La recherche en sciences infirmières au Canada

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La recherche en sciences infirmières au Canada
La recherche en sciences infirmières au Canada :
un rapport de situation
Le 7 janvier 2008
Commandé par l’Association canadienne des écoles de
sciences infirmières au nom de consortium canadien pour
la recherche et l’innovation en sciences infirmières et financé par la
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé
Préparé par :
ME Jeans & Associates
Association canadienne des écoles de sciences infirmières
RAPPORT FINAL
1565, avenue Carling, bureau 700, Ottawa (Ontario) K1Z 8R1
Tél. : 613-728-2238 * Téléc. : 613-728-3527
La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation
Table des matières
MESSAGE PRINCIPAUX......................................................................................................................1
RÉSUMÉ................................................................................................................................................3
1.0 PRÉFACE.......................................................................................................................................5
2.0 INTRODUCTION et contexte..................................................................................................5
2.1 but et objectifs................................................................................................................6
3.0 Méthodes...................................................................................................................................7
4.0 CADRE D’évaluation de la capacité de recherche en
sciences infirmières.............................................................................................................8
4.1Intrants de la recherche...........................................................................................9
4.2productivité en recherche....................................................................................... 11
4.3résultats de la recherche.......................................................................................20
4.4impact de la recherche..............................................................................................21
5.0 RECOMMaNDATIONS...............................................................................................................24
6.0 Conclusion..............................................................................................................................25
RÉFÉRENCES......................................................................................................................................28
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MESSAGES PRINCIPAUX
Une analyse des progrès de la recherche en sciences infirmières au cours des 7 à 10 dernières
années au Canada a été réalisée au moyen d’un cadre de travail spécialement conçu à cette fin.
• Depuis 1990, 15 programmes de doctorat ont été mis sur pied dans les écoles de sciences
infirmières des universités canadiennes.
• Le nombre d’étudiants au doctorat en sciences infirmières inscrits dans une université
canadienne est passé de 8 en 1990 à 390 en 20051.
• Entre 1990 et 2006, 244 étudiants ont terminé un tel programme avec succès.
•
Malgré l’augmentation du financement accordé par les principaux organismes de financement
des études doctorales et postdoctorales au cours des 7 à 10 dernières années, les fonds sont
insuffisants pour répondre aux besoins des étudiants toujours plus nombreux.
• Le nombre de professeurs aptes à faire de la recherche dans les écoles et les facultés
universitaires de sciences infirmières ne répond pas aux besoins des étudiants inscrits aux
programmes de doctorat.
• Le financement de la recherche en sciences infirmières a considérablement augmenté
au cours des 10 à 15 dernières années, grâce surtout aux investissements accrus des
gouvernements fédéral et provinciaux, et en partie aux facteurs suivants : programme
de sciences infirmières du CRM/PNRDS; fusion du PNRDS et du CRM pour former les
IRSC; établissement du Fonds de recherche en sciences infirmières géré par la FCRSS;
financement ciblé de la recherche en sciences infirmières par des organismes provinciaux
et caritatifs.
• La recherche est de moins en moins une « activité individuelle » et s’appuie davantage sur
un travail d’équipe axé sur un sujet ou un thème particulier.
• Le premier centre de recherche en sciences infirmières au Canada a été fondé en 1979.
Depuis lors, un certain nombre de centres de recherche et de formation en recherche ont
vu le jour dans diverses régions du pays.
• Les résultats de la recherche produits par des enseignants universitaires – qu’il s’agisse
de publications dans des revues scientifiques sur les sciences infirmières ou autres,
ou de présentations dans des forums professionnels ou interprofessionnels – ont
considérablement augmenté au cours des 10 dernières années.
• Une analyse d’une base de données des IRSC a permis de distinguer trois principales
catégories de recherche en sciences infirmières financée : les questions de santé choisies,
les services de santé et leur organisation, et la promotion de la santé.
• Parmi ces trois catégories, la plupart des études se sont concentrées sur les questions de
santé, en particulier les maladies chroniques.
• Les questions de l’accessibilité aux services et de l’élimination des disparités dans les
services assurés ont reçu une grande attention dans toutes les études examinées.
• Les groupes minoritaires ou désavantagés, les personnes âgées et les femmes ont fait
l’objet de plusieurs études.
• Il existe une forte concordance entre les thèmes privilégiés de la recherche en sciences
infirmières au cours de la dernière décennie et les préoccupations exprimées dans divers
rapports nationaux et internationaux sur les services de santé; cela démontre que la
recherche effectuée par les infirmières et infirmiers s’adapte aux priorités énoncées.
__________
1
(statistiques les plus récentes)
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• Il existe des indications de l’impact de la recherche en sciences infirmières sur la santé et
le système de santé, mais ces effets sont peu documentés.
• L’analyse a montré qu’une faiblesse importante de la recherche en sciences infirmières
concerne le manque de pertinence et de cohérence de la documentation dans tous
les domaines, mais particulièrement en ce qui a trait aux résultats et à l’impact de la
recherche.
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RÉSUMÉ
La croissance de la capacité en sciences infirmières a été inégale au cours des 40 dernières
années, en raison de 1) l’insuffisance du soutien financier due en grande partie aux politiques
des principaux organismes de financement de la recherche en santé qui, jusqu’à récemment,
finançaient surtout la recherche biomédicale; 2) le manque de programmes doctoraux et
postdoctoraux en sciences infirmières au Canada avant 1990; 3) l’absence d’une infrastructure
de soutien de la recherche en science infirmières dans les universités et les hôpitaux
d’enseignement. À partir des années 1980 cependant, de nombreuses initiatives ont permis de
renforcer la capacité de recherche dans ce domaine.
Le présent rapport fait état du cadre de travail élaboré pour évaluer la capacité courante de la
recherche en sciences infirmières. Le cadre de travail portait sur les intrants du développement
de la capacité, soit les programmes de formation en recherche, le nombre d’étudiants au niveau
doctoral et postdoctoral, et le soutien financier accordé aux étudiants des cycles supérieurs. Le
thème de la productivité en recherche regroupait les professeurs aptes à faire de la recherche,
le soutien financier de la recherche en sciences infirmières, et l’établissement d’équipes, de
centres et de chaires. Les résultats de la recherche, troisième élément du cadre, concernaient
les publications, les bourses et les présentations. Enfin, l’impact de la recherche constituait un
quatrième composant du cadre et comprenait l’impact sur les résultats pour le patient, les lignes
directrices de la pratique, les politiques et l’éducation.
Le cadre de travail a été alimenté des données disponibles en vue d’obtenir le fidèle portrait
de la capacité actuelle de la recherche en sciences infirmières au Canada.
Une analyse qualitative d’une base de données des IRSC comptant plus de 1000 titres et
résumés a révélé que la recherche en sciences infirmières porte sur une vaste gamme de sujets
entourant la santé, les services de santé et les populations. De toutes les études examinées,
67 p. 100 traitaient des questions de santé, de l’organisation des services et de la promotion
de la santé. La recherche sur la sécurité des patients, la création, la recherche et la diffusion
d’outils, et l’environnement représentaient un autre 10 p. 100 des études consultées.
De ces trois grands thèmes, celui des questions de santé était le plus vaste et comptait des
études sur : 1) les maladies chroniques; 2) la santé de la reproduction; 3) la douleur; 4) les soins
de fin de vie et palliatifs. Les services de santé et leur organisation constituaient le deuxième
grand thème, portant sur les questions de la prestation et de la structure des services de santé,
en particulier en ce qui a trait à la réduction des disparités et à l’amélioration de l’accès aux
services. Les effets de la restructuration des hôpitaux et des divers modèles de services sur
les résultats pour les patients ont également été examinés. Au troisième rang des catégories
d’études venait le thème de la promotion de la santé, touchant des questions précises telles que
le tabagisme, le sida/VIH, l’usage abusif de substances, et l’obésité.
L’accessibilité et la qualité des données ont posé de nombreux problèmes, mais le bilan du
développement de la capacité de recherche demeure positif. Le nombre de programmes de
cycles supérieurs en sciences infirmières et d’étudiants de niveau doctoral et postdoctoral a
énormément augmenté, bien qu’à l’échelle mondiale, le Canada continue de traîner la patte
derrière plusieurs pays. Toutefois, le financement des étudiants de cycles supérieurs, des
programmes et des projets de recherche, des chaires, ainsi que des centres de recherche et de
formation a également augmenté.
Malgré les progrès réalisés, il reste des défis à relever. Les données requises pour évaluer la
capacité de recherche ne sont pas regroupées, à l’exception de la base de données de l’AIIC et
l’ACESI, et de la BDIIA de l’ICIS. Ces bases de données contiennent le nombre de professeurs
et d’étudiants en sciences infirmières. Elles illustrent clairement l’insuffisance au Canada des
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professeurs aptes à faire de la recherche et à superviser la recherche menée par des étudiants
des cycles supérieurs. On recommande la mise sur pied d’une initiative spéciale visant à
former plus rapidement des chercheurs en sciences infirmières au niveau du doctorat.
Les données relatives au financement des étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral, des
scientifiques de carrière, des programmes de recherche, des projets, des chaires, des équipes et
des centres se trouvent dans les bases de données de divers organismes de financement de la
recherche, et plusieurs de celles-ci utilisent différentes méthodes de classification. Certaines
n’ont même pas de code spécifique des sciences infirmières. Leur harmonisation bénéficierait
à toutes les disciplines intéressées à évaluer leurs propres activités de recherche.
De façon générale, l’objet de la recherche en sciences infirmières examinée était tout à fait
conforme aux principales questions de santé et de services de santé cernées par des groupes
internationaux comme l’OMS et le CII. De plus, les études portaient sur les principaux points
soulevés dans l’Accord sur la santé de 2003 et les rapports du Conseil canadien de la santé.
Il s’agit de questions primordiales pour les Canadiens; les sciences infirmières étant l’une des
seules disciplines de la santé qui mène des recherches dans ce domaine, un financement accru
de la recherche en sciences infirmières se traduirait par des améliorations plus rapides de la
santé et des services de santé.
Au cours des deux dernières décennies, des investissements modestes dans la recherche en
sciences infirmières ont eu une incidence importante sur la capacité de recherche. Cette
dernière ne peut toutefois se construire en une seule génération. Il faudra plusieurs décennies
de soutien adéquat pour en faire une industrie solide ayant le potentiel d’améliorer la santé
des Canadiens et leur système de santé.
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1.0 PRÉFACE
En 2004, le Bureau de la politique des soins infirmiers de Santé Canada a réuni cinq
organisations nationales d’infirmières – l’Association des infirmières et infirmiers du Canada
(AIIA), l’Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI), la Fondation
des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC), l’Académie des chefs de direction en soins
infirmiers (ACDSI) et l’Association canadienne pour la recherche infirmière (ACRI) – afin
d’examiner la situation des sciences infirmières et de la recherche en cette matière au Canada.
À la suite de cette rencontre, le consortium canadien pour la recherche et l’innovation en
sciences infirmières (ci-après nommé le Consortium) a été formé dans le but de donner une
voix unique et forte à la promotion de la recherche en sciences infirmières. L’ACESI a assumé
les fonctions de secrétariat.
Il a été jugé nécessaire de déterminer d’abord la situation de la recherche en sciences infirmières
au Canada afin d’éclairer les discussions concernant l’avenir des sciences infirmières et de la
recherche connexe. La Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS)
a consenti des fonds au Consortium afin d’analyser la question et d’élaborer un cadre de travail
visant le renforcement de la capacité de recherche en sciences infirmières. Le présent rapport
constitue l’aboutissement de ce projet. Il dépeint le développement de la recherche en sciences
infirmières au fil du temps, sauf en ce qui concerne la productivité en recherche, un sujet sur
lequel il n’existe aucune donnée ancienne. Le rapport présente des données et de l’information
pour les années 2000 à 2007. Dans certains cas, des données pour certaines années antérieures
à 2000 ou postérieures à 2007 ont été fournies. Les résultats suggèrent que les investissements
faits dans la recherche en sciences infirmières ont eu une incidence marquante sur la
productivité en recherche. En 2008, il appert que la recherche en sciences infirmières peut se
pencher sur des questions prioritaires en matière de santé et de services de santé au Canada.
