Revues de presse - Salon du livre de Beyrouth

Transcription

Revues de presse - Salon du livre de Beyrouth
Le divan de Staline
Jean-Daniel Baltassat
PRÉSENTATION DE L’AUTEUR
Jean-Daniel Baltassat est né en 1949 en Haute-Savoie. Il a étudié l’histoire de l’art, le cinéma et la
photographie. Depuis le milieu des années 1980, il se consacre exclusivement à l’écriture. Le Divan
de Staline est son neuvième roman.
REVUE DE PRESSE
Le Point :
(http://www.lepoint.fr/livres/rentree-litteraire-2013-jean-daniel-baltassat-staline-en-tyrantigre-de-papier-22-07-2013-1707028_37.php)
Par Jérôme Béglé
Danilov est un artiste-peintre et sculpteur prometteur. En 1950, il est désigné pour rejoindre Staline
dans sa Datcha de Géorgie et lui proposer une oeuvre ultime capable de rivaliser avec le mausolée
de Lénine sur la place Rouge de Moscou. Pour un homme comme lui, rencontrer le maître de
l'URSS est une opportunité et un danger. Il se prépare avec minutie et, après quelques jours où la
garde rapprochée du tyran le fait lanterner, finit par avoir une entrevue avec le "petit père des
peuples". Celle-ci virera au cauchemar. Danilov apprendra qui il est vraiment, ce que sont devenus
ses parents, comment et pourquoi il est devenu un artiste "officiel" du régime.
Le divan de Staline nous fait pénétrer dans l'intimité de "l'homme de fer". Celui-ci terrorise son
entourage qui sait que sur un clignement d’œil il peut déporter ses plus proches collaborateurs. On
découvre également un homme tendre et fragile avec sa maîtresse, amateur de cognac et de films
américains, qui ne se déplace jamais sans une blague à tabac offerte par Winston Churchill. La
paranoïa et les sautes d'humeur du héros ne nous sont pas épargnées, pas plus que les intrigues de
cour qui se nouent et se dénouent autour de lui. Il se révèle également obsédé par Sigmund Freud
qu'il surnomme "le charlatan", mais dont le savoir le fascine. Il a installé dans son bureau un divan
identique au sien sur lequel il passe de longues heures.
Un Staline fragile, nostalgique voire tendre
Mais en 1950, l'homme le plus craint de la planète est fatigué. Dans deux ans, il ne sera plus qu'un
"misérable petit tas de cendres" et il le sait. Il commence à penser à la mort, à réfléchir à sa
postérité, à se comparer à Lénine, qu'il admire autant qu'il le déteste, à se souvenir de ses années
d'exil, des traîtres qui ont ralenti sa marche vers le pouvoir. Parfois l'homme se montre fragile,
nostalgique, voire tendre. Pour son neuvième roman, Jean-Daniel Baltassat réussit dans ce long
livre à faire revivre le petit théâtre d'ombres de Staline. Un monde minuscule tantôt inquiétant,
tantôt touchant, tantôt dérisoire... Ce livre très documenté vise la partie la plus secrète et la plus
difficile à aborder des hommes qui ont fait l'Histoire : leur intimité, leurs rapports forcément biaisés
et factices aux autres.
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"Le divan de Staline" de Jean-Daniel Baltassat aux editions du Seuil (sortie le 22 août 2013)
L’argument de ce neuvième roman de Jean-Daniel Baltassat est né d’une visite qu’il effectua
naguère dans le palais Likani à quelques kilomètres de la ville de Borjomi. Dans cette résidence
d’été, datant de la Russie Tsariste, Staline aimait à se retirer. Le roman de Baltassat évoque un bref
séjour que le Petit père du Monde y effectua en 1950. Le roman s’ouvre sur le vieux dictateur en
train de couper des roses et de méditer sur la mort, sur l’éphémère et sur l’éternité. Rêverie de
vieillard plutôt que méditation. En effet, « la mort est le souci des faibles , pour les puissants, c’est
une œuvre qui se prépare de loin » Et Staline « vieux dans le sac d’os, (est) encore joueur comme à
vingt ans pour ce qui est du reste et du goût de l’éternité ».
Prenant appui sur ces quelques jours, Baltassat entre et nous fait entrer dans une intimité sidérante
avec Staline, que le romancier met littéralement à nu. Ici, il ne s’agit pas d’une créature imaginaire,
mais d’une figure réelle et terrifiante, dont chacun d’entre nous a déjà une image, nourrie des
représentations qui ont jalonné le règne du tsar rouge.
