livret d`accompagnement au dossier pédagogique

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livret d`accompagnement au dossier pédagogique
LIVRET D’ACCOMPAGNEMENT AU
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
A destination des enseignants
CHRONOLOGIE DU CAMP DE ROYALLIEU
1913
Construction des casernes
Mars 1914
Installation du 54ème régiment d’infanterie
Août 1914- juin 1918
Hôpital militaire temporaire n° 16
1919-1939
Caserne militaire
Octobre 1939
Hôpital militaire (HOE2 n° 7)
Mai 1940
Evacuation de l’hôpital militaire. Le camp accueille des réfugiés
civils
Juin 1940
Les Allemands réquisitionnent une partie de camp pour y
rassembler des prisonniers de guerre français et anglais
(Frontstalag 170 KN 654)
Décembre 1940
Le Frontstalag 170 KN 654 cesse ses activités. Les prisonniers de
guerre sont transférés en Allemagne
22 juin 1941
Le camp de Royallieu devient le Frontstalag 122 destiné à
l’internement des « ennemis actifs du Reich ». Royallieu est alors
le seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande.
27 mars 1942 - 17 Août
1944
28 convois, soit plus de 40000 personnes sont déportées de
Royallieu vers les camps nazis
Septembre 1944
Libération de Compiègne et du camp de Royallieu
1945 - 1997
Caserne militaire
23 février 2008
Ouverture du Mémorial de l’Internement et de la Déportation
RENSEIGNEMENTS PRATIQUES
Mémorial
De l’internement
Et de la déportation
Camp de Royallieu
2 bis avenue des Martyrs
de la liberté
60200 Compiègne
Service éducatif :
Pascal PETEL –
Anne LEHODEY
tél : +33(0)3 44 96 37 07
fax : + 33(0)3 44 96 37 09
[email protected]
www.memorial-compiegne.fr
2
LE FRONTSTALAG 122
Vue aérienne de la caserne, 1938.
Le camp de Royallieu est à l’origine une caserne militaire construite en 1913
dans ce qui était alors un faubourg situé au sud de Compiègne.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il fut utilisé par l’occupant allemand
d’abord comme camp de prisonniers de guerre entre juin et décembre 1940,
puis, à partir de juin 1941, comme camp d’internement destiné aux « ennemis
actifs du Reich » et comme camp de rassemblement et de transit pour les
personnes en attente de déportation vers les camps de concentration nazis.
En France, le camp de Royallieu est, entre 1941 et 1944, le deuxième en
importance après le camp de Drancy. Dès son origine, le camp de Royallieu est
placé sous l’administration directe de la Wehrmacht et il est le seul dans ce cas
en France jusqu’en juillet 1943, date à laquelle les Allemands se chargent
également de la direction du camp de Drancy initialement géré par les autorités
et la police françaises.
L’histoire du camp de Royallieu s’inscrit au cœur de la politique allemande de
répression et de persécution. Essentiellement des politiques et des résistants,
les internés ont d’abord été arrêtés comme otages. Puis, quand la politique de
répression conduite par les Allemands en France se radicalise au début de
3
l’année 1942, les déportations à l’Est commencent. Ce sont des Juifs, désignés
par les Allemands comme « Judéo-bolcheviks » et déportés en tant qu’otages,
qui forment les deux premiers convois partis de France depuis la gare de
Compiègne en mars et juin 1942.
Mais au moment où ces derniers quittent Compiègne, la mise en œuvre de la
« Solution finale » commence en Europe. C’est donc également aux prémices de
l’extermination des Juifs de France que participe le camp de Royallieu.
En 1943, et plus encore en 1944, le rythme des départs en déportation
s’accélère. La déportation se substitue aux exécutions massives d’otages comme
principale mesure de répression. Ce ne sont plus des Juifs qui partent de
Compiègne (ceux-ci sont désormais transférés vers les camps d’extermination,
essentiellement depuis Drancy), mais des politiques et surtout des résistants
destinés aux travaux forcés dans les camps de concentration du Reich.
