés dans le cadre du Groupe Rungis et pré financent en
général l'exportation; ce sont eux qui font le prix.
Graphique 25.
Evolution de l’exportation de litchi
Source UPDR-MAEP
62
Voir évolution de la production par province en annexe
63 Voir évolution des exportations de litchi entre les campagnes 1987/88 à 2005/06
87
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La qualité du produit est la principale contrainte pour les exportations de litchis malgaches. Tous, ou la
majorité des litchis exportés actuellement, proviennent de la cueillette et sont souffrés. Les ventes en
frais et en biologiques ont quasiment disparu, preuve qu’il existe à Madagascar trop de contraintes
(techniques et administratives) pour que ce créneau se développe.
Les opérateurs malgaches se sont ainsi spécialisés dans la vente en masse de litchis de qualité
moyenne. Et la course à la quantité semble se faire au détriment de la qualité. La qualité des litchis de
Madagascar est hétérogène en termes de calibre, coloration, fraîcheur, présentation et saveur. Cette
hétérogénéité des produits donne une mauvaise image de la production malgache sur des marchés
où l’exigence est de plus en plus élevée.
Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en
Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir
de la filière litchi à Madagascar. Cela est d'autant plus vrai que le pays doit faire face à une
concurrence croissante des litchis d'Afrique du Sud, produits sur de grandes exploitations et
répondant déjà aux exigences de traçabilité et de normes fixées en Europe.
Pour pouvoir répondre à l’exigence des marchés européens, des efforts soutenus d’organisation de la
filière ont été réalisés avec l’appui du Centre Technique Horticole de Tamatave (MAEP/MICDSP,
2006). Il existe également un Groupement des Exportateurs de Litchi (GEL) et récemment une plate
forme de concertation a été mise en place.
La filière litchi bénéficie, depuis 1997, de l’appui financier et technique de l’Union Européenne et du
Ministère Français des Affaires Etrangères, qui ont contribué, en collaboration avec les importateurs,
au développement de la filière litchi. En 2001, le CTHT (Centre technique Horticole de Tamatave),
association interprofessionnelle, a été créé. Ses activités concernent notamment : le renouvellement
des plants, le développement et la diffusion de bonnes pratiques agricoles, la réalisation d’un contrôle
qualité, en particulier en matière de résidu de soufre et de traçabilité, le suivi des exportations vers
l’Europe, la vulgarisation, via des fiches-produits destinées aux paysans et petits producteurs, le suivi
de la floraison et de la fructification du litchi pour aider à la décision des dates de lancement de la
campagne.
Lors de la dernière campagne, certains exportateurs ont adopté la norme Eurepgap et ont été
certifiés. Certains, comme Faly Export, développent actuellement, en collaboration avec des
groupements de paysans, une production de litchi dans des vergers afin d'améliorer la qualité des
produits et de faciliter la mise aux normes et la certification.
Le litchi est donc l'exemple même d'une filière tournée vers l'exportation, qui sous la pression de la
demande de produits de qualité, évolue vers une production mieux organisée.
Résumé
•
La filière litchi est devenue un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen.
•
La production occupe, saisonnièrement, près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est
de l’île et est essentiellement une production de cueillette.
•
Une trentaine d’exportateurs de litchi opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs
européens qui fixent le prix du litchi.
•
Avec le développement des normes (par exemple Eurepgap) et la mise en place de la
traçabilité en Europe, la qualité des produits est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le
développement et même l'avenir de la filière litchi à Madagascar.
•
Pour répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une
plateforme de concertation) et bénéficie d'appui technique important, en particulier du CTHT.
•
Certaines entreprises développent actuellement, en collaboration avec des groupements de
paysans, une production de litchi dans des vergers afin d'améliorer la qualité des produits et de
faciliter la mise aux normes et la certification.
88
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2. LE MARCHE DES FACTEURS
2.1. LE MARCHE DES INTRANTS
2.1.1. Engrais : un produit cher et peu utilisé
Engrais organiques
L’utilisation d’engrais organiques (fumier de bœufs, compost) n’est pas très répandue, sauf dans les
provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa. Ailleurs, les paysans considèrent que le sol est encore
fertile et son utilisation est parfois tabou (cas d’une partie des régions occidentales, du Nord, du
Moyen-Ouest et du Sud).
Dans les régions des Hautes Terres centrales, le morcellement excessif des parcelles oblige les
paysans à intensifier leur production en utilisant du fumier de zébu. L’utilisation d’engrais organiques
se fait tant sur les tanety que dans les rizières, et encore plus sur les parcelles de culture de légumes
en contre-saison. Dans ce dernier cas, les paysans sont convaincus de l’apport indéniable de la
fumure organique mais se heurtent à la non disponibilité et à la cherté de ce produit. Dans la zone
d’Antsirabe, les paysans n’hésitent pas à utiliser plus de 10 charretées par ha (1 charrette de fumier
de bœuf équivaut à 300-400 kg et coûte 6 à 8.000 Ariary en 2006) et parfois n’en trouvent pas sur
place. Nombreux sont les paysans qui passent commande près de trois mois avant le début de
campagne, quitte à payer une avance, pour s’assurer la disponibilité du fertilisant.
En ce qui concerne le compost, son utilisation n’est pas encore ancrée dans les habitudes des
paysans malgaches. Sa production est très faible, malgré les possibilités.
Le compost/terreau, issu des ordures ménagères autour des grandes villes est insuffisamment
exploité, malgré de bons résultats aux tests agronomiques (cf. programme de recherche ADURAA), et
le produit n’arrive pas au niveau des paysans. Etant donné les enjeux importants liés à la fertilisation à
Madagascar (condition à l’accroissement des rendements, niveau très bas de fertilisation, faible accès
à l’engrais minéral…), plusieurs acteurs considèrent que la valorisation des déchets urbains est une
voie intéressante à exploiter au sein de la Stratégie nationale engrais : SAMVA, Vohitra
Environnement, Water Lily, Madrigal, région Analamanga, projet Mahajanga, associations
paysannes... Reste à travailler à l’intégration de ces modes de fertilisation innovants dans les
pratiques paysannes et à la mise en place de filières d’approvisionnement.
Engrais minéral
L’engrais minéral est importé, à l’exception de la chaux agricole et du phosphate naturel. Cette
dépendance aux importations génère une incertitude du prix de l’engrais, accrue par l’instabilité de la
monnaie nationale face aux devises étrangères.
Les importations d’engrais ont augmenté annuellement de 18,2% de 1961 à 1972 et seulement de
1,2% par la suite 64. Etant donné l’augmentation des superficies proche de 1,2%/an durant les 40
dernières années, l’utilisation des engrais minéraux par unité cultivée a stagné après 1972. 5 à 6%
seulement des surfaces cultivées dans le pays bénéficient d’un apport en engrais minéral.
Annuellement, Madagascar importe entre 13.000 et 35.500 tonnes d’engrais chimiques, dont une
partie est fournie sous forme de dons ou par le gouvernement 65.
La faiblesse de l’utilisation d’engrais minéral est liée à trois facteurs :
•
l’indisponibilité : 73% des communes n’ont pas de points de vente, ce qui oblige les agriculteurs
désireux de l’utiliser à se déplacer, occasionnant ainsi un surcoût ;
•
la méconnaissance : nombreux sont les paysans qui ne souhaitent pas utiliser d’engrais chimique
par crainte de rendre infertiles leurs parcelles en cas d’arrêt de son utilisation. Beaucoup de
paysans ne connaissent ni son utilisation ni sa disponibilité ;
64
65
D’après B. Minten, JC Randrianarisoa et L. Randrianarison
L’évolution de l’importation d’engrais entre 1975 et 2004 figure en annexe.
89
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
•
la profitabilité limitée de l’intensification liée à l’efficacité technique, au bénéfice économique
(rapport de prix produits/intrants) et surtout au niveau de risque encouru par l’utilisation d’engrais.
D’après certains producteurs, l’investissement dans l’intensification rizicole n’est pas rentable, car
la valeur de l’intrant constitue plus de la moitié de la valeur du rendement additionnel, exposant
l’adoptant à des risques trop importants, compte tenu des fluctuations des prix.
Graphique 26.
Evolution de l’importation d’engrais minéral
Source : Minten et Al d’après les données FAO, 2003
Avec la libéralisation, la participation du secteur privé au marché de l’engrais s’est développée.
Cependant, progressivement le secteur s’est fortement concentré et, en 2005, les principales sociétés
privées importatrices d’intrants agricoles étaient au nombre de trois. Dans le cadre du Programme
KRII avec les Japonais (terminé en 2001), le Ministère chargé de l’Agriculture importait également de
l’engrais, dont la redistribution était assurée par des sociétés privées adjudicatrices des marchés
soumis à appels d’offre. En 2003 et 2004, le gouvernement importait les engrais directement sur le
marché international à travers le PSDR qui assurait la distribution auprès des paysans bénéficiaires
des sous projets financés par le programme, incitant ainsi à l’utilisation d’engrais chimique en
complément de l’engrais organique fourni par le paysan ou les groupements de paysans.
Les sociétés privées sont libres d’importer et de commercialiser à leurs propres prix. Des distributeurs
ont rapporté que le prix d'achat moyen du NPK 11-22-16 à Antananarivo était de 900 Ariary/kg, en
janvier 2005, et le prix de revente de 1.100 Ariary/kg. La marge d'un distributeur était donc
approximativement de 200 Ariary/kg.
Les réseaux de distribution sont très mal organisés. Peu de régions sont bien desservies, malgré
l'augmentation du nombre de distributeurs. Les régions lointaines et difficiles d’accès sont délaissées,
la plupart des distributeurs et revendeurs sont concentrés à Antananarivo, Antsirabe, Lac Alaotra et
Fianarantsoa. Le coût élevé des transports et l’insécurité conduisent à un prix de revient élevé.
Les principaux importateurs, grossistes en engrais et autres intrants, sont AGRIVET, CONTINENTAL
AGRI, FIAVAMA, OCEAN TRADE, SEPCM, INTERQUEM… A part la société OCEAN TRADE, qui
travaille aussi dans d’autres secteurs (vente de voiture et de moto, vente de matériels de
construction…), ces importateurs sont spécialisés dans les intrants agricoles, en particulier l’engrais
chimique et les pesticides. Il n’existe qu’un seul producteur de pesticides à Madagascar
(PROCHIMAD).
90
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La distribution d’intrants rencontre plusieurs contraintes :
•
du fait de la forte concurrence, les importateurs n’arrivent pas à s’entendre pour passer des
commandes groupées afin d’obtenir des prix intéressants,
•
des opportunistes achètent les engrais à bas prix, les stockent et les revendent à un prix juste
légèrement inférieur à celui des distributeurs,
•
la distribution des dons se fait de façon désordonnée et impromptue, gênant ainsi les prévisions
des opérateurs, provoquant l’arrivée d’opportunistes et mettant paradoxalement les engrais hors
de portée des paysans. Pour des besoins financiers, les paysans bénéficiaires de ces distributions
de dons revendent les engrais à bas prix à des spéculateurs qui les revendent ensuite à prix fort
hors de la zone de destination. Les dons distribués par des organismes tels que le PSDR ont
fortement ébranlé les actions des opérateurs. Le PSDR a mené son opération dans plusieurs
zones. A titre d’illustration, au Lac Alaotra, toute une campagne médiatique a été faite avant la
livraison des 1.000 tonnes destinées à cette région,
•
les prix ont fortement augmenté suite à la dépréciation de la monnaie nationale et à
l’augmentation des coûts de transport au niveau international, mettant ainsi les engrais hors de
portée de la bourse de la majorité des paysans.
Enfin, il est à noter que des études ont montré que la formule du NPK utilisée actuellement ne répond
pas toujours aux besoins des sols malgaches. Or, cet engrais est peu produit et donc coûte cher. Des
essais d’introduction du DAP, qui serait mieux adapté aux conditions pédologiques, sont actuellement
en cours.
2.1.2. Matériel agricole : des spécificités géographiques
Les importations de matériels agricoles sont assez faibles, et ne concernent que les tracteurs avec
leurs charrues et remorques, les motoculteurs, les pulvérisateurs, quelques moissonneusesbatteuses, quelques épandeurs de fumiers et quelques distributeurs d’engrais. Depuis 2003,
l’utilisation de motoculteurs de fabrication chinoise, dont l’acquisition est subventionnée à 100% par le
PSDR, augmente de façon significative dans les grandes zones rizicoles (Marovoay et Lac Alaotra) et
dans le Vakinankaratra (Antsirabe).
La production locale fournit l’essentiel des demandes en petits matériels agricoles (bêches, pelles,
charrues, herses, sarcleuses, charrettes…). Ces matériels sont produits soit par des sociétés privées
(comme SIDEMA, TAOBAVY…), soit par des artisans locaux qui se spécialisent dans leur fabrication.
A titre d’exemple, la zone d’Arivonimamo s’est spécialisée dans la fabrication de charrues qui sont
ensuite envoyées dans toute l’île.
La fabrication de sarcleuses, nécessitant une certaine technologie et l’utilisation d’un poste à soudure,
se fait généralement dans de petits ateliers des centres urbains. L’utilisation de la sarcleuse n’est
répandue que sur les Hautes Terres centrales.
La fabrication de charrettes se fait au niveau communal, parfois même villageois pour l’Ouest
malgache. L’utilisation de la charrette, pour le transport des produits agricoles et des personnes, est
très répandue dans cette zone, et il n’est pas rare de rencontrer une charrette dans chaque famille.
Pour les Hautes Terres centrales, la charrette n’est utilisée que pour le transport des produits
(agricoles ou autres) et du fumier, activité dans laquelle se spécialisent certains ménages. Le coût de
ce service dépend surtout de la distance et de la pénibilité de la route (montées, descentes), il est
environ de 2 ar/kg/km (une charrette des Hautes Terres centrales peut transporter jusqu’à 750 kg).
Les réparations des matériels agricoles se font au niveau local, lors des marchés hebdomadaires
dans les chefs-lieux de la plupart des communes rurales. Des artisans se sont spécialisés dans ces
réparations. Les réparations et maintenances des matériels motorisés par des mécaniciens se font au
niveau des chefs-lieux des districts. Cependant, la fourniture de pièces de rechange fait parfois
défaut, et nécessite l’envoi d’une personne dans les chefs lieux de province pour s’en procurer.
Les statistiques agricoles recensent 5.370.000 angady, 2.888.000 machettes, 613.600 sarcleuses,
31.500 pulvérisateurs manuels, 592.000 charrues à bœuf et 6.100 batteuses à pédale (Recensement
Agricole 2004-2005).
91
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.1.3. Semences : faible production et utilisation des variétés améliorées
La production totale de semences améliorées de riz est actuellement de l’ordre de 1.000 t/an,
soit moins de 2% du besoin théorique. Pour le maïs, la production du centre de la Sakay est d’environ
120 t/an, soit 3% du besoin théorique. Pour l’arachide, la production serait de 100t/an. Les
productions d’autres semences sont très faibles (Tab.3).
La production de semences est encore dominée par les centres appartenant à l’Etat, en attente de
privatisation. Les deux centres semenciers les plus importants et non exploités à leur potentiel optimal
sont le CMS Anosiboribory (Lac Alaotra) pour le riz irrigué et le CMS d’Imehy de la Sakay (MoyenOuest) pour le riz pluvial et le maïs, ils produisent environ 70% des semences améliorées du pays.
Il existe quelques semenciers privés et une centaine de groupements de paysans semenciers (GPS).
Aucun recensement ne permet de connaître avec certitude le nombre des opérateurs en semences.
Quelques-uns ont une production non négligeable, allant jusqu’à 200 tonnes pour les plus importants.
Beaucoup sont de petite taille, à faible capital et proposent une production de médiocre qualité.
Ainsi, la production nationale de semences améliorées est très limitée, ne permettant pas encore de
faire des économies d’échelle, comparée aux potentialités et réalisations dans d'autres pays. L’une
des raisons avancées est la non utilisation de semences améliorées plus productives par les paysans
qui préfèrent employer des semences provenant de leur propre production.
Paddy
Maïs
Légumes
Arachide
Haricot
Soja
Pois de cap
Plants fruitiers
Tableau 25.
Production nationale de semences
Unité
1997
1998
1999
Tonne
1 240,0
1 450,0
2 321,0
Tonne
37,0
203,0
261,0
Tonne
3,7
3,5
3,7
Tonne
ND
ND
22,0
Tonne
20,0
20,0
3,0
Tonne
ND
ND
41,0
Tonne
ND
ND
72,0
Nombre
26 700
35 000
37 500
2000
2 247,0
113,0
2,2
12,0
2,5
34,5
ND
26 100
ND: Non Disponible – Source: INSTAT
La promotion commerciale devait favoriser l’utilisation effective des semences par les cibles visées,
mais le bilan s’est révélé négatif. L’aspect commercial n’a jamais été la première préoccupation des
centres multiplicateurs d'Etat. Les stratégies et les plans de commercialisation bien définis ont fait
défaut. Par ailleurs, la place du secteur informel dans la production et la commercialisation des
semences est importante. Il semble qu’aucun contrôle et même aucune certification de la qualité des
semences ne soient plus effectués.
Semence de riz
La production de semences de base et de pré-base est assurée par le FOFIFA. Les CMS font la
multiplication des semences de base certifiées. Les semences commerciales sont produites par les
groupements de producteurs semenciers (GPS) et surtout par les CMS d’Anosiboribory et de
Fianarantsoa. La majorité des paysans semenciers se trouvent dans la province d’Antananarivo.
Maïs
Le FOFIFA (Centre National de Recherche Appliquée au Développement Rural) a mis au point des
variétés adaptées aux climats et sols malgaches. Les variétés vulgarisées actuellement sont IRAT
200, MEVA, VOLASOA et NTS 101.
Pomme de terre
La production de semences de base et de pré-base est assurée par le FIFAMANOR, celle de
semences de culture par les groupements de producteurs semenciers (GPS). Les variétés vulgarisées
sont la Spunta, le Pota, le Meva, le Lava, le Miova. Les paysans semenciers ont été initiés au début
des années 80 et regroupés en GPS. Dans la région du Vakinankaratra, ils sont actuellement devenus
92
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
des professionnels organisés en fédération. Cette fédération facilite l’accès aux semences et la
diffusion spatiale et temporelle de la pomme de terre.
Fruits et légumes
Jusqu'en 1979, une Mission Chinoise était installée à Laniera Antananarivo et travaillait le riz et les
légumes. L’envoi d'experts chinois a facilité la création d’un CMS Riz et Légumes, des essais
variétaux, l’introduction et la production de semences. Le CMS Légumes a créé la marque de graines
potagères "Voan'anan'i Laniera", qui est restée une référence.
Quelques CMS sont encore opérationnels dans les domaines de la production et de la vente de
semences et plants de fruits et légumes. Le Silo National des Graines Forestières (SNGF) produit
aussi des plants fruitiers, comme les sociétés et coopératives de production et/ou de distribution
semencières telles que SEMANA (filiale de TECHNISEM), ITS, SEEDFAS 66 (marque "Laniera
Vaovao"), ANDRI-KO (Ambatondrazaka)... Cependant, les semences potagères importées occupent
une grande part sur le marché local.
Grain sec
Les Instituts de Recherche font l'étude variétale et agro écologique de semences de grains secs ainsi
que de leur multiplication. Des acteurs privés, comme VALY Agri-développement SARL, produisent
des semences de haricot dans la région de Miandrivazo et en assurent le conditionnement et la
commercialisation à Antsirabe et Antananarivo. Des semences de grains secs sont importées mais il
est impossible d’avoir une estimation de leur quantité.
Autres produits
Des essais variétaux existent pour certaines filières, notamment pour la canne à sucre avec le CMCS
et le CIRAD de la Réunion, et pour le coton avec la HASYMA/DAGRIS en lien avec FOFIFA.
Résumé
•
Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer pour tous les producteurs un
accès favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a
semble-t-il pas améliorer la situation.
•
En conséquence l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle peu
intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de la taille des exploitations
exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification et limite la prise de risque
•
L’utilisation d’engrais est faible à Madagascar. A cause de sa méconnaissance, de sa difficulté
d’accès ou de la remise en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral
n’est pas beaucoup utilisé non plus. Le prix élevé des engrais importés et les entraves à la mise
en place d’un marché de l’engrais concurrentiel n’encouragent pas non plus son utilisation par les
paysans.
•
Mis à part les matériels motorisés qui sont en totalité importés et de faible utilisation, les petits
matériels agricoles sont généralement produits localement. La majorité des paysans ne sont pas
outillés et encore moins mécanisés, et utilisent uniquement la bêche.
•
Dans sa grande majorité, la production de semences n’est pas encore privatisée et les semences
améliorées, pour diverses raisons, sont peu utilisées par les paysans (préférence pour les
semences traditionnelles, production nationale insuffisante, problème de qualité, faible
dynamisme commercial des centres producteurs…).
66
Produit aussi des légumes sous contrat pour les magasins SCORE et CORA, avec la collaboration des paysans environnants qu'elle encadre.
93
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.2. LE MARCHE DU FONCIER : SECURISER LES PAYSANS
Un demi million de demandes de terrains domaniaux sont actuellement déposées auprès des services
fonciers, en plus des ménages qui souhaitent obtenir une reconnaissance écrite de leurs droits
fonciers. Seuls 330 000 titres ont été établis depuis un siècle, et le rythme actuel de délivrance d’actes
stagne autour de 1 000 titres par an. De nombreuses demandes d’acquisition demeurent sans suite et
la superficie des propriétés titrées ne dépasse pas un quinzième du territoire.
Or, la terre contribue directement à la satisfaction des besoins des ménages en zone rurale, car
73,2% des ménages y sont agricoles. La répartition des terres est inégale, les ménages les plus
riches disposent de parcelles trois fois plus grandes que les ménages les plus pauvres. Cette
répartition devient de plus en plus inégalitaire entre 1984 et 2001.
Le paradoxe entre l’existence de vastes étendues de terre non cultivées et l’étroitesse des
exploitations montre l’existence de difficultés d’accès à la terre. En 1999, plus de 85% des ménages
disposant de moins de 0,4 hectare par tête étaient pauvres.
L’insécurité foncière est généralisée faute de régulation foncière communautaire et en raison de la
faible capacité des services fonciers. Peu de citoyens sont assurés de leurs droits sur la terre et
nombreux sont ceux qui craignent d’être spoliés. Cette situation freine les investissements et
l’amélioration de la productivité agricole. Le fait de ne pas détenir des titres fonciers est une barrière à
l’accès au crédit dans la mesure où les biens immobiliers constituent les principales garanties exigées
par les établissements bancaires. Aussi, les ménages non propriétaires ont difficilement accès au
crédit.
La procédure d’immatriculation foncière est longue, complexe et coûteuse. Le coût moyen pour
l’obtention d’un titre est estimé à 600.000 Ariary (300 $US), et les délais sont parfois supérieurs à une
quinzaine d’années. Les opérations cadastrales d’immatriculation collective s’élèvent à 140.000
Ariary/ ha (70 US $/ha).
Ce contexte d’incertitude généralisée favorise le développement des conflits pour la maîtrise du sol.
De plus, les usagers méconnaissent la loi, car rares sont les citoyens qui ont accès à l’ensemble des
textes fonciers. Les usagers ont inventé un droit foncier local par défaut, fait d’accords écrits qui
accompagnent systématiquement les transactions sur la terre. L’Etat malgache a entrepris
actuellement une réforme foncière basée sur une décentralisation de la gestion du foncier au niveau
des communes (cf. Partie 4).
On remarque que le titrage des terres est seulement effectué aux alentours des grandes villes et dans
les zones agricoles riches (Lac Alaotra, Marovoay…). Le marché foncier est assez dynamique dans
ces zones. En effet, il n’est pas rare de constater que des personnes résidentes en ville donnent en
67
68
faire-valoir indirect (métayage ou location ) ou encore en prêt gratuit leurs parcelles héritées de
leurs parents, même si le système de métayage est interdit officiellement à Madagascar.
A l’exception des centres urbains où le prix du m² est très élevé et peut atteindre 500.000 Ariary, le
prix d’un terrain en milieu rural est faible et il diffère selon l’utilisation de la parcelle. Les parcelles
rizicoles sont les plus chères (entre 1.000.000 et 5.000.000 Ariary/ha suivant le degré de maîtrise de
l’eau et la fertilité du sol), suivies des terrains sur baiboho (entre 500.000 et 2.000.000 Ariary/ha en
fonction de la propreté de la parcelle et de sa fertilité) et les parcelles de construction (entre 200 et
2.000 Ariary/m², coût variant en fonction de l’emplacement). La vente de parcelles sur tanety est rare,
et celle des terrains de pacage est inexistante. La vente de terrain agricole est rare dans le milieu
rural, mais l’accaparement de terres existe dans certaines zones du fait de la pratique de l’usure. En
effet, les parcelles des paysans qui n’arrivent pas à honorer leurs dettes sont récupérées par les
usuriers.
Le système de métayage pratiqué est de deux types : 1/3 pour le propriétaire et 2/3 pour l’exploitant si le propriétaire n’apporte rien et c’est à l’exploitant
de tout prendre en charge ; ½ - ½ si le propriétaire apporte les semences.
68 La location est rare, sauf dans l’Ouest pour les cultures sur baiboho (cultures de décrue) et en riziculture. Le prix de la location varie en fonction de la
possibilité de maîtrise d’eau, de l’éloignement d’un axe routier et de la fertilité du sol. Elle est généralement comprise entre 100 et 300.000 Ariary/ha/an. Le
coût de location est payé avant le démarrage de la campagne.
67
94
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Résumé
•
A Madagascar, l’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité
agricole.
•
Les possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la demande de
reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des situations
potentielles d’insécurité et de conflit.
•
L’absence de titres pénalise l’accès des paysans au crédit et donc à l’investissement.
•
Cohabitent dans le pays, de vastes étendues de terres inhabitées et non cultivées et des
régions où la pression anthropique est à l’origine d’une fragmentation des exploitations et de
stratégies de survie.
•
Le marché foncier montre un certain dynamisme dans les grandes villes et dans les zones
agricoles riches (délivrance de titres, métayage, rotation, prix élevé des parcelles…).
•
Une réforme foncière, actuellement en cours vise à sécuriser les exploitations paysannes à
moindre frais dans un délai assez court.
2.3. LE MARCHE DU CREDIT : UN ACCES TOUJOURS DIFFICILE
Avant 1990, aucune institution de micro finance (IMF) n'existait à Madagascar. Seule la Banque
National pour le Développement Rural (BTM) intervenait dans le secteur de la micro finance, mais ne
s’adressait qu'à une frange restreinte de la population rurale 69. Suite aux défaillances du système
bancaire en milieu rural, la micro finance est apparue dans les années 90 70.
Les IMF sont de deux types : les IMF mutualistes et les IMF non mutualistes. Sur le plan national, les
IMF mutualistes regroupaient, à fin 2005, près de 234.029 membres environ, dont 38% de femmes.
Près de 7% des familles malgaches bénéficient de ces services financiers, contre moins de 1% avant
1990. De 1998 à 2005, le nombre des membres des IMF mutualistes a été multiplié par 4,9 passant
de 47 472 à 234 029. Le nombre de membres des IMF non mutualistes s’est également accru durant
la période de 1998-2005, pour atteindre 8 150 bénéficiaires.
De 1998 à 2005, les encours d'épargne des IMF mutualistes sont passés de 1,3 milliards Ar à plus de
25 milliards Ar 71. Sur la même période, leurs encours de crédit ont progressé de 3,3 milliards Ar à plus
de 36 milliards Ar. Les encours de crédit des IMF non mutualistes s'élevaient à 2,9 milliards Ar fin
2005;
2.3.1. Offre en financement rural
L’offre en financement rural est limitée. Elle s’élevait à 31,8 milliards Ar en 2004, soit moins de 0,5%
du PIB (MEFB), alors que l’agriculture contribue à 30% du PIB. L’offre globale en crédit rural (Tab.4)
provient en grande partie des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD). Le taux de pénétration du
crédit, bien qu’en augmentation, reste faible (Tab.5). Les SFD consacraient 55% de leur portefeuille
au financement rural.
69
Cependant, son intervention en faveur du secteur s'est maintenue après sa privatisation pour devenir la Bank of Africa (BOA) en 1999.
Les données de base de ce chapitre proviennent du site Web de la microfinance à Madagascar ainsi que d’un document de l’Union Européenne intitulé
« Accès des ruraux aux services financiers », mars 2005.
70
71
Les non mutualistes ne collectent pas d'épargne.
95
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 26.
Synthèse de l’offre en financement rural
Opérateur financier
Nombre de bénéficiaires
Montant distribué (millions Ariary)
SFD
31 500
22 040
Banques (surtout BOA)
Projet PSDR
3 300
3 100 Groupements
3 600
6 200
Total
31 840
Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005
Tableau 27.
Années
Nombre de caisses
Nombre de membres
Epargne mobilisée
Encours crédit
Evolution de l’offre en financement rural (en millions d’Ariary)
2000
2001
2002
2003
2004
62,6
64,8
61,4
76,8
79
17 602,40
22 590,00
26 078,40
34 459,80
38 538,60
6 666,20
10 935,40
10 118,40
17 934,40
17 415,60
6 426,00
6 777,80
8 459,60
17 284,80
23 073,60
Estimation crédit distribué
Part affectée au rural
Population totale
Population rurale
10 534,40
11 111,20
13 868,20
28 335,80
37 825,60
6 143,20
6 479,60
8 087,40
16 524,20
20 800,00
3 017 000,00 3 105 800,00 3 196 200,00 3 274 600,00 3 322 081,80
2 564 450,00 2 639 930,00 2 716 770,00 2 791 000,00 2 791 000,00
Taux de pénétration
2,92%
3,64%
4,08%
5,26%
5,80%
Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005
Parmi les SFD, les IMF mutualistes (CECAM, TIAVO, OTIV, AECA et ADEFI) sont les plus
importantes, avec un portefeuille annuel de 27,2 milliards Ar en 2003 et près de 36,5 milliards Ar pour
2004 (Tab.6). Quatre IMF ont un portefeuille orienté vers le secteur rural, l’ADEFI travaillant surtout en
zone urbaine ou périurbaine.
Institutions
CECAM
TIAVO
OTIV
AECA
ADEFI
Total
Tableau 28.
Caisses
169
36
112
32
31
380
Offre de 2004 pour les institutions mutualistes
Bénéficiaires
Part rural
Montant moyen en Ariary
34330
80%
440
5130
60%
340
6900
50%
860
760
100%
80
10%
840
Source : « Accès des ruraux aux services financiers », UE – 30 mars 2005
Les IMF non mutualistes orientées vers le monde rural sont Volamahasoa (avec 30% de portefeuille
rural), TITEM (avec des crédits ruraux revolving), les cellules micro finance encadrées par ICAR et le
Projet de Réhabilitation du Bas Mangoky.
Parmi les établissements bancaires, la BOA joue le rôle de financeur direct (CECAM et OTIV
notamment) à partir d’une ligne de micro finance établie sur la base de fonds résiduels dont elle a
bénéficié de la part de différents projets (FIDA, PNUD et BAD). La Banque BNI-Crédit Agricole est
également en train de mettre en place son système de micro finance. D’autres banques souhaitent
s’impliquer dans le financement ou le refinancement du secteur rural, mais il s’agit plutôt de soutenir
de grands projets ou de gros producteurs.
Les opérateurs techniques, tels que les riziers, distribuent des avances en nature remboursables au
moment de la récolte et contribuent largement au financement agricole. Il n’a pas été possible
d’estimer le volume de leur contribution. HASYMA fait également des crédits aux producteurs de
coton.
Les circuits informels interviennent le plus souvent à très court terme, au moment de la soudure, ou
pour combler des déficits en financement. Les taux appliqués par ces usuriers dépassent très
largement les 20% mensuels.
96
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.3.2. Subventions pour le financement rural
Projet de Soutien au Développement Rural (PSDR)
Parmi les programmes et projets, le PSDR est le plus important. Il s’agit d’une forme de subvention,
car les fonds alloués aux groupements villageois sont des fonds revolving à taux 0. La composante la
plus importante est l’Appui aux Investissements Productifs, Infrastructures et Activités Agricoles,
touchant près de 100 000 familles. Le montant décaissé en octobre 2004 était d’environ 30 millions
d’US soit 33% du budget initial.
Subventions engrais et équipements
L’opération charrue, lancée grâce à un fonds de contre valeur engrais japonais avec un montant
alloué de 240 millions Ar, s’est étalée sur 6 ans et a permis de subventionner jusqu’à 80% de
l’acquisition de charrues suivant des procédures et spécifications techniques convenues avec
l’Administration.
Organisations Paysannes Agricoles (OPA)
Des mesures d’accompagnement ont été mises en place par certaines OPA. Grâce à un Fonds
Revolving de l’USAID de 24 millions Ar, les Coopératives Kolo-Harena ont pu offrir des appuis aux
membres moyennant une participation financière modique.
Autres systèmes incitatifs
Les autres types d’incitations comprennent les donations et les prêts bonifiés.
•
Donations institutionnelles des SFD
Les donations institutionnelles reçues par les SFD contribuent à renforcer leur capacité opérationnelle.
Elles ont servi à financer l’acquisition d’équipement, de renforcement institutionnel et d’expertises
diverses. En 2003, les SFD avaient reçu environ 8 200 Ar de subvention d’exploitation par membre,
soit 18,2% des coûts opérationnels moyens.
•
Donations en fonds aux SFD
Les donations de "fonds froids" aux IMF constituent des incitations positives puisqu’elles permettent
d’accroître la surface financière surtout des institutions mutualistes. Elles permettent aussi de
distribuer des crédits à moyen terme, ce qui ne serait pas possible dans le contexte mutualiste. Mais
les donations en fonds restent modestes.
Les donations de fonds froids aux IMF non mutualistes, constituent une base de financement pour des
institutions qui n’auraient recours qu’au refinancement bancaire à des coûts trop élevés pour assurer
leur pérennité.
•
Prêts institutionnels à taux bonifiés
On peut aussi citer les appuis en financement institutionnel des IMF du fait que ces subventions ont
une répercussion certaine sur leur capacité d’intensifier leur portefeuille ou d’accroître leur réseau. Les
prêts institutionnels à taux bonifiés représentaient environ 24% des fonds disponibles en 2003 et
devaient voir leur part augmenter à la suite d’un octroi de 2,7 millions € de l’UE à la CECAM.
2.3.3. Demande potentielle en crédit
En se référant à la pratique courante en milieu rural du financement informel (usuriers), la demande
du secteur agricole malgache en financement est relativement importante. Or, le taux de pénétration
des services financiers ruraux n’excédait pas 5 à 6% en 2005, suivant le rapport déjà cité de l’UE. L’un
des principaux problèmes est que l’agriculture est considérée comme une activité à haut risque et la
97
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
plupart des exploitations ne sont pas sécurisées. La réforme en place actuellement pourrait en partie
lever cette contrainte, et développer l’accès au crédit.
Plus d’un tiers des ménages ruraux seraient endettés auprès des prêteurs informels à des taux
usuraires qui avoisinent 10% à 20% par mois. La pratique de la vente de la récolte sur pied est ainsi
largement répandue, renforçant les inégalités sociales et défavorisant particulièrement les familles
dépourvues de garanties physiques.
Le nombre de foyers ruraux pauvres est estimé à plus de 30% de la population rurale de Madagascar.
Sachant que la population rurale constitue environ 75% de la population (16 millions d’habitants) et
qu’un foyer rural compte en moyenne 6 personnes, on estime à 600 000 le nombre de familles
pauvres. En appliquant le « discount facteur » de 50% et sur la base de 240 000 Ar par famille, la
demande potentielle pour les micro crédits familiaux ruraux est estimée à au moins 144 milliards Ar
(Source : document de l’UE).
