Physiologie du muscle
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Physiologie du muscle
FILIERE SCIENCES DE LA VIE Module de Physiologie Animale Semestre 5 Université Mohammed Premier Faculté Des Sciences Département De Biologie Oujda, Maroc Physiologie Animale CHAPITRE II PHYSIOLOGIE DU MUSCLE Année universitaire 2009 – 2010 www.sciences1.ump.ma Professeurs. Hassane MEKHFI Abdelkhaleq LEGSSYER Physiologie du muscle I. Introduction La propriété physiologique de base du tissu musculaire est la contractilité : c'est à dire la capacité de se contracter, ou de se raccourcir. En plus, le tissu musculaire possède trois autres propriétés importantes. L'excitabilité (ou irritabilité) est la capacité de recevoir et de répondre à un stimulus, l'extensibilité est la possibilité de se raccourcir, et l'élasticité est la faculté de retourner à la forme d'origine après être étiré ou contracté. Les quatre propriétés sont liées et toutes impliquent le mouvement musculaire. La contraction musculaire est le plus familier et le mieux compris de tous les types de mouvements dont sont capables les êtres vivants. Différents types de muscles effectuent différents types de travaux. Chaque mouvement est assuré par une catégorie spécialisée de muscle. Chez les vertébrés par exemple, la course, la marche, la nage et le vol dépendent de la capacité du muscle squelettique de se contracter rapidement sur la charpente osseuse, alors que les mouvements involontaires tels que le pompage cardiaque et le péristaltisme intestinal dépendent respectivement de la contraction du muscle cardiaque et du muscle lisse. Les contractions musculaires aident également à maintenir la posture du corps en position assise ou levée. Finalement, la contraction des muscles squelettiques produit assez de chaleur pour maintenir la température du corps au niveau normal. En résumé, les fonctions générales du tissu musculaire sont le mouvement, la posture et la production de chaleur. Trois types de muscles sont à distinguer : Le muscle strié squelettique, Le muscle strié cardiaque, Le muscle lisse. II. Muscle squelettique Le tissu musculaire squelettique acquiert son nom du fait que la plupart de ces muscles sont attachés au système squelettique et assurent son mouvement. Il est appelé aussi muscle strié car ces cellules ou fibres musculaires sont caractérisées par une alternance de bandes claires et de bandes sondes laissant apparaître une striation en microscopie électronique. Une autre dénomination descriptive est donnée à cette catégorie de muscle: le muscle volontaire, en raison de l'intervention de notre volonté dans l'exécution de ces mouvements. A. Ultra structure Le muscle squelettique est constitué par un certain nombre de fibres musculaires liées entre elles par un tissu conjonctif. Les fibres musculaires regroupées en faisceau sont entourées par une enveloppe résistante. La taille de la fibre musculaire varie de quelques micromètres à plusieurs centimètres de longueur. Elle renferme un sarcoplasme (ou un cytosol) dans lequel baignent un ou plusieurs noyaux, des mitochondries, un réseau de réticulum sarcoplasmique (RS) très développé (réserve du calcium) et des myofibrilles. L'ensemble est entouré d'une membrane plasmique ou sarcolème. Celle ci présente la particularité d'émettre des invaginations à l'intérieur du sarcoplasme qu'on appelle tubules transverses (TT) ou système tubulaire. Les faisceaux de myofibrilles occupent un volume cellulaire important. Ce sont des éléments cylindriques dont le nombre varie de plusieurs centaines à plusieurs milliers par fibre (figure1). A B FIGURE 1. Schéma de myofibrilles. Une alternance répétitive de deux bandes caractérisent les myofibrilles : les bandes sombres (bandes dite A) et les bandes claires (bandes dites I). L'examen plus détaillé de ces bandes montre que la bande A est coupée en deux par une petite bande dite H, alors que la bande I est centrée au milieu par une ligne appelée la strie Z. La partie de la myofibrille comprise entre deux stries Z est appelée sarcomère (figures 1B et 2). Le sarcomère constitue l'unité fonctionnelle de la contraction. Au repos, le sarcomère a une longueur comprise entre 2 et 2,5 µm. Chaque myofibrille est entourée par une structure en manchon du RS qui va jusqu'à la limite des TT pour former, aux deux extrémités de la bande A, les sacs latéraux ou les citernes terminales. L'ensemble citernes terminales et système tubulaire constituent une triade (figure 1). Sarcomère FIGURE 2. Matériel contractile d'une cellule musculaire squelettique vue en microscopie électronique. On distingue les différentes bandes issues de l'organisation des filaments fins d'actine et épais de myosine. (Professeur Lafleur) B. Activité électrique Comme toute cellule excitable, la cellule musculaire squelettique est capable de changer son potentiel de membrane suite à une stimulation. Le potentiel d’action engendré, d’une durée approximative de 2,5 ms (figure 3), est formé de deux phases : une dépolarisation (A) et une repolarisation (B). Le potentiel d’action du muscle se propage