Au total, 28 grands convois sont partis de Compiègne emportant près de 40 000
personnes vers les camps nazis. La moitié d’entre elles n’en sont pas revenues.
David Brainin, « départ massif, Compiègne», 1942
4
LE PARCOURS HISTORIQUE
Le parcours historique conçu par Christian Delage se présente sous la forme de frises
historiées disposées sur les murs des 10 salles et des deux couloirs des deux bâtiments
proposés à la visite. Ces frises mêlent le récit historique et les documents reproduits. A
côté des lettres, des photos, des dessins et des documents officiels émanant des
autorités allemandes ou françaises, une large part est accordée aux documents visuels
et sonores constitués principalement de films d’archives et de récits de témoins.
Evoquant celui d’un interné, le parcours historique se développe en trois temps :
- Avant Royallieu qui replace le camp dans son contexte historique : la défaite,
l’Armistice, l’occupation, les débuts de la résistance et la politique de répression
allemande. (Salles 1 à 5)
- Royallieu : l’internement, l’organisation du camp et la vie quotidienne des internés
(Salles 6 à 8)
- Après Royallieu : la déportation vers les camps nazis depuis la gare de Compiègne.
(Salles 9 et 10)
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Salle 1 : d’un armistice à l’autre
Le parcours historique débute par la confrontation des deux armistices de 1918 et 1940
avec pour fil conducteur le wagon de Foch, devenu le symbole de la revanche pour les
Allemands en 1940. Les deux films projetés de part et d’autre des murs latéraux de la
salle permettent une lecture croisée des deux armistices dont Compiègne a été à chaque
fois le témoin privilégié.
Cette salle évoque également les origines des casernes de Royallieu et leurs fonctions
successives depuis leur construction en 1913 jusqu’en juin 1940, date à laquelle les
troupes allemandes arrivent à Compiègne.
Hitler et la délégation
allemande devant le
wagon de l’armistice,
22 juin 1940
Salle 2 : « Terre de France »
Cette salle oppose le mythe de la « Terre de France » et de l’unité nationale exaltés par
Pétain, aux réalités des premières mesures d’exclusion et de répression que le régime
de Vichy met en place dès l’automne 1940. D’un côté, les voyages de Pétain filmés par
les actualités de Vichy sont diffusés sur huit écrans de télévision. Les villes visitées
apparaissent par des projections lumineuses sur une carte physique de la France,
projetée au sol. Destinés à la propagande du régime et à la valorisation de la Révolution
nationale, ces déplacements sont limités à la zone sud et ils
tentent de faire oublier la ligne de démarcation et
l’occupation de la zone nord.
De l’autre côté, sur une frise murale, figurent les victimes
des premières mesures d’exclusion et de répression du
régime de Vichy : les francs-maçons et surtout les Juifs
qu’une bande dessinée représente en « agents infectieux »
de la « dingaullite ».
Sur une autre frise sont évoquées les premières
manifestations de résistance à l’occupation et au régime de
Vichy, à Paris et à Compiègne, à l’occasion de la
commémoration de l’armistice de 1918.
6
Salle 3 : les droits de l’occupant
Défilé de
l’armée
allemande sur
le parvis du
château de
Compiègne
(1942).
La carte de France présentée dans cette salle rend compte de la situation réelle de la
France après l’armistice du 22 juin 1940 : une France découpée en plusieurs zones de
statut différent, bien loin de la vision idéalisée qu’entend promouvoir la propagande de
Vichy.
L’article 3 de la convention d’armistice définit les droits de la puissance occupante en
même temps qu’elle préfigure la collaboration d’Etat entre Vichy et le Reich. Souhaitée
par Pétain, la collaboration est officialisée le 24 octobre 1940 lors de la rencontre du
chef de l’Etat français avec Hitler dans la gare de Montoire (Loir-et-Cher). Deux écrans
évoquent l’histoire de cette rencontre vue à la fois du côté français et du côté allemand.