En milieu rural, un grand nombre de secteurs d’activités sont soit très partiellement couverts par
l’offre, soit non desservis du fait du manque de ressources appropriées. Ainsi, des formes de crédits
adéquates devraient être proposées par type d’activité. Les activités recensées concernent les
produits d’appels, les cultures pérennes, l’élevage bovin et la production laitière, le petit élevage, les
équipements agricoles, les activités para- agricoles incluant la transformation et la commercialisation,
les intrants.
2.3.4. Fixation du taux de base (ou taux nominal) des SFD
Les SFD fixent généralement le taux d’intérêt aux usagers en fonction des pratiques du marché
financier et non sur la base d’un calcul du coût de revient. Ainsi, le taux de référence mensuel est de
3% pour l’ensemble des caisses. Ce taux dégressif est appliqué sur le solde du capital emprunté.
En réalité, le taux effectif des SFD varie en fonction de la durée du prêt. Ainsi, des variations du taux
annuel peuvent aller de 36% à 43% selon les méthodes de calcul utilisées par les SFD. En général,
les SFD accordent des crédits à court terme avec un revolving élevé et dégagent des taux effectifs
plus élevés que celui des SFD utilisant des crédits à moyen terme, avec un taux effectif se
rapprochant du taux nominal de 36%.
L’Etat s’est engagé, avec l’appui des bailleurs de fonds, dans un programme de bonification de taux
d’intérêt allant de 1% à 2 % par mois.
Résumé
•
La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du
système bancaire en milieu rural.
•
Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible. Elle provient en grande partie des
Systèmes Financiers Décentralisés et majoritairement des IMF mutualistes. Une grande
majorité des paysans dépendent encore des crédits usuraires.
•
L’insuffisance de la sécurisation foncière limite le développement du crédit. La réforme en
cours devrait contribuer à développer le crédit.
•
Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent aussi de plus en plus à la micro finance
•
Malgré une demande de crédit importante, encore largement satisfaite par du financement
informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers ruraux n’excédait
pas les 5-6% des ménages en 2005.
•
En matière de financement agricole, il existe de nombreux produits proposés par des
partenaires de développement. Depuis 2006, l’Etat s’investit avec l'appui des bailleurs de fonds
dans un programme de bonification de taux d’intérêt du crédit.
98
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.4. RELANCE
RECENTE DU MARCHE DU CONSEIL AGRICOLE
Dans les années 60, voire à la fin de la période de colonisation, et jusqu’à la fin des années 70, la
vulgarisation agricole a été assurée par l’Administration, par le biais des contremaîtres qui
« obligeaient » les paysans à suivre telle ou telle technique. Cependant, comme leur nombre était
insuffisant ; seuls quelques privilégiés ont pu bénéficier de leurs appuis. C’est dans ce cadre que les
URER ont été mises en place, contribuant à encourager les agriculteurs à adopter de nouvelles
techniques tout en les appuyant sur le plan matériel.
Le programme de vulgarisation agricole (PNVA) des années 90 a pris la relève, mais les résultats
obtenus sont très mitigés. L’approche T&V (Training and Visit) a été jugée trop top down pour pouvoir
assurer la promotion de l’intensification agricole. En 2000 (fin du projet), 1 447 agents de vulgarisation
travaillaient directement avec les paysans pour la mise en œuvre du PNVA, dont 517 (soit 36%)
fournis par les partenaires (213 mis à disposition par les communes rurales, 151 par les ONG, 82 par
les sociétés privées et d’Etat, 59 par les projets et 12 par les autres services publics). Seules 133
communes (sur 1 557) ont bénéficié de l’appui du PNVA.
Au début des années 2000, le MAEP s’est réorganisé et déconcentré aux niveaux national et régional.
Les services de vulgarisation à la base n’existent plus dans la plupart des régions. Sans moyens, les
agents des circonscriptions n’arrivent plus à entreprendre des appuis. Dans certaines zones, des
projets, programmes ou ONG dispensent un appui en conseil, mais se heurtent souvent à un manque
de cohérence et de pérennité. Aucune statistique n’est actuellement disponible concernant leur
nombre.
Actuellement, les appuis techniques et financiers restent encore non satisfaisants et souvent mal
coordonnés. Plusieurs causes sont avancées :
•
difficultés pour l’amélioration de la qualité des services et des appuis de proximité : informations
technico-économiques, vulgarisation des résultats de recherche, problèmes fonciers, sécurité des
biens et des personnes, accès aux marchés, infrastructures de production, crédit rural... ;
•
insuffisance de financement du monde rural ;
•
fiscalité inadaptée aux opportunités du développement rural ;
•
absence de système d’assurances pour la production rurale ;
•
insuffisance de coordination des diverses interventions de structuration.
La situation actuelle du conseil technique aux paysans est très variable suivant les régions. Certaines
zones ne bénéficient d’aucun service d’appui–conseil agricole, alors que d’autres bénéficient d’appuis
multiples et intensifs. En effet, suite au désengagement de l’Etat en matière d'appui directs aux
paysans, chaque projet met en place une structure propre, ou sous–traite cette partie à une ONG
spécialisée dont les activités cessent avec la fin du financement (PHBM II, PRBM, PPRR, AD2M,
SAHA, BV Lac, FIFAMANOR, PSDR, PISA, PPISE, GSDM…).
Le manque d’appui technique est une des causes de la faible productivité de la production agricole
malgache. Les besoins en services de conseil sont énormes, qu’il s’agisse de conseils technicoéconomiques, de conseil relatif à l’accès aux crédits ou aux systèmes d’approvisionnement.
L’Etat, à la demande des professionnels, soutient la mise en place d’un réseau national de chambres
d’agriculture (Tranoben’ny Tantsaha) réparti au niveau du pays, mais à ce jour, du fait de leur création
récente, les Tranoben’ny Tantsaha ne sont pas encore opérationnelles.
Avec le concours de la FAO et de l’Union Européenne, le MAEP a décidé de mettre en place des
Centres de Services Agricoles (CSA) au niveau des districts. Le rôle et les fonctions de cette interface
seraient de : (i) fournir un cadre d’appui spécifique et coordonné aux intervenants/appuis; (ii)
constituer un centre de référence tant au niveau de l’information que du renforcement des capacités
humaines/techniques; (iii) capitaliser les acquis adaptés aux conditions locales; (iv) maintenir un point
d’injection d’options techniques potentielles; et (v) assurer un suivi–évaluation participatif.
Dans le cadre du projet Agricultural Business Investment du programme Millenium Challenge Account
(MCA), une autre forme d’appui aux producteurs ruraux est mise en place dans les zones
d’intervention, les Agriculture Business Center (ABC). Ce sont des structures de proximité pour les
99
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
appuis et services à fournir dans le cadre du développement de l’esprit d’entreprenariat en vue du
passage de l’économie de subsistance vers l’économie de marché. Les appuis et les services des
ABC comportent plusieurs domaines : formation, élaboration de business plan, coaching agricole,
connexion du promoteur au marché, études de préfaisabilité et de faisabilité de projet, facilitation de
l’accès au financement pour les promoteurs de projet, mise en place de vitrine agricole, recherche de
marchés, élaboration de fiches techniques de production…
Résumé
•
Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours
répondre aux besoins des producteurs.
•
Les résultats mitigés du PNVA dans les années 90 ont marqué le début d’une période de
désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services
administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers.
•
Le manque de l’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de
l’agriculture malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants.
•
Depuis peu, plusieurs initiatives prises par l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre
aux besoins en conseil agricole des paysans : création de Chambres d’agriculture, mise en
place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture Business Center….
2.5. L’IMPORTANCE DU SALARIAT AGRICOLE 72
Les revenus des ménages ruraux sont ici décomposés en revenu agricole (valeur de la production
agricole englobant l’autoconsommation, les ventes et autres usages de la récolte) et revenu extra
agricole.
Si l’essentiel des travaux agricoles est assuré par l’entraide familiale ou l'aide entre paysans, le
salariat agricole se développe dans le pays et est, d'après les données disponibles, une source de
revenu non négligeable pour les ménages ruraux, surtout pour les groupes les plus pauvres. Il fournit
presque 90% des revenus extra- agricoles aux ménages ruraux, et 35% des ménages ruraux ont au
moins un membre qui travaille en tant que salarié. Une estimation dans le cadre du Recensement des
Communes de 2001 (par le Programme Ilo), chiffre à 17% la part de la population qui dépend
principalement du salariat agricole pour son revenu 73.
Le recours aux salariés agricoles au niveau des exploitations familiales est plus marqué pour les
ménages ruraux les plus riches. Les ménages pauvres utilisent plutôt l’entraide, système encore
fortement ancré dans le milieu rural malgache. Les chiffres de l’EPM 2004 avancent que 17% des
parcelles seulement ont utilisé une main-d’œuvre salariée (chiffre en baisse). C’est la riziculture qui
mobilise le plus de main-d’œuvre (familiale, salariée, entraide) au niveau de l’agriculture malgache.
L’industrie agro-alimentaire n’absorbe qu’une faible part de la main-d’œuvre. En 2004, seul 1,3% des
emplois dans les grands centres urbains et 0,2% des emplois en milieu rural étaient fournis par les
industries alimentaires (INSTAT 74).
Le marché du travail agricole
Ce marché est plus actif dans le Nord et le Nord-Ouest de Madagascar, zones qui enregistrent les
taux les plus élevés de migrants saisonniers (entre mai et juin). Ces régions sont celles qui accueillent
les cultures de coton, canne à sucre et tabac.
Cette partie s’appuie essentiellement sur le travail de Minten et Randrianarison (2003) sur la base des données de l’Enquête Permanente auprès de
Ménages (EPM) de 2001.
73 Le détail figure en annexe
74 Institut National de la Statistique/Direction de la Statistique des Ménages (2004). Rapport principal de l’EPM 2004. Antananarivo.
72
100
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les greniers à riz que sont les régions d’Alaotra et de Marovoay font aussi appel à de la main-d’œuvre
salariée, en période de forte intensité de travail sur les rizières. C'est le cas aussi en décembre lors de
la collecte de litchi sur la côte Est.
Ces travailleurs intègrent en majeure partie le secteur informel, sauf ceux embauchés dans les unités
industrielles telles la SIRAMA par exemple. Les entreprises agro-industrielles ont, en effet, aussi
recours à la main-d’œuvre saisonnière pour renforcer les équipes permanentes, surtout en période de
récolte.
Niveau de salaire
Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) agricole de 57 520 Ar correspond au revenu
minimum mensuel applicable dans le secteur agricole (selon la loi de finances 2006). Toutefois, au
niveau des exploitations agricoles, le recours à la main-d’œuvre salariée payée quotidiennement est la
forme la plus courante. Le salaire se compose alors souvent d’une part en numéraire et d’une part en
nature (repas et/ou produits de la récolte) à hauteur de 16% du salaire total 75.
Le salaire est fixe tout au long de l’année avec un niveau avoisinant 1 dollar par jour en 2001 (1 $ US
valait environ 1.400 Ar). Une femme touche en moyenne un salaire journalier inférieur de 10% en
moyenne à celui d’un homme, en rapport avec la répartition sexuelle des tâches. Par exemple, dans la
riziculture, les femmes effectuent le repiquage tandis que les hommes se chargent du labour.
Les variations régionales observées montrent que les salaires sont plus élevés dans les zones de
culture d’exportation ou industrielle du Nord et du Nord-Ouest, où les opportunités d'activités agricoles
ou extra- agricoles génératrices de revenus engendrent du travail sur le marché local. Ceci résulte de
l’insuffisance des travailleurs journaliers disponibles et générant de ce fait une hausse des
rémunérations.
Dans la riziculture, la main d'œuvre salariée est particulièrement concentrée sur les travaux de
préparation de diguettes, de repiquage, de sarclage et de moisson battage. Ces activités représentent
entre 63 et 80% du total du travail salarié. Ainsi dans la région du Lac Alaotra, les producteurs paient
jusqu’à 40% de plus pour mobiliser des salariés (1.180 Ar contre 900 Ar en moyenne en 2001) pour
les travaux de repiquage et battage, surtout en saison de pointe. Notons que depuis 2001, le prix de la
main d'œuvre agricole a sensiblement augmenté dans les bassins rizicoles avec des taux dépassent
2 000 ar/j.
Résumé
75
•
Le salariat est peu développé dans le secteur agricole qui s'appuie essentiellement sur
l'entraide familiale ou l'aide entre paysans pour effectuer les travaux agricoles.
•
Toutefois le salariat progresse car il constitue une source de revenus non négligeable pour un
nombre important de ménages ruraux, surtout pour les groupes les plus pauvres qui
s’emploient chez les ménages les plus riches et en particulier pour la riziculture.
•
Il s'agit d'une stratégie croissante dans les campagnes notamment en situation de pression
foncière visant probablement à compenser la diminution de la taille des exploitations en
diversifiant les sources de revenus.
•
Le marché du travail agricole saisonnier est le plus actif et les salaires sont les plus élevés
dans les régions à cultures d’exportation (Nord, Nord-Ouest) et dans les greniers à riz (Lac
Alaotra, Marovoay).
•
Au niveau des exploitations, le paiement à la journée de la main d’œuvre salariée est le mode
de rémunération le plus fréquent et le niveau de rémunération est relativement bas par rapport
au revenu minimum.
Voir annexe pour plus de détails.
101
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
3. L’EVOLUTION DES PRIX RELATIFS
3.1. EVOLUTION DES PRIX DES PRODUITS AGRICOLES
Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie les prix d'achat
aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient
assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.
Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et de la
demande. Cependant pour de nombreuses filières le prix est fortement influencée par le cours
international (coton, sucre, café, riz). Dans d'autres cas, l'existence d'un monopôle privé ou public ou
d'une position commerciale dominante, le producteur se voit imposé le prix d'achat (sucre, coton,
haricot vert, lait dans certains cas). Les prix des produits agricoles sont en général très variables et
connaissent de fortes évolutions saisonnières (cf. riz, maïs…).
Enfin, pour un même produit, les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de production,
en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.
3.1.1. Riz
Entre 1980 et 1999, l’évolution des prix aux producteurs est restée stable en francs constants 76. Ainsi
en termes réels les producteurs de paddy n’ont pas réellement bénéficié de la libéralisation.
Graphique 27.
Evolution du prix réel du riz aux producteurs et aux consommateurs
Prix réels du riz aux consommateurs et aux producteurs
(indice base 100=1970)
100
80
60
40
20
PERIODE SOCIALISTE
1ERE REPUBLIQUE
0
1964
1967
1970
1973
1976
AJUSTEM ENT STRUCTUREL ET LIBERA LISA TION
1979
1982
PR RIZ (marché), base 100=1970
1985
1988
1991
1994
1997
2000
PR Paddy (100=1970)
Source : INSTAT-MAEP. Statistiques agricoles
Notons, comme le montre le graphique suivant, que le prix du riz local suit les cours du riz
d'importation. Ainsi, l’augmentation des taxes à l’importation en 2000 visait à réduire, sinon à
stabiliser, le volume d’importation, afin de protéger la production locale contre d’éventuels effets
d’éviction par le riz importé. En 1999, le prix moyen du riz local au consommateur a varié de
1 750Fmg/kg à 2 300 Fmg/kg (350 Ar/kg à 460 Ariary/kg), alors que le prix du riz importé a varié
seulement de 1 835 à 2 238 Fmg/kg CAF dédouané 77 (367 à 447,6 Ar/kg).
76
77
Hirsch.2000.
FAO-UPDR 2000.
102
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
78
En 2000, le prix de gros du riz importé dans la capitale, basé sur la nouvelle taxation en vigueur, a
varié de 2 088 à 2 838 Fmg/kg (417,6 à 567,6 Ar/kg), tandis que le riz local, dépendant de la qualité,
79
s'est vendu en moyenne, entre 2 350 et 2 577 Fmg/kg (470 à 515,4 Ar/kg).
En 2004, le prix moyen du riz au consommateur a atteint 6.000 Fmg/kg (1.200 Ar/kg), et en 2006, il
est redescendu à 4 500 Fmg/kg (soit 900 Ar/kg). La hausse du prix du riz a été en partie répercutée
sur le prix du paddy au producteur, incitant à une augmentation des terres emblavées et à des
investissements pour améliorer la production.
Actuellement les cours internationaux sont hauts et les coûts de fret élevés. Malgré un droit de douane
à taux 0 (mais un taux de TVA de 18% que ne paye pas le riz local), le riz local n'est donc pas
concurrencé par les importations.
Enfin, il faut noter que le prix du riz varie fortement suivant les saisons (période de soudure ou période
de récolte) et suivant les régions en fonction du degré d'organisation de la filière de commercialisation,
et du niveau d'enclavement de la zone de production.
Graphique 28.
Variation du prix de riz local en comparaison avec le riz importé
Prix constatés riz local et import ; prix de parité import riz Viet 25% de brisures
ANTANANARIVO
7 000
6 000
FMG/kg
5 000
4 000
Prix riz local
Prix riz import
Prix de parité import Viet 25%
3 000
2 000
1 000
ja
nv
-0
fé 3
vr
m 03
ar
s0
av 3
r-0
m 3
ai
-0
ju 3
in
-0
3
ju
ilao 03
ût
se 03
pt
-0
3
oc
t-0
no 3
v0
dé 3
c03
ja
nv
-0
fé 4
vr
m 04
ar
s0
av 4
r-0
m 4
ai
-0
ju 4
in
-0
4
ju
ilao 04
ût
se 04
pt
-0
4
oc
t-0
4
no
v0
dé 4
c0
ja 4
nv
-0
5
0
Source : O. JENN-TREYER / SMB
3.1.2. Maïs
Le maïs dispose de plusieurs débouchés possibles : pour la consommation humaine en complément
ou même en remplacement du riz, comme intrant pour l’industrie alimentaire et pour la consommation
animale (avec le développement de l'aviculture moderne).
Le marché national est de ce fait toujours demandeur, et c'est l'offre qui est généralement insuffisante
selon les opérateurs. Le maïs est également exporté, notamment vers Maurice.
Le prix du maïs peut être très élevé dans les régions où la demande est importante mais où l’offre est
rare. Il fluctue d’une année sur l’autre, suivant les conditions climatiques qui ont une influence
considérable sur les quantités produites, et au cours d’une même année au même rythme que la
variation du prix du riz. En effet, en période de soudure, le maïs constitue l’aliment de substitution,
notamment pour la population du Sud.
78
79
Les taxes principales sur le riz importé sont passées de 5 à 35% (dont 15% DTI et 20% TVA) depuis Décembre 1999.
Statistiques -Ministère de l’Agriculture. 2000.
103
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
En 2004, le prix moyen aux consommateurs était de 1 000 Fmg/kg (200 Ar/kg) à la récolte et 30% à
100% plus cher selon les régions au moment de la soudure. Du fait de l’état des routes et des pistes,
le prix du maïs dépasse le prix du marché international de 10% à 20% en période normale et jusqu’à
100% en période de hausse de prix. Comme pour le riz, entre 1980 et 1999, l’évolution des prix aux
producteurs est restée stable en francs constants 80. Ainsi en termes réels les producteurs de paddy
n’ont pas réellement bénéficié de la libéralisation.
Graphique 29.
Evolution du prix du maïs en Fmg constant par kg
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999
Prix du maïs en Fmg constant
Prix du maïs en Fmg courant
Source : INSTAT-MAEP. Statistiques agricoles
3.1.3. Café
Sur longue période le prix du café destiné à l’exportation a suivi la baisse tendancielle des cours
internationaux. La forte chute des prix à l’exportation depuis 1999 a été répercutée au producteur. En
2003-2004, d’après Trade Union et TAF le prix au producteur était compris entre 3500 et
4250 FMG/kg. Depuis, les cours se sont redressés mais le marché demeure très instable.
Source : Fiche filière café, Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche d’après
Banque centrale de Madagascar et CNCC.
80
Hirsch.2000.
104
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Le café robusta ou arabica est vendu vert par les producteurs. Sur les marchés locaux et dans les
grands magasins, le café est vendu torréfié, en grain ou moulu.
3.1.4. Vanille
La vanille est la culture qui procure le plus de revenu aux paysans producteurs. La hausse des prix de
la vanille préparée a été exponentielle depuis 2000. Le prix du kilo est passé de 70-90 US$/kg à 150170 US$/kg en 2001 pour frôler 500 US$/kg en 2003.
Depuis 2001, période à laquelle les prix aux producteurs se sont envolés, la culture de la vanille s’est
développée sur tout le littoral Est au travers d’initiatives privées et d’ONG. En 2003, le prix de la
vanille a connu une véritable flambée par rapport aux années précédentes car la demande était plus
forte à cause de l’apparition de nouveaux produits intégrant de la vanille tel que le COKE vanille.
L’autre raison qui logiquement a fait grimper le prix est d’origine climatique, rappelons que
Madagascar est victime de la sécheresse et des cyclones depuis 2001 et que l’impact a été rude sur
les plantations de vanille de la SAVA, entraînant une importante baisse de la production. La flambée a
entraîné une augmentation de la production dans les autres pays fournisseurs, alors que la demande
mondiale s'est détournée de la vanille naturelle au profit de la vanille de synthèse. Les cours se sont
effondrés et se situent aujourd'hui autour de 25 $/kg.
Graphique 30.
Evolution du prix de vanille aux producteurs
500
450
400
$ US / kg
350
300
250
200
150
100
50
2005
2004
2003
2002
2001
2000
1999
1998
1997
1996
1995
1994
1993
1992
1991
1990
1989
1988
1987
1986
1985
1984
1983
1982
1981
0
Source : Atelier de concertation de la plateforme Vanille (2006)
3.1.5. Arachide
L'arachide est cultivée pour ses graines, servant surtout de matière première pour l'extraction d'une
huile alimentaire utilisable aussi en savonnerie. Une grande partie de la production est destinée à la
consommation alimentaire (arachide de bouche). L'arachide décortiquée est mieux exportée que
l'arachide coque.
Le prix de l’arachide dépend du conditionnement, coque ou graine. Le prix ne cesse de baisser, d’une
année sur l’autre depuis 1997, mais des hausses des prix ont été significatives en 2003 et 2004.
105
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 31.
Evolution des prix courants de l'arachide aux producteurs (en Fmg/kg)
19
80
19
81
19
82
19
83
19
84
19
85
19
86
19
87
19
88
19
89
19
90
19
91
19
92
19
93
19
94
19
95
19
96
19
97
19
98
19
99
2000
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
Arachide en coque
Source : DSSE-MAEP
3.1.6. Coton
Les cours du coton à Madagascar dépendent des cours internationaux qui n'ont cessé de baisser
depuis 1996, avec une forte chute en 2001-2002. Les variations erratiques des cours mondiaux du
coton liées aux politiques de soutien, notamment des Etats-Unis (3,3 milliards $ en 2001/2002), de la
Chine (1,2 milliards $) et de l’UE (957 millions $) sont une contrainte très forte pour la production
africaine en général et malgache en particulier. De près de 90 cents la livre en 1995, le cours mondial
de la fibre de coton est passé à 40 cents fin 2001.
Graphique 32.
Comparaison du prix nominal du coton au prix international ($ US/kg)
106
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
3.2. EVOLUTION DES PRIX DES INTRANTS AGRICOLES
Avant la libéralisation des marchés en 1994, les ventes d'engrais aux paysans étaient assurées par le
Ministère de l'Agriculture. Après la libéralisation, ces ventes ont été prises en charge par des
commerçants privés, des organismes de développement et des ONG avec un niveau de concurrence
particulièrement élevé.
De 1980 à 1990, le prix des engrais à Madagascar était fixé autour de 600 Fmg/kg (120 Ar/kg) et de
1991 à 1994 autour de 1 200 Fmg/kg (240 Ar/kg). Après la libéralisation, une grande proportion de
l'engrais importé a encore été fournie par le gouvernement sous le programme KRII et a été vendue à
prix subventionnés fixes.
Graphique 33.
Le prix subventionné de NPK 11:22:16
1200
1000
800
600
400
200
0
1980-90
1990-99
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Prix du NPK (Ariary/kg)
Source: MAEP, 2004.
Le prix a augmenté de 50% en 2003 par rapport à 2001 et encore de 60% en 2004 pour arriver à un
niveau de 800 Ar/kg. En janvier 2005, le prix de vente au niveau des importateurs est passé de
800 Ar/kg à 1 000 Ar/kg. Le prix de vente paysan était de 1.100 Ar/kg à la même période.
3.3. RATIO NPK/PADDY
Graphique 34.
Evolution ratio NPK/Paddy
1200
16
14
1000
12
800
10
8
600
6
400
4
200
2
0
0
1980
1990
Paddy (Ar/kg)
2000
NPK (Ar/kg)
2004
2005
Ratio NPK/Paddy
Source : Equipe RuralStruc à partir des données DSSE-MAEP
En 1980, il fallait presque 14 kg de paddy pour se procurer 1 kg de NPK. A l'époque la politique de
l'Etat ne favorisait pas l'importation d'intrants. En 2000, il fallait 1,4 kg de paddy pour se procurer 1 kg.
Aujourd'hui, du fait de la hausse du prix de l'engrais, il faut maintenant 3,14 kg de paddy pour obtenir
1 kg d’engrais. Entre 2000 et 2005, la hausse du prix de paddy a été de 64% et celle de l’engrais NPK
de 267%.
107
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Résumé
•
Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, les prix
d'achat aux producteurs étaient identiques dans tout le pays, et les opérations de
commercialisation étaient assez simples avec un nombre restreint d'intervenants.
•
Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont fixés par le jeu de l’offre et
de la demande.
•
Cependant, pour de nombreuses filières, le prix est fortement influencée par le cours international
(coton, sucre, café, riz).
•
En cas d'existence d'un monopôle privé ou public ou d'une position commerciale dominante, le
producteur se voit imposé le prix d'achat (sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas).
•
Les prix des produits agricoles sont en général très variables et connaissent de fortes évolutions
saisonnières (cf. riz, maïs…).
•
Enfin, pour un même produit les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de
production, en fonction du degré d'enclavement et de l'existence ou non de positions
commerciales dominantes.
•
Pour le riz, le système de prix intérieur est très lié au mode de régulation de la filière (marché ou
Etat) et au cours international.
•
Le prix du maïs s’aligne sur celui du riz, mais est aussi en relation avec les conditions de l’offre et
de la demande et les conditions météorologiques.
•
Le prix du café est très directement lié au niveau de compétitivité du produit malgache et au cours
international.
•
Celui de la vanille est lié à une combinaison de facteurs (réputation, qualité, sécheresse et
cyclones….) et à la demande mondiale.
•
Celui de l’arachide dépend du type de conditionnement (coque ou graine).
•
Le prix de l’engrais est devenu prohibitif pour les paysans. La hausse du prix du paddy n'a pas
suivi la hausse du prix des engrais, ce qui explique en partie sa faible utilisation.
108
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
CONCLUSION
Le désengagement de l'Etat et la libéralisation des échanges initiés dans le cadre des plans
d'ajustement structurel, mais également l'intégration plus forte à l'économie internationale, ont eu des
conséquences très importantes sur le fonctionnement des marchés et sur les stratégies des filières
agricoles malgaches.
Les évolutions en cours sont très diverses suivant les régions et les productions concernées. Elles
dépendent en particulier de la connexion des régions (existence ou non des infrastructures de
commercialisation) et des productions (niveau d'autoconsommation) au marché.
Ces évolutions dépendent aussi de la destination finale des productions. Ainsi les filières agricoles et
alimentaires peuvent être orientées quasiment uniquement vers le marché local (manioc, la plupart
des fruits et légumes tempérés ou tropicaux, les tubercules et légumineuses, les produits laitiers, la
farine, la viande), ou principalement vers l'exportation (vanille, épices, huiles essentielles, litchi,
crevettes) ou bien encore être destinées au marché local et à l'exportation (le sucre, le maïs, le coton,
le café et dans une moindre mesure le riz). La connexion avec le marché international, qu'il s'agisse
de produits d'exportation ou de produits locaux confrontés aux importations, génère des adaptations
particulières (prise en compte notamment de la qualité et de la mise aux normes des produits).
Avant la période d'ajustement structurel et de libéralisation progressive de l'économie, entamée vers
le milieu des années 80, l'organisation des marchés, pour les produits agricoles essentiels, reposait
sur l'intervention de l'Etat, souvent acteur direct des filières. Les prix d'achat aux producteurs étaient
identiques dans tout le pays, et les opérations de commercialisation étaient assez simples, avec un
nombre restreint d'intervenants. Actuellement, la plupart des filières ont été privatisées et les prix sont
fixés par le jeu de l’offre et de la demande. Pour de nombreuses filières, le prix est fortement influencé
par le cours international (coton, sucre, café, riz). En cas d'existence d'un monopole ou oligopole privé
(filière coton, filière tabac à fumer ou filière lait) ou public, le producteur se voit imposer le prix d'achat
(sucre, coton, haricot vert, lait dans certains cas). Les prix des produits agricoles sont en général très
variables et connaissent de fortes évolutions saisonnières (cf. riz, maïs…). Enfin, pour un même
produit, les prix peuvent varier considérablement suivant la zone de production, en fonction du degré
d'enclavement et de l'existence ou non de positions commerciales dominantes.
Comme dans beaucoup de pays, la libéralisation du marché a entraîné l'apparition de plusieurs types
de circuits commerciaux et la multiplication des intervenants dans la commercialisation. Le nombre
d’intermédiaires entre producteurs et consommateurs finaux a augmenté, la filière riz en étant un
exemple patent. Ce phénomène a un impact conséquent sur la longueur de la filière et sur la
formation des prix.
Pour certaines filières, comme la vanille ou le litchi, il existe un pilotage par des instances de
concertation professionnelle qui associent l'Etat, et qui sont parties prenantes dans la fixation des prix
et dans l’organisation de la commercialisation. Enfin, l’Etat est encore un acteur important dans le
secteur du sucre, pour lequel la privatisation n’est pas encore achevée.
Enfin, étant donné les situations d'enclavement pour de nombreuses régions, mais également les
asymétries en matière d'information, il existe de nombreux dysfonctionnements de marché.
Suivant le niveau de connexion avec le marché local ou international, les adaptations des filières aux
nouvelles contraintes économiques sont donc diverses, comme le montrent les exemples analysés
dans le rapport :
•
La filière riz, pilier de l'économie malgache demeure une filière stratégique pour l'Etat. Elle se
caractérise par une forte atomisation de la production agricole (la taille moyenne des
exploitations ne dépasse pas 1 ha et les riziculteurs sont généralement polyvalents), une
concentration importante de la commercialisation de gros et de l’importation, et une structure
plus concurrentielle de la transformation. Il existe un certain degré d'intégration, puisque
certains riziers ont développé des relations contractuelles avec une partie des riziculteurs qui
les approvisionnent.
109
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Malgré la libéralisation des prix et la privatisation de la production et de la commercialisation,
l’intervention de l’Etat est récurrente (politique fiscale, constitution de stocks, administration
des prix, opérations d’importation...). Cependant les relations économiques entre les agents
sont plutôt régies par le marché, plus ou moins concurrentiel selon les situations. Il existe
également, depuis 2004, une plateforme de concertation associant l'ensemble des acteurs de
la filière et l'Etat.
Si la libéralisation et le désengagement de l'Etat ont permis la multiplication des intervenants
dans la commercialisation, ces processus n'ont pas eu les effets escomptés sur la production
rizicole. Le prix du paddy est resté trop faible pour inciter les producteurs à produire
davantage. La production est demeurée très traditionnelle, avec peu d'utilisation d'intrants, et
son augmentation est surtout due à une extension des surfaces cultivées. La diminution de la
taille des parcelles, du fait de la croissance démographique et de la transmission des terres,
n'incite d'ailleurs pas forcément à une prise de risque. La crise de 2004, qui s'est traduit par
une forte hausse du prix du paddy, a eu un effet incitatif et les producteurs ont augmenté les
surfaces cultivées et, dans certains cas, intensifié.
Le prix du riz local et donc celui du paddy sont dépendants du cours international. Et les
producteurs bénéficient aujourd'hui d'un cours international élevé qui leur permet d'être
compétitifs. Soulignons cependant qu'il n'existe pas un prix du riz mais plusieurs prix du riz à
Madagascar en fonction de la variété, de la saison (soudure ou récolte) mais aussi de
l'enclavement de la zone de production ou de consommation et de l'organisation du réseau de
commercialisation.
Le grand défi de cette filière, pour les années à venir, est d’arriver rapidement à
l’autosuffisance alimentaire et à se positionner sur le marché international du riz, en faisant
des efforts de qualité et de compétitivité. Des grands riziers sont déjà positionnés dans cette
perspective.
•
La filière sucre dépend en grande partie encore de l'Etat, mais est en voie de privatisation.
C'est une filière très concentrée puisqu'il n'existe que deux entreprises de transformation de la
canne. C'est une filière intégrée via une contractualisation avec des planteurs dans le cas de
la SIRAMA (Siramamy Malagasy, entreprise de transformation publique) et une production en
régie pour la SUCOMA (Sucre Complant de Madagascar, entreprise privée). La situation de
crise que traverse la filière témoigne de la mauvaise gestion d'une entreprise publique. En
effet, elle bénéficie depuis longtemps de quotas d'exportation à prix garanti plus élevé que le
cours mondial vers le marché européen et le marché américain, ce qui aurait donc dû
favoriser son développement. La privatisation imminente de la SIRAMA devrait à court terme
modifier l'évolution de cette filière, dans un contexte de développement de la production de
bio- carburant.
•
La filière coton a été récemment privatisée (2004). C'est une filière historiquement intégrée
qui a bénéficié d'appuis conséquents de l'Etat et qui a été privatisée en 2004. Le monopole
public a fait place un monopole privé. La santé de la filière est très dépendante des cours
internationaux. Suite à la forte dégradation des cours, la filière coton malgache, comme dans
la plupart des pays producteurs d'Afrique, a connu une période très difficile, se traduisant par
une forte chute de la production au début des années 2000. Dans le cadre de la privatisation,
HASYMA-Dagris (société de production de coton fibre et de coton graine) a prévu des
investissements importants pour relancer la production et améliorer la qualité du coton
produit, dont les premiers effets commencent à se faire sentir. En aval, il n'existe plus que
deux filatures, alors que, plus en aval encore, existe un secteur textile très développé tourné
essentiellement vers l'exportation. En 2004, la production de fibres était estimée à
4 545 tonnes, dont 2400 destinées au marché local, alors que la demande nationale était
estimée à 27 500 tonnes. Pour appuyer la relance de la filière, en lien avec le secteur textile,
Madagascar a mis en place une Plateforme de concertation coton- textile dont l'objectif est de
finaliser un Plan d'action pouvant bénéficier de l'appui du partenariat UE - Afrique sur le coton.
•
A Madagascar, l'agriculture contractuelle est encore très peu développée, sauf pour quelques
productions historiques comme le sucre ou le coton. La filière haricot vert, orientée vers
110
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
l'exportation, constitue un exemple d'agriculture contractuelle réussi et rendu possible grâce à
des efforts en matière de qualité. La filière haricots verts est une filière segmentée : d'un côté
la filière traditionnelle destinée au marché locale ; de l'autre, la filière d'exportation. Ce second
segment est une filière totalement intégrée (et c'est un des rares exemples à Madagascar).
L'entreprise passe contrat avec des producteurs sur la base d'un prix fixé à l'avance et d'un
cahier des charges. Elle fournit les intrants nécessaires et encadre techniquement les
producteurs. Les haricots sont vendus en conserves en Europe, dans le cadre d'un contrat
avec Maille. L'entreprise de transformation malgache a été certifiée HACCP (analyse des
dangers et points critiques à maîtriser). En dehors de l'encadrement, la contractualisation
avec les paysans est une réussite, car seule une partie de l'exploitation est consacrée au
haricot vert, ce qui permet au producteur de diversifier sa production agricole et ses sources
de revenus. De plus, l'utilisation d'intrants pour la production de haricots verts améliore le
rendement des autres productions et en particulier du riz.
