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TS Masculine Underwear -Eng-P 9-26.07.10.qxp
L’Histoire
des
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MASCUL
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Shaun C
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Auteur : Shaun Cole
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Shaun Cole
L’Histoire des sous-vêtements
MASCULINS
À ma mère et mon père
(qui ont été les premiers à m’initier aux sous-vêtements)
Sommaire
Introduction
7
I. Une Fondation solide
11
II. Les Dessous : 1800-1899
31
III. La Mode : 1900-1980
57
IV. Le Slip blanc et au-delà : 1980 à nos jours
101
V. Partir du bon pied : collants, bas et chaussettes
153
VI. La Grande Vente : la publicité pour les sous-vêtements
187
Conclusion
235
Glossaire
236
Notes
240
Bibliographie
250
Remerciements
255
6
Introduction
D
e nombreux livres sur l’histoire et la signification des sous-vêtements ont déjà été publiés.
Certains se concentrent sur des aspects spécifiques de la lingerie tandis que d’autres proposent un
panorama de son histoire. Cependant, les sous-vêtements masculins sont très souvent relégués au second
plan. Lorsque ce sujet est traité, sont généralement abordés les évolutions techniques et sociales ainsi que
les aspects de la lingerie féminine. L’histoire de la mode masculine et féminine tend à marginaliser, voire
ignorer, l’évolution des sous-vêtements masculins. L’une des raisons principales est leur simplicité
comparative, en regard des sous-vêtements féminins, mais également leur aspect presque utilitaire.
Les publications exclusivement consacrées aux sous-vêtements masculins traitent souvent le sujet de
manière humoristique, traduisant ainsi en image la façon dont la lingerie masculine est présentée dans la
culture populaire. Un exemple de ces effets comiques est Rhys Ifans ouvrant la porte en slip ouvert en Y
inversé, gris bouffant, dans la comédie romantique britannique Coup de foudre à Notting Hill (1999).
Néanmoins, en 1961, Gaetano Savini-Brioni, de la maison de couture italienne Brioni, soulevait : « Pourquoi
un homme devrait-il avoir l’air d’un guignol en sous-vêtements ? Un homme doit être vêtu avec autant
d’élégance qu’une femme, de la veste au slip. »1 Les dessous masculins méritent, en effet, qu’on s’y intéresse
de façon moins comique et qu’on considère leur importance dans l’histoire de la mode et l’histoire culturelle
ainsi que le fait qu’ils sont un élément clé de la garde-robe masculine. Comme le soulignait la revue
professionnelle Men’s Wear en avril 1933, « les sous-vêtements doivent avoir la grâce d’Apollon, le romantisme
de Byron, la classe de Lord Chesterfield et l’aisance, l’impudence et le confort de Mahatma Gandhi ».2
L’histoire des dessous féminins a abordé le rôle de la lingerie dans la séduction des hommes ainsi que
son rôle en tant qu’accessoire attirant le regard des hommes sur les femmes. Richard Martin, conservateur
et historien de la mode, quant à lui, a déclaré que les vêtements masculins étaient un « signe et une marque
de modernité ».3 En réfléchissant à ces deux points, nombre de questions concernant les sous-vêtements
masculins nous viennent à l’esprit. Comment et pourquoi les hommes choisissent-ils leurs sous-vêtements ?
Est-ce pour leur confort et leur côté pratique ou pour le moment où il sera dévoilé ou exposé ? Les
hommes choisissent-ils et achètent-ils eux-mêmes leurs dessous ou est-ce leur mère, leur femme ou leur
petite amie qui s’en charge ? (Selon l’historienne culturelle Jennifer Craik dans « set of denials » – « les
femmes habillent les hommes et achètent les vêtements pour les hommes » et « les hommes s’habillent
davantage pour le confort que pour le style ».) 4 Les sous-vêtements masculins reflètent-ils la modernité et
les changements de la masculinité ? Les sous-vêtements sont-ils, de fait, personnels ? Les sous-vêtements
masculins ont-ils un lien avec la séduction du sexe opposé (ou du même sexe ?) À une époque où le corps
masculin est un objet de représentation sexuelle et sociale, la présentation des corps vêtus de sous-vêtements
est-elle destinée aux femmes, est-elle homoérotique ou homosociale ?
