PaPERGRam fête ses 20 ans
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PaPERGRam fête ses 20 ans
Jacek Utko Le design au secours du tirage no4 # 2009 20 GRAM 19 9 0 P A P E R papergram 2 010 GRAPHIC PAPER s u d n o f Les de la neige La presse témoin historique Papergram fête ses 20 ans sca papergram no 4 2009 1 16 Sommaire 4 Lecture après-ski C’est l’hiver et nombreux sont ceux qui guettent la neige. La poudreuse inspire, pas seulement les skieurs ou les lugeurs, mais également les lecteurs. En cette saison, les revues pour amateurs de sports d’hiver envahissent les kiosques. 12 Tendances 14 Bon anniversaire ! Papergram fête ses 20 ans, devenant ainsi l’un des plus anciens magazines professionnels du secteur. Retour sur les années écoulées. 23 Tendances 24 Comment activer le tirage Le designer de presse polonais Jacek Utko a la réputation d’être une sorte de prestidigitateur. Il modifie la maquette et, hop, le tirage augmente. Pourtant, il affirme lui-même que ça ne durera pas. 16 Les amateurs entrent en scène Journalistes et photographes n’ont pas pu couvrir les manifestations qui ont suivi l’élection présidentielle en Iran car le régime leur a interdit de faire leur métier. Néanmoins, la communauté internationale a été informée par des journalistes et photographes citoyens qui sont entrés en relation avec la presse grâce à des sites Web tels que Demotix. 27 Tendances 28 Une moule qui a la frite 19 Tendances La mulette, espèce protégée, ne peut vivre que dans une eau extrêmement pure. Elle a trouvé son biotope idéal dans les forêts de SCA. 20 L’histoire au crible de la presse L’hebdomadaire d’histoire allemand Zeitungszeugen relate l’époque nazie par un moyen original, la reproduction des journaux et périodiques de l’époque. La rédaction estime que la presse est un excellent témoin direct. Le land de Bavière ne partage pas cette opinion. Papergram. Magazine international des professionnels de l’industrie graphique et des médias publié par SCA Forest Products AB – Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : +46 (0)60-19 40 00 Télécopie : +46 (0)60-15 24 50 Rédactrice en chef et directrice de la publication : Anne-Sofie Cadeskog CHEF DE PROJET ET DE LA RÉDACTION : Luise Steinberger ([email protected]) Révision : Agnès Carbon/Jean-Paul Pouron Maquette : Mellerstedt Design Reprographie et impression : Tryckeribolaget AB – Sundsvall – Suède PHOTO DE COUVERTURE : Istock. Tous les articles sont commandés, relus et validés par la rédaction, ce qui ne signifie pas nécessairement que les opinions qui y sont exprimées reflètent celles de SCA ou de la rédaction. Toute citation doit faire mention de la source. 2 sca papergram no 4 2009 SCA Forest Products produit du papier d’impression (journal, SC et LWC), de la pâte à papier, des bois sciés et du bois combustible. Elle gère également l’important patrimoine forestier de SCA, approvisionne ses usines suédoises en bois matière première et offre à ses unités des services de transport d’un bon rapport qualité-prix. Avec un effectif d’environ 4 000 personnes, SCA Forest Products réalise un CA d’environ 17 000 M SEK (2 000 M EUR). L’activité forestière de SCA est certifiée FSC (Forest Stewardship Council). Papergram est imprimé sur GraphoCote 90 g/m2, la couverture sur Reprint 150 g/m2. Le papier est certifié FSC. SCA infos Nouvelle qualité pour la pub SCA lance une nouvelle qualité de papier réservée à la publicité imprimée sur rotative offset avec sécheur. Il est de plus en plus courant de procéder, à l’aide de cette méthode, au tirage de prospectus sur papier journal conventionnel car les coûts sont alors moins élevés. Il existe néanmoins des inconvénients : il est difficile d’obtenir des contrastes satisfaisants et le résultat final manque de peps. GraphoMax remédie à ces problèmes. C’est un papier net au degré de blancheur élevé et dont l’épaisseur dégage un sentiment de bonne qualité. Naturellement, il est fabriqué selon les principes environnementaux professés par SCA. En outre, il offre une bonne machinabilité et facilite le travail de l’imprimeur en restant stable pendant le rainurage et les étapes finales de la production. « Le retour d’expérience des imprimeries tests a été extrêmement positif, indique Thomas Janson, chef de ligne de produit papier journal à Ortviken. Le papier montre une bonne machinabilité, se comporte bien et a un faible taux de poussiérage pendant l’impression. On a déjà été contacté par des clients intéressés par GraphoMax. » Le profil environnemental Une pochette remplie de brochures montrant les points forts et l’envergure de la démarche environnementale de SCA est disponible. Son objectif est de montrer aux clients et aux personnes intéressées une idée un peu plus approfondie de l’action entreprise dans chaque domaine. La pochette donne une cohérence à l’ensemble. Sont présentées les activités sur les fibres matières premières, la pâte TCF (100 % sans chlore), l’énergie, l’épuration de l’eau, l’écocertification en général complétée par une brochure séparée sur le processus de certification FSC. La pochette et ses publications sont disponibles en allemand, anglais, espagnol, français, italien, néerlandais, polonais, portugais et suédois. Nouveau catalogue Le prix PPI de la stratégie environnementale La papeterie SCA d’Ortviken a reçu le 28 octobre l’une des distinctions les plus prestigieuses de l’industrie du papier : le prix de la stratégie environnementale de l’année, décerné par le magazine professionnel Pulp & Paper International (PPI) à l’usine qui fait plus que son possible pour trouver et mettre en place des solutions respectueuses de l’environnement. Le jury a recensé les sites exemplaires en matière d’action environnementale, sous tous ses aspects : du choix des matières premières aux rejets dans l’eau et l’air en passant par la consommation d’énergie. « Je suis ravie que nous ayons reçu cette distinction remarquable qui prouve que notre démarche environnementale est sur la bonne voie, a déclaré Kristina Enander, directrice de SCA Ortviken. C’est très important et logique de plancher activement sur cette question dans le cadre de notre stratégie. Nous sommes tous responsables de l’environnement et nous avons aussi la responsabilité de proposer à nos clients des produits respectueux de l’environnement. » Un nouveau catalogue légèrement remanié est disponible à la commande. Il contient des informations sur les différentes qualités de papier de SCA et inclut des renseignements sur les services, les atouts environnementaux, les écolabels et les contacts commerciaux. Un chapitre est réservé à l’action environnementale de la société. Nouveauté cette année, les pages sont maintenues par une spirale. Elles sont toujours perforées, il est donc possible de les archiver dans les classeurs existants prévus à cet effet. Rolf Johannesson, directeur marketing, a reçu le prix au nom de SCA Ortviken. À g., Juan Castellanos de HP, et, à d., Kristiane Becker qui a remis les prix. sca papergram no 4 2009 3 par Henrik Emilson photos Istock Photo, Digital Stock et Tomas Utsi/naturfoto L’o 4 sca papergram no 4 2009 c n a l b or Lorsque les marmottes rentrent dans leur terrier, les stations de ski se réveillent. Les rayons des kiosques se remplissent de titres consacrés à la neige. La plupart ne sortent que pendant la saison, mais certaines rédactions ont trouvé le moyen de prolonger le fun pendant l’été. À l’automne, il s’en passe des choses sur les rayons des kiosques dans toute l’Europe. C’est à ce moment-là qu’arrivent les magazines ayant pour thème la neige. Ils sortent encore un peu au cours du printemps pour disparaître de nouveau. C’est le principe adopté par la revue suédoise de motoneige, Snow Rider. « Le scooter des neiges, c’est un peu particulier, affirme Björn Friström, rédacteur en chef. Quand il commence à faire froid en automne, on arrive à vendre des scooters, des équipements et des magazines jusqu’à Pâques. Après, c’est terminé. L’été, personne ne s’y intéresse plus. » Snow Rider s’adresse à trois groupes d’amateurs : les propriétaires de forêts, les promeneurs et les compétiteurs sportifs. Le titre sort six numéros par an, trois avant Noël et trois après. La rédaction a bien essayé de publier un numéro l’été, mais sans succès. « C’est la même chose