•
La filière lait est une filière très atomisée en amont avec une productivité moyenne
relativement faible et des problèmes de qualité du lait produit. Une grande partie de la
production est autoconsommée et une faible partie valorisée. La filière lait est relativement
segmentée, puisqu'une grande partie du lait est vendu frais aux consommateurs. Il existe
aussi de nombreuses petites unités de transformation artisanales. Enfin, pour le segment
industriel, la filière est relativement concentrée en aval avec l'existence de deux sociétés qui
transforment le lait (TIKO et SOCOLAIT) qui se sont installées dans les années 1980, suite à
la privatisation de la SMPL pour SOCOLAIT. C'est d'ailleurs une des rares filières disposant
d'un tel niveau de transformation. La filière est en partie intégrée, puisque les industriels
disposent d'un cheptel ou s'approvisionnent auprès d'organisations d'éleveurs qu'ils encadrent
et qu'ils fournissent en intrants.
Alors que la consommation par habitant est particulièrement faible, la production de lait est
toujours très insuffisante face à la demande, ce qui conduit à des importations non
négligeables de poudre de lait par les deux sociétés industrielles. La protection des produits
transformés offre toutefois une protection suffisante pour le développement d'une production
de produits à forte valeur ajoutée. Le prix du lait est fixé librement, cependant il est fortement
influencé par le prix d'achat de la société TIKO dans le triangle laitier (région d’Antananarivo).
•
Le litchi est devenu un fleuron des exportations malgaches vers le marché européen. La
production occupe saisonnièrement près de 2,5 millions de ruraux répartis sur la côte Est de
l’île et est essentiellement une production de cueillette. Une trentaine d’exportateurs de litchi
opèrent dans la Grande Ile face à quelques importateurs européens qui fixent le prix du litchi.
C'est donc une filière relativement concentrée en aval. Avec le développement des normes
(par exemple Eurepgap) et la mise en place de la traçabilité en Europe, la qualité des produits
est aujourd'hui l'enjeu majeur pour le développement et même l'avenir de la filière. Pour
répondre à ces attentes en matière de qualité, la filière s'organise (création d’une plateforme
de concertation) et bénéficie d'un appui technique important, en particulier du CTHT (Centre
Technique Horticole de Toamasina). Certaines entreprises mettent même aujourd'hui en
place des vergers pour dépasser les contraintes que posent la cueillette pour répondre à ces
normes.
•
La filière crevettière est une filière segmentée, puisqu'il existe une filière pêche artisanale,
une filière pêche industrielle et une filière aquaculture. Les différents segments sont
cependant très connectés. La pêche industrielle et l’aquaculture sont des secteurs très
concentrés. La filière a évolué vers l’intégration des secteurs de la pêche artisanale et de la
pêche traditionnelle qui approvisionnent les entreprises industrielles, seules à avoir accès aux
marchés d’exportation. La diversification de la pêche vers l’aquaculture est une garantie de
durabilité de cette filière. En outre, la crevette malgache se positionne très bien sur le marché
international des produits de qualité. Un des ferments de l'organisation de cette filière orientée
vers l'exportation est le respect des normes. Toutes les entreprises industrielles sont aux
normes HACCP afin de répondre aux attentes des consommateurs, notamment européens.
111
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Pour ces deux dernières filières tournées vers l'exportation, la question de la qualité est un
enjeu majeur. Ce respect des normes peut être une contrainte pour les producteurs et les
exportateurs qui ne disposent souvent ni de l’infrastructure ni de la capacité technique pour
respecter les normes auxquelles les produits doivent se conformer pour avoir accès aux
marchés internationaux (cf. embargo européen qui frappe les produits d'origine animale
depuis août 1997). Ce peut aussi être une opportunité pour se démarquer des concurrents qui
n'arrivent pas à respecter ses normes et ainsi conquérir de nouveaux marchés.
A Madagascar, les produits agricoles sont pour une large partie autoconsommés (en particulier les
produits vivriers et en premier lieu le riz) mais aussi vendus sur les marchés ruraux et urbains. Depuis
la libéralisation de l'économie, les supermarchés sont un nouvel acteur de la commercialisation. Trois
groupes liés à la grande distribution internationale se partagent le marché : la chaîne sud-africaine
Shoprite, installée à Madagascar en 1992 par rachat des magasins de la marque Champion, la chaîne
française Leaderprice, et les supermarchés Score de la Société Vindémia, filiale du groupe Casino. La
grande distribution reste concentrée dans les principales villes : Antananarivo, Antsirabe, Toamasina.
Alors que, dans certains pays, l’implantation des supermarchés a favorisé le développement de
l’agriculture contractuelle, ce n’est pas encore le cas à Madagascar. En effet, leur stratégie d’achat
locale ne valorise pas la qualité comme cela se passe par exemple en Europe. Par ailleurs, au vu de
leur développement assez récent et de la persistance des petits commerces de détail, on peut
supposer que les supermarchés n’occupent qu’une part réduite dans le commerce des produits frais.
Par contre, ils jouent un rôle important et croissant dans la commercialisation de produits agroalimentaires importés.
Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer, pour tous les producteurs, un accès
favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a semble-t-il
pas amélioré la situation. En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une
agriculture traditionnelle, peu intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants. La diminution de
la taille des exploitations exacerbe sans doute d'ailleurs le faible degré d'intensification qui correspond
à une stratégie de minimisation du risque :
•
Concernant les engrais (mais cela est vrai aussi pour les produits phytosanitaires), la
quantité utilisée est très faible et les importations, comparées à la superficie emblavée, ont
quasiment stagné depuis 1972. A cause de sa méconnaissance, de sa difficulté d’accès ou de
la remise en question de son efficacité technique ou économique, l’engrais minéral n’est pas
beaucoup utilisé. Le prix élevé des engrais importés, notamment comparé à l'évolution du
cours du paddy et les entraves à la mise en place d’un marché de l’engrais concurrentiel,
n’encouragent pas non plus leur utilisation par les paysans. 55% des exploitations ne
recourent à aucune fertilisation.
•
La mécanisation est également très faible et la grande majorité des paysans continue à
utiliser seulement l'angady (bêche). Là encore, la réduction de la taille des exploitations
n’encourage pas à investir dans l'achat de matériel agricole.
•
La production de semences n’est pas encore privatisée et les semences améliorées sont peu
utilisées par les paysans. Parmi les causes on peut citer : la préférence pour les semences
traditionnelles, une production nationale insuffisante, des problèmes de qualité, de certification
et de contrôle, un faible dynamisme commercial des centres de multiplication….
•
A Madagascar, l’accès à la terre est une contrainte forte à l’amélioration de la productivité
agricole. Les possibilités techniques et financières de l’Administration pour satisfaire la
demande de reconnaissance de droits fonciers sont largement insuffisantes, créant des
situations potentielles d’insécurité et de conflit. L’absence de titres pénalise l’accès des
paysans au crédit, et donc à l’investissement. Cohabitent ainsi dans le pays de vastes
étendues de terres inhabitées et non cultivées et des régions où la pression anthropique est à
l’origine d’une fragmentation des exploitations et de stratégies de survie. Une réforme
foncière, actuellement en cours, vise à sécuriser les exploitations paysannes à moindre frais,
dans un délai assez court. Si elle est menée à bien, ce sera une révolution pour le
développement du secteur agricole.
112
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
La faiblesse de l'utilisation des intrants, au-delà des éléments présentés précédemment, est
également liée d'une part à la faiblesse du crédit rural et à la quasi-absence de service agricole
d’autre part :
•
La micro finance se développe à Madagascar depuis 1990 pour suppléer à la défaillance du
système bancaire en milieu rural. Cependant l’offre globale en crédit rural est encore faible.
Elle provient en grande partie des Systèmes Financiers Décentralisés et majoritairement des
IMF mutualistes. Malgré une demande de crédit importante, encore largement satisfaite par
du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers
ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. De plus, les taux pratiqués par les IMF
sont relativement élevés (proches d’un taux nominal de 36% par an).
Depuis peu, les établissements bancaires s’intéressent de plus en plus à la micro finance et
les produits proposés par les partenaires au développement se multiplient. Depuis 2006, l’Etat
s’investit d'ailleurs avec l'appui des bailleurs de fonds dans un programme de bonification de
taux d’intérêt du crédit. Enfin, un des principaux freins à l'offre de crédit est l’insuffisance de la
sécurisation foncière qui limite le développement du crédit. La réforme en cours devrait
contribuer à dépasser cette contrainte.
•
Jusqu’à la fin des années 70, la vulgarisation agricole était assurée par l’Etat, sans toujours
répondre aux besoins des producteurs. Les résultats mitigés du Programme national de
vulgarisation agricole dans les années 90 ont marqué le début d’une période de
désengagement de l’Etat, relayé tant bien que mal par des ONG, des projets ou des services
administratifs locaux à faibles moyens de fonctionnement humains et financiers. Le manque
d’appui technique est l’une des causes de la faiblesse de la productivité de l’agriculture
malgache. Les besoins sont aujourd’hui importants. Depuis peu, plusieurs initiatives prises par
l’Etat et les bailleurs de fonds essaient de répondre aux besoins des paysans : création de
Chambres d’agriculture, mise en place de Centres de Services Agricoles et des Agriculture
Business Center…
Le salariat est encore peu développé dans le secteur agricole, qui recourt essentiellement à l'entraide
familiale ou entre paysans pour effectuer les travaux. Toutefois le salariat progresse et constitue une
source de revenus non négligeable pour un nombre croissant de ménages ruraux (35% sont
concernés), surtout pour les groupes les plus pauvres. Le phénomène exprime notamment une
stratégie de réponse à la pression foncière, par la diversification des sources de revenus.
113
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
114
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
TROISIEME PARTIE : LES PROCESSUS DE
SEGMENTATION DES STRUCTURES DE
PRODUCTION : TENDANCES OBSERVEES ET
CONSEQUENCES
115
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1. LES INDICATEURS DE CHANGEMENT81
1.1. EVOLUTION DU NOMBRE D’EXPLOITATIONS AGRICOLES
Tableau 29.
Evolution du nombre d’exploitations agricoles
1984-85
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
330 786
351 127
247 828
167 014
236 617
126 063
1 459 435
2004-2005
Evolution (%)
613 024
543 399
350 184
315 449
418 301
188 135
2 428 492
85,32%
54,76%
41,30%
88,88%
76,78%
49,24%
66,40%
Evolution
annuelle (%)
3,13%
2,21%
1,74%
3,23%
2,89%
2,02%
2,58%
Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05
Entre 1984-85 et 2004-05 on observe une progression de 66,40% du nombre d’exploitations
agricoles, soit un accroissement annuel de 2,58% (un accroissement brut de 969 057 en 20 ans)
légèrement supérieur au taux d'accroissement de la population agricole (3,17%).
L'augmentation du nombre d'exploitations montre que le secteur agricole a été en mesure d'absorber
jusqu'à présent une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail.
La plus forte augmentation du nombre d'exploitations, par rapport à l'augmentation de la population
rurale, confirme cette hypothèse. Cette tendance peut également indiquer une baisse d'actifs par
exploitations, soit du fait de l'intensification de ces exploitations, soit du fait d'une diminution de la
taille des exploitations entraînant le départ de certains actifs.
Graphique 35. Evolution du nombre des exploitations agricoles de 1985 à 2005
2 428 500
2 394 000
2003
2005
2 131 643
1999
1 827 200
1996
1 458 823
1985
Source : DATABASE FAO, RNA (1984-85 et 2004-05)
81
Dans la mesure du possible, pour cette partie, les données considérées sont les chiffres officiels issus des recensements nationaux agricoles de 1984-85
et de 2004-2005, soit une dynamique constatée en 20 ans. Certaines sections, comme celle sur le salariat agricole, ne bénéficient pas de l’apport d’une
série de données dynamiques pour l’analyse.
116
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les tendances par province sont difficiles à analyser, étant donnée la diversité des situations dans
chacune d'elles. Cependant, elles montrent que l'évolution du nombre d'exploitations dépend de trois
facteurs majeurs : la possibilité d'extensification ou non, le niveau de la pression démographique et la
vocation culturale (culture alimentaire/culture de rente).
Ainsi, dans les zones de production de rente destinées à l'exportation, le taux de progression des
exploitations est relativement faible (Antsiranana, Toamasina, zone orientale de Fianarantsoa). Ce
sont aussi des zones où les possibilités d'extension des surfaces sont limitées.
Dans les zones plutôt orientées vers les cultures alimentaires, où les surfaces disponibles sont encore
importantes et la pression démographique peut être moins forte (Toliary, partie occidentale des
provinces d’Antananarivo et de Fianarantsoa, Mahajanga), le nombre d'exploitations croît beaucoup
plus vite.
Cependant, les données disponibles sont limitées aux provinces et, pour mieux appréhender les
évolutions en cours, il serait nécessaire de travailler à un niveau désagrégé, et en particulier au niveau
des régions, en utilisant comme critère de choix les facteurs explicatifs identifiés plus haut.
1.2. EVOLUTION DE LA DISTRIBUTION PROVINCIALE PAR TAILLE DES EXPLOITATIONS
Tableau 30.
1984-85
Evolution de la superficie agricole et de la taille moyenne des
exploitations
2004-2005
Taille
Taille
Superficie exploitation Superficie exploitation
(ha)
(ha)
(ha)
(ha)
Antananarivo
348 973
1,05
401 536
0,66
Fianarantsoa
375 698
1,07
464 758
0,86
Toamasina
356 820
1,44
351 079
1,00
Mahajanga
271 467
1,63
323 436
1,03
Toliary
218 336
0,92
352 942
0,84
Antsiranana
184 413
1,46
189 839
1,01
Ensemble
1 755 707
1,20 2 083 590
0,86
Evolution superficie
agricole
Evolution taille des
exploitations agricoles
Période
Annuelle
15,06%
0,70%
23,71%
1,07%
-1,61%
-0,08%
19,14%
0,88%
61,65%
2,43%
2,94%
0,14%
18,68%
0,86%
Période
-37,91%
-20,07%
-30,37%
-36,92%
-8,56%
-31,02%
-28,68%
Annuelle
-1,62%
-0,92%
-1,33%
-1,58%
-0,41%
-1,36%
-1,27%
Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05
En 20 ans, la superficie totale agricole a, en moyenne, augmenté de 18,68% (soit 0,86% par an).
Cette progression montre que l'augmentation de la production agricole est en grande partie
due à une extensification des surfaces cultivées, d'autant que les rendements ont peu
progressé (cf. graphiques 3 et 4).
L'évolution de la superficie agricole varie considérablement suivant les provinces : de -1,61% pour la
Province Toamasina à 61,65% pour celle de Toliary. Cela confirme les difficultés d'accès à la terre
dans ces provinces du fait d'une raréfaction des surfaces disponibles. Par contre, les surfaces
agricoles progressent plus fortement dans les provinces où il existe encore des disponibilités en terre
et en particulier dans le Sud (Toliary) ou l'Ouest (de Fianarantsoa et d’Antananarivo, et Mahajanga).
Comme pour le tableau précédent, les données disponibles sont limitées aux provinces et pour mieux
appréhender les évolutions en cours, il serait nécessaire de travailler au niveau des régions.
Le taux d’accroissement annuel de la superficie totale des exploitations agricoles (0,93%) est très
inférieur à l’accroissement annuel de la population agricole (3,17%) et à l'accroissement annuel du
nombre d’exploitations agricoles (2,58%). Cette situation explique une réduction généralisée de la
taille des exploitations agricoles, qui passe en moyenne au niveau national de 1,2
117
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-2005, soit une diminution de 28,68%
en 20 ans (-1,27% par an). On assiste donc parallèlement à l'augmentation des superficies agricoles
à une parcellisation des surfaces.
Face à la croissance démographique qui est plus forte dans les campagnes, l'absorption des
cohortes annuelles devient de plus en plus difficile, particulièrement dans les provinces
densément peuplées (Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de Fianarantsoa…).
Cette tendance se traduit par des phénomènes croissants de saturation foncière. La diminution
de la taille des exploitations pose clairement le problème de la taille minimale permettant la viabilité de
ces unités.
La réduction de la taille des exploitations est source d'appauvrissement de la population
agricole et exacerbe l'aversion au risque des producteurs agricoles. Elle peut générer aussi
des stratégies d'adaptation pour rendre l'exploitation plus viable : limitation des risques via
une faible utilisation des progrès technique, la diversification de la production, la pluriactivité
avec ou sans migration.
1.3. EVOLUTION DU NIVEAU TECHNIQUE
1.3.1. Mécanisation des exploitations agricoles à l’état embryonnaire
Le recensement national agricole de 2004-2005 montre que les petits matériels manuels restent les
outils les plus usités par les exploitations agricoles. La bêche (angady), la faucille et la machette sont
les principaux outils de travail des paysans. Une exploitation agricole pratiquant au moins une culture
possède en moyenne 2,21 angady. La culture attelée est faible (une herse pour 7 exploitations, et une
charrue pour 4 exploitations agricoles, en moyenne). La taille moyenne des exploitations agricoles
ne nécessite pas toujours la possession de charrue et de herse, et les paysans préfèrent en
louer, d’autant plus que leur acquisition exige une ressource financière qu’ils ne possèdent
pas toujours.
Tableau 31.
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
Angady
2,16
2,15
1,89
2,31
2,84
1,61
2,21
Effectif des petits matériels agricoles par exploitation
Houe
Pulvérisateur
sarcleuse
manuel
0,28
0,02
0,30
0,01
0,53
0,02
0,05
0,01
0,04
0,00
0,30
0,00
0,25
0,01
Machette/
Faucille
1,93
3,18
4,17
3,79
2,36
4,05
3,01
Herse
0,31
0,08
0,13
0,30
0,08
0,07
0,17
Charrue
0,32
0,14
0,11
0,45
0,28
0,14
0,24
Source : Recensement national agricole de 2004-05
L’utilisation de gros matériels agricoles n’est que l’apanage des grandes exploitations qui sont rares,
et qui n’opèrent que dans quelques zones, dont les greniers à riz (Alaotra, Marovoay et dans le Moyen
Ouest). La diffusion de ces gros matériels agricoles n’a peut être pas bénéficié d'un appui suffisant de
l’Etat. Certes, le Centre de Formation Appliquée aux Machinismes Agricoles ou CFAMA d’Antsirabe a
été mis en place par l’Etat, mais les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des objectifs, en terme
de diffusion et de production de gros matériels agricoles.
La faible possession de la houe sarcleuse (1 pour 4 exploitations) montre la faiblesse de la pratique
du système de riziculture améliorée ou intensive (SRI), qui nécessite la mise en ligne des plants lors
du repiquage. Il n’y a en effet que 2.335 ha de rizières sous SRI (soit 0,24% des surfaces rizicoles) et
118
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
92.097 ha de repiquage en ligne (soit 9,40%), contre 760.944 ha en système traditionnel de repiquage
en foule (77,69%) et 124.026 ha en semis- direct (soit 12,66%).
Le faible taux de possession de pulvérisateur manuel (1 pour 50 exploitations) témoigne du faible taux
d’utilisation de pesticides.
L’utilisation de matériels agricoles et autres équipements aratoires reste encore peu développée à
Madagascar, ce qui confirme le côté très traditionnel et peu intensif de l'agriculture malgache. Ce
faible niveau de mécanisation traduit également le manque d'instruments financiers adéquats pour
accéder à ces outils et l'absence de véritable politique de mécanisation agricole.
Des « Opérations Charrues » ont été menées, mais d’une manière sporadique. L’utilisation de
certaines machines agricoles a été promue au sein de différents Projets, sans que les effets soient
ressentis à grande échelle. La culture attelée reste pour sa part assujettie au problème de vols de
bœufs. Le système de location-vente de matériels est déjà connu dans quelques régions, mais
beaucoup de sociétés coopératives agricoles l’ignorent encore. La vente de gros matériels agricoles,
par les concessionnaires, connaît une nette régression en nombre, même si les prix semblent se
maintenir.
Cependant, tout comme pour les engrais, le secteur a bénéficié, depuis quelques années, de dons de
matériels agricoles, principalement en provenance du Japon. De même, un projet de réhabilitation du
CFAMA, avec un appui japonais, est actuellement en phase d’étude de faisabilité. Notons aussi le
développement important de l'utilisation de motoculteurs au Lac Aloatra suite aux actions entreprises
par le PSDR, mais surtout suite à la hausse du prix du riz.
Cette faible utilisation de matériel agricole témoigne d'une aversion au risque dans un contexte
de diminution de la taille des parcelles. L'incitation à investir est d'autant moins justifiée que la
taille de la parcelle diminue. En effet, une taille plus faible rend moins utile un matériel
beaucoup plus adapté à des surfaces plus importantes. Et, par ailleurs, cette diminution de la
surface rend sa viabilité plus problématique. Le risque dû à une nouvelle dépense est donc
plus important, alors que l'accès au crédit est toujours aussi limité.
1.3.2. Intrants : une denrée de moins en moins utilisée
Le recours aux intrants (semences améliorées, engrais, pesticides) est particulièrement faible à
Madagascar comme le confirme le tableau suivant pour les engrais.
Tableau 32.
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
Taux d’exploitations agricoles selon la fertilisation
Organique
39,74%
14,77%
5,82%
0,92%
1,51%
0,74%
12,43%
Minérale
0,96%
0,72%
2,61%
0,75%
1,87%
0,67%
1,28%
Mixte
4,75%
1,53%
1,52%
0,22%
0,32%
0,28%
1,63%
Sans fertilisation
54,55%
82,98%
90,05%
98,10%
96,30%
98,31%
84,66%
Source : Recensement national agricole de 2004-05
Si ce tableau ne donne pas d'élément sur l’évolution du mode de fertilisation ces 20 dernières années,
il indique clairement la faiblesse du taux d’utilisation de fertilisants puisque 84,66% des superficies
exploitées n’en utilisent pas du tout. La seule province qui diffère est celle d'Antananarivo. L'utilisation
d'engrais y est beaucoup plus répandue, car, sur les Hautes Terres, le morcellement très important
des surfaces cultivées oblige les paysans à intensifier. De plus, le réseau de diffusion des intrants y
est relativement bien développé et l'accès au crédit est également plus développé.
119
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Très peu de paysans utilisent l’engrais minéral et le niveau d’application reste bas. La consommation
moyenne d’engrais est de 3 kg de nutriments par hectare. D’après le recensement agricole 2004 2005, la superficie rizicole fertilisée (organique, minérale et mixte) ne représente que 15% de la
superficie rizicole totale.
Outre les problèmes liés aux importations et aux circuits de distribution, plusieurs contraintes freinent
l'augmentation de l'utilisations des intrants : la rentabilisation et la valorisation du réseau commercial,
la disponibilité et l’accessibilité des produits, la faiblesse du pouvoir d’achat et le défaut de crédit
adapté, le système de métayage…
L’utilisation de semences améliorées ou de variétés performantes est encore loin d’être systématique,
malgré les efforts consentis depuis l’élaboration d’une politique nationale semencière. La situation est
encore largement dominée par la retenue sur les récoltes. De plus la production, de semences est
encore largement dominée par les centres semenciers d'Etat, peu performants et en attente de
privatisation. Pourtant, concernant certaines cultures telles que le riz, le maïs, le coton ou la vanille, la
recherche a pu mettre de nombreux résultats à la disposition des utilisateurs. Des importations ont
aussi été réalisées, surtout par les opérateurs privés, grâce à une législation plus adaptée, pour
atteindre une meilleure performance. C’est notamment le cas des plants fruitiers tropicaux et tempérés
destinés à relancer l’arboriculture sur la Côte Est ou dans le Vakinankaratra, ainsi que des semences
potagères ou du maïs hybride.
Si l'interventionnisme de l'Etat n'a pas toujours permis d'assurer pour tous les producteurs un accès
favorable aux facteurs de production, son désengagement, parfois seulement partiel, n'a semble-t-il
pas améliorer la situation.
En conséquence, l’agriculture malgache demeure généralement une agriculture traditionnelle, peu
intensive, très peu mécanisée et utilisant peu d’intrants, avec pour conséquence une faible
augmentation de la productivité.
De nombreux facteurs expliquent cette faiblesse de l'utilisation d'intrants évoqués dans la précédente
partie. Parmi ces facteurs, plusieurs sont sans doute majeurs, notamment :
•
Le manque d'offre de crédit
Le désengagement de l'Etat en matière de crédit agricole n'a pas été comblé par l'offre
mutualiste ou privée. Ainsi, malgré une demande importante, encore largement satisfaite par
du financement informel à des taux usuraires, le taux de pénétration des services financiers
ruraux n’excédait pas les 5-6% des ménages en 2005. Ce faible accès au crédit et le coût
élevé du crédit (36%/an pour les IMF) n'incite pas aux investissements productifs.
•
La quasi- absence d'appui technique
Même si les actions de l'Etat n'ont pas toujours répondu aux besoins des producteurs, son
désengagement en matière de vulgarisation a été relayé tant bien que mal par des ONG, des
projets ou des services administratifs locaux, à faibles moyens de fonctionnement humains et
financiers. Cette situation n'incite pas non plus à l'utilisation de nouvelles techniques mal
connues.
•
L'insécurité foncière (cf. 1.3.4) qui rend difficile à la fois des investissements sur une terre
qui ne vous appartient pas et limite l'accès au crédit.
Si aujourd'hui l'Etat, en lien avec les partenaires techniques au développement, met en œuvre
un certain nombre d'actions pour répondre à ces problèmes (cf. Partie 2), il est clair que la
diminution de la taille des exploitations limite la prise de risque, rendant problématique les
améliorations de techniques et donc l'amélioration des rendements. Le risque est d'ailleurs
d'autant plus fort que Madagascar est confronté à des aléas climatiques récurrents (cyclones,
sècheresses…) pouvant réduire à néant les efforts consentis. Dans ce contexte, limiter le
risque en conservant un mode de culture traditionnel peut être tout à fait rationnel.
120
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.3.3. Irrigation : un bien difficilement maîtrisable, et inégalement réparti
L’essentiel des aménagements « faciles » a déjà été entrepris par les paysans, même ceux qui
nécessitent une ingéniosité comme l’aménagement en rizières des versants des collines et
montagnes. Mais cette situation ne concerne que les zones à forte densité. Depuis une quarantaine
d’années, l’Etat, par l’intermédiaire de ses sociétés (SOMALAC, FIFABE, SAMANGOKY, SEDEFITA,
SODEMO, SOAMA…) et de divers projets (PPI, MHL, PIRD, PSDR, PRBM, PHBM, PPRR… et
actuellement par le programme BVPI), a toujours appuyé la réhabilitation des réseaux hydroagricoles,
dont l’aménagement dépasse les capacités des paysans (au plan technique, financier et de gestion).
Ce mode d’action s’inscrit dans une tradition pluriséculaire, qui remonte aux grands aménagements
rizicoles entrepris par les grands rois Merina, notamment Andrianampoinimerina.
Actuellement, une des contraintes de la majorité des paysans concerne la maîtrise de l’eau, en
particulier pour l’irrigation, en plus de la sécurité des personnes et du foncier, ce qui montre
l’attachement des paysans à la riziculture.
Cependant, dans la majorité des cas, la gestion et l’entretien de ces infrastructures et ouvrages,
surtout pour les grands périmètres, laissent à désirer après le retrait de l’Administration (via des
sociétés et/ou des projets). Les capacités techniques, financières et organisationnelles du secteur
privé n’arrivent pas à répondre aux exigences de ces réseaux hydroagricoles. C’est le cas, en
particulier, des associations des usagers de l’eau et de leurs structures fédératives. Aussi, après une
dizaine d’années, voire moins, certains réseaux nécessitent-ils à nouveau des réhabilitations
massives, soutenues par des financements extérieurs. Soit les entretiens n’ont pas été faits
convenablement (diminution progressive de la capacité d’un canal d’irrigation ou de drainage, par
ailleurs de plus en plus soumis aux effets de l’érosion des bassins versants), soit les aléas climatiques
(cyclones, inondations) ont abîmé les infrastructures et ouvrages.
Tableau 33.
Région
Nord
Nord-Ouest
Centre-Ouest
Hauts Plateaux
Est
Lac Alaotra
Contrainte du manque de maîtrise de l’eau
% d’exploitations concernées par
la mauvaise maîtrise de l’eau
55
78
34
73
67
59
Surface correspondante
en milliers d’ha
70
197
66
231
101
73
Source : étude FAO/UPDR (1999)
En principe, conformément aux textes en vigueur, l’Etat devrait contribuer à l’entretien des réseaux
hydroagricoles non transférables et jugés stratégiques, car la gestion et l’entretien dépassent la
capacité des usagers. En outre, c’est l’Etat qui devrait supporter les coûts de réhabilitation en cas de
dégâts cycloniques. Cependant, faute de moyens, l’Etat n’arrive pas toujours à honorer ses
obligations, à l’exception de quelques interventions ponctuelles. L’Etat tente actuellement de mettre
en place un Fonds d’Entretien des Réseaux Hydro-Agricole (FERHA), de manière à pouvoir disposer
à nouveau d’un outil structuré d’intervention, permettant notamment une certaine planification des
travaux.
Actuellement, une partie des périmètres, dont les réseaux ont été réhabilités, n’est plus irriguée ou
correctement drainée. Ceci a pour conséquence la réduction de la capacité de production et
l’accroissement de la vulnérabilité des exploitations et donc des paysans.
Ce qui est clair ici c'est que le désengagement brutal de l’Etat à la fin des années 80, suite à
l’ajustement structurel, a rendu difficile le transfert de responsabilité aux usagers. En outre, le
délai imparti pour le transfert de compétence au profit des structures d’opérations paysannes
a été trop court pour permettre aux bénéficiaires, démunis de moyens, de se préparer et d’agir
en professionnels, et ce dans un domaine où c’est l’Etat qui a effectivement toujours assuré le
gros des interventions.
121
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
En plus de la faible mécanisation et de l'utilisation limitée des intrants, la mauvaise gestion de
l'eau est un frein majeur à l'amélioration de la productivité en particulier pour le riz, culture
centrale pour l'agriculture malgache.
1.4.
UN MARCHE FONCIER NON DEVELOPPE EN MILIEU RURAL
A Madagascar, l'accès à la terre est particulièrement difficile. On estime que 500 000 demandes de
terrains domaniaux sont actuellement déposées auprès des services fonciers, en plus des ménages
qui souhaitent obtenir une reconnaissance écrite de leurs droits fonciers, et que seulement 330 000
titres ont été établis depuis un siècle, et le rythme actuel de délivrance d’actes stagne autour de 1 000
titres par an. De nombreuses demandes d’acquisition demeurent sans suite et la superficie des
propriétés titrées ne dépasse pas un quinzième du territoire.
Les transactions foncières en milieu rural sont donc rarement officialisées. Les paysans se contentent
de simples accords écrits, parfois enregistrés au niveau du Fokontany ou de la Commune, mais qui
n’ont aucune valeur juridique. Cette non- officialisation concerne également les droits secondaires, car
d’une part, le métayage est interdit par les textes, et d’autre part, il n’est pas dans l’habitude des
paysans de légaliser les contrats de fermage.
Cette situation d'insécurité foncière pénalise le développement de l'agriculture. Elle limite les
investissements productifs et l'accès au crédit et ainsi accentue l'aversion des producteurs au risque.
De plus, la répartition des terres est inégale, les ménages les plus riches disposent de parcelles trois
fois plus grandes que les ménages les plus pauvres. Malheureusement les informations sont limitées
dans ce domaine et ne permettent d'appréhender correctement les phénomènes de concentration
foncière.
Malgré l'interdiction du métayage, force est de constater que, sur 20 ans, les nouvelles surfaces
cultivées (+327 864 ha) sont d'abord cultivées par les propriétaires, mais que l'on assiste à un fort
accroissement du mode de faire valoir indirect (+37% pour le métayage/fermage).
Cette progression s'explique par le développement de migrations, car un nouvel arrivant se fait
d’abord fermier ou métayer, avant de pouvoir prétendre accéder à la propriété pleine. C'est le cas
dans le Menabe par exemple, pour les Betsileo qui s’installent petit à petit chez les Sakalava, comme
en témoigne la forte augmentation du taux de métayage/fermage dans la province de Toliary.
L'autre explication est l'appauvrissement des exploitants agricoles sur des terres de plus en plus
petites et donc moins viables, qui les conduit à céder leur exploitation. Ainsi certains paysans,
endettés auprès des usuriers locaux se voient obligés de céder leurs parcelles à ces derniers
lorsqu’ils n’arrivent plus à honorer leurs dettes. Ce mode de transfert des terres s’observe surtout
dans les périmètres irrigués et autour des centres urbains où la pression foncière est très importante.
Les anciens propriétaires se font alors métayers sur les mêmes parcelles lorsque les nouveaux
propriétaires ne les exploitent pas eux-mêmes directement. Si les nouveaux propriétaires décident
d’entreprendre le mode de faire-valoir direct, alors, soit l’ancien propriétaire décide d’émigrer, soit il
devient salarié agricole dans le village même.
Tableau 34.
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
Prop
85,80%
91,50%
84,90%
84,50%
93,40%
80,00%
87,00%
Distribution des superficies selon le mode de faire valoir
1984-85
Mét/ferm Occup grat Total
7,30%
6,90% 100,00%
1,00%
7,50% 100,00%
6,60%
8,50% 100,00%
5,60%
9,90% 100,00%
2,40%
4,20% 100,00%
8,30%
11,70% 100,00%
5,00%
8,00% 100,00%
Prop
84,25%
95,04%
82,74%
83,20%
91,81%
71,62%
86,37%
2004-05
Mét/ferm Occup grat Total
7,48%
8,28% 100,00%
1,40%
3,57% 100,00%
9,56%
7,70% 100,00%
9,78%
7,01% 100,00%
5,20%
2,99% 100,00%
10,31%
18,07% 100,00%
6,70%
6,93% 100,00%
Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05
122
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 35.
Province
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
Evolution du mode de faire valoir entre 1984-85 et 2004-05
Propriétaire
Tx de
Ha
croissance
38 867
11,49%
97 933
22,17%
-12 466
-4,29%
39 720
14,76%
120 106
37,07%
-11 569
-8,51%
272 094
15,12%
Métayage/fermage
Tx de
Ha
croissance
4 542
15,13%
2 728
42,06%
10 007
29,82%
16 439
51,95%
13 128
71,47%
4 267
21,80%
51 856
37,14%
Occupation gratuite
Tx de
Ha
croissance
9 153
27,54%
-11 592
-69,90%
-3 308
-12,24%
-4 191
-18,48%
1 372
13,02%
12 729
37,10%
3 914
2,71%
Evolution
Tx de
Ha
croissance
52 563
13,09%
89 068
19,16%
-5 767
-1,64%
51 969
16,07%
134 606
38,14%
5 426
2,86%
327 864
15,74%
Source : Recensements nationaux agricoles de 1984-85 et 2004-05
L'insécurité foncière, exacerbée par une réduction de la taille des exploitations, est source
d'appauvrissement pour les paysans, qui se voient parfois contraints à céder leurs terres. C'est
également un frein aux investissements productifs et à l'accès au crédit, ce qui accentue encore plus
l'aversion des producteurs au risque.
La diminution de la taille des exploitations agricoles entraînant une viabilité de plus en plus
incertaine des exploitations, d'une part, et la pression démographique dans les zones rurales
d'autre part, conduisent les paysans à des stratégies d'adaptation variées :
•
Certains vendent leurs exploitations et deviennent métayers ;
•
D'autres développent et diversifient leur agriculture
•
D'autres encore recherchent d'autres sources de revenu et développent une
pluriactivité, avec ou non une migration.