Les vêtements cachent le corps tout en attirant notre regard sur ce dernier. La partie du corps qui est
généralement la première couverte (pour des raisons de protection et de pudeur) est la partie génitale ;
cependant, comme l’ont démontré les anthropologues, les cache-sexes sont souvent utilisés pour
attirer l’attention sur le corps dissimulé. Dans son étude sur le pagne, Otto Steinmayer explique que
« généralement les gens ont le sentiment qu’ils doivent rendre leur appareil génital symboliquement
inoffensif avec une couverture ou une décoration… pour l’orner, l’humaniser ou le socialiser »5 et
l’historienne de mode, Valerie Steele, estime qu’un tel ornement « a primé – et prime – les aspects de la
chaleur, de la protection et de la pudeur ».6
Les sous-vêtements englobent tous les vêtements portés qui sont complètement ou partiellement
dissimulés par un autre vêtement : couvert comme est couvert le corps. Tout comme une personne
portant un sous-vêtement est « à la fois habillée et déshabillée »7, les sous-vêtements peuvent être une
e
forme d’habillement privée et secrète ou publique. Jusqu’au XX siècle, l’évolution de la lingerie masculine
Page 6.
Sous-Vêtements gris.
7
— L’Histoire des sous-vêtements masculins —
est essentiellement passée inaperçue et l’attitude prédominante était « loin des yeux, loin du cœur ».
Comme l’a écrit Jennifer Craik, c’est comme si « garder les sous-vêtements masculins simples et
fonctionnels permettait aux corps masculins de faire rempart à la sexualité débridée ».8 Cependant,
cela fait mentir la dynamique des changements technologiques et stylistiques. Au cours de cette
dernière décennie, la lingerie masculine s’est davantage affichée et est devenue plus publique, fait
dont ne se réjouissent pas tous les hommes, comme l’a indiqué le journaliste Rodney Bennet-England
en 1967 : « Ce qu’il porte – ou non – sous son pantalon ne regarde que lui. »9
Les dessous masculins (et féminins) ont diverses raisons d’être : la protection, l’hygiène, la pudeur et la
moralité, s’adapter aux vêtements de dessus, être un indicateur du statut social et être érotique et sensuel.
Les sous-vêtements offrent une protection du corps qu’ils couvrent de deux manières. La couche
supplémentaire agit comme un modérateur de température, assurant une chaleur supplémentaire et
protégeant le corps du froid ou en gardant le corps plus frais. Ils permettent aussi de réduire les irritations
et la chauffe dues aux tissus rêches. En même temps, les sous-vêtements protègent les vêtements du
dessus des saletés et odeurs corporelles en proposant une couche hygiénique et facilement lavable.
Changer fréquemment de dessous était un moyen d’avoir une hygiène personnelle lorsque prendre un
bain n’était pas toujours possible ni courant. Les concepts de « propre » et « sale », d’« intérieur » et
d’« extérieur » ont été essentiels pour attribuer leur rôle aux sous-vêtements dans l’enseignement
(notamment religieux) de la moralité et du corps. À la notion de moralité est associée celle de pudeur. Le
corps nu a souvent été jugé inacceptable, par conséquent les sous-vêtements ont agi comme un moyen de
couvrir certaines parties et d’empêcher que le porteur de dessous et les spectateurs ne soient gênés. Alors
que les sous-vêtements féminins ont souvent joué un rôle primordial dans la forme des vêtements du
dessus, les sous-vêtements masculins y ont accordé beaucoup moins d’importance. Avant la fin du XIXe siècle,
le rembourrage et la corseterie étaient utilisés par les hommes pour créer une forme de corps à la mode et
idéale sous les couches supérieures. Bien que les dessous masculins passent principalement inaperçus,
certaines parties sont visibles, le tissu apparent ainsi que sa propreté étaient utilisés comme indicateur de
classe sociale. Historiquement, la lingerie masculine n’était pas considérée comme érotique ou sensuelle,
comme c’est le cas pour les sous-vêtements féminins. Néanmoins, en s’appuyant sur la théorie des
changements des zones érogènes de James Lavers, historien des costumes britannique, Valerie Steele a
conclu que la sexualité masculine résidait dans les parties génitales.10 Les sous-vêtements masculins
peuvent, donc, être vus comme le reflet et la mise en valeur de la sexualité et de la sensualité, notamment
lorsqu’on prend en compte l’idée que la dissimulation a un rôle à jouer dans l’érotisme des vêtements :
attirer l’attention sur ce que cachent ces vêtements. La lingerie masculine et sa représentation croissante
publique des corps masculins vêtus de sous-vêtements ont joué un rôle dans l’attirance et l’attraction
sexuelles, garantissant que les dessous masculins n’étaient pas uniquement appréciés par le porteur.
L’histoire des écrits et des documents sur les sous-vêtements masculins a vu ses sujets changer au
cours de ces cinquante dernières années. Au départ, ils étaient étudiés dans le cadre de l’histoire des
costumes, comme dans l’œuvre de C. Willet et Phillis Cunnington : The History of Underclothes, rédigée en
1951 et dans Socks and Stockings de Jeremy Farrell, en 1992 (tous deux cruciaux pour les recherches
relatives au présent ouvrage). Or, au cours de ces dernières années, l’approche a quelque peu évolué pour
s’intéresser davantage aux études sociales avec une analyse beaucoup plus complète et importante des
vêtements et leurs contextes socioculturels, dont la présentation et le merchandising des sous-vêtements
masculins. Par conséquent, l’histoire des dessous masculins peut être qualifiée, comme l’a noté Richard
Martin, comme « progression de la technologie, de l’invention et de la définition culturelle ».11
Page 8.