pour notre site Web. L’hiver, on a 10 000 visiteurs par jour. L’été, un millier peut-être. Personne ne s’intéresse à l’hiver pendant l’été, et aucun annonceur ne veut placer de la pub. » Le respect des saisons Le ski, le surf des neiges, l’alpinisme, les voyages d’aventure ou la vie en plein air sont d’autres sujets qui dominent les magazines hivernaux. La canadienne Supertrax International est la plus populaire des revues de motoneige d’Amérique du Nord. Quatre numéros sortent entre septembre et mars. La publication britannique sur le surf, Onboard, respecte également les saisons, explique son rédacteur Matt Fenton : « On publie huit numéros par an en plusieurs langues : allemand, anglais, espagnol, français et russe. Et ce, une fois par mois pendant l’hiver dans l’hémisphère nord. » sca papergram no 4 2009 5 Le plus grand magazine de surf des neiges du monde, Transworld Snowboarding, paraît également huit fois entre septembre et avril. Ce vétéran, qui existe depuis 1987, sort en plus un numéro spécial photos. Ces variations saisonnières signifientelles que les rédactions « hivernent » quand la neige fond ? Non. Publiée depuis 35 ans, la revue suédoise Åka skidor a testé la plupart des formules. « Aujourd’hui, on marche à toute vapeur entre septembre et mars. On sort neuf numéros. L’été, on se contente d’un seul », précise le rédacteur en chef Patrik Leje. Ce numéro d’été s’intéresse aussi aux sports aussi aventureux et extrêmes, la neige en moins : VTT, kitesurf, escalade ou cross en montagne. Autre méthode choisie, entre autres, par l’éditeur de Transworld Snowboarding : se protéger en proposant d’autres titres « estivaux » complètement différents tels que Transworld Skateboard, Transworld Surf ou Transworld Motocross. Thèmes sportifs plus étoffés L’allemand SkiPresse sort aussi l’été. Après avoir été disponible sur le Web pendant un an, il a été tiré à 300 000 exemplaires et lancé au moment d’une épreuve de la coupe du monde 2004 à Sölden, en Autriche. Il était possible de le prendre dans un présentoir et le rédacteur en chef l’a même distribué personnellement. Cette stratégie s’est révélée gagnante car, cinq ans plus tard, le magazine sort trois numéros l’hiver et trois 6 sca papergram no 4 2009 l’été. « Jusqu’en 2008, les éditions hivernales s’appelaient SkiPresse et les estivales SportPresse, explique Wolfgang Greiner, son rédacteur en chef. Mais à partir de cette année, les six numéros prendront le nom de Sportpresse. Nous avons retiré le nom de SkiPresse pour des raisons de tactique et de distribution. » Il est gratuit car la rédaction a estimé que le marché des publications de plein air et de ski était saturé. On peut le trouver dans les magasins et les hôtels en Allemagne, Autriche, Suisse et dans le nord de l’Italie. L’été, ce sont toujours les Alpes qui dominent ses pages, mais, cette fois, comme toile de fond pour d’autres sports : vélo, escalade, randonnée et jogging. « On voulait lancer un magazine couvrant un large spectre et servant de lien entre la profession, les détaillants et les lecteurs. SportPresse est axé sur le service et parle d’actualité, produits, destinations et diverses disciplines sportives. » SportPresse a des journaux partenaires au Canada (en langue française et anglaise) et aux USA. « Ski Press Magazine existe depuis plus longtemps que nous. Son concept est à l’origine de notre revue. Nous sommes indépendants de la société canadienne et possédons les droits du concept en Europe. Les versions canadiennes et américaines sont tout à fait différentes de la nôtre, et, en plus, elles ne paraissent que l’hiver. » Couvrant de nombreux sujets, le titre ne craint pas les variations saisonnières. Le britannique Adventure Travel Magazine est parti du même principe. « Il a été « Personne ne s’intéresse à l’hiver pendant l’été et aucun annonceur ne veut placer de la pub. Björn Friström lancé avec beaucoup d’enthousiasme et un budget inférieur à 1 000 livres sterling en 1995 », raconte son rédacteur en chef Alun Davies. Il aborde les activités de plein air dans le monde entier. De cette manière, les saisons n’ont plus cours et la plupart des thèmes sont toujours d’actualité – quelque part. « On ne suit pas les saisons aussi strictement que d’autres car on couvre les deux hémisphères. Mais les sports d’hiver sont plus à l’honneur quand c’est l’hiver ici. Il peut s’agir de cascade de glace, de randonnée à ski, etc., on peut proposer dix aventures hivernales sans skis ou planche, des destinations de ski originales en Snow Rider Pays d’origine : Suède Fondation : 1997 Périodicité : 6 numéros/an Tirage : 12 500 exemplaires Supertrax International Pays d’origine : Canada Fondation : 1995 Périodicité : 4 numéros/an Tirage : 250 000 exemplaires Onboard Pays d’origine : Grande-Bretagne Fondation : 1994 Périodicité : 8 numéros/an Tirage : 118 000 exemplaires Langues : allemand, anglais, français, espagnol et russe Transworld Snowboarding Pays d’origine : USA Fondation : 1987 Périodicité : 8 numéros/an Tirage : 144 000 exemplaires sca papergram no 4 2009 7 « On ne suit pas les saisons aussi strictement que d’autres car on couvre les deux hémisphères. Alun Davies 8 sca papergram no 4 2009 France, aux USA, au Liban, au Pakistan, en Italie ou en Corée. » Le magazine britannique consacré à l’escalade, Climber, sort également régulièrement toute l’année car ce sport est praticable pendant les quatre saisons. Son contenu est d’ailleurs adapté, explique son rédacteur en chef Andy McCue : « Les articles d’hiver sont consacrés à l’escalade en Écosse, mais nous avons aussi des papiers sur la cascade de glace, les randonnées à ski et les expéditions dans l’Himalaya. Cette année, on a publié un article sur le matériel qui est indispensable, des vêtements aux pics à glace en passant par les pitons, ainsi qu’un article sur la cascade de glace à Rujken, en Norvège. On a l’habitude de sortir des suppléments en fonction de la saison. » Lecteurs passionnés Que le périodique sorte toute l’année ou seulement pendant la haute saison, son Åka skidor Pays d’origine : Suède Fondation : 1975 Périodicité : 8 numéros/an Tirage : 15 000 exemplaires éditeur peut être tranquille. À l’instar du joueur de golf, ceux qui pratiquent les sports d’hiver sont des passionnés qui ont les moyens de se procurer le matériel, les billets d’avion et les magazines. « On a été surpris de découvrir le niveau de vie de nos lecteurs dans un sondage, s’étonne Wolfgang Greiner de SportPresse. Ce sont de gros consommateurs qui voyagent beaucoup et consacrent plus de 1 000 euros par an à leur sport. » Björn Friström de Snow Rider fait le même constat : « Les pilotes de motoneiges dépensent énormément chaque année pour leur hobby. Ils parcourent des kilomètres en voiture, ils achètent une remorque avec capote qui coûte dans les 6 000 euros, un scooter de l’ordre de 12 000 euros et une bonne voiture pour tirer l’ensemble. La crise financière ne les a pas touchés. On vend plus d’espace publicitaire et plus de numéros que d’habitude. » SportPresse Pays d’origine : Allemagne Fondation : 2004 Périodicité : 6 numéros/an Tirage : 185 000 exemplaires Langues : anglais et français Adventure travel Pays d’origine : Grande-Bretagne Fondation : 1995 Périodicité : 6 numéros/an Tirage : 20 000 exemplaires Climber Pays d’origine : Grande-Bretagne Fondation : 1961 Périodicité : 12 numéros/an Tirage : 15 000 exemplaires sca papergram no 4 2009 9 Un hôtel cool Ce qui a commencé comme un tas de neige dans la forêt suédoise il y a 20 ans est devenu une construction imposante en glace, qui attire les touristes du monde entier. Si vous ne pouvez pas vous y rendre, vous pouvez toujours suivre son actualité dans le Icehotel Magazine. depuis 20 ans à 200 km au nord du cercle polaire. À Jukkasjärvi, près du fleuve Torne, on construit chaque hiver un hôtel en gros blocs de glace. Et chaque année, les touristes affluent. L’hiver dernier, on a atteint des records avec 30 000 nuitées – dans des chambres où la température avoisine les 0°C. Au dégel, l’édifice disparaît et retourne dans le fleuve d’où il est venu. Rien n’est plus comme avant La faute à l’armée Le coup d’envoi de cette tradition populaire a été donné en 1990 par l’armée suédoise qui avait construit un grand igloo pour accueillir des stages de