Toutes ces stratégies répondent à un objectif unique : limiter les risques et permettre à
l'exploitation au sens large de rester viable.
Résumé
•
Entre 1984-85 et 2004-05 on observe une progression de 66,40% du nombre d’exploitations
agricoles, soit un accroissement annuel de 2,58% (un accroissement brut de 969 057 en 20
ans), légèrement supérieur au taux d'accroissement de la population agricole (3,17%).
•
L'augmentation du nombre d'exploitations montre que le secteur agricole a été en mesure
d'absorber jusqu'à présent une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du
travail.
•
En 20 ans, la superficie totale agricole a, en moyenne, augmenté de 18,68% (soit 0,86% par
an). Cette progression montre que l'augmentation de la production agricole est en grande
partie due à une extensification des surfaces cultivées, d'autant que les rendements ont peu
progressé.
•
On assiste depuis 20 ans à une réduction généralisée de la taille des exploitations agricoles
qui passe, en moyenne, au niveau national de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86
ha/exploitation en 2004-2005, soit diminution 28,68% en 20 ans (-1,27% par an).
•
Face à la croissance démographique, qui est plus forte dans les campagnes, l'absorption des
cohortes annuelles devient de plus en plus difficile, particulièrement dans les provinces
densément peuplées (Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de
Fianarantsoa…). Cette tendance se traduit par des phénomènes croissants de saturation
foncière.
123
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
•
La réduction de la taille des exploitations exacerbe l'aversion au risque des paysans et ce
d'autant plus que le risque est grand, du fait des aléas climatiques notamment.
•
D'ailleurs, le désengagement de l'Etat en matière d'infrastructures hydroagricoles a engendré
une mauvaise gestion de l'eau, autre frein majeur à l'amélioration de la productivité.
•
En conséquence les paysans investissent peu dans l'amélioration de la production et utilisent
peu d'intrants ou de matériels agricoles. En dehors des difficultés d'accès aux intrants ou à la
mécanisation, le manque d'accès au crédit et l'absence quasi-totale de service agricole
n'incitent pas non plus à investir.
•
Cette aversion au risque est accentuée par une insécurité foncière généralisée. L’absence de
titres pénalise l’accès des paysans au crédit et donc à l’investissement.
•
Dans ce contexte, limiter le risque en conservant un mode de culture traditionnel peut être tout
à fait rationnel.
1.5.
DIVERSIFICATION ET PLURIACTIVITE : DES STRATEGIES D'ADAPTATION PAYSANNE
Pour conserver une certaine viabilité des exploitations mise à mal par la réduction de la taille de
celles-ci, et étant donné les faibles investissements en intrants et mécanisation, les paysans ont
adopté des stratégies d'adaptation notamment :
- La diversification de leur production agricole
- Le développement d'une pluriactivité
1.5.1. La diversification des productions
La diversification des productions permet aux paysans "d'étaler" le risque sur plusieurs produits. Ainsi,
si la récolte de riz n'est pas bonne, il peut se rattraper sur la récolte de maïs par exemple.
A Madagascar, rares sont les exploitations spécialisées sur un seul type de culture. Presque la totalité
des exploitations pratique plus de 3 spéculations, mais le riz reste toujours la base (87% des
exploitations, et 60% des surfaces cultivées).
Tableau 36.
Pourcentage de ménages agricoles par culture pratiquée
Paddy
Maïs
Autres céréales
Manioc
Pomme de terre
Patate douce
Autres tubercules
Arachides
Haricots
Autres légumineuses
Légumes
Fruits
Cultures de rente
Indice de diversification
% de ménages
pratiquant la culture
87
29
1
54
8
16
2
7
16
5
8
10
21
2,6
Source : "Agriculture, pauvreté rurale et politiques économiques à Madagascar, d'après l'EPM
2001, INSTAT-DSM
La diversification de la production agricole se présente sous deux formes :
- augmentation du nombre de spéculations
- mise en œuvre de plusieurs campagnes agricoles.
124
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Pendant la saison des pluies, les paysans exploitent d’autres cultures vivrières (manioc, maïs, patate
douce, pomme de terre…), et ce en plus du riz. A cela s’ajoute la cueillette des produits d’exportation
(café, vanille, girofle) et le coton.
Sur les Hautes Terres (Vakinakaratra, Itasy, Amoron’i Mania, Haute Matsiatra et Alaotra Mangoro),
une partie des rizières est utilisée en contre saison pour d’autres cultures (pomme de terre, haricot,
carotte, tomate, haricot…).
Autour des grandes villes, on assiste au développement des cultures maraîchères, sur les basses
terrasses en saison de pluie et en rizière en saison sèche.²
Il semble que la diversification des productions est un phénomène qui s'accentue, en particulier sur
les Hautes Terres pour les cultures de contre saisons. La mise en œuvre d'un Pôle Intégré de
Croissance (PIC) orienté vers le développement de l'agriculture et de l'agro-industrie devrait renforcer
cette tendance.
Malheureusement, il n'existe que très peu d'informations permettant de connaître l'évolution de ces
adaptations. Ce sera un des points fondamentaux à aborder lors de la seconde phase de l'étude.
1.5.2. La pluriactivité
Parallèlement à la diversification de la production agricole, on assiste au développement de la
pluriactivité en milieu rural, en particulier dans les zones à forte densité où les exploitations agricoles
sont de moins en moins viables et rentables. La pluriactivité permet également de limiter les risques
en diversifiant les sources de revenus. En plus du salariat agricole, thème traité par la suite, les
paysans s’adonnent à d’autres activités comme le montre le tableau qui suit.
Cette pluriactivité peut s'effectuer dans la zone de résidence ou bien conduire à migrer. Ainsi,
nombreux sont les paysans des Hautes Terres centrales (Vakinankaratra, Itasy, Analamanga, Haute
Matsiatra et Amoron’i Mania), qui émigrent temporairement vers des carrières de mines de pierres
précieuses (Ilakaka, Sakaraha) ou d’or (Maevatanana) pendant la saison sèche. Du fait de l’existence
de situation de saturation foncière, il semble que les phénomènes migratoires tendent à se
développer.
De même, la population du Sud Est, confrontée à une certaine saturation foncière, émigre dans toute
l’île, soit à la recherche de nouvelles terres agricoles (surtout pour la riziculture ou pour des cultures
de défriche-brûlis), soit pour travailler dans le secteur informel (comme tireurs de pousse par
exemple). Malheureusement ces phénomènes sont également assez peu connus.
Tableau 37.
Activités
Agriculture
Elevage
Sylviculture
Pêche
Commerce
Industrie
Artisanat
Agent de
l'Etat
Transport
Profession
libérale
Autre
Aucun
Répartition des activités des chefs de ménages ruraux (2005)
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Majunga
Toliary
Antsiranana
Ensemble
Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité Activité
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
n° 1
n° 2
89,9%
8,0% 94,2%
4,9% 91,7%
5,6% 95,0%
3,1% 92,5%
4,7% 91,2%
6,4% 92,3%
5,6%
0,9% 36,8%
0,3% 33,0%
0,5% 26,0%
0,6% 44,5%
0,9% 27,7%
0,7% 45,7%
0,7% 34,5%
0,4%
0,6%
0,1%
0,5%
0,4%
1,6%
0,1%
0,6%
0,0%
0,4%
0,1%
0,7%
0,2%
0,7%
0,2%
0,4%
0,5%
1,4%
2,4%
2,8%
1,3%
2,6%
2,7%
1,8%
2,6%
1,2%
1,3%
1,6%
1,8%
5,2%
0,8%
3,3%
0,9%
4,8%
0,5%
5,2%
0,9%
4,2%
1,0%
6,5%
1,1%
4,6%
0,5%
0,2%
0,0%
0,1%
0,6%
0,2%
0,2%
0,1%
0,2%
0,1%
1,5%
0,2%
0,4%
0,1%
2,0%
6,4%
1,2%
7,9%
0,9%
6,4%
0,4%
6,3%
0,7%
4,8%
0,9%
3,9%
1,1%
6,3%
1,5%
0,6%
0,8%
0,5%
2,0%
0,1%
1,3%
0,1%
1,8%
0,2%
0,8%
0,1%
1,3%
0,1%
1,3%
0,2%
1,4%
0,1%
1,2%
0,1%
1,5%
0,1%
1,5%
0,3%
1,6%
0,2%
1,1%
0,2%
1,3%
0,8%
0,0%
1,8%
1,3%
37,9%
0,2%
0,5%
0,0%
0,8%
1,6%
45,2%
0,3%
0,4%
0,0%
0,6%
1,2%
49,9%
0,2%
0,2%
0,0%
1,6%
0,8%
33,6%
0,2%
0,4%
0,0%
0,5%
1,7%
52,6%
0,2%
0,4%
0,0%
1,3%
1,4%
31,0%
0,5%
0,5%
0,0%
1,1%
1,4%
42,7%
Source : Recensement agricole 2004-05
125
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
De multiples activités se développent actuellement, comme :
•
l’artisanat (tant pour l’utilisation domestique que pour la vente),
•
la production de briques (Hautes Terres),
•
la fabrication de charbon de bois,
•
le transport (par charrette, par motoculteur et par bicyclette),
•
divers "petits boulots" (réparation de bicyclette, intermédiaire pour la collecte de produits
maraîchers, maçons, charpentiers…).
En 2005, 42,7% des chefs de ménages ruraux n’ont aucune activité secondaire. Parmi ceux qui ont
plusieurs activités, 34,5% font de l’élevage, 6,3% de l’artisanat et 4,6% du le commerce.
D'après les Observatoires ruraux, la pluriactivité a progressé sensiblement depuis 2001. Puisque sur
l'ensemble des observatoires, le pourcentage de ménages ayant au moins une activité secondaire est
passé de 79,5% en 2001 à 87,1% en 2005.
Le salariat agricole, qui, dans la plupart des cas est une activité ponctuelle et saisonnière, n’est pas
spécifié par le recensement agricole 2004-2005. Or, il s'agit probablement de la principale activité
secondaire pour de nombreux producteurs agricoles aujourd'hui.
1.6. SALARIAT AGRICOLE : ACTIVITE LOCALISEE QUOIQUE CAPITALE POUR CERTAINES
CULTURES
Le salariat est peu développé dans le secteur agricole qui s’appuie surtout sur la main-d’œuvre
familiale ou l'entraide entre paysans.
Ainsi d’après les Enquêtes auprès des Ménages (EPM), entre 15% et 25% des parcelles seulement
ont été mises en valeur grâce à l’apport d’une main-d’œuvre salariée. De plus, ce sont surtout les
ménages les plus riches qui peuvent faire appel à cette main d’œuvre pour travailler leurs terres. Les
ménages ruraux pauvres, disposant de moins de terre et de moins de ressources financières,
comptent plus sur la main-d’œuvre familiale et l’entraide.
Toutefois, il s'agit d'une source de revenu non négligeable pour les ménages ruraux, surtout pour les
groupes les plus pauvres. Le salariat fournit presque 90% des revenus extra- agricoles aux ménages
ruraux, et 35% des ménages ruraux ont au moins un membre qui travaille en tant que salarié. Une
estimation dans le cadre du Recensement des Communes de 2001 (par le Programme Ilo), chiffre à
82
17% la part de la population qui dépend principalement du salariat agricole pour son revenu . Lors de
la crise du riz en 2004, de nombreux paysans disposant de terres limitées ont vendu leur force de
travail pour pouvoir acheter du riz devenu très cher.
C’est la culture de riz qui nécessite le plus de main-d’œuvre salariée. A Madagascar, les salariés
agricoles sont souvent des travailleurs saisonniers. En témoigne l’importante immigration de salariés
saisonniers dans les grandes zones rizicoles du Lac Alaotra. Il y a actuellement des saisonniers qui
viennent y travailler, en provenance de régions éloignées comme Ambatolampy ou le pays Betsileo,
terre traditionnelle d’émigration saisonnière. Cette situation perdure dans la région du Lac Alaotra,
dans la mesure où les salariés locaux n’entrent pas en concurrence avec les saisonniers pour le type
de travail effectué. Sarclage et battage sont réservés aux locaux, repiquage et récolte aux saisonniers,
au moment des pics de demande de main d’œuvre. Notons également les migrations des Hautes
Terres vers la zone de production de litchis lors de la récolte en fin d'année.
82
Le détail figure en annexe
126
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les perspectives de salariat des ruraux dans les secteurs agro-alimentaires sont restreintes, vu la
faiblesse de leur approvisionnement en matières premières agricoles locales. De plus, d’après l’EPM
2005, l’industrie alimentaire ne fournit que 0,2% des emplois.
Le développement du salariat reflète plusieurs adaptations au sein des exploitations :
•
Développement d'une stratégie de pluriactivité, parallèlement à la production de l'exploitation
•
Départ d'un membre de l'exploitation soit de façon saisonnière, soit de façon plus structurelle
•
Situation de paysans sans terre qui vendent leur force de travail.
Résumé
•
Pour s'adapter, dans un contexte de pression démographique, à la diminution de la taille des
exploitations agricoles, entraînant une viabilité de plus en plus incertaine des exploitations, les
paysans ont développé de nombreuses stratégies d'adaptation variées.
•
Ces stratégies ont en général en commun de viser à limiter les risques et de permettre à
l'exploitation, au sens large, de rester viable et suggèrent donc une situation de pauvreté
rurale aiguë.
•
Dans certains cas, les paysans sont obligés de vendre leurs exploitations et deviennent
métayers ou salariés agricoles.
•
On assiste aussi à une diversification accrue des productions.
•
Enfin, d'autres adoptent une stratégie de pluriactivité pour diversifier les revenus et cela avec
ou sans migration
•
Dans ce dernier cas, le salariat agricole, qui se développe, est devenu une source de revenu
très importante, qui témoigne le plus souvent à la base d'un appauvrissement de l'exploitation.
127
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2. LE PROCESSUS DE DIFFERENCIATION
Le processus de différenciation est entendu ici dans le sens de l’apparition de clivages socioéconomiques entre types d’exploitants ou entre régions ou entre catégories de ménages qui
découlent de la transformation du milieu rural décrite précédemment à l’aide de quelques indicateurs.
Les effets de la libéralisation et des politiques publiques ont été amplifiés par l’exposition aux aléas
naturels, la dotation inégale en environnement économique et institutionnel, la pénétration difficile des
innovations techniques ou l’adaptation limitée aux conditions de marché. Ces facteurs de
différenciation socio-économique sont explicités par la suite et leurs conséquences structurelles sur la
situation des exploitations et des ménages analysées.
2.1.
LES FACTEURS EXPLICATIFS
2.1.1. L’évolution du milieu naturel
Un pays soumis à de nombreux cataclysmes naturels
Les stratégies de survie des exploitants sont d’autant plus prégnantes au sein des structures de
production que les risques sont élevés à Madagascar. Madagascar est touché périodiquement par
différents types de cataclysmes naturels (les dépressions et cyclones, les inondations, la sécheresse
et les invasions des criquets). Outre d’avoir pour effet de dégrader l’environnement, ces cataclysmes
se traduisent par une forte aversion pour le risque de la part des exploitants et par une forte insécurité
alimentaire de la population, quand l’évènement climatique est important.
En 2004, deux cyclones sont survenus à un mois d’intervalle, causant des dégâts importants. Il
s’agissait des cyclones Elita (fin janvier – début février) et Gafilo (début mars). Ce dernier était l’un
des plus violents depuis 50 ans, avec 774 000 personnes touchées et plus de 300 000 ha de terres
agricoles détruites et/ou endommagées. Par contre, en d’autres endroits du pays (une partie du Lac
Alaotra et l’extrême Sud), les précipitations abondantes de février 2004 ont été bénéfiques pour la
riziculture irriguée.
Ces évènements climatiques ont des impacts au niveau macro-économique comme sur la balance
commerciale. Ainsi, trois cyclones successifs, en l'an 2000, engendrèrent une chute drastique du
volume de la production agricole destinée à l'exportation. La moitié des plantations de vanille a été
détruite, et il a fallu trois années pour rattraper le niveau de la production précédente 83.
Des inondations surviennent aussi périodiquement dans le pays, souvent liées d’ailleurs aux épisodes
cycloniques, même si ceux-ci ne touchent pas directement l’Ile. Durant le premier trimestre de l'année
2001, des inondations ont endommagé de nombreuses routes principales et d’importantes surfaces
de rizières.
La sécheresse est aussi une menace, surtout pour les quinze pour cent des malgaches qui vivent
dans les endroits les plus directement concernés, à savoir essentiellement l’extrême sud sud-ouest de
l’Ile 84.
Les criquets font aussi partie des fléaux périodiques, surtout dans le Sud également. L'intensité des
dégâts est variable. La crise la plus récente induite par une invasion de criquets est apparue en 1998
et a été maîtrisée grâce aux interventions du Gouvernement et de plusieurs bailleurs de fonds.
Le pays fait régulièrement face à des crises liées à ces aléas climatiques ou catastrophes naturelles.
Ces dernières peuvent être collectives ou familiales. Les crises collectives touchent une région ou une
collectivité, la gestion est alors assurée par l’Etat, notamment grâce à deux institutions : le Conseil
83
84
Sources Individuelles, cofacerating.com, Investment risk ratings, 2001
USAID, Bergeron, G., Deuxième version, p. 56, 2001
128
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
National de Secours (CNS) et le Conseil National de Coordination des travaux de réhabilitation des
dégâts cycloniques (CNC). L’appui du PAM et d’autres organismes d’aide (notamment le FID 85, projet
financé par la Banque Mondiale ; et le CRS 86, financé par l’USAID) permet une gestion de crise assez
satisfaisante, avec toutefois des délais de réponse souvent longs.
Les réponses aux crises familiales ou individuelles sont essentiellement privées. Dans un contexte
d’affaiblissement des solidarités communautaires, les stratégies de gestion de crise reposent alors sur
l’usage de l’emprunt ou la vente de biens, quand c’est possible, le recours au salariat, la restriction
(alimentaire principalement) et la migration en désespoir de cause. Trop souvent, ces crises
aboutissent à une certaine forme d’exclusion.
Ainsi l’exposition aux aléas naturels concerne certaines régions plus que d’autres (Sud, zones
côtières…) et les stratégies pour y faire face au niveau individuel ne sont pas toutes
mobilisables de la même façon pour tous les types d’exploitations ou de ménages
(décapitalisation, accès au crédit…).
Des ressources naturelles riches mais soumises à de fortes pressions
L’accroissement des productions s’est faite sur la base d’une extension des surfaces qui est devenue
incompatible avec la gestion de la fertilité.
Madagascar est un pays au relief majoritairement accidenté, dont les plaines et bas-fonds rizicoles
sont dominés par des bassins versants à fortes pentes. Cette disposition, combinée avec l’abondance
des pluies et la dégradation du couvert végétal (prélèvement ou culture sur les collines), amènent à
une rapide dégradation des sols en amont. Ceci est trop souvent cause de dégâts et d’ensablements
des infrastructures et des parcelles irrigués en aval. Ainsi, les périmètres irrigués et les bassins
versants dominants sont forcément liés par le même destin de développement.
Tableau 38.
Evolution de la superficie défrichée (en hectare)
Année Antananarivo Antsiranana Fianarantsoa Mahajanga Toamasina
1990
407
6 180
5 466
765
613
1991
565
2 351
80
739
1992
262
5 174
6 013
12 316
480
1993
36
16 782
3 732
796
2 691
1994
15 555
1 971
2 525
20 895
1995
438
10 165
330
860
28 126
1996
459
10 964
592
3 422
8 890
1997
35
8 907
22
1 064
11 860
1998
469
10 946
113
3 720
12 836
1999
768
8 616
3 510
3 156
14 110
2000
300
8 681
9 053
707
8 767
2001
837
585
64
271
5
2002
949
6 051
218
779
706
Toliary
236
63
42
273
2 134
163
232
135
4 421
3 131
956
4
739
Total
13 667
3 798
24 287
24 310
43 080
40 082
24 559
22 023
32 505
33 291
28 464
1 766
9 442
Source : DGEF - 2003
En zone forestière, la persistance des systèmes de culture traditionnels, alternant cultures sur brûlis
(tavy) et jachères naturelles, entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des ressources
naturelles, une chute de la fertilité des sols et une extension des surfaces dégradées ou en voie de
désertification, sans que des alternatives soient à la portée des producteurs.
On estime que chaque année 200 000 ha à 300.000 ha de forêts disparaissent par extension des
activités agricoles (pratique de la défriche brûlis) et par extraction du bois de chauffage 87. Il ne
resterait que 16% de la surface nationale totale en forêt naturelle. Même si ce rythme de déforestation
est contesté par certains chercheurs, ces pratiques, liées aux poussées démographique et urbaine,
entraînent une déforestation préoccupante et vraisemblablement irréversible.
Fonds d’Intervention pour le Développement
Catholic Relief Service
87 Bois de chauffe : 2 239 863 m3 en 1962, 9 919 766 m3 en 2001, charbon de bois : 45 760 tonnes métriques en 1980, 676 337 en 2001.
85
86
129
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
De manière générale, la croissance démographique des populations urbaine et rurale entraîne une
forte montée des densités (totale et rurale), remettant en cause les modes traditionnels de gestion des
ressources naturelles (humus, parcours, flore, faune, etc.) fondés sur des prélèvements même limités
et la reconstitution naturelle. Avec l’intensification des prélèvements, ces modes de gestion
deviennent incompatibles avec les rythmes des cycles naturels et ces ressources se reconstituent de
plus en plus mal.
Plusieurs modes de lutte contre cette dégradation à plusieurs facettes de l’environnement sont mises
en œuvre à Madagascar: la protection des bassins versants par la diffusion de techniques de cultures
anti-érosives, l’appui à l’amélioration de la gestion des ressources naturelles forestières par les
populations locales et le développement des aires protégées.
Aujourd'hui, 17 672 km² sont classés en aires protégées. Pour marquer sa volonté de renforcer la
conservation de la biodiversité, l’Etat central s’est engagé dans le cadre des accords de Durban à
tripler cette superficie dans les 5 années à venir. Ainsi, les deux tiers des forêts naturelles restantes
du pays seront mis sous protection formelle, et l'ensemble des surfaces classées représenterait
11,5 % du territoire national. Cependant, cette décision réduira considérablement les zones de
colonisation agraire. Cela risque d’entraîner une augmentation de la pression foncière sur les sols
déjà mis en valeur et une obsolescence plus rapide des systèmes de production traditionnels.
La dotation différenciée en ressources naturelles et les effets de la pression anthropique dont
ces ressources font l’objet, fragilisent certaines populations selon leur localisation et la
spécificité de leurs activités (agriculture pluviale, rizières à mauvaise maîtrise d’eau, exclusion
de populations des aires protégées, ménages du Sud…).
2.1.2. L’évolution de l’environnement économique et institutionnel
Une baisse des prix relatifs du riz
L’évolution du prix du paddy aux producteurs, entre 1980 et 1999, montre une certaine stabilité en
francs constants. Les producteurs de paddy n’ont donc pas bénéficié, en termes réels, de la
libéralisation, qui avait pourtant fait le pari d’une incitation à la production par le prix du paddy (Cf.
graphique 2).
Graphique 36. Evolution des prix de riz
Prix du riz sur le marché
(Prix nominaux et prix constants 1970)
Prix réels du riz aux consom m ateurs et aux producteurs
(indice base 100=1970)
100
600
80
500
Ar/kg
400
60
300
40
200
20
PR RIZ (marché), base 100=1970
PR RIZ (marché), base 100=1970
19
98
20
00
19
96
19
92
19
94
19
88
19
90
19
86
19
82
19
84
AJUSTEM ENT STRUCTUREL ET LIBERALISATION
19
80
19
78
19
76
PERIODE SOCIALISTE
19
72
19
74
19
70
20
00
19
98
19
96
19
92
19
94
19
90
19
88
19
86
19
84
19
82
19
80
19
78
19
76
19
74
19
70
19
72
19
66
19
68
19
64
PN RIZ (marché)
1ERE REPUBLIQUE
19
64
19
66
0
0
19
68
100
PR Paddy (100=1970)
Source : Adapté des données de l’INSTAT par les auteurs
L’évolution et le niveau des prix relatifs montrent la détérioration du pouvoir d’échange des paysans
malgaches, majoritairement producteurs de riz.
Les paysans doivent céder une quantité sans cesse plus importante de paddy pour se procurer les
denrées manufacturées, tels l’huile, les boîtes de lait concentré ou le sucre. Il faut en outre vendre
10kg de paddy pour avoir 1kg de viande de bœuf en 2006 alors que le ratio était de 8kg de paddy
pour 1kg de viande cinq ans auparavant.
130
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Pour d’autres produits alimentaires agricoles tels que le haricot blanc sec, le pouvoir d'achat des
producteurs de riz s'est également détérioré : ce produit coûtait deux fois plus que le paddy en 1998 et
plus de trois fois plus en 2006.
Tableau 39.
Produit
Manioc sec
Haricot blanc sec
Huile alimentaire
Gros sel
Lait concentré
Pain
Savon Nosy 120g
Sucre roux
Viande de bœuf
Pile SIPED
Prix relatifs des produits par rapport au paddy - Antananarivo
Unité
Kg
Kg
Litre
Kg
Boîte
Unité
Unité
Kg
Kg
Unité
Prix 2006
Prix 2001
1,0
3,5
6,3
1,0
5,0
0,8
0,8
4,9
10,0
1,8
0,8
2,8
5,2
0,8
4,1
0,5
0,8
3,5
8,2
PRIX 1998
0,5
2,0
6,5
0,6
0,9
3,3
1,4
Sources : Calculs propres à partir des données recueillies par l'équipe Ruralstruc pour Antananarivo
rural pour septembre 2006 (à titre indicatif) ; des données de l’Enquête sur les marchés ruraux 2001
(Antananarivo) – INSTAT ; des données de l’Observatoire Rural d’Antsirabe pour 1998 (ROR).
Il faut toutefois signaler les effets de la hausse récente des prix du riz sur le marché international, qui
a eu pour effet en 2004 et 2005 une amélioration du prix réel du paddy pour les paysans, induisant
ainsi un certain transfert de richesse des zones urbaines vers les campagnes. Cette hausse du prix du
riz a incité les paysans à étendre la superficie cultivée en riz, parfois au détriment de certaines
cultures (café dans le Sud-Est, canne à sucre dans le Nord-Ouest). Dans certaines régions, une
intensification est observée, à l’instar de l’Alaotra Mangoro, premier grenier à riz de Madagascar, où
l’on constate un accroissement de l’utilisation de matériels agricoles (plus d’un millier de motoculteurs
en 3 ans, pulvérisateur, sarcleuse…) et de l’engrais minéral (urée, NPK, DAP).
La situation structurelle de dégradation du pouvoir d’achat en milieu rural peut être bien pire pour les
régions les plus éloignées. En effet les prix aux producteurs baissent avec l’éloignement, tandis que
les prix des produits de consommation (manufacturés ou non) augmentent. Ces derniers viennent en
effet des villes et les coûts de transport grèvent les prix à mesure qu’on s’éloigne de ces centres
urbains. Et cet effet est cumulatif, lorsqu’il s’agit par exemple pour les ménages les plus pauvres
d’acheter très cher du riz en période de soudure, alors qu’ils l’ont eux-mêmes vendu à bas prix en
période de récolte ; le facteur transport comptant alors double pour ces ménages.
Le pouvoir d’achat des producteurs de riz s’est structurellement dégradé sur les dernières
décennies du fait de la stagnation du prix de vente réel du paddy et de l’augmentation des prix
relatifs des produits de consommation achetés. Cette dégradation a moins concerné les
agriculteurs les plus diversifiés qui ont bénéficié de l’amélioration des prix relatifs des autres
spéculations. Cette situation a favorisé les populations urbaines (acheteuses de riz) au
détriment des populations rurales (vendeuses de riz). La crise récente sur le marché du riz a
atténué cette différence, mais elle a bénéficié à certains riziculteurs, excédentaires et capables
de différer la commercialisation de leurs produits, plutôt qu’à d’autres déficitaires nets en riz.
Intégration aux marchés et gouvernance dans les filières
La multiplicité des types de réseaux d’approvisionnement et de commercialisation a caractérisé la
libéralisation des filières agricoles. Ceux-ci vont des circuits simples et directs (comme dans le cas
des produits maraîchers) aux circuits complexes et longs (comme pour le riz).
La production agricole est en majorité assurée par les petits producteurs ruraux (sauf dans le cas de
certaines cultures industrielles, tel le sucre, où des sociétés disposent de leur propre concession). Les
grandes fermes, qui approvisionnaient certaines unités industrielles (filières coton, sucre, tabac), ont
131
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
quasiment disparu. Ces producteurs travaillent généralement indépendamment des autres agents des
filières. On observe cependant aussi des transactions avec accords préalables (formels ou informels),
modalités et délais de paiement définis ou non. Dans ce dernier cas, les producteurs peuvent être
regroupés au sein d’associations de producteurs, ce qui est encore toutefois relativement rare.
L’agriculture contractuelle est aussi en cours de développement, avec la tendance actuelle à
l’intégration des producteurs des pays pauvres dans les chaînes mondiales d’approvisionnement en
produits agricoles, à travers la demande des supermarchés des pays développés. Cette démarche est
illustrée par le cas de la société Lecofruit S.A., société exportatrice de fruits et légumes frais et en
conserves, qui, comme décrit plus haut, travaille dans le cadre de l’agriculture contractuelle avec plus
de 10.000 paysans malgaches qui l’approvisionnent en légumes, et a des contrats avec les
supermarchés et autres acheteurs européens de légumes.
Cette évolution des réseaux d’approvisionnement a conduit dans certains cas à la réduction du
nombre des agents intermédiaires de commercialisation, voire à leur disparition, dans certaines
filières. La filière litchi locale prévoit de lancer des initiatives dans ce sens et une société promotrice, la
société Faly Export, va jouer le rôle d’unique intermédiaire entre les producteurs et les détaillants
nationaux, dans le but entre autres de faire profiter de prix plus équitables les producteurs. Dans
d'autres cas, il existe un monopôle ou quasi monopôle d'Etat (sucre) ou privé (coton).
Les intervenants de la commercialisation exercent en grande partie dans le secteur informel, sauf
généralement dans les filières d’exportation et industrielles. Certaines filières enregistrent des
tentatives de structuration et d’organisation (vanille, litchi, légumes, etc.).
Pour certains produits, les supermarchés sont approvisionnés par des groupements de producteurs.
Toutefois ces expériences se sont dans la plupart des cas soldées par un échec. Parmi les
explications fournies, il y a le fait que les groupements ne sont pas arrivés à contrôler ni la qualité, ni
même la quantité des produits fournis par leurs membres. Ceci a conduit à la livraison de produits ne
répondant pas aux attentes des supermarchés, et à terme à la cessation de la collaboration avec eux.
Les supermarchés se sont alors tournés directement vers les producteurs et les agents intermédiaires,
mais l’approvisionnement avec ces derniers est aussi aléatoire, car ils ne contrôlent ni la qualité ni la
quantité des produits vendus par les producteurs auprès desquels ils achètent.
Les supermarchés implantés à Madagascar ne jouent pas encore un rôle prépondérant dans
l’approvisionnement des consommateurs en produits agricoles, et ne sont encore généralement
accessibles que pour les groupes les plus aisés de la population. Les consommateurs achètent les
produits agricoles frais sur les marchés locaux (à ciel ouvert). Cette situation perdure depuis
l’institution de ces marchés à Madagascar.
L’accès aux différents types de réseaux économiques est un élément important de
différenciation des exploitants. L’intégration à des filières formelles et structurées, comme les
filières d’exportation ou celles qui approvisionnent les grandes surfaces locales, est plus
sécurisante pour les producteurs agricoles, d’autant plus que les relations commerciales sont
contractualisées. Cela vaut mieux que d’être en éventuelle confrontation, sans relation de
confiance, avec des intermédiaires en pseudo- situation de concurrence auprès desquels ils
négocient mal les prix.
Cependant, quand le pouvoir de marché est détenu par des unités en situation de monopole
pour des produits sans alternative de ventes importantes sur le marché national (coton, sucre,
tabac…), les paysans non organisés en associations efficaces peuvent perdre de leur
autonomie. On note également un clivage entre consommateurs ayant un pouvoir d’achat
suffisant pour s’approvisionner en grandes surfaces et consommateurs accédant seulement
aux marchés locaux, aux exigences sanitaires beaucoup plus faibles.
Diffusion de l’innovation technique et conseil aux exploitants
L’adoption de certaines innovations diffusées depuis plusieurs années aux paysans malgaches est
globalement décevante. Les hypothèses explicatives portent sur plusieurs aspects. La diffusion, dont
l’intensité ne fait que diminuer avec le désengagement progressif de l’Etat dans son rôle d’appui
technique à la production, est désormais prise en charge surtout par les ONG. Mais ces organismes
132
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
manquent souvent d’efficacité et de message clair vis-à-vis des agriculteurs, en l’absence de
coordination à un niveau supérieur (stratégie globale de développement rural) 88, d’une couverture
géographique plus étendue (plusieurs zones ne bénéficient pas de leur appui contrairement au
système antérieur des techniciens de l’Etat) et de souci de pérennisation de leurs actions. Concernant
le contenu des innovations, l’exigence en investissement (financier ou en temps de travail) nécessaire
à la pratique de ces techniques, si minime soit-elle, représente un réel frein à leur adoption. En
matière de capacité des agriculteurs à s’approprier ces systèmes améliorés, le bas niveau scolaire du
monde rural et le poids des pratiques traditionnelles dans la culture malgache limitent aussi en partie
l’adoption des méthodes nouvelles (Dabat et al., 2005) 89.
L’analyse du processus d’appui–conseil agricole reflète l’insuffisance de coordination et de synergie
entre les fonctions régaliennes des Directions Régionales du Développement Rural, la Recherche
Développement et les organisations paysannes à la base, en vue de répondre à la demande des
paysans. Le rôle et les fonctions de cette synergie seraient de (i) fournir un cadre d’appui spécifique et
coordonné aux intervenants/appuis; (ii) constituer un centre de référence, tant au niveau de
l’information que du renforcement des capacités humaines/techniques; (iii) capitaliser les acquis
adaptés aux conditions locales; (iv) maintenir un point d’injection d’options techniques potentielles; et
(v) assurer un suivi–évaluation participatif.
La « privatisation » des services agricoles a généré l’apparition de nombreuses ONG « captatrices »
d’opportunités de prestations 90 de services agricoles au monde rural. Parallèlement, des projets
d’appui au développement rural, financés par les bailleurs et mis en œuvre par des ONG
internationales et/ou locales (généralement dans un cadre « projet »), déploient, dans un cadre
contractuel, des réseaux d’appui- conseil intensifs et souvent de qualité, qui ciblent des zones
géographiques restreintes sur des périodes limitées, correspondant à la durée de vie des projets
d’appui.
La situation du personnel du MAEP, et plus généralement celle des ressources humaines des
organismes, publics ou privés, œuvrant dans le développement rural s’est progressivement dégradée
depuis une quinzaine d’années. Une profonde réforme s’est donc engagée pour remédier aux
contraintes et nouvelles fonctions régaliennes de l’Etat liées au désengagement de celui-ci dans les
activités de production. Elle a été préparée avec l’appui de l’UE qui finance aujourd’hui sa mise en
œuvre, au travers de la mise en place d’un réseau de Centres de Service Agricole, au statut privé,
recevant des financements publics, et ainsi soumis à une certaine obligation de résultats.