Carte postale, jeu de mots : “I - er - want one of those
‘Howdyer-doos’ with long sleeves” “Miss Smith, show
this gentleman some thingamebobs”
8
Le présent ouvrage couvre tous les types de vêtements qui, à un moment donné, ont été considérés
comme sous-vêtements, dont certains, telles les chaussettes et la bonneterie, sont souvent exclus de
l’histoire des dessous. Ce livre se concentre principalement sur les sous-vêtements des pays occidentaux,
(« Je - euh - voudrait un de ces ‘Howdyer-doos’ à
mais traite également des sous-vêtements des autres régions lorsque cela est opportun. Au fil de
longues manches » « Mlle Smith, montrez à ce
l’histoire des sous-vêtements, certains habits dont les chemises, les gilets et les t-shirts, sont remontés
gentleman une paire de ces bidules »), 1932.
à la surface et sont devenus des vêtements de dessus. D’autres vêtements ont suivi le chemin
Collection privée, Londres.
inverse, comme la culotte, qui a été dissimulée par des tuniques et est devenue un sous-vêtement.
— Introduction —
Cette indécision dans les couches de vêtements a eu une influence sur le nom de certains d’entre eux.
L’habillement évoluant, leurs propriétés changent en devenant plus petits et en adoptant un nom plus
court également, ce qui, par exemple, a été le cas en anglais pour les pantalons (pantaloons) homme du
début du
XIX
e
siècle qui sont devenus des culottes (pants). Les quatre premiers chapitres de cet ouvrage
sont un panorama chronologique de l’évolution des sous-vêtements masculins, traitant également des
changements stylistiques des vêtements, et abordent les problèmes comme les innovations
technologiques, l’identité masculine, le genre et la sexualité. Le cinquième chapitre offre une approche
similaire tout en étant consacré à l’évolution de la bonneterie et des chaussettes homme. Le dernier
Page 9.
chapitre adopte une approche thématique et s’attarde sur la publicité et les façons dont sont promus et
Paris Underflair, 1973.
vendus les sous-vêtements masculins depuis le début du
XX
e
siècle.
Collection privée, Londres.
9
10
I. Une Fondation solide
O
n dit que le tout premier sous-vêtement était la feuille de vigne, mais cela ne peut être vrai que
si l’on considère le monde avec la notion de judéo-christianisme et que l’on croit qu’Adam a été le
premier homme à s’habiller. Et si on admet que la feuille de vigne est bien le premier sous-vêtement, alors
elle aurait dû être portée sous une autre couche, peut-être sous une feuille de vigne plus grande ! Par
conséquent, il est plus judicieux de dire que le pagne, dans toutes ses formes, était le précurseur des
sous-vêtements masculins. Le besoin de protéger ses parties génitales de la chaleur, du froid et de la
violence a donné naissance à un vêtement simple qui couvrirait les parties génitales, et la principale
évolution des dessous masculins a été dictée par la protection et le confort des parties intimes. Aucune
notion de couture n’était nécessaire à la confection d’un vêtement à la forme simple et de n’importe
quelle matière pouvant être enfilé par les deux jambes et tenant à la taille. Le pagne, développé dans de
nombreuses régions dont la Malaisie, la Polynésie, l’Asie du Sud-Est et les Amériques, ainsi que la forme
simple de tels vêtements, ont fait qu’ils ont été portés dans diverses parties du monde jusqu’aux temps
modernes. Les Indiens d’Inde étaient le seul peuple indo-européen qui a toujours, de manière
traditionnelle, porté un pagne. Le sous-vêtement homme chinois traditionnel a toujours été une version
coupée-cousue du pagne, une culotte ressemblant à une couche avec deux pans croisés, attachés devant.
Les sous-vêtements masculins des pays occidentaux sont, dans l’ensemble, des vêtements coupés puis
cousus, et ce depuis le Moyen Âge.
