N°170 - Laboratoire Lavergne. Biologie et pathologie médicales
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N°170 Décembre 2004 - 4,60 € À noter dès aujourd’hui sur vos agendas MISE AU POINT Aménorrhée, signe d’appel d’une pathologie haute en dehors de l’hyperprolactinémie Salon 15 GYNÉCOLOGIE e OBSTÉTRIQUE C. BRICAIRE, Paris C Intérêt du diagnostic L’intérêt du diagnostic d’une aménorrhée haute est double. Il permet tout d’abord de rechercher une pathologie tumorale hypothalamo-hypophysaire qui peut représenter une urgence chirurgicale par le risque de compression du chiasma optique. D’autre part, on pourra éviter la prescription de dosages hormonaux tous azimuts inutiles et onéreux, et aboutir rapidement, par quelques examens simples, à un diagnostic étiologique permettant la mise en route d’un traitement spécifique. Physiopathologie La fonction gonadotrope est complexe et nécessite pour sa réalisation adéquate l’intégrité anatomique et fonctionnelle de plusieurs niveaux : – l’hypophyse qui synthétise et secrète la FSH et la LH ; – l’hypothalamus qui génère la sécrétion pulsatile de GNRH ; la succession de phases d’accélération et de décélération de l’oscillateur à GNRH est déterminante pour le maintien de la cyclicité menstruelle ; – le tonus opioïde (neurones suprahypothalamiques à endorphine) qui contrôle la pulsatilité PRATIQUE 5e Édition de l’École d’Échographie Pratique L’aménorrhée, signe d’appel d’une insuffisance gonadotrope globale se caractérise par une sécrétion ovarienne estrogénique effondrée, associée à un taux normal ou bas des gonadotrophines FSH et LH. ette définition l’oppose aux : – aménorrhées d’origine ovarienne caractérisées par une hypersécrétion de gonadotrophines secondaire à une absence d’activité ovarienne, ellemême liée à une atteinte génétique ou acquise de la gonade ; – aux aménorrhées de cause utérovaginale constituées par des anomalies congénitales ou acquises du tractus génital empêchant la survenue de menstruations. de 2 es Rencontres d’Andrologie Pratique de la GNRH et sur lesquels interagissent environnement et facteurs psychologiques. 1res Rencontres Nouveau d’Oncologie Pratique La compréhension des mécanismes physiopathologiques de ces aménorrhées permet donc de les classer suivant les principales étiologies. Mercredi 9, Jeudi 10, Vendredi 11 mars 2005 PALAIS DES CONGRÈS DE PARIS - NIVEAU 2 PLACE DE LA PORTE MAILLOT - 75017 PARIS Aménorrhées hypophysaires Pour plus d’infos rendez-vous sur le site : www.gynecologie-pratique.com Le groupe est constitué pour l’essentiel par les tumeurs hypophysaires le plus souvent sécrétantes d’hormones polypeptidiques (ACTH, GH…). Aménorrhées hypothalamiques lésionnelles L’atteinte de la fonction gonadotrope est ici en rapport avec un processus lésionnel congénital ou acquis atteignant les centres hypo- thalamiques de la fonction gonadotrope. Aménorrhée hypothalamique fonctionnelle Ce type d’insuffisance gonadotrope relève d’une altération fonctionnelle de l’hypothalamus gonadotrope avec, dans ces cas, une modification de la pulsatilité de la commande hypothalamique par la GNRH. SOMMAIRE MISE AU POINT Aménorrhée, signe d’appel d’une pathologie haute n dehors de l’hyperprolactinémie . . . . . . . 1 C. BRICAIRE ANAPATH POUR LE GYNÉCOLOGUE Col utérin normal et remaniements sans rapport avec le virus HPV . . . . . . 1 L. ZÉRAT Avec cette première fiche, nous inaugurons une nouvelle rubrique consacrée aux liens étroits entre la gynécologie et l’anatomopathologie. Laurent Zérat nous a fait l’amitié d’en accepter la responsabilité. Son expérience incomparable dans le domaine de la gynécologie et de la sénologie, son niveau d’expertise, son goût pour la pédagogie, permettront à nos lecteurs de mieux comprendre les enjeux de cette discipline jumelle de la nôtre. ANAPATH POUR LE GYNÉCOLOGUE Daniel Zarca Col utérin normal et remaniements sans rapport avec le virus HPV : aspects cytologiques et histologiques VIRUS ET GROSSESSE Human T Lymphotropic virus et grossesse . . . . . . . . . . . . . 