Télécharger le dossier - Les plastiques en débat
Transcription
Télécharger le dossier - Les plastiques en débat
LES PLASTIQUES DANS LE VENT ! 3eD collège Saint Paul Cherbourg Dans ce numéro : Les plastiques dans la construction navale Le plastique a remplacé le bois Un matériau facile à entretenir et peu couteux De la voile en coton au spi en Nylon Un matériau indispensable pour le marin Que deviennent les bateaux en fin de vie ? Une alternative : le bateau compostable Plastiques en Débat est associé cette année à la célèbre course à la voile du Vendée Globe par l’intermédiaire de son parrain, le navigateur Alessandro di Benedetto. Pourquoi un navigateur s’intéresse-t-il aux matières plastiques ? Comment le plastique est-il employé dans le milieu de la construction navale ? A-t-il des propriétés spécifiques qui peuvent rendre un bateau plus compétitif ? Autant de questions qui ne manquent pas d’interpeler les Cherbourgeois que nous sommes… Le Cotentin, une terre de marins C herbourg, plus connu pour ses parapluies légendaires est également réputé pour ses entreprises de construction navale : yachts de luxe, monocoques de course ou de plaisance, catamarans y sont construits depuis toujours. Un savoir faire, des techniques particulières qui ont permis à plusieurs bateaux sortis des ateliers de Cherbourg de remporter des victoires au Vendée Globe ou de se faire remarquer dans les différents Salons nautiques internationaux. Nous avons voulu comprendre comment sont fabriqués ces bateaux que nous côtoyons tous les jours, à quelques mètres de notre collège. Cherbourg est un grand port qui accueille des courses sportives, comme la Solitaire du Figaro. http://www.ville-cherbourg. De la coque en bois à la superstructure en plastique L e plastique n’a pas toujours été employé dans la construction de navires de plaisance ou de course, le bois est longtemps resté le matériau principal de par son abondance et sa facilité de mise en œuvre, jusqu’au jour où le polyester a fait son apparition. A partir de 1950, le plastique prend peu à peu sa place dans le domaine naval, les fibres de verre imprégnées de résine liquide donnent naissance aux premiers matériaux composites. Trois types de résine sont d’abord utilisés en construction navale: l’Epoxy, le Vinylester et Polyester, puis de nouveaux matériaux apparaissent : des aramides (le Kevlar), des polyéthylènes téréphtalates (le Mylar), la fibre de carbone… Page 2 LES PLASTIQUES DANS LE VENT ! Des matériaux aux propriétés incomparables L http://www.ville-cherbourg.fr es matériaux synthétiques particulièrement solides et bon marché permettent toutes formes de coque, de pont ou de cabine possibles. Les architectes navals peuvent alors rechercher les meilleurs profils aérodynamiques et hydrodynamiques, développer l’ergonomie, perfectionner les gréements… Finies les pièces uniques, presque artisanales, grâce à l’association polyester/ fibre de verre, les pièces de bateaux sont moulées. Pour être performante, une voile doit être légère et résister à l’élongation, donc ne pas se déformer... http://www.dyneema.com Autre avantage non négligeable : une coque en polyester est sans entretien. Plus de corvées de ponçage comme avec les bateaux en contreplaqué marine dont la peinture s’use très rapidement au contact des vagues et du sel qui agissent sur elle comme du papier de verre. Selon le vent, il faut tourner sa voile C ’est avec ce petit clin d’œil au skipper francoitalien que nous poursuivons notre immersion dans le monde la voile... Les performances d’une voile sont essentiellement dues à la fabrication, à la conception et aux caractéristiques des fibres employées. Pour être performante, une voile doit être légère et résister à l’élongation donc ne pas se déformer. Elle doit aussi être peu sensible aux rayons ultraviolets qui l’attaquent et finissent par l’user, ainsi qu’aux moisissures par accumulation d'une humidité résiduelle, macération due aux sels marins… Les matériaux traditionnels d'une voile étaient les fibres naturelles comme le lin, le chanvre ou le coton, matériaux lourds qui se gorgeaient d’eau. « une fibre si légère qu’elle flotte sur l’eau ! » Un même moule permet