En fait, il existe très peu d’exemples du début de l’histoire de l’homme démontrant et témoignant
l’évolution des sous-vêtements masculins. En Égypte, en l’an 1352 avant J.-C., le jeune pharaon
Toutankhamon a été enterré avec 144 pagnes enveloppés par lots de 12. Chaque pagne était en forme
de triangle isocèle de lin tissé à la main avec des ficelles à serrer autour de la taille. La pointe du
triangle pendant à l’arrière était ramenée vers l’avant en étant passée entre les jambes et coincée
dans les ficelles situées à l’avant.12 Mais ces pagnes ont aussi pu être utilisés comme unique habit et
non comme sous-vêtement. À côté du corps gelé d’un homme ayant vécu vers 3 300 avant J.-C. et qui
a été découvert en 1991 par des randonneurs dans les Alpes tyroliennes, on a trouvé des bouts de
vêtements, dont un pagne fait de ficelles de cuir cousues entre elles avec un nerf. Ce pagne ainsi que
le pantalon en patchwork de cuir semblaient tenir avec une ceinture en cuir.13 Dans de nombreuses
tribus d’Indiens d’Amérique du Nord, les hommes portaient des pantalons et des pagnes en cuir
similaires jusqu’au début du
XX
e
siècle. Les Romains de Bretagne portaient des sous-vêtements, et ils
étaient suffisamment importants pour être envoyés à un soldat romain posté dans le Nord-Est de
l’Angleterre entre 90 et 120 après J.-C. Dans une des lettres connues sous le nom de tablettes de
Vindolanda (d’après le nom du fort romain où elles ont été trouvées), était dressée une liste des
vêtements envoyés de Gaule et incluait des chaussettes et deux slips : « Paria udonum ab Sattua
solearum duo et subligariorum duo. » 14 Vers la même époque, le sénateur et historien de l’Empire
romain, Tacite, a noté que les « tribus sauvages » de Germanie voyaient « une marque de grande
richesse dans le port de sous-vêtements ».15 Dans le cadre de leur étude de 1951, intitulée, The History
Page 10.
of Underclothes, C. Willett et Phillis Cunnington reconnaissent que la majorité des sous-vêtements
Albrecht Dürer, Adam et Ève, 1507.
masculins ou documents sur ces derniers, disponibles pour leur étude, indiquaient qu’ils étaient
Huile sur panneau, 209 x 81 cm et 209 cm x 80 cm.
portés par la haute société ou la haute bourgeoisie ou qu’ils faisaient référence à ces deux classes
Museo Nacional del Prado, Madrid.
11
— L’Histoire des sous-vêtements masculins —
sociales et qu’il existait peu d’écrits sur les sous-vêtements de la classe ouvrière jusqu’au début
du
XX
e
siècle.
Les Sous-Vêtements médiévaux
Avant et sous le Moyen Âge, les sous-vêtements étaient purement utiles : leur double mission consistait
à protéger la peau des tissus irritants des vêtements de dessus et à protéger ses vêtements des salissures
corporelles. Des couches supplémentaires étaient non seulement bien appréciées pour leur chaleur mais
aussi pour la protection qu’elles apportaient aux vêtements de dessus, généralement plus chers : les
sous-vêtements permettaient de les garder propres en formant une barrière contre la chaleur et
l’humidité du corps, et par conséquent de la saleté. Les souillures et odeurs provenant du contact direct
avec le corps étaient régulièrement nettoyées. Ce besoin de sous-vêtements protecteurs au sein de la
haute société s’accentuait alors que se développaient des vêtements de dessus plus finement tissés.
Cette couche protégeait aussi la peau des riches de l’abrasivité du brocart (tissu de soie tissé avec du fil
de métal) et de l’irritation des fibres en laine et des doublures en fourrure.
Les dessous masculins se composaient de deux vêtements : la chemise pour la partie supérieure du
corps et les « braies » ou « chausses » pour la partie inférieure. L’auteur et poète anglais, Geoffrey
Chaucer, a décrit ces vêtements dans The Rime of Sire Tophas, extrait de ses Contes de Canterbury :
« Il mit contre sa peau blanche
« Un tissu de lin fin et clair
« Des braies et aussi une chemise »16
La chemise, dont les diverses formes étaient portées par les deux sexes, était l’unique vêtement porté
de manière continue, jusqu’à il y a encore une centaine d’années, directement sur la peau. Elle a
également conservé sa forme basique à travers son histoire. À cette époque, elle était créée de façon
simple avec un pan avant et un pan arrière reliés entre eux par une couture au-dessus des épaules et sur
les côtés, avec une encolure assez grande pour y passer la tête et deux manches courtes coupées de
manière simple et droite. La longueur de la chemise, au cours de cette période, a changé, pouvant à
différents moments s’arrêter au niveau de la hanche ou descendre jusqu’aux genoux (ou n’importe où
entre les deux). Le tissu utilisé dépendait de la classe sociale de celui qui portait le vêtement ;
principalement composée de laine ou de chanvre, la chemise pouvait aussi, pour les riches, être de soie.
Le statut des rangs les plus élevés était ensuite indiqué à l’aide des broderies utilisées au niveau du cou
et des poignets. Vers la fin du
XV
e
siècle, les larges plis de lin fin des hommes riches pouvaient être
gonflés et montrés entre le bas du pourpoint et le haut-de-chausses.
