Communiqué de presse

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Communiqué de presse
Communiqué de presse
Jeudi 27 novembre 2014
22e concours régional de critique littéraire
Dix lycéens récompensés pour leur talent de
critique littéraire
Dix lycéens, parmi les 1 126 participants au 22 e concours régional de
critique littéraire, ont été récompensés, ce jour, à Rennes. Organisée par la
Région Bretagne, en partenariat avec l'Académie de Rennes et l’association
“ Bruit de lire ”, cette opération offre la possibilité à des jeunes lycéens
volontaires de s’essayer à la critique littéraire, sur l’un des ouvrages de la
sélection Goncourt. Chaque année, la Région saisit l’opportunité des
Rencontres nationales Goncourt de Rennes pour récompenser les lauréats du concours.
Après une première sélection, réalisée par dix enseignants réunis en comité de lecture, le jury –composé de
conseillers régionaux, de représentants du Rectorat et de membres de l’association Bruit de lire– a retenu
10 critiques, sur 1 126 textes proposés. Gaël Le Meur, conseillère régionale déléguée à la vie lycéenne et
aux projets éducatifs innovants, a récompensé, ce jour, les 10 lauréats, répartis en deux catégories.
Les 5 lauréats de la catégorie « Classe hors Goncourt » (ou “Classe Concours”) :
À chaque rentrée scolaire, la Région propose à l'ensemble des lycées publics et privés de Bretagne de participer
au concours de critique littéraire. Cette année, 50 établissements se sont ainsi lancés, et ont été soutenus à ce
titre par la Région.
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1er prix : Raphaële Ardilouze, en 1ère L au lycée AR Lesage à Vannes,
2ème prix : Emma Deunff, en 1ère L au lycée René Laennec à Pont-L'Abbé,
3ème prix ex-æquo : Nathan Perrigault, en 1ère S au lycée Emile Zola à Rennes,
3ème ex-æquo : Hugo Vanlerberghe, en 1re S au lycée Ste-Anne/St-Louis à Ste-Anne d'Auray,
5ème prix : Herwin Lumini, en Term. L au lycée Institution Saint-Malo La Providence à Saint-Malo.
Les 5 lauréats de la catégorie « Classe Goncourt » :
Les élèves des classes ayant participé à l’élection du Prix Goncourt des lycéens 1 sont également invités à
participer au concours de critique. Cette année, 7 lycées bretons étaient représentés dans le jury. Deux élèves
issus de ces établissements ont produit les 3e et 4e meilleurs textes.
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1er prix : Lauriane Esther, en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse,
2ème prix : Clara Sanchez, en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse,
3ème prix : Cyprien Meyer, en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse,
4ème prix : Hugo Le Bris, en 1re S au lycée Fulgence Bienvenüe à Loudéac,
5ème prix : Camille Lebossé, en 1ère L au Lycée Sévigné à Cesson-Sévigné.
1
57 lycées ont participé à l’élection du Goncourt des Lycéens 2014: 56 lycées français (dont 7 lycées bretons) et 1 lycée étranger (un CEGEP du
Canada).
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Les critiques primées
dans les classes
« Hors Goncourt »
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Catégorie "Classe hors Goncourt"
Le 1er prix est attribué à :
Raphaële ARDILOUZE
Élève en 1re L au lycée Alain Lesage à Vannes
Pour Le roi disait que j’étais diable de Clara DUPONT-MONOD
« Duel Royal »
« Le roi disait que j’étais diable »… mais le diable, n’est-ce pas la pire chose qui puisse arriver
au roi, lui si croyant, si pieux, si calme ? L’ouragan Aliénor ravage sa vie, sa vie qu’il aurait
voulue sainte, douce, monacale, bercée par le respect. Le diable ? C’est elle. L’extrême opposé
du roi. Âme du sud, cœur de guerrière, Aliénor est belle, isolée, imprenable, mais tellement
fragile.
Mais pour qui sommes-nous ? Lequel des deux nous fascine le plus ? Comment choisir ? D’un coté le
roi bienveillant, amoureux, sans esprit guerrier ni cœur de poète, vénérant l'Église et méprisant le pouvoir,
ce pouvoir qui, pour lui, n'a aucun sens, ce roi rêvant de paix et d'un bonheur partagé avec sa femme, et de
l'autre, la reine fière, ambitieuse, récitant des poèmes et des chansons d'amour outrageants, cette reine
cruelle qui n'a pas peur de la guerre et rêve de conquêtes et de liberté.
Clara Dupont-Monod joue avec nos émotions, elle nous charme avec ses descriptions lyriques des
paysages ou des sentiments mais nous terrorise avec ses scènes de combats sanglantes. Parfois, le roi,
éperdument amoureux de sa reine, sait attendrir notre cœur mais, incapable de prendre une décision, il le
repousse. De même, Aliénor libre et endiablée nous séduit, mais la belle devenant impitoyable et l'esprit
gorgé de rage, ne nous inspire que répulsion.