le long du sarcolème, des tubules transverses pour arriver au niveau de la membrane du réticulum sarcoplasmique. Les conductances ioniques mises en jeu lors de l’activité électrique du muscle sont la conductance sodique lors de la dépolarisation (canal Na+ dépendant du voltage) et la conductance potassique lors de la repolarisation canal K+ dépendant du voltage). Potenteil de membrane en mV + 30 2 sm 0 A B -80 Temps en ms FIGURE 3. Schéma du potentiel d’action du muscle squelettique III. Protéines contractiles du sarcomère Les travaux d'HUXLEY par la microscopie électronique ont confirmé l'existence, au sein du sarcomère, de deux types de filaments protéiques parallèles : le filament épais constitué de myosine et le filament fin dont l'actine est la protéine dominante (figures 4 et 5). La bande A est formée par la superposition et l'interpénétration des deux types de myofilaments, alors que la bande I est faite uniquement des myofilaments fins d'actine. Sarcomère chaînes lourdes identiques et deux paires de chaînes légères (Figure 7). Les deux chaînes lourdes de A FIGURE 4. Schéma des myofilaments organisés en sarcomère (extrait de l'article "Muscle normal", par les Professeurs C. DENIS et JR. LACOUR, paru dans l'EMC) FIGURE 5. Coupe transversale d'une myofibrille à un niveau où les myofilaments épais et fins se chevauchent A. Actine Le filament d'actine (42 kD) est fait de deux chaînes polypeptidiques torsadées. Chaque chaîne est la résultat d'une polymérisation de plusieurs monomères d'actine globulaire (Figure 6) qui contiennent chacun un site de liaison avec la myosine. Tous les filaments d'actine sont attachés par la strie Z. myosine (200x2 kD) s'enroulent entre elles à partir de leur côté C terminal pour former la queue de myosine. Du coté N-terminal chaque chaîne lourde se déroule pour former une pelote appelée tête globulaire de myosine. Les deux têtes globulaires de myosine sont le siège d'une activité enzymatique ATPasique dépendante du Ca++ et du Mg++, et renferment les sites de liaison avec l'actine. Les chaînes légères de myosine de poids moléculaire compris entre 2 et 26 kD chacune, sont localisées sur les têtes globulaires à raison de deux chaînes par tête. Signalant enfin que toutes les molécules de myosine sont attachées par la ligne M qui centre la bande H du sarcomère. Chaînes légères Tête globulaire Chaînes lourdes Queue FIGURE 7. Schéma d'une molécule de myosine avec les chaînes légères sur les têtes globulaires. Au niveau de la bande H du sarcomère, les molécules de myosine se chevauchent par leurs queues formant une zone dénudée de têtes globulaires. Dans les deux autres moitiés de la bande A, les têtes globulaires de myosine émergent vers l'extrémité suivant une hélice régulière dont le pas a une valeur de 43 nm. IV. Protéines régulatrices du sarcomère FIGURE 6. Schéma du myofilament fin d'actine avec les protéines régulatrices. B. Myosine La molécule de myosine est une grosse protéine contractile (470 kD). Chaque molécule est constituée de six chaînes polypeptidiques: deux C'est un ensemble de protéines jouant un rôle fondamental dans la régulation de la contraction musculaire. Il s'agit de la tropomyosine et du complexe de troponine. Elles sont toutes situées sur le filament d'actine (Figure 6). A. Tropomyosine C'est une double chaîne polypeptidique de poids moléculaire 32 kD chacune. Ayant une longueur de 35 nm, elles sont disposées bout à bout dans les gouttières dessinées par les deux chaînes d'actine. On compte environ 50 molécules de tropomyosine par filament fin à raison d'une tropomyosine pour sept actines globulaires (Figure 6). Quand le muscle est relâché, les molécules de tropomyosine masquent les sites de liaison de myosine sur l'actine. B. Complexe de troponines Ce complexe renferme trois sous unités : la troponine T (TnT), latroponine inhibitrice (TnI), la troponine C (TnC) (Figure 8). A l'inverse des sous unités C et I qui ont une forme globulaire, la TnT a la forme d'une queue. La TnT fixe le complexe de troponine à la tropomyosine et à l'actine. La TnI maintient les molécules de tropomyosine dans une position sur les filaments d'actine qui cache le site de liaison de la myosine avec l'actine. La TnC possède des sites fixateurs de calcium. Ces sites, au nombre de quatre dans le muscle squelettique, ont des affinités différentes pour le calcium. Quand la TnC fixe le calcium, tout le complexe de troponines change de conformation. Les sites de liaison de la myosine sur l'actine sont par conséquent libérés. La tête globulaire de myosine peut alors se lier au filament d'actine formant un pont transversal ou pont actomyosine. FIGURE 8. Schéma des interactions calciumdépendantes du complexe troponine (d'après Le Carpentier Y, Coirault C, Chenk D. Régulation cellulaire et moléculaire de la contraction cardiaque. Médecine Thérapeutique 1996 ; 2 : 301-10). V. Eléments biochimiques de la contraction Les deux éléments biochimiques indispensables à la contraction sont le calcium (Ca++) et l'adénosine triphosphate (ATP). Pour qu'il y ait contraction, ces