texte - CNDA

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texte - CNDA
Attitudes à adopter face aux personnes présentant des troubles mentaux.
Thierry LOTTIN.
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Tables des matières
TABLES DES MATIERES ................................................................................................................................... 1
ELEMENTS DE PSYCHOPATHOLOGIE : PRELIMINAIRES ...................................................................... 2
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ON NE PARLE PAS DE « MALADES MENTAUX »........................................................................................... 2
LA DIFFERENCE ENTRE LE NORMAL ET LE PATHOLOGIQUE. .................................................................... 2
GENESE ET DEVELOPPEMENT D’UN ETRE HUMAIN. .................................................................................. 2
DESCRIPTION DES DIFFERENTES STRUCTURATIONS DE LA PERSONNALITE ................................ 3
1.
LA PSYCHOSE .............................................................................................................................................. 3
La schizophrénie : ........................................................................................................................................... 4
La paranoïa : .................................................................................................................................................. 5
La maniaco-dépression ou trouble bipolaire .................................................................................................. 5
Autres .............................................................................................................................................................. 6
2. LA NEVROSE ............................................................................................................................................... 6
La névrose obsessionnelle ............................................................................................................................... 6
La névrose hystérique et phobique .................................................................................................................. 7
3. L’ETAT-LIMITE ........................................................................................................................................... 9
La dépression ................................................................................................................................................ 10
PISTES EN TERMES D’ATTITUDE A ADOPTER AVEC DES PERSONNES PRESENTANT DES
TROUBLES MENTAUX. .................................................................................................................................... 13
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Formation SAD 2010 – « attitudes face aux personnes présentant des troubles mentaux ? », Thierry LOTTIN,
CHS Clinique psychiatrique Notre Dame des Anges, 67, rue Emile Vandervelde, Liège, 4000. [email protected]
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Eléments de psychopathologie : préliminaires
Le modèle théorique qui fonde ces éléments vise à éclairer les suggestions qui sont
faites pour améliorer son comportement à l’égard de personnes présentant des troubles
mentaux.
 On ne parle pas de « malades mentaux ».
On préférera plutôt s’exprimer en termes d’une personne souffrant d’une
maladie mentale. Cette différence est importante car elle met en évidence que celui qui
en est atteint reste avant tout une personne, un être humain à part entière qui peut
rester l’acteur essentiel de sa vie malgré certaines limitations. Nous verrons d’ailleurs
que, parfois, souffrir d’une maladie mentale conduit à développer des ressources qui
peuvent donner lieu à des réalisations hors du commun.
 La différence entre le normal et le pathologique.
S’exprimer de la sorte sous-entend qu’il n’y a pas – sauf exception- de
différence qualitative entre un être « normal » et un être dit « anormal ». En effet,
quand on souffre d’une maladie, on n’est pas « autre » pour la cause. Il s’agit d’une
différence quantitative. A des degrés divers, nous souffrons tous, plus ou moins en
dehors de la norme, mais cette différence est avant tout une question d’intensité, de
durée et de moment. Nous traversons tous des instants de cafard plus ou moins intense.
Certains moments dépressifs sont suffisamment légers que pour ne pas entraver notre
vie quotidienne et par exemple nous empêcher de travailler. Mais personne n’est à
l’abri d’un cafard si intense que ce processus dépressif nécessite une hospitalisation
pour lui permettre de se dérouler dans de bonnes conditions et ainsi élaborer ce qui l’a
provoqué.
Pour un nombre très réduit de personnes, on peut parler d’une différence
qualitative mais cela suppose alors des individus dont le substrat organique est
sévèrement déficient. Par exemple, certaines démences ou la plus évoquée
actuellement, la maladie d’Alzheimer. Par analogie, c’est le hardware qui est touché,
pas le software.
 Genèse et développement d’un être humain.
Comprendre que la décompensation est à la portée de tout le monde suppose un
détour par la genèse et le développement d’un être humain.
Quand un enfant naît, il va très vite se constituer une carapace défensive destinée à le
protéger de la confrontation à des éléments de réalité douloureux. Par exemple, à la
naissance, le bébé quitte brutalement le monde fœtal qu’il connaît et doit de suite faire
face à une réalité nouvelle qui implique qu’il se mette à respirer, le milieu n’est plus
aqueux, il n’y a plus la chaleur et les rythmes du corps maternel, etc.
De manière métaphorique, Très tôt, l’être humain va se tisser un revêtement
destiné à le protéger des agressions de son milieu ambiant. Les pressions qui peuvent
l’assaillir vont tout autant provenir de l’intérieur de son organisme (par exemple, une
poussée hormonale) que de l’extérieur (un temps pluvieux, un interdit parental, une
dispute avec un congénère, etc.).
Chaque être humain va tisser cet habit protecteur à sa manière. Les coutures
qui le constitueront lui seront particulières. Toutefois, les habits obtenus, s’ils sont
toujours singuliers, peuvent dans leurs grandes lignes avoir une même forme ou se
ramener à quelques grandes catégories de protection défensive.