On a procédé à l’identification des domaines à renforcer. La recherche en sciences infirmières
nécessite toutefois des investissements supplémentaires substantiels afin d’atteindre le prochain
niveau de découvertes et de former une nouvelle génération de chercheurs.
2.0 INTRODUCTION ET CONTEXTE
Un peu partout dans le monde, on reconnaît l’importance de bâtir une capacité de recherche en
services de santé afin de permettre une prise de décisions fondées sur des données probantes
solides en matière de politiques et de pratique(1). Il est donc essentiel pour les sciences
infirmières d’évaluer la capacité de recherche, les infirmières et infirmiers étant appelés à
jouer un rôle central dans la prestation des services de santé(2). Le présent rapport contient
de l’information sur la situation de la capacité de recherche en sciences infirmières et sur
l’orientation de cette recherche, et il fournit des recommandations visant son développement.
Au Canada, la recherche en sciences infirmières a connu une croissance inégale au cours des
quatre dernières décennies. De nombreux articles, chapitres de livre et rapports dressent un
portrait des débuts de cette discipline au Canada(3, 4, 5). Au cours des années 1950 et jusqu’au
milieu des années 1960, peu de fonds ont été accordés à des projets de recherche dans les
écoles universitaires de sciences infirmières. Le manque de financement et de soutien à
l’infrastructure ont été des obstacles importants au développement de la recherche en sciences
infirmières durant ces années.
À partir des années 1970, les étudiants des cycles supérieurs et des professeurs ont entrepris
la majeure partie des recherches. Aux États-Unis, bien que le nombre de programmes de
doctorat et d’infirmières détenant un doctorat ait augmenté dans les années 1970, peu
d’infirmières possédant un doctorat faisaient de la recherche(6). L’insuffisance de fonds dédiés
demeurait criante au Canada, bien que des organisations bénévoles, des fondations privées et
la Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) aient contribué certaines sommes.
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En 1971, un événement a constitué un point tournant : la tenue de la première conférence
nationale sur la recherche en sciences infirmières au Canada, qui portait principalement
sur l’administration des sciences infirmières et l’éducation en cette matière, un choix peu
surprenant étant donné que plusieurs chercheurs canadiens en sciences infirmières de
l’époque avaient obtenu un doctorat en éducation ou en administration. Cette conférence
a été suivie en 1978 par un colloque national commandité par Kellogg sur la formation
doctorale des infirmières et infirmiers du Canada(5). Enfin, une autre étape cruciale a été
franchie durant cette décennie : la mise sur pied en 1979 du premier centre de recherche en
sciences infirmières au Canada, à l’Université McGill, soutenu par Santé Canada.
Dans les années 1980, certains organismes de financement fédéraux se sont engagés dans la
recherche en sciences infirmières, tels que le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM)
et le Programme national de recherche et de développement en matière de santé (PNRDS) de
Santé Canada. Au même moment, la nature de la recherche a changé, s’éloignant quelque peu
du thème de l’éducation pour s’intéresser davantage à la réponse humaine à la maladie(7). Les
études dans ce domaine ont été financées à l’interne, pour la plupart, par des établissements
d’enseignement et des organismes de santé, environ le tiers ayant reçu un financement
externe(7). Peu de chercheurs se consacraient aux sciences infirmières, seules 193 infirmières
possédant à l’époque un doctorat(2).
Malgré les difficultés ayant fait obstacle à la recherche en sciences infirmières au Canada
durant les années 1970, 1980 et 1990, certaines réalisations méritent tout de même d’être
soulignées. Le présent rapport fait état de la croissance de la capacité de recherche en sciences
infirmières au pays, avec une attention particulière aux dix dernières années, et rappelle les
barrières qui continuent à freiner son développement.
Cooke(1) note que dans l’évaluation de la capacité de recherche, « on a peu discuté ou conclu
de choses concernant la façon de mesurer l’efficacité du renforcement de la capacité de
recherche » (p.1). Un des facteurs ayant contribué à ce problème au Canada est l’érosion
continue d’une collecte de données normalisée. L’Association canadienne des écoles de
sciences infirmières (ACESI) et l’Association des infirmières et infirmiers du Canada (AIIC) ont
fait de grands efforts, individuellement et conjointement, pour compiler de telles données,
mais le processus n’est pas toujours cohérent.
2.1 BUT ET OBJECTIFS
Le présent projet avait pour but d’évaluer la situation actuelle de la recherche en sciences
infirmières au Canada afin d’élaborer un cadre de travail visant le renforcement de
la capacité, d’utiliser ce cadre pour mener une analyse des écarts, et de formuler des
recommandations sur les prochaines étapes. Les objectifs précis étaient les suivants :
• Revoir le développement de la recherche en sciences infirmières au Canada,
particulièrement au cours des années 1999 à 2009
• Déterminer les facteurs habilitants et les obstacles du développement de la recherche en
sciences infirmières relativement :
•aux ressources humaines
•aux groupes/centres/instituts
•aux bourses de carrière/chaires
•au financement de projets et de programmes
•aux programmes de formation
•à l’évaluation de la productivité
•à l’infrastructure
• Établir un cadre de travail pour le renforcement de la capacité de recherche en
sciences infirmières
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• Émettre des recommandations concernant les priorités et les démarches visant le
renforcement de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada
Le projet a duré 12 mois, l’élaboration du cadre de travail et la collecte de données ayant
constitué la principale activité. On a également cerné les lacunes de la recherche et émis
des recommandations concernant les prochaines étapes. De plus, une analyse quantitative a
été menée afin de déterminer les principaux domaines de recherche en sciences infirmières
financés au cours de la dernière décennie.
3.0 MÉTHODES
Une panoplie de méthodes a été utilisée pour dénicher de l’information sur les principales
caractéristiques d’un cadre de travail sur le développement de la capacité de recherche. La
littérature, publiée ou non, relative au développement de la capacité en général et spécifique
du développement de la capacité de recherche, a été examinée, de même que des documents
portant sur l’histoire de la recherche en sciences infirmières au Canada et aux États-Unis.
Des sites Web et des documents factuels ont également été consultés. Enfin, on a interviewé
des intervenants clés – chercheurs, doyens, directeurs – qui ont formulé des suggestions
concernant les composantes du cadre de travail.
Afin d’alimenter le cadre de travail, des données ont été recueillies auprès de chefs de file
de la recherche en sciences infirmières tels que l’Association des infirmières et infirmiers
du Canada (AIIC), l’Association canadienne des écoles de sciences infirmières (ACESI) et
l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) concernant divers facteurs comme les
caractéristiques du corps enseignant, le nombre d’étudiants au doctorat et le nombre de
programmes de doctorat. En ce qui concerne la productivité en recherche, des données sur la
recherche financée ont été obtenues des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), de
la Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSS), de la Fondation
des maladies du cœur du Canada, de l’Institut national du cancer du Canada (INCC), de la
Société Alzheimer du Canada, de la Fondation canadienne du rein et de la Fondation des
infirmières et infirmiers du Canada (FIIC). Au besoin, on a communiqué directement avec
le personnel des organismes de financement afin d’obtenir des clarifications ou de valider
les données. On a tenté de recueillir des données auprès du Conseil de recherche en sciences
humaines du Canada (CRSH), mais les sciences infirmières ne figurent pas en tant que
catégorie distincte dans sa base de données. Des efforts répétés pour obtenir des données
auprès des gouvernements provinciaux ont connu peu de succès. Bien que de nombreux
gouvernements provinciaux financent la recherche en sciences infirmières, les données
accessibles étaient souvent incomplètes, ce qui rendait impossible toute comparaison entre
les provinces. Un bref sondage a été envoyé par l’ACESI aux facultés et aux écoles membres
ayant des programmes de cycles supérieurs, afin de solliciter de l’information sur le nombre
d’étudiants de niveau postdoctoral, de chaires, de centres de recherche et d’instituts.
Trois critères ont servi à déterminer les bases de données les plus utiles pour indiquer
l’orientation de la recherche en sciences infirmières au cours de la dernière décennie, 1) la base
de données devait comporter un code de discipline pour les sciences infirmières; 2) la base de
données devait être assez volumineuse pour permettre de dégager des thèmes principaux; 3) la
base de données devait être assez étendue pour refléter la diversité de la recherche en sciences
infirmières. La base de données des IRSC remplissait ces trois critères et a donc été choisie aux
fins d’analyse.
Seules les études dont le chercheur principal était membre de la profession infirmière ont
été incluses dans le logiciel d’analyse statistique qualitative NVivo7 de QSR. NVivo a facilité
l’organisation et le codage des titres des études, ce qui a permis de dégager de nombreux
thèmes et de créer des catégories. Ces dernières ont été examinées et raffinées pendant
plusieurs semaines par une équipe composée de deux chercheurs en sciences infirmières et
d’un étudiant de cycle supérieur formé en analyse qualitative, afin d’assurer l’uniformité du
codage des données.
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4.0 CADRE D’ÉVALUATION DE LA CAPACITÉ DE RECHERCHE EN SCIENCES INFIRMIÈRES
Le renforcement de la capacité de recherche doit s’effectuer aux plans individuel et
organisationnel(1, 8, 9, 10, 11). « Il s’agit d’un processus continu qui permet aux personnes, aux
institutions, aux organisations et aux nations de définir les problèmes et de leur accorder un
ordre de priorité de façon systématique, de développer leurs qualités scientifiques, d’évaluer
des solutions adéquates, et de partager et d’appliquer les connaissances acquises(10). » Le but
ultime du renforcement de la capacité de recherche est de générer et de mettre en pratique de
nouvelles connaissances en vue d’améliorer la santé des personnes et des familles(12). Selon
Cooke, un cadre de travail est nécessaire pour planifier et mesurer les progrès, et établir
des résultats appropriés. Un tel cadre devrait inclure des mesures liées au processus et aux
résultats, tenir compte des changements des buts et des moyens, et mesurer non seulement
les objectifs ultimes mais aussi les étapes et les mécanismes permettant de les atteindre. Toute
évaluation d’un effort de renforcement de la capacité devrait contribuer à l’effort et, en bout
de ligne, au rendement de l’organisme(11).
Cooke(1) distingue six principes qui forment la base d’un cadre d’évaluation du renforcement
de la capacité de recherche. Ils découlent d’une analyse de la littérature, d’énoncés de
politiques et d’études empiriques, ainsi que de renseignements provenant du Research and
Development Support Unit du Royaume-Uni. Ces principes soutiennent que le renforcement
de la capacité de recherche devrait : développer les compétences et la confiance; favoriser
les liens et les partenariats; garantir que la recherche « colle » à la pratique; favoriser une
diffusion adéquate; assurer des investissements dans l’infrastructure; comprendre des
éléments de durabilité et de continuité.
La différence entre les deux approches vient du fait que Cooke(1) tente de répondre à la question
« Qu’est-ce que le renforcement de la capacité? », qui nécessite un cadre conceptuel. Le cadre
d’évaluation de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada qui est proposé dans
le présent rapport soutient plutôt une démarche pragmatique et tente de répondre à la question
« Comment peut-on définir la capacité de recherche en sciences infirmières? ».