La réforme institutionnelle du MAEP réoriente le rôle du secteur public sur les fonctions
« régaliennes » et cible la responsabilisation des partenaires du développement rural et agricole pour
la mise en œuvre des actions de terrain. Y est inclus l’appropriation du développement agricole par les
organisations paysannes (OP/OPA).
L’adoption des innovations techniques par les agriculteurs est d’autant plus importante que
ces derniers se situent dans une zone où les efforts de diffusion et d’éducation des
populations sont importants (par exemple le Vakinankaratra, et une partie de l’Itasy et du
Bongolava pour la région d’Antananarivo) et où l’accès aux services de base est facilité :
disponibilité des engrais et des variétés améliorées, accès au crédit et aux infrastructures de
marché. Les agriculteurs des zones enclavées sont précarisés par le double effet d’un faible
prix de vente des produits agricoles et d’un accès difficile aux services de base (conseil,
intrants, crédit, marchés).
2.1.3. L’adaptation aux exigences des marchés
L’accroissement des exigences de qualité sanitaire sur les marchés agricoles d’exportation constitue
une contrainte supplémentaire qui complique l’accès à ces marchés, en particulier l’accès aux
marchés d’exportation.
A titre d’exemple, certaines diffusent des pratiques sans labour alors que d’autres facilitent l’accès aux charrues pour le labour attelé.
Diffusion, adoption et accompagnement des innovations techniques en riziculture dans la province d’Antananarivo, Dabat M.-H., Razafimandimby S .,
Wildberger K., Fiche Résultats SES SCRiD n°8, Février 2005.
90 Notamment pour les « opérateurs stratégiques » du PSDR.
88
89
133
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Rares sont les produits qui respectent les normes, à l’exception des quelques filières intégrées. La
qualité se monnaie difficilement sur les marchés locaux, et les opérateurs/collecteurs profitent de cette
situation pour acheter à moindre coût les produits agricoles. En plus, la maîtrise des normes exige le
respect de certaines règles demandant un important investissement pour les producteurs. Le tri pour
la qualité à l’exportation se fait plutôt au niveau des conditionneurs/collecteurs qui en tirent ainsi la
plus value.
Il est à mentionner qu’actuellement il y a peu d’appui pour développer la maîtrise de la qualité au
niveau des paysans, alors qu’au temps de la première république (1960-1975), un effort important a
été déployé pour promouvoir les produits de qualité respectant les normes, et la qualité a été très
recherchée par les opérateurs d’exportation. Cet effort a été fait dans le cadre de l’appui technique du
service administratif chargé du conditionnement.
La pratique de la traçabilité, à priori facile à mettre en œuvre, est actuellement rarement utilisée. Il
semblerait que le marché local n’en a pas encore besoin, sauf pour des produits particuliers (tomate
d’Itasy, pomme de terre du Vakinankaratra, haricot du Nord-Ouest, pois du cap du Sud-Ouest…). En
revanche, elle devient de plus en plus demandée à l’export, à l’instar de la vanille du Nord-Est et du
café biologique du Sud-Est.
Le respect des normes et de la traçabilité devrait aboutir à la réorganisation des filières. Une
contractualisation entre les producteurs et les opérateurs en charge de l’exportation a vu le jour pour
certaines filières (letchi, haricot vert extra-fin, café biologique, huiles essentielles, crevettes, riz de
luxe…). Cependant, les quantités concernées par ce système sont encore très réduites, et les
statistiques font encore défaut.
La demande de qualité du marché est un facteur de différenciation des producteurs entre,
d’une part, ceux qui sont organisés, pouvant investir pour satisfaire cette demande, bénéficier
d’une prime qualité et aspirer à placer leurs produits sur le marché extérieur et, d’autre part,
ceux qui vendent du tout venant, généralement à un prix inférieur et uniquement sur le marché
national. Cependant, sur ce marché, les produits de bonne qualité ont également des
débouchés en substitution des biens importés. Cette segmentation des marchés par la qualité
facilite le développement d’une consommation nationale à deux vitesses, en fonction du
pouvoir d’achat des ménages (sous-produits de différents niveaux de qualité).
2.2.
LES CONSEQUENCES STRUCTURELLES
2.2.1. La stagnation des rendements agricoles
Les systèmes de production traditionnels, dans leur complexité, intègrent, d’une part l’adaptation au
changement, mais également la résistance/tolérance aux chocs, leur permettant de générer un output
optimal (bon an mal an) dans leurs conditions spécifiques d’accès aux ressources et d’opération. Le
conservatisme et la peur de prise de risque de la part du paysannat malgache ont souvent été affichés
comme une contrainte majeure à la modernisation des systèmes de production agricoles traditionnels.
Outre les aspects socioculturels propres aux différents groupes de la société malgache, il faut
constater également que, comme partout dans le monde, les paysans à la limite de
l’autosuffisance alimentaire ne prennent pas de risques majeurs sur les productions de base
qui pourraient mettre leur famille (ou groupe social) en danger. Au contraire, les exploitations qui
dégagent un surplus alimentaire durable, orientés vers le marché et/ou bénéficiant de revenus
alternatifs (i.e. cultures de rente), montrent une plus forte propension à intégrer des nouvelles
technologies, tout en disposant des ressources pour le faire.
Les rendements agricoles et l’intensité culturale sur les périmètres irrigués stagnent depuis quarante
ans, malgré des investissements publics importants. Ce manque flagrant d’intensification est le
résultat d’une faible maîtrise de la gestion de l’eau, d’une confusion des rôles et responsabilités des
parties prenantes, des facteurs de travail limités (force de travail), d’un contexte foncier précaire
134
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
menant à des modes de production sub-optimales (0 investissement en situation d’insécurité,
métayage), de technologies traditionnelles, de l’enclavement et du fonctionnement des marchés peu
performants et des dégradations importantes des bassin versants et des infrastructures d’irrigation.
Pourtant, au cours des dernières générations, des changements importants sont survenus en termes
d’accès aux ressources naturelles et économiques: ceux–ci ont induit des changements majeurs de
comportement, notamment en termes d’occupation des tanety, pour lesquelles les techniques
traditionnelles sont souvent moins intensives. La connaissance des systèmes d’exploitation agricoles,
leur évolutions et la rationalité de leur fonctionnement interne, en fonction de leur accès aux
ressources (naturelles, humaines, sociales, techniques, économiques, physiques), constituent une
base indispensable pour identifier les portes d’entrée et les opportunités d’intensification et de
diversification durables des systèmes de production dans les différentes zones agro- écologiques.
Les trajectoires d’évolution des structures de production dépendent des spéculations prioritaires et de
la composition des productions agricoles qui diffèrent selon les régions. Les statistiques agricoles de
la campagne 1984-1985 91 montrent que les ¾ des superficies cultivées sont consacrées aux cultures
temporaires, dont 97% pour les cultures vivrières (céréales, tubercules/racines, légumineuses…) et
3% pour les cultures industrielles (arachide, coton, tabac…), et qu’un hectare sur deux est planté en
riz. Selon l’orientation des activités agricoles, trois grandes régions sont à distinguer :
-
les Hautes Terres (Faritany d’Antananarivo et une grande partie du Faritany de
Fianarantsoa) : la vocation vivrière est liée à la forte concentration humaine (plus de 50% de
la population agricole) ; environ 50% des superficies totales en céréales, tubercules et racines
et légumes sont localisées dans ces deux Faritany,
-
les zones de la façade de l’Océan Indien, ainsi que le Nord et le Nord-Ouest (Faritany de
Toamasina, Antsiranana, Mahajanga et la partie littorale du Faritany de Fianarantsoa) : les
cultures de rente se sont développées à côté des cultures de subsistance. Les 97% des
superficies totales cultivées en cultures d’exportation et industrielles sont situées dans ces
régions,
-
les zones à sècheresse marquée du Sud : les productions végétales ne présentent qu’un
potentiel marginal dans l’ensemble de la production du pays (7,8% de la superficie rizicole
totale et 1% seulement des superficies en cultures temporaires). Par contre, le domaine
animal y est prépondérant dont les ovins et caprins (90% de l’effectif national y sont
concentrés).
D’après les résultats du recensement agricole de la campagne 2004-2005 92, les surfaces agricoles, au
cours des 20 dernières années, ont progressé lentement pour atteindre une superficie totale estimée
à 2 083 590 ha. Les surfaces affectées aux cultures vivrières sont restées importantes et la riziculture
occupe toujours une place prépondérante (55%) dans toutes les régions. Les systèmes de cultures
sont restés à base rizicole notamment pour les petites exploitations.
Malgré un doublement de la production de riz entre 1962 et 1999, les rendements ont augmenté de
façon négligeable soit de 0,15 t/ha. L’augmentation de la production est ainsi principalement liée par
l’extension des surfaces cultivées, mettant ainsi une forte pression sur la pérennité environnementale.
La tendance est préoccupante à long terme. De 1990 à 1995, la production s'est accrue de 0,5% par
an seulement, taux largement inférieur au taux de croissance démographique. La superficie cultivée
en riz est restée pratiquement stationnaire. Le rendement moyen connaît un léger "décollage" depuis
1995 : les efforts de vulgarisation menés dans le cadre de l’Opération Productivité Riz des années 70
(OPR) et du PNVA des années 90 et l’encadrement dans les régions/exploitations des organismes
tels que les ONG ont assurément contribué à ce léger accroissement 93. Mais la pérennisation des
actions des projets et d’encadrement a toujours été inefficiente.
Cf. Cultures et superficies des exploitations agricoles : RNA MPARA/PNUD/FAO Avril 1988
Recensement de l’Agriculture, campagne 2004-2005 du MAEP Août 2006
93 Notons la montée spectaculaire de l’exportation du maïs autour des années 1990 qui fut le fruit essentiel du projet d’appui pour la vulgarisation, mais qui
a eu par ailleurs des effets dévastateurs sur les forêts sèches du sud-ouest du pays.
91
92
135
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 37. Evolution du rendement rizicole
Rendement rizicole
(tonnes de paddy par ha)
2,60
2,40
2,20
2,00
1,80
1,60
1,40
1,20
20
03
20
00
19
97
19
94
19
91
19
88
19
85
19
82
19
79
19
76
19
73
19
70
19
67
19
64
19
61
1,00
Source PAA et Statistiques Agricoles, DRDR, FOFIFA
Outre les variations agro-pédologiques, le facteur temps (cyclones et inondations) accentue les
différences de production et de rendement des cultures. Le Réseau des Observatoires Ruraux (ROR)
montre de grandes variations des rendements.
Pour la riziculture, ils vont de moins de 1,5t/ha dans l’Est et dans la région de Sofia à plus de 2,5t/ha
pour la région du Lac Alaotra (grand périmètre irrigué avec un climat favorable, en position de
croissance avec apport accru d’engrais). Dans les autres régions, on observe diverses situations ; ou
bien les rendements descendent aux environs de 2t/ha suite aux effets des cyclones (cas des régions
d’Amoron’i Mania, Vakinankaratra, Itasy et Bongolava en 2004), ou bien ils s’améliorent tout en
restant limités entre 1,5 et 1,8t/ha (Régions de Boeny, Sud-Ouest, Menabe et Anosy), à la faveur du
climat et parfois d’un peu plus d’intensification. Notons que les régions de l’Itasy et du Bongolava ont
déjà démontré leur haute productivité rizicole en 2000 et 2001, avec plus de 3t/ha de paddy.
Les variations de rendement sont à attribuer également à des différences de techniques culturales
utilisées et de saisons de culture (pour le riz et certaines spéculations double culture). Ainsi pour le riz,
les rendements sont meilleurs en riziculture aquatique que ceux de la riziculture sur tanety ou dite
pluviale. La riziculture sur brûlis (tavy) affiche les plus bas rendements à l’hectare (inférieur à 1t/ha).
Le tableau des rendements ci-dessous montre l’efficience du système aquatique dont le rendement
peut être augmenté par amélioration de la maîtrise d’eau et par utilisation d’intrants.
Tableau 40.
Systèmes
rizicoles
Aquatique*
Pluvial
Tavy
Nord
1,5
0,8
1,0
Rendement (t/ha) des principaux systèmes de riziculture par région
Nord
Ouest
1,4
0,8
-
Centre
Ouest
2,0
1,2
-
Hauts
Plateaux
3,2
2,6
-
Est
Alaotra
Moyenne
1,7
1,7
0,7
2,6
2,0
0,6
2,1
1,5
0,8
Source : Enquête FAO/UPDR 99. *Systèmes aquatiques = cultures irriguées (avec aménagement) +
cultures inondées de bas-fonds.
Selon le recensement agricole 2004-2005, la pratique du repiquage en foule domine (77% des
superficies) sur le repiquage en ligne (9,4%) qui permet une meilleure productivité et facilite l’entretien
des cultures ; le semis direct considéré comme un système traditionnel donnant un rendement
médiocre concerne encore 12,6% des superficies. Le système de Riziculture Intensive (SRI) et le
Système de Riziculture Amélioré (SRA) préconisés pour l’augmentation de la production et de la
productivité n’occupent que 0,34% des superficies emblavées en riz.
Les nouvelles techniques, telles que SRI – SRA, sont proposées pour augmenter la productivité
rizicole mais exigent certaines conditions que les riziculteurs n’arrivent pas à respecter dans la plupart
136
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
des cas (bonne maîtrise d’eau, utilisation d’engrais et de semences améliorées, surcroît de main
d’œuvre souvent impossible à mobiliser, surtout pour les plus pauvres…).
Pour les cultures vivrières autres que le riz, les rendements à l’hectare n’ont pratiquement pas évolué.
Ces cultures sont surtout destinées à l’autoconsommation et donc à la production d’aliments de base
en période de soudure. Ce sont par ordre d’importance, le manioc, le maïs, la patate douce et la
pomme de terre. Pour cette dernière, on observe ces dernières années une augmentation en nombre
d’exploitants étant donné le caractère commercial du produit.
Graphique 38. Evolution des rendements des principales cultures
Source : PAA et Statistiques Agricoles, DRDR FOFIFA
Pour le maïs, le rendement moyen reste encore très faible (inférieur à 1 t/ha), bien en dessous des
moyennes des pays africains, du fait :
− de techniques culturales très extensives (faible densité de semis, absence de buttage, en
particulier),
− d'une adoption encore trop timide des variétés sélectionnées, dans un contexte de déliquescence
généralisée du système de production semencière étatique, bien que l’on constate actuellement
quelques timides efforts du FOFIFA, du CMS 94 de la Sakay ou du PNM 95.
− de l'absence d'emploi d'engrais et d'une fumure organique largement insuffisante.
Les grandes cultures et celles destinées à l’exportation enregistrent une importante régression tant au
niveau du rendement qu’au niveau de la production. La fluctuation des prix, le manque d’entretien et
d’intensification, le vieillissement des plantations (cultures pérennes), l’irrégularité des précipitations et
les cyclones ainsi que les attaques d’insectes et les maladies non traitées concourent à cette
régression. A cette situation s’ajoute le problème du respect des normes et de traçabilité.
Plusieurs facteurs concourent à la stagnation structurelle des rendements agricoles à
Madagascar, expliquée par les stratégies de survie des producteurs face à un environnement
naturel, économique et institutionnel instable ou peu motivant et qui se traduit par une faible
prise de risque, et en particulier par une adoption limitée des innovations techniques. Cette
stagnation est assez généralisée (cultures vivrières et cultures d’exportation). Il semblerait que
les rendements soient légèrement supérieurs dans certaines régions (greniers à riz
notamment) et qu’ils aient progressé ces dernières années (riz, pomme de terre).
94
95
Centre Multiplicateur de Semences
Programme National Maïs
137
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.2.2. Performance du secteur et revenus des ménages
Les revenus des ménages agricoles
A Madagascar, l’agriculture crée une valeur ajoutée qui représente environ 27% du PIB national. La
riziculture seulement constitue la première activité économique, générant une valeur ajoutée de 2661
milliards de Fmg en 1999 contribuant à elle seule à 12% au PIB en termes courants (soit 23 000
Milliards de Fmg selon l’INSTAT) et 43% au PIB agricole. En ce sens, les performances du secteur
rizicole déterminent très largement celles du secteur agricole et de manière significative celles de
l’économie nationale.
Pour les ménages malgaches, les activités agricoles constituent la part la plus importante des sources
de revenus. Les salaires, les activités non agricoles et les transferts, fournissent, par ordre
décroissant, les autres revenus des ménages. Les salaires ont tendance à rattraper la part des
revenus agricoles, signe de l’indisponibilité croissante des terres dans certaines zones.
Tableau 41.
Structure des revenus des ménages (% du revenu total)
1993
1997
2001
2005
Revenus agricoles
47,9
34,3
28,5
40,7
Salaires
26,4
35,2
41,2
38,4
Transferts
13
9,4
5,8
4,3
Revenus des ENA
12,7
21,1
24,5
16,6
Total
100,0
100,0
100,0
100,0
Source : Adaptés des données des EPM, DSM/INSTAT compte tenu des différences méthodologiques
dans la définition des types de revenus
En milieu rural, les salaires viennent souvent de la rémunération du salariat agricole temporaire. Les
revenus des activités non agricoles et des transferts y sont infimes. Les revenus des ménages ruraux
dépendent encore en grande partie (pour plus de la moitié) de la vente de produits agricoles, surtout
de riz ou de paddy. Le taux d’autoconsommation est toutefois très élevé, et il n’y a qu’environ 25% de
la production de paddy qui est destiné à la vente. Cette vente de paddy constitue environ la moitié des
revenus ruraux (EPM 2004). Elle atteint plus de 70% des revenus dans les greniers à riz de l’île (Lac
Alaotra et Marovoay). Les autres cultures comme le manioc et le maïs sont destinées moitié à la
vente, moitié à la consommation.
Tableau 42.
Destination de la production de paddy (% de la production totale)
Vente
Autoconsommation
Autres utilisations (stocks de semences, paiement métayage…)
Total
Source : EPM, DSM/INSTAT
1993
24,2
42,2
33,6
100,0
1997
28,0
61,0
11,0
100,0
2004
27,2
45,4
27,4
100,0
Le tableau suivant, qui compare la situation de 2001 et 2005, permet d’appréhender la situation pour
les ménages agricoles. Il dénote la part croissante que tient le riz : environ 44% des revenus agricoles
des ménages sont issus de la vente de riz en 2005 contre 38% en 2001 d’après les EPM de
l’INSTAT/DSM.
Cet accroissement est certainement du à l’augmentation du prix du paddy (pas plus de semence, ni
de maîtrise d’eau, ni d’engrais, ni de matériel agricole, ni de crédit, ni de titres fonciers…) qui a
essentiellement bénéficié au décile le plus riche, les autres connaissant plutôt une réduction de la part
du riz dans leurs revenus sur la période. La part des autres céréales, des tubercules et des fruits a
également augmenté dans les revenus, au détriment de la part des légumes/ légumineuses et des
cultures d’exportation. Cependant, notons que les cultures d’exportation contribuent beaucoup plus
en 2005 qu’en 2001 à la diversification des revenus des ménages moyens et pauvres. La composition
des revenus des ménages en fonction des produits a tendance à se diversifier et leur profil selon les
classes sociales à s’homogénéiser au fil du temps, signe d’une plus forte insertion sur les marchés de
138
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
l’ensemble des ménages quel que soit leur niveau de revenu, confirmée par la diminution relative de
l’autoconsommation.
Tableau 43.
Structure des revenus agricoles et part de l'autoconsommation par
culture pour les ménages agricoles par décile de consommation
DECILE
1
2
3
4
5
6
7
8
9
EPM 2001
Structure des revenus agricoles selon le type de produit, pour les ménages agriculteurs, par décile (%)
Paddy ou riz
78,8
66,9
62,2
64,6
51,7
66,8
54,6
40,4
42,1
Céréales et tubercules
6,4
4,1
5,8
4,5
4,8
2,9
3,5
4,2
3,0
Légumes et légumineuses
8,0
12,7
14,9
9,5
28,1
12,5
16,9
15,3
25,8
Fruits
0,0
0,0
0,0
0,1
0,1
0,2
0,5
0,7
1,0
Cultures Industrielles
0,1
0,2
0,6
0,4
0,6
0,8
0,6
1,4
1,3
Cultures d'exportation
6,7
16,2
16,6
20,9
14,7
16,8
23,9
37,9
26,8
Total
100,0 100,0 100,0
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Part de l'autoconsommation par culture, pour les ménages agriculteurs, par décile (%)
Paddy ou riz
67,5
68,5
68,9
67,5
68,3
65,8
62,9
65,9
67,8
Céréales et tubercules
70,3
65,8
64,1
59,6
65,5
62,6
65,6
65,2
58,6
Légumes et légumineuses
49,1
37,6
37,3
47,9
45,1
40,4
40,9
40,5
46,6
Fruits
45,6
32,8
48,9
39,1
69,9
63,1
73,1
49,4
47,0
Cultures Industrielles
43,6
46,5
46,6
41,6
35,6
37,9
39,4
72,6
73,9
Cultures d'exportation
31,0
28,2
33,7
37,7
27,9
31,6
29,0
61,7
29,5
EPM 2005
Structure des revenus agricoles selon le type de produit, pour les ménages agriculteurs, par décile (%)
Paddy ou riz
36,6
47,5
44,3
51,4
36,5
43,1
32,3
49,0
39,6
Céréales et tubercules
23,5
20,9
18,7
21,4
21,1
27,4
15,8
18,8
24,2
Légumes et légumineuses
8,4
10,1
9,1
12,5
12,4
11,1
8,8
13,0
13,3
Fruits
9,7
4,4
5,0
2,0
7,1
5,6
34,0
4,1
13,7
Cultures Industrielles
2,0
1,9
2,8
1,9
2,3
1,2
1,8
6,8
2,4
Cultures d'exportation
19,8
15,2
20,1
10,7
20,7
11,7
7,2
8,2
6,8
Total
100,0 100,0 100,0
100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Part de l'autoconsommation par culture, pour les ménages agriculteurs, par décile (%)
Paddy ou riz
58,6
56,6
60,4
60,1
65,4
62,6
63,0
60,3
58,5
Céréales et tubercules
53,4
54,5
58,4
58,4
54,3
52,1
62,7
58,1
48,9
Légumes et légumineuses
36,1
29,1
36,0
29,6
31,2
32,4
40,8
31,6
27,1
Fruits
15,5
32,8
33,7
41,7
18,3
21,7
5,2
30,0
10,5
Cult.Industr
40,8
39,4
32,9
26,9
27,7
46,3
22,9
15,4
7,9
Cultures de rente
5,8
6,3
3,5
5,9
5,9
4,1
2,5
8,4
7,5
Source : INSTAT/DSM
10
8,8
5,1
35,1
3,5
2,4
45,2
100,0
38,0
4,2
24,2
1,5
1,4
30,8
100,0
64,9
56,6
34,3
79,1
11,5
15,0
67,1
64,2
42,2
52,8
46,6
32,4
56,3
13,2
11,9
12,6
1,9
4,3
100,0
43,9
20,0
11,5
11,5
2,6
10,5
100,0
52,7
62,3
35,4
10,8
12,4
17,3
59,4
56,1
32,7
13,0
22,2
6,4
D’après le réseau des observatoires ruraux (ROR), le revenu disponible brut moyen par
ménage présente des différences importantes selon les observatoires et donc les régions. Il
varie d’un facteur 1.07 entre la valeur la plus faible (739 052,8 Ariary) et la plus forte (1 810 866
Ariary). Un observatoire présente un niveau de revenu particulièrement bas par rapport aux autres
observatoires : Ambovombe. A l’opposé se situe l’observatoire d’Alaotra qui dispose du revenu le plus
élevé, c’est aussi le principal grenier à riz du pays.
139
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Ense
mble
Graphique 39. Revenu disponible brut moyen des observatoires ruraux (2005)
Revenu disponible brut (en Ariary)
I
M tas
y
or
on
M
da
an
va
an
dr
ia
na
Ts
Fo
iv
o
rtda ry
up
hi
n
A
nt
si
ra
be
M
ar
Fa ovo
ay
ra
fa
ng
A
a
m
bo na
vo
m
be
Fi
Ih
o
an
a r sy
an
ts
oa
M
an
ak
ar
a
A
Fe lao
ne tra
riv
ees
M
t
ah
an
or
o
2000000
1800000
1600000
1400000
1200000
1000000
800000
600000
400000
200000
0
La décomposition du revenu disponible brut selon ses quatre principales composantes : salaires et
autres revenus, revenus fonciers, revenus des propriétés et revenu brut d’exploitation, montre que le
revenu brut d’exploitation (résultat de l’activité agricole) représente la part la plus importante du
revenu, constituant 53.62 % du revenu disponible. Les salaires et autres revenus représentent
néanmoins une source de revenu externe non négligeable pour les ménages ruraux (48.65 % du
revenu) ce qui confirme les données précédentes. Les revenus fonciers (fermage, métayage) sont
globalement très limités.
Graphique 40. Composants du revenu des ménages ruraux
Composants du revenu disponible brut
60,00
50,00
Pourcentage
40,00
30,00
20,00
10,00
0,00
-10,00
salaires et autres
revenus
revenus fonciers
revenu
d'exploitation
revenu des
propriétés
L’analyse du revenu brut d’exploitation montre que le riz est la production la plus importante
représentant 83.48% de la valeur totale de la production agricole, suivi par les autres cultures avec
22.50%. Mais, l’élevage n’est pas du tout rentable car il représente – 5.97% de la valeur totale de la
production agricole.
Selon les observatoires, on note des différences importantes dans la répartition de ces revenus,
différences liées aux spécificités de chaque observatoire. Le graphique suivant présente ces
différentes données 96. Ce graphique montre que la part des revenus provenant des salaires et autres
revenus varient d’une manière importante entre les observatoires. On observe ainsi qu’ils sont
importants à Fort- Dauphin où ils représentent 87,13% du revenu total et qu’à l’inverse, ils sont faibles
en Alaotra avec 13,62%.
96
Les charges d’exploitation ne sont pas prises en compte (non déduites du revenu disponible).
140
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Graphique 41. Répartition des composants du revenu brut des exploitations agricoles par
Région
Part des composants du revenu disponible brut
100%
80%
60%
40%
20%
Fi
An
ts
ira
be
M
ar
ov
Fa
oa
ra
y
fa
ng
Am
a
bo n a
vo
m
be
Ih
os
an
y
ar
an
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o
m
an a
ak
ar
a
Al
ao
Fe
tr
ne a
riv
-e
st
M
ah
an
or
o
Ita
M
sy
or
on
m
da
an
va
an
dr
ia
na
Ts
iv
Fo
or
r tda y
up
hi
n
0%
-20%
riz
elevage
autres cultures
revenus fonciers
salaires et autres revenus
revenus des propriétés
Au niveau des revenus tirés des activités agricoles, on note l’importance de la production rizicole dans
les observatoires d’Alaotra, Marovoay et Tsivory. Les revenus tirés des autres cultures sont les plus
importants à Antsirabe et Fenerive-est. L’élevage quant à lui représente une part importante des
revenus à Ambovombe.
Les données du ROR confirment les données de l’INSTAT mais montrent aussi une forte diversité
suivant les régions et donc un degré de différenciation géographique important.
Par ailleurs, le tableau suivant montre pour l’ensemble des observatoires une certaine progression du
revenu brut disponible. Entre 2001 et 2005 celui-ci a progressé en moyenne de 63%. Cependant
l’inflation a aussi sensiblement progressé (en moyenne un peu plus de 10% par an). De plus, le
revenu disponible brut par personne demeure très faible : 248 000 Ariary en 2005 et par ménage
1 235 000 Ariary. Par mois, cela correspond à 20 700 Ariary/mois (10 USD) alors que le salaire
minimum est de 55 000 Ariary/mois (27,5 USD) et 103 000 Ariary pour un ménage.
Enfin, de moins en moins de ménages peuvent épargner, ce qui suggère un appauvrissement de la
population rurale.
Tableau 44.
Répartition des composants du revenu brut des exploitations agricoles
par Région
Source Fiches signalétiques 2001 à 2005, Réseaux des Observatoires Ruraux
L’agriculture est à l’origine d’une part très importante des revenus des ménages à quasiégalité avec les salaires, essentiellement agricoles. Malgré des rendements agricoles qui
progressent peu, les ménages arrivent à augmenter les surplus commercialisables des
différents types de produits. A niveau de consommation supposé stable, cette évolution
s’explique par une progression des superficies agricoles (extensification plutôt
qu’intensification), engendrant parfois des problèmes environnementaux (déforestation,
érosion de la biodiversité, baisse de la fertilité des tanety…).
Notons que le revenu est très variable d’une région à une autre en fonction notamment des
ressources disponibles et des productions exploitées.
141
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Si le revenu des agriculteurs semble avoir progressé ces dernières années, cette augmentation
est entamée par l’inflation et le revenu par tête est très faible comparé au salaire minimum.
Une pauvreté encore forte en milieu rural
Mesuré en terme de consommation annuelle par tête, le seuil de pauvreté était de 305.300 Ariary pour
l’année 2005. Cette valeur a été calculée à partir des données de 2001 et actualisée selon le taux
d’inflation.
Tableau 45.
Seuil de pauvreté et évolution de l’indice de Gini entre 2001 et 2005
Seuil de pauvreté, en Ariary
Indice de Gini
2001
197 720
0,46848
2002
234 760
0,52697
2004
257 675
0,42989
2005
305 300
0,38457
Source : Razafindravonona et alii. Evolution de la pauvreté à Madagascar, 1993-2002.
INSTAT/DSM/EPM2004 et 2005.
L’indice de Gini 97 est passé de 0,468 en 2001 à 0,429 en 2005, mais ayant passé par un pic de 0,526
en 2002 suite à la crise socio- politique. Si en 2001, 36% de la masse de consommation est à l’actif
des 10% les plus riches, cette proportion est passée à 30% en 2005. En Ariary constant de 2001, la
consommation annuelle moyenne par tête des 10% les plus pauvres a augmenté, passant de 38.000
Ariary à 57.000 Ariary. Celle des 10% les plus riches est passée de 709.000 Ariary à 575.000 Ariary.
Cette évolution contrastée dénote une très légère réduction du taux d’incidence de la pauvreté.
La pauvreté des ménages agricoles se caractérise notamment par l’insuffisance de terres cultivables,
en particulier les rizières, l’insuffisance ou l’absence de zébus utilisés pour les travaux agricoles, et la
non possession ou l’insuffisance de matériels et équipements agricoles. Cette situation est due à
l’enclavement, à la difficulté d’accès aux ressources naturelles (y compris le foncier), au manque de
crédit, à la difficulté à l’accession à une éducation et à des services de santé, et au manque
d’informations.
Généralement, un ménage rural est estimé pauvre quand il n’arrive pas à nourrir convenablement ses
membres. Ainsi pour subvenir à ses besoins, il doit chercher d’autres activités qui lui permettent de
satisfaire les besoins primaires vitaux. En milieu rural, on estime aussi la pauvreté par la longueur de
la période de soudure. On dit qu’un ménage est entré dans la période de soudure quand il est obligé
d’acheter de quoi nourrir ses membres ou quand il est obligé de réduire sa consommation alimentaire.
Or, comme on l’a vu précédemment, pour subvenir à leurs besoins, les ménages ruraux
pauvres doivent chercher d’autres activités qui leur permettent de satisfaire les besoins
primaires vitaux. Ils comptent plutôt sur les revenus des produits agricoles et les revenus des
entreprises non agricoles. Ceci confirme que l’on assiste à un appauvrissement de la
population rurale, ou du moins d’une partie de cette population qui n’a plus accès à la terre ou
pour qui la taille de l’exploitation ayant tellement diminué, doit s’adapter par la migration d’une
partie du ménage et/ou la vente plus fréquente de sa force de travail.
97 L’indice de Gini est un coefficient compris entre 0 et 1, mesurant le degré d’inégalité dans une population suivant une caractéristique donnée, ici le
niveau de consommation par tête. Proche de 0, il signifie une répartition à peu près égalitaire ; proche de 1, il traduit une inégalité majeure.
142
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
2.2.3. Typologies de situations contrastées
Caractérisation des exploitations
La typologie des exploitations se focalise sur le riz, base des systèmes de productions dans presque
toute l’île.
En termes de stratégie d’exploitation paysanne, l’étude filière riz a mis en évidence 3 groupes de
riziculteurs :
•
Les micro-producteurs, avec une stratégie d’autosuffisance en riz du ménage plutôt que des
revenus. Des moyens et des conditions de production très limitées : superficie <1 ha et une
production de paddy entre 0,8 T et 1,1 T.
•
Les producteurs de rente polyvalents, avec une stratégie d’autosuffisance en riz qui dispose
d’alternatives de cultures de rente et de revenus. Une production de paddy de 1,2 T à 1,9 T
en grande partie affectée à l'auto consommation et à la vente. La diversification culturale par
la plupart d'entre eux procure d'autres revenus.
•
Les producteurs semi-spécialisés en riz et positionnés sur la vente de riz, qui disposent d’un
potentiel technico-économique d’intensification ou d’expansion : moyens de production,
marché, organisation, terres, taille d’exploitation de 0,7-2 ha, niveau d’équipement supérieur
permettant de produire entre 1,9 et 5,5 T. Ils satisfont à leur besoin de consommation et
vendent une bonne partie de la récolte.
Ainsi, malgré son potentiel important, la culture du riz reste une activité de subsistance : un tiers des
exploitants sont en situation de subsistance, produisant en moyenne à peine plus de 800 kg de paddy
sur une surface de moins de 1 ha. Ils vendent moins de 150 kg de paddy en moyenne par an et
présentent un solde « ventes – achats de riz » très négatif (moins 60.000 Ariary à moins de 80.000
Ariary). Ces riziculteurs se rencontrent plutôt dans le Nord et l’Est, et en proportion moins élevée dans
les autres régions du pays. En valorisant l’autoconsommation, leur revenu brut issu du seul riz ne
dépasse pas 108.000 Ariary par mois (données de 1999).
En termes de productivité du travail, on note un volume de paddy par jour de travail trois fois supérieur
chez les producteurs semi- spécialisés en riz, qui gagnent aussi 4 fois plus par jour de travail familial
que les micro- producteurs 98. En d’autres termes la spécialisation et la prise de risque commercial
rapportent tandis que la minimisation du risque (dans le sens de maintien d’une autoconsommation
élevée chez les micro- producteurs) est corrélée à une moindre productivité du travail. Il semble ainsi
qu’une stratégie de pluriactivité pour le paysan ou de culture extensive est naturellement mise en
œuvre dans la situation à risque élevé, au détriment de la seule production de riz.
En termes de sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN), les systèmes de production (SP) des
ménages agricoles, comprenant les productions végétales et animales 99, peuvent en première
approche être catégorisés comme suit, en combinant les éléments clés des principales filières :
Les riziculteurs les plus performants bénéficient d’un prix meilleur pour leurs produits. La raison principale en est la vente d’une plus grande proportiodu
produit sous forme de riz transformé. Les conditions de la commercialisation (proximité du marché…) jouent également un rôle.
99 Dans la plupart des systèmes de production, les animaux servent d’amortisseur et de « capitaliseur ».
98
143
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
SP et SAN
SP en surplus alimentaires
permanents
SP d’autosubsistance (a)
déficits alimentaires
saisonniers.
