salmo n°47 - Pecher Haut Verdon

Transcription

salmo n°47 - Pecher Haut Verdon
Bon coin
La Vallée Du Haut Verdon :
de premier choix pour le
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Une destination
pêcheur de truite
Située au nord du parc du
Mercantour, la vallée du
Haut Verdon offre un cadre
montagnard d’influence climatique méditerranéenne
superbe. Une sortie de
l’équipe rédactionnelle de
Salmo nous a permis
d’en tester la qualité.
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Bon coin
En amont d'Allos, le Verdon est encore étroit et cascadant
Les cours d’eau de la vallée du Haut Verdon
possèdent un régime pluvio-nival, et présentent des amplitudes de débit marquées, avec
une période de fonte printanière (exceptionnellement longue ces deux dernières années),
suivi d’un étiage souvent sévère. Si le Verdon
est devenu une rivière mythique pour ses
grosses truites dans les gorges à l’aval du
lac de Castillon, c’est sur le haut de la vallée
que nous avons jeté notre dévolu pour
la traditionnelle sortie Salmo annuelle, à la
recherche d’un cadre dépaysant et de truites
autochtones méditerranéennes. Nous n’avons
pas été déçus !
La vallée du Verdon possède de nombreuses
similitudes avec celle voisine de l’Ubaye (situé
à 30 km de là, de l’autre côté du col d’Allos),
notamment au niveau de la configuration :
toutes deux présentent une rivière principale
prenant ses sources vers 2500m, et finissant
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vers Colmars, les postes deviennent plus vastes
leurs courses dans un lac de barrage vers
1000 m d’altitude (le lac de Castillon dans
le cas du Verdon), un réseau d’affluent
intéressant, ainsi qu’une poignée de lacs
de montagne près des sommets. Cette
diversité permet ainsi de varier les plaisirs et
de combler tous types de pratiquants.
De sa Source à Allos,
le Verdon est encaissé
et pentu
En amont d’Allos, Le Verdon présente un
profil resserré assez pentu. Large d’environ
5 mètres, il autorise la pratique de toutes
les techniques. En présence d’eaux fortes,
les turbulences sont importantes et les coups
restreints, les techniques capables de pêcher
creux et précis (toc et vairon essentiellement)
s’en sortent le mieux. Les secteurs les plus
intéressants se situent entre la Foux d’Allos
et Allos. Cette section, à une altitude
excédant 1400 m est assez encaissée et reste
relativement froide. Elle permet de trouver
des secteurs à l’ombre, propices durant
les chaudes journées d’été.
D’Allos à Colmars, un très
beau secteur de pêche
en étiage
En aval d’Allos, le calibre de la rivière
augmente, suite à l’apport de quelques
affluents dont le Chadoulin et le Bouchier.
L’amont immédiat de Colmars est un secteur
très intéressant, car il concentre une large
variété de faciès. Le Verdon présente à ce
niveau un profil type de rivière de moyenne de
montagne caillouteuse (la largeur atteint une
dizaine de mètres par endroits), avec toutes
Les truites du Haut Verdon présentent une robe méditérrannéenne à nombreux petits points noirs et rouges caractéristiques
les options tactiques que cela sous-entend.
C’est sans doute le secteur le plus porteur lors
d’étiages sévères. Les accès ne sont pas très
fréquents, on peut citer le pont de Chaumie,
ainsi que le pont de la D 908 qui coupe
le Verdon dans Colmars même.
En aval de Colmars, à
pêcher quand les eaux
sont encore assez hautes
L’influence méditerranéenne se fait vraiment
ressentir au niveau de la configuration,
comme en attestent les grandes étendues
de cailloux en présence du lit mineur. À ce
niveau, les accès à la rivière sont peu
nombreux. Elle alterne grands plats et brèves
ruptures de pente. Dans les portions assagies,
le courant principal flirte souvent avec des
parois de roche lisse dont la base est creusée,
offrant aux plus gros individus de belles
caches. Pour pêcher efficacement ces postes,
un certain débit est nécessaire et la fin de la
fonte de neiges est certainement le meilleur
moment de la saison. En cette mi-septembre,
le niveau maigre nous a poussé à prospecter
préférentiellement les parties resserrées plus
agités, habités par des truites plus modestes
en taille mais très nombreuses !