Les éléments du cadre de travail se divisent en quatre grandes catégories : 1) les intrants de
la recherche, 2) la productivité en recherche, 3) les résultats de la recherche, et 4) l’impact
de la recherche. Chaque catégorie est constituée de divers éléments et alimentée des données
disponibles afin d’obtenir un tableau de la situation de la recherche en sciences infirmières au
Canada au cours des 10 dernières années. Pendant la deuxième phase du projet, on a défini
l’orientation de cette recherche au cours de la dernière décennie et noté les lacunes. Des
recommandations ont été émises en vue du développement de la capacité de recherche.
Figure 1 : Un cadre de travail sur la capacité de recherche
Résultats de la recherche
Intrants de la recherche
Programmes postdoctoraux
•Nbre de bourse
• Budget ($)
Formation en recherche
• Programmes de doctorat
• Nbre d’étudiants
• Bourses d’études/
bourses de recherche
Productivité
en recherche
• Professeurs
• Subventions
• Équipes
• Centres
• Chaires
• Publications
• Présentations
• Bourses
Impact de la recherche
• Résultats pour le patient
• Lignes directrices de la
pratique
• Politiques
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4.1 INTRANTS DE LA RECHERCHE
Le premier composant du cadre de travail concerne la formation et la préparation des futurs
chercheurs. L’importance de cet élément pour le renforcement de la capacité de recherche
a été amplement soulignée dans la littérature(1, 13, 14, 15). On s’entend généralement sur le fait
qu’il faut posséder au moins un doctorat pour entreprendre une recherche indépendante.
Dans le passé cependant, la recherche en sciences infirmières n’a pas toujours été réalisée par
des infirmières et infirmiers détenant un doctorat. Les études postdoctorales permettent une
expérience de recherche plus intense et augmentent les chances de mener une carrière en
recherche productive.
Au Canada, les programmes de doctorat ont mis du temps à voir le jour comparativement
à d’autres pays. Les États-Unis disposaient de 45 programmes de doctorat en sciences
infirmières en 1990, tout comme d’autres pays tels que la Finlande, le Japon et la Thaïlande(2).
Le Canada a entrepris la mise sur pied de programmes de doctorat dans les années 1980, mais
ce n’est qu’au cours de la décennie suivante que de tels programmes ont été offerts. Plusieurs
infirmières et infirmiers canadiens ont obtenu un doctorat en sciences infirmières aux
États-Unis avant que de tels programmes d’études ne soient offerts au Canada. De 1990
à 1994, six universités canadiennes ont lancé un programme de doctorat en sciences
infirmières, y compris l’Université McGill, qui offrait dès 1993 un programme de doctorat
conjointement avec l’Université de Montréal, de même que les universités de l’Alberta, de
Toronto, de la Colombie-Britannique et McMaster. Il existe présentement 15 programmes de
doctorat en sciences infirmières au Canada(16).
En 2005, 390 étudiants étaient inscrits dans un programme de doctorat en sciences
infirmières au Canada. Entre 1990 et 2005, 206 étudiants ont terminé un tel programme(16),
et 38 ont reçu leur diplôme en 2006. Le tableau qui suit contient de l’information concernant
les taux d’inscription à un programme de doctorat en sciences infirmières et d’obtention du
diplôme au Canada entre 1990 et 2006 :
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
Inscriptions
8
8
18
35
57
53
97
112
156
174
125
161
271
289
327
390
S.O.
Diplômés
1
0
2
1
1
0
3
4
18
33
10
20
18
31
25
39
38
Source : Association canadienne des écoles de sciences infirmières
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation10
Selon l’enquête nationale sur les effectifs étudiants et professoraux des écoles canadiennes de
sciences infirmières, 36 boursiers postdoctoraux se sont inscrits dans une école canadienne de
sciences infirmières en 2007.
Le soutien financier accordé aux étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral en sciences
infirmières constitue un aspect important du développement de la capacité de recherche.
L’examen des données provenant des principaux organismes de financement donne un
portrait encourageant : dans tous les cas, le nombre d’infirmières et d’infirmiers ayant reçu
des fonds pour poursuivre des études doctorales et postdoctorales a augmenté, de même
que les montants accordés. En 2000-2001, les IRSC ont remis des bourses doctorales et
postdoctorales à 14 infirmières, pour une somme totalisant environ 400 000 dollars. En 2003,
on a remis quelque 33 bourses totalisant plus d’un million de dollars (figures 2 et 3). De 2003
à 2007, le nombre de bourses accordées est resté constant (de 25 à 27) par année. Malgré
l’augmentation du nombre d’infirmières et d’infirmiers poursuivant des études doctorales ou
postdoctorales et le plus grand nombre d’infirmières aptes à superviser des études doctorales
qui en résultera, ces chiffres seront sans doute insuffisants, étant donné l’augmentation
importante du nombre d’étudiants engagés dans des études de cycles supérieurs, tel qu’il est
indiqué au tableau 1.
Par l’entremise du Fonds de recherche en sciences infirmières, la Fondation canadienne
de la recherche sur les services de santé (FCRSS) a consacré un total de 450 000 dollars
à la formation en 2006, y compris sous forme de bourses postdoctorales. Il s’agit d’une
importante augmentation par rapport à la somme de moins de 200 000 dollars accordée en
1999 par le gouvernement fédéral (figure 4), avant le lancement du Fonds de recherche en
sciences infirmières. Un total de 18 boursiers postdoctoraux en sciences infirmières ont reçu
des fonds de la FCRSS entre 1999 et 2006 (figure 5) dans le cadre du concours ouvert de
bourses de recherche postdoctorale CADRE. Le nombre de bourses doctorales attribuées par
la Fondation des maladies du cœur a également grimpé, passant de quatre en 1999 à huit
en 2005-2006 (figures 6 et 7). L’Institut national du cancer du Canada (INCC) a financé six
étudiants au doctorat de 1999 à 2007, pour un investissement total de 306 459 dollars. Les
bourses d’études de l’INCC sont limitées et destinées aux étudiants inscrits à temps plein à
un programme de doctorat dans une université canadienne, et le boursier doit avoir reçu
une formation en recherche d’au moins deux ans dans un programme de deuxième cycle. La
figure 8 montre les bourses doctorales accordées par la Société Alzheimer.
La plupart des organismes de financement exigent que les candidats soient engagés dans
des études à temps plein. Cela peut repré senter un obstacle important pour les infirmières
et infirmiers désirant obtenir une bourse postdoctorale, étant donné que la majorité des
étudiants en sciences infirmières au niveau du doctorat sont des femmes, et que plusieurs
d’entre elles ont des responsabilités familiales qui les empêchent de poursuivre des études
à temps plein. Bien qu’il soit difficile de déterminer le nombre exact d’étudiants de niveau
doctoral et postdoctoral qui reçoivent des fonds d’organismes de financement nationaux,
en raison notamment des différentes façons de présenter les données, une question s’impose
: quel pourcentage des 390 étudiants actuellement inscrits dans un programme doctoral
reçoit un soutien financier? Des programmes provinciaux, des fondations et des universités
financent aussi les études de cycles supérieurs, mais ils exigent généralement des études à
temps plein. On estime ainsi qu’un grand nombre d’étudiants inscrits dans des programmes de
doctorat en sciences infirmières n’ont pas accès aux bourses.
Les figures 2 à 5 contiennent des données sur les bourses postdoctorales, qui semblent avoir
augmenté au cours des 15 dernières années. La FCRSS a remis, entre 1999 et 2006, 65 bourses
postdoctorales, y compris pour des projets axés sur la recherche en sciences infirmières et
les services de santé (figure 5). La Fondation des maladies du cœur a attribué une bourse
postdoctorale en 2000-2001 (figure 6) et la Société Alzheimer, une bourse postdoctorale
entre 2000 et 2007 (une bourse de 38 500 dollars par année sur deux ans accordée en 2001
– source : Société Alzheimer du Canada).
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation11
L’un des obstacles auxquels font face les infirmières et infirmiers désirant entreprendre des
études postdoctorales concerne l’interdiction de détenir un poste de professeur imposée par
la plupart des organismes de financement. Cependant, la plupart des boursiers de niveau
postdoctoral en sciences infirmières occupent présentement un poste de professeur. La FCRSS
a récemment abandonné cette restriction. Une telle souplesse sera désormais essentielle au
développement de la prochaine génération de chercheurs de carrière en sciences infirmières.
4.2 PRODUCTIVITÉ EN RECHERCHE
Cette catégorie se rapporte à plusieurs aspects de la capacité de recherche, y compris les
ressources humaines, le financement de la recherche, le développement de l’infrastructure, et
la création de chaires, de centres et d’instituts. Des données provenant de l’ACESI et de l’AIIC,
d’organismes de financement de la recherche et d’établissements d’enseignement ont été
utilisées, mais, étant donné les lacunes relatives aux sources de données et aux données
elles-mêmes, les montants rapportés sont parfois grossièrement sous-estimés.
Le développement de la capacité de recherche dépasse le perfectionnement des compétences
en recherche d’une personne pour englober le soutien des équipes, des réseaux, des
institutions et des systèmes. Le ministère de la Santé du Royaume-Uni définit le renforcement
de la capacité de recherche comme étant « un processus de perfectionnement individuel et
institutionnel qui mène à des niveaux accrus de compétences et à une plus grande habileté
à réaliser une recherche utile »(17). Cooke(1) cite le Australian National Information Service,
qui définit quant à lui le renforcement de la capacité de recherche comme « une approche du
développement de compétences durables, d’une structure organisationnelle, de ressources et
d’un engagement envers l’amélioration de la santé dans divers secteurs, y compris celui de
la santé, afin de multiplier les gains ». La capacité de recherche peut dont être assimilée à un
moyen d’éclairer la pratique et d’obtenir des gains en santé. Il peut s’agir également d’une
façon d’étendre les compétences et les structures qui permettent la réalisation des activités de
recherche(1). Le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières au Canada
a été freiné initialement par des défis et des obstacles à tous les niveaux, de la rareté des
occasions de perfectionnement individuel à la partialité institutionnelle et systémique. La
communauté des sciences infirmières a dû défendre le rôle de la recherche et la nécessité de la
capacité de recherche.
4.2.1 Ressources humaines
En 2005, 4 205 professeurs enseignaient dans des écoles de sciences infirmières au Canada(16).
De ce nombre, 534 détenaient un doctorat, dont 256 en sciences infirmières et 278 dans une
autre discipline. Ces professeurs ne représentaient que 12,7 p. 100 de tout le corps enseignant
des écoles de sciences infirmières. Il s’agit là d’un défi majeur pour la formation en recherche
des étudiants de niveau doctoral et cela restreint le nombre d’admissions possibles aux
programmes de doctorat en sciences infirmières. En 2005, seuls 57 professeurs des écoles
canadiennes de sciences infirmières déclaraient posséder une formation postdoctorale : 38 en
sciences infirmières et 19 dans une autre discipline (tableau 4). Le rapport final d’évaluation
de l’initiative conjointe du PNRDS et du CRM se penche sur les conséquences de ce manque
de professeurs aptes à faire de la recherche dans les écoles et les facultés de sciences
infirmières pour le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières.
L’âge des professeurs des écoles de sciences infirmières est également un facteur à considérer
dans l’examen des ressources et du développement de la capacité de recherche. Selon des
données de l’AIIC et de l’ACESI pour les années 2002 à 2005, 42,5 p. 100 des professeurs
avaient plus de 50 ans et 6 p. 100, plus de 60 ans. Plusieurs écoles n’ont toutefois pas fourni
de données relatives à l’âge. En 2005, 39 p. 100 des professeurs avaient plus de 50 ans et
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation12
7,8 p. 100, plus de 60 ans. En comparant ces chiffres aux plus récentes statistiques de l’ICIS,
cependant, il devient évident que le corps professoral vieillit et qu’un nombre important de
professeurs prendront leur retraite au cours des 10 prochaines années. Cela pourrait affaiblir
encore la capacité de fournir un enseignement aux étudiants au doctorat, du moins jusqu’à
ce que les nouveaux diplômés s’établissent en tant qu’enseignants, chercheurs et professeurs
productifs.