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Les similitudes retrouvées dans certains habits protecteurs vont permettre
d’identifier quelques types de vêtements que l’on peut ainsi décrire. Ces différentes
façons de se protéger correspondent aux catégories psychopathologiques que l’on a
mis en évidence et qui se rapportent donc d’abord chacune à une manière spécifique
de se défendre, de se protéger des agressions de la vie.
Description des différentes structurations de la personnalité
Chaque être humain fera en quelque sorte son choix entre trois grands types
d’habits protecteurs, trois structures défensives. Le choix s’opèrera en fonction de la
constitution génétique de la personne mais aussi en fonction des événements qui vont
survenir dans sa vie. Ce choix commence à s’opérer très tôt dans l’enfance d’un
individu, il se consolidera à l’adolescence pour définitivement se structurer à l’âge
adulte. Les trois façons dont disposent une être humain pour se forger, se tisser ce
qu’on appelle son Moi défensif sont : la psychose, la névrose et l’état-limite.
1. La psychose
Quand l’enfant rencontre des difficultés conséquentes entre la naissance et
l’âge de 2 à 3 ans, il va devoir d’emblée se constituer une enveloppe protectrice, se
tisser un vêtement très épais. Métaphoriquement, quand dès les premiers moments de
sa vie, l’enfant rencontre une situation comparable aux rigueurs de l’hiver, il va être
incité à se confectionner un vêtement épais susceptible de le protéger de ces rigueurs.
Cette manière spécifique de se protéger est identifiée sous le terme de psychose.
Elle se caractérise surtout par la capacité à se couper massivement des
stimulations douloureuses et frustrations en donnant la primauté à son imaginaire ou
ses représentations mentales au détriment de la réalité. De la sorte, certaines
représentations mentales (idées, pensées, croyances, opinions…) prennent le pas sur le
réel et sont considérées par la personne comme vraies, réelles. Schématiquement, on
considère que ces gens se défendent par le déni de la réalité.
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Cette structure de personnalité de type psychotique peut aussi se différencier en
divers types.
La schizophrénie :
Dans sa forme infantile qui peut survenir très tôt, on l’appelle plus
communément « l’autisme ». Elle peut aussi se déterminer plus tard à l’adolescence et
donner lieu à la schizophrénie (hébéphrénique).
A ce sujet, il est important de signaler que de plus en plus d’expériences tendent à
montrer le danger du cannabis chez certains adolescents en pleine construction psychique. Sa
consommation risquerait de conduire certains jeunes plus fragiles à se structurer
définitivement sur ce mode schizophrénique.
Cette façon de se protéger est massive car elle consiste à se retirer dans un
monde imaginaire en se coupant ainsi des frustrations du monde réel, mais de la sorte
le contact avec les contingences de la vie réelle est rompu également. C’est donc la
porte ouverte au délire sous forme d’hallucinations (entendre des voix par exemple) ou
de convictions délirantes. A remarquer que le monde imaginaire dans lequel la
personne schizophrène peut se réfugier n’est pas toujours idyllique. Il est souvent
source d’angoisses très intenses.
Les facteurs d’ordre constitutionnel ou génétique occuperaient une place
prépondérante dans ce type d’organisation de la personnalité. Il semble d’ailleurs que
la place de ces facteurs soit d’autant plus grande que la formation de cette enveloppe
protectrice survient tôt dans la vie. Dès lors, on comprend aussi que les médicaments
jouent un rôle plus conséquent chez ces personnes. Ceux dont on dispose sont repris
dans la catégorie des neuroleptiques qui ont d’une certaine manière un effet
d’inhibition ou de ralentissement de l’activité cérébrale ; ce qui expliquerait aussi pour
une part le fait que ces personnes dorment beaucoup.
Certaines personnes dites « schizophrènes » ont la qualité de leur défaut : par
exemple, dans le film « Rainman. », le personnage schizophrène se révèle
particulièrement doué sur le plan mnésique du fait de sa capacité à pouvoir concentrer
intensément son attention sur un élément au détriment de tout autre stimulus du réel.
Certains peuvent aussi vivre de manière suffisamment adaptée pour travailler ou avoir
une famille : un autre film peut l’illustrer : « Un homme d’exception ». On y voit un
homme schizophrène qui hallucine des personnages avec qui il dialogue mais cela ne
l’empêchera pas de se marier et de faire une brillante carrière universitaire.
Cependant, il est vrai que ces personnes schizophrènes se révèlent souvent
incapable d’assurer sa vie quotidienne sans une assistance chronique. Par exemple, ce
n’est pas qu’elle n’a pas la capacité de faire une vaisselle, simplement, cela ne fait pas
partie de son monde intérieur et de ce fait, elle n’investit pas cette activité. Elle peut
éventuellement se plier à le faire si quelqu’un en a l’initiative à sa place ou aider cette
dernière, mais ce sera à recommencer à chaque fois car elle n’est pas capable
d’intégrer les nécessités de la vie quotidienne. De la même manière, la compliance au
médicament est souvent de mauvaise qualité ; ils ont souvent besoin qu’on contrôle
pour eux leur prise de médicaments.