Il aurait aimé une épouse aimante et joyeuse, telle un rubis qu'il aurait fait rougir, il vit avec une
pierre tranchante qui brise sa vie jour après jour. Elle aurait aimé un roi, un vrai, doté de force physique et
de pensées avides de pouvoir. Mais elle tente de faire honneur à ses ancêtres aux côtés d'un homme de
mots, qui n'a d'yeux que pour elle.
A la fin du roman, nous ne savons toujours pas lequel des deux personnages nous inspire le plus.
Qu'importe ! Nous revenons de Bordeaux, Poitiers, Paris, et encore mieux : Antioche. Ville d'orient
luxueuse, qui a su faire revivre Aliénor. Nous avons entendu des poèmes de troubadours, sommes passés
parmi des foules admiratives, avons assisté à la révélation du nouveau cœur de l'abbatiale de Saint-Denis.
En somme, ce roman nous a projetés au cœur du Moyen-Age pour nous faire découvrir le destin d'un roi
effacé et envoûté par son épouse, et celui d'une femme de pouvoir hors du commun qui a su renverser les
coutumes et les règles de cette époque.
Cette histoire vraie, racontée avec passion et colère, est originale du fait des trois points de vue
donnés : celui de la reine, celui du roi et celui de l'oncle de la reine. Le pouvoir des femmes, déjà chanté sans
retenue par les poètes de l'époque, éclate au grand jour dans des pages remplies d'espoir et de rêves
fougueux. Oui, car c'était bien là un beau rêve que d'avoir pour femme Aliénor. Son tempérament torrentiel
et ses origines bellicistes l'ont transformée en cauchemar. Un cauchemar. Quel univers idéal pour le diable,
non ?
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Catégorie "Classe hors Goncourt"
Le 2e prix est attribué à :
Emma DEUNFF
Élève en 1re L au lycée René Laennec à Pont-L'Abbé
Pour Charlotte de David FOENKINOS
La jeune fille et la mort
C'est un hommage tout en pudeur et délicatesse que rend David Foenkinos à Charlotte
Salomon, juive allemande et artiste avant-gardiste, morte à vingt-six ans, alors qu'elle était
enceinte.
« Elle apprivoisait sa mélancolie
Est-ce ainsi qu'on devient artiste ?
En s'accoutumant à la folie des autres ? »
Charlotte, c'est la mélancolie. Mais peut-on vraiment être autre que mélancolique, lorsque l'on n'est
que la seconde Charlotte, et que le spectre d'une morte flotte sur son prénom ? Lorsque l'on est le fruit d'un
arbre aux racines gangrenées par le suicide ?
On sent, sous le rythme haletant adopté par l'auteur – comme s'il reprenait son souffle à chaque
phrase – toute sa fascination pour Charlotte. Ses phrases courtes laissent monter l'émotion peu à peu,
tracent la vie de la jeune femme à petites touches, tantôt sobres, tantôt lyriques, et par leur teneur amènent
le lecteur à s'imprégner entièrement de sa vie tragique. La rencontre entre David Foenkinos et son œuvre
s'apparente presque à un coup de foudre : « La connivence immédiate avec quelqu'un ». Seules les
intrusions de celui-ci dans son propre récit interrompent la plongée dans un bouillon de sentiments et
d'instants, entre passion et déraison.
« Il existe un point précis dans la trajectoire d'un artiste
Le moment où sa propre voix commence à se faire entendre »
Charlotte, c'est une âme exaltée et sauvage, baignée dans l'art dès son plus jeune âge, pour qui la
peinture devient obsession, mais aussi libération. Le seul moyen par lequel elle peut exister. D'être elle,
enfin, alors que les nazis nient son droit à l'existence.
« Peindre pour ne pas devenir folle »
Charlotte, c'est une folie douce, celle des grands artistes qui se consument entièrement dans une
unique œuvre, un unique amour jusqu'à l'obsession, perdus dans leur solitude et rongés par un certain mal
de vivre.
« Elle voulait mourir, elle se met à sourire »
Charlotte, c'est l'ambiguïté, entre rage de vivre et peur de la vie. Vie, ou théâtre ? Est le titre de son
œuvre. Mais sa vie elle-même n'est-elle pas un théâtre ? Et son œuvre, le théâtre de sa vie, fixé à jamais en
dessins, en musiques, en textes ?
Le point final de cette élégie tombe comme une délivrance, teinté de tristesse, de souffrance mais
également d'émotion... comme la mélancolie.
