Tumeurs_Malpighiennes_Cours (PDF, 360 Ko)
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Anatomie Pathologique DCEM 1 Lyon Sud– 2011-2012 Lauriane DEPAEPE TUMEURS EPITHELIALES MALPIGHIENNES 1. Rappels 1.1. Histologie standard des épithéliums malpighiens Où trouve t-on les épithéliums malpighiens normaux? - peau → épiderme - muqueuses : → TD : cavité buccale, pharynx, œsophage, canal anal → voies aériennes supérieures : moitié supérieure du larynx → OG (♀) : vagin, exocol (partie externe du col utérin) - cas particulier : épithélium transitionnel (urothélial) : forme particulière spécialisée des voies urinaires, adaptation à la distension. Epithélium malpighien = épithélium pavimenteux pluristratifié : => permet une résistance à l’abrasion Il est formé de plusieurs couches successives : - une couche de cellules basales : petites cellules cubiques basophiles → assure le renouvellement de l’épithélium. Ancrage à la membrane basale par hémidesmosomes. - plusieurs couches intermédiaires de cellules polygonales : cellules de plus grande taille avec un cytoplasme éosinophile bien limité (« en cadre »), un noyau arrondi, visibilité +/- nette d’ « épines » ou ponts d’union entre les cellules (système de jonction intercellulaire : desmosomes). - couches superficielles aplaties : diminution de la taille des cellules, desquamation. Aspect différent selon le type d’épithélium malpighien. Un épithélium malpighien peut être de deux types : o Kératinisé : uniquement au niveau de la peau (épiderme) : caractérisé par la présence d’une couche granuleuse en surface (1 à 3 assises de cellules, grains de kératohyaline basophiles dans leur cytoplasme) et une couche cornée (cellules « mortes » sans noyau composées de kératine mature). o Non kératinisé : au niveau des muqueuses : cellules claires en surface car sont chargées de glycogène. 1.2. Définitions 1.3. Classification générale Tumeur : prolifération cellulaire anormale qui n’est plus soumise aux mécanismes biologiques normaux de régulation et qui ressemble plus ou moins au tissu aux dépens duquel elle s’est développée. Tumeur bénigne : tumeur ayant une croissance limitée ne mutilant pas gravement le tissu dans lequel elle se développe et n’essaimant pas à distance. Elle ne compromet théoriquement pas la vie du malade. Tumeur maligne (cancer) : développement, en principe, illimité, détruisant l’organe aux dépens duquel elle est développée et possédant la faculté d’essaimer à distance. Elle peut entraîner la mort du malade en l’absence de traitement. Pour les épithéliums malpighiens : - bénin : papillome (peau, muqueuses, urothélium), condylome (sphère ano-génitale). - malin : carcinome épidermoïde (peau, muqueuses), carcinome urothélial (urothélium). (cas particulier de la peau : il existe deux type de carcinomes dérivant de l’épithélium malpighien : les carcinomes épidermoïdes et les carcinomes basocellulaires) 2. Tumeurs malpighiennes bénignes 2.1. Papillomes, condylomes siège : o papillome : peau, muqueuses, urothélium o condylome : cas particulier de la sphère ano-génitale, propagation par contact vénérien. Etiologie : virus HPV (papillomavirus), examen macroscopique : - caractéristiques communes aux tumeur bénignes : petite, bien limitée - tumeur exophytique le plus souvent, faisant saillie, aspect framboisé sur les muqueuses, « verrue » sur la peau, « crêtes de coq » pour les condylomes anogénitaux. (Cas particulier des condylomes du col utérins : forme plane) - unique ou multiples. Si multiple → papillomatose (laryngée, fosses nasales). examen microscopique : - caractéristiques communes aux tumeurs bénignes : tumeurs différenciées, ressemblant au tissu initial sans atypie cytologique, sans désorganisation architecturale majeure, sans infiltration. - exemple du papillome cutané (verrue = terme clinique macroscopique) association de trois caractères architecturaux : - hyperpapillomatose : hyperplasie épithéliale avec étirement des papilles dermiques. - hyperacanthose : hyperplasie des cellules situées dans les couches intermédiaires de l’épithélium. - hyperkératose: épaississement de la couche cornée. cytologie : - cellules d’aspect normal, sans atypie cytonucléaire, sans mitose anormale. - effet cytopathogène viral souvent discret dans les papillomes mais marqué dans les condylomes : présence de koïlocytes = cellule infectée par un virus du groupe HPV présentant des modifications morphologiques (taille augmentée, noyau charbonneux, binucléation, halo clair péri nucléaire). Absence d’infiltration : respect de la membrane basale évolution : - En principe commune aux caractéristiques des tumeurs bénignes : évolution lente, absence de récidive si exérèse chirurgicale complète. Pas de métastase. - Cas particuliers : - condylomes et certaines papillomatoses des voies aériennes et les papillomes vésicaux (transitionnels) constituent des lésions précancéreuses avec évolution possible vers une dysplasie puis un carcinome épidermoïde in situ puis infiltrant. séquence : dysplasie => carcinome épidermoïde in situ (absence de rupture de la membrane basale) puis infiltrant (rupture de la membrane basale). 