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La paranoïa :
On pourrait dire que cette façon de se protéger consiste à projeter sur le monde
extérieur ses démons intérieurs et à attribuer à d’autres que soi l’origine de sa
souffrance ou de ses difficultés. Il peut être plus vivable de considérer que ce que l’on
vit tient à une action d’une autre personne que soi-même ; on évite de cette manière un
sentiment de culpabilité par exemple.
A minima, il peut arriver à tout le monde de se « victimiser » : ce n’est pas ma
faute ce qui m’arrive, c’est … ». Mais quand cette façon de se protéger devient
systématique ou se fait au détriment de toute réalité, quand la personne investit toute
son énergie à surveiller les autres, quand il est en état d’alerte permanent comme s’il
déployait continuellement un radar à l’affût du moindre danger, alors elle s’est
constituée une enveloppe défensive de type paranoïaque. En cas de décompensation ou
de crise très sérieuse, la personne peut se croire persécutée à tort, et même se
construire tout un scénario délirant mais à la logique inébranlable car reposant sur des
prémisses fausses.
Ces personnes qui peuvent très facilement s’imaginer qu’on leur en veut ou
toute autre chose ont en fait besoin qu’on ne leur cache rien. Ce ne sera pas toujours
évident car leur méfiance habituelle peut mettre mal à l’aise et nous pousser à ne pas
tout dire ou montrer… On pourrait dire que de par cette façon de fonctionner, ils sont
comme Saint-Thomas : il faut qu’il touche pour le croire. Autrement dit, inutile de
chercher à les convaincre par le raisonnement, mieux vaut leur donner la possibilité de
« toucher » directement la réalité du fait. Par exemple, on pourrait être tenté de leur
dire une phrase du style «Vous pouvez me faire confiance. » ; en fait, ils ont plutôt
besoin d’entendre des répliques comme « je ne suis pas à l’abri d’une erreur. Vérifiez
bien s’il vous plaît… ».
La maniaco-dépression ou trouble bipolaire
Quand les personnes souffrent de cette psychose, elles peuvent passer très
facilement d’un état d’humeur euphorique à une humeur morose. Parfois, elles peuvent
rester dans la bonne humeur pendant plusieurs mois ou plus. Puis, sans raison
apparente, elles peuvent basculer brutalement dans un état de profonde dépression dite
mélancolique. Ces façons de se défendre se manifestent parfois autrement que dans
une humeur excessive. Par exemple, cela peut être quelqu’un qui ne dort plus et ne se
sent pas fatigué, perpétuellement en hyperactivité tout à coup, ou qui brutalement
décide de partir en voyage de manière tout à fait irréaliste ou sur un coup de tête
parfois délirant, etc.
Ces personnes peuvent se déprimer ou se réjouir à l’excès au point que cela
prend une allure délirante : par exemple, déprimer en ne croyant plus à la moindre
issue dans un désespoir délirant jusqu’à passer à l’acte suicidaire ; ou encore entrer
dans une euphorie excessive à la suite de la perte d’un proche jusqu’à par exemple
dépenser tout son argent sans se rendre compte des conséquences.
Il semblerait que cela tienne à leur incapacité à déprimer de manière normale
face à certains événements stressants. L’explication serait d’abord neurophysiologique
et l’efficacité de certains médicaments comme le lithium plaident dans ce sens. En
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effet, ce dernier pris régulièrement tendrait à diminuer l’intensité de ces cycles
d’humeur maniaques ou dépressifs, peut-être même à en réduire la fréquence.
Lorsqu’ils sont dans cet état, ces personnes ont tendance à ne plus prendre leurs
médicaments. Cette négligence ou ce refus sont souvent un signal d’alarme.
Autres
D’autres troubles psychotiques sont décrits mais ils sont moins fréquents et le
psychiatre les considère souvent comme un symptôme qu’on peut rattaché à un autre
ensemble. Ils seront souvent identifiés comme une manifestation de ce que le médecin
appelle une personnalité de type état-limite.
Par exemple, on peut citer un mode de décompensation qui survient
généralement chez des jeunes filles au cours de l’adolescence : la personne
boulimique-anorexique. C’est le fait de telle adolescente qui va se priver de nourriture
pour correspondre à l’image corporelle irréaliste qu’elle a d’elle-même. S’opposer à
son désir de maigrir encore et toujours plus ne l’empêche pas de poursuivre sa quête et
risquerait de rompre la relation ; mieux vaut donc maintenir la relation avec elle en
évitant le conflit et veiller à ce qu’elle soit aidée par un professionnel.
2. La névrose
Lorsque l’enfant sort de la relation duelle avec sa mère, le père va aussi tenir
une place plus importante. Vers trois, quatre ans, la relation va se trianguler et d’une
certaine manière, l’enfant va devoir apprendre à vivre dans cette relation à trois. Cela
n’est pas sans mal et beaucoup auront leur enveloppe défensive qui va se former de
manière caractéristique en fonction des difficultés rencontrées à cette époque.
La grande majorité des gens se sont structurés sur un mode névrotique. On
pourrait dire que la névrose est la norme en termes de dispositifs défensifs.