survie dans des conditions extrêmes. Jukkasjärvi était l’endroit idéal. Il n’est pas rare que le mercure descende jusqu’à -20 ou -30°C. Dans un igloo, la température est juste en dessous de 0°C. C’est une température tout à fait acceptable si l’on dispose d’une peau de renne et d’un sac de couchage. Cette année-là, par manque de chambres, un groupe de touristes étrangers de passage dut y passer la nuit. « Le lendemain, tous étaient enchan-tés. Le concept du ICEHOTEL était né », raconte Yngve Bergqvist, son fondateur, dans ICEHOTEL Magazine. Oui, l’ICEHOTEL a sa propre revue. Elle sort une fois par an, avant que l’on commence à construire le bâtiment à l’aide des blocs de glace prélevés l’hiver précédent dans le fleuve. Ceux-ci sont stockés dans des chambres froides jusqu’au moment où l’on en a besoin. Le magazine est imprimé à 75 000 exemplaires et distribué de manière plutôt originale. « Le canal principal, ce sont nos ICEBARS dans le monde entier », dévoile Camilla Bondareva, responsable de la communication. pent. Mais on y parle aussi de ce qui se passe en Laponie et d’autres activités, des personnalités, d’aventures et de la nature. » Cette proximité de la nature imprègne tout l’hôtel et la revue. La philosophie écologiste selon laquelle tout ce que l’on prend à la nature doit retourner à la nature est très affirmée. Le fait est qu’Yngve Bergqvist et son équipe veulent aller plus loin : annoncer zéro émissions de CO2 et rejeter plus d’énergie qu’ils n’en consomment à l’horizon 2015. Place à la nature Les ICEBARS sont censés donner au visiteur un avant-goût de l’hôtel. Le bar est réfrigéré et les clients empruntent des manteaux en fourrure. Il existe deux versions : le ICEBAR by ICEHOTEL à Copenhague, Tokyo et Oslo et l’Absolut ICEBAR, en coopération avec la vodka du même nom, à Stockholm et Londres. « Le point fondamental, c’est que le magazine transmette notre concept. Naturellement, il parle de l’hôtel, comment on le construit chaque année, les artistes et les architectes qui y particiC’est dans des verres en glace que les ICEBARS servent à boire. 10 sca papergram no 4 2009 Icehotel magazine Pays d’origine : Suède Fondation : 2004 Périodicité : 1 numéro/an Tirage : 75 000 exemplaires Langue : anglais sca papergram no 4 2009 11 La presse s’anime Le cinéma migre vers l’imprimé. La publicité pour les nouvelles sorties ne date pas d’hier, mais aujourd’hui on peut regarder les bandes-annonces sur papier. Le 18 septembre, par exemple, l’hebdo britannique Entertainment Weekly contenait 40 minutes de film. La technologie ressemble à celle des cartes d’anniversaire musicales : lorsque le lecteur tourne la page, le clip intégré dans une petite puce démarre. C’est l’entreprise Americhip de Los Angeles qui a inventé le procédé. La pub elle-même a été conçue par le groupe multimédia CBS en collaboration avec le limonadier Pepsi. L’écran qui doit être inséré dans la publication mesure 2,7 mm d’épaisseur et est muni d’une batterie rechargeable. CBS veut se servir de cette technologie pour faire de la publicité pour ses programmes. Entertainment Weekly n’est pas le premier magazine à inclure des vues animées. L’an dernier déjà, le mensuel américain Esquire en a inséré dans sa couverture en se servant, cette fois, de la technologie de l’encre électronique. L’écran était alors constitué par l’application d’encres conductrices. Reste à savoir comment on va recycler ces publications un peu spéciales. Est-il possible de les mettre avec les vieux papiers ? Certainement pas. Source : dn.se Révolte contre la police d’IKEA Le géant suédois du mobilier IKEA ne s’attendait pas à ce que la nouvelle police de caractères sélectionnée pour son nouveau catalogue 2010 entraîne un tel déluge de protestations. Sur twitter par exemple, les échanges sur ce sujet ont été plus intensifs que lors de la disparition de Ted Kennedy ! On en a même parlé dans la presse, les titres consacrés au design comme les quotidiens. IKEA est passé de la police Futura à Verdana. Graphistes et autres experts du design exigent un retour en arrière en affirmant que Futura est plus jolie. Elle est moderniste et, d’après les enquêtes, elle est le plus souvent élue par les graphistes à qui l’on demande de choisir une police spontanément. Futura a été utilisée par des artistes esthétisants dans le monde entier, dont le groupe allemand de musique électronique Kraftwerk ou le metteur en scène Stanley Kubrick. IKEA a répondu qu’il cherchait à uniformiser sa charte graphique, sur papier et sur Internet, dans le monde entier. Verdana est beaucoup plus lisible sur le Net. Elle a été élaborée en 1996 par Microsoft pour les médias électroniques. Source : followthemedia.com 12 sca papergram no 4 2009 tendances par Luise Steinberger Le budget marketing gaspillé La réussite d’une campagne est souvent déterminée par la capacité d’exploiter au maximum un budget de marketing, surtout en période de crise économique. Une récente enquête du cabinet d’étude de marché Millard & Brown démontre que 45 % (!) du budget communication des entreprises est mal utilisé. La raison ? Trop d’argent investi dans la publicité télévisée. Il ne faut pas sous-estimer cette dernière, note l’étude, car elle touche un grand public et a beaucoup d’impact, mais jusqu’à un certain point. Souvent, le recours à un média complémentaire aurait plus d’effet que la diffusion répétée du même spot. Millard & Brown affirme qu’un bon cocktail de médias permet d’arriver à ce résultat. Ses experts conseillent de multiplier les canaux en ayant recours, par exemple, à Internet ou à un journal, et de réfléchir à une bonne interaction entre les moyens. Ainsi, tous ces éléments se renforcent mutuellement et donnent ensemble un effet optimal à la campagne. Par ce biais, on touche, par exemple, plusieurs groupes cibles en même temps, affirme l’étude. Source : VdZ Pour donner envie de lire Lors de la journée internationale de l’alphabétisation, le 8 septembre, la WAN-Ifra a encouragé tout particulièrement les journaux du monde entier à imprimer des articles pour les jeunes lecteurs. Pour ce faire, l’association professionnelle a diffusé un feuilleton que les quotidiens pouvaient reproduire gratuitement. Ce feuilleton qui met en scène des insectes ne prétend pas avoir une quelconque valeur littéraire ou artistique. Il est juste drôle et doit inciter les enfants à regarder le journal. Le feuilleton est disponible sur : http://www.wan-press.org/ nie/articles.php?id=1469. La WAN-Ifra ajoute que de nouvelles recherches ont montré, chose que la plupart des parents savent déjà, que les enfants n’aiment pas du tout que les pages qui leur sont réservées soient trop faciles à lire. Ils ont leurs centres d’intérêt particuliers. Ils ne sont pas bêtes. Les journaux du dimanche se portent bien Ce n’est pas ringard de lire le journal, affirme la REMP, Recherches et Études des Médias Publicitaires en Suisse. Certes, d’après ses chiffres, la presse quotidienne stagne et certains hebdos reculent légèrement. Mais deux tendances sont bien nettes, du moins chez les Helvètes : le segment des gratuits progresse et les journaux du dimanche se portent bien. Source : NZZ am Sonntag sca papergram no 4 2009 13 20ans On n’a pas tous les jours Déjà ? En 2010, voilà 20 ans que Papergram aura vu le jour. Depuis, beaucoup de choses se sont passées, en particulier dans l’industrie des médias : les moyens de communication électroniques ont fait leur entrée, l’imprimerie a radicalement changé, les qualités de papier sont de plus en plus pointues et le débat sur l’environnement s’est intensifié et démocratisé. La rédaction revient sur 20 années animées et prend, en même temps, congé de ses lecteurs. 14 sca papergram no 4 2009 1 100% 80% 40% 3 4 par Luise Steinberger, Henrik Emilson 5 6 1 2 CB 4 5 6 1 2 100% est élu Magazine professionnel de l’année en 1997 au concours britannique Corporate Publishing Awards. Les rédacteurs et le maquettiste sont déjà les mêmes qu’aujourd’hui. L’année suivante, le magazine remporte la distinction équivalente en Suède et fait partie des nominés en 2003. Chronique 80% Papergram 40% 4 5 6 1 2 3 80% 5 6 1 2 3 100% 80% 40% 5 6 1 2 Le père de l’Euros tandard 3 4 80% 6 1 2 3 4 100% 80% 40% 6 1 af fiti : r g n e m a r Paperg numéro le s n a d é dessin publi n article u r e r t s lu il 3 .97 pour tags et x u a é r c a s n co graf fitis. 