Type d’exploitation
Terre
irriguée
Exploitation vend plus de
50% de sa production de
riz
Exploitation autosuffisante en riz & autres
végétaux
(vente variable)
Exploitation déficitaire en
riz; compléments des
autres produits végétaux
Sans terres. Survie liée à
la prestation de travail
extérieure
Exploit. principale source
de revenus ou de complément (micro–jardins)
> 1ha
SP vulnérables:
déficits saisonniers et chroniques
SP extrêmement vulnérables/pauvres:
Déficits permanents
SP des zones urbaines et
périurbaines:
problèmes de SAN sont
particulièrement aigus
(a) L’autosubsistance équivaut à environ 0.5 ha à 2.5
moyenne 150 kg/personne (pertes inclues)
Cultures
pluviales
(tanety)
xx
Elevage
>10 bœufs
Fumier
Niveau de
risque
d’échec
Faible
0.5–0.75
ha
xxx
5 bœufs
Peu de fumier
Moyen
< 0.5 ha
xx
Elevé
Métayage
, location
x
Petits ruminants (Fumier = 0)
Faible: i.e.
basse cour
Variable
Variable
(? qualité)
Très élevé
(vente du
travail)
Variable
t (2–3 t/ha) = 812 kg de riz blanc par ménage, soit en
Les combinaisons des différents systèmes de production et de leur représentation géographique
forment des zones de SAN 100 : ces zones ne représentent en fait que la catégorie majoritaire en
termes de ménages et/ou de la production commercialisée. Autant de situations qui réclament des
politiques (et des allocations de ressources) spécifiques en matière de SAN. De même, les
technologies potentielles d’intensification et de diversification varieront en fonction des niveaux
d’accès aux ressources et de la capacité des SP de prendre des risques.
En termes économiques et financiers les systèmes de production peuvent être classés comme suit 101
en reprenant la même classification que précédemment:
Type d’exploitation
Capitalisation en
bétail par ménage
Exploitation RICHE qui vend plus de
50% de sa production de riz
Exploitation MOYENNE auto–
suffisante en riz & autres végétaux
(vente variable)
Exploitation PAUVRE, déficitaire en
riz; compléments des autres produits
végétaux
Exploitation TRES PAUVRE, sans
terres: la survie est liée à la
prestation de travail extérieure
Exploit. agric. comme source de
revenus ou de complément (micro–
jardins)
>500$
>10 bœufs +
fumier
>200$
3–5 bœufs
Peu de fumier
100$
Petits ruminants
Fumier= 0
<50$$ Faible: i.e.
basse cour
Revenus
Réserve en Equipement du
Niveau de
bruts/an
terme de SA ménage (total) risque d’échec
(% monétaire)
de l’innovation
>500$/p
50$ et +
Faible
(>75%)
200$/an
(>50%)
25$
Moyen
100–125$/p
(25%)
15$
Elevé
<10$
Très élevé
(vente du
travail)
Variable
<75$/p
(–%)
<50jours
–
1$/j = 2 kg de riz + divers
Source : Adapté de l’étude CECAM (2004) et de l’étude de la filière riz (FAO–UPDR)
100
101
(i) les pôles nationaux de surplus alimentaires (Lac Alaotra, Vakinankaratra, Itasy,…); (ii) les pôles régionaux de surplus alimentaires (Boina,
certains districts de Sofia, Haut Mandrare, Andapa, Bas Mangoky/Ankililoaka, Fénérive Est/Vinaninony, …); (iii) les zones d’auto–subsistance
(région du Betsileo, districts de l’Ouest,…); (iv) les zones particulièrement vulnérables (Androy, districts forestiers, zones suburbaines, …); (v) les
zones à fort potentiel et faiblement peuplées (Bongolava, district d’Ikalamavony, …); et (vi) les zones périurbaines, où les problèmes de SAN sont
particulièrement aigus.
Sur la base d’une enquête effectuée auprès de 507 ménages, clients de l’institution de micro finance CECAM (Etude d’impact du réseau des
caisses d’épargne et de crédit agricole – CECAM– de Madagascar, UE–CIRAD, Février 2004). Notons que l’échantillon n’est pas représentatif de
l’ensemble du paysannat malgache et que les classes moyennes et surtout aisées y sont largement surreprésentées.
144
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les systèmes de production ruraux (agricoles et extra–agricoles) mettent en évidence que :
-
les revenus ruraux bruts sont faibles. Exception faite d’une minorité d’exploitants ‘aisés’; la
proportion des revenus bruts qui est monétarisée diminue avec l’augmentation du degré de
pauvreté.
-
la capitalisation moyenne en bétail des ménages correspond pratiquement au revenu annuel brut,
-
la valeur de l’équipement agricole et non–agricole des ménages correspond à seulement 10% des
revenus annuels,
-
les réserves en termes de SAN sont très faibles.
Dans le cadre du développement agricole, une analyse approfondie des systèmes de production
paysanne, y compris de la rationalité interne de fonctionnement et d’intégration des niveaux
spécifiques 102 d’accès aux ressources (naturelles, humaines, sociales, économiques etc.), apparaît
comme une base de travail indispensable pour optimaliser une dynamique durable de la productivité
agricole promue par les paysans/paysannes et leurs organisations eux-mêmes.
Les typologies qui précèdent montrent que malgré des contraintes structurelles telles que la
résistance à l’innovation (faible intensification) et le paiement d’une rente foncière (importance
du faire-valoir indirect), plusieurs stratégies individuelles d’intégration au marché et
complémentaires à la production de riz pour l’autoconsommation, sont adoptées par les
exploitants pour améliorer leurs revenus et leurs niveaux de vie : la semi- spécialisation rizicole
par extensification et la production de surplus de riz commercialisables, la diversification vers
des productions commerciales autres que le riz, le développement de l’élevage (lait, viande).
Spécificités régionales
La différenciation dépend des caractéristiques agro- écologiques des régions :
•
Les micro- producteurs, avec stratégie rizicole de subsistance, se rencontrent dans le Nord et
dans l’Est, avec soit du riz aquatique avec du riz tavy, soit du riz aquatique et du riz tanety,
soit tavy exclusif surtout sur la côte Est où le taux de déforestation est élevé.
•
Les producteurs de rente polyvalents, avec une stratégie d’autosuffisance en riz, se trouvent
dans le Nord et se caractérisent par une double riziculture aquatique, par une simple
riziculture en saison des pluies, suivie de maraîchage. Dans le Centre- Ouest se pratique la
simple riziculture aquatique avec ou sans riz pluvial. Sur les Hauts Plateaux, ils font une
simple riziculture aquatique + riz pluvial ou simple riziculture de 2ème saison.
•
Les producteurs spécialisés en riz et positionnés sur la vente de riz pratiquent une simple
riziculture sur bas fond et une double riziculture aquatique dans le Nord-Ouest. Ceux du
Centre Ouest sont caractérisés par la double riziculture aquatique avec simple riz aquatique
et du riz pluvial. Ceux des Hauts Plateaux pratiquent la simple riz aquatique (2ème saison)
avec culture de contre saison (maraîchage) et le Lac Alaotra se distingue par une simple
riziculture aquatique et une simple riziculture aquatique avec riz tanety.
2.2.4. La structuration des filières par la coordination verticale
Le développement de filières structurées, par des relations de coordination verticale
(contractualisation, relations de confiance) entre les agriculteurs et les acteurs situés en aval,
constitue une des réponses apportées par les opérateurs pour faire face aux facteurs explicatifs cités
précédemment. Cependant, elle ne concerne que quelques produits et quelques opérateurs. Elle se
présente sous trois formes :
-
102
Une structuration traditionnelle liée à un monopole (sucre avec SIRAMA, le coton avec
Hasyma/Dagris, tabac avec OFMATA/Impérial Tobacco, et le sisal). La coordination se fait de
Notamment suivant les groupes ou « classes » sociales.
145
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
deux façons : d’une part la société produit directement une partie ou la totalité de ses besoins,
et d’autre part elle finance une partie des besoins des paysans producteurs. Pour ce dernier
cas, elle se fait rembourser à l’achat des produits. Ces sociétés ne rencontrent pas trop de
problème de remboursement, car elles sont en système de monopole.
-
La création de nouvelles filières (le lait avec Tiko, le haricot vert fin, le petit pois et le
cornichon avec Lecofruit, les crevettes avec quelques exportateurs, la filière foie gras et la
filière soie). Pour ces produits, le système fonctionne déjà, et intéresse au plus haut point les
paysans. En effet, les opérateurs/collecteurs fournissent les intrants et matériels nécessaires
pour la production. Un contrat est mis en place, et dans la majorité des cas, il est respecté. Ce
qui bloque dans ce type de contractualisation est le mode de paiement différé ; les
producteurs souhaitent en effet être payés au jour le jour.
-
Un début de mise en place de coordination (avec certains riziers, en particulier le Fanamby
Rice Mil du groupe Tiko et la société Silac), pour le litchi (avec la société Faly export) et le
café bio (avec la société TAF, via un appui du CNCC). Ce type de coordination est mis en
œuvre pour répondre à deux attentes : respect des normes et de la traçabilité, et pour pouvoir
collecter une quantité plus importante. L’appui de l’opérateur se fait surtout dans
l’encadrement des producteurs, dans l’apport de garantie auprès des institutions financières,
et parfois en appui en intrants et matériels agricoles.
Il est à préciser qu’il n’y a plus coordination avec les supermarchés qui s’approvisionnent directement
auprès des marchés par l’intermédiaire de fournisseurs. Auparavant, des contrats avaient été
instaurés avec des groupements paysans pour l’approvisionnement en légumes frais et fruits.
Malheureusement, les modalités de paiement ne satisfaisant pas les paysans, ces derniers n’ont plus
honoré leurs engagements. En outre, les paysans n’ont pas d’emprise sur la fixation des prix.
146
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
CONCLUSION
Jusqu’à présent, une grande partie des nouveaux arrivants ruraux sur le marché du travail a pu être
absorbée par le secteur agricole par le biais de la création de nouvelles exploitations. Cette évolution
a été spectaculaire puisque près d’un million de nouvelles exploitations ont été créées en dix ans,
entre 1985 et 2005. Cette poussée s’est traduite par l’augmentation des surfaces cultivées, plutôt que
par l’intensification, d’autant que les rendements ont peu progressé. On observe aussi une diminution
progressive de la taille des exploitations qui traduit l’arrivée au point de saturation quant à la capacité
d’absorption des cohortes annuelles, notamment dans les zones rurales les plus peuplées. En
conséquence, on assiste actuellement à des phénomènes croissants de saturation foncière.
Outre les aléas climatiques, les paysans ont des difficultés à accéder aux marchés des facteurs
(intrants, crédits, équipement, services agricoles…). Le désengagement de l’Etat en matière
d’encadrement et d’infrastructures hydro-agricoles n’a guère amélioré la situation. L’accès au crédit a
été rendu difficile par l’inexistence de titres fonciers. D’où la faiblesse des investissements qui auraient
pu améliorer la production et la situation du monde agricole.
Pour s’adapter à ce contexte, et maintenir la viabilité de leurs exploitations, les paysans ont dû
développer des stratégies d’adaptation, notamment la diversification de la production et le
développement de la pluriactivité.
La diversification permet aux paysans de répartir le risque sur plusieurs produits. Cette
diversification se présente sous deux formes : l’augmentation du nombre des productions et la mise
en œuvre de plusieurs cycles agricoles.
La pluriactivité permet de diversifier les sources de revenu. Les activités complémentaires au niveau
local sont entre autres, l’artisanat, la production de briques, la fabrication de charbon de bois, le
transport mais aussi le salariat agricole. Certains paysans n’hésitent pas à migrer temporairement
dans le cadre de cette recherche de pluriactivité, vers d’autres régions agricoles en fonction des
cycles de culture ou vers les villes.
Dans certains cas critiques, les paysans les plus pauvres sont amenés à céder leurs exploitations et
deviennent alors métayers ou salariés agricoles.
En termes de différenciation, différents phénomènes de clivages sont observables :
•
•
•
•
•
•
•
D’abord une différenciation régionale, due à la dotation en ressources naturelles de chaque
région et à l’exposition aux aléas climatiques.
Une différenciation au niveau des producteurs selon leur degré de diversification. Ainsi, le
pouvoir d’achat des agriculteurs diversifiés a été moins affecté que celui des producteurs
spécialisés en riz, qui ont subi la stagnation du prix de vente réel du paddy et l’augmentation
des prix des produits de consommation courante.
Une différenciation au niveau des exploitants, due à la différence d’accès aux divers types de
réseaux économiques. Les producteurs agricoles, qui ont pu s’intégrer à des filières formelles
et structurées (exportations, grandes surfaces), sont plus sécurisés dans leurs transactions
que ceux qui travaillent dans l’informel.
La possibilité ou non de fréquenter les grandes surfaces met aussi en exergue une
différenciation au niveau des consommateurs, selon leur pouvoir d’achat.
La présence de monopoles pour certains produits (coton, sucre, tabac…) a souligné la
différence fondamentale, en terme de pouvoir de négociation, entre les paysans organisés en
associations efficaces aptes à défendre leurs intérêts et les autres (la majorité), en perte
d’autonomie.
Une différenciation entre les producteurs, due à la présence de zones enclavées. Dans ces
zones, les producteurs sont précarisés par le double effet d’un faible prix de vente des
produits et d’un accès difficile aux services de base.
L’exigence de qualité du marché (notamment d’exportation) génère aussi une différenciation
au niveau des producteurs. Il y a ceux qui peuvent investir dans la mise aux normes et la
147
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
traçabilité de leurs produits, pour pouvoir répondre aux besoins du marché, et les autres qui
ne le peuvent pas, et donc vendent uniquement sur le marché local. Cette segmentation des
marchés par la qualité facilite le développement d’une consommation nationale à deux
vitesses, en fonction du pouvoir d’achat des ménages (sous-produits de différents niveaux de
qualité).
La libéralisation a permis à quelques filières de mieux s’organiser en pratiquant la coordination
verticale (Lecofruit).
Presque la moitié des revenus des ménages ruraux malgaches est issue de la production agricole,
mais le quart de cette dernière est commercialisé. Une différenciation régionale et entre exploitations
agricoles est cependant observée même si, dans la majorité des cas, on constate une forte proportion
de petites exploitations à peine viables.
Face à l’émiettement des exploitations agricoles, à la faiblesse des rendements et à l’inflation
généralisée, les paysans n’ont pas bénéficié de la libéralisation, même si les prix des produits agricole
ont augmenté. En effet, ce sont les intermédiaires, qui ont mis en place un réseau de
commercialisation, qui en ont profité. Par ailleurs, quel que soit le type de paysan, du fait de l’inflation,
la population agricole a vu ses revenus régresser de manière structurelle. Seuls quelques riziculteurs
semi- spécialisés dans la production de riz ont vu leurs revenus s’améliorer en 2004-2005.
148
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
QUATRIEME PARTIE : RISQUES ET BLOCAGES
IDENTIFIABLES, POSSIBILITE D’ADAPTATION ET
RECOMPOSITION EN COURS
149
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1. RISQUES DE BLOCAGES ET IMPASSES DE TRANSITION
1.1.
SUR LE PLAN DEMOGRAPHIQUE
1.1.1. Fort taux d’accroissement de la population
La population malgache a presque quadruplé entre 50 ans, passant de 4,2 millions d’habitants en
1950 à 16 millions en 2000. Elle serait de 46,9 millions d’habitants en 2050. Bien que Madagascar ait
déjà entamé la transition démographique, le taux d’accroissement de la population reste encore très
élevé de l’ordre de 2,8% et, selon certaines projections, la population pourrait se voir multipliée par
10,3 en un siècle (1950 à 2050). Comparativement, l’augmentation de la production reste faible. Un
des défis majeurs de Madagascar est à la fois de pouvoir juguler ce fort taux d’accroissement de la
population et de pouvoir lui garantir une sécurité alimentaire satisfaisante.
1.1.2. Accélération quasi-exponentielle de la cohorte
Actuellement, l’on assiste à l’arrivée d’une cohorte annuelle d’environ 300.000 jeunes adultes sur le
marché du travail. Cette cohorte serait estimée à 621.400 jeunes en 2030. L’un des défis qui se
présente à Madagascar est l’absorption de cette cohorte. Jusqu’à maintenant, cette cohorte a été en
grande partie absorbée par le secteur agricole, notamment rizicole, sur une base d’extensification.
Mais la capacité d’absorption de ce secteur commence à arriver à un point de saturation, se traduisant
par une diminution progressive de la surface des exploitations agricoles, pour arriver à une surface
moyenne de 0,87 hectares par exploitation, en 2005.
Parallèlement, la capacité d’absorption des autres secteurs reste faible, à l’exemple de l’offre des
secteurs tourisme et textile (43.000 emplois/an), secteurs pourtant dits porteurs pour l’économie
malgache. De plus, ces secteurs n’intéressent pas les ¾ de la cohorte qui sont issus du milieu rural à
faible niveau d’instruction (25% n’ayant jamais fréquenté l’école, 63% ayant un niveau primaire dont
ème
année d’études et étant de fait pratiquement
moins de 15% n’atteignant pas le niveau de 3
analphabètes après quelques années de vie active). L’absorption de cette cohorte en milieu rural se
fera encore en partie dans le secteur agricole, mais le risque de saturation est majeur dans le proche
avenir.
Un début de saturation du secteur agricole, quant au phénomène d’absorption des cohortes
annuelles, est d’ores et déjà visible, particulièrement dans les provinces densément peuplées
(Antananarivo, Toamasina, parties orientale et centrale de Fianarantsoa…) ; l’appauvrissement des
populations agricoles et les difficultés d’extension des exploitations étant les deux faces d’un même
Janus. Ce cercle vicieux est particulièrement renforcé par l’habitude de la population rurale de
n’émigrer qu’en cas de force majeure, en raison de la force de l’attachement au terroir et de la
prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et sociale), mais également du fait de l’absence de
véritable politique de migration.
1.2.
UNE SATURATION FONCIERE RELATIVE DEBOUCHANT SUR UNE PRESSION FORTE SUR
LES RESSOURCES NATURELLES
L’agriculture malgache est basée sur de petites exploitations. En 20 ans, la superficie totale des
exploitations agricoles a augmenté de 18,68% (soit en moyenne 0,86% par an). Cette évolution varie
d’une province à une autre (de -1,61% pour Toamasina à 61,65% pour Toliary). Le taux
d’accroissement annuel de la superficie totale des exploitations agricoles (0,86%) est inférieur à
l’accroissement annuel de la population agricole (3,17%) et du nombre d’exploitations agricoles
(3,32%). Ceci a engendré une réduction de la taille des exploitations agricoles. En effet, la moyenne
nationale passe de 1,2 ha/exploitation en 1984-85 à 0,86 ha/exploitation en 2004-2005, soit une
évolution négative de 28,68% en 20 ans (-1,26% par an).
150
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les exploitations agricoles se fragmentent à l'occasion des héritages et deviennent de moins en
moins viables et rentables du fait de leur faible productivité. C’est déjà le cas pour les zones orientales
et des Hautes Terres centrales. Certes, la partie occidentale malgache constitue encore un espace
« vide » à forte potentialité agricole, et elle peut recevoir une population agricole moyennant toutefois
une volonté politique forte d’aménagement de territoire (aménagement des infrastructures socioéconomiques, sécurisation foncière et sociale, maîtrise du marché des facteurs…).
L’extension des surfaces assure actuellement l’accroissement des productions. Mais, les systèmes de
culture traditionnels persiste et entraîne une déforestation accélérée, une surexploitation des
ressources naturelles, une chute de la fertilité des sols et une extension des surfaces dégradées ou
en voie de désertification, sans que des alternatives soient toujours à la portée des producteurs,
même si elles existent en théorie sur le plan agronomique.
1.3. UNE STAGNATION DE LA PRODUCTIVITE LIEE A LA FAIBLESSE DU MARCHE DES
FACTEURS
Le marché des facteurs est actuellement incomplet (faible utilisation d’intrants agricoles, et très faible
taux de motorisation, faible taux de pratique de techniques culturales améliorées, faible taux
d’accessibilité au crédit agricole, difficulté d’accès au foncier et droit de propriété non sécurisé, faible
maîtrise de l’eau malgré les actions en faveur de l’irrigation, faible niveau de désenclavement malgré
les divers travaux de construction et de réhabilitation de pistes et routes). Certains de ces facteurs se
sont dégradés au fil des ans. De ce fait, une stagnation de la productivité est constatée, et les petites
exploitations agricoles deviennent de moins en moins viables.
Le recours aux intrants (semences améliorées, engrais, pesticides et matériels agricoles) est faible à
Madagascar. Le taux d’utilisation de fertilisation est très faible, 84,66% des superficies exploitées n’y
ayant pas du tout recours.
-
-
-
1.4.
Le faible rendement des systèmes de cultures s’explique par la dominance des méthodes
traditionnelles et du faible niveau d’utilisation des facteurs de production (engrais, semences
améliorées). L’utilisation d’engrais et d’amendements calciques décroît au fil des ans,
notamment en raison de l’ingérence de l’Etat dans l’importation et la distribution, qui affaiblit le
secteur privé et ne lui permet pas de développer une stratégie de développement de la filière
basée sur des bases commerciales saines. Outre les problèmes liés aux importations et aux
circuits de distribution, plusieurs contraintes se situent à divers niveaux : la question de la
rentabilisation et de la valorisation du réseau commercial, de la disponibilité et de
l’accessibilité, de la faiblesse du pouvoir d’achat et du défaut de crédit, du système de
métayage, de l’aversion au risque de la part des exploitants…
Très peu de paysans utilisent l’engrais minéral et le niveau d’application reste bas. La
consommation moyenne d’engrais est de 3 kg de nutriments par hectare. D’après le
recensement agricole 2004 -2005, la superficie rizicole fertilisée (organique, minérale et mixte)
ne représente que 15% de la superficie rizicole totale.
L’utilisation de semences améliorées ou de variétés performantes est encore loin d’être
systématique malgré les efforts consentis depuis l’élaboration d’une politique nationale
semencière, dont le décret d’application n’a néanmoins été signé qu’en 2006, soit 14 ans
après sa conception.
L’ACTIVITE PRINCIPALE DE LA POPULATION AGRICOLE CONCENTREE SUR LE RIZ
Les exploitations agricoles malgaches sont basées sur la riziculture. 87% des exploitations font du riz,
et 60% des surfaces cultivées sont occupées par le riz. Or, compte tenu des techniques culturales
utilisées et de l’imperfection du marché des facteurs, le riz figure parmi l’une des spéculations à faible
productivité. Cependant, du fait que le riz constitue l’aliment de base, les paysans adoptent un
comportement prudentiel rationnel, en préférant le produire eux-mêmes plutôt que d’avoir à l’acheter à
un prix aléatoire.
151
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
L’orientation de l’agriculture vers l’autosubsistance persiste. L’orientation des activités agricoles n’a
pratiquement pas changée pour les petites exploitations. Dans les zones périurbaines, on assiste à un
début de diversification/spécialisation des cultures maraîchères et vivrières, notamment sur les Hautes
Terres (Analamanga et Vakinankaratra) et dans les zones à forte croissance démographique urbaine.
Notons l’intérêt récent que portent certains exploitants pour la production d’huiles essentielles et des
fruits et épices.
1.5.
UNE CONCURRENCE CROISSANTE DES PRODUITS IMPORTES
Une étude récente 103 mentionne que l’ouverture accrue des marchés régionaux et internationaux
(SADC, APE, COMESA) est une chance à saisir pour que Madagascar augmente sensiblement ses
exportations, en particulier de produits agricoles et agro-alimentaires. Cependant, pour saisir cette
opportunité, de nombreuses contraintes doivent être dépassées en matière de production, de
commercialisation et de respect des normes.
Cette évolution n’est pas non plus sans risque pour Madagascar et en particulier pour son secteur
agricole et agro-alimentaire. Une ouverture trop rapide de son marché ou du marché régional peut
entraîner une concurrence accrue de produits provenant de pays développés ou de pays en
développement émergents bénéficiant d’avantages certains en matière d’infrastructures, de
recherche, d’appui au financement et parfois de soutiens importants à la production et à l’exportation
sur des productions qui ne bénéficient d’aucun de ces avantages à l’exception d’une main d’œuvre
bon marché.
La multiplicité des Accords régionaux est également une contrainte à gérer pour éviter la confusion.
Le mouvement général d’ouverture des marchés offre certes de nouvelles perspectives aux
exportations malgaches, mais il s’accompagne d’une ouverture importante du marché national, et
donc d’une concurrence accrue des importations vis-à-vis de la production locale. Cette ouverture est
en préparation, mais les échéances se rapprochent à grands pas : la signature d’une part d’un Accord
de Partenariat Economique (APE) avec l’Union Européenne, d’autre part de l’accord SADC, tous deux
er
prévus avec effet au 1 janvier 2008, va diminuer fortement la protection de certains produits
agricoles et agro-alimentaires vis-à-vis des importations européennes et d’Afrique australe. Il est donc
vital pour Madagascar de se préparer à ces échéances rapprochées.
1.6.
UNE LIMITATION DES EXPORTATIONS, AVEC UNE CONCENTRATION SUR QUELQUES
PRODUITS
Toujours d’après l’étude déjà citée supra, les exportations agricoles sont concentrées sur quelques
produits. La vanille et la crevette sont les deux principaux produits exportés, dont une partie en zone
franche pour cette dernière. Le thon, le girofle, le litchi et le coton complètent le tableau des
principales exportations agricoles, mais déjà dans des proportions bien moindres. D’autres produits
sont exportés, mais dans des proportions très faibles : café, cacao, fruits et légumes, épices, huiles
essentielles, sucre …
Parmi les contraintes, on mentionnera tout spécialement (i) des exportations agricoles très
dépendantes de quelques produits (vanille, crevette et girofle représentent à eux trois les trois quarts
des exportations agricoles) et de quelques marchés (Europe et Etats-Unis), (ii) des blocages de l’offre
(coût du transport, faiblesse des infrastructures et services) et (iii) des problèmes organisationnels et
institutionnels qui pénalisent fortement la compétitivité.
Madagascar dépend fondamentalement de deux marchés pour ses exportations agricoles, à savoir les
USA pour la vanille, et l’Europe pour les principaux autres produits (crevette, litchi, sucre, café,
cacao), à l’exception du clou de girofle, exporté essentiellement vers l’Indonésie via Singapour.
Conséquence logique de ce qui précède, Madagascar exporte très peu de produits agricoles vers les
103
JEXCO : L’agriculture malgache dans le contexte des négociations commerciales internationales- Constats et
recommandations- 7 ACP 753-RPR Project n°23a- Octobre 2006
152
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
pays voisins, malgré sa participation à plusieurs accords d’intégration régionale (COMESA, COI,
SADC).
Une autre caractéristique fondamentale des exportations agricoles est leur grande variabilité dans le
temps, du fait de la forte volatilité de leurs marchés respectifs. Les principaux produits exportés par
Madagascar (vanille, crevette, girofle, litchi) voient en effet leurs cours mondiaux fluctuer énormément
d’une année sur l’autre. Si l’on ajoute à cela des variations parfois importantes des quantités, il
s’ensuit une très forte variation des valeurs exportées par produit selon les années.
L’accroissement des exigences sanitaires sur les marchés d’exportation est une contrainte
supplémentaire qui complique et accroît le coût de l’accès au marché. Toutefois, l’accroissement des
exigences pourrait se révéler un atout pour l’agriculture malgache comparativement à ses
concurrents, sur certains marchés de niche. En effet, un aspect de l’agriculture malgache est la
faiblesse des volumes de production de la plupart des filières : Madagascar produit de nombreuses
spéculations végétales et animales, mais en faible quantité. Face à des concurrents, dont les volumes
de production beaucoup plus conséquents permettent d’envisager des économies d’échelle
importantes, l’avantage comparatif de Madagascar réside dans le « sur mesure », la production de
qualité à petite échelle, la recherche de créneaux de niche à forte valeur ajoutée. La traçabilité est à
l’évidence plus facile à mettre en place dans le cas de productions à petite échelle que dans le cas de
très gros volumes. C’est le cas actuellement avec la filière haricot vert extra fin.
1.7.
UNE STAGNATION DE LA PAUVRETE RURALE
La pauvreté en milieu rural demeure très forte et elle concerne davantage les agriculteurs que
les autres groupes socio-économiques. Ainsi, la proportion de pauvres est de 78% pour les petits
agriculteurs contre 56% pour les travailleurs indépendants. La pauvreté est avant tout et surtout un
phénomène rural. Si la population rurale représente 75% de la population malgache, elle constitue
plus de 80% des pauvres.
La pauvreté à Madagascar est non seulement un phénomène rural, mais également un phénomène
agricole. Le ratio de pauvreté des foyers agricoles en milieu rural est passé de 74,5% en 1993 à
73,5% en 2005. Rappelons que le taux de pauvreté de l’ensemble de la population malgache s’est
situé à un niveau de 68,7% en 2005, contre 70% en 1993. Les ménages de petits exploitants sont
plus pauvres et ont subi une plus forte augmentation de la pauvreté. Cela est confirmé par les
informations recueillies par les observatoires ruraux. Le premier défi majeur de qui se pose à
Madagascar est la réduction de ce taux.
1.8.
FAIBLESSE DE L’AGRO-INDUSTRIE
L’agriculture malgache est confrontée à la faiblesse de l’agro-industrie qui ne concerne que les
produits laitiers (TIKO, SOCOLAIT, multiples fromageries), l’huile alimentaire (TIKO et autres en
province), le jus de fruit et confiture (CODAL, TIKO, EOHA, Mélodie, GAM…), la conserverie (CODAL,
BONGOU, Lecofruit…), la chocolaterie - biscuiterie - confiserie (Robert, JB, Socobis), la torréfaction
de café (TAF, Salone…), une basserie (Star), la sucrerie (SIRAMA et SUCOMA), la fabrication de
tabac (Royal Tobacco, OFMATA, usines de tabac à chiquer), la production de coton fibre
(HASYMA/Dagris) et de filature (Cotona, SOMACOU), la minoterie (Kobama), les produits
halieutiques (crevettes et thon), les épices (vanille, girofle, poivre…), les huiles essentielles.
Le volume d’emplois dans l’agro-industrie est très limité, de l’ordre de 0,3% des actifs. On constate un
faible niveau d’intégration dans cette branche. Ce qui se traduit par une faiblesse de l’offre tant au
niveau du marché local que pour l’exportation.
153
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
1.9.
FAIBLESSE DE STRUCTURATION PAYSANNE
Le monde rural malgache est caractérisé par la faiblesse de la structuration paysanne, même si les
malgaches ont une forte tradition d’entraide. Les organisations paysannes ont émergé sous l’initiative
des projets/programmes de développement et/ou des institutions financières agricoles. Dans de
nombreux cas, ces structures paysannes disparaissent avec l’arrêt des interventions de ces
organismes d’appui. En effet, ce sont généralement des organisations paysannes mises en place pour
faciliter les interventions des projets/programmes sans réelle appropriation par les paysans
bénéficiaires des appuis. Et nombreuses sont les structures paysannes dont le but est simplement de
profiter des opportunités des projets.
Il n’y a pour le moment aucun véritable recensement de ces structures paysannes, tâche difficile vu
l’étendu du pays et la profusion de ces structures.
Néanmoins, quelques structures faîtières nationales ou régionales ont émergé (FIFATA, Coalition
Paysanne de Madagascar, Kolo Harena, Fédération des AUE du Sud, Réseau Soa, Fédération des
Apiculteurs, Chambre d’Agriculture ou Tranoben’ny Tantsaha). Ces organisations se sont fixées des
missions de représentation et de défense des intérêts des groupements membres lors des
négociations au niveau national et international. Cependant, elles sont souvent encore jeunes et n’ont
pas encore la maturité ni le poids nécessaire pour défendre les intérêts des paysans lors de
l’élaboration des politiques concernant le monde rural, et en particulier le monde agricole.
1.10. FAIBLESSES DES INSTITUTIONS
La période d’ajustement structurel a laissé les institutions étatiques exangues, dont le manque
capacité à jouer efficacement son rôle a des répercussions extrêmement importantes sur
croissance économique. Ainsi, dans un rapport récent, une équipe du CIRAD prenait l’exemple
Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, et imputait la faible opérationnalité de
Ministère essentiellement à plusieurs facteurs, notamment :
•
•
de
la
du
ce
« Le premier d’entre eux est la cure d’austérité budgétaire conduite dans le cadre PASA, qui s’est
traduite par une réduction progressive des salaires réels et des moyens de fonctionnement ; cette
évolution, qui se traduit par une perte de reconnaissance sociale et par l’absence de perspectives
d’avenir, constitue sans nul doute un facteur important de démotivation des fonctionnaires ;
La mise en oeuvre de nombreux projets financés par les PTF passe bien plus souvent par des
ONG et autres équipes de la société civile et du secteur privé que par l’administration. De ce fait,
les principales actions de développement sont confiées à d’autres opérateurs que l’administration,
et de plus, le développement d’opportunités d’emplois beaucoup mieux rémunérés que dans la
fonction publique entraîne le départ d’une partie des cadres les mieux formés et les plus à même
104
de saisir ces opportunités nouvelles.»
2. ADAPTATION ET PORTE DE SORTIE
2.1.
ADAPTATION EN COURS
2.1.1. Au niveau des exploitations agricoles
L’agriculture a été plébiscitée par les communes de Madagascar (27% des communes) comme la
principale priorité de développement à leur niveau d’après Chérel-Robson et Minten (2003). Cela peut
se justifier dans la mesure où le principal secteur d’activité, en milieu rural, se trouve dans l’agriculture
pour 90% des actifs. De plus, dans le cas d’un pays comme Madagascar où l’agriculture tient une
104
Ribier V., Le Coq J.F., Pesche D., Evaluation des projets FSP d’appui aux politiques agricoles et à la sécurité
alimentaires dans les pays de la ZSP, CIRAD, MAE français, 2005.
154
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
place prépondérante, c’est une croissance tirée par le secteur agricole qui amènera à une réduction
de la pauvreté, même de façon indirecte. Les effets de cette croissance au niveau des paysans seront
marqués par une hausse des revenus « des paysans moyens qui possèdent les ressources
nécessaires pour participer à la croissance » : ils seront alors en mesure de créer des emplois
(Chérel-Robson et Minten, 2003) dans des activités rurales non agricoles.
On constate un faible développement des activités rurales non agricoles. La question qui peut se
poser est si une telle situation est à l’image de la faible performance dans les activités rurales
agricoles. D’après les EPM 2001 et 2004 :
• 4% des actifs ruraux travaillent dans le secteur industriel (2% des actifs du quintile le
plus pauvre de la population et 12% des actifs du quintile le plus riche)
• 4% des actifs ruraux sont occupés dans des activités de négoce (1% du quintile le
plus pauvre et 13% du quintile le plus riche)
• 6% dans autres activités du secteur tertiaire (1% du quintile le plus pauvre et 22% du
quintile le plus riche) : artisanat, transport.
Le constat est donc que les populations rurales pauvres semblent ne pas être insérées dans une
activité économique hors du secteur agricole en milieu rural.
Le dernier recensement agricole (DSI/MAEP, 2006) aborde la question de la pluriactivité en milieu
rural. Plus de 90% de la population active rurale est occupée dans l’agriculture, qui est associée le
plus souvent à l’élevage. Le commerce et l’artisanat constituent des sources de revenus additionnels
en tant qu’activités secondaires pour les ménages.
Tableau 46.