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Catégorie "Classe hors Goncourt"
Le 3e prix ex-æquo est attribué à :
Nathan PERRIGAULT
Élève en 1re S au lycée Émile Zola à Rennes
Pour Les tribulations du dernier Sijilmassi de Fouad Laroui
Les tribulations d'un petit lecteur
Vous me direz, lire un livre : il ne faut pas en faire toute une histoire, mais bien que je sois
totalement d'accord avec vous ; lire ce livre, il faut le dire, n'est pas une mince affaire : c'est tel
Candide de Voltaire, un roman de Dumas ou un livre de Zola. D'ailleurs, ce livre n'en est pas
vraiment un, pour un petit lecteur, tombant dans les limbes de références qu'il contient, mais
plutôt un dictionnaire d’œuvres classiques.
Mais puisque c'est celui qui m'a le moins ennuyé après avoir lu la quatrième de couverture, je
rassemblais mon courage pour prendre le risque d'ouvrir ce roman aux mille péripéties inattendues : ce
livre n'étant qu'une suite de termes latins, arabes ou français dont le sens m'échappait.
Il fallait donc aller au bout, de ce roman, pourtant pas si grand ; voir les minutes s'écouler, parfois,
très, trop lentement ; sentir les pages neuves, flotter dans l'air, interminablement, afin de comprendre... De
comprendre pourquoi on raconte l'histoire d'un homme assez sage ou assez fou, à vous de choisir, pour
suivre une décision prise à trente mille pieds au-dessus de la mère nourricière à une vitesse supersonique,
alors qu'il était confortablement installé dans le siège 9A d'un avion de Lufthansa ?!
Mais plus l'échéance se rapprochait, plus mon envie de lire ce roman diminuait mais quand il faut y
aller...
Après de nombreuses heures de tête à tête avec ce roman … Ce fut le choc, je peux vous le dire, c'est
une perle que j'ai sentie entre mes mains, comment avais-je pu ne pas ressentir les touches d'humour de
Fouad Laroui – qui lui permirent d'obtenir notamment le prix Goncourt 2013 de la nouvelle, pour L'affaire
du pantalon de Dassoukine –. Entendre les clins d’œil faits à sa vie, à son histoire, à l'Histoire...
Cet auteur, déléguant l'action aux personnages secondaires qui divertissent le lecteur, grâce à leurs
variétés – du sympathique Anas Kettani, du paysan à la charrette, de Basri, Boussa, Nadir et bien sûr de la
Naïma au charismatique surnommé Saïd (bon peut-être pas tant que ça, mais bon, le l'aime bien ce Saïd) –
nous fait réfléchir sur les dramatiques vérités de ce siècle. Bref, pour tout vous dire, ce livre est initiatique
pour nous : jamais plus je ne regarderai le monde de la même façon grâce au héros éponyme, Adam
Sijilmassi.
Pour Adam l'ex-ingénieur, pour Adam le mari, pour Adam, qui décida de retourner à ses origines,
celle du très noble Hadj Maati. Pour Adam, qui nous plonge au cœur de la culture marocaine et de la
terrible réalité du Maroc occidentalisé. Pour Adam, qui choisit de ne plus vivre sa vie comme un homme du
XXIe siècle, mais de remonter le temps afin de comprendre ce qu'il faisait ici, dans cet avion ! A cette
altitude !! A cette folle vitesse !!!
Mêlant aventure et méditation, sociologie et théologie, idéalisme et amour, tristesse et humour,
complot et révolte, le roman Les Tribulations du dernier Sijilmassi doit absolument être lu pour
comprendre l'énigme de la vitesse du monde.
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Catégorie "Classe hors Goncourt"
Le 3e prix ex-æquo est attribué à :
Hugo VANLERBERGHE
Élève en 1ère S au lycée Sainte-Anne/Saint-Louis à Sainte-Anne d'Auray
Pour Meursault, contre-enquête de Kamel DAOUD
Mais qui est donc « l'Arabe » ?
Je termine la lecture de Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud et je dois dire que, ayant
commencé le livre, je n'ai pu le lâcher qu'à la fin, ne serait-ce qu'en raison de la langue superbe,
ce fameux « butin de guerre » que Kamel Daoud a su si bien exploiter.
Tout grand roman nous invite à ce genre de réécriture. Comment lire Madame Bovary sans se
demander quel fut le destin de la fille d'Emma ? Aussi, comment lire L’Étranger sans vouloir connaître la
vie de l'Arabe ? Mais c'est évidemment le parti de l'écrivain qui intéresse et nul ne pourra désormais lire
L’Étranger de Camus avec le même regard. Là où Camus n'évoque que « l'Arabe », surgit un homme dont le
frère, très jeune au moment où l'Arabe est tué, passe sa vie à essayer de chercher cet aîné et à le faire
revivre. L'écrivain connaît très bien l’œuvre de Camus, L’Étranger, bien sûr, mais aussi La Chute, puisque
ce frère de l'Arabe fait son récit dans un bar sous forme d'une confession, qui n'est pas sans rappeler cet
autre roman. Le « Meursault » du titre, évidemment, c'est le Meursault de Camus, ce personnage connu de
tous, qui ne laisse personne indifférent. En prenant L’Étranger comme tremplin et en s'emparant de son
narrateur, Kamel Daoud a réussi un exploit à la fois critique et hautement littéraire. Pour lui, le fait que
l'ultime crime de Meursault, d'après ceux qui le jugent, fut de ne pas avoir pleuré à l'enterrement de sa
mère, produit avant tout un désir d'écrire. Meursault, dans L’Étranger, doit répondre du fait de ne pas
avoir « pris les larmes » à l'enterrement de sa mère. Haroun doit, dans ce livre, expliquer pourquoi lui n'a
pas pris les armes pour libérer son pays. L'Arabe portera désormais le nom Moussa, qui fait si joliment écho
à Meursault. On croit entendre Camus quand il explique que « très peu de gens autour de [lui] savaient
lire.»