de produire des centaines d’unités toutes identiques, de baisser les prix de production et donc de rendre la plaisance plus accessible à tous. Les premières fibres synthétiques dans le monde de la voile sont apparues dans les années 1950 avec les fibres polyester, comme le Dacron. Celui-ci, plus léger que le coton et hydrophobe se déforme tout de même un peu mais il est peu onéreux. Enfin, le Nylon trouve vite sa place, puisque cette fibre extrêmement légère a permis la mise au point d’un nouveau type de voile particulièrement performante : le spinnaker, une voile multicolore en forme de ballon adaptée au vent arrière. Des fibres inédites font rapidement leur apparition dans les années 1980, comme le Pentex, un dérivé du Dacron, qui se déforme peu, le Mylar puis les aramides comme le Kevlar au facteur de performance vingt-cinq fois supérieur à celui du Dacron. Grâce à lui, le poids des voiles est encore diminué. De plus, il conserve sa forme dans quasiment toutes les situations, mais il est très sensible aux ultraviolets et résiste très mal à la flexion. En 1983, le Spectra ou Dyneema (un polyéthylène à ultra haute densité) apparaît alors comme le matériau idéal. Cette fibre est presque deux Un moule en bois : plusieurs coques en composites w w w . s h o r e t e a m . o r g Entreprise située à Caen (proverbe italien) fois plus performante que le Kevlar et dix fois plus que l’acier. Elle possède une excellente résistance aux ultraviolets, à l’abrasion et à la flexion mais a tendance à s’allonger. La solution idéale est enfin trouvée avec le BPO (Polybenzobisoxazole), plus connu sous le nom de Zylon et reconnaissable à sa couleur orange. Ce polymère à cristaux liquides ne se déforme pas et résiste à peu près à tout. En outre, le développement de ces fibres s’est accompagné de nouvelles techniques de fabrication des voiles. Autrefois tissées, les voiles high-tech sont maintenant constituées de fibres enserrées entre des films plastiques, elles sont collées voire moulées. Le tissage kevlar-carbone est particulièrement visible sur cette voile Sources : plastic-lemag wikipedia Page 3 LES PLASTIQUES DANS LE VENT ! Le plastique est présent partout sur le bateau A bord, on trouve du plastique partout, sur le pont, dans le mât, les câbles, dans les roulements de winch qui permettent de hisser les voiles.… et même sur le skipper luimême. Les combinaisons de sailing en plastique ont révolutionné le confort et la sécurité des skippers. Elles possèdent une mousse-vinyle qui isole la chaleur et joue le rôle de gilet de sauvetage. Cette flottabilité peut maintenir n´importe quel individu à la surface de l´eau. La durée de survie dans une eau à 4°C s´élève à environ 5 heures. Ces combinaisons très techniques et élaborées sont très chères : l’entrée de gamme est à 250 euros. Ces combinaisons constituées à 90% de matière plastique sont hydrophobes et chaudes, elles sont de plus compatibles avec la peau, très légères, tiennent dans le temps et permettent des formes complexes, adaptées aux mouvements. http://shop.spars.co.uk http://www.ruedelamer.com/ Problème : la durée de vie de ces matériaux L a course en mer est exigeante, pour être performant, un bateau doit être léger mais pour aller loin… il doit être solide. Avec chaque vague et chaque mouvement du bateau, la structure subit des chocs et contraintes répétés, qui cumulent à des millions de cycles durant la vie du bateau. Le risque est la rupture par fatigue qui résulte de l’accumulation de dommages minuscules. Or la durée de vie d’un navire est un élément essentiel. Son impact sur l’environnement doit être rapporté à sa durée d’utilisation. Les plastiques et les matériaux composites fréquemment utilisés pour la fabrication des bateaux de plaisance posent un réel problème environnemental. Lorsque ces bateaux parviennent en fin de vie, ils constituent des déchets difficiles à éliminer. Chaque année, 20.000 embarcations sont mises au rebut. Selon les estimations retenues par la filière nautique, le gisement s'élevait à 5.000 tonnes de déchets en 2005, 10.000 tonnes en 2010 puis 20.000 tonnes à l'horizon 2025. Des entreprises se lancent dans le traitement des matières : les