deux éléments doivent être présents simultanément dans le cytosol. Le calcium est l'activateur de la contraction, alors que l'ATP, par l'énergie libérée à la suite de son hydrolyse, permet le pivotement des ponts transversaux et le raccourcissement du muscle. A. Mouvements du calcium L'évènement déclenchant de la contraction musculaire est une augmentation de la concentration intracellulaire en calcium. Au repos, cette concentration est d'environ 0,1 μmol.L-1. Lors d'une stimulation, cette concentration peut grimper jusqu'à 0,1 mmol.L-1 soit une augmentation d'un facteur 1000. Les structures membranaires responsables des variations du calcium intracellulaire sont schématisées dans la figure 9. Le calcium provient du milieu extracellulaire, mais principalement du RS où il est stocké en abondance. Les ions calcium diffusent dans ce cas vers le cytosol grâce à des canaux calciques présents dans la membrane réticulaire. Ces canaux sont dépendants du potentiel et ne s'ouvrent que si la membrane réticulaire est dépolarisée. On note cependant l'absence de ces canaux calciques dans le sarcolème des muscles squelettiques. Un autre système peut participer à l'augmentation du calcium cytosolique : il s'agit du système d'échange ou l'échangeur Na+/Ca++. Lors de la contraction, le calcium entre dans la cellule en parallèle à une expulsion des ions sodium vers le milieu extracellulaire. Cependant, l'importance fonctionnelle de ce système dépend de l'espèce animale considérée. La caractéristique de ce système est qu'il peut être impliqué aussi dans la diminution du calcium cytosolique lors du relâchement musculaire, en inversant le sens des mouvements des ions calcium et sodium. Toutes fois, les ATPases ou pompes calciques représentent de loin la voie principale d'expulsion du calcium du cytosol lors du relâchement. Il s'agit d'un transport actif s'effectuant contre le gradient de concentration. Les plus importantes de ces pompes énergétiques sont celles situées dans la membrane du RS et dans le sarcolème. Une autre ATPase calcique d'importance moindre est localisée dans la membrane interne des mitochondries. Sarcolème Ca++ Ca++ C'est le niveau intracellulaire de la PCr qui chute après une activité musculaire même si le mécanisme contractile lui même consomme de l'ATP. Ext Cytosol Int RS Canal Ca++ Ca++ Energie Na+ Ca++ Echangeur Na+/Ca++ Pompe à Ca++ FIGURE 9. Mouvements transmembranaires du calcium dans la cellule musculaire B. Sources d'ATP L'énergie nécessaire à la contraction provient de l'hydrolyse de l'ATP selon la réaction suivante : ATP + H2O ADP + Pi + Energie Le muscle squelettique transforme cette énergie chimique en travail mécanique avec une très grande efficacité. Il n'y a que 30 à 50 pour cent de l'énergie convertie en chaleur. L'ATP est fournie soit par la voie de la glycolyse soit par la voie de la phosphorylation oxydative. Toute fois, on ne détecte aucune différence majeure dans les niveaux d'ATP entre un muscle au repos et un muscle qui se contracte activement du fait de l'existence dans la cellule musculaire d'un système enzymatique très efficace de régénération d'ATP : la phosphocréatine kinase (PCK). Cette enzyme catalyse une réaction entre un composé phosphaté encore plus réactif ; la phosphocréatine (PCr) et l'ADP pour former l'ATP et la créatine (Cr). PCr + ADP PCK Cr + ATP (Réaction de Lohmann) C. Types de fibres musculaires Tous les muscles n'ont pas la même composition biochimique et métabolique. De même, la cinétique de contraction et la production enzymatique d'ATP ne sont pas les mêmes dans toutes les fibres musculaires squelettiques. De telles variations des propriétés contractiles du muscle ainsi que la croissance et le développement de ceux ci sont étroitement fonction de l'activité nerveuse des motoneurones qui les innervent. Ainsi, les expériences de dénervation des fibres musculaires aboutissent à leurs atrophies. Par contre, l'augmentation de l'activité nerveuse qui accompagne une activité musculaire répétée, provoque des modifications de la composition chimique du muscle, susceptible de provoquer dans certains cas l'augmentation considérable de la dimension des fibres musculaires (hypertrophie). Il semble que les potentiels d'action des fibres nerveuses libèrent au niveau de leurs terminaisons axoniques des substances chimiques qui influencent l'activité biochimique de la fibre musculaire. Parmi les différences existant entre les fibres musculaires, on cite la vitesse de contraction qui est en partie dépendante du type de la chaîne légère présente et par conséquent de l'activité enzymatique de l'ATPase de myosine. En se basant sur ces différences biochimiques, métaboliques et histochimiques, les fibres musculaires squelettiques sont groupées principalement en deux types majeurs qui sont : Fibres lentes oxydatives (I, rouges) Fibres rapides glycolytiques (II, blanches) Les principaux points de différence entre ces fibres sont donnés dans le tableau ci-dessous : Types et Caractéristiques Voie de production d'ATP Activité ATPase de myosine Cinétique de contraction