Présentation économique de la Pologne

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Présentation économique de la Pologne
Présentation économique de la
Pologne
Résumé
Membre de l’OCDE depuis 1996 et de l’Union Européenne depuis 2004, la Pologne a été, depuis son
adhésion, l’une des économies les plus dynamiques d’Europe centrale et orientale. Ce dynamisme s’est
maintenu en dépit de la crise économique et financière, faisant de la Pologne la seule économie
européenne à afficher un taux de croissance positif en 2009 (+2,8%). Pouvant s’appuyer sur le plus
grand marché intérieur de la région (38,4 millions d’habitants et un PIB de plus de 425 Mds €), la
Pologne constitue désormais une porte d’entrée prisée vers les marchés d’Europe centrale et orientale.
I.
Une économie dynamique qui converge rapidement vers ses voisines
européennes
Membre de l’OCDE depuis 1996 et de l’Union Européenne depuis 2004, la Pologne a été, depuis son
adhésion, l’une des économies les plus dynamiques d’Europe centrale et orientale. Elle a ainsi connu,
selon les données de la Commission Européenne, une croissance moyenne de 3,93% entre 2004 et
2015, un chiffre nettement supérieur à la moyenne de la zone (2,88%)1 et seulement égalé, au sein des
28, par la Slovaquie (4,01%). Ce dynamisme s’est maintenu en dépit de la crise économique et
financière, faisant de la Pologne la seule économie européenne à afficher un taux de croissance positif
en 2009 (+2,8%). Pouvant s’appuyer sur le plus grand marché intérieur de la région (2015 : 38,4 millions
d’habitants et un PIB de 427,74 Mds € à prix courants, ce qui représente 36,4% de l’ensemble des
nouveaux Etats membres2 et 2,9% de l’UE à 28), la Pologne constitue désormais, dès lors une porte
d’entrée prisée vers les marchés d’Europe centrale et orientale.
Après avoir traversé, à l’image de ses
voisines,
une
période
de
ralentissement tangible au début des
années 2010 (la croissance a décéléré
de 5,0% en 2011 à 1,6% en 2012 puis
1,3% en 2013), l’économie polonaise a
poursuivi en 2015 son rebond de 2014
(croissances de 3,3%, puis de 3,6% à
prix constants) sous l’impulsion d’une
demande intérieure particulièrement
dynamique. En dépit des turbulences
résultant de la détérioration des
relations avec la Russie, de la chute
des prix du pétrole et du ralentissement de la croissance mondiale, son économie devrait continuer
cette année, selon la Commission Européenne, à surperformer la plupart de ses partenaires européens
avec une croissance conjecturée à 3,7% en 2016 (3,2% selon la Banque centrale).
1
Pays de la zone de compétence du SER : Pologne, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Slovénie, Estonie, Lettonie et
Lituanie
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Bulgarie, République tchèque, Estonie, Croatie, Chypre, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Roumanie, Slovaquie,
Slovénie
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L’économie polonaise, engagée depuis la chute du régime communiste dans un vaste processus de
transformation et de modernisation, converge ainsi progressivement vers ses voisins d’Europe
occidentale. Si cette dynamique s’est traduite en termes quantitatifs – le PIB par habitant de la Pologne
atteignait fin 2015, à parité de pouvoir d’achat, 19 700 €, soit 69% de la moyenne des 28 (11 100 € et
38,7% de la moyenne européenne à prix courants), contre 49% en 2004 –, elle doit cependant aussi
être appréciée en termes qualitatifs, qu’il s’agisse de la qualité de ses institutions démocratiques, du
niveau d’éducation croissant de sa population (43,4% des 30-34 ans étaient en 2015 titulaires d’un
diplôme d’enseignement supérieur, soit un chiffre supérieur de 4,7 pp à la moyenne de l’UE, contre
20,4% en 2004) ou de son attractivité croissante pour les investisseurs étrangers : le stock d’IDE en
Pologne a plus que quadruplé en passant, selon la CNUCED, de 56,11 à 245,16 Mds USD entre 2003
et 2014 (rapporté au PIB : de 25,8% à 44,8%).
Adossée à une large base industrielle qui représentait en 2015 un peu plus d’un quart (26,1%) de
la valeur ajoutée hors-construction (voir ci-contre), la Pologne s’est spécialisée dans la transformation
de produits intermédiaires (électro-ménager, pièces détachées) qu’elle exporte désormais à grande
échelle vers les pays d’Europe occidentale ; les quatorze zones économiques spéciales (ZES) mises
en place depuis les années 1990 ont été reconduites l’année dernière et, ce, jusqu’en 2026 et devraient
ainsi continuer à exercer un effet de diffusion positif sur le secteur industriel. L’économie polonaise ne
s’en est pas moins diversifiée au cours des dernières années, comme en témoigne le développement
récent des services en Pologne, financiers comme aux entreprises (voir infra).