Utilisant l'arme du langage et de l'écriture, Daoud évoque en filigrane l'histoire de l'Algérie depuis
l'Indépendance, toutes ses ombres pesantes, l'absence de retour sur le passé, la relation difficile aux femmes
dans la société algérienne, et une soumission folle à la religion et à ses intolérances. Meursault, contreenquête côtoie le texte de Camus par des citations, mises entre guillemets dans le texte, et par des reprises
d'éléments de l'original, tournées avec science et humour. Meursault, contre-enquête ne se contente pas de
s'approprier L’Étranger pour s'en venger, ce livre porte en lui une colère lyrique tempérée de percutantes
analyses de société. La scène de l'interrogatoire est sûrement le moment le plus drôle, le plus ludique, de
Meursault, contre-enquête : Haroun, tout comme Meursault, est arrêté, et il doit faire face non pas à un
procureur, mais à un colonel de l'AFN, qui lui demande non pas s'il croit en Dieu mais s'il croit à la
Révolution. Finalement, ce qu'il y a de plus émouvant dans Meursault, contre-enquête, c'est cette langue
que Daoud fait sienne, pas le français des colons, mais un français rêvé, celui de la littérature, de la liberté,
de la justice. Comme le dit son porte-parole, Haroun, ce n'est ni un néo-colonialisme, ni une nostalgie.
Vous l'aurez compris, Meursault, contre-enquête est LE livre polémique à lire absolument !
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Catégorie "Classe hors Goncourt"
Le 5e prix est attribué à :
Herwin LUMINI
Elève en Term. L au lycée Institution St-Malo La Providence à Saint-Malo
Pour Tristesse de la terre d’Éric VUILLARD
La vérité toute nue
Buffalo Bill. Un nom qui, à lui tout seul, évoque l'Ouest Sauvage et sa conquête, le Far West, le
cow-boy américain par excellence. Un nom qui, à lui seul, symbolise une époque. Un nom qui
n'est même pas celui de l'homme qui le porte.
Tristesse de la terre nous raconte plus d'une seule histoire. De prime abord, c'est celle de la
naissance du spectacle de masse avec le Wild West Show de Buffalo Bill, simple employé de chemin de fer
destiné à devenir une légende. Tout commence en 1883 : une mise en scène grandiose, une machine à
divertir itinérante qui bientôt captive les foules de l'Amérique à l'Europe, de New York à Paris en passant
par la Lorraine, une révolution dans l'art du divertissement qui sans cesse redouble d'innovation. Mais
lorsque cette innovation mène à exhiber des Indiens dans le Show pour le plaisir du public, on voit surgir
un autre récit adroitement mêlé au premier : celui d'un peuple et de son agonie.
Avec ce livre, Éric Vuillard déchire le voile plus qu'il ne le lève, sur la véritable histoire de la
Conquête de l'Ouest, un génocide trop souvent oublié au profit des bataille fantasques et trépidantes entre
Cow-boys et Indiens, qui ont fait la renommée et la richesse du Wild West Show. Loin d'être de simples
voisins dans l'Histoire Américaine, le spectacle de masse et le massacre des Indiens sont des frères, dont on
a souvent peine à croire le lien de parenté. Ce lien, Vuillard le met avec brio en pleine lumière. Souvent, et
dès les premières pages, il parle de ces vestiges de la civilisation Indienne arrachés à leurs morts et à leur
Terre pour être exposés aux yeux des curieux contre quelques sous. Parmi ces vestiges, des hommes. Et
alors même que continuent les tueries dans lesquelles leur peuple disparaît peu à peu, Buffalo Bill engage
certains des Indiens survivants dans le Wild West Show. Pour subsister, ils sont condamnés à rejouer sur
scène encore et encore des reconstitutions de leur propre génocide, des batailles fictives au dénouement
parfois falsifié où les Rangers affrontent les Indiens et remportent héroïquement des victoires qui jamais
n'ont été réelles.
Plus d'un siècle après ces années 1880, l'auteur braque un projecteur sur le massacre des Indiens
(occulté à l'époque par le Wild West Show qui racontait une tout autre histoire) ; il nous fait écouter les cris
de douleur de tout un peuple, des cris qui s'étaient perdus dans les hurlements de la foule hystérique venue
pour le spectacle.