Dans les salles suivantes, plusieurs écrans reviennent sur ce sujet entre 1941 et 1944.
Une frise de cette salle est consacrée aux débuts du camp de Royallieu. En zone
occupée, pour rassembler les soldats français et britanniques capturés lors de
l’offensive de mai-juin 1940, la Wehrmacht réquisitionne la caserne de Royallieu qui
devint le Frontstalag 170 KN 654 placé sous l’autorité du commandement militaire
allemand. Le 22 juin 1941, après l’invasion de l’Union Soviétique, des militants
communistes y sont internés. C’est à cette date que le camp de Royallieu prend
l’appellation de Frontstalag 122 et qu’il devient un « camp de concentration permanent
pour éléments ennemis actifs », puis un « camp de détention de police ». Les internés
sont désormais des civils de toutes nationalités, en majorité des politiques, dont certains
seront désignés comme otages dans le cadre des mesures de représailles.
7
Salle 4 : La politique des otages
Cette salle est consacrée aux débuts et à l’essor de la résistance et aux mesures de
répression qu’elle provoque. A partir de l’été 1941 les « attentats terroristes » visant
des officiers allemands se multiplient aussi bien à Paris qu’en province. En représailles
à ces attentats la politique allemande de répression se radicalise et des otages sont
fusillés. Hitler exige 100 otages fusillés pour chaque officier allemand abattu. A
plusieurs reprises, des internés sont extraits du camp de Royallieu pour être fusillés
dans la forêt de Compiègne. Au camp, les internés s’efforcent d’informer les familles
par des petits mots qu’ils font passer clandestinement à l’extérieur grâce à la complicité
d’une déléguée de la Croix-Rouge, Germaine Pourvoyeur.
Toutefois, le Commandant militaire en France, Otto von Stülpnagel est soucieux de
limiter le nombre des exécutions d’otages par crainte d’une hostilité croissante de la
population française à l’occupation allemande. En décembre 1941, il propose de
substituer les déportations à l’Est, comme mesure de représailles, aux exécutions
massives d’otages, proposition que reprendra à son compte le Maréchal Keitel, chef du
haut-commandemant des forces armées allemandes en signant le décret « Nacht und
Nebel » (Nuit et Brouillard), le 7 décembre 1941. A partir de 1942 la déportation
massive tend à se substituer aux exécutions d’otages comme principale mesure de
représailles.
La Résistance se renforce après la décision de
Pierre Laval d’instaurer la Relève (envoi de
travailleurs volontaires français en France
contre la libération de prisonniers de guerre) et
surtout le service du Travail Obligatoire (STO) le
16 février 1943. Près de 300 000 jeunes
réfractaires
au
STO
entrent
dans
la
clandestinité, beaucoup d’entre eux rejoignant
les maquis. Sur un écran est diffusé un film
d’archives montrant l’arrivée en gare de
Compiègne du premier train de la Relève en
présence de Pierre Laval et d’officiers
allemands.
« Pensez à nous »
Salle 5 : la radicalisation de la répression et de la persécution
Ici est montré le rôle central que joue le Frontstalag 122 dans la politique allemande de
répression – mais aussi de persécution – menée avec la complicité des autorités de
Vichy. Pour l’occupant allemand, il existe un lien entre les attentats et l’activité supposée
de Juifs au sein des « groupes communistes terroristes ». A partir de l’été 1941
commencent à Paris les rafles massives de Juifs, justifiées par cette « constatation ».
8
Le 7 décembre 1941, 743 « notables juifs » sont arrêtés à Paris par la Feldgendarmerie
et la police française et transférés dans la nuit à Royallieu dans un « camp Juif » créé
pour la circonstance. 300 internés en provenance de Drancy sont également transférés
à Royallieu pour constituer un contingent de 1000 personnes « déportables ».