3. Tumeurs malpighiennes malignes 3.1. Généralités Siège : - Au niveau des épithéliums malpighiens : peau et muqueuses - Cas particulier : carcinome malpighien développé dans une localisation où le revêtement de surface est théoriquement glandulaire : → il s’agit d’un carcinome développé sur une métaplasie malpighienne. Exemple : carcinome épidermoïde bronchique : tabac agression chronique de la muqueuse respiratoire normale qui est glandulaire avec cellules ciliées) métaplasie du revêtement de surface qui se transforme en revêtement malpighien (pluristartifié, meilleure résistance à l’agression chronique) dysplasie de ce revêtement malpighien qui devient anormal lorsque l’agression persiste carcinome épidermoïde. Les carcinomes épidermoïdes se développent sur lésions précancéreuses = DYSPLASIE, secondaire à une agression chronique de l’épithélium. Le type d’agression varie selon l’organe : - peau : liée aux UV → la lésion précancéreuse s’appelle alors dyskératose (ou kératose actinique) - muqueuses génitales : liée aux virus HPV - muqueuses ORL, bronchique : liée au tabac Séquence : dysplasie bas grade → dysplasie haut grade → carcinome in situ → carcinome infiltrant Exemple : col utérin : infestation par virus HPV oncogène : condylome simple → néoplasie intra-épithéliale de bas grade (= condylome avec dysplasie de bas grade) → néoplasie intra-épithéliale de haut grade ≈ carcinome in situ → carcinome épidermoïde infiltrant. Il existe deux types de carcinomes malpighiens : o Le carcinome épidermoïde : peau, muqueuses o Le carcinome basocellulaire : spécifique au revêtement cutané Au stade initial, les carcinomes sont dits « in situ » c'est-à-dire que la membrane basale est intacte, il n’y a donc pas d’infiltration du chorion ni de risque de métastase. Lorsque la tumeur est plus évoluée elle est dite « infiltrante » - infiltration des tissus voisins avec rupture de la membrane basale et stroma réaction (destruction de l’organe) - emboles vasculaires et risque de métastase 3.2. Carcinome épidermoïde infiltrant 3.2.1. Généralités sujet âgé peau, muqueuses 3.2.2. Examen macroscopique présentation assez monomorphe tumeur ulcéro-végétante, dure, infiltrée, mal limitée, saignant facilement, + / - zones de nécrose. Dans les VAS et les bronches : souvent responsable d’une sténose. 3.2.3. Examen microscopique signes de malignité : communs à tous les carcinomes infiltrants (mapighiens ou glandulaires) - désorganisation architecturale (ne ressemble que partiellement au tissu d’origine) - rupture de la membrane basale avec infiltration du tissu conjonctif sous-jacent (sauf carcinome in situ) - stroma réaction (sauf carcinome in situ) - cellules atypiques : inversion du rapport nucléo-cytoplasmique, noyau volumineux, nucléolé, anisocaryose, mitoses signes en faveur d’une origine malpighienne : - critères architecturaux : massifs, tarvées ou lobules développés aux dépens du revêtement de surface - cytologie : cellules ressemblant aux couches intermédiaires des l’épithélium malpighien cellules de grande taille cytoplasmes abondants bien limités en cadre, ponts d’union inter-cellulaires élaboration de kératine Différenciation : évaluée sur le degré de kératinisation de la tumeur : - carcinome épidermoïde bien différencié : kératinisation importante avec formation de globes cornés au sein des massifs tumoraux. - carcinome épidermoïde peu différencié : absence d’élaboration de kératine. 3.2.4. Evolution : extension locale puis dissémination à distance : métastases ganglionnaires, puis viscérales. 3.3. Carcinome basocellulaire infiltrant 3.3.1. Epidémiologie carcinome cutané le plus fréquent, survient chez les patients âgés siège : peau exposée (nez) → rôle des UVB 3.3.2. Examen macroscopique : Présence d’une perle épithéliomateuse caractéristique : nodule ou élevure translucide rosée avec télangiectasies. 3.3.3. Examen microscopique : Travées ou lobules de cellules de type basal (petites, basophiles ressemblant à la couche basale de l’épithélium, atypies peu marquées). En périphérie des massifs, cellules plus hautes se disposant en palissade. Pas ou peu de kératinisation. Massifs superficiels en connexion avec partie basale de l’épiderme (partie supérieure de l’épiderme normale) 3.3.4. Evolution malignité locale (envahissement par contiguïté) : pas de métastase ! 3.4. Compte rendu Le compte rendu d’un carcinome malpighien doit préciser pour l’évaluation du pronostic et la prise en charge: - son type histologique (carcinome épidermoïde, basocellulaire) - son caractère in situ ou infiltrant - si infiltrant : sa différenciation (selon le degré de kératinisation), la présence d’embole vasculaire (facteur de risque de dissémination), - les marges d’exérèse, - la classification TNM.