Activité enzymatique glycolytique Nombre des mitochondries Nombre de myofibrilles Capillaires sanguins Taux en myoglobine Taux en glycogène Taux en triglycérides Diamètre des fibres Vitesse de fatigabilité Type d'exercice musculaire Fibres lentes oxydatives Phosphorylation oxydative Faible Lente Faible Elevé Faible Nombreux Elevé (rouge) Faible Elevé Petit Lente Lent, durable Fibres rapides glycolytiques Glycolyse anaérobie Elevée Rapide Elevée Peu important Elevé Peu nombreux Faible (blanc) Elevé Faible Gros Rapide Rapide, peu durable VI. Mécanisme de contraction A. Rôle du calcium Des études de structure suggèrent que dans un muscle au repos (concentration calcique interne faible), la TnI maintient les molécules de tropomyosine dans une position sur les filaments d'actine qui masque le site de liaison de la myosine sur l'actine et inhibe ainsi toute interaction ces deux myofilaments. Lorsque la concentration en calcium augmente lors d'une contraction, le calcium se fixe sur la TnC (complexe Ca++-TnC). Ce complexe rompt la liaison entre la TnI et l'actine permettant aux molécules de tropomyosine de se déplacer légèrement pour démasquer les sites de fixation, autorisant alors l'interaction entre les têtes de myosine et le filament d'actine (Figures 8 et 10). Les liaisons formées entre l'actine et la myosine s"appellent les ponts actomyosines. L'amplitude la contraction est directement liée au nombre de ponts actomyosines formés, et par conséquent au niveau du calcium intracellulaire. B. Rôle d'ATP La contraction musculaire est due à l'interaction entre les têtes de myosine et les filaments d'actine adjacents. Durant cette interaction, la tête de myosine, grâce à son activité enzymatique, hydrolyse l'ATP. L'hydrolyse de l'ATP et la dissociation consécutive des produits de cette hydrolyse (ADP et Pi) produisent une série ordonnée de changements allostériques dans la conformation de la myosine. FIGURE 10. Rôle du calcium dans la contraction (Sylvian André) Il en résulte qu'une partie de l'énergie libérée soit couplée à la production du mouvement de la tête globulaire. Des analyses cinétiques de l'hydrolyse de l'ATP au cours de la contraction musculaire ainsi que des études en microscopie électronique et par diffraction aux rayons X suggèrent la séquence des événements illustrés dans la figure 11. (1) La myosine (M) est attachée à l'actine (A) formant ainsi le pont acto-myosine (AM). (2) Une molécule d'ATP se fixe sur la tête du filament épais de myosine ce qui permet de la décrocher du filament fin d'actine (-A). (3) Grâce à l'enzyme qu'elle contient, la tête de myosine hydrolyse l'ATP et peut alors s'accrocher sur l'actine (+A). (4) Le basculement de la tête de myosine fait glisser le filament d'actine vers la partie centrale du sarcomère (Théorie de glissement des myofilaments). Une fois ce travail mécanique terminé, l'ADP et le Pi se détachent de la tête de myosine et le cycle peut recommencer. La conséquence de toutes ces étapes est un raccourcissement de la longueur du sarcomère et finalement du muscle entier. En conclusion, l'ATP intervient en deux temps. En premier lieu, grâce à l'énergie issue de son hydrolyse, l'ATP permet la contraction musculaire, alors qu'en second lieu, et par sa simple fixation sur la tête de myosine, elle rompt le pont transversal en détachant le filament d'actine et induit le relâchement du muscle. cytosol. L'augmentation rapide et transitoire du calcium intracellulaire amorce par conséquent la contraction simultanée de toutes les myofibrilles (Figure 12). TT Sarcolème Ca++ Ca++ RS Actine Myosine Z Repos Repos Potentiel d’action FIGURE 11. Production de la force grâce l'interaction entre l'actine et la myosine. VII. Couplage Excitation - Contraction Le couplage excitation-contraction (ou couplage électromécanique) correspond aux mécanismes permettant l’augmentation du calcium intracellulaire et conduisant à la contraction. Dans les muscles squelettiques, cette augmentation du calcium est majoritairement due à la libération massive d'ions calcium stockés dans le RS. Ce couplage fait le lien entre l'excitation membranaire (dépolarisation du sarcolème) et la libération du calcium stocké dans le RS. Lors d'une excitation, le signal électrique (PA) provenant du nerf déclenche un autre PA dans le sarcolème (voir synapse neuromusculaire). Ce PA se propage rapidement à travers les repliements membraneux du système tubulaire qui entourent les myofibrilles. Le signal est alors transmis aux citernes terminales du RS. Lorsque la membrane du RS est à son tour dépolarisée, de larges canaux calciques voltage dépendant de cette membrane réticulaire s'ouvrent permettant aux ions calcium de passer vers le Contraction Ca++ Ca++ Ca++ Ca++ Z FIGURE 12. Couplage Excitation – Contraction (inspiré de Animal physiology, Eckert & Randall). Cependant, il reste un point qui a suscité l'intérêt des chercheurs depuis longtemps : comment le signal électrique (PA) est communiqué des TT au RS pour induire la sortie du calcium vers le cytosol ? La propagation du PA au niveau du sarcolème est