Du point de vue des ressources humaines, une crise semble poindre à l’horizon en ce qui a
trait au nombre de professeurs ayant terminé des études de niveau doctoral ou postdoctoral,
étant donné le nombre d’étudiants inscrits dans des programmes de doctorat en sciences
infirmières. Il pourrait s’avérer nécessaire de mettre en place une initiative ciblée pour
fournir des incitatifs financiers (c.-à-d., des bourses) aux étudiants des niveaux doctoral et
postdoctoral. Une autre possibilité serait de permettre aux étudiants les plus aptes à devenir
chercheurs de suivre un programme d’études accélérées.
4.2.2 Financement de la recherche
Initiatives nationales
Le soutien financier de la recherche en sciences infirmières a été long à s’établir au Canada.
Dans les années 1970 et 1980, peu de chercheurs dans ce domaine ne se démarquaient
dans les concours tenus par les conseils de recherche et les organismes caritatifs nationaux
tels que l’Institut national du cancer du Canada (INCC). Cela était dû en grande partie au
manque de concordance entre la recherche en sciences infirmières et les mandats de ces
organismes. Le Conseil de recherches médicales du Canada (CRM) finançait de la recherche
biomédicale de base et de la recherche clinique, principalement sous forme d’essais cliniques,
une politique suivie par la plupart des grands organismes de charité. À cette époque, la
recherche en sciences infirmières et en services de santé était considérée moins scientifique
et moins pertinente. Le Programme national de recherche et de développement en matière
de santé (PNRDS) de Santé Canada était à l’origine un programme de financement de la
recherche extra-muros de Santé et Bien-être social Canada soutenant la recherche en sciences
infirmières et attribuant des bourses au niveau de la maîtrise et du doctorat dans ce domaine.
Cependant, le budget du PNRDS ne représentait qu’une fraction du budget du CRM.
En 1989, une initiative conjointe spéciale du PNRDS et du CRM a aidé à financer le
développement de la capacité de recherche en sciences infirmières dans les facultés et les
écoles de sciences infirmières du Canada. L’initiative s’est déroulée de 1989 à 2000-2001,
avec un budget total de 2 665 886 dollars, fourni à parts égales par les deux organismes
de financement. Grâce à cette initiative spéciale, neuf écoles universitaires de sciences
infirmières ont reçu des fonds ainsi qu’un soutien salarial permettant à 17 infirmières et
infirmiers de consacrer 80 p. 100 de leur temps à la recherche. Deux de ces chercheurs sont
par la suite parvenus à obtenir une bourse du programme régulier de bourses de carrière
en santé du PNRDS. Toutes ces personnes poursuivent aujourd’hui de brillantes carrières en
recherche.
Initiatives provinciales
Tous les gouvernements provinciaux soutiennent la recherche en santé, mais certains, comme
ceux de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, dédient des fonds de recherche aux sciences
infirmières. En 1980, le gouvernement albertain a créé l’Alberta Heritage Foundation for
Medical Research (AHFMR) et l’a dotée d’une somme de 300 millions de dollars pour la
recherche biomédicale et médicale de base. Après deux années de lobbying, les infirmières et
infirmiers de l’Alberta ont obtenu la création de l’Alberta Nursing Foundation (ANF), dotée
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation13
d’un budget d’un million de dollars par année – une mince victoire, mais tout de même
significative. L’ANF a depuis disparu, mais l’AHFMR soutient maintenant divers domaines
de recherche en santé, y compris la recherche en sciences infirmières, en attribuant
notamment des bourses.
Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario a également alloué des
fonds aux chercheurs en sciences infirmières dans les années 1980 et au début des années
1990. Bien que le programme n’existe plus, il a grandement favorisé la recherche en sciences
infirmières, de même que la capacité de recherche dans ce domaine. Le gouvernement de
l’Ontario continue de financer des initiatives ciblées de recherche en sciences infirmières et de
distribuer des bourses de carrière de recherche à des infirmières et infirmiers, par l’entremise
du programme de bourses de carrière en recherche. Les unités de recherche en sciences
infirmières de l’Université de Toronto et de l’Université McMaster sont d’autres exemples du
soutien du gouvernement de l’Ontario dans ce domaine.
Au Québec, il existe plusieurs sources de financement en appui à la recherche et aux
étudiants des niveaux doctoral et postdoctoral en sciences infirmières, y compris le Fonds de
la recherche en santé du Québec (FRSQ), le Fonds québécois de la recherche sur la santé et la
culture (FQRSC) et la Fondation de recherche en sciences infirmières du Québec (FRESIQ). La
province compte également le Groupe de recherche interuniversitaire en sciences infirmières
de Montréal (GRISIM), un organisme en voie d’étendre ses activités à l’ensemble des écoles
universitaires en sciences infirmières du Québec.
La Colombie-Britannique a également créé une fondation, la British Columbia Foundation,
qui soutient une vaste gamme de projets de recherche, y compris en sciences infirmières.
Cette fondation a maintenant été remplacée par la Michael Smith Foundation for Health
Research (MSFHR), qui a attribué de nombreuses bourses à des chercheurs en sciences
infirmières (communication personnelle). En 2007, le gouvernement de la ColombieBritannique a donné 8 millions de dollars à la Fondation Michael Smith pour la recherche
sur le travail en services infirmiers.
Bien que certaines de ces sources de fonds provinciales aient disparu ou changé, elles ont
indéniablement eu un effet positif sur le développement de la capacité de recherche en
sciences infirmières. Comme le démontre les données contenues dans le présent rapport, les
chercheurs en sciences infirmières remportent maintenant des concours de bourses de recherche
provinciaux et nationaux, tout comme les autres chercheurs du domaine de la santé.
Initiatives d’associations professionnelles
La Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) a été établie en 1962 dans le but
de soutenir les infirmières et infirmiers désirant poursuivre des études de cycles supérieurs.
À ses débuts, la FIIC constituait surtout la seule source de financement pour les infirmières.
Puis, en plus des bourses, la FIIC a entrepris d’attribuer de petites subventions de recherche
en sciences infirmières. Cependant, la Fondation arrivait à peine à générer suffisamment
de fonds pour soutenir la recherche, la majeure partie de ses fonds provenant de dons
d’infirmières et d’infirmiers, dont plusieurs sous forme de legs visant la création d’une
bourse nommée en l’honneur du donateur. La FIIC n’a jamais joué un rôle majeur dans le
financement de la recherche, mais elle a attribué un grand nombre de bourses en sciences
infirmières. Ses initiatives plus récentes seront examinées plus avant dans le présent rapport.
De grands progrès sont survenus sur la scène nationale du financement de la recherche en
sciences infirmières dans les années 1990. Sous l’impulsion de son président de l’époque, le
Dr Henry Friesen, le Conseil de recherches médicales (CRM) a entrepris de transformer son
mandat afin de se consacrer à l’ensemble de la recherche en santé plutôt que simplement
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation14
à la recherche biomédicale. En 2000, le CRM a cédé sa place aux Instituts de recherche en
santé du Canada (IRSC), qui disposent d’un budget beaucoup plus substantiel pour remplir
leur mandat. Le PNRDS n’existe plus, certains de ses travaux étant désormais inclus dans
le financement des IRSC. La recherche en sciences infirmières a grandement bénéficié de ce
changement du soutien fédéral à la recherche en santé.
En 1997, le gouvernement fédéral a également mis sur pied la Fondation canadienne
de la recherche sur les services de santé (FCRSS). Le mandat de ce nouvel organisme de
financement consistait à soutenir la recherche appliquée sur les services et les politiques de
santé. En 1999, la FCRSS disposait d’un fonds de dotation de 126,5 millions de dollars, ayant
reçu un fonds de dotation initial de 66,5 millions de dollars du gouvernement fédéral puis,
en 1999, un montant additionnel de 35 millions de dollars afin de soutenir le programme
CADRE (Capacité et développement en recherche appliquée et évaluation dans les services de
santé et en sciences infirmières). La Fondation a en outre été chargée du Fonds de recherche
en sciences infirmières de 25 millions de dollars afin d’appuyer la recherche en sciences
infirmières pendant 10 ans. Ces importants investissements fédéraux résultaient en grande
partie des activités fructueuses de lobbying de l’AIIC.
Un autre organisme de financement fédéral, le Conseil de recherches en sciences humaines
(CRSH), a également financé de la recherche en sciences infirmières relative à l’histoire des
sciences infirmières, à l’étude de la condition féminine et à la psychologie, dans une moindre
mesure. Cependant, il faut noter encore une fois la difficulté de distinguer la recherche en
sciences infirmières des autres sujets de recherche dans la base de données du Conseil, étant
donné que cette dernière ne contient aucune catégorie spécifique des sciences infirmières.
4.2.3 Le financement de la recherche en sciences infirmières au Canada :
de 1990 à 2006-2007
Bien que les données soient parfois absentes ou incomplètes, il est possible d’affirmer qu’il y a
eu une augmentation significative du financement de la recherche en sciences infirmières au
Canada au cours des 10 à 15 dernières années. O’Connor et Bouchard(19) affirment que, selon
les données amassées durant les années 1980 par l’ACESI, appelée l’Association canadienne
des écoles universitaires de nursing (ACEUN) de 1971 à 2002, les chercheurs en sciences
infirmières ont reçu un montant total de 4 491 000 $ pendant l’année universitaire 1988-1989.
En 1998, ce montant avait grimpé à 8 584 611 $(2). En 1999, une base de données de l’ACEUN
a été créée à partir de renseignements transmis en ligne par divers chercheurs afin de saisir la
productivité en recherche des chercheurs universitaires en sciences infirmières. Les données
de 1999 montrent une forte augmentation du financement par rapport à 1998, une somme de
14 390 303 $ ayant été rapportée pour 1999, 19 323 971 $ pour 2000, et 27 528 277 $ pour
2001. Malheureusement, la communauté de chercheurs n’a pas tenu à jour la base de données.
Il faut donc aujourd’hui estimer le montant du financement en effectuant des recherches dans
les diverses bases de données des organismes de financement ou en recueillant des données de
base auprès des écoles de sciences infirmières.
Un examen des bases de données des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) permet
de constater qu’entre 2000 et 2007, le nombre de subventions de fonctionnement accordées à
des infirmières et infirmiers en tant que chercheurs principaux est passé de 38 en 2000-2001
à 130 en 2005-2006. En 2006-2007, le nombre a légèrement baissé à 119, mais les données
de 2007 pourraient être incomplètes (figure 9). On n’accordait plus de nouvelles subventions,
étant donné qu’une grande partie des fonds avaient déjà été alloués. Les fonds de subventions
de fonctionnement sont passés d’un peu plus de 2 millions de dollars en 2000-2001 à près de
11 millions de dollars en 2006-2007 (figure 10). Le nombre de bourses pour des essais
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation15
cliniques a grimpé de deux en 2001-2002 à dix en 2006-2007 (figure 11). En 2000-2001, les
IRSC ont accordé sept bourses de carrière ou d’appui salarial, comparativement à 37 en 20062007 (figure12). La valeur de ces bourses variait de 2 à 2,5 millions de dollars entre 20042005 et 2006-2007 (figure 13).
Selon des données s’étalant de 2000 à 2007 (tableau 16), la répartition provinciale des
subventions de fonctionnement des IRSC reflète encore une disparité régionale, la majorité
des subventions étant versée en Ontario, suivie du Québec, de la Colombie-Britannique et de
l’Alberta. La situation est toutefois différente en ce qui concerne les bourses et l’appui salarial.
Dans ces deux catégories, le Québec arrive en cinquième position, et l’Ontario domine avec
deux fois plus de financement que l’Alberta et la Colombie-Britannique.
