LES CHARDONNERETS A TETE GRISE

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LES CHARDONNERETS A TETE GRISE
Élevage du Chardonneret rouge (Carduelis Cucullata) ou
Tarin rouge du Venezuela
I – Présentation :
Aire de répartition:
Originaire du Nord Est de la Colombie et du Nord du Venezuela, le Chardonneret rouge vit, à l'état
sauvage, dans des paysages ouverts et en lisière des forêts dans la partie supérieure de la
Cordillère septentrionale, à des altitudes comprises entre 100 m et 1500 m.
Description :
Il s'agit d'un petit oiseau vif et bien proportionné, de forme moyennement arrondie, dont la taille est
comprise entre 10 cm et 10,5 cm. Le bec est conique, de couleur gris foncé à noir, long de 1 cm
environ.
Chez le mâle la tête, le menton, la gorge et les extrémités des rémiges et des rectrices sont noirs.
Le ventre est blanchâtre, de même que les sous caudales. Le reste du plumage est d'un rouge vif
et intense.
Chez la femelle la tête et le dessus du corps sont gris, à part le croupion et les sus caudales qui
sont rouges. La poitrine, les extrémités des couvertures alaires et la base des rémiges sont rouge
orangé.
Jeune mâle en fin de mue
Femelle adulte
(Photos et élevage R. Toquebeuf le 10/11/2012)
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Chant :
Après la mue mâles et femelles gazouillent ; Un gazouillis irrégulier et doux à consonance un peu
métallique, agréable à l'oreille, moins fréquent cependant chez la femelle.
En période de reproduction, en particulier lors des poursuites précédant l'accouplement, le chant du
mâle est constitué d'appels puissants et de trilles forts et métalliques.
Statut / Règlementation :
A l'état sauvage l'espèce est menacée, la population totale est estimée entre 2500 et 10000
individus soit 1500 à 7000 individus adultes. Son déclin est lié d'une part aux nombreuses captures
comme oiseau de cage dans les pays d'origine et pour l'exportation massive vers l'Europe au début
du 20ème siècle pour hybridation avec le canari et d'autre part à la destruction de son habitat naturel
pour les besoins de l'agriculture intensive.
(Source : http://www.birdlife.org/datazone/speciesfactsheet.php?id=8818 ).
Une nouvelle population d'une centaine d'individus a été découverte en 2000 au sud ouest du
Guyana soit à environ 950 km de la première localité Vénézuélienne. L'espèce y est désormais
protégée.
L'espèce est inscrite à l'annexe I - VIII de la Convention de Washington et à l'annexe A de la
convention européenne de son application.
Son élevage, répandu, est reconnu par la législation française qui permet à l'éleveur de détenir
jusqu'à 100 spécimens adultes sans autorisation particulière (Arrêté du 5 mars 2008 modifiant
les arrêtés du 10 août 2004), au-delà il devra être titulaire d'un certificat de capacité.
Le transport et la cession ne nécessitent pas de document particulier en Europe.
L'importance de l'élevage du Chardonneret rouge est liée à la transmission au canari par
hybridation de la capacité à fixer les caroténoïdes, ce qui a permis l'apparition puis le maintien des
souches de canaris à fond rouge. Dans ce but, il est nécessaire de revenir régulièrement sur le
Tarin rouge pour "réactiver" le rouge chez le canari qui tend à diminuer au cours des générations.
D’où l'importance de conserver la pureté génétique des souches de Chardonnerets rouge, qui
peuvent être altérées par des hybridations avec des oiseaux à fond jaune (Tarin de Magellan ou
Tarin des aulnes) en vue de transférer au Tarin rouge de nouvelles caractéristiques (Taille,
mutations) que je ne nommerai pas qualités. De ce point de vue, si l'on souhaite élever cet oiseau
dans un esprit de conservation de l'espèce (Pour l'élevage tout au moins), il est préférable
d'acquérir les reproducteurs dans des élevages exclusivement en phénotype sauvage.
II – Élevage :
Environnement
La pièce d'élevage est équipée d'un déshumidificateur qui maintient l'hygrométrie entre 50 et 60%.