Hitler continuant à exiger des exécutions d’otages, Otto von Stülpnagel démissionne et
son cousin, Karl-Heinrich von Stülpnagel le remplace le 17 février 1942. Mais surtout,
en mai 1942, le S.S Karl Oberg est nommé chef supérieur des SS et de la police en
1
France. C’est désormais à la Sipo-SD qu’incombe l’essentiel des tâches policières en
France. Oberg donne la priorité aux déportations de masse des « éléments judéobolchéviques » alors que commence à se mettre en place en France la « Solution finale »
dont les modalités, pour l’ensemble de l’Europe, viennent d’être définies à Berlin lors de
la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942.
Au travers de ces nouvelles orientations, apparaît clairement le tournant qui se produit
au premier semestre 1942 où la politique de répression allemande devient le prétexte au
prélude de la mise en œuvre de la « Solution finale » en France. Dans cette évolution, le
camp de Royallieu a joué un rôle crucial. C’est de Compiègne que partent le 27 mars et
le 5 juin 1942 les deux premiers convois de déportation depuis la France, emmenant l’un
et l’autre un millier de Juifs à destination d’Auschwitz.
Dans le même temps, la collaboration policière se renforce entre les services allemands
et Français. A l’été 1942, René Bousquet, secrétaire général à la police du
gouvernement de Vichy, signe un accord avec Oberg qui se traduit par une participation
active de la police française à la politique de répression allemande et à la persécution
des Juifs.
Sur toute la longueur d’un des murs
de
la
salle,
un
reportage
photographique est consacré à la
rafle du Vieux-Port à Marseille, du
22 au 25 janvier 1943 au cours de
laquelle 1642 personnes dont 786
Juifs sont arrêtés avant d’être
envoyés au camp de Royallieu. Le
premier cliché qui montre René
Bousquet en compagnie du SS
Bernhard Griese, chef de la police
allemande dans la région, de Marcel
Lemoine, préfet régional et de
1
La Sipo-SD est une abréviation de Sicherheitpolizei-Sicherheitdienst (police de sécurité et service de
renseignement). Elle est composée de deux branches : le SD, service de renseignement de la SS et la
SiPo incluant la Kripo (police criminelle d’Etat) et la Geheime Staatpolizei (Gestapo) qui est la police
secrète d’Etat. (Le terme « Gestapo » est souvent utilisé de façon impropre pour désigner la Sipo-SD dans
son ensemble alors qu’elle n’en constitue qu’un département). La direction de la Sipo-SD à Paris installée
avenue Foch. Ces services dépendent directement de Himmler, chef du RHSA (Reichssicherheitshauptant
ou Office central de sécurité du Reich), également chef suprême de la SS et de son adjoint Heydrich,
remplacé après son assassinat à Prague en juin 1942 par Kaltenbrunner.
9
Pierre Barraud, préfet délégué à l’administration préfectorale de Marseille, témoigne
du renforcement de la coopération entre les allemands et les autorités de Vichy, encore
accentuée après l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht le 11 novembre 1942.
Salle 6 : l’internement à Royallieu
La carte au sol de cette salle montre que c’est de toutes les régions et de toutes les
prisons de France que proviennent les personnes internées à Compiègne. Pour la
plupart d’entre elles, le camp de Royallieu n’est « qu’une étape entre la prison d’où l’on
vient et le camp où l’on va » selon la formule de Christian Bernadac.2
Si l’administration et la surveillance du camp incombent à l’armée allemande, les
internés ont peu de contact avec le commandement du Frontstalag qui réside à
l’extérieur. A l’organisation allemande du camp s’ajoute, en particulier dans le camp A,
celle mise en place par les internés eux-mêmes : doyen (chef de camp), chefs de blocs,
chefs de chambrées …
Photographie du
Frontstalag 122 prise
depuis l’extérieur du
camp pendant l’hiver
1941- 1942.