Pendant cette période angoissante où il découvre aussi la sexualité dans le
contexte des différences entre homme et femme, tout se passerait comme si l’enfant
cherche à éliminer son parent du même sexe considéré comme un rivale par rapport au
parent de l’autre sexe qu’il veut pour lui seul. Pour faire face aux angoisses liées à ce
conflit, il va tisser son armure protectrice selon certaines formes précises.
De la sorte, en cas de stress conséquent ou si la personne décompense, elle le fera
selon les grandes lignes liées à son système défensif névrotique.
Cette enveloppe protectrice peut aussi se construire de diverses manières. Nous
évoquerons surtout la forme obsessionnelle, la forme hystérique et la forme phobique
qui chacune donneront lieu à des manifestations comportementales différentes.
La névrose obsessionnelle
Pour bien comprendre comment l’enfant élabore ses défenses à cette époque
sur ce mode obsessionnel, il faut se rappeler que cet âge de 4 à 6 ans est aussi celui où
l’imaginaire de l’enfant travaille beaucoup. Son imagination l’aide à mieux
comprendre toutes les questions qui se posent à lui dans la découverte du monde qui
l’entoure. C’est l’époque du « pourquoi ? » et auquel parfois les parents lassés mettent
un point final par un « parce que ! ».
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L’enfant imagine et dans cet imaginaire, tout est possible, c’est un univers intérieur de
toute puissance magique qu’il va attribuer aussi au monde qui l’entoure pour trouver
des explications à toutes les énigmes qu’il découvre au jour le jour. Il aime qu’on lui
raconte des histoires. C’est le temps des comtes de fées où la magie tient une grande
place…
Ce détour permet de mieux comprendre le caractère irraisonné des
comportements dits obsessionnels que certains adultes vont utiliser pour se rassurer au
travers de rituels ou de compulsions dites obsessionnelles (les TOCs , les manies et
certains tics). Par exemple, dans les cas les plus invalidants, c’est le besoin de vérifier
vingt fois si la porte est bien fermée, ou de se laver les mains jusqu’au sang, ou encore
d’être obsédé par une pensée qui s’impose à lui sans parvenir à s’en défaire, ou de
demander l’heure sans cesse alors qu’il vient de le faire, etc. La personne ne peut
toutefois s’empêcher de répéter sans cesse ces comportements qu’elle sait pourtant
irrationnels; c’est plus fort qu’elle. Il est inutile de chercher à la raisonner, elle
s’efforce déjà elle-même de se raisonner mais sans plus de succès…
Cette façon de se défendre par la force de sa pensée est source de grande
souffrance et épuise ces personnes. Mais c’est moins pire que d’affronter ou vivre ce
qu’elle redoute et qui se cache derrière leur angoisse et qu’elle ne voit pas.
Que faire avec ces personnes? D’abord renoncer à les raisonner et respecter
leur comportement obsessionnel. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille devenir à
son tour obsessionnel, par exemple, en répondant à chaque fois à la demande de savoir
l’heure toutes les cinq minutes. Par contre, on peut leur donner l’heure mais en
exprimant simultanément ce qu’on ressent à le faire, en exprimant son besoin sousjacent et en lui demandant s’il peut faire quelque chose pour répondre à votre besoin :
« Je suis excédé d’avoir à vous donner l’heure toutes les minutes. J’ai besoin que vous
arrêtiez pendant au moins une demi-heure pour pouvoir mieux respirer avec vous… ».
La manière dont réagira la personne dépend de sa singularité évidemment. Mais peu
importe, l’essentiel est de retrouver quelques temps une certaine sérénité relationnelle
avec elle. Au plus elle supportera de se situer avec l’autre à un niveau émotionnel, au
plus elle prendra de la distance avec sa seule pensée pour de la sorte assouplir son
enveloppe défensive.
La névrose hystérique et phobique
Quand une personne a élaboré une enveloppe défensive de type hystérique, elle
en a fondé aussi les assises dans son enfance vers l’âge de 4 ou 5 ans. Mais à l’inverse
de la personne obsessionnelle qui surinvestit la pensée, il va s’agir d’un
surinvestissement du corps, des sensations et des émotions. Pour utiliser une
métaphore, tout se passe comme si l’enfant de 4 ou 5 ans recourait à toute sorte de
tentatives de séduction pour attirer l’attention, détourner l’attention sur elle ou un objet
proche d’elle au moment où surgit la peur. Ce sont des personnes qui vont se centrer
sur la relation à l’autre en s’appuyant sur son aspect affectif. Si dans la relation,
l’obsessionnel privilégie le « tête à tête », en s’appuyant sur la logique, en maintenant
la distance par sa froideur, l’hystérique est en relation dans un « corps à corps »,
faisant sans cesse référence à ses émotions, donnant parfois l’impression à son
interlocuteur d’être un comédien sur scène tant il est crucial pour lui de fasciner, de
capter l’attention de l’autre d’une manière très émotionnelle.
Ce sont donc souvent des gens qui donnent l’impression d’être hypersensible,
peureux ou s’emportant pour un rien, qui font des crises de nerfs ; bref, tout
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comportement qui par sa force théâtrale déplace l’attention de la menace perçue, toute
conduite qui distrait de ce qui angoisse pour mieux l’éviter.