due à l'ouverture de canaux ioniques voltages dépendants. D’autres canaux ioniques sont impliqués : les canaux calciques de type L retrouvés principalement au niveau de la membrane des tubules transverses. Ils sont également appelés récepteurs aux dihydropyridines (DHPR), qui ont comme caractéristique d'être à inactivation lente (d'ou le nom de canaux de type L, pour Late). Il y a donc un influx de calcium extracellulaire augmentant la concentration intracellulaire. Par ailleurs, cette vague de dépolarisation pénètre au coeur de la cellule par l'intermédiaire des tubules transverses. Or, ceux-ci sont au voisinage immédiat des citernes terminales du RS au niveau des triades (figure 1) : les deux membranes sont distantes d'environ 15 nm. Dans la membrane des citernes terminales du RS, on trouve le récepteur à la ryanodine (RyR1). Cette protéine est un canal calcique qui arrive presque au contact de la membrane des tubules transverses. La dépolarisation de la membrane et l'augmentation de la concentration intracellulaire en calcium due à l'ouverture des DHPR vont entraîner l'ouverture du RyR. Ce couplage, dont on ne connaît pas encore toutes les subtilités, fait intervenir une interaction directe entre le DHPR activé par la dépolarisation de la membrane et le RyR. Cette interaction, va entraîner l'ouverture du RyR, ouverture qui est également favorisée par le calcium. Cela dit, ce résultat est obtenu même en absence de calcium extracellulaire, montrant que la seule dépolarisation de la membrane plasmique suffit à provoquer l'ouverture du RyR. Le DHPR peut ainsi être considéré comme un capteur de dépolarisation entraînant l'ouverture du RyR probablement grâce au lien direct qui existe entre ces deux types de canaux. Dans la lumière du RS, le calcium est stocké à des concentrations pouvant atteindre 1 mmol.L -1. Il est en particulier lié à la calsequestrine, une protéine soluble spécifiquement localisée dans les citernes terminales du RS, qui est capable de lier à basse affinité un nombre important d'ions calcium (50 ions calcium par molécule de calséquestrine). Or, calsequestrine et RyR sont reliés par de la triadine, une protéine soluble. Cette organisation permet un stockage local d'importantes quantités de calcium. L'ouverture des récepteurs de la ryanodine permet un relargage massif du calcium stocké entraînant une élévation très importante de sa concentration cytoplasmique, et ce à proximité immédiate des myofibrilles. D’autres part, la transmission du signal des tubules transverses vers le RS se fait aussi par une autre voie : l'inositol triphosphate (IP3). Sur des fibres de muscle strié, l'IP3 produit par le métabolisme des phosphoinositides membranaires induit la libération du calcium par le RS et postérieurement leur contraction. Selon cette hypothèse, la première étape du couplage excitation-contraction est l'activation d'une enzyme voltage ou récepteur dépendante : la phospholipase C (PLC) située dans la membrane des TT près des citernes terminales du RS. La dépolarisation du sarcolème induit une variation conformationnelle de la PLC qui passe d'un état inactif à un état actif. Cette dernière est responsable de la production d'IP3 et du diacylglycérol (DAG) à partir du phosphatidylinositol-diphosphate, PIP2, (Figure 13). RS Récepteur PLC (mb) + PIP2 Membrane IP3 + DAG Ca++ Cytosol Membrane FIGURE 13. Libération du calcium à partir du RS par l'IP3 L'IP3 diffuse sur une courte distance vers le RS et se fixe sur un récepteur de la membrane réticulaire. Il s'en suit l'ouverture de canaux calciques et la libération de calcium qui diffuse vers les sarcomères. Cette libération se poursuit jusqu'à la destruction enzymatique de l'IP3 et la fermeture des canaux calciques. C'est une corrélation intéressante entre la structure sarcotubulaire et la fonction tubulaire. En effet, les muscles qui se contractent et se relâchent rapidement ont un réseau de RS développé et un système de TT extensif. VIII. Relâchement musculaire Pour qu'il y ait relâchement musculaire, il faut que le niveau de calcium cytosolique diminue. Typiquement, ce niveau revient à sa valeur de repos en 30 millisecondes. Pour cela, le calcium est pompé activement vers le RS ou expulsé vers le milieu extracellulaire grâce à l'activité des ATPasique calciques. La participation du système d'échange Na+/Ca++ (sortie Ca++, entrée Na+) est plus marquante dans les tissus musculaires où le RS est peu développé (Figure 9). IX. Muscle lisse Le muscle lisse constitue la plupart des systèmes circulatoires, digestifs, respiratoires et urogénitaux. Au sein d'un même système, ce tissu est disposé en plusieurs couches musculaires, chacune ayant une orientation particulière. Cet arrangement est approprié car il permet des changements du diamètre des vaisseaux par exemple. Contrairement au muscle squelettique, le tissu musculaire lisse n'est pas connecté aux os. Il est appelé ainsi car il ne présente pas de striation en microscopie électronique. Il est parfois désigné par la nomination de muscle involontaire parce qu'il est contrôlé par le