À noter : plusieurs parcours no-kill (toutes
techniques et hameçon sans ardillon) sont
présents sur le Haut Verdon :
• Parcours Thorame Haute Gare Longueur :
1200 m / limite aval : viaduc du chemin de
fer / limite amont : pont du tunnel de la
Colle Saint Michel.
• Parcours de Colmars-les-Alpes Longueur :
950 m / limite aval : pont de la Buissière /
limite amont pont Saint Roch (D 908)
• Parcours d’Allos Longueur : 900 m / limite
aval : confluence avec le Chadoulin / limite
amont : confluence avec le Bouchier
• Parcours de la Foux d’Allos Longueur : 850
m / limite aval : cascade sortie de la Foux
d’Allos / limite amont : passage souterrain
de la Foux d’Allos
Des affluents de qualité
Pour les adeptes de rivières plus petites,
la vallée recèle un réseau d’affluents
intéressant qui possèdent tous la particularité
d’être relativement difficiles d’approche, ou
du moins d’avoir peu de points d’accès.
Si cela nécessite de fouiner un peu pour se
rendre au bord de l’eau, on peut surtout y
voir un gage de tranquillité et la possibilité
d’évoluer en paix dans un cadre sauvage des
plus plaisant et poissonneux. Aucun vrai
pêcheur de truite ne s’en plaindrait ! Nous
avons pu en visiter quelques-uns avec réussite
durant notre séjour :
Le Chadoulin : beau torrent
sur le bas, remarquable
plateau en haut
Premier affluent conséquent sur le cours du
Verdon, le Chadoulin le rejoint au niveau
d’Allos. Son cours peut être segmenté en trois
parties, sensiblement équivalentes en termes
de population salmonicole :
•La partie aval, à la sortie d’Allos, où l’on
accède par le GR 56B qui longe la rivière à
ce niveau : Le débit est important dans cette
partie basse et le substrat d’ardoise donne
une teinte légèrement grisée à l’eau.
•Une partie intermédiaire accessible par la
D 226, au niveau de la Fontaine de Valpane.
Le cours du torrent est nettement en
contrebas de la route, mais le parcours vaut
bien l’effort de cette marche d’approche.
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Bon coin
le Chadoulin mérite une visite canne en main
De gros blocs structurent le lit du torrent en
de nombreuses caches et postes marqués.
•À son extrême amont, un no-kill a été
nstauré sur le ruisseau de la Serpentine.
Comme son nom l’évoque, il coule paisiblement dans les près sur un plateau uniquement accessible à pied après quelques
minutes de marche, à 2125m d’altitude.
Au gré de nombreux méandres, il se pêche
très bien à la mouche. Le rédac’ chef, qui
n’est pourtant pas un assidu de ce type de
parcours où le panier n’est pas de mise
(NDLR : sous la plume de Simon, cette
remarque perfide, c’est l’hôpital qui se
moque de la charité, mais pas de censure,
conformément à la politique maison),
a poussé la conscience professionnelle jusqu’à y passer quelques heures. Guidé par
Benjamin Isouard, le président de l’AAPPMA
du Haut Verdon, il a pu apprécier la densité
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tout en pêchant en sèche. Le blog de
l’AAPPMA relate d’ailleurs quelques photos
de ses nombreuses prises. Il a pu vérifier
à cette occasion une curieuse observation
qu’il n’a pas manqué de nous relater
avec enthousiasme au retour de cette
randonnée : comme on nous l’avait
annoncé, le peuplement en place sur le
plateau est constitué d’un isolat de truites
de souche Atlantique absolument superbes
dans leur robe à gros points, alors que le
lac d’Allos, au dessus, et le Chadoulin, en
dessous, sont exclusivement peuplés de
truites méditerranéennes ancestrales. Cette
particularité remarquable qui se maintient
sans intervention humaine résulte forcément
d’un alevinage ancien. C’est un cas d’école,
illustrant parfaitement la ségrégation
spatiale de deux souches distinctes sans
hybridation.
La Lance : ne tentez pas la
piste sans 4X4 !
La Lance est un affluent qui se jette dans
le Verdon rive gauche, au niveau de Colmars.
Les accès ne sont pas évidents, et il est
déconseillé de s’aventurer sur la piste vers
le Pont de la Serre sans véhicule adapté.
