Contrefaçon

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paul.roch
Contrefaçon
Publié sur Scribay le 21/05/2016
Contrefaçon
À propos de l'auteur
Bébé précoce, Je squatte la terre avant de trouver ma place dans l'espace temps.
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Dans les hauts parleurs : « Mesdames, messieurs, le commandant de bord vous
souhaite un bon voyage sur la compagnie…. »
« Pardon, Madame, excusez-moi de vous importuner ». Un vieux monsieur
s’approche doucement du siège d’une très vielle dame et s’assoit sur une place vide à
côté de celle-ci. Elle soubresaute, ne s’attendant pas du tout à cette intrusion dans
son sommeil. « Je vous observe depuis le départ de l’aéroport et vous avez créé en
moi, un ébranlement incroyable. Non, non, rassurez-vous, ce n’est pas ce que vous
croyez, une prostatite et une ablation des testicules ont eu raison des parties
émotionnelles de mon individu. Non, l’émoi dont je vous parle est une ressemblance
extrêmement incroyable avec ma mère. » La vielle dame sortant de son sommeil,
l’écoute maintenant attentivement trop contente d’être le centre d’intérêt d’une
conversation. « Comment s’appelait votre mère ? » S'enquiert-elle. « Elle s’appelait
Thérèse ». La dame se met à tousser et devient toute rouge. « Je n’y crois pas mais
c’est mon prénom aussi. » « Regardez cette photo » L’homme sort de son portefeuille
une photo en noir et blanc, presque effacée par le temps. La vielle dame lui serre le
bras si fort qu’il se retient de crier. Elle ouvre son sac en simili cuir et sort
exactement la même photo. C’est au tour de l’homme de tressaillir. « Comment estce possible ? Ma mère était la fille unique d’un grand chirurgien de Rouen. » La
vielle dame s’écroule en pleurs dans les bras de l’homme. « C’est quoi ce délire ! Ne
me dites pas que vous vous appelez Raymond ». Le vieil homme saisit un verre d’eau
et tout en défaisant sa cravate tend sa carte d’identité à la vielle dame. « Par contre
vous ne ressemblez pas à mon Raymond » dit-elle. Elle ressort une photo et lui tend
avec délicatesse le Graal. L’homme se met à rire violemment faisant retourner la
moitié des passagers. « Oh ! Putain, il a une sale gueule ! » Crie-t-il d’un coup. La
vieille dame offusquée lui reprend la photo sauvagement en disant « Et toi, petit con,
t’as vu ta tronche ? Avec tes lunettes en écailles de morues » Et l’homme de
rétorquer « Eh, sois poli, la vioque, sinon je coupe ton pacemaker et je branche ton
cul en peau de phoque sur radio nostalgie. Ça te tiendra compagnie sur les chiottes
de l’hospice. » Et de rajouter avec un sourire narqois "Tu pèteras du tango pour
animer les soirées." La conversation ne s’arrêtant pas là mais pour des raisons
évidentes de censure, nous ne révèlerons pas la suite. Pour éviter un matricide en
plein vol, l’homme se lève et rejoint sa place en adressant un doigt d’honneur à sa
pseudo mère. La morale de cette histoire, c’est qu’il faut se méfier des contrefaçons.
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