6 C. GAY, H. JACQUIN, L. MADOZ, C. MOUGIN REVUE DE PRESSE EN CANCÉROLOGIE . . . . . . . . . 6 CAS CLINIQUE Piège en sénologie (12) . . . . . . . . . 9 P. DAVID PROFESSION Prévention du risque médico-légal des paralysies obstétricales du plexus brachial (2e partie) . . . . . . . . . . . 10 J.-P. CHEMLA L. ZERAT, Laboratoire Lavergne, Paris Le col normal La muqueuse exocervicale Recouvrant l’exocol, la muqueuse exocervicale est revêtue par un épithélium malpighien non kératinisant, comme, par exemple, l’épithélium œsophagien, la muqueuse anale ou encore une partie des cordes vocales. Cet épithélium qui tapisse les muqueuses est différent de la peau qui est recouverte par un épithélium malpighien kératinisant. La kératinisation d’une muqueuse exo- ACTUALITÉS cervicale correspond à une anomalie. Cet épithélium est constitué, en dehors de la ménopause, de 3 types de cellules malpighiennes (figures 1 à 3) : – les cellules basales, immatures, à la partie profonde de l’épithélium, de petite taille, ayant un rapport nucléo-cytoplasmique élevé ; – les cellules intermédiaires, plus en surface, de plus grande taille, avec un cytoplasme plus grand, chargé de glycogène ; – les cellules superficielles, à la surSuite page 4 Cellules malpighiennes superficielles Grandes cellules malpighiennes intermédiaires Le vaccin HPV à l’étude Lancement d’une étude française avec un vaccin tétravalent chez des femmes âgées de 24 à 45 ans . . . . . . . . . . 12 J. MONSONÉGO AVIS D’EXPERT Efficacité des différents tocolytiques . . . . . . . . . . . . . . . . 15 C. D’ERCOLE, F. BRETELLE, R. SHOJAI, R. DESBRIERE, L. BOUBLI SYMPOSIUM Petites cellules malpighiennes intermédiaires Cellules malpighiennes basales Figure 1. Épithélium malpighien normal. 1 N°170 - Décembre 2004 Les temps forts de l’ESHRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 J. GONZALÈS INFO LABO . . . . . . . . . . . . . . . . 19 ANAPATH POUR LE GYNÉCOLOGUE Col utérin normal et remaniements sans rapport avec le virus HPV : aspects cytologiques et histologiques Noyau d’une cellule intermédiaire : la référence Noyau de cellule superficielle : plus petit et rétracté car en pycnose Suite de la page 1 face de l’épithélium, de plus grande taille, présentant un noyau pycnotique, c’est-à-dire de petite taille et hyperchromatique, en rapport avec la lyse de la cellule. Cet épithélium se renouvelle rapidement. Les cellules évoluent depuis la cellule basale, immature, vers la cellule superficielle, mature, pour enfin desquamer. Ce cycle évolue avec le cycle menstruel : les estrogènes stimulent la prolifération et la différenciation des cellules basales en cellules intermédiaires et superficielles (en première partie du cycle). La progestérone stimule la sécrétion du glycogène et la desquamation des cellules superficielles (2e partie du cycle). Figure 3. Cellules malpighiennes : petites intermédiaires et basales. Le noyau a la même taille que le noyau d’une grande cellule intermédiaire. Le cytoplasme est moins abondant. Figure 4. Muqueuse glandulaire endocervicale. L’épithélium de revêtement et les recessus glandulaires sont revêtus de cellules cylindrique mucosécrétantes à noyaux régulièrement répartis à la base de la cellule. La muqueuse endocervicale (figures 4 et 5) Recouvrant le canal endocervical, la muqueuse endocervicale est revêtue par un épithélium cylindrique muco-sécrétant à noyaux régulièrement répartis à la base de la cellule. Le chorion contient des glandes endocervicales revêtues par le même type d’épithélium. La zone de jonction Dite squamo-cylindrique, la zone de jonction est la zone d’union entre l’épithélium malpighien et l’épithélium glandulaire. Cette zone peut remonter haut dans le canal endocervical ou encore s’extérioriser vers l’exocol qui devient donc revêtue par un épithélium cylindrique (c’est l’ectopie). C’est au niveau de la zone de jonction que naissent et se développent les lésions précancéreuses du col utérin d’où l’importance de prouver, sur un