2 3 4 5 80% 1 2 3 4 5 100% 80% 40% 1 2 3 4 5 6 80% 2 Remise des prix à Londres. À partir de la gauche : Henrik Emilson, Jo Billingham de Popular Communication, et Luise Steinberger. 3 4 5 6 100% 80% 40% 2 3 4 5 6 a rencontré une longue série de personnalités connues et moins connues du métier. Entre autres, l’ex-rédacteur en chef du Financial Times Andrew Gowers (1.2005), le père de la standardisation dans l’imprimerie Felix Brunner (1.2008) et la matriarche de la presse hebdomadaire allemande Aenne Burda (1.2006). Papergram 1 CB 3 4 5 6 1 100% 80% 40% 3 4 1 2 CB 4 5 6 1 2 100% 80% 40% 4 12 sca papergram no 1 › 2008 5 6 1 2 plus à une brochure qu’à un magazine. L’idée est de présenter l’entreprise avant de se lancer dans une vraie publication. Mais le titre Papergram existe déjà. Le numéro sort en quatre langues : allemand, anglais, français et suédois. 6 Le premier numéro ressemble De l’extérieur, on voit parfois des choses qu’on ne l’intérieur. Chim peut voir de iste de formation, Felix Brunner a travailler par hasar commencé à d dans le secteur de l’impression. approche scientifiqu Grâce à son e, il a mis au point l’un des outils les plus aux imprimeurs, utiles la bande de contr PAR Luise Steinberger ôle d’impression. PHOTO System Brunner AG 5 aborde le phénomène nouveau qu’est Internet. Les lecteurs y apprennent notamment ce que signifient « cyberespace » et « édition électronique ». Le même numéro parle pour la première fois du journal gratuit Metro, alors phénomène limité à Stockholm, devenu plus tard un empire de presse d’envergure mondiale. Papergram a toujours fait la part belle à la couverture. La plus difficile à réaliser aura été celle du numéro 1.1998 car les feuilles de figue ne tenaient pas en place. La photo sera l’objet de critiques et le personnel du siège de SCA à Stockholm jugera bon de ne pas exposer le magazine. Papergram Jürgen Schmidt Papier-Pionier no1 # 2009 papergram GRAPHIC PAPER Fokus Gesundheit 1.1999 et 4.2004, Papergram devient SCA Customer Magazine, Graphic Paper. Il est publié alors en même temps que deux autres magazines professionnels à la maquette identique et représentant les trois secteurs d’activité de SCA. Tous portent le même nom et incluent quatre pages communes consacrées à l’actualité du Groupe. En 2004, SCA Customer Magazine cesse de paraître. SCA Forest Products choisit de reprendre le nom de Papergram à partir de 2005. Entre le numéro La forêt a été un thème récurrent pendant toutes ces années. Nous avons présenté la faune et la flore ainsi que, et c’est bien naturel, l’évolution de la foresterie chez SCA. Dans Papergram 1.1993, le directeur de la publication de l’époque, Börje Dahlin, signe un article sur la chasse à l’élan. À part de rares exceptions, les personnes figurant sur les photos ont été des amateurs. Ainsi, la rédactrice en chef de Papergram, Anne-Sofie Cadeskog, a fait du shopping, le directeur du marketing Rolf Johannesson et son assistante Birgitta Ulfsparre ont fait la couverture du numéro sur la génération rock. De même, les membres de la rédaction et le directeur artistique Bosse Mellerstedt ont figuré d’une manière ou d’une autre. les questions environnementales se sont faufilées dans Papergram. Au début, elles portaient sur les moyens de réduire les émissions et la consommation de matières premières. Ces derniers temps, l’intérêt du public s’est focalisé sur les rejets de CO2. Dans les deux cas, SCA est l’un des pionniers de l’industrie, ce que montrent sa certification précoce et son engagement d’envergure au sein du FSC (Forest Stewardship Council). Tel un fil vert, ont parfois été illustrées de manière inattendue. Un article de Papergram 1.2003 était consacré aux couleurs, encres d’imprimerie, etc.. Pour la couverture, l’artiste Vivi-Anne Larsson a repeint la Joconde à l’aide de peintures acryliques modernes – une exclusivité. Les questions technologiques et les tendances technologiques. Papergram 1.1995 contient, par exemple, un reportage sur la Drupa, le plus grand salon international des industries graphiques, effectué à Cologne par Pincus Jaspert, expert américain des médias imprimés, qui sera, par la suite, le chroniqueur permanent de Papergram pendant plusieurs années. Nous avons suivi l’évolution − Magazine bringen uns auf Trab Film mit Tiefgang TITELSEITEN MACHEN GESCHICHTE SCA papergram no 1 2009 1 de Papergram a eu lieu il y a un an à peine. L’objectif était de mettre mieux en valeur les propriétés du papier SCA dans cette publication. Le dernier lifting Objectif atteint ! Sur ce, la rédaction de Papergram tire sa révérence. 20 ans avec Papergram P endant 20 ans, j’ai voyagé avec Papergram. Hélas, ce voyage touche maintenant à sa fin. Je me souviens bien de la genèse du magazine, de l’idée de publier un périodique abordant les sujets intéressant nos clients imprimeurs à sa concrétisation, au développement du concept et, au fil des années, de la remise de l’ouvrage sur le métier, peaufinant, renouvelant. L’idée a germé à la fin des années 1980. SCA venait alors d’acquérir la papeterie de Laakirchen, en Autriche. À celle d’Ortviken, en Suède, on installait alors une énorme machine pour papier LWC. Ce papier d’impressionécriture fabriqué par les deux sites et que beaucoup considéraient comme un produit de gros allait désormais être commercialisé sous sa propre marque. Comment faire ? Göran Nilsson, alors responsable marketing du GraphoCote, la nouvelle qualité LWC, a suggéré de créer un magazine professionnel. Le positionnement de la marque vis-à-vis de nouveaux groupes de clients disposait d’un canal. Börje Dahlin a été le premier rédacteur en chef de la publication. L’ambition de Papergram, le magazine international des professionnels de l’industrie graphique et des médias, était d’apporter aux lecteurs des connaissances utiles dans leur métier. À l’aide des mots-clés médias, communication, papier, hommes et femmes, forêt et tendances, nous avons essayé d’offrir un outil utile au quotidien par le truchement d’articles généraux et de fond. La foresterie et les questions environnementales, les tendances dans les médias, la recherche et les nouveaux produits, l’approfondissement des connaissances en matière de fabrication du papier et des méthodes d’impres- sion… Les suggestions de reportages ont toujours été intéressantes et j’ai eu le privilège de collaborer avec des journalistes et des photographes expérimentés. Sous la direction rédactionnelle de Luise Steinberger et grâce à la maquette de Bo Mellerstedt, Papergram est allé de clarté en clarté. En 20 ans, le magazine a paru 66 fois, toujours en quatre versions linguistiques : allemand, anglais, français et suédois. Cela représente un grand nombre d’articles et d’entrefilets, beaucoup de photos et de rencontres intéressantes. Les sondages que nous avons effectués ont montré que vous, lecteurs, avez apprécié notre périodique, ce qui me réjouit beaucoup. Comme ces 20 années ont passé vite ! C’est avec une certaine tristesse que je tourne la page de. De nouvelles idées et de nouveaux canaux d’information vont prendre le relais. Merci à tous ceux qui ont contribué à faire de mon voyage avec Papergram une aventure passionnante. Anne-Sofie Cadeskog Rédactrice en chef et directrice de la publication par Luise Steinberger photos Olle Melkerhed et Pär Helander La force motrice du magazine Pendant 20 ans, Papergram a été le lien entre SCA et ses clients dans toute l’Europe. À sa tête, Anne-Sofie Cadeskog l’a fait progresser toutes ces années. Derrière chaque grand homme se cache une femme, dit l’adage. Derrière tout magazine réussi, il y a aussi quelqu’un. Dans le cas de Papergram, il s’agit d’une femme forte. Anne-Sofie Cadeskog l’a tenu sur les fonts baptismaux : « Papergram est mon bébé. Ça va être difficile de m’en séparer », s’exclame-telle. Les larmes ne sont pas loin quand elle évoque l’histoire du magazine. Formation à Sundsvall Anne-Sofie Cadeskog faisait partie de la première promotion qui a essuyé les plâtres de la nouvelle filière métiers de la communication à l’université du Centre, à Sundsvall, dont elle est sortie diplômée en 1979. Pendant quelques années, elle se fait la main en tant que reporter dans plusieurs journaux locaux et