La température y est maintenue entre 15 et 18 degrés en hiver puis augmentée à 22-23 degrés en
période de reproduction après la naissance des jeunes. Cette précaution est indispensable car
certaines femelles peuvent quitter le nid la nuit assez rapidement au bout de 4 ou 5 jours. Sans
chauffage les jeunes sont condamnés, on les retrouve au matin, morts, avec le jabot plein. Ce
comportement atavique des femelles tient au fait que l'oiseau est originaire de régions tropicales
dans lesquelles lors des périodes de reproduction, la nuit, la température est supérieure à 30
degrés. Dans ces conditions, la chaleur étoufferait les oisillons si la femelle continuait à les couvrir
au-delà de quelques jours.
Cette gestion de la température représente la principale contrainte d'élevage du tarin rouge.
Je loge mes oiseaux dans des minis volières de dimensions 100cmx50cmx50cm dont seule la
façade est grillagée, les trois autres côtés et le dessus sont pleins. Le fond est recouvert de sable,
renouvelé toutes les deux semaines.
En dehors de la période de reproduction, mâles et femelles sont séparés et regroupés par 4 ou 5
par mini volière mais reçoivent la même alimentation. Pour la reproduction, chaque couple occupe
une mini volière.
Le bain est fourni une fois par semaine en période de repos, tous les jours en été.
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Reproduction
En captivité, le Tarin rouge se montre familier. Les femelles sont peu farouches et se révèlent
d'excellentes mères.
Les couples sont formés mi février et les nids mis en place un mois plus tard. L'éclairement est
naturel. La première couvaison démarre généralement la première quinzaine du mois d'Avril.
Selon les femelles j'utilise des nids intérieurs type "canari" un peu "camouflés" par des végétaux
artificiels ou des nichettes extérieures avec une face arrière coulissante et ajourée. J'ajoute à
l'intérieur du nid un habillage en feutre pour en réduire le diamètre. Les matériaux pour la
confection sont identiques à ceux utilisés pour les canaris.
Les œufs sont retirés et remplacés par des œufs factices, puis replacés lors de la ponte du
quatrième.
Je bague les jeunes au matin du 6ème jour en 2,5mm.
Les mâles participent généralement au nourrissage des jeunes à partir du 7ème ou 8ème jour.
Je limite la reproduction à 2 nichées de façon à ne pas épuiser les femelles qui auraient du mal à
récupérer avant d'aborder la mue.
III - ALIMENTATION
Graines
On trouve actuellement dans le commerce, des mélanges parfaitement adaptés à l'élevage des
fringillidés. J'utilise personnellement les mélanges de base suivants selon la période :
Période
Mélange
Repos
(du 15/11 au 15/02)
Préparation
(du 15/02 au 15/03)
Reproduction
(du 15/03 au 01/07)
MUE
(du 01/07 au 15/11)
30%
40%
50%
40%
30%
40%
50%
40%
40%
20%
-
20%
Tarin 1A
(Versele Laga)
Mélange Major
(Manitoba)
Alpiste
Graines germées :
C'est un met de choix pour les Venezuela qui l'utilisent quasi exclusivement pour le nourrissage :
Voir le jabot des oisillons sur la photo ci-dessous.
Nichée de 5 jeunes à 7 jours
(Photo et élevage R. Toquebeuf)
J'emploie préférentiellement un mélange de graines à germer riche en Niger qu'ils apprécient
particulièrement.
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Préparation : laisser tremper les graines pendant 6 heures environ à température ambiante, en
renouvelant plusieurs fois l’eau ; rincer ensuite abondamment à l'eau froide. Laisser germer
pendant 24 à 28 heures à température ambiante dans un tamis ou dans un germoir en rinçant
régulièrement à l'eau froide. Distribuer les graines germées, telles quelles ou mélangées à la pâtée.
Pâtée
C'est un point délicat avec ces oiseaux qui n'apprécient guère les pâtées en général. Il est
indispensable de la mélanger avec des graines germées dont ils sont friands, de l'œuf dur et un
peu de pomme râpée. Je complète la pâtée par un apport en pro biotiques pour l'entretien de la
flore intestinale.