L’évitement est ce qui caractérise le plus leur comportement défensif. Par
analogie, un psychiatre éthologiste liégeois2 comparait ce comportement hystérique à
celui d’une poule-faisane : si un renard s’approche de son nid, elle va passer devant lui
en feignant une aile blessée pour l’attirer vers elle et ainsi éviter le danger pour ses
jeunes restés dans le nid.
Les psychologues parlent du refoulement pour expliquer l’évitement,
exprimant par là le fait que la personne met un écran entre elle et la menace pour ne
plus le voir et ainsi ne plus vivre le danger ; en même temps cet écran est réalisé pour
capter l’attention tel un écran de cinéma. Que met la personne sur cet écran ? On
pourrait dire qu’elle y met ce qui passe précisément à portée d’elle en ces instants
angoissants au cours desquels se construit cette enveloppe défensive. Par exemple,
cela peut être un papillon, une souris, un oiseau, l’impression de tomber (qui se
transforme en vertige), une sensation d’étouffement (la peur de la foule ou dans un
ascenseur), etc. Bref, l’angoisse est détournée de l’objet originel pour être déplacée sur
autre chose plus supportable. On parle alors de phobie, c'est-à-dire une peur
irraisonnée qui porte sur un objet ou une situation précise.
Détourner l’attention se fait aussi autrement que par une réaction phobique. Par
exemple, la personne peut se mettre en scène et se retrouver emportée dans une crise
de tétanie ou de spasmophilie. Actuellement, et de plus en plus, le substrat sur lequel
vont reposer les crises dites « hystériques » est le symptôme de la fibromyalgie.3
Inconsciemment, elle fait agir son corps qui détourne l’attention. A y regarder de plus
près, le comportement mis en scène renseigne toujours un peu sur la menace réelle. On
l’observe moins, mais il y a trente ans, il arrivait encore de rencontrer un individu qui
perde la vue au sens propre du terme et se retrouve aveugle ou aveuglé
temporairement pour ne pas voir l’objet de menace. Il est aussi des expressions très
parlantes littéralement : quelqu’un qui « a les jambes coupées » et devient incapable de
marcher correctement tout le temps de la crise, cette personne qui se plaint d’en
« avoir plein le dos » et qui souffre effectivement du dos mais sans raison objectivable,
ou encore un tel venu consulter pour un acouphène et qui en fait avait à longueur de
journée sa mère qui lui « cassait les oreilles » disait-il…
Dans la réalité, tous ces comportements que nous épinglons sous un vocable
comme celui de la névrose hystérique peuvent se retrouver plus ou moins présent chez
chacun de nous. Même s’il est vrai que la fréquence et l’intensité de certains
comportements feront que l’on sera plutôt considérer comme un névrosé obsessionnel
ou un schizophrène par ex, il n’en reste pas moins que l’enveloppe défensive de
chacun est un peu faite de toutes ces façons de se défendre décrites jusqu’ici. Qui ne
souffre d’aucune phobie ? Qui n’a pas une petite manie obsessionnelle. Par exemple,
Que faire face à une personne présentant une attitude défensive dérangeante ?
A nouveau, reconnaître son besoin ou son incapacité à agir de la sorte est un
préliminaire. Par exemple, à quelqu’un qui ferait une crise de tétanie ou s’effraierait
avec une araignée, surtout ne pas lui dire d’arrêter son cinéma ou qu’elle exagère ; cela
2
Albert DEMARET, Ethologie et Psychiatrie, Dessart-Mardaga, Bruxelles, 1979.
Cela ne signifie pas que la tétanie ou la fibromyalgie n’existent pas en tant que maladie somatique mais il s’agit
de manifestations symptomatiques qui peuvent être inconsciemment récupérées par certaines personnes.
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ne l’inciterait qu’inconsciemment à augmenter l’intensité ou la force de son
théâtralisme.
Il ne s’agit pas non plus d’abonder dans son sens et de se retrouver soi-même
entrain de lui jouer une comédie, en faisant semblant d’avoir peur avec elle. Elle a
besoin d’être reconnue dans sa peur et en même temps, si elle se sent entourée, il
devient facile de la distraire. Par exemple, on peut lui proposer de réaliser avec nous
une activité simple et facile à faire ensemble comme faire une vaisselle. De la sorte,
elle peut retrouver son calme et en fait désinvestir un peu les émotions pour investir
alors progressivement la pensée et la réflexion sur ce qui se passe, ce qu’elle imagine
dans ces moments de panique qui l’assaillent.
3. L’état-limite
Le développement de l’enfant n’est pas aussi linéaire que pourrait le laisser croire la
description faite jusqu’ici de la construction d’une enveloppe défensive. En effet, une
bonne part de la population va hésiter dans leur développement infantile. Ces enfants vont
avancer puis reculer à plusieurs reprises pour finalement construire une enveloppe
défensive qui ne semble jamais terminée ou qui semble toujours en changement, jamais
fixée. Vers 4 ou 5 ans, quand l’enfant pourrait plutôt passer à une enveloppe aux formes
névrotiques, il peut hésiter ou régresser ou rester fixé à un stade plus archaïque. Il en
résulte toutefois une couleur et une forme défensive particulière même si elle peut selon
les moments ou les personnes prendre une coloration d’apparence plutôt névrotique ou
plutôt psychotique.