La partie aval reste abordable et un joli
parcours s’offre à vous en débutant à la sortie
de la ville de Colmars puis en remontant la
rivière vers la Cascade de la Lance, havre de
fraicheur très apprécié des touristes en été. Si
toutes les techniques sont praticables, nous
avons choisi la mouche sèche façon eaux
rapides, bien agréable lorsque les truites sont
devant les pierres en milieu de journée.
La Chasse est certainement le plus beau des affluents du Haut Verdon
La Chasse : la plus belle
de toutes… mais pour
combien de temps ?
Véritable perle de la vallée, la Chasse est la
rivière favorite des locaux. Malheureusement,
elle attire les convoitises des producteurs
d’énergie et se trouve menacée par un projet
de micro centrale.
Incroyable qu’il soit encore possible de
nos jours, d’envisager sérieusement…
et avec la bénédiction d’élus locaux, de
détruire un tel patrimoine naturel pour
une poignée de kilowatts de plus !
Rivière sauvage et superbe, elle renferme une
population de truites méditerranéennes splendides, dont nous avons pu juger l’ampleur au
cours d’une après midi d’intense activité.
Toutefois, il ne fallait pas se tromper d’esche !
Les poissons ont globalement été assez sélectifs et exigeants sur la taille des appâts, il a
fallu avoir recours aux mouches naturelles
fournies par Olivier Grimal pour les tromper !
Cette mise en garde est d’ailleurs valable pour
les autres parcours en fin de saison : dans ces
eaux basses ayant tendances à chauffer, il faudra souvent miniaturiser les esches pour
continuer à prendre des truites au toc !
Bien d’autres affluents méritent le détour :
ainsi, n’hésitez pas, à rendre visite au
Bouchier, au Clignon et à l’Issole.
la serpentine, sur le plateau en aval du lac d'Allos, est un parcours
remarquable pour la mouche
Le lac d’Allos :
Si le haut de la vallée possède quelques lacs
de montagne, le plus connu et le plus intéressant d’entre eux est le lac d’Allos. Ce plan
d’eau, avec ses 54 ha, est le plus grand lac
naturel d’altitude d’Europe et attire de nombreux pratiquants dès l’ouverture au mois de
juin. Depuis une petite dizaine d’années, son
peuplement piscicole repose sur la reproduction naturelle uniquement, le parc national du
Mercantour se montrant de plus en plus hostile aux héliportages d’alevins. Vous y trouverez des truites fario (quelques tributaires
assurent le recrutement) et des ombles chevaliers. Grace aux effets conjugués d’une exposition favorable, d’une altitude relativement
modérée (2225 m tout de même) et d’un climat ensoleillé, le biotope est relativement
riche et le grossissement des truites important. Les poissons de plus de 50 cm ne sont
pas rares. Pour les tenter, nous vous
conseillons de cibler les zones les moins profondes qui attirent les truites au dégel, plus
tard en saison, l’affaire se corse. Attention,
dans les Alpes de Haute Provence, le vairon
mort ou vif est interdit. Il pourra être remplacé par des poissons nageurs coulants, qui permettent de pêcher creux et de couvrir pas mal
de terrain.
Sur cette vallée, l’AAPPMA a clairement choisi
un mode de gestion patrimonial. Si à Salmo,
nous sommes attachés à avoir un avis mesuré
et objectif sur les questions de gestion de la
pêche (en tenant compte des particularités de
chaque coin), il s’avère que cette décision
peut être saluée, tant les truites qu’on y rencontre sont nombreuses. La population
semble équilibrée et le recrutement correct,
c’est du moins ce que nous avons ressenti
canne en main ! Toutefois, la relative maigreur
des individus et la rareté des insectes aquatiques indiquent sans doute quelques perturbations qui n’ont rien à voir avec la gestion de
la pêche, mais davantage avec l’impact des
activités humaines sur ces milieux montagnards. Au niveau de la réglementation, la
donne change en 2015 puisque la taille légale
de capture passe de 20 à 23 cm. Si de nombreux pêcheurs de la vallée voient en cette
mesure la promesse d’une amélioration de la
qualité de pêche, nous sommes plus réservés
quant au réel bénéfice probable… Affaire à
suivre !
Simon SCODAVOLPE
Renseignements pratiques :
Pour la réglementation pêche :
http://haut.verdon-peche.fr/
Pour le tourisme :
http://www.colmars-les-alpes.fr/
http://www.valdallos.com/
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