La distribution se fait une fois par semaine en période de repos, Deux fois par jour pendant
l'élevage et trois fois par semaine (en quantité modérée) pendant la mue.
Verdure, Fruits
Les feuilles tendres de laiterons, mouron des oiseaux, pissenlits (feuilles et capitules mi-mures) à la
belle saison seulement (printemps, été). Salade ou un peu de pomme, soigneusement rincée, le
reste du temps (2 fois par semaine).
Nourriture animale
Très peu, quelques pucerons au moment de la reproduction. J'ai essayé les pinkies mais sans réel
succès.
Vitamines
Un complexe vitaminé enrichi en vitamine E est incorporé à l'eau de boisson, deux jours par
semaine en préparation à la reproduction (Février, Mars), pas au-delà les mâles pourraient se
montrer trop ardents et détruire les nichées. Un complexe multi vitamines en période de repos et
pendant la mue, un jour par semaine. Éviter les préparations spécifiques à la mue qui ont tendance
à rallonger la plume ce qui est généralement pénalisant en concours.
IV - CONCOURS
Coloration
Encore un point délicat, il s'agit plus d'un complément pour fournir à l'oiseau le carotène qu'il ne
trouve pas en quantité suffisante dans son alimentation en captivité, que d'une coloration à
proprement parler. Les colorants puissants tel la canthaxantine sont donc à exclure sous peine de
voir l'oiseau prendre des reflets violacés ce qui le pénalisera en concours. Ayant connu quelques
déboires dans le passé, j'ai questionné plusieurs juges à ce sujet, ils recommandent un apport
modéré d'une composition colorante à base seulement de béta carotène.
Le colorant est saupoudré sur la pâtée ou sur un quartier de pomme (dosage plus délicat). Une
distribution durant 4-5 jours avant le début de la ponte, puis 1 jour par semaine jusqu’à la fin de la
mue est généralement suffisante pour assurer une belle coloration des sujets. Dans le cas
contraire, il faudra se poser la question de la pureté génétique du sujet, qui a pu être altérée par
des hybridations avec des oiseaux à fond jaune (Tarin de Magellan ou Tarin des aulnes).
Préparation
L'oiseau étant naturellement vif et remuant, une préparation par un séjour de deux semaines en
cage de concours est indispensable pour qu'il se présente dans les meilleures dispositions devant
le juge. La cage de préparation doit être placée dans un lieu de vie de la maison de façon à
habituer l'oiseau aux allées et venues. Un poste radio à proximité complètera cette familiarisation à
la présence humaine.
Présentation
Un problème à prendre en considération pour sélectionner les sujets à présenter est la durée de la
mue juvénile qui a tendance à s'éterniser du mois d'Aout jusqu'à fin Novembre, ce qui ne permet
souvent aucun concours avant le Championnat de France voire celui du Monde.
On peut remédier à cette difficulté en avançant le cycle de reproduction par une gestion artificielle
de l'éclairage de la pièce d'élevage. On peut aussi attendre l'année suivante pour les concours, les
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fringillidés de la section F9 étant jugés sur 2 ans et la mue des adultes étant plus courte (Aout,
Septembre).
Malgré tout en 2010, au championnat du monde de Porto, j'ai eu la satisfaction d'une médaille de
bronze pour un stam de femelles de l'année d'une même nichée.
Robert TOQUEBEUF
BIBLIOGRAPHIE :
 « Le Tarin des Aulnes et ses cousins les Tarins et Chardonnerets américains »
de Marcel RUELLE édité par la Fédération Ornithologique Wallonne
 Il Cardinalino del Venezuela de Massimo Natale et Leone Giuliano Pidalà aux
éditions Alcedo s.r.l. (en Italien).
WEBOGRAPHIE :
 Site de BirdLife International ; Organisation regroupant 117 organismes nationaux
de protection et de conservation ( dont la LPO pour la France), leader mondial de la
protection des oiseaux.
http://www.birdlife.org/datazone/speciesfactsheet.php?id=8818
 Encyclopédie libre Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chardonneret_rouge
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