système nerveux autonome, la division involontaire du système nerveux central. A. Données structurales et énergétiques Les cellules des muscles lisses contiennent des filaments épais et minces, mais ceux-ci n'ont pas la même disposition strictement ordonnée que dans les muscles striés et ne semblent pas former des myofibrilles. Les faisceaux d'actine et de myosine ont une orientation oblique par rapport à l'axe longitudinal de la cellule, et leurs contractions raccourcirent beaucoup la cellule. Quant au sarcomère, sa longueur est controversée, trois micromètres à plusieurs dizaines de micromètres selon les auteurs. Dans tous les cas, elle est plus grande que celle des muscles striés. Contrairement à l'actine et à la myosine, toutes les tentatives expérimentales pour mettre en évidence ou d'isoler les troponines du muscle lisse ont échoué. A la fin, on note le développement faible du RS et l'absence des TT. Energétiquement, les cellules du muscle lisse sont peu abondantes en PCr et en ATP. L'activité ATPasique de la myosine est faible par rapport à celle du muscle strié. B. Activité électrique L’activité électrique de la cellule musculaire lisse se caractéristique par un potentiel membranaire au repos plus positif et instable (-55 à 60 mV) par rapport à celui du muscle squelettique. Le potentiel d’action a une durée plus longue, plusieurs dizaines de millisecondes et ses deux phases, dépolarisation et repolarisation, sont due respectivement à une conductance calcique entrante et une conductance potassique sortante. C. Homéostasie calcique Le niveau de calcium libre dans le cytoplasme dépend de la balance des mécanismes de sa libération et de sa séquestration. L'augmentation du calcium cytoplasmique est le résultat de son entrée par des canaux de la membrane plasmique et de sa libération à partir du RS. Alors que son enlèvement du cytosol est effectué par des pompes calciques du RS et de la membrane plasmique ou par l'activité du système d'échange Na+/Ca++. L'accumulation du calcium dans les mitochondries (par la pompe calcique mitochondriale) est peu importante dans les conditions physiologiques. D. Mécanisme de contraction Comme dans le muscle squelettique, la contraction des cellules du muscle lisse est déclenchée par une augmentation du niveau de calcium cytosolique. En raison de l'absence des troponines, le calcium interagit avec une autre protéine : la calmoduline : formation du complexe Ca++-calmoduline (Figure 14). La contraction est principalement amorcée par la phosphorylation de l'une des deux chaînes légères de myosine. A la suite de phosphorylation, la tête de myosine peut interagir avec le filament d'actine et induire ainsi la contraction. La phosphorylation des chaînes légères est catalysée par une enzyme : la kinase des chaînes légères de myosine (myosin light chain kinase ou MLCK) dont l'activité nécessite sa liaison avec le complexe calmoduline-calcium. La phosphorylation se produit relativement lentement de sorte que la contraction maximale nécessite souvent près d'une seconde (quelques millisecondes pour une cellule du muscle strié). La myosine dans les cellules du muscle lisse hydrolyse aussi l'ATP, mais environ dix fois plus lentement (activité ATPasique de myosine lente) que dans le muscle squelettique et produit un cycle lent de ponts acto-myosines transversaux. Les cellules du muscle lisse sont spécifiquement conçues pour une contraction lente et durable et étant capables de maintenir une tension pour des périodes prolongées tout en hydrolysant cinq à dix moins d'ATP que n'en exigerait une cellule du muscle squelettique pour effectuer la même tâche. Le relâchement du muscle lisse est assuré par la déphosphorylation de la chaîne légère de myosine et par conséquent la dissociation du pont actomyosine. Cette déphosphorylation est catalysée par une autre enzyme : la phosphatase de chaîne légère de myosine (myosin light chain phosphatase ou MLCP). Stimulation Ca++ Calmoduline Complexe Ca++- Calmoduline Kinase des chaînes légères de myosine ou MLCK (inactive) Complexe MLCK-Ca++Calmoduline (MLCK active) Myosine (inactive) ATP ADP Actine Pont actomyosine produisant la contraction Phosphatase des chaînes légères de myosine ou MLCP Dissociation du pont actomyosine (relâchement) Myosine-Pi activée Pi Myosine déphosphorylée (inactive) FIGURE 14. Cycle contraction – relâchement du muscle lisse (inspiré de Human Anatomy & Physiology, Caroila et coll.). E. Régulation de contraction La contraction du la cellule musculaire lisse est sujette à plusieurs types de régulation (nerveuse, hormonale). Les nucléotides cycliques (AMPc, GMPc), libérés suite à une stimulation hormonale, diminuent la contraction en inhibant la MLCK ou en stimulant le retour du calcium vers le RS ou son extrusion hors de la cellule par les pompes calciques. Dans certaines cellules lisses (muscle lisse intestinal), l'épinephrine (hormone) par exemple, en augmentant le taux d'AMPc, induit la phosphorylation de la MLCK. Cette phosphorylation affaiblit l'affinité de l'enzyme pour le complexe Ca++-calmoduline. De cette