polyesters sont transformés en pieds de chaises de jardin pour un coût raisonnable (entre 500 et 700 euros pour une coque de 5 à 8 mètres). Les plastiques et les matériaux composites fréquemment utilisés pour la fabrication des bateaux de plaisance posent un réel problème environnemental Sources : www.latribune.fr/green-business/l-actualite/1019938/plaisancele-recyclage-des-bateaux-se-met-en-place.html www.skippers.tv/dossiers/recyclage-des-bateaux-en-fin-de-vie/ Exemple de durée de vie moyenne pour un voilier : Bateaux éventrés par un coup de vent, embarcations à flot tristement laissées à l’abandon sont autant de candidats à la destruction. Aujourd’hui, des entreprises spécialisées dans la récupération prennent en charge ces épaves que lui confient les chantiers navals, les fourrières publiques, quelques particuliers. Coque en stratifié de 30 à 50 ans Coque en bois 100 ans ou plus Coque en aluminium 50 ans ou plus selon protection, entretien et/ou restauration LES PLASTIQUES DANS LE VENT ! Une solution : Naskapi, le canoë compostable N Allez, direction le compost ! avEcoMat est un projet de recherche et d’innovation, mené en collaboration entre entreprises de la construction nautique, et laboratoires de recherche sur les matériaux en Bretagne. Ce projet propose la conception d’un matériau bio-composite haute performance, constitué d’un support en fibre végétale et d’une matrice ou liant biodégradable, compatible avec les contraintes de fabrication et d’utilisation des petites unités de plaisance. L’association « Reporter Bleu », présidée par Catherine Chabaud navigatrice et membre du CESE, participera à la définition du cahier des charges du biocomposite et du prototype, contribuera à la réflexion sur l’éco-conception et à la promotion du projet dans le milieu du nautisme. Le premier canoë compostable est donc sorti du laboratoire de l’Université de Lorient . Il est construit en fibre de lin et PLA (un polyactite dérivé de l’amidon de pomme de terre ou de maïs). Il est compostable en fin de vie . matériau composite. À masse égale, les propriétés mécaniques seraient aussi bonnes que le polyester. La tenue au vieillissement a aussi été surveillée de près : pas question que le kayak ne se détériore au contact prolongé de l’eau. Enfin, les travaux ont porté sur l’impact environnemental tout au long du cycle de vie de l’embarcation. Avec pour objectif ultime que le kayak puisse être enfoui sans effets néfastes sur la nature, le jour où il ne naviguera plus. Les travaux de ces scientifiques ont porté sur la résistance de ce nouveau http://www.pole-mer-bretagne.com/ navecomat.php Et pour aller plus loin, pourquoi ne pas adopter l’idée géniale de Oru Kayak, le Kayak Origami qui ne pèse que 11,3 kilos et est livré dans un sac ultra compact pouvant se porter à l'épaule. En arrivant près de l’eau, il suffit de le déplier et de l'assembler en cinq minutes pour créer un bateau de 3,5 mètres qui est prêt à l'emploi ! Conclusion N Il était un petit navire... otre équipe s’est beaucoup amusée à faire toutes ces recherches sur les plastiques utilisés dans le monde des bateaux. Même si nous ne pratiquons pas un sport nautique régulièrement, nous avons tous fait un stage de voile en cm2 ou en 6e et ce reportage a ravivé quelques souvenirs… Nous ne pensions pas, au début de notre enquête que les plastiques étaient aussi techniques et donc indispensables à bord d’un bateau. Nous avons surtout été très sensibles au problème de la fin de vie des embarcations et nous espérons que la réflexion menée autour du bateau compostable va aboutir à des solutions dans le futur. Nous avons appris beaucoup et nous avons l’intention de poursuivre nos recherches en visitant une entreprise de construction de bateaux dans notre région : les contacts sont pris pour l a « Semaine de l’industrie » qui se déroule au mois de mars. Si nous allons en finale, nous aurons le grand plaisir de rencontrer Alessandro di Benedetto et de nous entretenir avec lui de toutes ces questions et si nous gagnons, nous aimerions organiser une sortie au Palais de la Découverte à Paris afin d’explorer l’univers consacré aux matériaux. 3eD collège Saint Paul Cherbourg