En fait, cet enfant ne parvient pas vraiment à accéder à une triangulation de la relation.
Il reste très attaché à la relation duelle qu’il forme avec sa mère de sorte qu’il va en rester
très dépendant. Contrairement à la personne névrosée, il ne parvient pas à se construire
dans la relation à trois. De ce fait, son assise narcissique ne peut se fonder sur le regard
qu’il porte sur lui-même. A la différence de l’enfant névrosé qui échappe à la boucle
fermée de la relation duelle par l’intervention d’un troisième personnage, il y reste
englué, incapable de se détacher du regard de sa mère. Rester accroché à la mère, il reste
dépendant de son regard pour fonder l’estime de soi. Il est continuellement en proie à des
angoisses de perdre sa mère, il a toujours peur d’être abandonné, de se retrouver seul. Il ne
se libère de ses angoisses qu’en se sentant entouré de regards « maternels » qui lui
renvoient une image positive de lui-même. Bref, il ne trouve de réassurance que sur un
mode narcissique, c'est-à-dire dans le miroir positif de lui-même que lui renvoient ses
semblables.
Plus que d’autres, il est très dépendant des événements survenant autour de lui qui
peuvent contribuer à le dévaloriser ou à le mettre au contact de sa solitude. Pour renforcer
son enveloppe défensive, il va, en quelque sorte selon les inspirations du moment, recourir
à des défenses plutôt psychotiques ou plutôt névrotiques pour faire face aux événements.
Ce sont souvent des gens insaisissables qui semblent chaotiques dans leurs façons d’être,
qui font preuve de beaucoup d’instabilité ou d’inconstance dans leurs relations, qui
semblent ne pas avoir de limites, etc.
Par exemple, il peut s’agir d’une personne qui va se mettre à délirer comme une
personne souffrant de schizophrénie. Mais cela ne dure pas et elle se récupère parfois très
vite, le moment de crise passé. On dira alors que cette personne a fait une bouffée
délirante.
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A noter que tout le monde à la capacité de délirer et personne n’est donc à l’abri de
faire une bouffée délirante. Il n’y pas besoin d’être construit sur un mode psychotique ou
état-limite pour cela. Par exemple, cette dame qui au sortir d’un accouchement fait ce que
l’on appelle un épisode de psychose post-partum : elle se met à délirer et perdre
complètement pied avec le réel pendant tout un temps à la naissance de son enfant. Que
s’est-il passé ? Beaucoup d’explications hypothétiques ont été formulées. En voici une qui
peut en même temps illustrer la problématique des personnes états-limites. Tout se
passerait comme si avec la naissance de l’enfant, la maman subirait en fait une perte
intense d’une part d’elle-même. Elle éviterait le processus dépressif naturel et nécessaire
pour faire face à toute perte en s’inventant, en imaginant une autre réalité plus soutenable
pour elle.
Tout le monde peut donc un jour décompenser, c'est-à-dire se retrouver face à un
événement qu’il vit comme insupportable pour lui et, après avoir intensifié au maximum
son système défensif, craquer et se retrouver complètement épuisé ou invalidé par
l’énergie que cela lui prend. Le cas du syndrome de stress post traumatique peut aussi
l’illustrer. A la suite d’un événement traumatisant, comme par exemple, être victime d’une
explosion de gaz ou d’un hold-up ou accidentée, la personne peut vivre la situation de
manière insoutenable et craquer en décompensant d’abord par un renforcement invalidant
de son système défensif habituel : cela se traduit par un envahissement effrayant du
souvenir du traumatisme et un évitement massif de tout ce qui le rappelle. Pour s’en
remettre, la personne devra traverser un processus dépressif naturel qui lui permettra de se
reconstruire dans cette nouvelle perception du monde qu’a engendré en elle l’événement
traumatisant.
Les personnes construites sur un mode état-limite sont plus sujettes à déprimer car
elles vont souvent traverser des pertes vécues comme insupportables. Elles ne peuvent
s’en défendre en s’appuyant sur un système défensif de qualité et sont plus sensibles que
d’autres à la perte.
Tous les gens sont amenés à traverser dans leur vie des processus dépressifs naturels
qui visent en fait à rétablir notre bien-être menacé. On parle souvent de « cafard » pour les
désigner communément ; ils durent peu de temps et ne réclament pas qu’on arrête ses
activités au quotidien. Le processus se déroule en sourdine, à l’insu de l’entourage et
parfois même sans que la personne en soit pleinement consciente. Beaucoup de personnes
hospitalisées en psychiatrie vivent en fait un moment dépressif salvateur mais
suffisamment intense que pour nécessiter toute l’énergie, le temps et l’attention de la
personne ; elles ne peuvent alors rien faire d’autre que déprimer pour se remettre du malêtre vécu.
Toutefois, il existe des dépressions au sens psychopathologique du terme. Il s’agit
alors de maladies, de déficiences de notre organisme qui nécessitent un traitement
psychiatrique (par exemple, la psychose maniaco-dépressive ou troubles bipolaires). On
pourrait considérer que dans ces cas, la déficience de l’organisme consiste à présenter des
perturbations dans le processus naturel de dépression.