En 160 pages, Eric Vuillard nous montre le sang derrière les paillettes, l'Histoire derrière la légende,
William Cody derrière Buffalo Bill. Un homme, à qui a échappé son propre personnage. On peine à
reprocher à ce livre le récit d'un massacre sordide qu'on appellera plus tard une bataille, celle de Wounded
Knee, ou encore les détails du mépris dont ont fait l’objet les corps des Indiens après avoir été dépouillés,
quand l'objectif est bel et bien, non plus de nous émerveiller, mais de nous révéler ce qui trop longtemps a
été passé sous silence – une vérité peut-être pas si facile à entendre.
Oui, cette histoire, c'est celle de la Vérité toute nue, débarrassée de la somptueuse et si lourde robe
de l'héroïsme, du politiquement correct, du happy end lucratif. Ainsi dévêtue, on la découvre laide, mais
c'est avec un intérêt certain, que pour la première fois nous la voyons vraiment. C'est aussi l'histoire de
Buffalo Bill, ou plutôt de William Cody, qui fut peut-être parmi les tout premiers à découvrir que le
spectacle est également un monstre, une créature à l'appétit insatiable qui dévore ses propres enfants.
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Les critiques primées
dans les classes
« Goncourt »
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Catégorie "Classe Goncourt"
Le 1er prix est attribué à :
Lauriane ESTHER
Elève en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse
Pour Pas pleurer de Lydie SALVAYRE
Guerre-Massacres-Séparation-Lâcheté mais surtout... PAS PLEURER
Toute son enfance, Lydie Salvayre a entendu sa mère raconter sa jeunesse, l'Espagne et le fameux
été 36. Mais c’est seulement après avoir lu « Les grands cimetières sous la lune » de G. Bernanos
que l'histoire de sa mère Montse prend une autre dimension, elle s'inscrit dans l'Histoire. Montse
devient alors le témoin des événements de l'été 1936, dans une Espagne déchirée entre
communisme, anarchisme et franquisme.
Il a suffit d'une phrase « Vous êtes bien modeste », prononcée par un riche propriétaire terrien pour
que Montse, 15 ans, devienne une « mauvaise pauvre », c'est-à-dire « une pauvre qui ouvre sa gueule ». Il a
suffit que son frère rentre de Lérida, commune autogérée, des idées libertaires plein la tête, pour que
Montse se laisse entraîner et découvre Barcelone, le luxe, le plaisir et la liberté.
A ce récit plein de vie, l’auteur mêle un récit beaucoup plus sombre. C'est celui de Georges Bernanos.
En 1936, l'écrivain catholique, monarchiste, dont le fils est phalangiste, est le témoin des atrocités
commises par les Franquistes avec le consentement de l'église espagnole.
Comme il le dit lui-même, « il y a quelque chose de mille fois pire que la férocité des brutes, c'est la férocité
des lâches ». Alors, malgré les conséquences possibles, il va témoigner de ce qu'il voit dans un ouvrage
« Les grands cimetières sous la lune ».
La dichotomie entre les deux récits qui s'entremêlent, l'un pessimiste, l'autre scolaire, donne du
rythme au récit. Cette opposition, on la retrouve souvent dans les romans de Lydie Salvayre, elle l'explique
dans l'émission « l'humeur vagabonde » sur France Inter, comme étant l'expression d'une vision de
l'Espagne à la fois comique et tragique. Vision que l'on retrouve d'ailleurs dans la littérature espagnole, à
travers les personnages de Sancho Panza et de Don Quichotte.
Néanmoins, la prose employée pour le récit de Bernanos peut nous paraître un peu trop classique et
lassante. Par opposition, la prose de Montse est vivante et donne du dynamisme au récit . En effet, la mère
de la narratrice, espagnole exilée en France, s'exprime en Fragnol, un mélange hybride de français et
d'espagnol. Cette langue, sa fille en a longtemps eu honte. Mais elle a, à présent, une autre vision de ce
langage, comme elle l'exprime dans l'émission « La grande Librairie », le 30 octobre dernier, « loin
d'abîmer le français […] cette langue, elle (Montse) l'oxygène, la poétise, elle l'érotise, elle la rend
inventive. »
il en résulte des phrases drôles et savoureuses pour le plus grand bonheur du lecteur !
L'écrivaine nous livre un roman avant tout historique, qui nous permet de découvrir des événements
méconnus de la guerre d'Espagne. Son originalité est de nous donner deux versions des faits. L'une, celle de
Bernanos, est académique, classique. L'autre version touchera les jeunes lecteurs, car il s'agit de la vision
d'une adolescente de quinze ans qui ne s'intéresse pas à la politique, qui n'est pas une héroïne et qui pose
un regard sur la jeunesse catalane à laquelle pourront s'identifier tous les lycéens.