copywriter dans une agence de publicité. En 1988, elle est recrutée par le service communication de SCA. Lorsque l’idée d’un magazine professionnel germe au moment où SCA commence à fabriquer du papier LWC, Anne-Sofie Cadeskog fait naturellement partie du groupe de travail qui doit élaborer le concept et diriger le projet. « C’est elle qui s’occupait de la partie journalistique », se souvient Göran Nilsson, responsable à l’époque de la division papiers couchés de SCA à Sundsvall et fondateur du magazine. Au départ, elle écrit elle-même une bonne partie des articles, relit et veille à tous les aspects pratiques de la publication. Autres responsabilités Puis SCA lui confie d’autres responsabilités pendant quelques années. En 1999, elle retrouve sa place au comité de rédaction. Entre-temps, la conception du magazine a été confiée à une agence extérieure. Anne-Sofie coiffe la casquette de rédactrice en chef, qui fait la liaison entre SCA et ceux qui livrent les articles, les photos et la maquette. Lors des réunions de la rédaction, où l’on détermine le contenu du prochain numéro, elle arrive toujours avec de nombreuses idées, d’un côté les siennes et, de l’autre, celles glanées en parlant à des collègues de SCA, dans les usines comme dans les sociétés commerciales en Europe. Elle entretient des contacts avec les spécialistes du Groupe et lorsque les articles sont terminés et les photos prêtes, elle passe en revue l’ensemble avec les « yeux de SCA ». La boussole de Papergram Deux principes défendus jalousement par ses soins imprègnent la publication et l’ont aidé à se distinguer des autres magazines professionnels. « Elle ne doit pas servir de grosse caisse à SCA et être trop suédoise. Notre public est toute l’Europe. » L’une de ses spécialités est la césure des mots. Elle veille soigneusement à ce que le magazine dégage une bonne impression d’ensemble. Les colonnes comprenant plusieurs césures successives ne trouvent jamais grâce à ses yeux. « C’est très facile de travailler avec elle et ça va vite, souligne Göran Nilsson. Tous ceux qui ont participé, comme moi, au magazine sous sa houlette pendant plusieurs années le confirmeront. » Désormais, elle va assumer le rôle de responsable de la communication de SCA Sundsvall, qui chapeaute les usines d’Ortviken et d’Östrand. Les sites sont en pleine phase d’expansion et ont besoin d’une femme forte comme elle aux rênes de la communication. « Elle ne doit pas servir de grosse caisse à SCA et être trop suédoise. Notre public est toute l’Europe. sca papergram no 4 2009 15 16 sca papergram no 4 2009 par Alexander Farnsworth photos Demotix et Istock Après les journalistes citoyens, le monde des médias a embrassé le concept des photographes citoyens, ceux qui prennent des photos de presse à l’aide de leur téléphone portable. Par la seule force de leur nombre et de leur présence géographique, ils couvrent plus d’événements que n’importe quelle agence de presse à elle toute seule. L’agence photo du peuple L ’agence Demotix a été créée en janvier 2009 et est installée à Londres. Son modèle économique est de diffuser et vendre aux médias les photos prises par des amateurs (et professionnels). « Nous proposons une vaste et riche gamme de clichés provenant de régions telles que la bande de Gaza et l’Afghanistan, photos qu’on ne trouve nulle part ailleurs », explique Jonathan Tepper, directeur général de l’agence, qui l’a fondée en compagnie du journaliste chevronné Turi Munthe. Six mois plus tard, Demotix compte déjà dix salariés. Au dernier recensement, l’agence recevait des clichés envoyés par plus de 9 000 collaborateurs en provenance de 130 pays. Tous les jours arrivent des photos en lien avec des événements courants ou à caractère de reportage. intellectuelle. La commission est versée par l’intermédiaire du service de paiement électronique PayPal. « C’est le photographe qui garantit que le cliché est authentique, comme c’est le cas quand on a recours à du matériel généré par les utilisateurs, souligne Partage des honoraires En cas d’achat d’une photo, Demotix partage la recette à part égale avec le photographe qui en conserve la propriété sca papergram no 4 2009 17 Jour de la fête nationale en Chine. La place Tian’anmen, là où se déroule le défilé officiel, n’est pas accessible à tout le monde. La photo a été prise par un photographe citoyen. le directeur général. On fait tout ce qu’on peut pour vérifier la véracité de l’info. » Dans le cas des photos prises par des amateurs vivant dans des pays soumis à des régimes répressifs, les métadonnées relatives à la date, l’heure et au photographe sont supprimées avant diffusion. Même les adresses IP des expéditeurs sont effacées. Demotix envoie ses meilleurs clichés plusieurs fois par jour via FTP (envoi direct de serveur à serveur) aux rédactions photos du monde entier. Il peut s’agir d’une manifestation à Moscou, d’éléphants fous en Inde ou d’un concours de plongée dans un marais en GrandeBretagne. Sa clientèle compte plus d’une centaine de journaux et autres médias parmi lesquels des grands noms tels que le New York Times et Newsweek, les chaînes britanniques BBC et Sky News ainsi que les journaux The Independent, El Pais en Espagne, Le Monde, The Irish Times en Irlande, Stern en Allemagne ou l’Hindustan Times en Inde. Chaque jour, des courriels informent les clients de l’arrivée de nouvelles photos. « Nos ventes augmentent chaque mois », indique Jonathan Tepper. Pays non couverts Plusieurs facteurs expliquent ce succès : l’un est l’exploitation d’Internet et des réseaux communautaires tels que Twit18 sca papergram no 4 2009 e reco it d es A ct uellem en t, l’a ge nc plus d e 9 00 0 phot os envoyées pa r enance de 13 0 pays. colla bora teurs en prov ter, l’autre est la crise de l’industrie de la presse quotidienne. Selon Jonathan Tepper, les médias américains (presse, radio, télé) n'ont guère plus de 141 correspondants permanents à l’étranger. Les agences de presse telles que AP et Reuters ne sont pas représentées dans une quarantaine de pays. Le grand nombre de collaborateurs de Demotix lui permet de couvrir l’actualité dans des zones où les médias traditionnels sont absents. Demotix s’est fait connaître à l’occasion de la guerre de Gaza en 2008/2009 et des élections présidentielles en Iran en juin 2009. Suite aux manifestations, les autorités de Téhéran ont empêché les journalistes étrangers de faire leur travail. Les émeutes ont donc été couvertes par des « photographes citoyens » et des centaines de clichés ont été envoyés au serveur de Demotix. tures de police dans sa rue à Cambridge, dans le Massachusetts, William B. Carter a pris quelques photos quand les forces de l’ordre ont arrêté un Afro-Américain, Henry Louis Gates junior, éminent professeur à Harvard, qui avait perdu ses clés et tentait de rentrer chez lui par effraction. La police pensait être en présence d’un cambrioleur. Grâce aux photos de William Carter, l’événement a eu un retentissement national (par la suite, le président Obama a invité autour d’une bière l’universitaire et le policier concerné pour dissiper le malentendu). Justin Williams est rédacteur en chef adjoint du Daily Telegraph à Londres : « Nous avons été les premiers en Grande-Bretagne à discerner l’immense potentiel offert par Demotix et son réseau international de correspondants. Nous nous réjouissons de poursuivre cette collaboration étant donné que l’agence continue de croître en taille et en importance. » À la une C’est ainsi que de grands journaux et agences de presse renommées lui ont acheté des photos. En juin, par deux fois, le New York Times a publié une photo de Demotix à sa une. Un mois plus tard, l’agence sortait un nouveau scoop. Surpris par la présence de voi- Le nom Demotix dérive du grec dêmos qui signifie « peuple ». tendances Le papier au secours de Venise Venise , on le sait, est l’une des villes les plus polluées au monde, en raison, en particulier, de la saleté de ses eaux. Ceci se traduit surtout par la présence d’épaisses couches d’algues gluantes dans les canaux. La mairie a trouvé une solution pour sauver la lagune. Le papetier italien Favini fabrique un papier à partir des algues ramassées dans les canaux. Baptisé Alga Carta, le papier contient également des fibres vierges et recyclées. Il est certifié