Agriculture
Elevage
Sylviculture
Pêche
Commerce
Industrie
Artisanat
Agent de
l'Etat
Transport
Profession
Libérale
Journalier
Autre
Aucun
Total
Secteur d’activité de la population rurale
Effectif
Pourcentage
Population agricole
Population agricole
active
active
Chef d'exploitation
Chef d'exploitation
Activité
Activité
Activité
Activité
Activité
Activité
Activité
Activité
principale secondaire principale secondaire principale secondaire principale secondaire
2 242 351
137 095
5578888
354 977
92,3
5,6
90,7
5,8
16 211
837 765
92674
1 632 122
0,7
34,5
1,5
26,5
5 108
32 736
25 996
9 645
27 552
17 689
38 173
112 220
3 207
152 159
8102
62897
107906
28114
130273
25 254
56 735
229 224
6 292
525 072
0,2
1,3
1,1
0,4
1,1
0,7
1,6
4,6
0,1
6,3
0,1
1,0
1,8
0,5
2,1
0,4
0,9
3,7
0,1
8,5
39 586
5 574
27 244
5 261
60776
9804
29 090
6 492
1,6
0,2
1,1
0,2
1,0
0,2
0,5
0,1
11 707
0
12 025
0
27 301
0
33 429
1 036 948
27330
516
41992
0
41 012
0
73 455
3 169 545
0,5
0,0
0,5
0,0
1,1
0,0
1,4
42,7
0,4
0,0
0,7
0,0
0,7
0,0
1,2
51,5
2 428 492
6149271
6 149 271
100,0
100,0
Source : Recensement agricole national 2005, DSI/MAEP
100,0
100,0
2 428 492
Les entreprises non agricoles (ENA) en milieu rural fournissent les plus importantes opportunités de
travail. Une ENA est une petite unité de production ou de services gérée par les ménages, et
constituant souvent une alternative à l’emploi salarié. Environ 82% des travailleurs dans le milieu rural
sont dans les ENA ou évoluent en tant qu’indépendants (EPM, 2004).
Les ENA évoluent surtout dans les secteurs du commerce (44%), de l’artisanat (37,7%), de l’industrie
(12,2%), du transport et de l’hôtellerie (3,2%). Elles sont en grande partie dans l’informalité : au niveau
national, seules 12,7% sont enregistrées au niveau des services de la Statistique (EPM, 2004). Ce
taux serait encore plus faible si on ne considère que le milieu rural.
155
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Environ 25% des ménages ruraux possèdent une ENA mais ce taux varie et croît avec les quintiles de
pauvreté : 36% des ménages du quintile le plus riche et 15% des ménages du quintile le plus pauvre
en 2004 d’après l’EPM. L’amélioration de l’environnement ne pourra qu’être favorable à l’émergence
des ENA. Mais les chiffres précédents renforcent l’idée que les populations rurales pauvres peuvent
rencontrer des difficultés pour s’insérer dans une activité économique hors du secteur agricole en
milieu rural.
D’après le recensement agricole 2004-2005, le salariat agricole est une source de revenus non
négligeable des ménages ruraux. Cette source de revenus représente 90% des revenus extraagricoles. D’ailleurs, 35% de la population rurale y ont recours et 17% de la population rurale en
dépendent principalement.
De ce fait, le début de diversification des productions, auquel on assiste actuellement, ne peut que
contribuer à l’augmentation de ce salariat.
Néanmoins l’intensification de la production reste limitée par la faible utilisation des engrais et
semences améliorées, et plus généralement par une aversion généralisée pour tous types de risques.
L’extension des superficies se heurte aux contraintes des ressources naturelles dans certaines
régions.
2.1.2. Meilleure organisation et intégration des filières et des marchés
Des filières intégrées existent, notamment pour le coton, le tabac et le sucre. L’on assiste à un début
d’intégration pour les filières haricot vert, riz, lait, et, à moindre importance, le litchi. A part les filières
traditionnelles (coton, tabac et sucre), où il y a monopole, l’intégration de nouvelles filières constitue
une stratégie choisie par les opérateurs pour :
- avoir des produits de qualité, respectant les normes,
- assurer la traçabilité pour l’exportation, exigence du marché européen,
- collecter à temps, et à des coûts compétitifs, la quantité nécessaire,
- éliminer les intermédiaires afin d’accroître la marge.
Cette dynamique a abouti, entre autres, à un début de mise aux normes de produits tels que le litchi,
le café de qualité, la vanille bio, les huiles essentielles avec le label Natiora, le haricot vert extra fin, le
riz de luxe à l’export…
Par ailleurs, l’on assiste également à une amélioration de l’organisation des filières, via la mise en
place de plateformes de concertation des divers acteurs, à l’exemple du riz, du letchi ou de la vanille.
C’est dans ces structures que les stratégies à adopter pour la filière concernée sont définies, à
l’exemple de la fixation de la date d’ouverture de campagne pour la vanille ou le litchi, ou pour la
détermination du tonnage de riz à importer….
Dans cette dynamique, de nombreux opérateurs, en particulier les exportateurs, commencent
également à s’intéresser à l’utilisation des centres d’information et de mise en relation
paysans/opérateurs, mis en place récemment par des projets/programmes (Centre d’Accès aux
Marchés du PPRR, ABC du MCA). Le rôle pris par les organismes d’appui, tels que les centres
techniques horticoles ou les associations interprofessionnelles, est important pour la promotion, pour
la mise aux normes et le suivi de la traçabilité des filières horticoles. Le rôle des Chambres de
Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et de l’Agriculture et des organisations professionnelles est de
plus en plus important dans l’intégration des filières
En plus des produits traditionnels d’exportation (girofle surtout), ces nouvelles structures ont permis de
promouvoir et de professionnaliser de nouvelles filières (miel, piment…) destinées à l’exportation,
même si les quantités concernées sont encore faibles.
156
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
En ce qui concerne les marchés, ceux-ci souffrent à Madagascar d’une mauvaise intégration, à partir
du moment où l’on dépasse le niveau communal. Cet état de fait est très bien montré dans une étude
de Moser et alii 105, qui distingue 3 types de situations en matière d’intégration des marché :
ƒ
ƒ
ƒ
Equilibre compétitif intégré (ECI).
Equilibre compétitif segmenté, liés aux coûts de transports… (ECS)
Equilibre non compétitif ou déséquilibre avec une situation de monopole, pas d’accès à
l’information (ENC)
Tableau 47.
Répartition de l’intégration ou non des marchés ‘local, régional et
national)
ECI
ECS
ENC
Communal
69%
22%
9%
Régional
5%
31%
63%
National
13%
83%
43%
Source : Moser et al (2005)
Le tableau précédent montre une relativement bonne intégration des marchés au niveau local, alors
qu’une très forte segmentation apparaît aux niveaux régional et national.
S’il est évident qu’une meilleure intégration des marchés dépend de la qualité des communications
physiques, l’étude en question fait également apparaître qu’une action sur la mise à disposition de
l’information économique peut avoir des incidences significatives sur le fonctionnement des marchés.
Ainsi, de même qu’une dynamique de réhabilitation et de développement du réseau routier est
actuellement en cours, on assiste également à plusieurs tentatives pour améliorer la mise à
disposition de l’information économique.
La plus significative d’entre elle est celle de l’Observatoire du Riz, dont le système d’information de
marché est pleinement opérationnel depuis plus d’un an, et collecte chaque semaine les prix du
paddy, du riz blanc local et du riz blanc importé, dans les 111 districts de Madagascar. Ces
informations, mises en forme, sont diffusées sur l’ensemble du territoire, par tous les moyens
disponibles (radio nationale et locales, messages électroniques, journaux, affichage au niveau
communal). Actuellement, plusieurs expériences visant à prolonger cette approche au niveau local
sont en cours, au travers de l’action d’Organisations Paysannes régionales.
Ce maillage informationnel permet à l’ensemble des acteurs du marché d’en avoir la même
connaissance, là où auparavant, celle-ci était fragmentée et dans les mains de réseaux de collecteurs,
sans que les producteurs n’y aient accès. Même si l’intégration du marché au niveau national relève
d’autres paramètres, tel l’efficience du réseau routier, l’accès à l’information de l’ensemble des acteurs
à l’information la plus complète possible y contribue significativement, favorisant à terme des gains de
productivité de la filière riz nationale, liés notamment au resserrement des marges en aval de la filière,
induit par l’accroissement de la compétition entre opérateurs. Dans le même temps, l’accroissement
du pouvoir de négociation des producteurs devrait leur permettre de récupérer une partie plus
importante de la valeur ajoutée générée par la filière.
2.1.3. Diversification et pluriactivité : une adaptation et une stratégie des
paysans
Comme mentionné dans la troisième partie, la diversification et la pluriactivité constituent des
réponses des paysans face à la baisse de productivité, à l’émiettement des parcelles agricoles de
moins en moins viables et rentables, et à la difficulté d’accès au foncier. La mise en œuvre de ces
stratégies concerne surtout les paysans les plus vulnérables (exploitations à faible superficie rizicole
dans lesquelles la production ne suffit pas à nourrir les membres de la famille, et paysans sans terre),
105
Moser C., Barrett C.B., Minten B., Missed opportunities and missing markets: Spatio-temporal arbitrage of rice
in Madagascar Antananarivo, January 2005
157
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
et à moindre mesure les paysans moyens (production rizicole devant être suffisante, mais vendue en
partie).
La diversification et la pluriactivité permettent aux paysans de :
- se subvenir aux besoins primaires
- minimiser les risques
- valoriser rationnellement le patrimoine des paysans (rizière, tanety, baiboho, zone de
pâturage…)
- absorber la cohorte en milieu rural
- ne pas être obligés de migrer pour commencer une nouvelle vie, d’autant plus qu’ils sont
attachés à leur tanindrazana (terre des ancêtres)
Ces stratégies se sont de plus en plus développées au cours d’une vingtaine d’années, même elles
avaient déjà existé auparavant.
2.1.4. Au niveau des institutions
La plupart des Ministères est actuellement engagé dans une réforme institutionnelle qui en est en
pleine phase de « dégraissage », les fonctionnaires étant incités à des départs volontaires,
moyennant des primes de départ incitatives.
La seconde phase de cette réforme vise un redéploiement des compétences au niveau régional, puis
des recrutements complémentaires au niveau régional, afin de renforcer les compétences
opérationnelles déconcentrées des Ministères, sur des tâches dites régaliennes, tel par exemple que
le contrôle et la certification des semences ou le respect des normes, et plus généralement la garantie
des droits et le contrôle des devoirs des citoyens.
Corrélativement, en termes de décentralisation, un processus très volontariste est actuellement en
cours, aux niveaux communal et régional. Toutefois, les compétences sont encore rares, et la
formation de cadres de la fonction publique territoriale n’existe pas encore.
Aussi, il y a là de toute évidence, tant au niveau national qu’au niveau local des enjeux très
considérable en termes de formation d’une nouvelle administration publique, au service des citoyens.
2.2.
PORTES DE SORTIE
2.2.1. Migration interne et externe
L’exode rural, un élément difficilement chiffrable
Il n’y a pas de données disponibles concernant le rythme de l’exode rural à Madagascar. En effet, le
phénomène de développement de bidonvilles n’est pas visible dans les grandes villes du pays.
Certes, des abris de fortunes se sont créés dans la ville d’Antananarivo, mais ils sont surtout liés aux
problèmes de la population la plus vulnérable de l’agglomération (perte d’emploi, choc lié à des
maladies…).
Néanmoins, le phénomène d’exode rural existe, mais ne concerne qu’un effectif assez faible,
s’agissant des gens de maisons et d’une partie des salariés des entreprises franches. En général, ces
dernières ne s’intéressent qu’à une main d’œuvre ayant un minimum d’instruction (au moins 7 années
d’études). Aussi, ce type d’exode rural ne concerne que la population aux environs immédiats des
villes où des entreprises franches se sont installées (Antananarivo, Antsirabe et Toamasina).
La population des zones profondes du pays n’est guère touchée par ce phénomène, pour l’ensemble
des raisons données plus haut pour expliquer la répugnance des paysans à quitter leur terroir.
158
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les secteurs d’activités en milieu urbain ne permettent pas d’absorber les flux des ruraux
D’après les résultats des enquêtes auprès des ménages (EPM), les activités principales des ménages
relèvent de 11 branches d’activités :
− L’agriculture qui regroupe les activités d’agriculture proprement dite, la sylviculture, l’élevage, la
pêche, l’exploitation forestière et autres activités telles que la chasse…
− L’industrie alimentaire qui inclut l’agro-alimentaire et l’alimentaire ;
− L’industrie textile qui comprend le textile et cuir ;
− Les bâtiments et travaux publics ;
− Les autres industries dont l’industrie extractive, l’industrie du bois, l’industrie chimique ;
− Le commerce qui regroupe le commerce général et spécialisé ;
− Le transport incluant le transport public et privé, les transports terrestre, aérien, fluvial et
maritime;
− La santé privée ;
− L’éducation privée ;
− L’administration publique ;
− Les autres services dont l’hôtellerie et la restauration …
Le tableau suivant fournit la répartition des actifs dans les différentes branches d’activités, tant du
secteur formel qu’informel. Ce tableau a été obtenu par l’INSTAT à partir d’enquêtes par
échantillonnage. C’est la raison de la non disponibilité des effectifs des actifs par branche.
Tableau 48.
Répartition des actifs entre les différentes branches, dans le milieu rural
et dans l’ensemble de Madagascar
2004
Branche d'activité
Rural
Ensemble
Agriculture
90,1
82,4
Industrie alimentaire
0,2
0,3
industrie textile
0,4
0,8
BTP
1,3
1,5
Autres industries
1
1,6
Commerce
1,7
4
Transport
0,6
1,1
Santé privée
0,1
0,1
Education privée
0,2
0,4
Admnistration publique
2
2,9
Sources : EPM 2004
En 2004, 82,4% des actifs malgaches étaient dans l’agriculture. Ces proportions confortent l’idée que
la majorité des malgaches dépend encore de l’agriculture.
Faute de chiffres exhaustifs sur les effectifs d’actifs dans les différentes branches d’activité, nous
avons analysé les perspectives d’emplois dans deux secteurs jugés porteurs pour l’économie
malgache. Il s’agit du secteur tourisme et du secteur textile- habillement.
Selon une étude récente, effectuée par le Cabinet Conseil JEXCO (2006), et portant sur le secteur
textile- habillement à Madagascar, le secteur et ses activités connexes emploient environ 180 000
personnes en 2005. Moyennant la conquête de nouveaux marchés notamment européens et des
investissements importants, les possibilités d’emplois seraient au maximum de 300 000 emplois à
l’horizon 2009, soit 30 000 emplois de plus par an.
Concernant le tourisme, l’INSTAT avait évalué les emplois directs et indirects de ce secteur à 19 850
personnes en 2004. Les prévisions du plan directeur du tourisme, élaboré par le Cabinet GATO AG,
font une estimation de 135.400 emplois directs et indirects à l’horizon 2013, soit à peine 13 000
nouveaux emplois par an sur 12 ans.
Le constat est donc sans appels : ces deux secteurs, pourtant jugés phares pour le développement de
l’économie malgache, n’absorberaient au maximum que 43.000 emplois/an, face à plus de 300 000
jeunes arrivant annuellement sur le marché de travail.
159
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Par ailleurs, à titre d’information, signalons que le niveau d’instruction de la population rurale est assez
élémentaire. Ce qui rend encore plus difficile l’insertion des jeunes ruraux dans le milieu urbain. Plus
de quatre personnes sur cinq ont un niveau d’instruction ne dépassant pas le niveau primaire. 28 %
de cette population n’ont jamais fréquenté l’école. La proportion des illettrés la plus élevée est
observée à Toliara avec 52,5 % suivi de Mahajanga avec 28,2 %. Entre les deux sexes, ce taux est
relativement plus élevé pour les femmes (26,8% contre 23,2%).
En ce qui concerne la population rurale de 6 à 14 ans, 19,4% n’ont jamais fréquenté l’école et le taux
le plus élevé est enregistré à Toliara avec 41,6% (Source : recensement agricole 2004-2005).
Migration inter-régionale ou rural-rural
Au niveau national, les migrations internes peuvent être appréhendées par l’indice de mobilité
résidentielle, qui se situait à 17% en 1993 (Rakotonarivo, 2006 et INSTAT, 1997). Cet indice est défini
comme étant la proportion de personnes qui ont changé de Fivondronana (district) de naissance ou
de résidence antérieure au moins une fois dans leur vie. Au-delà de cette moyenne de 17%, à
l’échelle locale dans certaines zones de l’île, certains groupes ethniques enregistrent des
déplacements de population beaucoup plus nombreux et fréquents que d’autres (cf. 1.1.5).
Cependant, en l’absence d’études et de recherches détaillées, la circulation migratoire reste très mal
connue à Madagascar.
Il est à préciser que les migrations inter-régions ou rural-rural sont de faible ampleur. En effet, même
si le phénomène migratoire est déjà ancien à Madagascar (conquête de territoire, choc lié à une
disette, saturation…), il n’est jamais de masse. A l’exception des groupes ethniques du Sud
(Antandroy), du Sud-Est, et du centre (Merina et Betsileo), les autres groupes ne sont pas tentés par
la migration, qu’elle soit inter-régionale ou rural-rural. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une
conquête progressive du Moyen Ouest et du Centre Ouest, zones à très faible densité de population.
Un migrant ne s’installe dans une zone qu’après avoir négocié avec le tompon-tany (population
« autochtone »). Il demande par la suite à sa famille de venir l’aider, et il augmente au fur et à mesure
sa capacité de production jusqu’à « refouler » progressivement hors de la zone le tompon-tany.
Ce type de migration ne touche que les activités agricoles, même si auparavant, des migrations
temporaires existaient dans les plantations sucrières où l’on avait demandé à la population du Sud de
venir s’installer dans le Nord-Ouest comme salariés. Une migration saisonnière existe pour des
activités ponctuelles de travaux agricoles ou miniers.
La migration inter-régionale et rural-rural peut constituer une porte de sortie pour le pays. En effet, la
partie occidentale du pays reste assez vide d’hommes. Cette zone ne pourra se développer qu’après
qu’un minimum de conditions soient satisfaites : sécurité (sociale et foncière), infrastructure de
désenclavement, marché pour s’approvisionner et pour vendre la production… C’est déjà le cas dans
106
le Moyen Ouest, où la construction de pistes rurales a permis à de nombreux migrants de s’installer
spontanément après négociation avec les tompon-tany. Certes, ces migrants sont au départ testés par
ces derniers pour juger de leur intégrité, de leur engagement et de leur entêtement. Il n’est pas rare
que ces migrants soient attaqués par des brigands comme les voleurs de zébus.
La partie occidentale du pays, a priori très faiblement peuplée, a un potentiel de terres valorisables
très important, pouvant accueillir de nombreux pionniers agricoles.
La politique actuelle de mise en place de Zone d’Investissement Agricole (ZIA) a pour objectif
d’occuper ces zones vides potentiellement valorisables. L’effectivité des ZIA nécessite une
amélioration de la sécurité des biens et des personnes, une sécurisation foncière, une infrastructure
adéquate pour activer le désenclavement et l’aménagement d’infrastructures sociales (hôpitaux de
proximité, écoles, téléphone, électricité, adduction d’eau…).
106
Plusieurs milliers par an d’après nos propres estimations.
160
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Les projets de migration existants constituent des prémices d’appui aux candidats aux départs.
Cependant, ces projets ne concernent que certaines catégories de personnes bien ciblées,
paradoxalement uniquement parmi les populations urbaines (jeunes sortant des universités pour le
PROJER, gens des rues pour le Ministère chargé de la population, familles en difficulté pour certaines
ONG).
Le développement de villes secondaires, à l’instar d’Ambatolampy, de Moramanga, de Tanambe ou
de Morondava, est une porte de sortie pour les jeunes arrivant dans la vie active. Ces villes, assez
dynamiques, ont vu se développer variété d’activités, à l’instar de l’artisanat d’art, de construction et
de réparation de matériels agricoles, de réparation de matériels roulants (bicyclettes…), de services
(photocopie, informatique…), et divers commerces… De nombreux jeunes se sont insérés dans ces
activités qui demandent un niveau minimum de formation. Ceux qui ont un niveau moindre se font
employer comme main d’œuvre salariée. La poursuite du développement des villes secondaires,
continuera à absorber une partie de la cohorte de jeunes arrivants dans la vie active, surtout pour
ceux qui ont un certain niveau d’instruction.
Le développement de l’artisanat dans les villes secondaires (et ailleurs) pourrait profiter de
l’engouement actuel pour le « marché équitable ». Une meilleure sensibilisation des artisans aux
normes de qualité ne peut qu’optimiser l’intégration dans les réseaux internationaux. L’aide des ONGs
en ce sens s’avère très utile.
Le lancement actuel d’une politique d’aménagement du territoire vise à développer des zones à
potentialités agricoles élevées, tout en préservant les zones à risques et de conservation. Le
Programme National de Décentralisation et de Déconcentration, récemment validé par le
Gouvernement, vise à renforcer cette politique d’aménagement du territoire, en donnant plus de
pouvoirs et de moyens aux collectivités territoriales.
Migrations internationales
Du fait de l’adhésion de Madagascar à divers accords commerciaux (SADC, COMESA, COI, OMC),
les migrations internationales, dans la sous- région, ou ailleurs, pourraient également constituer une
porte de sortie pour Madagascar. Mais cela ne pourra concerner qu’une infime partie de la population
urbaine. Les opportunités existent en effet, comme la facilité d’entrée en Afrique du Sud et à Maurice
qui sont des pays demandeurs de main d’œuvre. Cependant, des contraintes persistent : barrière de
la langue, insuffisance de trésorerie pour supporter les frais de déplacement et d’installation, aversion
pour le risque et l’aventure. Ceci concerne, non seulement la population urbaine, mais surtout les
ruraux.
Quoiqu’il en soit, cette option de sortie ne concerne et ne concernera qu’une infime partie de la
cohorte de jeunes devant s’insérer dans la vie professionnelle, d’autant plus qu’avec la fermeture des
frontières de l’Union Européenne (première destination des jeunes émigrants malgaches) et des
Etats-Unis, il y aura encore moins de candidats au départ. Selon l’estimation de Ratha et Shaw
(2005), on compte environ 150.000 malgaches émigrés à l’extérieur du pays (dont 52,9% en France,
17,1% à La Réunion, 13,9% aux Comores, 8,1% pour les autres pays du Sud, 1,4% au Canada, 1,1%
en Italie, 0,9% aux Etats-Unis d’Amérique, et 4,6% dans les autres pays).
A l’inverse des migrants d’autres pays (tels le Mexique ou le Maroc), le montant des transferts des
migrants malgaches est très faible, de l’ordre de 16 millions de dollars US en 2005, soit 105 $US par
an par migrant (Ratha & Shaw).
2.2.2. Réforme foncière
La réforme foncière menée actuellement dans le cadre du Programme National Foncier (2004-2015)
constitue une des actions du Gouvernement malgache pour promouvoir l’immigration et
l’investissement par le biais de la sécurisation foncière. Cette réforme se base non seulement sur la
modernisation des 29 services fonciers régionaux, mais surtout sur la mise en œuvre d’une gestion
foncière décentralisée au niveau des communes par le biais des guichets fonciers. Ainsi, l’accès des
paysans pour sécuriser leurs droits se fait à proximité et à moindre coût (moins de 15 $US/ha au lieu
161
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
de 70 $US/ha avec les services de l’administration foncière actuellement). Selon les objectifs du MAP,
75% des parcelles agricoles devront être sécurisées en 2012 (contre 1/15 du territoire actuellement).
Des Zones d’Investissement Agricole, en cours de mise en place dans chacune des 22 Régions,
devraient en même temps promouvoir la production agricole, accroître les revenus des paysans dans
le cadre du salariat, et absorber une partie de la cohorte en milieu rural.
D’autre part, cette réforme foncière a déjà permis et devrait davantage permettre la création de
différentes réserves foncières, en particulier pour le tourisme.
2.2.3. Développement des activités non agricoles
Capacité d’absorption du secteur informel
Le secteur informel est très mal appréhendé par les statistiques malgaches. Dans les enquêtes
permanentes auprès des ménages (EPM), l’INSTAT procède par échantillonnage auprès des chefs de
ménages. Ces enquêtes englobent à la fois le secteur informel et le secteur formel, sans faire de
distinction au moment des enquêtes. Ces enquêtes ne procèdent pas à un recensement exhaustif du
secteur informel, d’où l’inexistence de données précises et récentes sur le secteur informel.
Une enquête plus ancienne, effectuée en 1995 par le projet Madio dans l’agglomération
d’Antananarivo, avait permis de constater que si l'on décomposait les branches d'activités en 3 grands
secteurs : le "commerce" comptait 39% des unités de production, l"industrie" 35% et les "services"
26%. La répartition par branche des unités de production informelles montrait que ce secteur était
avant tout un rouage essentiel pour la satisfaction des besoins des ménages.
En 1995, les commerces informels étaient spécialisés dans le commerce de détail des produits agroalimentaires (dont des produits agricoles non transformés dans la moitié des cas) et industriels
destinés à la consommation des ménages. La part des grossistes ne dépasse pas 6%.
Dans l'industrie, le secteur informel était spécialisé dans certaines activités particulières. C'était en
premier lieu la "confection", qui regroupait plus de 58% des activités industrielles, mais aussi et dans
une moindre mesure la "fabrication de meubles" et la "fabrication de mofogasy et autres galettes". Il
convenait d'y ajouter le "BTP", qui avait bénéficié d'un accroissement de la demande publique ces
dernières années suite aux programmes de réfection des infrastructures routières. L'industrie
informelle dans l'agglomération d'Antananarivo dessinait les contours traditionnellement dévolus aux
activités de type artisanal, souvent proches de prestations de services, faiblement intégrées et
exclusivement tournées vers la consommation finale.
Du côté des services, les "services fournis aux particuliers" (notamment les services domestiques, les
affaires immobilières et activités des démarcheurs, plus connus sous le nom de "mpanera")
constituaient près de 60% des établissements de services informels. La part des services fournis aux
entreprises était négligeable (moins de 7%). Si l'on y ajoutait la "restauration" (gargotes et autres), les
"chauffeurs de taxis" et les "tireurs de pousse-pousse" ("mpitarika posy"), on retrouvait la quasi totalité
des activités de service.
La structure comparée des emplois formels/informels montrait clairement l'orientation très marquée du
secteur informel vers les activités commerciales, au détriment des activités de services. En 1995, les
emplois commerciaux représentaient un tiers des emplois informels, mais seulement 12,6% des
emplois formels. En contrepartie, 60,4% des emplois formels se trouvaient dans les services (avec
une grosse partie attribuable aux administrations publiques), tandis que cette proportion n'atteignait
que 27% dans le secteur informel. La spécialisation par branche des emplois dans les deux secteurs
(formel et informel) tendait à montrer qu'ils étaient plutôt en situation de complémentarité que de
concurrence directe. Enfin, il faut souligner l'importance du poids des emplois industriels dans le
secteur informel, largement supérieur à celui qui prévalait dans le secteur formel.
162
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Tableau 49.
Structure par branche des unités de production informelles, en 1995
UNITES DE PRODUCTION
EMPLOIS
Effectifs
%
Secteur informel
Secteur formel
Industries:
43 052
35,0
39,8
27,0
- Agro-alimentaire
4 851
3,9
4,5
2,4
- Confection
25 011
20,3
21,5
12,7
- Autres
6 513
5,3
8,2
8,0
- BTP
6 677
5,4
5,6
3,9
Commerce:
48 320
39,3
33,1
12,6
- Produit primaire
33 366
27,1
22,1
5,1
- Produit transformé
14 954
12,2
11,0
7,5
Services:
31 628
25,7
27,1
60,4
- Ménage et entreprise
18 735
15,2
17,8
53,7
- Restauration
5 887
4,8
5,5
2,8
- Transport
7 005
5,7
3,8
3,9
TOTAL
123 000
100
100
100
Sources: Enquête 1-2-3, phase 1 et phase 2, calculs MADIO.
Nous n’avons pu disposer de chiffres plus récents sur ces sujets. Néanmoins, de ces données de
1995 portant sur l’agglomération d’Antananarivo, Madio a pu estimer qu’il y avait 123 000 unités de
production informelles des activités marchandes non agricoles de la capitale, en 1995. Ces unités
généraient alors 189 500 emplois. Ce résultat confirme que le secteur informel était de loin le premier
pourvoyeur d'emplois dans la capitale malgache. D'autre part, il apparaît que le secteur informel était
massivement constitué de micro- unités. La taille moyenne des unités informelles était de 1,55
personnes par établissement.
La même enquête avait permis de constater qu’en 1995, le secteur informel n’était pas le refuge
privilégié des migrants. 65% de ceux qui travaillaient dans l’informel étaient nés dans l’agglomération
d'Antananarivo et y avaient toujours vécu. De plus, la proportion de migrants était plus faible dans le
secteur informel que dans le secteur formel (respectivement 35% et 40%).
Ces données du projet Madio, mêmes anciennes, permettent de conclure que le secteur informel, au
niveau de la capitale n’offrait pas une option de sortie satisfaisante pour absorber le trop plein du
monde rural. L’agglomération d’Antananarivo étant considérée comme étant la plus active de toutes
les agglomérations, la conclusion ci-dessus peut être généralisée à l’ensemble des agglomérations de
l’île. Malheureusement, aucune enquête récente n’est disponible pour une comparaison des résultats.
A titre d’information, le projet Madio avait identifié les contraintes auxquelles se heurtait le secteur
informel.
Tableau 50.
Principales difficultés rencontrées par le secteur informel (classées par
ordre d'importance décroissante)
Total
Industrie Commerce
Service
1. Manque de clientèle
47,6
40,4
52,4
50,1
2. Difficulté d’accès au crédit
39,5
39,3
46,7
28,7
3. Excès de concurrence
32,7
23,3
41,2
32,7
4. Approvisionnement en matières premières
27,5
33,4
31,5
13,2
5. Manque de machines ou d’équipements
21,5
35,3
6,6
25,7
6. Manque de place, local inadapté
18,8
15,8
22,1
17,9
7. Coût du crédit
12,3
12,6
14,3
9,0
8. Difficulté d’organisation, de gestion
7,8
9,6
6,9
6,8
9. Trop de réglementations, trop d’impôts
7,2
2,1
12,0
6,9
10. Difficulté technique de fabrication
6,2
10,3
2,5
6,3
11. Recrutement de personnel qualifié
1,9
3,7
0,6
1,5
Aucun problème
11,0
10,5
7,7
16,5
Sources: Enquête 1-2-3, phase 2, calculs MADIO. Le total en colonne peut être supérieur à 100%, car il
s'agit de questions à réponses multiples
163
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Activités formelles et emplois offerts
Les PMEs du secteur formel se heurtent pratiquement aux mêmes difficultés que le secteur informel,
telles que recensées dans le précédent tableau. L’amélioration du climat des affaires passe par la
résolution de ces contraintes, dans le but de développer le tissu économique malgache, dont la taille
est actuellement insuffisante. Une dynamique active de création ou d’extension des diverses unités de
production/ commercialisation ne peut qu’influer sur la croissance et le développement général du
pays et augmenter le niveau actuellement faible des emplois offerts par le secteur formel.
2.2.4. Zones favorables identifiées
Les activités du programme Millenium Challenge Account (MCA) Madagascar visent à aller d’une
économie de subsistance à une économie de marché. Pour ce faire, le programme cible plusieurs
zones d’intervention. Des investissements dans l’agriculture « tournée vers le marché » commencent
ainsi à être mis en œuvre dans le Vakinankaratra/Amoron’i Mania, le Menabe, la region Atsinanana, le
Boeny et Diana.
Le projet Pôles Intégrés de Croissance (PIC) prévoit le développement d’activités dans le secteur
agriculture (agro-alimentaire), à travers « l’appui aux filières porteuses » sur l’axe AntananarivoAntsirabe.
On peut noter quelques caractéristiques communes à ces zones :
- Une densité démographique « élevée ».
- Des infrastructures routières permettant l’évacuation des produits et l’approvisionnement des
centres de production en intrants
- Un niveau d’équipement sanitaire acceptable
- Le dynamisme des organismes de développement (ONGs, projets…).
Une des activités communes aux deux projets MCA et PIC porte sur le développement des chaînes
de valeur, en renforçant l’intégration verticale des filières et en regroupant les acteurs intervenant à
tous les niveaux de la chaîne (de l’approvisionnement à l’exportation). A terme, la création d’emplois
est un des résultats escomptés de ces programmes. L’agriculture contractuelle dans le filière huile
essentielle est ainsi en phase de lancement dans la région de l’Amoron’i Mania (pour approvisionner
la société Homeopharma), avec la contribution des associations de producteurs locaux.
Le but visé, à terme, est le développement des activités non agricoles dans des régions à vocation
agricole, accessibles et mieux loties en termes d’infrastructures sanitaires ou autres, et disposant de
la main d’œuvre nécessaire aux activités de production.
2.2.5. Ouverture sur des marchés régionaux et internationaux
Développement des exportations dans le cadre des différents accords COMESA, SADC, AGOA,
APE, COI)
Dans l’étude citée supra 107, l’analyse de la structure des exportations agricoles malgaches montre que
peu de produits vont vers les marchés des pays en développement. Ce constat est également vérifié
pour les pays avec lesquels Madagascar a signé des accords d’intégration économique régionale, tels
la COMESA et le COI.
La reprise (éventuelle !) des négociations à l’OMC pourrait amener certains pays émergents à
abaisser leurs droits de douanes pour l’ensemble de leurs importations, quelle qu’en soit l’origine.
Cela améliorerait en conséquence les conditions d’accès des exportations malgaches à ces marchés
en fort développement. Les meilleures opportunités semblent toutefois résider dans le développement
des échanges régionaux. Les conditions d’accès aux marchés d’Afrique australe devraient tout
107
JEXCO : L’agriculture malgache dans le contexte des négociations commerciales internationales- Constats et
recommandations- 7 ACP 753-RPR Project n°23a- Octobre 2006
164
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
naturellement s’améliorer avec la mise en place de l’accord d’intégration économique de la SADC. Cet
accord prévoit en effet un abaissement, voire la suppression des droits de douanes pour un grand
nombre de produits, les premières mesures entrant en vigueur dès 2008. Il est toutefois à noter que
l’accord ne fait pas mention d’engagement spécifique concernant les normes, et qu’en l’absence de
discipline concertée, ce sujet risque de devenir l’une des contraintes majeures des futurs échanges
régionaux.
Des nouvelles opportunités à nuancer selon les produits
La préparation de l’Accord d’intégration régionale de la SADC a créé de réelles expectatives de la part
des opérateurs malgaches, la perspective d’un accès privilégié à un marché de plus de 200 millions
de consommateurs étant à l’évidence attractive. L’analyse des opportunités est bien évidemment
nuancée selon les produits. Les principaux produits exportés (vanille, crevette, girofle, huiles
essentielles, café, cacao, sucre, coton) devraient rester ciblés vers les marchés des pays développés,
alors qu’il y aurait probablement un espace pour des produits actuellement exportés en petites
quantités tels que les fruits et légumes (pomme de terre, tomate, oignon, melon, …), le maïs, principal
produit vivrier de l’Afrique australe, voire même le riz.
2.2.6. Investissement étranger dans l’agriculture
Bien qu’à un niveau encore faible, la mise en œuvre des productions destinées aux marchés
régionaux se fait actuellement en partenariat avec des opérateurs de la Sous- Région. Les opérateurs
réunionnais ont déjà travaillé avec des paysans malgaches dans le Moyen Ouest pour la production
de maïs destiné au marché réunionnais. C’est également le cas des sociétés à capitaux français
anciennement installées dans le pays (pour le sisal par exemple).
Des opérateurs mauriciens se sont actuellement implantés sur les Hautes Terres, dans le
Vakinankaratra, pour la production de pommes de terre destinées au marché mauricien. Au-delà des
élevages d’autruches effectués par des investisseurs sud-africains, à Morondava et à Antsirabe,
d’autres investisseurs prévoient de profiter de l’opportunité offerte par les zones d’investissements
agricoles (ZIA) pour la mise en place de cultures extensives et sur de grandes superficies destinées à
l’exportation.
Les nouveaux marchés de la Sous- Région, via les divers accords commerciaux régionaux existants
(COMESA, SADC, COI), constituent une opportunité offerte aux investisseurs désireux d’investir dans
les ZIA. Actuellement, de nombreuses sociétés malgaches, à capitaux étrangers (en particulier
français), commencent à s’intéresser à l’acquisition de vastes étendues de terres pour les mettre en
valeur, nonobstant l’amélioration des procédures d’acquisition de terres, prévues, et l’amélioration de
la sécurité des affaires, notamment juridique, point sur lequel beaucoup d’investisseurs potentiels
renoncent.