Le montant total de bourses en sciences infirmières accordées par les IRSC, toutes catégories
confondues, a grimpé d’un peu moins de 3 millions de dollars en 2000-2001 à un peu plus de
16 millions de dollars en 2005-2006 (figure 15). Les données montrent une légère diminution
en 2006-2007, mais cela pourrait être attribuable à l’incomplétude des données pour 2007 au
moment où la présente étude a été réalisée. Le montant total de fonds versés en subventions
et en bourses par les IRSC en 2006-2007 s’élevait à 810 millions de dollars (Rapport annuel
des IRSC, 2007). Un pourcentage nous aurait permis de faire une comparaison.
Comme il a été indiqué précédemment, en 1999, la FCRSS a reçu 25 millions de dollars sur
10 ans pour soutenir le développement de la capacité de recherche en sciences infirmières.
Cet investissement, nommé Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI), poursuivait
les principaux objectifs suivants : 1) accumuler des connaissances de haute qualité, utiles
pour les décideurs et les responsables de politiques en santé; 2) accroître le nombre et le
type de recherches appliquées sur les services de santé et les sciences infirmières; 3) remettre
la recherche entre les mains des décideurs; 4) aider les décideurs à évaluer, à adapter et à
appliquer la recherche pertinente de façon régulière dans le cadre de leur travail.
De façon générale, la FCRSS finance quatre catégories de bourses : les bourses de formation;
les bourses de recherche; les réseaux, la synthèse et la diffusion; les chaires en sciences
infirmières. Selon l’entente sur le Fonds de recherche en sciences infirmières, un montant
de 5000 000 $ par année, qui a été augmenté à 535 000 $ par année en 2003, était distribué
à des chercheurs en sciences infirmières en partenariat avec la Fondation des infirmières et
infirmiers du Canada (FIIC) afin de soutenir précisément la recherche clinique en sciences
infirmières, un investissement total de plus de 5 millions de dollars. Ce programme de
partenariats pour la recherche sur les soins infirmiers, financé selon un ratio de 2 : 1, a
permis la création de partenariats de financement avec de nombreux organismes de charité
nationaux et provinciaux (voir ci-dessous la section concernant la Fondation des infirmières
et infirmiers du Canada pour de plus amples renseignements). La création de partenariats
fait partie intégrante du renforcement des capacités(1, 12, 14, 18). Les 20 millions de dollars qui
restent ont servi à soutenir des chaires axées sur les sciences infirmières, des centres de
formation régionaux, des bourses de recherche postdoctorale, des bourses de réorientation
(par l’entremise du programme CADRE), des projets et des programmes s’inscrivant dans le
cadre des Partenariats pour l’amélioration des services de santé des IRSC et du concours de
subventions Recherche, échange et impact pour le système de santé (REISS) de la FCRSS,
des projets de recherche commandée, tels que les synthèses pour éclairer les décisions de la
FCRSS, des réseaux de connaissances et des activités de diffusion.
De 1999 à 2006, le Fonds de recherche en sciences infirmières a financé un grand nombre
d’activités, dont voici les plus importantes :
• Quarante (40) projets et programmes dans le cadre du Concours de subventions ouvert
• Deux (2) programmes dans le cadre du concours Recherche, échange et impact pour le
système de santé (REISS)
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation16
• Cinq (5) chaires de la FCRSS et des IRSC spécifiques des sciences infirmières et trois (3)
chaires reliées aux sciences infirmières (d’un total de 12 bourses)
• Dix-huit (18) bourses de recherche postdoctorale
•
Trois (3) centres de formation régionaux de la FCRSS et des IRSC (d’un total de cinq bourses)
• Trois (3) bourses de réorientation
• Recherche financée par le programme de partenariats pour la recherche sur les soins
infirmiers
• Cocommandites pour quatre (4) projets axés sur les sciences infirmières financés dans le
cadre du concours Partenariats pour l’amélioration du système de santé (PASS) des IRSC
• Plus de vingt-quatre (24) subventions et bourses pour des projets spéciaux
L’investissement annuel du Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI) dans des
bourses personnelles et de recherche est passé d’un peu plus de 400 000 $ en 1999 à près
de 1,2 million de dollars en 2003. En 2004, le volet « projets » du Concours de subventions
ouvert de la FCRSS a été transféré aux IRSC. L’année suivante, les IRSC ont lancé le concours
Partenariats pour l’amélioration du système de santé, qui finançait un plus grand nombre
de thèmes de recherche sur les services de santé et les sciences infirmières. La FCRSS a
également mis sur pied son concours Recherche, échange et impact pour le système de santé,
qui accordait des fonds supplémentaires aux programmes de recherche s’inscrivant dans l’un
de ses quatre thèmes prioritaires, y compris « leadership, organisation et politique des services
infirmiers ». Lorsque ces deux nouveaux concours ont été mis en œuvre, 500 000 $ par année,
prévus pour financer les projets reliés au thème des sciences infirmières du Concours de
subventions ouvert selon les exigences relatives au financement de contrepartie du Concours,
ont été divisés entre les programmes REISS (300 000 $) et PASS (200 000 $). Ces fonds
accordés à des programmes et à des projets s’inscrivant sous le thème des sciences infirmières
s’ajoutaient aux montants requis et fournis par la FCRSS et les IRSC.
Le financement des cinq chaires en sciences infirmières de la FCRSS et des IRSC et des trois
chaires reliées aux sciences infirmières variait d’un peu plus de 200 000 $ en 2000 (l’année
où les bourses ont été accordées) à un peu plus de 800 000 $ en 2006(20). L’augmentation
des fonds accordés aux chaires entre 2000 et 2006 résultait en grande partie de questions
administratives relatives à la facturation et à la reddition de comptes. Les chaires représentent
125 000 $ chacune par année consacrés au salaire (le même montant réinvestit chaque année
par l’université d’accueil dans le programme de chaires), ainsi qu’une somme de 50 000 $ par
année en financement de programmes. En 2005, à la suite d’un examen à mi-parcours, l’une
des chaires en sciences infirmières n’a pas été renouvelée pour une deuxième période de cinq
ans. En outre, l’année sabbatique prise par l’un des titulaires de chaire et certaines questions
administratives ont contribué à la réduction des fonds attribués cette année-là (figure 17).
Bien qu’il y ait eu certaines différences entre les sommes accordées annuellement aux
chaires en sciences infirmières et à celles reliées à ce thème, le montant total du financement
s’équivaudra sur la durée de 10 ans des chaires.
De façon générale, le Fonds de recherche en sciences infirmières (FRSI) a injecté des sommes
considérables pour soutenir la recherche en sciences infirmières et le développement de la
capacité de recherche. Un rapport annuel a été préparé sur les activités financées par le Fonds.
En 2007, une évaluation externe indépendante du Fonds a été commandée et les résultats
ont été publiés en novembre 2008. La nécessité de renouveler le FRSI sera abordée dans la
conclusion et les recommandations du présent rapport.
Organismes caritatifs (reliés à une maladie) : De nombreux organismes caritatifs nationaux
et provinciaux soutiennent eux aussi la recherche en sciences infirmières. Bien que tous ces
organismes n’aient pas été examinés, quelques-uns des plus importants ont été inclus dans
l’analyse afin d’aider à cerner les tendances actuelles de la recherche en sciences infirmières.
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé • www.fcrss.ca
La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation17
• La Fondation des maladies du cœur du Canada : Pendant plusieurs années, cette
fondation a soutenu la recherche en sciences infirmières dans le domaine des soins
cardiovasculaires et, en 1999, elle a consacré 100 000 $ à la recherche en sciences
infirmières. Ce montant a grimpé à près de 160 000 $ en 2003 (figures 18 et 19). Le
financement semble avoir diminué en 2004 et 2005, et aucune donnée n’est disponible
après 2005. Toutefois, selon Heather Arthur (McMaster), la Fondation des maladies du
cœur a réalisé des projets spéciaux pour promouvoir le renforcement de la capacité
de recherche en soins infirmiers cardiovasculaires. Ces projets incluaient la mise en
place d’une chaire en soins infirmiers cardiovasculaires en 2004 et, en 2004-2005, le
financement de programmes de formation stratégiques d’une valeur de 1,8 million
de dollars (2002-2003, bourse de chercheur invité; 2004, chaire en soins infirmiers
cardiovasculaires; 2004-2005, subvention stratégique de formation).
• L’Institut national du cancer du Canada (INCC) : Le tableau 2 montre le montant total des
fonds alloués par l’INCC à la recherche en sciences infirmières de 1999 à 2007. La figure
20 illustre la répartition annuelle du financement, qui a augmenté de façon constante au
cours de ces sept années.
• La Société Alzheimer du Canada : De 2000 à 2007, la Société Alzheimer du Canada a
distribué des subventions de recherche en sciences infirmières. Tout comme les autres
organismes de financement mentionnés ci-dessus, la Société a augmenté son financement
au fil des ans (figure 21). En 2000, la Société avait versé un total de 50 000 $ en
subventions de recherche. En 2005, cette somme était passée à plus de 600 000 $.
• La Fondation canadienne du rein : Trois infirmières ont reçu une bourse de recherche
doctorale de cette fondation depuis 2000. Pour les années antérieures, la discipline des
récipiendaires n’a pas été notée. Depuis 1998, la Fondation a accordé 15 subventions de
recherche en sciences infirmières.
Organismes caritatifs (non reliés à une maladie) :
• La Fondation des infirmières et infirmiers du Canada (FIIC) : Après la création du Fonds
de recherche en sciences infirmières (FRSI) géré par la FCRSS, la FIIC s’est associée à la
FCRSS pour administrer la portion du FRSI dédiée à la recherche clinique, étant donné que
cette discipline ne s’inscrit pas dans le mandat de la FCRSS. En janvier 2001, la FCRSS a
versé 50 000 $ à la FIIC pour mettre sur pied les Partenariats pour la recherche sur les soins
infirmiers (PRSI). En janvier 2003, toutes les conditions du financement ont été remplies
et la FCRSS a accordé 2,59 millions de dollars sur cinq ans à la FIIC pour soutenir les
PRSI. Ce programme exigeait que la FIIC trouve des fonds équivalents aux fonds fournis
pour appuyer des projets de recherche clinique en sciences infirmières, et stipulait que les
projets financés devaient être approuvés dans le cadre d’un processus d’examen par les
pairs. En octobre 2007, la FIIC a procédé à une évaluation des PRSI dans le cadre d’une
proposition faite à la FCRSS visant la prolongation des PRSI pour une autre période de cinq
ans, de 2008 à 2012. Les résultats ont été impressionnants (communication personnelle
avec Hélène Sabourin, directrice générale, FIIC). De 2003 à 2008, 33 ententes de partenariat
ont été conclues et 149 projets ont été financés. Au cours des cinq années, la FIIC a
contribué 2 222 057 $ à la recherche et a obtenu 4 649 443 $ additionnels de partenaires.
L’investissement total dans la recherche clinique s’est donc élevé à 6 869 509 $ (tableau 8).
À la fin de 2007, les PRSI ont été renouvelés pour une autre période de deux ans, ce qui
représentait un investissement supplémentaire de 1,07 million de dollars. Cette prolongation
fera durer les PRSI jusqu’au 31 mars 2009, date à laquelle le FRSI prendra fin lui aussi.