FSC et possède des propriétés d’impression remarquables. « C’est une initiative importante qui montre que l’on peut tirer quelque chose de positif de ces algues dangereuses », a déclaré le PDG de Favini, Andrea Nappa, à l’agence de presse Agi. L’été dernier, la régie des transports urbains vénitienne a fait imprimer sur Alga Carta toute une documentation sur la Sérénissime. Petite particularité du papier, il est recouvert de petits points, de petites particules d’algue qui contiennent de la chlorophylle et qui feront blanchir le papier avec les années. Source : Agi Plébiscités par les jeunes lecteurs du Jeune lecteur 2009 de la WAN-Ifra est allé au quotidien brésilien Zero Hora et au journal britannique Express & Echo. Ce prix est remis aux journaux qui, pendant les 24 mois écoulés, ont le mieux réussi à toucher les jeunes lecteurs. « Par sa perception globale de la jeunesse, partie intégrante de son équipe et élément clé de son audience, Zero Hora a atteint un étonnant niveau de fidélité parmi les jeunes », a écrit le jury dans ses motivations. Express& Echo a été récompensé dans la catégorie « marque » pour la création d’un sac de course réutilisable. Les prix ont été remis lors d’une cérémonie fin septembre à Prague. Le prix mondial par Luise Steinberge et Kerstin Engelhardt 100 % ondulé Votre appartement est encombré par le carton de la nouvelle étagère ? Il y a une solution. Il existe des entreprises qui transforment le carton en meubles et qui vendent des chaises, tables, PLV et même des lits en carton ondulé. Et ils sont plus stables que ce que l’on pourrait croire. « Un lit en carton ondulé peut durer 20 ans sans problème », affirme HansPeter Stange de l’atelier Stange Design à Berlin. Il fait valoir que l’immobilier en carton est idéal pour les gens qui déménagent souvent. « Un tabouret pèse un kilo, un lit dix. Un jour, un coopérant est venu acheter un lit qu’il souhaitait emporter en Chine. » Les meubles en carton ont une résistance égale à mille fois leur poids. Ils sont faits de couches de papier ondulé, qui, une fois posées sur chant, forment une structure en cannelures aux excellentes propriétés statiques. Le feu et l’eau sont tout aussi dangereux ou inoffensifs pour ce mobilier que pour celui en panneaux de particules. Au toucher, on a l’impression d’effleurer du bois et non du carton. En outre, il peut être très beau si ses couleurs et sa forme sont de bon goût. Pas étonnant que certains designers demandent jusqu’à 1 000 euros pour des exemplaires rares. sca papergram no 4 2009 19 par Luise Steinberger photos Scanpix et collection privée La presse, Un projet historique allemand table sur le pouvoir d’information de la presse pour expliquer l’idéologie et les crimes nazis à l’aide de journaux d’époque. Mais l’idée est loin de rallier tous les suffrages. journalistes et les publications présentés. Le projet couvrira toute la période allant de l’arrivée au pouvoir d’Hitler en janvier 1933 à la fin de la guerre en mai 1945. « Nous reproduisons toutes sortes de titres, des journaux nazis aux gazettes des exilés en passant par les publications en langue allemande diffusées dans les pays démocratiques », explique Sandra Paweronschitz, rédactrice en chef. Sources passionnantes R ien n’est plus dépassé qu’un journal de la veille. Certes, sa valeur informative est nulle ou presque, mais, en tant que document temporel, il est inestimable. C’est la conclusion à laquelle l’éditeur de l’hebdo d’histoire allemand Zeitzeugen est parvenu. Voilà pourquoi, depuis janvier 2009, il inclut dans chaque numéro le fac-similé de quotidiens et hebdomadaires parus au temps du régime hitlérien. À chaque fois, deux ou trois titres sont insérés dans une couverture de quatre pages contenant des explications sur le contexte du sujet abordé à cette occasion ainsi que des commentaires sur les 20 sca papergram no 4 2009 L’objectif du projet est de raconter l’histoire de la Seconde Guerre mondiale sous un autre angle alors que les témoins de cette époque commencent à se raréfier. « La presse est une source d’information extrêmement passionnante, même pour de simples amateurs d’histoire, car il y a encore beaucoup de choses qu’on ignore de cette période », souligne la rédactrice en faisant remarquer que la plupart des gens ne connaissent pas aujourd’hui l’information qui était alors disponible. « C’est vraiment frappant de voir tout ce qu’on pouvait lire dans ces journaux. » L’argument « On ne savait rien » ne tient donc pas debout. Ceux qui lisaient la presse étaient au courant. Sandra Paweronschik prend l’exemple de , témoin historique la fameuse nuit de Cristal : « Tout ce qu’on a écrit sur le pogrom de novembre 1938 ! L’antisémitisme était très prononcé et on informait très clairement sur la politique des Nazis. C’est vraiment surprenant. » D’autre part, on s’aperçoit que la vie était tout ce qu’il y a de plus normale. « On trouve des comptes rendus sportifs, de l’économie, de la culture, les programmes de radio et de cinéma… tout un tas d’informations sur des choses absolument apolitiques. Cela corrige un peu l'idée reçue que le national-socialisme était une période extrêmement politisée au cours de laquelle les gens ne parlaient que de la guerre. » Le projet veut faire comprendre que « des gens tout à fait normaux » ont été exposés à une propagande très intensive. L’ambition est de montrer comment « Nous voulons montrer dans quelles conditions ils écrivaient leurs textes et ce qu’ils sont devenus à la fin de la guerre. Sandra Paweronschitz celle-ci fonctionnait et de présenter ceux qui relayaient l’information. « Nous décrivons les journalistes et le titre pour lequel ils travaillaient. Nous voulons montrer dans quelles conditions ils écrivaient leurs textes et ce qu’ils sont devenus à la fin de la guerre. » Autres pays précurseurs Sandra Paweronschitz souligne que le projet ne reçoit aucun soutien financier ou politique. Son idée et son financement sont l’œuvre de l’éditeur britannique Peter McGee, qui a mené avec succès des projets similaires en Finlande, Espagne, Grèce et Norvège. Le Britannique finance la publication de Zeitungszeugen. D’après la rédaction, les coûts sont couverts par la diffusion d’environ 50 000 exemplaires vendus au numéro (3,9 euros). L’entreprise est viable car la rédaction est petite et travaille de manière décentralisée, sans coûts fixes tels qu’un loyer par exemple. L’impression a lieu en Estonie sca papergram no 4 2009 21 du fait de contacts d’affaires bien établis du temps où Peter McGee menait un projet similaire en Finlande. « Arrêté par les critiques Ce projet novateur n’a pas été accueilli à bras ouverts partout. Les critiques af- Il y aura toujours un petit groupe de gens qui ne voudra pas tirer les enseignements de l’histoire et qui détournera la matière. Sandra Paweronschitz firment qu’il est trop facile d’arracher la couverture explicative. « Ni plus, ni moins qu’une enveloppe pour de vieux documents nazis », a écrit l’un d’eux. Le land de Bavière a porté plainte. Le fait que les fac-similés sont facilement détachables de la couverture de quatre pages ouvre la voie à des abus qui « sont inacceptables », ont estimé les juristes de l’État. Ce n’est pas un hasard si c’est ce land qui s’oppose à une reproduction : à la fin de la guerre, les Américains, alors force d’occupation, lui ont confié tous les droits des publications de la maison Eher, sise à Munich. Eher était la maison d’édition des Nazis et publiait toutes les œuvres auxquelles le parti attachait de l’importance, notamment le grand quotidien Völkischer Beobachter et même le manifeste d’Adolf Hitler Mein Kampf. Depuis 1945, la Bavière a bloqué plusieurs fois la réédition d’anciennes publications nazies en mettant en avant la protection des droits de reproduction. Dans l’Allemagne de l’après-guerre, cette démarche correspondait bien à la notion générale qu’une réplique des vieux symboles ou écrits d’idéologie nazie représentait un risque que la jeune démocratie allemande ne pouvait et ne voulait Un comité de rédaction renommé Un comité de rédaction composé de dix historiens et journalistes réputés est à la disposition de la rédaction et l’aide à commenter les sujets abordés. Parmi eux : Frank Bajohr, historien ; professeur Wolf gang Benz, historien ; Pr Gerhard Botz, historien ; Barbara Distel, conservatrice du Mémorial du camp de concentration de Dachau ; Pr Peter Longerich, historien ; Pr Hans Mommsen, historien ; Pr Sönke Neitzel, historien militaire ; Pr Dieter Pohl, historien ; Pr Hans Pöttker, chercheur journalisme ; et Gabriele Toepser-Ziegert, directrice de l’institut de recherche sur la presse de Dortmund. 