La première préoccupation des internés, une fois arrivés à Royallieu, est de faire savoir
à leurs familles où ils se trouvent. Sur la frise sont reproduits quelques exemplaires de
ces petits mots ou de ces cartes postales permettant aux détenus de maintenir un
contact ténu avec l’extérieur. Quelques détenus ont rédigé quotidiennement des carnets
dont certains ont été édités par la suite. Quelques uns de ces précieux témoignages sont
présentés sur la frise historiée.
2
Christian Bernadac, Le Train de la mort, Editions France-Empire, 1970.
10
Salle 7 : l’empreinte des internés
Cette salle est entièrement consacrée à des documents iconographiques réalisés par
des artistes, professionnels ou amateurs, internés à Royallieu.
David
Brainin,
« Conférence
dans les
baraques »,
juin 1942.
Dans tous les bâtiments du camp, des conférences, des lectures, des spectacles, des
concours de poésie (Robert Desnos), des compétitions sportives et parfois des activités
religieuses sont organisés. Dans le camp A, le doyen communiste Georges Cogniot met
en place une véritable politique culturelle avant de réussir à s’évader le 22 juin 1942
avec 18 autres détenus.
Les gravures et les dessins réalisés par les internés et reproduits sur la frise
témoignent des conditions d’internement souvent différentes et singulières vécues par
les uns et les autres, les Américains, les Russes, les Juifs… Si les dessins laissés par
les Américains et les Russes laissent entrevoir des conditions d’internement plutôt
« acceptables », le peintre Gotko a laissé des œuvres très sombres traduisant les
conditions d’internement beaucoup plus dures auxquelles étaient soumis les internés
juifs.
A noter dans cette salle, le poème de Robert Desnos « Sol de Compiègne » en fond
sonore, qui envahit toute la salle.
11
Salle 8 : une chambrée
A la différence des salles précédentes, cette salle ne comporte pas de frise historique.
Elle se limite à une évocation suggestive de la vie quotidienne des internés.
Au sol, un simple trait marque le contour des châlits et il se prolonge le long des murs
pour suggérer leur superposition. L’entassement des internés était la règle – bien que
variable selon les parties du camp – et les conditions matérielles étaient rudes, surtout
en hiver.
Des photographies d’identité d’internés, prise à leur arrivée au Frontstalag 122 sont
projetés. Les femmes ont été photographiées au fort de Romainville qui dépendait du
Frontstalag 122. Le fort de Romainville a joué, à partir de 1943, un rôle central dans
l’internement et la déportation des femmes. Beaucoup de femmes, déportées depuis
Compiègne venaient de Romainville où elles avaient passé l’essentiel de leur détention.
Sur deux tables holographiques sont projetées des lettres rédigées par les internés.
Leur contenu, lu par des comédiens, peut également être écouté. Elles évoquent
l’arrivée et la vie de tous les jours au camp, l’angoisse du départ, les départs vers la
gare de Compiègne et le trajet vers les camps de concentration.
Salle 9 : les déportations
La frise historiée évoque le départ
des internés vers la gare de
Compiègne et les camps nazis.
Quelques très rares photographies
montrent le trajet des déportés du
camp à la gare tandis qu’un extrait
du roman de François Leterrier, Rue
Charlot, est donné à l’écoute.
Départ
d’un
convoi quittant le
Frontstalag 122 vers la gare de
Compiègne.
12
28 grands convois ont emmené près de 40 000 personnes du camp de Royallieu vers les
camps de concentration nazis. Parmi ces convois, trois d’entre eux sont plus
particulièrement évoqués :
- Le convoi du 22 mars 1942, premier convoi de déportation parti de France emmenant
un millier de juifs à Auschwitz avec les témoignages d’Edouard Laemlé, Georges Kohn et
Georges Wellers.
- Le convoi du 24 janvier 1943, dit « convoi des 31 000 » en raison des numéros de
matricules reçus à l’arrivée à Auschwitz par les 230 femmes déportées. Pour la plupart
résistantes communistes, ces femmes ont été transférées à Ravensbrück entre janvier
et l’été 1944. Sur les 230 femmes du convoi, seulement 49 ont survécu.