Les braies étaient, en réalité, des vêtements de dessus avant de devenir de vrais sous-vêtements au
milieu du XIIe siècle, lorsqu’on portait une tunique les dissimulant largement. À ce moment-là, la majorité
des braies étaient constituées de larges jambes descendant jusqu’au milieu du mollet et se fermaient
autour de la taille avec une « braiel », qui était une ficelle ou une espèce de ceinture. Au fil du siècle, le
fond des braies est devenu plus ample et les jambes plus courtes, se transformant en longs bas qui
étaient attachés à la ceinture des braies avec un cordon. Durant le siècle suivant, la longueur a évolué,
s’arrêtant entre les genoux et les chevilles, mais avec une tendance à raccourcir au fil des ans. Au XIVe siècle,
les braies sont devenues plus courtes et la taille plus basse sur les hanches. Les braies non seulement
étaient plus courtes mais elles devenaient également plus serrées avant de devenir, au début du XVe siècle,
un peu plus qu’un pagne et de ressembler à un maillot de bain moderne, vers la fin du siècle. Le port
des braies ou de la culotte, étant de plus en plus reconnu, était considéré comme un signe de bonne
Page 12.
12
manière et de civilisation. Dans le quatrième livre de ses Chroniques, le chroniqueur français, Jean
Piero della Francesca, Saint Sébastien, polyptyque de
Froissart décrit comment il a « guéri » les Irlandais de leurs « nombreuses habitudes grossières et
la Miséricorde (détail), 1445-1462.
inconvenantes » notamment en remédiant au fait qu’ils ne portaient pas de culotte, en parvenant à avoir une
Huile sur panneau, 109 x 45 cm.
« grande quantité de sous-vêtements fabriqués en lin, et de les envoyer à leur roi et ses domestiques »17
Museo Civico, Sansepolcro.
et leur apprenant à les porter.
— Une Fondation solide —
Propreté et moralité
Nikky-Guninder Kaur Singh estime que « les vêtements couvrant les parties intimes du corps ont à
peine fait partie du discours religieux ».18 Cependant, les décisions concernant les sous-vêtements
ont été dictées par de nombreux enseignements religieux et codes de conduite. Au Moyen Âge, les
sous-vêtements étaient portés par quelques ordres religieux, mais pas par tous. Dans De officiis
(Des Obligations du clergé), écrit vers 391, saint Ambroise parle de la pudeur en rapport avec les parties
du corps observant que la nature « nous a appris et persuadé de les couvrir ». Il recommande de
porter un pagne ou une culotte lors des services cléricaux ou dans le bain, « en vue de gouverner la
pudeur et de préserver la chasteté » afin de respecter les décisions de la Bible : « Comme le Seigneur a
dit à Moïse : « Tu leur feras des braies de lin pour couvrir ce qui fait honte à la pudeur. Ils iront depuis
les reins jusqu’aux cuisses et Aaron et ses fils en auront quand ils entreront dans la tente de l’alliance,
et lorsqu’ils s’approcheront de l’autel du Saint pour offrir le sacrifice, et ils ne se chargeront pas d’un
péché, de peur qu’ils ne meurent. »19 Par exemple, les Cisterciens n’étaient pas autorisés à porter de
sous-vêtements tandis que les moines bénédictins de Cluny, en France, portaient des culottes de lin,
comme des laïcs, et chaque moine avait deux braies ainsi que d’autres vêtements comme deux
capuchons, deux robes, deux tuniques et cinq paires de chaussettes. Au Moyen Âge, les sous-vêtements
étaient associés au corps et à l’idée que le corps était immoral et avait besoin d’une discipline
constante, comme le port d’une haire. Les sous-vêtements symbolisaient aussi l’humilité : les pèlerins,
comme le comte de Joinville qui « [était parti en pèlerinage] nu-pieds dans sa chemise »,20 pratiquaient
une forme d’auto-avilissement en apparaissant vêtus uniquement de leurs sous-vêtements. Cette
Page 13.
pratique n’était pas loin de celle forçant à apparaître en public en sous-vêtement en termes de punition.
L’Histoire d’Alexandre le Grand.
En 1347, les bourgeois de Calais se sont vu ordonner par le roi anglais Édouard III de se rendre en ne
Manuscrit enluminé, xve siècle.
portant que leur chemise.
Musée du Petit Palais, Paris.