La dépression
Dans ce modèle théorique proposé, lorsqu’une personne craque, on considère donc
qu’elle cesse enfin d’intensifier son système défensif pour finalement lâcher prise et se laisser
aller dans la dépression salvatrice.
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A ce titre, précisons d’emblée qu’il vaudrait mieux dire « Processus Dépressif », car
comme nous allons le voir, il s’agit d’un phénomène dynamique et utile.
Changement
Mal-être
Processus Dépressif = Tremplin
Pour bien comprendre le processus dépressif, nous vous proposons de cette analogie
avec la grippe.
Si nous sommes contaminés par le virus de la grippe, nous allons, pendant un certain
temps, poursuivre nos activités ordinaires, sans nous rendre compte de rien. Pourtant c’est à
ce moment que nous sommes malades ≈ Si une personne est mal dans sa peau depuis
longtemps, elle a « pris l’habitude de vivre comme ça », recourrant à son enveloppe défensive
vaille que vaille pour ne pas sentir son mal-être, pourtant elle est « malade »
Le mal-être préexiste, même si la personne ne le sent pas.
Petit à petit, le virus de la grippe va gagner du terrain, nous allons commencer à ressentir
les premiers symptômes. Cependant nous allons encore nous « accrocher » et poursuivre nos
activités, quitte à prendre un peu d’aspirine pour « tenir le coup » ≈ Petit à petit, le mal-être
sous-jacent va devenir plus important, la personne va poursuivre sa vie « normalement » en
intensifiant ses défenses (par ex en accentuant son rituel de lavage des mains) ou en prenant
des médicaments.
Nos forces commencent à faiblir, nous tentons de tenir le coup, mais nous commençons à
ressentir le mal.
Toutefois, à un moment donné, notre corps réagira à l’attaque du virus et, pour se
défendre, provoquera les symptômes de la maladie (fièvre, douleurs, …), nous obligeant à
garder le lit pour nous refaire des forces et fabriquer des antivirus. C’est le début de la
guérison ≈ De la même façon, à un moment donné, l’enveloppe défensive de la personne
craque et elle se déprime. Elle est obligée d’arrêter ses activités. En dehors de son mal-être,
plus rien ne l’intéresse. Elle commence à se poser des questions sur ce qui l’a amenée là, sur
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les problèmes qu’elle rencontre et les solutions qu’elle pourrait y apporter. C’est le début de
la guérison.
La dépression, comme la fièvre constitue la défense de l’organisme pour nous obliger à
arrêter nos activités ordinaires et à prendre soin de nous.
Si nous nous rétablissons de la grippe, il nous faudra une période de convalescence pendant
laquelle notre corps va se « refaire des forces » ≈ Lorsqu’une personne sort de son processus
dépressif, elle se refait des forces psychiques qui lui permettent de rebondir dans sa vie et
dépasser ce moment de crise.
Quand nous sommes entièrement rétablis, nous ne revenons pas au même niveau
qu’avant la maladie. En effet, nous avons acquis « un plus » puisque nous sommes
immunisés. ≈ De même, après un processus dépressif, les personnes ont acquis « un plus » :
une meilleure connaissance de soi et de leurs ressources. Ces personnes ont changé et
amélioré la qualité de leur enveloppe protectrice.
Que faire face à quelqu’un qui déprime ?
Pas de panique ! Inutile de l’en empêcher ; ce n’est que retarder l’échéance. Mieux
vaut l’encourager à déprimer, l’encadrer de notre protection et de notre affection et lui faire
confiance pour négocier à son avantage ce moment pénible à vivre. Ce n’est donc pas le
moment de lui demander un coup de main, par exemple une aide dans le ménage, car toute
son énergie est mobilisée ailleurs à l’intérieur de lui pour parvenir à traverser ce mal-être à
l’origine du mouvement dépressif. Si au bout d’un temps, elle ne semble pas y parvenir seule,
on peut lui proposer de consulter un spécialiste pour l’aider.
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Pistes en termes d’attitude à adopter avec des personnes présentant des
troubles mentaux.
Pour aborder ces pistes, nous proposons de faire le détour par un modèle théorique à
propos des relations : le triangle relationnel. Cette notion (tirée du « triangle dramatique »
telle que développée en analyse transactionnelle4) .permet d’aborder les difficultés répétées
dans lesquelles nous tombons tous régulièrement dans nos relations.
La façon dont nous entrons et entretenons des relations peut se résumer par ce triangle
relationnel. Chacune de ses pointes désignent une fonction, un rôle que nous tenons face à une
autre personne. Par analogie, notre vie est à l’image d’une pièce de théâtre dans laquelle nous
donnons la réplique à d’autres et de jour en jour, de soirée en soirée, nous répétons les mêmes
conduites et réactions face aux autres comédiens. Ces rôles peuvent se ramener aux trois
positions du triangle. Selon le type de pièce, nous serons plutôt dans une comédie ou un
drame.