2.2.7. La mise en œuvre du MAP
Le « Madagascar Action Plan 2007-2012 » (MAP) souligne le rôle stratégique du secteur agricole et
précise les objectifs de croissance sectorielle, en termes de développement de la production
proprement dite, mais aussi en termes de développement de l’agro-industrie. Le MAP met en avant le
rôle capital de l’agro-industrie comme moteur de la production, qu’elle soit agricole, halieutique ou
dans le domaine de l’élevage.
La taille du marché national, et surtout sa solvabilité, sont très insuffisantes pour avoir un effet
d’entraînement suffisant sur la production agricole et agro-industrielle. Il faut donc naturellement
chercher des débouchés à l’extérieur. Le MAP est d’ailleurs explicite à ce sujet : il énonce une
stratégie tournée vers l’ouverture internationale comme facteur de croissance, dans laquelle les
exportations agricoles et agro industrielles jouent un rôle clef. L’ambition du gouvernement est bien de
promouvoir une agriculture compétitive qui puisse gagner des parts de marché à l’international.
165
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Il convient d’approfondir le ciblage des populations et des localités rurales les plus à même de
répondre positivement toutes les initiatives du MAP et où les risques d’échec sont minimes. Bien que
les données actuellement disponibles ne permettent pas de le savoir, il est peu probable que toutes
les populations rurales marginalisées puissent trouver une activité dans les divers programmes mis en
oeuvre. Or le MAP n’aborde pas du tout la problématique des paysans sans terre et qui vont se
trouver de plus en plus nombreux et marginalisés. Aussi, dans la seconde phase de l’étude
RuralStruc, il est prévu de se pencher plus en avant sur cet autre grand défi, parmi ceux identifiés
rapidement dans cette quatrième partie.
166
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
CONCLUSION
Sur la base de l’ensemble des résultats précédents, il est maintenant possible d’identifier plus
clairement une série de points critiques et de questions clefs, qui seront autant de portes ouvertes ou
fermées sur l’avenir, selon la nature des réponses que l’on voudra bien y apporter et de moyens
matériels et humains que l’on voudra bien y consacrer.
Les risques de blocage et d’impasse de transition sont réels, et leur appréhension sera
certainement déterminante pour le futur.
L’élément constitutif principal de ces risques majeurs est incontestablement l’arrivée massive, et pour
de nombreuses années encore, de nouveaux entrants sur le marché du travail. Ainsi, actuellement, ce
sont 300.000 jeunes par an qui entrent dans la vie active. Ils seront plus de 600.000 par an en 2030.
Jusqu’à maintenant, ces nouvelles cohortes avaient été absorbées sans trop de heurts par le secteur
agricole, sur la base de la mise en valeur de nouvelles terres arables, essentiellement rizicoles.
Toutefois, on peut commencer à observer un début de saturation du secteur agricole, quant au
phénomène d’absorption des cohortes annuelles, particulièrement dans les zones densément
peuplées ; l’appauvrissement des populations agricoles et les difficultés d’extension des exploitations
étant les deux faces d’un même Janus. Ce cercle vicieux est particulièrement renforcé par l’habitude
de la population rurale de n’émigrer qu’en cas de force majeure, en raison de la force de l’attachement
au terroir et de la prégnance des problèmes d’insécurité (foncière et sociale), mais également du fait
de l’absence de véritable politique de migration. Aussi, dans un contexte d’insécurité foncière
ressentie importante, on assiste dans de nombreuses zones à la persistance de systèmes de cultures
traditionnels (culture sur brûlis), avec une très forte incidence sur la dégradation de l’environnement.
Parallèlement, les capacités d’absorption du reste des secteurs de l’économie sont bien plus limitées
que l’on ne l’imagine le plus souvent. Ainsi, les secteurs textiles et tourismes ne sont susceptibles
d’absorber au mieux que 43.000 actifs supplémentaires par an durant les prochaines années.
Dans le contexte d’un marché des facteurs de production (engrais, semences améliorées, produits
phytosanitaires, petit matériel agricole), l’intensification de la production peine à s’enclencher, les
exploitants fonctionnant en outre encore très largement selon des logiques d’autosubsistance
alimentaires et de minimisation des risques, en termes notamment d’amélioration des pratiques
culturales.
Les débouchés qui s’offrent aux producteurs malgaches dans l’agro-industrie nationale sont encore
très faibles, tant au niveau de l’absorption de la production que de la force de travail. En effet, à peine
0,3% des actifs sont actuellement employés dans le secteur agro-alimentaire.
Les débouchés à l’export ne sont pas non plus évidents, dans un contexte d’ouverture tous azimuts
des marchés à la concurrence qui profite souvent aux pays occidentaux, pour l’instant mieux armés en
termes de compétitivité, et capables de produire dans le respect de normes de plus en plus
exigeantes, coûteuses et complexes à mettre en œuvre. Et c’est non seulement sur les marchés
extérieurs que la production nationale risque d’être confrontée à la concurrence, mais également sur
ses propres marchés nationaux.
En outre, les exportations agro-alimentaires malgaches sont très vulnérables aux aléas de la
conjoncture, étant concentrées sur un très petit nombre de produits et de destinations géographiques.
167
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Aussi, dans un contexte de très faible organisation professionnelle agricole, peu à même pour l’instant
de se saisir collectivement d’enjeux majeurs, et de déliquescence de l’administration publique chargée
théoriquement de soutenir la profession agricole, les risques de blocage et d’impasse de transition
sont bien réels pour le monde rural malgache, et par conséquent pour la Nation toute entière.
Néanmoins, des adaptations sont déjà en cours pour répondre à ces défis fondamentaux. Ainsi, au
niveau des exploitations agricoles, la diversification des cultures, le recours de plus en plus important
au travail salarié, le développement des activités non agricoles, sont autant de signe d’un début de
professionnalisation des agriculteurs, et d’une diversification sociale dont bénéficie le développement
des villes secondaires.
Au niveau de l’organisation des filières, on assiste à la fois à la mise en place d’organisations
interprofessionnelles et de plateformes de concertation à même de se saisir à un niveau professionnel
des problèmes et des enjeux des différentes filières (respect des normes, promotion de labels,
évaluation des volumes à l’importation ou à l’exportation, etc…). Le fonctionnement des marchés
commence lui aussi à s’améliorer, avec la constitution de systèmes d’information de marché
(Observatoire du Riz) à même de contribuer à l’amélioration de l’intégration des marchés et
incidemment à la stabilisation et la compréhension des mécanismes de marché.
Au niveau des institutions publiques, un vaste chantier est également en cours, tant au niveau de la
refonte des missions des administrations publiques que du transfert de l’effectivité opérationnelle vers
les niveaux communal et régional, à la fois au travers de la déconcentration des Ministères sectoriels
que de la décentralisation.
Par ailleurs, des portes de sorties existent en regard des impasses transitionnelles identifiées plus
haut :
•
Dans la mesure où le marché de l’emploi urbain, souvent trop exigeant en matière de
compétences, sera largement insuffisant pour absorber les cohortes de jeunes entrants sur le
marché de l’emploi, la problématique de l’accompagnement des migrations interrégionales et rural-rural, vers les zones rurales d’accueil potentiel des migrants sera
certainement déterminante à moyen terme. Le développement induit des villes secondaires
sera également un élément clef. Aussi, c’est en fait toute une politique d’aménagement du
territoire, dépassant très largement le simple champ du secteur agricole, dont il est question.
Dans ce contexte, la réforme foncière s’avèrera certainement un outil crucial.
•
Par ailleurs, le développement autour de pôles de croissance, ou de zones
d’investissement agricole, sera également un des éléments moteurs de l’ouverture
progressive sur le marché de l’agriculture malgache, qui devrait également dans ce types de
schéma bénéficier de l’expérience et de l’implication de groupes internationaux, pourvus que
leurs investissements soient sécurisés.
•
En termes de débouchés à l’exportation, des opportunités sérieuses et réalistes existeront
probablement au sein des zones d’échanges régionales dont Madagascar fait partie
(COMESA, SADC, COI), pourvu qu’un travail rigoureux soit consenti en termes de normes, de
qualité et de formation professionnelle, à la fois des exploitants et des techniciens
susceptibles de les conseiller.
168
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
ANNEXES
169
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 1.
Evolution du nombre de décortiqueries et rizeries par province de 1971 à 2001
Décortiquerie
Antananarivo
Antsiranana
Fianarantsoa
Mahajanga
Toamasina
Toliara
Madagascar
1971
1982
65
9
27
20
67
17
202
1991
154
40
23
44
108
50
419
2001
425
78
44
144
203
96
990
755
123
209
387
233
111
1.818
Année
Rizerie
Antananarivo
Antsiranana
Fianarantsoa
Mahajanga
Toamasina
Toliara
Madagascar
1971
1982
39
3
9
10
15
10
86
1991
41
1
8
10
14
10
84
2001
54
1
8
14
17
12
106
78
1
7
9
17
2
152
Sources: Ministère de l'Agriculture pour 1971, 1982, 1991 ; Recensement des Communes, Programme Ilo,
Cornell University/FOFIFA/INSTAT, 2001
Annexe 2.
1960-1973
Evolution de la réglementation sur la commercialisation du riz à Madagascar
Coexistence du secteur
public ou parapublic et
du secteur privé
1971-1973
1973-1977
Emprise de l’Etat sur le
commerce du riz et
suppression du
commerce privé
1977-1983
Secteur public
1982-1985
1983-1984
Réhabilitation du secteur
privé
1986
Abrogation du monopole
de commercialisation
dans les zones réservées
1990
Coexistence d’une grande diversité d’intervenants (publics et privés).
Contrôle de la commercialisation dans les zones supervisées par une société
d’aménagement (Alaotra et Marovoay). Le Bureau de Commercialisation et de
Stabilisation (BCSR), créé en 1963, assure la stabilisation et la péréquation des
prix, la collecte et le stockage de paddy notamment au Lac Alaotra de 1963 à
1971 via des collecteurs privés.
Monopole du BCSR au Lac Alaotra
Monopole de la commercialisation du riz par la Société d’Intérêt National des
Produits Agricoles (SINPA). Deux sociétés d’Etat, la SOMALAC au Lac Alaotra
et la FIFABE à Marovoay, travaillent pour le compte de la SINPA. La SINPA
avait aussi des objectifs de développement (approvisionnement en intrants,
crédit, etc.) qu’elle n’a jamais pu assurer efficacement.
Devant les difficultés de la SINPA qui n’arrivait pas à assurer correctement la
collecte et la commercialisation du paddy, l’Etat décide d’étendre le monopole
au profit d’autres sociétés d’Etat ou paraétatiques (COROI, ROSO,
SOMACODIS, SICE, …). Cependant la situation ne s’est guère améliorée et au
début des années quatre-vingt, moins de 10% de la production était collecté, ce
qui a obligé l’Etat à importer massivement du riz : en effet, aux difficultés de
collecte propres aux sociétés d’Etat s’est ajoutée au début des années quatrevingt une politique des prix décourageant la production.
Le marché parallèle s’est développé pendant cette période.
Monopole de la commercialisation par la SOMALAC au lac Alaotra
Suppression du monopole de l’Etat sur la commercialisation du riz sauf dans les
zones réservées de l’Alaotra et de Marovoay.
Modification de la réglementation en matière de prix.
Restriction des importations mais mise en place transitoire d’un stock régulateur
(stock tampon) alimenté par les importations pour accompagner la libéralisation.
Libéralisation du commerce du riz dans les zones réservées.
Libéralisation des importations.
Source : Droy (1997108) d’après Etude du marché du riz à Madagascar (AZAM et al., 1992) et Aperçu de la
filière riz à Madagascar (YUNG, 1986)
108
Droy I. (1997). « Que sont les greniers à riz devenus ? ». In : Economie de Madagascar, N.2, pp63-88.
170
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 3.
Formation du prix du riz (Francs Malgaches)
Source : Dabat (2005) d’après UPDR-FA0 (2000)
** Partie plus sombre : coût de l’agent ; partie plus claire : marge
171
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 4.
Carte de répartition des décortiqueries et rizeries
172
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 5.
Description de la société du Lecofruit
LECOFRUIT S.A. (Légumineuses Condiments Fruits de Madagascar) une des branches de l’Omnium Industriel de Madagascar
JB (OIM JB) appartenant à la famille Barday, d’origine indopakistanaise. Les autres activités du groupe incluent entre autres
une tannerie qui exporte aussi des peaux de zébus, une fabrique de tôles, la biscuiterie-confiserie, la brasserie. La société a
commencé au début des années 90. Elle produisait alors des cornichons avec une centaine de paysans. Pour développer ses
marchés à l’exportation et bénéficier de l’établissement des zones franches, elle s’est associée à la société française Segma
Maille qui a alors assuré des débouchés réguliers pour ses produits en Europe. En conséquence, Lecofruit a commencé à
diversifier sa production avec des haricots verts, des pois mangetout, des cornichons, des asperges et des mini-légumes pour
l’exportation vers le marché européen. Actuellement, la société traite essentiellement des haricots verts fins : durant la saison
2004/05, la société a exporté 3.000 tonnes de produits, parmi lesquels 70% était des haricots verts fins. Une étude récente
(Minten, Randrianarison et Swinnen, 2006) a montré que les paysans contractuels qui travaillent avec Lecofruit bénéficient d’un
meilleur bien-être (périodes de soudure plus courtes, revenus plus stables) et que les contrats ont des arrière-effets sur la
productivité rizicole (rendements rizicoles plus élevés sur les parcelles recevant les cultures sous contrat en contre-saison).
Annexe 6.
fixes)
Structure de prix pour les haricots verts en boîte (prix de revient hors charges
Achat aux paysans
15%
Emballage*
46%
Transport interne
15%
Energie
5%
Frêt export
10%
Source : MDP/JEXCO 2004
*Emballages non taxés à l’importation, la société Lecofruit étant établie sous le régime de Zone Franche ;
92% des coûts sont relatifs au transport (50% au fret maritime)
Annexe 7.
Normes à respecter pour l’exportation sur le marché européen
Ces normes concernent principalement :
le calibrage,
les normes d’étiquetage et d’emballage,
le respect des Limites Maximales de Résidus en matière de pesticides,
la traçabilité,
les normes HACCP (Analyse des dangers et points critiques à maîtriser),
éventuellement la mise aux normes biologiques.
Les supermarchés, principaux clients sur ce marché peuvent aussi imposer leurs exigences stipulées dans des cahiers de
charge : outre les normes concernant la qualité du produit et les normes phytosanitaires, des spécifications peuvent être
portées sur les conditions de travail ou des critères éthiques comme le non-recours au travail des enfants. Des auditeurs
privés dépêchés par les supermarchés effectuent des contrôles réguliers sur site.
173
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 8.
Caractéristiques du contrat
Unité
Saison 2003-2004
Superficie sous contrat
Nombre de contrats
Nombre de produits cultivés sous contrat
Proportion de ménages…
… qui cultivent des haricots verts sous contrat
… qui cultivent cornichons sous contrat
… qui cultivent poireau sous contrat
… qui cultivent pois mangetout sous contrat
… qui cultivent d’autres produits sous contrat
Intrants – avances
Montant des engrais chimiques/pesticides par contrat
Kg de récolte à rembourser
Autres matériels obtenus de la société (à ne pas rembourser)
Dans le cas où vous n'arrivez pas du tout à rembourser ces avances
… Lecofruit ne travaille plus avec vous
… il y aura une pression du chef de zone pour payer
… il y aura une pression sociale pour payer
… il y aura des poursuites judiciaires
No. d’obs.
Moyenne
St.dev.
ares
nombre
nombre
199
197
199
5,41
4,53
2,07
2,74
2,93
0,68
part
part
part
part
part
199
199
199
199
199
0,97
0,86
0,17
0,05
0,02
Ariary
kg
Ariary
405
406
174
10115
31,1
7058
%
%
%
%
200
200
200
200
38%
99%
22%
0%
Unité
Moyenne
1958
6,1
25558
Source : Minten, Randrianarison et Swinnen, 2005
Annexe 9.
Contrôle et supervision par la société Lecofruit
Proportion de cas…
… où la société fait le choix des cultures sous contrat
… où la société fait le choix de la superficie des cultures sous contrat
… où la société choisi la localisation des parcelles, parmi les parcelles du contractant sous
contrat
… où la société définit l’itinéraire technique à suivre pour les cultures sous contrat
… où la société assure le contrôle sur le terrain pour être sûr que l'itinéraire technique a été suivi
… où la société applique les produits phytosanitaires sur les cultures sous contrat
… où la société connaît le nombre de plants/de pieds sous contrat
Oui (toutes)
Environ
Pas tout à fait
Non
… où la société connaît la localisation exacte des parcelles sous contrat
Nombre de visites d'un assistant de culture (AC) ou technicien agricole par semaine
… moins d’une fois par semaine
… une fois par semaine
… plus d’une fois par semaine
%
%
23
36
%
%
%
%
6
99
98
34
%
%
%
%
%
nombre
%
%
%
60
32
5
2
99
1,33
30
30
41
St.dev.
0,90
46
46
49
Source : Minten, Randrianarison et Swinnen, 2005
174
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 10.
Campagne
1974/75
1975/76
1976/77
1977/78
1978/79
1979/80
1980/81
1981/82
1982/83
1983/84
1984/85
1985/86
1986/87
1987/88
1988/89
1989/90
1990/91
1991/92
1992/93
1993/94
1994/95
1995/96
1996/97
1997/98
1998/99
1999/00
2000/01
2001/02
2002/03
2003/04
2004/05
2005/06
Evolution de la production de sucre raffiné à Madagascar (tonnes)
Ambilobe
60 150
63 029
56 063
56 239
60 886
58 437
53 713
47 611
36 781
46 214
30 360
38 296
33 972
31 818
43 226
44 697
45 271
36 414
40 398
33 070
36 141
43 920
44 326
35 084
42 251
38 077
29 204
13 504
4 148
101
226
2 228
Namakia
28 926
28 216
27 486
26 893
28 669
23 371
26 947
24 994
18 835
21 967
15 287
25 305
22 457
23 956
25 480
25 537
26 584
18 748
21 332
16 306
21 975
22 088
16 240
18 232
16 006
17 388
12 919
10 268
3 837
2 831
1 901
3 602
SIRAMA
Nosy-be
16 373
16 452
13 568
15 265
14 143
15 029
15 273
18 066
14 587
14 079
8 718
13 036
13 417
14 660
14 195
15 053
14 354
14 011
10 679
9 309
10 162
11 381
12 548
9 275
9 689
5 164
4 617
3 121
771
1 183
384
100
Brickaville
9 558
6 776
10 228
11 201
11 924
11 989
13 104
13 498
11 956
11 223
14 094
9 936
9 197
10 980
11 060
11 439
10 625
11 422
11 467
6 758
3 401
6 934
10 928
11 600
11 837
10 267
7 484
8 164
6 378
5 963
5 728
3 792
Total
115 007
114 473
107 345
109 598
115 622
108 826
109 037
104 169
82 159
93 483
68 459
86 573
79 043
81 414
93 961
96 726
96 834
80 595
83 876
65 443
71 679
84 323
84 042
74 191
79 783
70 896
54 224
35 057
15 134
10 078
8 239
9 722
SUCOMA
Morondava
2 363
4 888
6 409
13 419
21 105
20 361
17 153
14 167
10 257
7 950
5 905
7 610
6 108
4 213
2 457
3 256
10 239
11 548
14 528
15 372
15 223
16 462
16 536
Total général
115 007
114 473
107 345
109 598
115 622
108 826
109 037
104 169
82 159
95 846
73 347
92 982
92 462
102 519
114 322
113 879
111 001
90 852
91 826
71 348
79 289
90 431
88 255
76 648
83 039
81 135
65 772
49 585
30 506
25 301
24 701
26 258
Source : Centre Malgache de la Canne et du Sucre
175
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 11.
Implantation des sites sucriers à Madagascar
SUCOMA
Source : HTPSE (2006)
176
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 12.
Brève description des sites de production existants
Province
Situation
géographique
Surfaces (ha)
-domaine
-exploitables
-aménagées
-sous-cannes
-récoltables:
Planteurs
-estim. surfaces
actuelles
-estim.potentiel
planteurs
Proportion livraison
cannes
-Usine
-Planteurs
Problèmes majeurs
SIRAMA
Ambilobe
Antsiranana
Nord-Ouest-Ambilobe
SIRAMA
Namakia
Mahajanga
Moyen OuestMahajanga
SIRAMA
Nosy-Be
Antsiranana
Nord-Ouest
3 086
1 110
1 110
1 110
1 050
6 320
2 240
2 240
1 950
1 850
8 911
3 198
3 000
2 950
2 850
9 106
7 582
7 200
6 200
6 000
SIRAMA
Brickaville
Toamasina
Centre Est de
Madagascar
4 000
700
9 000
1 200
70
30
- drainage
- état des canaux
- étiage de la rivière
- absence de variétés
de fin de campagne
- vétusté des
matériels
100
0
- drainage
- état des
motopompes
- salinité du sol
- vétusté des
matériels
95
5
- insuffisance d'eau
pour l'irrigation
- acidité du sol (pH
4-5)
- présence de tuf
- vétusté des
matériels
70
30
- contrôle des
adventices
- état des routes
pendant la récolte
- transport fluvial
difficile pendant
l’étiage
- vétusté des matériels
SUCOMA
Morondava
Toliara
Sud-OuestMorondava
6 000
3 100
2 240
2 240
2 040
100
0
- insuffisance d'eau
pour l’irrigation
- forte perméabilité
du sol
- pannes des pivots
Source : HTSPE (2006)
Annexe 13.
Approvisionnement et production de sucre par industrie
SIRAMA
Année
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
Surface
Récol. (ha)
11 481
11 011
10 923
10 744
11 542
11 584
8 889
11 489
10 801
11 048
10 465
10 814
11 002
10 030
8 816
9 468
8 074
5 380
3 622
7 022
Sirama
643 145
640 311
647 194
752 161
771 995
764 777
660 269
664 589
490 575
637 642
706 141
684 064
621 983
653 026
603 353
497 601
375 622
258 349
139 795
178 966
Tonnages
Planteurs
151 824
129 545
143 540
169 784
183 766
180 718
185 741
204 227
157 997
147 261
181 491
182 154
198 651
281 838
217 261
188 887
101 754
53 552
19 036
36 594
Rendement
56,02
58,15
59,25
70,01
66,89
66,02
74,28
57,85
45,42
57,72
67,48
63,26
56,53
65,11
68,44
52,56
46,52
48,02
38,6
25,49
Sucre (t)
86 399
79 046
81 404
93 803
96 649
96 770
80 610
83 605
65 318
71 670
83 972
83 395
73 428
79 776
70 896
54 366
35 095
15 143
10 078
8 242
Production
Mêlasse (t)
34 194
34 158
32 443
41 258
39 276
38 785
32 289
38 091
22 733
36 025
40 556
38 635
36 238
45 030
37 843
28 509
17 976
15 282
9 355
18 931
Alcool (hlap)
41 645
35 196
42 616
41 975
68 210
76 092
71 761
88 807
59 181
88 120
99 058
90 206
98 847
108 642
89 001
76 654
54 848
36 156
15 611
36 415
SUCOMA
Année
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
Surface
Aménagée (ha)
1.400
1.800
2.200
2.280
2.290
2.305
2.310
2.310
2.310
Récoltée (ha)
702,6
631,46
1.428,98
1.577,00
1.962,65
2.076,00
2.070,00
2.050,00
2.030,00
Tonnage
Cannes
35.389
33.748
122.125
127.602
160.176
169.481
168.732
172.000
174.018
Rendement
T/ha
50,37
53,44
85,46
80,91
81,61
81,64
81,51
83,9
85,72
Production
Sucre (t)
2.458
3.257
10.256
8.272
14.528
15.321
15.223
16.462
16.537
Alcool (hlap)
12.260
8.670
10.483
15.003
14.208
16.172
14.998
Source : HTSPE (2006) d’après CMCS
177
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 14.
Types de sucre produits
Site
Sucre roux
SIRAMA
Ambilobe
xxxxxx
Xxxxxx
Namakia
Nosy-Be
Brickaville
SUCOMA
Sucre blanc
export
Sucre blanc
Sucre blond
xxxxxx
xxxxxx
xxxxxx
xxxxxx
Xxxxxx
Morondava
Destination
Marché américain et local
Marché local
Marché européen
Marché local
Marché local
Marché local
Marché mondial
xxxxxx
Source : UPDR/MAEP 109 (2004)
Annexe 15.
(Fmg/kg)
Structure de prix du sucre importé et du sucre produit localement en 1999/2000
Sucre produit
localement
Sucre Import
FOB(USD/T)
Décote sucre brésilien
Frêts et assurance
Prix CAF Tamatave
Taux de change
Prix CAF(FMG/T)
Droits et taxes à l'import
(35%)
Redevance (35%)
Blanc
Roux
120.000
60.000
0.000
20.000
80.000
80.000
200.000
160.000
6685.000 6685.000
1.337.000 1.069.600
414.470
467.950
331.576
374.360
Frais Portuaires et transit
Transport Tana
TVA (20%)
Redevance CMCS
Marge Importateurs (5%)
100.000
100.000
125.000
125.000
488.884 400.107,2
30.000
30.000
148.165,2 121.532,16
Coût rendu Tana
3.111,469 2.552,175
Ambilobe
Namakia
Nosy Be Brickaville
Sucre blanc
Prix départ usine
Transport Tana
Redevance
TVA
CMCS
3706,167
380,000
100,000
837,233
30,000
3866,167
220,000
100,000
837,233
30,000
3976,167
110,000
100,000
837,233
30,000
Prix rendu Tana
5053,400
5053,400
5053,400
Sucre
Blond/Roux
Prix départ usine
Transport Tana
Redevance
TVA
CMCS
Prix rendu
Tana/kg
2845,917
380,000
100,000
665,183
30,000
2845,917
380,000
100,000
665,183
30,000
4021,100
4021,100
Source: MDP/JEXCO (2004) d’après SIRAMA
Annexe 16.
Description de la Hasyma
Hasyma est devenue depuis octobre 2004 une filiale majoritaire du Groupe DAGRIS (Développement des Agro-Industries du
Sud), suite au contrat de cession et d’acquisition d’actions passées entre la République de Madagascar et DAGRIS. Pour la
fonction de production, HASYMA prévoit le renforcement du partenariat avec les cotonculteurs et améliorera sa stratégie
d’action en agissant à partir d’un noyau dur de producteurs professionnels. Sur le plan de l’usinage, HASYMA vise à moderniser
et à renforcer ces capacités industrielles (remise à niveau de l’outil industriel, amélioration de la qualité de la fibre,…). En
matière de commercialisation des produits, fibres et graine, HASYMA recevra l’appui de DAGRIS et visera, en premier lieu, à
satisfaire les besoins locaux et, en second lieu, à accéder aux marchés extérieurs américain et européen.
(Someah Consultants, 2005)
109
UPDR/MAEP (2004). Filières de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche et actions du MAEP.
178
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 17.
Les fournisseurs de coton-graine de la HASYMA
Part des différents fournisseurs de coton-graine
de la HASYMA
Nom bre total de paysans fournissant la HASYMA
25000
100%
20000
80%
60%
15000
40%
10000
20%
5000
FMH
04
0
19
9
19 1
9
19 2
9
19 3
94
19
9
19 5
9
19 6
9
19 7
9
19 8
9
20 9
0
20 0
0
20 1
02
20
0
20 3
04
20
02
03
20
01
20
00
20
99
20
98
19
97
19
19
95
96
19
94
19
93
19
92
19
19
19
91
0%
Producteurs individuels
Pourcentage des paysans FMH et
Individuels à Ambilobe
Pourcentage des paysans FMH et
Individuels à Toliary
Paysans
Individuels
5%
Paysans
FM H
15%
Paysans
Individuels
85%
Paysans
FM H
95%
Source : SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA
Annexe 18.
Niveaux des prix du coton (1ère qualité) en 2004
En Ariary/kg
410,0
1.025,0
175,6
1.944,0
2.482,8
Prix d’achat du coton-graine au producteur
Prix d’achat en équivalent fibre
Coût d’usinage du coton fibre par la Hasyma
Vente locale de fibre
Vente de fibre à l’export (prix ex-usine)
Source : Adapté de SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA
Annexe 19.
Répartition des ventes de coton fibre par la HASYMA (%)
Part des filatures locales
Part des exportations
2002
20,5
79,5
2003
26,2
73,8
2004
51,9
48,1
Source : SOMEAH Consultants (2005) d’après HASYMA
Annexe 20.
Faritany
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliara
Antsiranana
Ensemble
Evolution de la production par province (en tonnes et en %)
2 003
109 925
66 585
351
6 978
13 302
%
55.76
33.78
0.18
3.54
6.75
2 004
104 437
65 206
369
6 978
12 827
%
55.02
34.35
0.19
3.68
6.76
197 140
100.00
189 817
100.00
Source : Service des Statistiques Agricoles / DSSE
179
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 21.
Description du Groupe UNIMA
Le groupe Unima, présent depuis 30 ans dans le secteur de la pêche crevettière, est le premier exportateur de crevettes de
Madagascar. Il fournit des restaurateurs et les chaînes de grande distribution européens. Le groupe fournit 4.000 emplois à
travers les activités de pêche et d’aquaculture. Pour la pêche, il dispose de 20 chalutiers qui enregistrent des captures de
2.500 tonnes de crevettes sauvages. La mariculture occupe une superficie de 1.600 hectares de bassin pour une production
de 5.000 tonnes de crevettes par an. Le groupe est une illustration d’une intégration verticale maîtrisée. Avec différentes
unités, ces activités comprennent la production d’aliments (alimentation aquacole à travers une usine de production agroalimentaire co-développée avec l’Union Réunionnaise des Coopératives Agricoles sur l’Ile de La Réunion), la domestication, la
reproduction, l’élevage, le conditionnement, la cuisson (crevettes cuites réfrigérées), la distribution.
Annexe 22.
Importation d’engrais par le secteur privé et le gouvernement/Projet (tonnes de
produit), 1975 à 2004
Années
Secteur Privé
KRII Dons
Gouvernement
Part marché du
Secteur Privé
Total Imports
(%)
1975-84
1985-1990
1991-1995
1996-1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
14,600
10,300
13,750
11,150
8,169
17,277
13,144
12,928
26,158
16,000
4,800
11,700
11,250
8,363
8,363
6508
7,493
0
0
0
19,400
22,000
25,000
19,513
16,532
23,785
20,637
12,928
35,404
17,404
9246
1404*
75
47
55
57
49
73
64
100
74
92
* importation par le gouvernement en Septembre 2004
Source: Bockel, 2002, page 61, MICDSP (2004), MAEP (2005) ValyAgri, BAMEX (2005).
Annexe 23.
Nombre de
Caisses
Membres
Evolution des activités des IMFs mutualistes de 1998 à 2005
1998
248
47 472
1999
271
60 775
2000
336
92 946
2001
353
116 977
2002
338
135 305
2003
380
179 399
2004
380
198 912
2005
394
232 347
2004
21 803
25 382
2005
25 510
36 235
Source : APIFM
Annexe 24.
Encours de
Epargne
Crédits
Volume des activités des IMFs Mutualistes (en millions d’ariary)
1998
1 280
3 316
1999
1 919
4 703
2000
7 416
7 562
2001
11 150
9 260
2002
10 372
11 212
2003
18 992
19 519
Source : APIFM
Annexe 25.
Activités des IMFs Non Mutualistes de 2002 à 2005 (5 Fmg = 1 Ariary)
Encours de crédit (millions Ariary)
Nombre de clients
2002
1 555
8 474
2003
1 820
10 991
2004
2 634
17 245
2005
2 928
8 150
Source : APIFM
180
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 26.
Importance du salariat agricole
Moyenne
Médiane
% de la population qui dépend principalement du salariat agricole pour son revenu*
Antananarivo
16
7
Fianarantsoa
10
3
Toamasina
18
5
Mahajanga
33
10
Toliara
17
2
Antsiranana
14
0
Total
17
4
% de parcelles travaillé avec la main-d’œuvre salariée**
Recours à main-d’œuvre salariée Recours à l’entraide
Quintile le plus pauvre
17
42
ème
2
quintile
25
47
ème
3
quintile
21
47
ème
4
quintile
27
47
Quintile le plus riche
40
36
Total
25
45
Sources: Minten et Randrianarison (2003) d’après * Recensement des Communes, Programme Ilo, Cornell
University/FOFIFA/INSTAT, 2001; ** : Calculs sur la base de l’EPM 2001, INSTAT-DSM
Annexe 27.
Importance de la contribution en nature à titre de paiement de salaires agricoles
Part en numéraire (%)
74
78
74
87
98
93
84
Antananarivo
Fianarantsoa
Toamasina
Mahajanga
Toliara
Antsiranana
Total
Part en nature (%)
26
22
26
13
2
7
16
Source: Minten et Randrianarison (2003) d’après le Recensement des Communes, Programme Ilo, Cornell
University/FOFIFA/INSTAT, 2001
Annexe 28.
Salaire moyen journalier selon la nature du travail en riziculture par zone (en
Ariary/jour/salarié)
Nature des travaux
Zone
Nord
Défrichement
Brûlis
Préparation diguette
Labour
Pulvérisation / Hersage
Piétinage
Semis direct
Transport des plants
Repiquage
Contrôle de l'eau
Sarclage/désherbage
Epandage d’engrais
Gardiennage
Moisson / battage
Séchage / Vannage
Stockage / Transport
Nord Ouest
Centre Ouest
Hauts
plateaux
1035
1150
1063
1000
1000
1167
1094
1043
1000
1000
1000
1048
960
1000
1013
1000
1025
995
1500
1000
1500
800
1098
1000
750
1200
731
796
854
771
625
800
721
1000
728
660
920
740
689
670
848
801
880
826
789
707
800
746
700
800
846
746
818
Est
Lac Alaotra
767
950
971
752
500
742
745
573
602
936
891
838
651
619
735
824
1155
1184
556
965
650
593
1181
1061
789
Source : (UPDR et FAO, 2000)
181
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
Annexe 29.
Prix de vente de quelques intrants par Kg ou litre année 1999- 2000 (en Fmg)
Fivondronana
Antananarivo
101
109
110
111
112
113
117
Fianarantsoa
302
303
306
309
312
316
317
320
321
Mahajanga
401
416
Toamasina
503
504
NPK*
Urée*
Herbicide**
Fongicide**
Insecticide**
1 867
1 775
1 782
1 900
1 940
1 880
1 700
1 910
1 875
1 845
1 967
1 980
1 924
21 250
35 000
178 000
50 000
190 000
250 000
145 000
225 000
1 937
2 050
2 025
3 850
2 200
1 990
2 000
1 087
3 350
2 400
2 150
2 550
2 600
2 550
2 600
1 733
1 667
2 000
2 000
1 999
2 000
1 985
30 000
24 650
124 000
105 000
210 000
200 000
155 000
39 000
146 750
200 000
25 611
160 000
Source: Analyse des politiques Agricoles
Annexe 30.
Paddy
1980
43
Evolution des prix de paddy aux producteurs de 1980 à 1990 (en Fmg/kg)
1981
47
1982
60
1983
65
1984
75/80
1985
83/88
1986
90
1987
130
1988
180
1989
250
1990
250
Source: Programme Engrais Malagasy
182
APB Consulting – RuralStruc – Phase 1
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CEDRE : Etude d’évaluation rétrospective des projets achevés sur financement de l’AFD dans
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25.
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