Histoire de la silhouette

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Histoire de la silhouette
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Année
:
:
MART 1
2010/2011
Intervenante : Catherine Örmen
Histoire de la silhouette
Vers 1750
On s’habille selon son rang.
La noblesse a des privilèges que les bourgeois envient.
La reproduction des modes s’effectue au sein des sphères privilégiées et ne touche pas, par
exemple, les ruraux (c’est-à-dire, la majorité de la population).
L’image imprimée figurant de la mode est rare.
Dans les milieux aristocratiques, les hommes consomment davantage que les femmes.
Les femmes de la noblesse portent une chemise, un corps à baleines, des jupons, un panier.
Leurs robes sont : la robe volante sous la Régence, la robe à la française qui prévaut
notamment pour les circonstances où la femme est en représentation à la cour, la robe à
l’anglaise, plus confortable et qui va se répandre à partir de 1750.
Enfin, Marie-Antoinette, lasse de l’étiquette, a une prédilection pour les robes « de
simplicité », qui sont des robes chemises en coton.
Ce coton est à l’origine du démarrage économique.
Il se diffusera également en raison de l’influence des modes à l’antique, consécutives aux
découvertes d’Herculanum (1738) et de Pompeï (1748)
Vers 1800
La Révolution Française donne à chaque individu la liberté de s’habiller comme il le souhaite
(1794). Rappelons qu’il n’y a pas de mode si l’individu n’est pas libre de les suivre.
En résumé, la mode n’est plus une question de naissance mais d’argent.
Sous la Révolution, le costume se charge de connotations politiques.
Après la Terreur, la poignée d’élégants – les Incroyables et les Merveilleuses – instaurent un
style qui s’inspire de l’antiquité pour les femmes, et qui est très excentrique pour les hommes.
La silhouette de la femme, dépourvue de paniers, de corps à baleines, de perruques et de
l’épais maquillage qui avaient cours sous l’Ancien Régime, se trouve régénérée, fluide,
naturelle. Les robes sont faites de coton blanc, à taille haute et profond décolleté.
Les industries du luxe sont désorganisées par la Révolution et la disparition des
commanditaires habituels.
Napoléon et l’Empire vont relancer la consommation de luxe en instaurant une vie de cour
tournée vers l’ostentation et le paraître.
Les hommes vont devoir porter les uniformes correspondant à leur fonction tandis que les
femmes vont continuer de suivre la mode à l’antique.
Mais l’utilisation de la soie produite à Lyon va transformer l’allure originelle de la silhouette.
Progressivement, le costume féminin s’alourdit et se charge d’ornements et la silhouette va
perdre de sa pureté à l’antique.
Bientôt le corset réapparaîtra et le costume, à la fin de l’Empire se divisera en deux parties
comme c’était le cas sous l’Ancien Régime.
Vers 1830
La mode est sous l’influence du romantisme. La femme élégante est un pur esprit hanté par
le spleen. Elle enferme son corps dans un corset qui amenuise sa taille et la robe se couvre
d’ornements, dont des manches gigot qui accentuent par leurs proportions la finesse
de la taille.
L’homme adopte un costume simple et pratique. Productif, il renonce à la parure.
Les dandys, au contraire, font de leur apparence leur unique souci.
Pour répondre aux besoins croissants de la masse, la confection, fille de la révolution
industrielle, se met en place. La production se standardise selon des tailles et les vêtements
sont réalisés en divisant les tâches.
Des magasins de nouveautés (La Belle jardinière), ouvrent. Ils vendent à prix fixes (c’est une
révolution commerciale) des vêtements prêts à être portés, relativement bon marché. Il s’agit
d’abord de vêtements pour hommes plus difficiles à réaliser à la maison et moins sensibles à
la mode. Mais la confection ne tardera pas à se tourner aussi vers l’habillement féminin.