Un extrait du récit de Charlotte Delbo est proposé à l’écoute ainsi que la déposition de
Marie-Claude Vaillant-Couturier filmée en Janvier 1946 au procès de Nuremberg.
- Le convoi du 27 avril 1944 dit des « tatoués » qui à emporté près de 1700 hommes,
essentiellement des résistants. Bien que n’étant pas Juifs, ils sont pourtant dirigés vers
Auschwitz-Birkenau où ils sont tatoués à leur arrivée. La plupart sont ensuite repartis
vers d’autres camps (Buchenwald, Flössenburg et divers kommandos)
Parmi eux se trouvait le poète Robert Desnos qui est mort à Terezin (Theresienstadt) en
juin 1945. Un écran présente quelques documents liés à son arrestation, à son
internement à Compiègne et à sa déportation.
Une carte montre les sept camps nazis où sont arrivés les déportés en provenance de
Compiègne. Plus de 17 000 n’en sont pas revenus, soit 43,6% d’entre eux.
Salle 10 : les camps nazis
Dans cette salle, qui clôt le parcours historique, sont évoqués les sept camps nazis vers
lesquelles ont été déportés la quasi-totalité des personnes internées à Royallieu. Ces
camps sont classés par ordre d’importance numérique en fonction du nombre de
déportés en provenance de Compiègne.
Sept écrans doubles sont disposés sur les colonnes centrales :
-
D’un côté, sur de petits écrans, sont
diffusés de l’ouverture et de la libération
de ces sept camps. Il s’agit d’images
brutes, muettes et non montées, telles
qu’elles ont été tournées en 1945 par les
opérateurs américains et soviétiques.
Buchenwald, printemps 1945.
13
-
De l’autre côté, sept grands écrans
figurent
des
entretiens
avec
des
survivants de ces camps filmés entre 1945
et nos jours.
Entretien avec Maurice Choquet, 3/5 mai 1999
LE PARCOURS DE MEMOIRE
Tout au long des dix salles qui constituent le parcours historique, la mémoire des
hommes et des femmes qui furent internés à Royallieu est en permanence confrontée au
récit historique qu’elle éclaire, qu’elle conforte ou qu’elle complète. C’est à ces deux
approches croisées et complémentaires, celle de l’histoire et celle de la mémoire, que le
mémorial invite en permanence. Des lettres, des photos, des récits sonores témoignent
de la vie au camp de Royallieu, de la diversité des origines, de la pluralité des itinéraires
et des destins personnels.
Selon le souhait des concepteurs du Mémorial, plus particulièrement de l’architecte et
scénographe Jean-Jacques Reynaud, c’est l’ensemble du site qui est lui même lieu de
Mémoire.
14
Le mur des noms
Situé face à l’entrée, ce mur est constitué de stèles de
verre sur lesquelles sont mentionnés les noms des
personnes qui ont été internées au camp de Royallieu.
Les bâtiments
Le Mémorial est implanté sur le lieu même de l’ancien site
du camp de Royallieu dont trois baraques, les trois
premières du camp A (celui des « politiques ») ont été
préservées. Les bâtiments conservés sont à la fois lieux
d’exposition et eux-mêmes objets d’exposition. Le bâtiment
d’accueil, imaginé par l’architecte Jean-Jacques Raynaud,
constitue la façade du Mémorial vers la ville.
Le jardin de la mémoire
Le jardin est également lieu d’exposition. Le mémorial n’étant aménagé que sur une
petite partie du camp de Royallieu, des plans de l’époque permettent de se situer par
rapport au camp initial. Des photographies des gardiens, des témoignages écrits et
sonores disséminés dans le jardin rappellent la mémoire des lieux.
Le tunnel d’évasion
Deux tunnels d’évasion ont été découverts sur le site de l’ancien camp. L’un d’entre eux,
protégé par un abri, se trouve intégré dans le Mémorial. Les tentatives d’évasion ont été
15
nombreuses à Royallieu, mais rares sont celles qui ont réussi. A côté du tunnel, des
témoignages sonores et vidéo racontent ces évasions notamment celle qui dans la nuit
du 22 au 23 juin 1942 a vu s’évader 19 internés communistes parmi lesquels le doyen du
camp Georges Cogniot.