A travers ce livre, Lydie Salvayre et sa mère nous donnent une magnifique leçon de vie : quels que
soient les épreuves, les douleurs, les mauvais coups du sort, il faut continuer à avancer, se montrer
courageux et surtout... pas pleurer !
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Catégorie "Classe Goncourt"
Le 2e prix est attribué à :
Clara SANCHEZ
Elève en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse
Pour Constellation d'Adrien BOSC
Des étoiles qui n'ont pas brillé de la même façon
Il y a 65 ans, le 27 octobre 1949 à 20h06, le « constellation F-BAZN », qui assure la liaison entre
Paris et New York, décolle avec à son bord 48 personnes. Quelques heures plus tard, l'avion
s'écrase... Il n'y a aucun survivant. Le 1 er novembre, l'accident fait la une de tous les journaux, en
ce jour de fête des morts, on lit partout que la célèbre violoniste Ginette neveu et le boxeur Marcel
Cerdan ont péri dans ce crash.
C'est l'histoire que choisit de raconter Adrien Bosc dans son premier roman Constellation...
Constellation comme le nom de l'avion, mais peut-être aussi pour nous faire penser à 48 constellations à
présent éteintes.
Au fil des chapitres, nous pouvons apprendre à connaître les passagers, de l'histoire de Kay Kamen, le
créateur de la montre Mickey et des produits dérivés de Disney à celle du pilote Jean de la Noüe, nous
découvrons leur vie et événements qui les ont poussés à monter dans cet avion.
Enfin quelqu'un qui s'intéresse aux autres victimes, aux membres de l'équipage comme Charles Wolfer et
Camille Fidency, les co-pilotes.
Enfin, on parle des autres passagers : Hannah Abbott qui revenait de Syrie avec son mari, Joseph Aharon,
un avocat israélien de 45 ans ; Ernest Lowenstein qui se rendait à New-York, dans le but de se réconcilier
avec son ex-femme ; Amélie Ringler, la bobineuse de Mulhouse, dont le corps a été confondu avec celui de
Ginette Neveu, une « malédiction » selon l'auteur...
C'est un sujet osé pour l'auteur. Comment écrire un livre sur un événement qui s'est produit plus de
trente ans avant sa naissance ? Comment raconter la vie de personnes que l'on n'a pas connues ? Peut-être
en recherchant de vieux articles dans des magazines de 1949, comme Ironwood Daily Globe ; en contactant
le fils d'Ernest Lowenstein, ou en se rendant dans l'archipel des Açores, sur le Mont Rodondo pour
découvrir la plaque indiquant « lieu où est tombé, le 27 octobre 1949, un avion d'Air France, dans lequel a
péri l'ensemble des passagers. Donne-leur, Seigneur, le repose éternel... », comme nous explique Adrien
Bosc dans son roman.
Avec Constellation, le jeune auteur se démarque des autres nominés du Prix Goncourt des Lycéens,
car même si le destin du F-BAZN et de ses passagers est tragique, il choisit étonnamment de commencer
chaque chapitre par une citation « L'avion ! L'avion ! Qu'il monte dans les airs, qu'il plane sur les monts,
qu'il traverse les mers » (Guillaume Apollinaire, Poèmes retrouvés), puis mêle les péripéties du Lockheed
Constellation et l'histoire des passagers. Pour lui, c'est comme « écrire leur légende minuscule est offrir à
quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit ». Cette composition fait
que le récit est prenant et que l'on ne se lasse pas de le lire tout au long de ses 200 pages.
Grâce à Constellation, Adrien Bosc fait briller ces quarante-huit étoiles de façon égale.
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Catégorie "Classe Goncourt"
Le 3e prix est attribué à :
Cyprien MEYER
Élève en Seconde au lycée Bellevue à Toulouse
Pour Meursault, contre-enquête de Kamel DAOUD
N'y a-t'il pas un autre étranger ?
Il nous avait habitués à des nouvelles et des chroniques de presse dans lesquelles il critique le
pouvoir politique ainsi que la religion, qui, selon lui, étouffent l'Algérie. Kamel Daoud, 44 ans,
journaliste au quotidien d'Oran et amoureux de son pays, nous offre son premier roman
Meursault, contre-enquête. Quand on lui demande d'où lui vient l'idée d'un tel roman, Daoud indique que
c'est une façon de répondre à la question agaçante souvent posée par les Français : « Est-ce que Camus est à
vous ou est-ce qu'il est à nous ? » (Tous les passages entre guillemets sont les propos tenus par l'auteur dans
l'émission Bibliothèque Médicis, diffusée le 26 septembre dernier sur la chaîne Public Sénat).
