Soldats en Irak

Fiche rédigée par Daniel Salles
Images de presse
Soldats en Irak
Jiho / Yuri Kozyrev
© Jiho (France), 2003.
Paru dans Pan (Bruxelles) en 2003.
© Yuri Kozyrev (Russie) / NOOR, 2006.
27 avril 2006, Ramadi, Irak. Des soldat du 3e bataillon du 8e régiment des Marines (compagnie Kilo) inspectent les rues et les bâtiments environnants à la recherche d’insurgés lors d’une patrouille à Ramadi, à 115 kilomètres à l’ouest de Bagdad. (V.O. page 4)
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Fiche rédigée par Daniel Salles
Soldats en Irak
Jiho / Yuri Kozyrev
Le fait
La guerre d’Irak a débuté le 20 mars 2003, avec l’invasion de l’Irak (opération Iraqi Freedom), sous le prétexte de détruire les armes de destruction massive qu’aurait possédées l’Irak. Cette guerre était la conséquence de la « guerre globale contre le terrorisme » initiée par George W. Bush suite aux attentats du 11
septembre 2001 (concept de guerre préventive). Le président américain a officiellement déclaré son achèvement le 1er mai 2003, après la prise de Bagdad. Saddam Hussein est capturé plus tard et exécuté par le
nouveau gouvernement.
Mais la guerre, les attentats et les morts ne cessèrent pas. En juillet 2010, on estimait, d’après les données
publiées dans les médias, que 96 845 à 105 596 civils irakiens étaient morts dans les violences ; et on comptait 4 730 morts pour l’ensemble des troupes de la coalition (et plus de 36 000 blessés). La guerre en Irak est
également le conflit le plus meurtrier de l’histoire de la presse.
Focus
80 % des combats modernes se déroulent en milieu urbain, face à une menace diffuse : la ville est en effet
aujourd’hui un théâtre opérationnel central comme en témoignent Vukovar, Srebrenica, Sarajevo, Grozny,
Mogadiscio, Falloujah…
Les combattants doivent intégrer les contraintes physiques de l’environnement urbain et adapter leur tactique en fonction de la présence des populations civiles et des médias. La connaissance topographique du
terrain est indispensable, mais le propre de la guerre est de détruire et de bouleverser la cartographie du
terrain, comme le montre le plan de Bagdad dessiné par Jiho. Les groupes de militaires doivent posséder
une grande mobilité et une grande souplesse lors de leurs déplacements en milieu urbain, comme en
témoigne la photographie. Le taux de perte est élevé parce que dans une situation de guérilla urbaine, les
armées perdent leur suprématie technologique.
Le dessin montre bien comment le soldat (utilisation de la figure de la métonymie) est perdu dans un
environnement complexe, étranger et détruit, tandis que la photographie, au lieu de mettre en valeur l’héroïsme des soldats pour en dégager des valeurs patriotiques fortes, les montre se déplaçant rapidement sur
le trottoir chargé de gravats, tandis que des véhicules militaires patrouillent dans la rue face à un danger
invisible.
Cet instantané témoigne également du travail des photojournalistes couvrant les guerres au plus près
(Robert Capa disait : « Si ta photo n’est pas bonne, c’est que tu n’étais pas assez près ») et pose le problème
de leur rapport aux autorités militaires. À l’occasion de la guerre en Irak, Donald Rumsfeld, le secrétaire
à la Défense de George W. Bush, avait en effet créé un programme d’ embeddement (incorporation) qui
donnait la possibilité aux journalistes de couvrir le conflit sur le terrain en étant insérés au sein même des
troupes, ce qui permettait aux autorités de contrôler l’information provenant d’Irak. Le dessinateur, lui, est
loin du conflit et a davantage le loisir de poser des questions existentielles sur la guerre, sa violence et son
absurdité.
Activités
L’enseignant adaptera ces brèves propositions pédagogiques aux besoins de ses élèves. Pour le second
degré, les activités suggérées pour le premier degré pourront être reprises et approfondies.
À l’école
• Retrouver les points communs aux deux images (soldats, espace urbain, destruction, absence de civils)
et leurs différences (pluralité/unicité, couleurs/noir et blanc, statisme/dynamisme, réalisme/caricature).
• Faire observer la composition de la photographie (jeu de lignes, effet de perspective, opposition trottoir/
chaussée) et la profondeur de champ ; distinguer les oppositions : ombre/lumière, soldats à pied/voitures
militaires.
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• Mettre l’accent sur la simplicité des moyens graphiques utilisés dans le dessin et repérer les codes de la
BD (idéogrammes pour la perplexité). Quelles sont les références suggérées (puzzle, gruyère) ?
• Réfléchir à la symbolique du trou dans le plan et de l’indication « You are here ».
• Remarquer l’importance du texte dans le dessin, des enseignes et de la légende dans la photographie
(notion d’ancrage) pour permettre au spectateur de situer géographiquement la scène.
Au collège et au lycée
• Après avoir analysé les images (voir ci-dessus), écrire des textes dans lesquels les différents points de vue
des personnages des images seront exprimés.
• Écrire deux articles de presse accompagnant la photographie en changeant de point de vue : un article
soutenant l’engagement des États-Unis en Irak, un autre s’y opposant.
• Rechercher d’autres reportages sur la guerre en Irak ; s’interroger sur la façon dont sont montrés les soldats
dans chaque reportage et dégager les intentions de chaque auteur. Peut-on savoir quel est le niveau
d’implication et/ou d’enrôlement du photographe ?
• Exploiter les images concernant les cercueils des soldats américains, conséquences de la guerre (binôme
« Morts en Irak »).
• S’interroger sur la pratique du métier de photographe de guerre et ses risques (par exemple, recherche
du bilan de la guerre en Irak concernant les journalistes).
• Visionner un certain nombre de films américains sur la guerre d’Irak pour comparer la façon dont le soldat
et la guerre sont représentés par les différents réalisateurs.
• Travailler sur les rapports entre les médias et les armées au cours du XXe siècle à travers certaines photos…
Pour aller plus loin
Des sites
„„ www.zoriah.net
„„ www.warphotographer.org/sadrcitybaghdad.html
Deux sites de photographies de Zoriah Miller, expulsé d’Irak par l’armée américaine
„„ www.clemi.org/fr/tv/
Visionnez sur le site du CLEMI les réactions de Jean-François Leroy et Plantu à propos des images du cédérom.
Des livres
Be Safe, Xavier-Laurent Petit, École des loisirs, coll. Medium, 2007.
Rapporteur de guerre, Patrick Chauvel, Oh éditions, 2003.
Des films
Rapporteurs de guerre, Patrick Chauvel et Antoine Novat, DVD, MK2Doc, 2008.
James Nachtwey, War Photographer, Christian Frei, DVD, Éditions Montparnasse, 2004.
Enfin, on visionnera avec profit, en les comparant entre eux, les nombreux films américains récents qui
ont la guerre en Irak pour sujet :
• Embedded, de Tim Robbins (2005), d’après la pièce de théâtre du même auteur ;
• Dans la vallée d’Elah, de Paul Haggis (2007) ;
• Redacted, de Brian de Palma (2007) ;
• Démineurs, de Kathryn Bigelow (2009) ;
• Green Zone, de Paul Greengrass (2010).
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Légende en anglais de la photo de Yuri Kozyrev
Ramadi, Iraq-April 27, 2006 : U.S. Marines from the 3rd Battalion, 8th Marine Regiment, Kilo company,
scan streets and surrounding buildings for insurgents during a patrol in Ramadi, 115 kilometers
(70 miles) west of Baghdad.
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