Vers 1850
Sous le Second Empire, la révolution industrielle bat son plein. Paris, en chantier permanent,
est le centre mondial du luxe et des plaisirs. La cour de Napoléon III est fastueuse et les
besoins vestimentaires très importants. Il importe en effet, de paraître.
Charles Frederick Worth, met en place les bases de la haute couture. Il propose à sa clientèle
huppée, des prototypes déjà réalisés qu’il adaptera en quelques jours aux souhaits et aux
mesures de sa clientèle. Il ne se considère plus comme un fournisseur, mais comme un artiste
en robes et griffe ses modèles qu’il vend à un prix exorbitant. Mais la clientèle internationale
se les arrache.
Les grands magasins fleurissent partout dans les grandes villes.
A proximité des gares, ils étalent aux yeux du public tout ce que l’on peut trouver en matière
de nouveautés. Leurs catalogues commerciaux, diffusent l’image de la mode non seulement
en France, mais également à l’étranger.
Temples de la consommation, ils vendent également par correspondance tous les produits de
la confection qui s’emploient à suivre les tendances de la mode.
La mode est à la crinoline. La cage métallique va remplacer les superpositions de jupons.
Servie par l’essor de la machine à coudre, les robes vont développer une ampleur inédite et
se couvrir d’ornements.
La femme est enfermée dans un monument textile. La vie de la bourgeoise comme il faut est
une suite de contraintes improductives, car il faut adapter en permanence son habillement
aux circonstances et aux lieux dans lesquels elle doit paraître.
La femme est l’enseigne de la réussite sociale de son époux.
Vers 1870
Dès avant la fin du Second Empire, la crinoline est abandonnée au profit de la tournure qui
définit une silhouette cassée à angle droit.
Un nouvel idéal de minceur se fait jour.
La mode tend à renouveler ses formes de plus en plus rapidement.
La mode est à la surcharge d’ornement textiles. C’est le style « tapissier ».
Vers 1880
La silhouette s’amincit et l’obsession se porte sur la taille qui doit être très fine. Un temps la
tournure rapetisse, mais elle reprend un volume très imposant dans les années 1884, avant de
disparaître vers 1890.
L’historicisme règne, qui mélange à loisir tous les styles sur la toilette comme dans la
décoration intérieure ou l’architecture.
Vers 1900
La femme est tordue en S dans un corset. Ce n’est plus l’historicisme qui règne car
l’inspiration provient désormais de la nature.
Comme dans l’Art nouveau, la femme, telle une fleur, se chantourne et ondule.
Les couleurs éclaircissent et les matières se font plus légères.
En 1906, Paul Poiret dessine pour sa femme une robe sans corset, mais cette robe est munie
dans sa doublure d’une ceinture baleinée.
Les formes des sous vêtements évoluent. Le corset s’abaisse et découvre bientôt les seins. Les
femmes adopteront alors un soutien-gorge. La silhouette se fera plus droite, le vêtement
s’éloignera progressivement du corps.
La Première Guerre mondiale modifiera profondément les usages et les formes
vestimentaires. Devenue active, la femme aura besoin d’un vêtement simple et pratique qui
lui laisse la liberté de bouger. Elle va se dégager de l’emprise du corset. Les vêtements vont
s’élargir et s’éloigner du corps, mais simultanément, ils vont raccourcir pour dégager la
cheville et enfin, laisser voir une partie du mollet à la fin de la guerre.
Vers 1925
Au sortir de la guerre, plus rien n’est comme avant.
On veut oublier les horreurs de la guerre et la mode témoigne de ce phénomène : elle se veut
entièrement moderne. Une révolution s’accomplit : la mode est simplifiée à l’extrême, elle est
reproductible par quiconque sait coudre. Elle se diffuse partout, dans toutes les catégories
sociales et quelles que soient les classes d’âge.
La robe est courte, au genou en 1925, pour le jour, comme pour le soir.