façon, l'épinephrine inhibe la phosphorylation de la chaîne légère de myosine provoquant ainsi la détente du muscle lisse. D’autres neurotransmetteurs, comme l’acétylcholine, favorise la contraction. En s’attachant à son récepteur cholinergique, l’acétylcholine dépolarise la membre en activant une conductance Na+ dépendante du récepteur (ROC). Les canaux Ca++-dépendants du potentiel (VOC) s’ouvrent et l’influx calcique augmente. F. Couplage Excitation - Contraction A la suite d'une stimulation de la cellule musculaire lisse, la membrane plasmique se dépolarise. Cette dépolarisation (PA) provoque l'ouverture des canaux calciques voltage-dépendant, laissant entrer le calcium externe vers le cytosol. Ainsi, ce calcium participe directement à l'augmentation du calcium intracellulaire et donc à la contraction. De même, l'IP3, produit grâce à la PLC membranaire (à la suite d'une dépolarisation ou de la fixation d'un agoniste sur le récepteur couplé à la PLC), provoque la libération du calcium à partir du RS. La mobilisation du calcium réticulaire peut être aussi induite par le calcium lui-même (CICR). X. Muscle cardiaque A. Structure A quelques exceptions près, le muscle cardiaque ou myocarde possède la même structure que le muscle squelettique avec des myofibrilles parfaitement arrangées en sarcomères. Le système tubulaire est organisé en diade. Le RS et les mitochondries sont abondants dans le cœur. La particularité des fibres cardiaques est qu'elles sont traversées par des bandes sombres et plus larges que les stries Z du muscle squelettique. Ce sont les disques intercalaires (Figure 15). Ces disques séparent les cellules cardiaques au niveau des stries Z et permettent une communication plus rapide de l'impulsion d'une cellule à une autre. fournissent une grande quantité d'énergie par le métabolisme oxydatif. D'ailleurs, le cœur est adapté à l'endurance plus qu'à la vitesse ou à la puissance. Pour un cœur normalement oxygéné, les premiers substrats utilisés in vivo sont les acides gras, suivis du lactate, le glucose et le pyruvate. D. Mouvements transmembranaires du calcium Selon son gradient transmembranaire, le calcium a tendance à entrer dans la cellule cardiaque. A la différence de la fibre squelettique, le calcium dans le cœur intervient dans l'activité électrique (PA) et dans l'activité mécanique (contraction). Il existe trois grands types de structures ioniques. a. Canaux calciques Le canal calcique intervient dans la genèse du PA cardiaque. Il est responsable de la phase du plateau du PA (figure 16), d'où la durée élevée de celui ci. + 20 mV Ca++ Na+ K+ - 90 mV FIGURE 15. Myocarde de singe. Les disques intercalaires sont montrés par des flèches. A : bande A, I : bande I, S : sarcomère (Source : Université de Liège, Belgique ULB 2001). B. Mécanisme de contraction Il est identique à celui du muscle squelettique. Il se fait par glissement des filaments d'actine entre ceux de myosine (théorie de glissement des myofilaments). C. Métabolisme énergétique Le cœur est un organe très exigeant qui nécessite un apport énergétique permanent sous forme d'ATP qui provient essentiellement de la phosphorylation oxydative. En raison de son activité cyclique mais soutenue, le cœur doit adapter en permanence la production d'énergie à la demande. Ce type d'activité caractérise les muscles rouges qui 100 ms FIGURE 16. Potentiel d'action d'une cellule du myocarde ventriculaire (le plateau du PA est indiqué par la flèche). Il fonctionne avec un système de porte d'activation ("d") et d'inactivation ("f"). La formule de calcul du courant calcique (ICa, pico-Ampères) est : ICa = gCa x d x f x (Em - ECa) gCa : la conductance calcique de base (égale à 1) ; d = le système d'activation ; f = le système d'inactivation ; Em = le potentiel imposé (mV) et ECa : la potentiel d'équilibre du calcium (mV). b. Pompe calcique La pompe calcique ou ATPase calcique est présente dans la plupart des structures membranaires. Elle joue un rôle important dans la régulation du calcium intracellulaire en le refoulant, contre son gradient, hors du cytoplasme cellulaire. c. Système d'échange Na+/Ca++ Le système d'échange Na+/Ca++ (3/1) intervient dans la corrélation des gradients de deux ions différents (Na+ et Ca++) et participe à la régulation des concentrations du calcium intracellulaire. Il s'agit d'un transporteur sensible au potentiel membranaire et aux concentrations interne et externe du calcium et du sodium. Lors d'une dépolarisation, ce système fait entrer le calcium et fait sortir le sodium et peut donc participer à la contraction. Il fonctionne dans les deux sens et peut ainsi intervenir dans le relâchement. E. Couplage Excitation - Contraction L'augmentation du calcium dans le cytosol, lors du PA cardiaque, déclenche la contraction du myocarde. L'origine de ce calcium est fonction des caractéristiques ultrastructurales existant entre espèces. Ainsi, dans le cœur d'Amphibiens ou de Mammifères nouveau nés où le réseau du RS est peu développé, la contraction cardiaque est directement liée au calcium entrant par le canal