frottis, que cette zone ait bien été prélevée. Il est important de prouver que la zone de jonction a bien été prélevée lors du frottis. Le col quasiphysiologique est très fréquente et peut être assimilée à un phénomène quasi physiologique. Dans le col, la métaplasie malpighienne peut être assimilée à un phénomène quasi physiologique. Cytoplasme allongé Figure 7. Les cellules endocervicales en métaplasie malpighienne possèdent des caractères morphologiques des 2 types de cellules (malpighienne et cylindrique). Figure 8. Métaplasie malpighienne immature constituée par des cellules malpighiennes basales et petites intermédiaires dans les couches inférieures et par des cellules cylindriques glandulaires dans les couches superficielles. Les remaniements sans rapport avec le virus HPV d’une contamination de cellules vulvaires lors du prélèvement ou, beaucoup plus rarement, des doigts du gynécologue. Leucoplasie • L’orthokératose n’a rien de péjoratif. Atrophie, subatrophie Au cours de la ménopause, par exemple, la maturation glycogénique ne se fait plus. L’épithélium pourra être constitué uniquement ■ L’orthokératose n’a rien de péjoratif et lorsque des cellules orthokératosiques sont trouvées sur un frottis, elles proviennent Ce sont des phénomènes aboutissant à la réparation d’un épithélium après une destruction partielle (infection par exemple). L’épithélium sera constitué de cellules basales immatures au début et qui vont subir une maturation pour aboutir à un épithélium mature (figure 9). Ectropion L’ectropion est une extériorisation de la muqueuse glandulaire vers l’exocol, avec son épithélium de revêtement et ses glandes. Cette muqueuse glandulaire peut secon- de cellules basales (ménopause atrophique) ou de cellules basales et intermédiaires (ménopause subatrophique). Terme clinique désignant un aspect blanchâtre (plaque blanche). Cet aspect correspond histologiquement à une kératinisation de l’épithélium malpighien exocervical (kératose). On distingue l’orthokératose (amas de lamelles de kératine sans noyau, à la surface de la cellule) et la parakératose (amas de cellules kératinisées présentant un noyau hyperchromatique et siégeant à la surface de l’épithélium). Ectopie Glissement de l’épithélium cylindrique glandulaire vers l’exocol qui est alors revêtu par un épithélium cylindrique. Cet épithélium peut subir, secondairement, une métaplasie malpighienne mature ou immature. Figure 9. Régénération épithéliale. dairement subir une métaplasie malpighienne mature (ectropion métaplasique mature) ou immature (ectropion métaplasique immature). Réépithélialisation, régénération épithéliale Métaplasie malpighienne La métaplasie malpighienne est une transformation d’un épithélium cylindrique glandulaire en épithélium malpighien mature ou immature (figures 6 à 8). Dans le col, la métaplasie malpighienne Figure 6. Métaplasie malpighienne mature : transformation de l’épithélium cylindrique endocervical en épithélium malpighien métaplasique mature, constitué de cellules malpighiennes superficielles intermédiaires et basales. Figure 5. Cellules cylindriques endocervicales tapissent le canal endocervical et les recessus glandulaires. Métaplasie La métaplasie est une anomalie tissulaire acquise, résultant de la transformation d’un tissu normal en un autre tissu normal, de structure et de fonction différentes (lexique de l’association des enseignants d’anatomie pathologique). Muqueuse glandulaire Figure 2. Cellules malpighiennes superficielles et grandes intermédiaires. 4 N°170 - Décembre 2004 ■ La parakératose n’est pas une lésion précancéreuse, mais peut masquer une dysplasie sousjacente qui peut passer inaperçue sur le frottis dans la mesure où l’épaisse couche de kératine en surface de l’épithélium empêche le prélèvement correct de cellules malpighiennes intermédiaires. ■ La dyskératose est à classer à part car elle peut être associée à une pathologie virale HPV dans un bon nombre de cas. Elle sera détaillée dans un prochain article de cette rubrique.