Car Meursault, contre-enquête est écrit sur les traces de L’Étranger d'Albert Camus. L'étranger,
c'est Meursault. En 1942, il tue avec froideur et sous le soleil l'Arabe. Pour Kamel Daoud, il n'est pas
question de laisser la victime anonyme : « J'ai essayé un petit peu d'investir la brèche […] et de fabriquer du
sens à partir de ce petit défaut majeur dans l’Étranger de Camus. »
L'histoire de l'Arabe est racontée par son frère haroun. Attablé dans un bar, l'alcool coulant à flot,
dans le va-et-vient des serveurs, Haroun nous livre un déluge de paroles. Il s'exprime en français, cette
langue qu'il qualifie de libre et le lecteur qu'il tutoie est son confident.
Ainsi, Haroun donne à son frère un nom. Moussa, un physique, des émotions, une famille... une vie.
De cette amanière, Daoud rend hommage au peuple algérien anciennement colonisé, car dit-il : « Si on
connaît le nom, on reconnaît l’humanité ». Certes Haroun attribue une identité à Moussa, mais aussi, et
surtout, il est à la recherche de sa propre identité. Toute sa vie, Haroun a en effet dû endosser aux yeux de
sa mère le rôle de Moussa, le fils disparu. Il s'est aussi toujours senti loin de son pays, coincé par la religion
et le pouvoir. Il est étranger à sa vie et confie : « J'ai vécu comme une sorte de fantôme observant les vivants
s'agiter dans un bocal ». Même si la vengeance de Haroun était prévisible, Kamel Daoud a eu la délicatesse
de ne pas reproduire « le petit défaut majeur » de Camus.
Le personnage de Haroun est parfois ennuyeux, tellement il se complaît dans ses lamentations, cette
impression étant renforcée par l'écriture sous forme de monologue. Le tourment de Haroun, le tourment de
Daoud, le lecteur les ressent avec de nombreux retours désordonnés dans le passé, comme si le narrateur
s'égarait. Toutefois, en considérant son lecteur comme son interlocuteur, Haroun nous embarque avec lui
dans le récit. On est ancré dans la situation d'énonciation, le style est direct. Le discours argumentatif est si
bien mené que le narrateur pourrait obtenir notre approbation. On s'imagine alors attablé dans un bar,
l'alcool coulant à flot...
Avec Meursault, contre-enquête, Kamel Daoud réalise un véritable exploit. En donnant l'écho à
L’Étranger, il prolonge au fil du temps l’œuvre de Camus et sa réflexion sur l'absurde, la justice, l'homme,
ainsi que celle sur la France et l'Algérie aux passés partagés. Ce n'est pas souvent que l'on rencontre une
telle interconnexion entre deux littéraires et deux écrivains de générations différentes ! « A l'avenir,
L’Étranger et Meursault, contre-enquête se liront tel un diptyque », prédit Le Monde des Livres (28 juin
2014).
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Catégorie "Classe Goncourt"
Le 4e prix est attribué à :
Hugo LE BRIS
Élève en 1re S au lycée Fulgence Bienvenüe à Loudéac
Pour Constellation d’Adrien BOSC
Hasard ?
« Un concours infini de causes détermine le plus improbable des résultats. Quarante-huit personnes,
autant d’agents d’incertitudes englobés dans une série de raisons innombrables, le destin est
toujours une affaire de point de vue. Un avion modélisé dans lequel quarante-huit fragments d’histoires
forment un monde » (page 37). Cette citation pourrait à elle seule résumer ce roman.
Constellation, ou comment Adrien Bosc, dans ce premier roman, nous amène à lier ces quarante-huit
destins, ces histoires de vie opposées, certaines remplies de gloire, d’autres plus anonymes, mais qui n’en
demeurent pas moins captivantes. Comment un enchaînement de faits aussi insignifiants peut conduire à
une fatalité atroce. Dans le roman, Adrien Bosc s’attache à délier ces destins confondus.
Nous sommes le 27 octobre, le nouvel avion d’Air France, le F-BAZN autrement appelé le «
Constellation », lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Parmi eux,
Marcel Cerdan, le virtuose de la boxe, et Ginette Neveu, la virtuose du violon. Le 28 octobre, au large des
Açores, l’avion ne répond plus. Il est retrouvé carbonisé le lendemain matin, aucun survivant.
Dès les premiers chapitres, on comprend que l’histoire est narrée sous forme d’alternance, entre
déroulement du vol jusqu’au déroulement de l’enquête, mais un chapitre sur deux brosse le portrait d’un des
trente-sept passagers de l’avion, du plus connu Marcel Cerdan, à celui de ces bergers basques partis vivre
leur rêve américain. Il ne faut pas oublier les onze membres de l’équipage, parmi eux Jean de la Noüe,
ancien de l’aéronaval et pilote chevronné.