13
— L’Histoire des sous-vêtements masculins —
L’importance des concepts binaires de la propreté et de la saleté et de leur association avec la
différenciation de « intérieur » et « extérieur » en termes d’identité et de corps a joué un rôle
important dans la façon par laquelle les sous-vêtements étaient considérés dans de nombreux
enseignements religieux et culturels jusqu’au
XII
e
siècle. Les communautés de voyageurs irlandais,
par exemple, avaient pour ordre que les « vêtements de dessus ne soient pas mélangés avec les
sous-vêtements ».21 Ainsi les traces de saletés que le corps avait rejetées étaient séparées de la saleté
accumulée par l’extérieur du corps, et ce même dans le processus de nettoyage des vêtements. Chez les
hommes juifs orthodoxes et hassidiques, le tallit katan (forme de sous-chemise à franges ou tzitzi) est
porté sous la chemise, mais sur une surchemise de sorte qu’il ne touche pas la peau, comme le
préconise le commandement biblique, « dis-leur qu’ils se fassent, de génération en génération, une
frange au bord de leurs vêtements, et qu’ils mettent un cordon bleu sur cette frange du bord de leurs
vêtements ».22 Il en est de même chez les Hindous qui portent un Yajñopavitam, ou fil sacré sous leur
vêtement comme preuve qu’ils sont passés par la cérémonie d’Upanayana, rite marquant le début de
l’éducation religieuse formelle d’un garçon. Le Yajñopavitam est posé sur l’épaule de gauche et
Page 14.
Pieter Aertsen, Le Repas des paysans, années 1560.
14
enveloppe le corps pour retomber sous le bras droit.
Durant cette période, les vêtements des riches et des classes les plus populaires étaient identiques
Huile sur bois, 142,3 x 198 cm.
de par leur style mais les tissus utilisés étaient différents, tout comme les détails et les ornements. Les
Anvers.
vêtements et sous-vêtements en laine et en lin étaient portés par toutes les classes, mais l’aristocratie
— Une Fondation solide —
portait également de la soie bien plus chère. Les rapports de la garde-robe datant de 1344-1345 du roi
Édouard III montrent que ce dernier et sa famille étaient bien approvisionnés en sous-vêtements, créés
par un membre de la famille royale à partir de métrages de lin fournis par le tailleur de la cour.23
L’historienne Virginia Smith a soutenu le fait que l’évolution des sous-vêtements qui pouvaient « coincer
les évacuations du corps dans une couche au-dessus de la peau, permettant une décomposition
bactérienne fétide d’avoir lieu » était « indépendante de l’économie, de l’Église, de l’éducation, et des
bains, plus grande différence singulière dans le régime physique de l’hygiène personnelle médiévale. »24
Les niveaux d’hygiène et de propreté étaient plus importants au sein des couches supérieures de la
société, et les règles d’hospitalité voulaient que les voyageurs se voient proposer des installations leur
permettant de se laver ainsi que du linge propre, au même titre qu’un lit et qu’un repas. Le sociologue
et historien français, Georges Vigarello, a décrit comment, au Moyen Âge, la peau « était considérée
comme perméable » et que les sous-vêtements en lin étaient portés presque comme une seconde peau
dans le but d’absorber les sécrétions corporelles et celles des parasites vivant habituellement sur le
corps.25 À cet égard, les sous-vêtements étaient lavés plus fréquemment que les vêtements de dessus,
créant les habitudes d’organisation et de signification de la lessive qui existe encore aujourd’hui.
Page 15.
S’inspirant de la pensée de Vigarello, la sociologue Elizabeth Shove fait part du rôle de la chemise comme
Pieter Bruegel l’Ancien, La Danse de la mariée, 1566.
« objet barrière » formant un rempart protecteur entre les « vêtements de dessus » socialement
Huile sur bois, 119,3 x 157,5 cm.
significatifs et le « corps socialement anonyme ».
26
Le lavage était effectué par le porteur lui-même,
The Detroit Institute of Art, Detroit.
15
— L’Histoire des sous-vêtements masculins —
dans les classes populaires. En 1499, un étudiant allemand du nom de Thomas Platter « avait pour
habitude d’aller laver sa chemise sur les rives de l’Oder… et pendant qu’elle séchait, il nettoyait ses
vêtements ». Au sein de l’aristocratie et de la royauté, cette tâche était assignée à un lavandier attitré.
Selon les rapports de la cour anglaise du roi Édouard IV, une somme d’argent était régulièrement donnée
à « l’homme lavandier » afin d’acquérir des fleurs et racines raffinées permettant aux robes et aux draps
du roi d’avoir une odeur plus saine et délectable.27
Les Chemises 1500-1603
Jusqu’aux alentours de 1510, les chemises étaient grossièrement coupées et avaient une encolure carrée,
leur permettant d’être enfilées par la tête. Au sein des classes les plus aisées, les bandes situées au niveau
de l’encolure et des poignets étaient brodées pour indiquer la richesse et le statut social. En plus d’être
un signe évocateur de richesse, ces broderies renforçaient les zones exposées de la chemise et masquaient
les salissures. À compter de 1510, ces broderies décoratives sont remplacées par des ornements en
dentelle ou par un petit jabot. La dentelle était un accessoire très prisé mais onéreux, par conséquent,
lorsqu’elle était présente, elle était ostensiblement affichée. Au fil du siècle, l’encolure des chemises
devient plus haute et le jabot une fraise. Fabriquées à partir de « batiste, de toile de Hollande, de linon et
du tissu le plus fin qu’on puisse avoir »28, elles étaient raidies à l’amidon de sorte qu’elles sortent du cou.