22 sca papergram no 4 2009 tendances pas prendre. Néanmoins, dans les années 1970, la publication d’extraits du Völkischer Beobachter a été autorisée dans des cas exceptionnels. Mais aujourd’hui, alors que les droits vont tomber dans le domaine public en 2015, soit 70 ans après la fin de la guerre, ce raisonnement n’est plus recevable. C’est pourquoi on débat actuellement en Allemagne de la manière de traiter les journaux de l’époque, qui sont aujourd’hui des documents historiques. Le tribunal de grande instance de la Bavière a émis une forme d’avis préalable sur la question en autorisant en mars 2009 la publication de toutes les archives entre 1933 et 1938. En outre, la Cour a estimé qu’eu égard au caractère historique du projet, on pouvait considérer les autres journaux comme des « citations étendues à caractère scientifique » et ainsi autoriser la publication. À la condition que certains critères pratiques soient respectés, par exemple, le renforcement de la reliure de la couverture aux fac-similés. Risque minime d’abus Sandra Paweronschitz est persuadée que le risque d’abus est minimal : « Il y aura toujours un petit groupe de gens qui ne voudra pas tirer les enseignements de l’histoire et qui détournera la matière. Mais il faut faire avec. Une démocratie aux citoyens émancipés peut gérer ce problème. En outre, ce risque est vraiment minime. » « Si notre équipe avait estimé que les citoyens allemands ne sont pas capables en 2009 de remettre ce type d’information dans son vrai contexte, nous n’aurions jamais entamé ce projet. » Le besoin d’informer la jeune génération prime sur le risque de détournement, estime la rédaction. En l’absence d’aïeuls, ces jeunes n’ont plus de contact direct avec l’époque nazie. « En faisant des enquêtes par téléphone avant le projet, on a remarqué que plus les interlocuteurs étaient jeunes, plus cette période les intéressait sincèrement. Et plus leurs questions étaient critiques. » Pour cette génération, les journaux d’autrefois remplacent les témoins physiques. par Luise Steinberger Nouveau prix de la distribution Lorsque les recettes publicitaires deviennent plus incertaines, les éditeurs sont contraints de tirer le maximum de la vente au numéro. C’est la raison pour laquelle les canaux de distribution (kiosques, grossistes, etc.) trouvent une nouvelle grâce à leurs yeux. Le magazine professionnel allemand dnv – der neue Vertrieb illustre cette tendance en lançant, en coopération avec la Zeitschriftenakademie de la fédération allemande des patrons de presse périodique VDZ, un nouveau prix : le VDZ Futurum Vertriebspreis. Le concours s’adresse à tous les acteurs de la chaîne de distribution de la presse et récompense les idées et les concepts de demain. Les bulletins d’inscription sont téléchargeables sur www.zeitschriften-akademie.de. Google collabore avec la presse Le moteur de recherche Google a maintes fois déclaré vouloir coopérer avec les quotidiens. Selon certaines informations, Google et The Newspaper Association of America seraient en train de négocier les termes d’un système de micropaiement. Ce dernier n’est qu’en phase de développement et n’a pas encore été testé, mais les rédactions seraient intéressées de participer au projet quand le service sera au point. Ce système proposera un abonnement complet ou le paiement de téléchargements isolés d’articles, par exemple. Source : followthemedia.com sca papergram no 4 2009 23 Portrait o k t U k e Jac par Tadeusz Rawa photos Collection privée Rénovateur d’une presse en perdition « Le design peut changer le produit, le processus de production, toute l’entreprise… Et même vous ! » a déclaré Jacek Utko lors d’une conférence à Long Beach, aux USA. 24 sca papergram no 4 2009 « Une bonne mise en page peut revigorer un journal et augmenter son tirage ». « La presse est condamnée à disparaître dans moins de dix ans ». Ces deux affirmations apparemment contradictoires ont pour auteur le Polonais Jacek Utko, designer primé et rénovateur des journaux économiques de l’éditeur Bonnier en Europe centrale. I l a reçu par deux fois le prestigieux prix de la Society for News Design, pour la meilleure mise en page catégorie quotidien. D’autres prix lui ont été décernés en Pologne, Autriche, Bulgarie et Russie. Ce qui compte également, c’est naturellement le tirage vendu et, dans ce domaine, il a vraiment de quoi être fier : dans les trois ans qui ont suivi son intervention, le tirage du polonais Puls Biznesu a progressé de 35 %, celui du russe Delovoj Peterburg de 29 % et celui du bulgare Pari de 100 % ! Dans les années 1990, l’éditeur suédois Bonnier Business Press lance des journaux financiers dans les nouvelles démocraties d’Europe centrale et de l’Est : Pologne, Russie, Lituanie, Lettonie, Estonie, Bulgarie et Slovénie. « Ils étaient fabriqués par des journalistes chevronnés mais manquaient cruellement de direction artistique, précise Jacek Utko. Par conséquent, la une et le contenu suivaient le même vieux modèle traditionnel, un peu triste et éprouvé. » Long décollage Il y a quelques années, le designer polonais devient le directeur artistique de Puls Biznesu, puis des huit titres de Bonnier Business Press dans la région. Il décide de faire la révolution. Les directeurs de Bonnier sont plutôt surpris d’entendre qu’il veut participer à toutes les réunions portant sur les objectifs, la stratégie et le contenu. Mais ils comprennent vite et acceptent son concept. Ce n’est qu’après ce processus long de deux ou trois mois qu'il commence à créer la nouvelle une. « C’est la clé de la réussite d’un designer de presse : être présent dès le départ et bien comprendre la nature du produit qu’on veut créer et à qui on veut le vendre. J’ai eu la chance de rencontrer des gens ouverts qui savaient apprécier l’importance du design. » Une fois ces préliminaires terminés, il est l’heure de s’attaquer à la refonte du journal, qui est un processus créatif intensif. « J’ai pour habitude de dire que c’est un processus égoïste car je veux être seul. Souvent, je crée plusieurs variantes. Je sors et je vais boire un café. J’y reviens plusieurs fois. Je fais le tri et je procède à des changements. » Ensuite, il a ce qu’il appelle parfois un trait de génie et il sait alors qu’il a trouvé la solution idéale. Jacek Utko a une formation d’architecte, qui lui a beaucoup servi, affirmet-il. En plus du professionnalisme, ce métier exige beaucoup de travail. Pendant plusieurs années, il a passé des heures à étudier les journaux et magazines du monde entier dans le centre de presse bien assorti de Varsovie. Il a également sca papergram no 4 2009 25 « Mes efforts en vue de promouvoir la lisibilité se heurtent souvent à l’incompréhension des journalistes, qui n’apprécient pas que je veuille raccourcir leurs articles. fouillé sur Internet, assisté à des cours et à des séminaires en Europe et aux USA. À l’heure actuelle, il a choisi de se concentrer davantage sur ses sources d’inspiration intérieures. « Il s’agit de repartir de zéro et de penser dès le départ à ce que veut le lecteur. » Une mort inévitable Jacek Utko souligne que si l’aspect de la une a son importance, c’est aussi le cas de tous les petits détails à l’intérieur. C’est à eux qu’il consacre la plus grande partie de son temps. « Les intertitres, les citations, les encadrés et les lettrines… ce sont tous ces petits riens qui déterminent si le lecteur, le plus souvent inconsciemment, choisit de lire ou non le journal. » Il existe des recherches approfondies sur la perception de la presse par les lecteurs et Jacek Utko les connaît bien. « Mes efforts en vue de promouvoir la lisibilité se heurtent souvent à l’incompréhension des journalistes, qui n’apprécient pas que je veuille raccourcir leurs articles. Mais je le fais pour leur bien, un petit texte est plus souvent lu. Les recherches montrent que 7 % seulement de la masse textuelle est lue. » C’est un argument accablant pour tous ceux qui travaillent dans ce métier. Le designer polonais jette encore un peu d’huile sur le feu en prédisant la mort Jacek Utko Designer polonais résidant à Varsovie. Architecte de formation. A quitté le métier pour se lancer dans le design au cinéma, puis dans le design de presse. Est devenu il y a quelques années le directeur artistique du titre polonais Puls Biznesu qui appartient à l’éditeur BBP (Bonnier Business Press), puis des huit journaux financiers du même groupe en Europe de l’Est. Prix et distinctions Puls Biznesu a reçu en 2004 le prix du meilleur design catégorie quotidien remis par la Society for News Design (SND). Le titre estonien Äripäev s’est vu attribuer le même prix en 2007. Jacek Utko a été primé d’autres fois par la SND, notamment pour la meilleure nouvelle formule, la meilleure une et le meilleur portefeuille individuel. 