Baltassat sait que le roman est un formidable instrument d’investigation de l’Histoire (« avec une
grande Hache » comme aimait à dire George Perec). En se fondant sur une documentation d’autant
plus riche que des archives ont été rendues accessibles - de façon éphémère il est vrai...- lors de la
perestroïka, le romancier affronte le titan avec ses armes d’écrivain. Il invente une unité de temps et
de lieu qui met à vif la conscience, exacerbe la confrontation des protagonistes, les vrais et les
"faux", les réels et les imaginaires. Par cercles excentriques successifs, Baltassat part de
l’inconscient le plus intime de Staline (révélé lors de simulacres de psychanalayse sur le « divan
« qui donne son titre au livre), aux différentes pièces du Palais Likani – organisation en réduction
du pouvoir soviétique, avec l’armée, le service secret, la police politique, le petit peuple prosterné,
l’ombre de Lénine…- ; il nous en éloigne à intervalles réguliers pour hanter le parc du Palais –
comme une maquette de la Russie, indéchiffrable, vibrant du jeu de la lumière et des brouillards,
hantée par les silhouettes menaçantes des forces de l’ordre et de la sécurité, à moins que ce ne soit
une représentation du Goulag...- ; il nous en écarte encore pour élargir l’espace aux conflits qui se
préparent dans le monde – nous sommes à la veille de la Guerre de Corée- et revenir ensuite au plus
près de Staline, insomniaque informé à chaque instant de ce qui se déroule où que ce soit…
Le prétexte de ce séjour dans sa Géorgie natale est aussi imaginaire que plausible : rencontrer
l’auteur d’une projet de « monument d’éternité » que le Politburo veut élever à la gloire du Petit
Père. Un jeune artiste prodige, Danilov, a été convoyé dans le Palais et attend - enfermé avec la
maquette de son projet dans une remise de calèches - le moment de rencontrer Staline. Pendant ce
temps, le dictateur vaque au jeu de la terreur, vérifie qu’il l’inspire toujours, se confronte aux
souvenirs d’enfance et de jeunesse qui le hantent dans des rêves à l’imagerie inspirée des westerns
qu’il se fait projeter pendant ses insomnies.
Danilov, l’artiste de l’éternité , et Lidia, l’ancienne maîtresse, incarnation du passé et de la
conscience, sont des inventions que le romancier introduit dans la réalité « historique ». Armé de
ces protagonistes Baltassat aborde la confrontation d’un des plus sanguinaires dictateurs du siècle
dernier, avec sa conscience et sa mort.
On le sait, l’argument ne fait pas un roman, il est son énergie de départ. Baltassat s’arcboute sur
l’histoire qu’il nous raconte, sur les inventions qu’il mêle au réel – n’avons-nous pas vérifié si
Danilov était vrai ou pas ?- pour nous laisser, sidérés, à la fin du livre, devant ce qui aurait pu être
une métaphore absolue de la barbarie si cela n’avait été une réalité de l’histoire du Goulag sibérien
telle qu’elle s’est déroulée en 1933 sur l’île de Nazino.
Une fois le livre refermé, ne nous quittent plus ces images tant le romancier nous les a donné à voir,
à sentir, à entendre. On se demande s’il est peintre, cinéaste, musicien et romancier à la fois. On
pressent alors qu’il nous a entraîné dans un cercle ultime, celui qui nous guettait entre les lignes et
nous interrogeait en réalité sur l’affrontement entre la barbarie et l’humanité. Mais aussi, entre le
pouvoir et l’Art. Mais encore entre la mort et l’éternité.
Un roman exige du lecteur « la suspension volontaire de l’incrédulité » (Coleridge). Baltassat,
jouant de la vérité inaccessible de l’Histoire et du mensonge indispensable de la littérature, nous
plonge dans une suspension salutaire de l’aveuglement.
N’est-ce pas ce dont notre époque a le plus grand besoin ?
N’est-ce pas la fonction de l’art ?
Et de la littérature – lorsqu’elle est de ce niveau-ci- ?
Edmond Morrel
(Entretien avec Jean-Daniel Baltassat réalisé chez l’auteur, dans la Creuse)
http://www.espace-livres.be/Le-divan-de-Staline-de-Jean-Daniel
QUATRIEME DE COUVERTURE
1950. Borjomi, Géorgie.
Pour quelques jours, Staline se retire au pays natal dans le palais décadent de feu le grand duc
Mikhailovich. À la demande de la Vodieva, qui prétend l’avoir toujours aimé et ne lui avoir jamais
menti, il y reçoit le jeune peintre prodige du réalisme socialiste, Danilov, concepteur d’un
monument d’éternité à la gloire du Petit Père des Peuples.
Dans le bureau ducal, un divan identique à celui de Freud à Londres. Même kilims sur la couche et
aux murs. « Que Staline dorme sur le divan du charlatan viennois, j’en connais à qui ça plairait de
l’apprendre », dit Iossif Vissarionovitch.
On a beau être dans l’âge de la grande usure des émotions, on a encore le goût du jeu.
Voilà comment les choses vont se passer : pendant que Danilov subira les interrogatoires du
redoutable général Vlassik, Staline s’installera sur le divan et la belle Vodieva prendra le fauteuil.
Elle pratiquera la prétendue technique d’interprétation des rêves du charlatan tandis que lui se
souviendra de ses histoires de nuit. L’enfance, sa mère, les femmes. Et surtout, le plus grand des
pères menteurs : Lénine. Mais qui, mieux que Iossif Vissarionovitch Staline, saurait faire d’un
mensonge une vérité et d’une vérité le mensonge ?
« Camarade Danilov, dit-il, la vie est devenue meilleure et plus gaie, voilà l’éternité de Staline. »
Danilov tremble devant celui qui sait tout et peut tout. Il tremblerait plus encore s’il savait ce qui
l’attend.
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