Les chemises des hommes (ou des gentilshommes) continuent d’exprimer le rang social. En Angleterre,
une loi somptuaire, introduite en 1533, autorise uniquement les hommes d’un rang supérieur à celui de
chevalier à porter des « chemises tressées ou des chemises ornées de soie, d’or et d’argent ».29 Après la
Réforme du début du
e
XVI
siècle, et en raison de la montée du puritanisme, il y a une réaction brutale
contre ce genre d’excès dans l’habillement. En revanche, au cours de la deuxième moitié de ce siècle, il
était de nouveau à la mode d’exposer sa chemise qui pouvait être sortie du pourpoint. Le lin blanc devient
de plus en plus la marque des courtisans, et selon Vigarello, à la fin du
e
XVI
siècle, changer de chemise
chaque jour devient banal pour les hommes de la cour française, et il est « suffisant de toujours avoir du
beau lin bien blanc ».30 Le changement progressif dans la conception de la chemise a influencé les
attitudes quant à la masculinité. La coupe horizontale basse de l’encolure du début du siècle laisse voir le
haut de la poitrine et souligne la carrure du porteur. Au cours du siècle, l’encolure est plus haute mettant
moins en valeur les épaules, et c’est alors la braguette qui symbolise la masculinité.
La Braguette
Contrairement aux femmes, avec leurs vertugadins à cerceaux (à partir de 1468), leurs « hausse-culs »
à compter des années 1580, les vertugadins (cerceaux situés au niveau de la hanche pour relever la
robe) et les corsets (corsages à baleine pour compresser l’estomac), les hommes ont peu de structures
artificielles à ajouter à leurs sous-vêtements. La braguette est l’un des objets qui a donné davantage
d’importance au rembourrage. Apparue pour la première fois vers la fin du
XIV
e
siècle, la braguette
(dont le nom provient d’un terme archaïque pour scrotum, et connu sous le nom de « bragetto » en
italien ou de « braguette » en français) était au départ une pièce purement pratique et utile couvrant
l’ouverture de la chausse. Elle était légèrement rembourrée pour mieux protéger les parties sensibles.
Page 16.
Chemise de nuit de soie brodée, 1581-1590.
Museum of London, Londres.
La braguette était attachée à la chausse et à la carmagnole ou au pourpoint à l’aide d’aiguilles. Parfois
travaillées sur une base en cuir, les braguettes ont de plus en plus joué un rôle décoratif, en devenant
de plus en plus grande jusqu’à atteindre des dimensions quasi ridicules et peu naturelles. Une
braguette en métal doublée est même devenue une pièce maîtresse de l’armure. Le médecin et moine
16
e
siècle, François Rabelais, a consacré plusieurs passages de La Vie de Gargantua et
Page 17.
catholique du
Chemise de nuit de soie brodée (détail), 1581-1590.
de Pantagruel (1532) aux braguettes ; l’un d’eux s’intitule « Comment la braguette est première pièce
Museum of London, Londres.
de harnais entre gens de guerre ». Ces passages mettent, avec humour, l’accent sur la taille de ces
XVI
17
— L’Histoire des sous-vêtements masculins —
braguettes : « Panurge voulut que la braguette de ses chausses feust longue de troys pieds, & quarrée
non pas ronde, ce que feut faict, & la faisoit bon veoir. Et disoit souvent, que le monde n’avoit point
encores congneu l’esmolument et utilité qui est de porter grande braguette, mais le temps leur enseigneroit
quelque iour, comme toutes choses ont esté inventées en temps. »31 Alors que les sous-vêtements
cachent de manière « invisible », les braguettes attirent l’attention sur les parties génitales et sont
souvent très décorées. Leur vocation principale n’était pas d’être une invitation sexuelle lancée aux
femmes, mais un avertissement agressif et tape-à-l’œil envoyé à la gent masculine. Son importance avait
plus à voir avec la puissance sociale, temporelle et territoriale qu’avec les prouesses sexuelles. Elle
devient très populaire dans toute l’Europe, où l’intérêt que portaient les hommes à vouloir projeter une
image de puissance est très vif. Le dramaturge anglais, William Shakespeare, a souligné l’importance
de la braguette en tant qu’élément essentiel dans l’habillement des hommes dans sa pièce Les Deux
Page 18.