26 sca papergram no 4 2009 imminente de la presse. Qu’est-ce qui lui permet de l’affirmer ? Cela signifie qu’il a choisi de naviguer sur un Titanic qui, lentement, prend l’eau. « Je maintiens que l’âge d’or des journaux est révolu. Les perspectives d’avenir des magazines sont légèrement plus roses. Internet informe beaucoup plus vite que la presse quotidienne, mais ne parvient pas encore à reproduire les illustrations aussi sensuellement que les publications. Tous ces changements ont deux causes : des tendances objectives – en premier lieu, la formidable évolution des médias électroniques – et le fait que les journaux manquent souvent leur cible. Le design n’est qu’un facteur parmi tant d’autres dans ce domaine. » Inutilisation des avantages Jacek Utko estime qu’il est absurde d’acheter un quotidien du matin contenant l’information lue la veille sur le Net – souvent sur le site même du titre. Il affirme que ceux qui survivront seront des périodiques spécialisés. « Néanmoins, dans un journal, on peut mettre en valeur une information d’une manière qui est impossible sur la Toile. Mais combien de fois cela arrive-til ? Une fois par an, peut-être, par exemple, quand Obama est élu président. Sinon, ce qui domine, c’est le sempiternel trio titrephoto-texte, même à la une. » Pour la presse polonaise, cela a été souvent Noël tous les jours ces 20 dernières années : progression du tirage, recettes publicitaires exponentielles… Le pic a été atteint il y a deux ou trois ans, souligne Jacek Utko, et, aujourd’hui, elle est prise dans une spirale vertigineuse, une chute renforcée par la crise économique. « Rien ne sera plus jamais comme avant, ce sera plutôt le contraire. La Pologne ne déroge pas aux tendances mondiales. On ne voit pas non plus arriver de nouveaux talents dans le domaine du design de presse. Ceux qui existent sont souvent congédiés en raison de la crise et des restrictions budgétaires, et vont voir ailleurs, dans d’autres secteurs. » tendances par Luise Steinberger Les imprimeurs font la culbute Fermé pour cause de faillite On dit que la crise est terminée. Le secteur de l’imprimerie n’a encore rien remarqué. Au cours du premier semestre 2009 en Suède, les faillites d’imprimeurs ont augmenté de 67 % par rapport à la même période en 2008. C’est ce que montrent les statistiques de la fédération des entreprises graphiques, qui prédit que la tendance va se maintenir encore quelque temps. Les plus touchées sont les imprimeries offset, les numériques s’en tirent mieux. La pression est encore plus dure pour celles qui recevaient beaucoup de commandes de l’industrie lourde, celle des véhicules par exemple. Une tendance qui se confirme dans le reste de l’Europe. Source : graphicnet.se La revue de coopération grandit Omvärlden, la revue de l’ASDI, l’Agence Suédoise de Développement International, a été relancée fin octobre. Ce qui était un tabloïd d’actualité est devenu un magazine qui paraîtra plus fréquemment. « Nous allons miser sur cette publication car elle est importante et de qualité. Mais son emballage n’était pas des plus satisfaisants », a déclaré le responsable communication de l’agence, Claus Nowotny, avant l’opération. La périodicité passera de six à dix numéros par an et le tirage, qui était limité à 3 000 exemplaires, va plus que quintupler. Comme avant, Omvärlden sera distribué aux abonnés et aux décideurs, mais il pourra être acheté en kiosque. « C’est un magazine unique, qui satisfait l’intérêt actuel manifesté pour les questions internationales ». Les journalistes polonais se réunissent Cent cinquante journalistes de langue polonaise venus de quatre continents et 26 pays se sont réunis début septembre à Tarnów, dans le sud de la Pologne. C’est la septième fois que le Światowe Forum Dziennikarzy Polonijnych (forum mondial des journalistes polonais à l’étranger) rassemblaient les collaborateurs des médias de langue polonaise à l’étranger. L’objectif est de l eur donner la possibilité de renouer des contacts dans leur pays d’origine et de communiquer une image réelle de la Pologne d’aujourd’hui. Tadeusz Rawa Source : Dagens Media sca papergram no 4 2009 27 par Elin Mellerstedt photo Mikael Gustafsson/N – Naturfotograferna Finie la pêche aux moules La moule perlière est un petit mollusque utile et passionnant qui vit dans les cours d’eau de l’hémisphère nord. Comme son nom l’indique, cette moule aujourd’hui protégée peut parfois abriter une magnifique perle. Sa présence est le signe d’un environnement non pollué. E n dépit de sa petite taille, la moule perlière, ou mulette, a son importance. Elle est, entre autres, un bon bio-indicateur de la qualité de l’eau. SCA s’enorgueillit du fait qu’elle semble se plaire dans les cours d’eau de ses forêts. « Quand la mulette est présente, l’eau renferme sans conteste un écosystème plus ou moins complet, avec poissons et organismes benthiques », explique Per Simonsson, écologue forestier chez SCA Skog. Le cycle de vie de cette petite moule est passionnant. Pendant la période de reproduction, la femelle produit jusqu’à trois à cinq millions de larves. À ce stade, celles-ci se fixent sur les branchies des saumons ou des truites saumonées pendant huit à dix mois avant de se transformer en petit bivalve. Valeur historique Per Simonsson précise que la mulette est un excellent baromètre de la qualité de l’eau. Sa coquille présente des stries, comme les arbres. En sélectionnant certaines années on peut découvrir quels métaux lourds sont stockés dans ces stries. La coquille remplit un rôle d’archive « éco-chimique ». La mulette est tout aussi intéressante du point de vue historique. Au cours du 18e siècle, elle a attiré l’attention du public et des têtes couronnées car elle pouvait, dans certains cas, recéler une perle précieuse. Cette découverte a conduit à une pêche de grande envergure. En Suède, on a même, un temps, formé des conseillers spécialisés. Ces beaux rêves de richesse ne se sont jamais concrétisés. Il est très rare de trouver 28 sca papergram no 4 2009 Un mollusque centenaire Qu’est-ce que la liste rouge ? La mulette (margaritifera margaritifera) est un mollusque lamellibranche qui peut vivre jusqu’à plus de 250 ans. Elle se complaît dans les cours d’eau purs et faibles en calcaire dont le fond est composé de sable, graviers et pierres. Adulte, sa taille atteint 10 à 15 cm de long pour une hauteur de 5 à 7,5 cm. L’intérieur de sa coquille noire bleutée et brunâtre est recouvert de nacre. La liste rouge recense toutes les espèces menacées de disparition dans une région, un pays ou sur la planète. Celles-ci sont groupées en catégories selon le degré de menace qui pèse sur elles. En France, la liste nationale est établie par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) et le Muséum d’Histoire naturelle. La liste rouge internationale est compilée par l’IUCN et mise à jour une fois par an. une perle, seule une mulette sur 3 000 en contient une. Vulnérable et protégée Autrefois, on trouvait ce bivalve dans toute l’Europe. Malheureusement, au siècle dernier, il a disparu en grande partie du continent et même de nombreuses régions de Suède. SCA Skog tente de contribuer à sa survie en prenant des mesures de précaution supplémentaires dans les zones de coupe. La mulette est aujourd’hui protégée et fait partie de la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (catégorie VU – vulnérable). Plus question de partir à la pêche aux moules… perlières.