Ce dynamisme a été irrigué, depuis l’adhésion de la Pologne à l’Union Européenne, par l’utilisation
intensive des transferts communautaires liés aux programmes européens de cohésion comme à la
Politique Agricole Commune. Après avoir bénéficié de 68 Mds € de fonds structurels au titre des
perspectives financières 2007-2013 (soit près de 20% de son PIB moyen au cours de la période), la
Pologne devrait recevoir 82,2 Mds € durant le cycle budgétaire 2014-2020, qui s’est amorcé cette
année ; elle percevra par ailleurs dans le cadre de la PAC 23,3 Mds € en tant qu’aides directes (contre
13,8 Mds € en 2007-2013) et 8,7 Mds € (contre 13,2 Mds €) en tant qu’aides au développement rural.
Les fonds structurels, dont près de 95% ont été engagés au titre de la période 2007-2013, encouragent,
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outre la modernisation des infrastructures, l’investissement en matière d’innovation et de recherche et
devraient permettre de maintenir l’investissement public à un niveau élevé au cours des années à venir.
II.
Un partenaire commercial majeur parmi les pays d’Europe
centrale et orientale
Pouvant s’appuyer sur le plus grand marché intérieur de la région (38,4 millions d’habitants et un
PIB de plus de 425 Mds €), la Pologne constitue pour beaucoup une porte d’entrée vers les marchés
d’Europe centrale et orientale. Traditionnellement déficitaire, la balance commerciale polonaise est
devenue excédentaire en 2015 (2,35 Mds €), ce qui a permis de résorber le déficit courant (de -8,3 Mds
€ à 1,1 Md€), le solde des services compensant aux trois-quarts le déficit des revenus primaires.
Le commerce extérieur polonais s’avère relativement diversifié : l’Allemagne, avec une part de marché
de 22,9%, a été en 2015 le premier fournisseur du pays devant la Chine (11,6%), la Russie (7,3% contre
10,3% en 2014), l’Italie (5,4%), les Pays-Bas (3,8%) et la France (3,8%) ; les exportations polonaises
ont été l’année dernière principalement destinées à l’Allemagne (27,1%), au Royaume-Uni (6,7%), à la
République tchèque (6,6%), à la France (5,5%) et l’Italie (4,8%).
Les flux entrants nets d’IDE s’élevaient à 5,57 Mds € en 2015 selon les données de la balance des
paiements publiées par la Banque centrale. En 2014, les IDE entrants nets furent exceptionnels avec
des flux de 8,99 Mds €. Le Luxembourg, selon les derniers chiffres détaillés disponibles à ce jour, fait
figure de premier investisseur direct étranger en flux devant les Pays-Bas (3,46 Mds €), la France (1,18
Md€) et la Belgique (1,4 Md€). Probablement sous-estimés, les stocks d’IDE français, qui atteignaient
selon la Banque centrale 19,94 Mds € au 31 décembre 2014, faisaient de la France le quatrième
investisseur direct étranger en Pologne derrière les Pays-Bas (29,6 Mds €), l’Allemagne (27,98 Mds €)
et le Luxembourg (20,37 Mds €), qui lui ravit la troisième place. Le marché intérieur, bien que demeurant
entravé par un taux d’activité relativement faible (68,5% de la population 15-64 ans à la mi-2016), offre
par ailleurs une relative flexibilité aux entreprises polonaises en cas de retournement de la conjoncture.
S’appuyant sur une large base industrielle et un coût du travail demeurant parmi les plus bas de l’Union
européenne (par rapport à 2014, le salaire minimum a seulement progressé de 1,27% l’année dernière
à 409,53 € mensuels, alors que le salaire moyen s’est accru de 3,1% à 1050 € mensuels en décembre
dernier) en dépit d’une population relativement instruite, la Pologne s’est spécialisée ces dernières
années dans les réexportations de biens intermédiaires (électroménagers, « produits blancs ») et
de produits chimiques. Le secteur agro-alimentaire présente également un haut niveau de compétitivité,
en particulier dans le secteur des produits laitiers, de la viande, des fruits et des légumes transformés,
qui lui permettaient, en dépit de l’embargo russe sur les exportations de biens agro-alimentaires,
d’assurer au total 12,1% des exportations polonaises au premier trimestre 2016. Le secteur des services
– financiers comme aux entreprises – a en outre connu ces dernières années un véritable essor :
Cracovie se situe ainsi en 2016 (comme en 2014) à la neuvième place (première ville européenne) du
classement Tholons des meilleures destinations pour l’externalisation de services aux entreprises. 12
entreprises polonaises figuraient en outre parmi les 50 entreprises centre-européennes les plus
innovantes (Technology Fast) recensées par le cabinet Deloitte en 2015.