Les monuments commémoratifs
Aux deux extrémités du Mémorial, un Monument à la mémoire des victimes du nazisme
édifié dans les années 1970 et un monument à la mémoire des soldats du camp morts
pendant la Grande Guerre permettent de témoigner, en un même lieu, du lourd tribut
payé par Compiègne aux tragédies du XXème siècle.
Monument aux déportés
Monument aux morts
de 1914- 1918
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LES GRANDS CONVOIS DE DEPORTATION AU DÉPART DE COMPIEGNE
Dates
Destinations
Déportés
Survivants
en 1945
Caractéristiques Particulières
de certains convois
Déportés juifs à destination d’Auschwitz. Premier convoi
de déportation parti de France.
Convoi composé également uniquement de déportés juifs.
Convoi dit des « 45000 ». Premier convoi de déportés
politiques, en grande majorité communistes
1942
27 mars
Auschwitz
1112
19
5 juin
6 juillet
Auschwitz
Auschwitz-Birkenau
1000
1158
32
119
Sachsenhausen
Auschwitz-Birkenau
1526
230
890
49
Mauthausen
Mauthausen
Sachsenhausen
994
997
918
482
517
610
Ravensbrück
Sachsenhausen
Buchenwald
Buchenwald
Buchenwald
Buchenwald
Buchenwald
219
944
999
944
937
934
933
171
556
435
415
448
409
498
1943
24 janvier
16 avril
20 avril
28 avril
8 mai
25 juin
2 septembre
16 septembre
28 octobre
14 décembre
1944
17 janvier
22 janvier
27 janvier
31 janvier
22 mars
6 avril
27 avril
Buchenwald
Buchenwald
Buchenwald
Ravensbrück
Mauthausen
Mauthausen
Auschwitz-Birkenau
1944
2006
1584
959
1218
1489
1652
935
990
867
711
534
667
800
12 mai
21 mai
4 juin
18 juin
2 juillet
Buchenwald
Neuengamme
Neuengamme
Dachau
Dachau
2073
2004
2064
2143
2152
1139
788
958
1541
947
15 juillet
28 juillet
17 août
Neuengamme
Neuengamme
Buchenwald
1522
1651
1255
352
545
653
25 août
230 femmes, en majorité résistantes dont de nombreuses
communistes. Parmi elles quelques personnalités de la
Résistance communistes (Marie-Paule Vaillant-Couturier,
Danielle Casanova). Bien que non-juives, elles sont
déportées à Auschwitz. Ce convoi nous est bien connu
grâce à l’ouvrage écrit par Charlotte Delbo qui en faisait
partie.
Nombreux déportés en provenance de la rafle du VieuxPort à Marseille.
Convois de « tatoués » dont faisait partie Robert Desnos.
Troisième convoi de non-juifs dirigé vers Auschwitz.
« Train de la mort ». Plus de 500 déportés meurent au
cours du trajet vers Dachau
Dernier convoi parvenu en France depuis Compiègne. Le
train est parti de la Forêt de Compiègne non loin de la
clairière de l’armistice.
Dernier train parti de Compiègne mais arrêté par le
Résistance dans la région de Péronne. Les déportés sont
libérés par les troupes anglaises.
Les chiffres proviennent des recherches menées par Serge Klarsfeld en ce qui concerne la déportation des
Juifs de France et de celles menées sous l’égide de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation pour la
déportation de répression. Les convois mentionnés en caractère gras sont ceux qui sont plus particulièrement
évoqués dans le parcours historique du Mémorial.
17
Orientations bibliographiques
Amicale des Déportés tatoués du 27 avril 1944, Le Convoi des Tatoués, Auschwitz,
Buchenwald,Flossenbürg et Kommandos, 1997.
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