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation18
4.2.4 Équipes de recherche : Des chercheurs individuels aux communautés
Jusqu’au milieu des années 1990, les chercheurs en sciences infirmières travaillaient
généralement de façon individuelle. Il s’agit peut-être d’une étape habituelle du
développement de la capacité de recherche, mais il n’en demeure pas moins que la création
de réseaux de recherche, de partenariats et de collaborations fait partie intégrante du
renforcement de la capacité(12, 18, 21). Au Canada, au fil du temps, les chercheurs les plus
productifs ont entrepris de collaborer entre eux sur des thèmes de recherche similaires. Par
exemple, les chercheurs en sciences infirmières s’intéressant au domaine de la douleur se sont
mis à demander des subventions de recherche d’équipe et à publier conjointement dans des
revues pertinentes (Jeans, en préparation). Ces équipes comprenaient souvent des étudiants de
cycles supérieurs et des chercheurs, du même établissement d’enseignement ou non. Certaines
facultés et écoles de sciences infirmières ont développé une expertise dans certains domaines
particuliers, comme les ressources humaines en santé, la douleur et les soins périnatals.
Au cours des huit à dix années suivantes, les équipes comprenant des infirmières et des
représentants d’autres disciplines ont proliféré.
4.2.5 Sondage auprès des facultés et des écoles de sciences infirmières
Pour mieux comprendre la productivité de la recherche au sein des facultés et des écoles,
un bref sondage a été envoyé aux programmes universitaires membres de l’ACESI. Il visait
à déterminer le niveau actuel de développement de la capacité relativement à la formation
postdoctorale, aux chaires établies, et aux centres et instituts de recherche. Le sondage a été
distribué à 48 programmes d’enseignement en sciences infirmières, et 28 ont été retournés, soit
un taux de réponse de 58 p. 100. Comme près de la moitié des programmes n’ont pas répondu,
il est probable que les données fournies dans la présente section soient sous-estimées.
Onze des 28 écoles ou facultés ayant répondu ont indiqué être engagées dans la formation
postdoctorale, le nombre de boursiers postdoctoraux variant de un à neuf par unité. En
septembre 2008, l’Université de l’Alberta comptait sept boursiers de recherche postdoctorale
en sciences infirmières, dont deux étaient des étudiants internationaux et deux s’intéressaient
à une discipline autre que les sciences infirmières.
Des 28 écoles ayant répondu, 10 ont indiqué avoir mis sur pied des chaires de recherche.
Un total de 27 chaires ont d’ailleurs été citées. Une faculté a rapporté huit chaires, mais la
majorité n’en comptait qu’une ou deux. La plupart des chaires étaient dotées. Les chaires en
sciences infirmières de la FCRSS et des IRSC CADRE (au nombre de 5) n’étaient pas dotées,
mais étaient financées sur une période de 10 ans prenant fin entre 2010 et 2012. Certaines des
chaires mentionnées par les facultés sont partagées avec des hôpitaux d’enseignement, alors
que d’autres sont propres à une université. Au moment de la rédaction du présent rapport,
deux chaires étaient vacantes et une venait d’être créée en 2008.
Onze écoles et facultés ont noté l’existence de centres de recherche en sciences infirmières.
Le nombre de centres par école ou faculté variait de un à cinq. Vingt écoles et facultés
ont mis sur pied des centres de recherche en partenariat avec d’autres départements ou
institutions. Certains de ces centres sont axés sur les sciences infirmières, mais plusieurs sont
multidisciplinaires et se concentrent sur un domaine d’étude en particulier, la recherche et
l’éducation sur la douleur, par exemple.
Les données demeurent incomplètes, mais il semble que des centres de formation en recherche
aient été établis un peu partout au pays. Trois des cinq centres de formation régionaux
CADRE de la FCRSS et des IRSC qui reçoivent du financement depuis 2001 sont axés sur les
sciences infirmières. L’objectif des centres de formation régionaux est d’accroître le nombre de
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation19
chercheurs qualifiés en recherche appliquée sur les services de santé et les sciences infirmières
au niveau de la maîtrise et du doctorat. Les trois centres axés sur les sciences infirmières sont
les suivants :
• Le Centre FERASI – Un centre situé au Québec fondé sur un partenariat entre les
universités de Montréal, Laval, McGill et Sherbrooke. Le Centre s’intéresse principalement
au leadership et à l’administration dans le domaine des services infirmiers.
• Le Centre ontarien de formation – Un centre situé en Ontario faisant participer six
universités ayant des programmes de sciences infirmières (McMaster, York, Laurentienne,
Lakehead, d’Ottawa et de Toronto). La recherche porte sur les services de santé et la
politique de la santé.
• Le Centre sur le transfert des connaissances – Un centre situé en Alberta qui a été
conçu comme un centre national et qui a comme partenaires les universités Laval, du
Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta. Ce centre de formation se concentre sur le
transfert des connaissances. En 2006, à la suite d’un examen à mi-parcours des centres
de formation régionaux, le financement du Centre sur le transfert des connaissances pour
une deuxième période de cinq ans n’a pas été accordé.
Tous les centres de formation régionaux de la FCRSS et des IRSC sont établis en fonction des
quatre exigences fondamentales du programme. Chaque centre (1) fonctionne dans divers
sites; (2) assure un programme de formation qui inclut le transfert des connaissances; (3)
fournit des stages en résidence obligatoires aux étudiants auprès de décideurs; (4) favorise
une démarche interdisciplinaire dans le choix des étudiants et des professeurs(27). Le Centre
ontarien de formation et le Centre sur le transfert des connaissances sont considérés « axés
sur les sciences infirmières », étant donné qu’ils s’efforcent d’attirer et d’accepter des étudiants
interdisciplinaires. Le seul des trois centres qui soit spécifique des sciences infirmières est
le Centre FERASI au Québec. En outre, comme il a été mentionné précédemment, d’autres
initiatives, comme celle de la Fondation des maladies du cœur, financent des programmes de
formation stratégiques.
De façon générale, la croissance de la capacité de recherche en sciences infirmières au
cours des 10 à 15 dernières années a été remarquable en ce qui a trait à la productivité en
recherche. Bien que les sciences infirmières ne disposent pas d’un institut spécifique au
sein des IRSC, et qu’aucun institut ne s’intéresse précisément à ce domaine, les chercheurs
en sciences infirmières ont eu beaucoup de succès dans l’obtention de fonds des IRSC dans
les catégories des subventions de fonctionnement, des bourses d’études et d’appui salarial.
Les IRSC constituent la plus importante source de financement fédérale pour la recherche
en sciences infirmières, suivis de la FCRSS. Comme il a été noté, d’autres organismes de
financement ont également augmenté leur soutien à la recherche dans ce domaine. La
création de chaires et de centres et d’instituts de recherche est également un indicateur
puissant de la productivité en recherche.
Bien qu’il n’existe aucune donnée sur l’état de l’infrastructure (humaine, technique ou
physique) de soutien de la productivité en recherche, il demeure que pour un professeur
ayant une lourde charge d’enseignement clinique et en classe, il est très difficile d’accorder
du temps à la recherche et de trouver un lieu approprié à cette activité. Des difficultés
entourant l’accès à la consultation en matière de statistiques, de conception et de contenu
représentent un autre obstacle au développement de la capacité de recherche pour
certaines facultés ou écoles de sciences infirmières. Bon nombre de ces problèmes affectent
également le développement de programmes de recherche en sciences infirmières solides
dans les hôpitaux d’enseignement universitaire.
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation20
4.3 RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
Ce secteur du cadre de travail permet également de mesurer le développement de la capacité
de recherche(1). La FCRSS a fourni un certain soutien aux réseaux, aux synthèses et à la
diffusion par l’entremise du Fonds de recherche en sciences infirmières à partir de 1999 grâce
à un financement de 170 000 $, une somme qui a chuté à moins de 10 000 $ en 2006. Les
fonds pour ce type d’activité étaient plus limités étant donné l’augmentation du financement
de la recherche fourni par la FCRSS entre 1999 et 2006.
Pour les universités, les critères habituels pour évaluer les résultats de la recherche,
et ainsi la productivité en recherche et les résultats des professeurs, comprennent le
nombre de publications, les présentations à des conférences, les séminaires, les prix et les
distinctions(21,22). Hanney et coll.(23) suggèrent que les publications destinées à un lectorat autre
que la communauté de la recherche (p. ex., les publications pour grand public), et s’adressant
plutôt aux personnes qui pourraient être concernées par la recherche, devraient être incluses
dans les critères d’évaluation des résultats de la recherche.
Il n’a pas été possible d’obtenir des professeurs des données relatives aux critères d’évaluation
des résultats de la recherche. Cependant, au cours d’entretiens, des chercheurs et des
doyens ont admis que le nombre de publications et de présentations avaient augmenté
considérablement, tout comme la portée des revues dans lesquelles les infirmières et les
infirmiers publient, y compris les revues scientifiques non consacrées aux sciences infirmières.
Le nombre de présentations données à des conférences nationales et internationales
(professionnelles ou non) avait aussi augmenté.
Un indicateur significatif du développement de cet aspect du renforcement de la capacité de
recherche en sciences infirmières concerne l’histoire des publications sur la recherche dans ce
domaine. Au Canada, la première revue examinée par les pairs sur la recherche en sciences
infirmières a été lancée à l’Université McGill en 1969 par la Dre Moyra Allen. Nursing Papers
(tel que la revue s’intitulait initialement) était publiée chaque semestre et contenait des
articles en français et en anglais. Peu de gens y contribuaient et peu avaient la capacité ou
la volonté de participer à l’examen par les pairs des articles soumis. Les fonds étaient rares et
pendant plusieurs années, une grande partie du travail a été abattu par le rédacteur en chef et
la faculté de sciences infirmières de l’Université McGill.
En 1988, la revue a été rebaptisée Revue canadienne de recherche en sciences infirmières. Ce
changement s’inscrivait dans un effort pour attirer du financement. Après deux tentatives,
la revue est parvenue à obtenir une subvention pour publication du Conseil de recherches en
sciences humaines (CRSH), une source de financement dont elle bénéficie encore aujourd’hui.
La revue a aussi reçu une subvention de deux ans du CRM, ce qui l’a aidée à rétablir sa
situation financière. Les publications érudites connaissent presque toutes des difficultés
financières au Canada, le tirage étant limité par la population restreinte. Aujourd’hui, la revue
est publiée de façon régulière et sa présentation s’est beaucoup améliorée au fil du temps. La
Dr Laurie Gottlieb en est la rédactrice en chef, et elle travaille avec de nombreux rédacteurs
en chef invités, qui ont joué un rôle important dans le développement continu de la revue. En
2009, la revue marquera son 40e anniversaire par un numéro spécial faisant la rétrospective
des faits saillants de son histoire.
Une autre revue consacrée aux sciences infirmières a été fondée au Canada en 2003. La
Canadian Journal of Nursing Leadership (CJNL), issue d’une revue précédente portant sur
l’administration des services infirmiers, est la revue officielle de l’Académie des chefs de
direction en soins infirmiers (ACDSI) et est publiée par Longwoods. La Dr Dorothy Pringle
en est actuellement la rédactrice en chef. La revue est examinée par les pairs et publie des
articles portant ou non sur la recherche. Elle paraît chaque semestre et bénéficie d’une
vaste diffusion internationale. Il existe en outre une grande variété de revues examinées
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation21
par les pairs consacrées à la pratique clinique, telles que la Revue canadienne de nursing
cardiovasculaire. La revue infirmière canadienne publiée par l’Association des infirmières et
infirmiers du Canada contient également des articles sur la recherche examinés par les pairs.
4.4 IMPACT DE LA RECHERCHE
La dernière catégorie du cadre de travail sur la capacité de recherche concerne la
détermination de l’impact de la recherche. Le but ultime du renforcement de la capacité
de recherche consiste à améliorer la santé; l’exercice devrait produire de la recherche utile
pour la pratique – des connaissances nouvelles qui améliorent la santé des personnes et des
familles(2, 24, 25, 26). Il existe présentement très peu de documentation relative à cette catégorie
concernant l’impact réel de la recherche en sciences infirmières. La majeure partie des
données se limite à des communications personnelles de l’auteur du présent rapport, ou à
des communications d’autres personnes qui lui ont été transmises. Au cours de la dernière
décennie, les recherches se sont intéressées aux sujets relatifs à la santé des personnes et des
familles. L’analyse de la recherche en sciences infirmières financée a permis de dégager trois
grandes catégories d’étude : les études portant sur des questions de santé particulières, celles
touchant l’organisation des services de santé, et celles s’intéressant à la promotion de la santé.