III. Une économie résiliente soutenue par un secteur financier
solide
En matière financière, la Pologne, qui a su jouer de sa flexibilité monétaire afin d’amortir l’impact de la
crise économique et financière (le zloty s’est déprécié de près de 30% début 2009) n’envisage plus
d’adopter la monnaie unique, faisant notamment preuve d’une certaine réticence quant au passage par
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le mécanisme de taux de change européen (MCE II). La Banque centrale, qui maintient une cible
d’inflation de 2,50 % à plus ou moins 1 point, a su garantir la stabilité des prix en dépit de la
croissance économique ; l’Indice des Prix à la Consommation a, toutefois, reculé, selon les prévisions
de la Commission européenne, de 0,9% en 2015, soit sensiblement en-dessous de la fourchette fixée
par la Banque, qui n’a pas modifié son taux directeur situé à un étiage historique de 1,50% depuis mars
2015. Les réserves officielles de la Pologne s’élevaient en juillet 2016 à 98,24 Mds €, dont 93,30 Mds €
en devises et 3,97 Mds € en or monétaire.
Avec une capitalisation totale de 1 476,99 M PLN (343,49 M€) à la mi-2016, la bourse de Varsovie fait
de la Pologne, d’assez loin, le premier marché de capitaux de la région ; régulés par la Banque
centrale et l’Autorité de contrôle prudentiel, la KNF, les marchés financiers semblent dans l’ensemble
relativement sains ; le secteur bancaire a réalisé en 2015 des bénéfices nets de 12,8 Mds PLN (3 Mds
€) en dépit de l’implémentation des règles macro-prudentielles (en particulier l’entrée en vigueur de la
directive CRD IV sur les exigences de fonds propres) et devrait rester profitable cette année, alors qu’il
a déjà enregistré un bénéfice net de 8 Mds PLN (1,9 Md€) à la mi-2016. Le ratio d’adéquation des fonds
propres Tier 1 du secteur bancaire s’élevait quant à lui à 15,7% des actifs pondérés du risque en mars
2016 (contre 13,9% en mars 2014). La Pologne est restée, jusqu’à présent, prudente quant à son
éventuelle participation à l’union bancaire européenne.
En matière de finances publiques, la Pologne est sortie en juin 2015 de la procédure de déficit
excessif dont elle faisait l’objet depuis 2009. Le gouvernement, dont la politique contracyclique avait
porté le déficit public jusqu’à 7,8% du PIB en 2010, avait en effet ramené en 2014 le déficit des
administrations publiques à 3,3% du PIB, la soustraction des coûts engendrés au premier semestre par
la réforme – désormais amendée – de l’ancien système de retraites ayant permis de ramener le déficit
éligible sous la barre de 3% exigée par les textes européens. Pour l’année 2015, la Pologne a réussi,
grâce à la conjugaison d’une forte croissance et d’un effort de consolidation structurel de 0,5
point de PIB, à ramener le déficit de ses administrations publiques de 3,3% à 2,6% du PIB, contre
2,7% attendus dans la loi de finances. Quant à la dette publique, elle demeure en Pologne
confortablement en-deçà du seuil de 60 % du PIB (52,0 % au T1 2016). Le transfert de 51,5% des fonds
de pension (OFE) placés sous le second pilier du système de retraites par le prestataire de sécurité
sociale (ZUS), qui représentaient un transfert total de 153,1 Mds PLN (soit 36,6 Mds €), avait permis en
2014 d’abaisser ce ratio de 7,2 points.
Toutefois, le programme nettement expansionniste et l’assouplissement de la norme de progression
des dépenses publiques, ancrée non plus sur l’hypothèse retenue par le MoF en matière d’inflation mais
sur la cible d’inflation (2,5%) de la Banque centrale, pourraient fragiliser cette dynamique de
consolidation des finances publiques.
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Note rédigée par David Karmouni et Ghislain Papeians
Note revue par David Karmouni
Version du 23/08/2016
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