Les relations sont vitales pour nous assurer la dose de contacts affectifs que nous
pouvons tirer de nos échanges avec les autres. Lorsque nous trouvons l’affection nécessaire
dans des contacts avec lesquels nous nous faisons du tort, nous jouons en quelque sorte des
drames : c’est le triangle dramatique. A l’inverse, si nous parvenons à trouver des échanges
nourrissants à partir de relations qui nous font du bien, nous sommes dans un triangle à
rapprocher de la comédie.
Tableau I. triangle dramatique – triangle comédique.
Sauveur
Nourrissant
Peur
Peur
Tristesse
Tristesse
victime
Colère
Persécuteur
Joie
Colère
Responsable
Protecteur
Dans le drame, ces positions sont occupées tour à tour et de manière rigide. Elles
peuvent s’identifier aux comportements et aux émotions ressenties, maladroitement utilisées
et contre lesquelles la personne lutte:
 Victime : il pleure, se plaint, se culpabilise, baisse la tête, dit : « je suis bon à rien ;
juste capable de me saouler… », etc. La tristesse y prédomine
 Persécuteur : il vocifère, menace, punit, frappe, pointe du doigt, dit : « Tu
m’exaspères ; c’est toujours pareil avec toi ! », etc. La colère l’envahit et le déborde de
toutes parts.
Karpman S. B., Contes de fées et analyse dramatique du scénario, Revue d’ Actualités en
Analyse Transactionnelle, 1979, vol 3, n°9, p 7 - 11.
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 Sauveur : il promet son aide, sait tout et tout faire, toujours prêt à sauver, court
partout, dit : « C’est la dernière fois que je t’aide… ». Il lutte contre la peur d’échouer
qui l’étreint.
Dans ces relations dramatiques, les scènes se terminent mal. On y éprouve des
sentiments déplaisants et on se conforte dans des croyances qui ramènent à de nouveaux
drames destructeurs : « C’est toujours la même chose. Il promet de ne plus boire puis
recommence… Les gens ne sont pas dignes de confiance… Pourquoi personne ne m’aime ?...
A quoi ça sert de vivre ?... ».
Dans le triangle « comédique » (ou thérapeutique), ces positions sont utilisées quasi
simultanément par chacun dans la relation, de sorte que ces positions se modifient pour faire
place à d’autres conduites sous-tendues par une utilisation adéquate des émotions ressenties :
 Responsable : il ressent sa tristesse pour l’exprimer à l’autre, pleure en demandant
réconfort, dit : « J’ai besoin d’affection ; serre-moi dans tes bras, svp. », etc.
 Protecteur : il met des limites fermes avec toute son énergie colérique, a les pieds
bien ancrés au sol, dit : « Non ! Je t’aime et c’est non ! », etc.
 Nourrissant : il sent sa peur pour s’assurer de ses capacités, encourage, félicite,
réconforte, remercie il dit : « Je te fais confiance pour te soigner. », etc.
Ces relations « comédiques » s’accompagnent d’émotions ressenties sans pression,
bien canalisées. Elles nous poussent à réagir de manière adéquate à ce qui les a stimulés Les
échanges se terminent avec un sentiment de satisfaction, une émotion de joie qui entraîne à
poursuivre dans cette direction constructrice et renforce des croyances sur soi et le monde :
« Je suis content de moi… Je peux leur faire confiance…Je dois faire attention là…Les gens
sont bons en général… ».
Eviter de tomber autant que possible dans ce triangle dramatique n’est pas chose aisée.
L’être humain parfait devrait alors utiliser ses émotions dès qu’il les ressent, être conscient
des besoins auxquels elles renvoient et y réagir en conséquence et ce, en s’appuyant sur une
confiance en soi et dans le monde inébranlable… Chez les personnes présentant des troubles
mentaux et en souffrance, le triangle dramatique est leur terrain de prédilection pour la scène
relationnelle. Savoir déjouer le drame et emmener l’autre sur le terrain plus agréable de la
comédie n’est pas chose aisée…
Comment faire au mieux ?
Des exercices sous forme de jeux de rôles permettent de mieux se rendre compte de la
difficulté et donnent des pistes, particulières pour chacun, pour améliorer sa capacité à se
situer dans le triangle « comédique ».
Voici quelques éléments-clés glanés dans la pratique des jeux de rôle :
 Il est impossible de ne pas juger les comportements de l’autre. Nous savons
intuitivement qu’il vaut mieux s’abstenir d’exprimer un jugement. L’idéal pour y
parvenir est de se maintenir dans une attitude de curiosité bienveillante et d’intérêt
pour comprendre ce comportement ; ce qui revient à respecter l’autre dans son
système défensif et sa différence.
 Identifier son propre ressenti et son émotion face à la conduite de l’autre et autant que
possible le lui exprimer.
 Exprimer son besoin sous-jacent à ce qu’on ressent dans l’interaction et demander la
contribution de l’autre à la satisfaction de son besoin.
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

Réagir en termes de « Je » impliquant et responsabilisant plutôt qu’en termes d’un
« tu » tuant et jugeant !
Parler de son impression personnelle (qui est toujours bien réelle pour soi mais pas
nécessairement pour l’autre) plutôt que d’une vérité qu’on détiendrait.
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