La catégorie portant sur les questions de santé est la plus vaste. Elle comprend des études sur
les maladies chroniques, la santé de la reproduction, la douleur, et les soins palliatifs et de fin
de vie, les maladies chroniques étant le thème dominant de ce groupe d’études. Les services
de santé et leur organisation venaient en deuxième place, suivis de la promotion de la santé.
On a également discerné les populations étudiées dans chaque catégorie.
1.2.1 Questions et problèmes de santé
Un certain nombre de sous-catégories ont été dégagées dans cette catégorie de recherche, les
maladies chroniques constituant le sujet d’intérêt principal.
Maladies chroniques : Les études portant sur la maladie chronique s’intéressaient
principalement aux patients et aux familles confrontés à divers types de cancer, de problèmes
de santé mentale et de maladies cardiovasculaires. Les études qui examinaient les problèmes
associés au cancer comprenaient des études exploratoires sur l’expérience vécue par les
personnes atteintes du cancer, ou dont un proche en est atteint, et des études décrivant ou
essayant des interventions visant à fournir des services de soutien aux patients et à leur
famille. Plusieurs études dans cette catégorie ont examiné les questions de l’amélioration de
l’accessibilité à des soins contre le cancer de qualité, et de l’élimination des disparités dans les
services assurés. De plus, une bonne part de la recherche visait la promotion de styles de vie
plus sains auprès des personnes atteintes du cancer et le soutien de la prise de décisions pour
les patients concernant les choix de traitement.
La maladie mentale venait au deuxième rang en importance des sous-catégories de la
catégorie des maladies chroniques. La santé mentale des femmes s’est avérée le thème
dominant, particulièrement en ce qui a trait à l’abus de substances. L’accès aux services
de santé mentale, la continuité des services et les besoins de certains groupes, comme
les personnes vivant en milieu rural, étaient des thèmes dominants des études dans cette
sous-catégorie.
La troisième sous-catégorie des maladies chroniques avait trait aux maladies
cardiovasculaires. Ces études exploraient l’influence des facteurs psychosociaux, les mesures
de soutien, les nouveaux modes de services tels que les lignes info-santé, le rôle du patient
dans le processus de prise de décisions, et l’adaptation/l’ajustement à la maladie. La question
des différences entre les sexes, tant en ce qui concerne la recherche d’aide que la qualité de
vie des patients atteints d’une maladie cardiovasculaire, a été scrutée dans plusieurs études.
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation22
Les populations étudiées dans les groupes d’études ci-dessus englobaient tous les groupes
d’âge, des nourrissons aux personnes âgées. Plus d’un tiers des études concernaient les
femmes, et 12 p. 100, les populations minoritaires ou désavantagées.
1.2.2 Services de santé et organisation
La deuxième catégorie d’études en importance de la présente analyse qualitative portait sur
les services de santé et leur organisation. Les études dans cette catégorie examinaient les
questions reliées à la prestation et à la structure des services de santé. Beaucoup d’attention
était accordée à la réduction des disparités dans les services et à l’amélioration de l’accès à
des services de santé de qualité. Plusieurs consistaient en des études d’évaluation comprenant
l’essai d’une variété de modèles de services et l’évaluation de modèles de prestation de
services sélectionnés, tels que les services infirmiers de télésanté. Sous le thème des services
de santé et de leur organisation, on retrouvait les effets des restructurations d’hôpitaux
sur les résultats pour les patients, la durée des séjours à l’hôpital et son lien avec diverses
variables concernant le patient, le coût des services infirmiers et les modèles de prévision des
coûts pour ces services, et la pratique fondée sur les données probantes. Étant donné le sujet
principal des études dans cette catégorie – réduire les disparités et améliorer l’accès – il n’est
pas étonnant que les groupes minoritaires et désavantagés ainsi que les personnes âgées aient
été les populations ciblées.
1.2.3 Promotion de la santé et prévention des maladies
La catégorie d’études au troisième rang en importance avait pour thème central la promotion
de la santé et la prévention des maladies. Les principales questions ciblées dans ces études
étaient le tabagisme, le sida/VIH, l’abus de substances, et l’obésité. Plusieurs de ces études
examinaient le rôle joué par – ou que pourraient jouer – les collectivités dans la promotion
de la santé. Les études de cette catégorie étaient constituées d’études exploratoires ainsi que
d’études mettant à l’essai une certaine intervention de promotion de la santé. Les enfants, les
adolescents et les femmes, suivis des groupes minoritaires étaient les principales populations
visées par ce groupe d’études.
Ces études ont été examinées plus en détail dans le contexte d’autres rapports et documents
relevant de la recherche en sciences infirmières en ce qui a trait aux priorités en matière
de services de santé. Le document Global Health Research Priorities: Implications for
Nurse Researchers(1), publié en 2005 par le International Network for Doctoral Education
in Nursing, affirme le besoin urgent de recherche en sciences infirmières, particulièrement
en ce qui a trait à la promotion de la santé, à la prévention des maladies et aux maladies
chroniques. De même, dans son plan stratégique de 2006(2), le National Institute of Nursing
Research des États-Unis désigne la promotion de la santé et la prévention des maladies, ainsi
que l’élimination des disparités en santé comme des priorités de la recherche en sciences
infirmières. Les constatations de la présente étude reflètent ces orientations proposées par
d’autres organismes nationaux et internationaux.
L’examen des résultats de la présente analyse de la recherche en sciences infirmières au
Canada dans le contexte des services de santé canadiens révèle également plusieurs signes
encourageants. Le premier rapport du Conseil canadien de la santé(3), publié en 2005,
examinait les progrès accomplis depuis la mise en œuvre de l’Accord sur le renouvellement
des soins de santé de 2003. L’Accord désignait les disparités en santé comme étant le principal
problème de santé au Canada, et l’amélioration des services aux Autochtones constituait une
priorité. Comme il a été indiqué précédemment dans l’analyse des études sur les sciences
infirmières, et lorsque les populations étaient nommées dans le titre de l’étude, 24 p. 100 des
études étaient dirigées vers les services à la population autochtone ou à d’autres groupes
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation23
désavantagés tels que les immigrants et les réfugiés. L’Accord accordait une attention
particulière au problème de l’obésité, considéré à ce moment et en 2008 comme un problème
de proportion épidémique chez les adultes et dans les populations pédiatriques. Ce domaine
de recherche a toutefois reçu peu d’attention dans les études examinées.
Un deuxième sujet de préoccupation concernant les services de santé au Canada relevé dans
l’Accord portait sur l’accès aux services. Le rapport du Conseil canadien de la santé de 2005
insistait sur la nécessité d’accélérer l’élaboration de nouveaux modèles de prestation des
services de santé et d’étendre les services à domicile afin d’accroître l’accès aux services. Il
s’agissait d’un thème dominant et récurrent dans les études examinées dans le cadre de la
présente analyse.
Le troisième secteur nécessitant de l’attention selon le Conseil de la santé se rapportait à
l’établissement de l’infrastructure requise pour permettre un accès adéquat aux services et aux
programmes de santé. Dans le cadre de cette infrastructure, on a noté le besoin d’un travail
d’équipe, un thème qui est également ressorti des études examinées.
La prédominance des maladies chroniques dans les études en sciences infirmières examinées,
et la pertinence de ce sujet d’étude pour la santé des Canadiens sont mises en lumière dans
plusieurs rapports récents publiés par le Conseil canadien de la santé.
En 2007, le Conseil de la santé publiait deux rapports sur la maladie chronique au Canada :
Why Health Care Renewal Matters: Learning from Canadians with Chronic Health Conditions(4)
et Canadians’ Experiences with Chronic Illness Care en 2007(5). Dans ces rapports, le Conseil
révélait que plus de 9 millions de Canadiens, ou un tiers des jeunes et des adultes, souffrent
d’une ou de plusieurs maladies chroniques, ce qui représente un fardeau important et croissant
pour les services de santé et l’économie du Canada. Le Conseil notait que de grands écarts
existent dans l’accessibilité et la qualité des services et que les « services d’équipe », qui peuvent
avoir un effet bénéfique sur la santé des personnes atteintes d’une maladie chronique, sont
loin d’être la norme pour les Canadiens. En ce qui concerne les services infirmiers, le Conseil
affirmait qu’on renvoie rarement les malades chroniques à des services qui pourraient les aider
à adopter un style de vie plus sain, malgré le fait que les comportements liés au style de vie
peuvent retarder ou prévenir les maladies ou les complications connexes. Le Conseil soulignait
que les gouvernements doivent investir dans des stratégies éprouvées (fondées sur la recherche)
afin d’améliorer la qualité des services et d’aider les personnes atteintes de maladies chroniques
à s’engager dans la gestion de leur propre problème de santé chronique. De plus, le Conseil
estimait qu’il fallait continuer la recherche afin de déterminer la façon la plus efficace pour les
fournisseurs de services de santé d’améliorer les résultats en matière de santé.
La présente analyse des études en sciences infirmières financées par les IRSC entre les années
2000 et 2007 semble indiquer que la recherche dans ce domaine au Canada tente d’aborder
les priorités de la population canadienne ainsi que celles dégagées par d’autres groupes
nationaux et internationaux s’intéressant à la santé de leur population.
Il existe présentement très peu de documentation relative à cette catégorie, et elle se limite
principalement à des communications et à des observations personnelles de l’auteur du
présent rapport ou qui lui ont été transmises.
Comment la recherche en sciences infirmières a-t-elle influencé la pratique, l’éducation, les
politiques de la santé, les services et les soins au patient dans ce domaine? Bien qu’il n’y ait
pas de réponse définitive à ces questions, certaines tendances se dégagent qui indiquent un
grand changement dans l’application de la recherche. L’utilisation de la recherche, la pratique
fondée sur les données probantes, et les lignes directrices sur les pratiques exemplaires
deviennent des initiatives courantes en sciences infirmières comme dans d’autres disciplines.
La recherche est au cœur du développement des pratiques exemplaires. Comme les données
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation24
probantes pouvant servir à soutenir la pratique étaient peu nombreuses dans les années 1980
et au début des années 1990, il n’était pas possible d’asseoir la pratique sur un ensemble de
données probantes bien établi. Même à l’heure actuelle, dans certains secteurs des sciences
infirmières, ces données demeurent rares. Cependant, quelques exemples montrent l’impact
puissant de la recherche sur la pratique, tels que les ressources en ligne de Ducharme pour
les personnes âgées et leurs fournisseurs de soins, les études de Johnston sur la douleur des
nourrissons, et les nouvelles normes de soins de Paterson pour le diabète.
Bien que des progrès importants aient été accomplis, il existe toujours des écarts entre les
connaissances issues de la recherche et l’application de ces connaissances aux soins du
patient. Il s’agit en partie d’un changement majeur de culture, les infirmières devant cesser
de se fier uniquement au savoir des livres (généralement désuets) et à leurs collègues comme
sources de lignes directrices de pratique, et se tourner plutôt vers de nouvelles données sur
les soins du patient. À cet égard, la science de l’utilisation de la recherche est maintenant un
domaine d’étude en pleine croissance dans toutes les professions de la santé. Les infirmières
et infirmiers ne font pas exception et dans certains cas, mènent le bal dans ce domaine(26).