18
Gentilshommes de Vérone. Lucetta, confectionnant un costume homme pour que Julia se déguise :
Anonyme (d’après Holbein), Henry VIII,
« Vous avez besoin d’une braguette, madame. Une culotte rebondie ne vaut rien de nos jours, à moins
vers 1540-1545 (?).
d’avoir une braguette. »32 La braguette présente aussi des côtés pratiques comme une poche dans
237,9 x 134 cm.
laquelle les hommes transportent leurs clefs, leurs pièces et un mouchoir. En raison de la popularité
Walker Art Gallery, Liverpool.
croissante des braguettes parmi ses compatriotes, le pamphlétaire anglais Philip Stubb[e]s les accuse
— Une Fondation solide —
alors d’être « empoisonnés par l’arsenic de la fierté ». Enguerrand de Monstrelet, chroniqueur de
l’Europe des XVe et XVIe siècles, se plaint que les cuissardes et les nouvelles culottes et chausses (rendues
populaires par le grand-duc de Bourgogne Philippe III) accordent trop d’importance au membre
masculin et condamnent le port des braguettes.
Le rembourrage était aussi évident dans les pourpoints et les chausses. Le coton et la laine utilisés
pour rembourrer les pourpoints donnaient une forme, à la mode, bombée comme une cosse de petits
pois. La partie inférieure des pourpoints comportait une aiguille orientée vers le bas, généralement
longue de vingt-quatre centimètres, attirant le regard vers la braguette. Sous leur pourpoint, de
nombreux hommes portaient un gilet qui descendait jusqu’à la taille, avec ou sans manche(s),
généralement double ou matelassé, sauf lorsque le pourpoint était porté en négligé. Ces gilets étant
portés uniquement sous les pourpoints, ils constituaient une forme de sous-vêtements. Il existait deux
types de culottes, les culottes de dessus et les culottes de dessous, qui étaient fabriquées à partir de
matériaux différents. Celles du dessous étaient développées à partir de la culotte ou des bas
Page 19.
traditionnels (cela sera abordé plus en détail ultérieurement). La culotte de dessus, ou slip, était dérivée
Jakob Seisenegger, Charles V avec son chien, 1532.
de la chausse pour progressivement devenir de plus en plus bouffante ; en outre, elle était doublée
Huile sur toile, 203,5 x 123 cm.
d’une grandiloquence fabriquée en coton, laine ou crin de cheval.
Kunsthistorisches Museum, Vienne.
19
Remerciements
Je tiens à remercier les personnes et organismes suivants pour leur aide et les conseils qu’ils m’ont apportés en vue de l’élaboration de ce livre:
Katherine Baird (London College of Fashion Archive), Djurdja Bartlett, Beatrice Behlen (Museum of London), Cally Blackman, Adam
Briggs, Éliane de Séresin, Fabienne Falluel (Musée Galliera), John Green, Joe Hancock, Jacqueline Huassler (Premium Bodywear), Justus Boyz
(Mike Boila and Phil Elam), Vicki Karaminas, Jim Lahey, Clare Lomas, London Centre for Arts and Cultural Exchange (Marianne Le Gallo, Suzie
Leighton, Sally Taylor, and Evelyn Wilson), Céline Maffre, Penny Martin, Guillaume Olive, Alistair O’Neill, Margaret Pederson (Brynje), Andrea
Posnett, Research Centre for Fashion, The Body and Material Culture at University of the Arts London, Agnès Rocamora, Ligaya Salazar, John
Staley, Helen Thomas, Andrew Tomlin, Vintage Skivvies, Ray Weller, Philip Warkander, Melissa Wilson (Ginch Gonch).
Remerciements particuliers aux marques et créateurs qui ont bien voulu nous faire parvenir des photographies :
Athos Fashion
aussieBum
Aertex
Andrew Christian
Bexley
Bleu Forêt
Bruno Banani
Coopers - Jockey
Dim
Ginch Gonch
Hom
L’Homme Invisible
JIL
Justus Boyz
QZ - Quadridgae Zeus
Shreddies
Wolsey
Zimmerli
255
S
i à une certaine époque la mode masculine, et celle des sous-vêtements en
particulier, était réservée à une élite, elle s’est aujourd’hui démocratisée, preuve
manifeste de l’évolution de notre société. L’esthétisme du corps tant prisé par les
Grecs semble retrouver une place prépondérante dans l’univers masculin. Miroir de
l’évolution des mœurs, l’histoire des sous-vêtements souligne également le ballet incessant
d’emprunts existant entre la mode féminine et la mode masculine. Les dessous se camouflent,
s’exhibent, s’allongent ou se raccourcissent, instaurant un jeu entre l’interdit d’alors et la mode
d’aujourd’hui, et dénoncent de fait l’aveu que pouvait trahir, autrefois, un simple vêtement.
Dans cet ouvrage, à travers une étude socio-économique, Shaun Cole entreprend de
restaurer pour la première fois l’importante place du sous-vêtement masculin dans l’histoire
du costume, de l’Antiquité à nos jours. Reflet d’une évolution de la technologie, cette étude
réserve des surprises et dégage avec force une réflexion sur le rapport de l’homme à son corps.

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