La silhouette de la garçonne est parallélépipédique, sans taille, sans hanches, sans fesses. La
poitrine est parfois volontairement aplatie, les cheveux sont courts, dissimulés sous le
chapeau cloche. La lumière électrique s’étant répandue, la femme désormais se maquille,
même en plein jour. Ce n’est plus un signe de vulgarité ni de moeurs douteuses.
La mode du bronzage met fin à des siècles voués au culte de la blancheur de la peau.
L’influence de l’art nègre, l’urbanisation qui fait augmenter le nombre d’ouvrières dans les
usines ou de personnel administratif dans les bureaux, les loisirs et les voyages lointains sont
à l’origine de cette tendance nouvelle qu’adoptent les plus fortunés.
En 1927, la mode rallonge, ce qui va entraîner de profondes modifications dans la manière de
couper le vêtement. D’une coupe à plat, on passe à une coupe en trois dimensions qui exalte
la beauté du corps féminin (Vionnet). Cette coupe requiert l’usage du biais.
Vers 1935
La distinction et la discrétion ont cédé la place au clinquant des années 1920. Sous les effets
de la crise économique, la mode s’est repliée dans les classes privilégiées de la population. Les
vêtements comme la bienséance deviennent extrêmement sophistiqués.
Le corps de la femme est de nouveau sculpté, plus que dessiné, et l’image de la femme
renoue avec une conception plus classique de la beauté. La silhouette est légèrement
épaulée, la taille est bien marquée, la jupe rallonge et chaque saison définit exactement
l’emplacement de l’ourlet. Quant aux robes, elles sont soumises à une codification très
précise.
Beaucoup de robes du soir sont inspirées par la Grèce antique et moulent le corps de la
femme pour en faire une vivante sculpture.
Pendant la Seconde Guerre mondiale
La pénurie règne. Le système D. prévaut. La silhouette se fait plus massive, les épaules
s’élargissent, la taille s’affine. Pour étirer la silhouette, les femmes se coiffent à la Fontanges,
avec une coque au dessus du front. Le maquillage devient l’une des seules expressions de leur
coquetterie. Elles portent un turban et des chaussures hautes à talons compensés pour
contre-balancer l’épaississement de la silhouette. La mode est faite de bric et de broc. Bien
des conventions disparaissent.
Au sortir de la guerre
La pénurie règne encore pendant longtemps après le retour de la paix.
En 1947, Christian Dior présente sa première collection. Il cristallise les envies de luxe et de
féminité et sa collection est qualifiée de New Look.
Dior restaure un certain formalisme vestimentaire et une silhouette faite de courbes et de
contre-courbes. Le corps de la femme se dessine d’abord dans des sous-vêtements
constricteurs que le Nylon rend accessible au plus grand nombre.
Cette silhouette prévaudra pendant toutes les années 1950 qui marquent un apogée pour la
haute couture.
C’est au cours des années 1950 que le prêt-à-porter se met en place en France. Calqué sur le
« ready-to-wear » américain, la confection change de nom. Elle se mue en une industrie
moderne qui emploie les premiers stylistes et fait de la publicité.
Les années 1960
Les jeunes du baby boom arrivent en nombre sur le marché de l’habillement et imposent
leurs standards et leur idéal esthétique. La bourgeoise a vécu ! Place aux jeunes !
La beauté idéale est androgyne car à peine sortie de l’enfance. Sans taille, sans hanches, sans
seins, sans fesses, cheveux au vent, tel est le nouvel idéal des filles (comme des garçons). Il
s’ensuit, à partir de 1965, une course poursuite entre les filles et les mères : la mode ne cesse
de raccourcir, la mini-jupe s’impose grâce aux collants et le pantalon finit par mettre tout le
monde d’accord.
A la fin de cette décennie, on voit de tout et de toutes les couleurs.
La mode est véritablement kaléidoscopique.
La masse a pris le pouvoir, la haute couture est obligée de s’adapter. 80 % des Françaises
s’habillent désormais en prêt-à-porter.