calcique et même par le système d'échange Na+/Ca++. Chez les Mammifères adultes, où le cœur renferme un réseau réticulaire bien développé, la quantité de calcium entrant dans la cellule lors du PA n'est pas suffisante par elle même pour activer les protéines contractiles. Cette activation se fait, au contraire, par une libération massive du calcium à partir du RS. Cette libération est déclenchée par l'entrée du calcium lui-même (CICR). Le mécanisme possible de cette libération massive est la fixation du calcium sur des sites spécifiques de la membrane du RS induisant sa dépolarisation. La voie de l'IP3 dans le couplage excitation contraction a été également mise en évidence. Pour qu'il y ait relâchement du muscle cardiaque, le calcium intracellulaire doit baisser. Dans le cœur d'Amphibiens, ce relâchement dépend de l'activité du système d'échange Na+/Ca++ et de la pompe Ca++ATPase. Dans le cœur de Mammifères adultes, le relâchement est surtout lié à la séquestration du calcium dans le RS grâce à la pompe Ca++-ATPase réticulaire. Les mécanismes biochimiques qui contrôlent cette séquestration passent par l'intermédiaire des phosphorylations de certaines protéines membranaires du RS : le phospholamban (22 kD) et la Ca++-ATPase. D'autres systèmes participent pour diminuer le calcium intracellulaire comme la Ca++-ATPase du sarcolème ainsi que le système d'échange Na+/Ca++. F. Régulation contractilité intracellulaire de la a. Hormones et seconds messagers Les hormones et leurs seconds messagers régulent la contractilité cardiaque. Ainsi, la stimulation du récepteur bêta adrénergique par les catécholamines représente un mécanisme de contrôle clef qui régule la performance métabolique, électrique et mécanique du myocarde (figure 17). Après fixation de l'hormone sur le récepteur bêta, une cascade de réaction entraînera la production du second messager, l'adénosine monophosphate cyclique (AMPc), à partir de l'ATP grâce à l'adényle cyclase membranaire (AC). L'AMPc est à l'origine de nombreuses phosphorylations permettant la régulation de la contractilité. La première étape est l'activation de la protéine kinase A (PKA) qui a de nombreuses cibles dont le canal calcique qu'elle phosphoryle, augmentant ainsi son influx calcique. Cette augmentation de calcium intracellulaire accentuera la libération du calcium à partir du RS (CICR). Le résultat est une augmentation de la force de contraction (effet inotrope positif). Membrane Ca++ int (CICR) ATP Hormone AC Récepteur AMPc PDE PKA Phosphorylations (canal Ca++) AMP FIGURE 17. Effet d'une stimulation hormonale sur le calcium intracellulaire La relaxation est aussi accélérée par la séquestration du calcium qui sera stimulée par la phosphorylation de la Ca++-ATPase et du phospholamban du RS. De même, le niveau d'AMPc est limité par l'intervention d’enzymes dégradant l'AMPc en AMP (non actif) : les phosphodiestérases (PDE) (figure 17). b. Inositol triphosphate et diacylglycérol Un autre système de seconds messagers est celui du métabolisme des phosphoinositides. Sous l'effet d'agonistes, les phosphoinositides produisent, grâce à la PLC membranaire, deux seconds messagers : l'inositol triphosphate (IP3) et le diacylglycérol (DAG). L'IP3 formé va pouvoir favoriser la libération du calcium à partir du RS. Le DAG activera la protéine kinase C (PKC) qui va phosphoryler un certain nombre de protéines. Parmi les protéines phosphorylées, il y a le canal calcique dont la conductance augmente. c. Protéines contractiles La régulation de la contractilité peut se faire par les protéines contractiles elles mêmes. L'affinité de ces protéines contractiles pour le calcium peut être modifiée. De nombreux facteurs peuvent modifier la relation liant la force de contraction à la concentration intracellulaire en calcium. Le plus connu est le pH. Un pH acide réduit la sensibilité des myofibrilles vis-à-vis du calcium et affaiblit la contraction (effet inotrope négatif). Nous insistons surtout sur les modifications à long terme des protéines contractiles. En effet, on sait qu'il existe plusieurs isoformes de protéines contractiles, ce qui a été à l'origine du concept de plasticité du myocarde. En ce qui concerne la myosine, l'ATPase est constituée de plusieurs isoformes dont une isoforme à activité enzymatique rapide V2 et une isoforme à activité enzymatique lente V3. Dans les surcharges cardiaques, il a été montré que la forme rapide V2 qui prédomine chez le rat adulte normal diminue et que le profil isoenzymatique devient majoritairement de type lent V3. Cette adaptation, qui permet une économie d'énergie, se fait par répression du gène codant pour l'isoenzyme rapide. Références bibliographiques : - Livre : Human anatomy & Physiologie Robert Carola, John P. Harley, Charles R. Noback McGrawhill, 1990. - Livre : Animal Physiology : Machanisms and Adaptations Eckert & Randall WH Freeman and Campany, 1983 - Livre : Le coeur : Fontionnement, Dysfonctionnement et Trantements Bernard Swynghedauw & Philippe Beaufils INSERM-Nathan, 1995 - Certains schémas ont été inspirés de sites internets