Ce roman entre fiction et réalité découle des nombreuses recherches documentaires de l’auteur qui est
lui-même archiviste. On sent au fil des pages que l’auteur s’est véritablement pris de passion, voire
d’obsession pour cette histoire. Adrien Bosc sentira même le besoin, soixante-quatre ans plus tard, de se
rendre sur les lieux du crash, afin de faire revivre dans son imagination ces quarante-huit hommes et
femmes, que le destin a rassemblés malgré leurs différences. Il pense aussi au fil des pages à ceux qui ont vu
leur destin lié à cette tragédie, en commençant par les trois personnes qui, de par le droit de priorité du
champion, ont vu leur billet annulé. Il évoque la célèbre chanteuse Edith Piaf, l’amante de Marcel Cerdan
qui a vu que son impatience de le revoir pouvait lui être tragique. Il parle de Margarête Froehemel, qui se
suicida à l’annonce de la mort de Ginette Neveu, son idole.
Dans ce roman, Adrien Bosc fait donc revivre ces personnages que le temps a oubliés, même si à force
de vouloir tout lier, tout analyser, Adrien Bosc a tendance à nous perdre, à faire intervenir peut-être trop
d’éléments. L’histoire n’en demeure pas moins captivante.
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Catégorie "Classe Goncourt"
Le 5e prix est attribué à :
Camille LEBOSSÉ
Élève en 1ère L, au lycée Sévigné à Cesson Sévigné
Pour Karpathia de Mathias MÉNÉGOZ
Bon pour une escapade pittoresque... en Transylvanie !
Karpathia : un roman-fleuve de exactement 697 pages, dont l'intrigue prend place en Transylvanie
et traite du meltingpot social de cette dernière au XIXe siècle. Il faut bien avouer qu'à la lecture de
cette description, ce premier roman de Mathias Ménégoz, scientifique de formation, n'est pas
particulièrement alléchant. Détrompez-vous, car les personnages complexes et attachants, les énigmes
haletantes et les nombreuses batailles aussi épiques que sanglantes font de Karpathia un véritable roman
d'aventure et vous feront oublier le nombre (assez conséquent, il faut bien l'avouer) de pages que vous aurez
à tourner.
L'intrigue du roman est la suivante : en 1833, Alexander Korvanyl, comte et capitaine dans l'armée
autrichienne, quitte ses fonctions pour rejoindre avec Cara, sa jeune épouse, son château de Transylvanie
depuis longtemps déserté par sa famille. Là-bas, il découvre un territoire peuplé de différentes ethnies, de
serfs qui ne parlent pas la même langue et n'ont pas les mêmes coutumes. Il devra faire face aux difficultés
liées à ces différences et aux terribles événements qu'elles vont engendrer, ainsi qu'à une mystérieuse
organisation dont le but est de l'éliminer.
Le style de Mathias Ménégoz, fluide comme de l'eau, simple mais truffé de métaphores et de
descriptions, procure à nous-autres lecteurs une lecture agréable et sans accroc. On y découvre les paysages
somptueux d'une région du monde méconnue où, encore aujourd'hui, on « croise plus de charrettes tirées
par des chevaux que de véhicules à moteur », dixit l'auteur lui-même. Il confie également que ce sont cette
beauté et l'aspect très singulier de la Transylvanie, découverts durant un voyage, qui l'ont fasciné et l'ont
poussé à faire évoluer le comte Korvanyl, Cara, les serfs Valaques, Magyars et Saxons, la belle Auranka et les
très nombreux personnages de son roman dans ce pays reculé. Cette fascination est traduite dans ses
descriptions : « La lumière s'accordait parfaitement avec le relief » ; « Ils pouvaient voir les vallées du lac,
les collines environnantes, et au-delà, toute l'étendue de la moitié nord des domaines, la partie la plus
sauvage et montueuse. »
Cependant, malgré tous ces éloges, il me faut aborder les (rares) points négatifs de Karpathia, car,
nous devons nous l'avouer, le récit parfait n'existe pas. Et de toute façon, comme l'a dit Einstein, tout est
relatif, la perfection est donc extrêmement subjective. Pour revenir à Karpathia, le récit souffre de
longueurs non négligeables. En effet, la première partie du livre, qui concerne la rencontre et le mariage
d'Alexander et Cara, ainsi que leur voyage vers la Transylvanie et leur installation au château, est beaucoup
moins trépidante que la deuxième, où tous les rouages de l'intrigue se mettent en place, et on se
surprendrait presque à vouloir sauter des passages (c'est mal!). De plus, la grande quantité de personnages,
aux noms transylvains pour certains imprononçables, nous perd un peu et nous oblige parfois à retourner
quelques pages en arrière pour nous rappeler l'identité dudit protagoniste.
Mais Karpathia reste, en somme, un excellent roman d'aventure et d'histoire, à l'intrigue singulière
et très bien menée. Avis aux courageux !
Pour clore cette critique, je vous propose une petite expérience exotique : essayez de lire à voix haute
le nom de la première compagnie de navigation créée sur le Danube en 1932, déniché dans le roman, parmi
de nombreux mots barbares : Donaudampfschiffarhtsgesellschaft. Bon courage !
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