L’influence de l’éducation est beaucoup plus évidente. La venue d’infirmières et d’infirmiers
ayant une formation en recherche au niveau doctoral a changé la nature des programmes
d’études et des méthodes d’enseignement en sciences infirmières. La recherche est utilisée
dans le matériel de cours et dans les leçons en classe. Les facultés et les écoles faisant
beaucoup de recherche ont de nombreuses occasions de révéler aux étudiants de premier
cycle la valeur des données probantes et de les inciter à embrasser une carrière de chercheur
en sciences infirmières. La présence d’étudiants de cycles supérieurs dans l’établissement
permet aussi d’encourager les étudiants à poursuivre leurs études au-delà du baccalauréat.
Le manque de documentation restreint en outre la capacité d’évaluer l’impact de la recherche
en sciences infirmières sur les services de santé et les politiques de la santé. Toutefois,
dans certains cas, la recherche a contribué à des changements dans les services de santé, y
compris les travaux de Doran et McGillis Hall sur l’influence des ratios d’infirmières et de la
composition des compétences sur les résultats pour les patients(2); le programme de recherche
d’O’Brien-Pallas sur la taille et la nature de la main d’œuvre infirmière et sur la gestion du
système de santé; l’étude de Browne sur les liens entre les coûts et les résultats; l’intégration
faite par DiCenso des infirmières et infirmiers dans les services de soins de santé primaires;
l’étude d’Edwards sur la prévention des chutes et les changements des codes du bâtiment.
Des communications personnelles semblent indiquer qu’il existe encore d’autres exemples
illustrant la façon dont la recherche en sciences infirmières a contribué à l’amélioration de
la santé et du système de santé. Il importe que les chercheurs s’assurent que les résultats de
la recherche ayant le potentiel d’améliorer le système ou la santé des patients sont transmis
à ceux qui pourront les utiliser, tels que les cliniciens, les administrateurs et les responsables
des politiques.
5.0 RECOMMANDATIONS
1. De sérieux efforts devraient être consentis afin d’améliorer les bases de données pour
soutenir l’évaluation de la recherche dans l’avenir.
1.1 La base de données de l’ACESI devrait être modifiée et rendue plus conviviale, et
des mesures incitatives devraient être mises en place afin d’encourager l’entrée
régulière de données.
1.2 Les principaux organismes de financement de la recherche (à commencer par le
CRSH) devraient ajouter un code de discipline des sciences infirmières à leurs bases
de données et, dans la mesure du possible, harmoniser le codage de leurs données
et leurs rapports avec les IRSC pour faciliter la comparaison des données. Les
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation25
organismes de financement de la recherche nationaux et provinciaux devraient
également adopter le code de discipline des sciences infirmières et harmoniser leurs
rapports.*
2. Des stratégies devraient être mises en place immédiatement afin de remédier au manque
important de professeurs aptes à faire de la recherche et disponibles pour superviser les
étudiants au doctorat.
2.1 Une initiative stratégique de financement est requise pour fournir un meilleur
soutien aux boursiers en recherche postdoctorale. L’exigence requise par tous les
bailleurs de fonds à l’effet que les boursiers ne peuvent pas occuper un poste de
professeur devrait être suspendue jusqu’à ce qu’il y ait un nombre suffisant de
professeurs ayant une carrière établie en recherche.
2.2 Des fonds devraient être consacrés à embaucher à temps partiel des chercheurs en
sciences infirmières méritants à la retraite, pour aider à la supervision des étudiants
au doctorat.
3. Des stratégies doivent être élaborées afin d’étoffer la documentation sur l’impact de
la recherche en sciences infirmières sur les politiques, la pratique et les résultats pour
les patients.
3.1 Il faudrait songer à sonder périodiquement les membres de l’ACESI pour obtenir
des données sur l’impact de leurs recherches.
3.2 Il faudrait obtenir des fonds pour tenir une conférence chaque deux ou trois ans
mettant en lumière l’impact important de la recherche en sciences infirmières
sur la pratique, l’éducation, l’organisation des services de santé et les politiques.
Les délibérations pourraient être publiées en vue d’amasser de la documentation
signifiante.
4. Augmenter les études destinées à démontrer l’impact d’interventions infirmières choisies.
5. Les gouvernements devraient fournir un financement stratégique, par l’entremise de leurs
organismes de financement de la recherche, pour accroître le soutien de la recherche
relative à la gestion des maladies chroniques, à la promotion de la santé et aux services
de santé.
6
Demander au gouvernement de renouveler le Fonds de recherche en sciences
infirmières (FRSI) pour dix ans avec des fonds plus substantiels et incluant une
initiative stratégique postdoctorale.
7 Les chefs des services infirmiers devraient être encouragés à travailler en collaboration
afin d’établir les priorités de la recherche en sciences infirmières chaque cinq ans, en vue
d’orienter le renforcement de la capacité.
8 Une évaluation de la capacité de recherche est requise chaque trois à cinq ans afin
de poursuivre la documentation du développement de la capacité et de faire des
recommandations aux éducateurs, aux chefs des services infirmiers et aux gouvernements
sur toute mesure requise.
* De meilleures bases de données bénéficieront à toutes les disciplines, et non seulement
aux sciences infirmières.
6.0 CONCLUSION
Un cadre d’évaluation de la capacité de recherche en sciences infirmières a été proposé et les
composants du cadre ont été, dans la mesure du possible, alimentés de données. Le cadre de
travail a été conçu initialement pour évaluer le développement de la capacité de recherche
en sciences infirmières au cours des dix dernières années. Cependant, un certain nombre de
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contraintes liées à l’accessibilité et à la qualité des données ont réduit, dans certains cas, la
période de données à moins de dix ans, ce qui a nécessité l’utilisation d’autres sources de
données. Pour parvenir à lancer des initiatives stratégiques qui favoriseront l’acquisition de
connaissances, les résultats de l’évaluation indiquent que les sciences infirmières doivent
mettre sur pied des méthodes efficaces et précises pour évaluer la capacité de recherche dans
le domaine. La base de données de recherche de l’ACESI a constitué un grand pas en avant, et
il serait bon de répéter l’expérience. Il faudra peut-être instituer des mesures incitatives pour
maintenir la base à jour, par exemple, en faisant de la déclaration de données l’un des critères
obligatoires de l’agrément de programmes. Il faudra sans doute poursuivre les efforts pour
rendre la déclaration de données aussi simple que possible et pour harmoniser ce travail avec
les autres outils de collecte de données utilisés par les professeurs. Un véhicule semblable à
un curriculum vitae pourrait convenir.
Les résultats montrent aussi la valeur de codes spécifiques des disciplines dans les bases de
données. Le Consortium canadien pour la recherche et l’innovation en sciences infirmières
pourrait s’adresser aux organismes de financement de la recherche fédéraux et provinciaux
afin de leur demander d’inclure un code spécifique des sciences infirmières dans leurs bases
de données. Cela constituerait une démarche plus inclusive, permettrait une meilleure analyse
de ces bases de données, assurerait la possibilité de comparer les organismes, et servirait
à toutes les disciplines voulant évaluer leur propre productivité en recherche. Des fonds
pourraient être sollicités afin d’aider ces organismes à s’associer pour harmoniser le codage et
la déclaration de leurs données.
Malgré le manque de données, le développement de la capacité de recherche au cours des sept
à dix dernières années a été remarquable. Le nombre de programmes de doctorat a augmenté,
tout comme le nombre d’étudiants inscrits au doctorat et, dans une mesure moindre, le nombre
de boursiers de niveau postdoctoral. Le nombre de professeurs aptes à enseigner au niveau du
doctorat et à un niveau supérieur a aussi augmenté, mais il demeure insuffisant pour combler
les besoins actuels et à court terme en ressources humaines. Il faudrait songer à établir une
initiative stratégique pour permettre aux étudiants inscrits dans un programme postdoctoral de
suivre un cheminement accéléré afin de devenir chercheurs indépendants et professeurs.
Selon l’information contenue dans la base de données de l’AIIC et de l’ACESI en 2005,
des 408 infirmières et infirmiers détenant un doctorat en sciences infirmières, seuls 129
ont déclaré travailler dans une université, et 35 autres ont indiqué être engagé dans la
recherche (tableau 9). La signification de ces statistiques n’est pas claire, mais s’il existe des
chercheurs en activité dans des organismes de santé qui ne sont pas associés à un programme
d’enseignement, tous les efforts devraient être consentis pour inclure ces personnes dans le
corps enseignant. Cette démarche est essentielle pour accroître le nombre de professeurs aptes
à faire de la recherche et est utilisée avec succès par plusieurs facultés et écoles de sciences
infirmières. La proportion de professeurs aptes à enseigner au niveau du doctorat par rapport
au nombre d’étudiants au doctorat est faible, et il faut ajouter à cela que tous les professeurs
aptes à enseigner au niveau du doctorat ne sont pas des chercheurs productifs. En outre,
certains chercheurs en sciences infirmières ayant pris une retraite anticipée ou planifiée
pourraient être embauchés à temps partiel pour participer à l’enseignement et à la recherche.
La productivité en recherche en sciences infirmières a beaucoup augmenté au cours des
15 dernières années, particulièrement au cours de sept dernières années. Le financement
de la recherche dans ce domaine a crû de façon remarquable. Du point de vue des
organismes de financement nationaux, les IRSC sont la plus grande source de soutien sous
forme de subventions et de bourses, bien que tous ces organismes aient consacré plus de
fonds aux sciences infirmières. La FCRSS a également fait une importante contribution
au développement de la capacité de recherche en sciences infirmières, grâce au FRSI. La
contribution à des chaires et à des centres de formation régionaux en sciences infirmières,
de même que le soutien de candidats de niveau postdoctoral ont contribué à accroître la
productivité en recherche. L’accent supplémentaire mis sur l’application des connaissances
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation27
a constitué une stratégie importante pour le développement des services infirmiers fondés
sur les données probantes et l’établissement de lignes directrices cliniques. Comme le
développement de la capacité s’effectue sur plusieurs années, il semble souhaitable de
renouveler et même d’augmenter le FRSI pour au moins une autre décennie. Les chaires
dotées en sciences infirmières et les centres et instituts constituent tous des preuves de
croissance et de succès.
Les résultats de la recherche ont également augmenté en ce qui concerne le nombre de
publications et de revues examinées par les pairs sur les sciences infirmières au Canada.
Les chercheurs en sciences infirmières publient aussi dans une grande variété de revues
scientifiques reliées à leur principal domaine d’étude, autre que les sciences infirmières.
Bien qu’il n’ait pas été possible de recueillir des données statistiques sur les publications et
les présentations, une base de données telle que celle de l’ACESI pourrait comprendre des
données reliées à ce secteur du développement de la capacité. L’impact de la recherche est
moins documenté, et l’écart entre les données probantes et la pratique fondée sur les données
probantes est encore grand.
En conclusion, il est clair que des investissements relativement modestes dans le
développement de la capacité de recherche en sciences infirmières au cours de plusieurs
années ont eu un impact important. Plusieurs initiatives ont grandement contribué à la
croissance de la capacité de recherche en sciences infirmières, y compris : la création de la
FIIC; le programme de sciences infirmières du CRM et du PNRDS; la création de programmes
de doctorat en sciences infirmières; la mise sur pied du FRSI géré par la FCRSS; l’évolution
du CRM vers les ICRS, et les organismes provinciaux et caritatifs ciblés de financement de la
recherche en sciences infirmières.
Il serait regrettable de ne pas mentionner la détermination incroyable des leaders en sciences
infirmières au sein des universités, des services de santé et des associations professionnelles
qui ont travaillé d’arrache-pied pour améliorer la capacité de recherche de la profession. Une
telle capacité ne se bâtit pas en une génération; il faut plusieurs décennies de soutien adéquat
pour devenir une industrie robuste qui entraînera des résultats positifs pour la santé des
Canadiens et de leur système de santé.
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La recherche en sciences infirmières au Canada : un rapport de situation28
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1565, avenue Carling, bureau 700, Ottawa (Ontario) K1Z 8R1
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