avril - Scènes Magazine
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scènes roméo et juliette par le teatro malandro magazine Crédit photo © K.Miura ISSN 1016-9415 2 55 / septembre 2013 CHF. 10.-- 7 € The Suit © Johan Persson Danse Théâtre musical Musique Quantum The Suit Can Themba – Peter Brook The Ukulele Orchestra of Great Britain Du 23 au 26 sept. à 19h 3 et 4 oct. à 20h30 9 oct. à 20h30 Cie Gilles Jobin forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 10 11 12 15 15 cine die / raymond scholer festival de locarno / james berclaz-lewis cinémas du grütli / christian bernard sous la loupe : grand central / christian bernard les films du mois / christian bernard, serge lachat festival international du film de la rochelle / l. tièche-chavier annonce : 1er édition de « kino » / christian bernard 16 opéra 16 17 18 19 19 20 21 22 23 entretien : guy joosten / eric pousaz mémento marseille : cléopâtre & les troyens / françois jestin lyon : die zauberflöte / françois jestin montpellier : don giovanni / françois jestin milan : un ballo in maschera / frank fredenrich zurich : salomé & la straniera / eric pousaz vienne : roméo et juliette & tristan und isolde / eric pousaz berlin : le vin herbé & mazeppa / eric pousaz 24 festivals 24 27 28 29 30 31 32 34 35 36 38 verbier : nuée d’étoiles / martine duruz, eric pousaz la bâtie / romeo cini amadeus : retour à la grange / martine duruz kammerorchesterbasel à la touvière / régine kopp portrait : plamena mangova / serene regard wagner geneva festival / christian bernard avignon : sous les applaudissements du public / j.zanetta ambronay : présentation / pierre-rené serna ambronay : calendrier des concerts et manifestations discographie : ambronay éditions / catherine fuchs aix : rigoletto, don giovanni, the house taken over, elena & elektra / françois jestin 40 orange : le vaisseau fantôme, un ballo in maschera & concert ciofi-nucci-verdi / martine duruz, françois jestin 41 42 43 colmar : découverte / pierre jaquet beaune : haendel et gluck / pierre-rené serna, frank fredenrich montpellier : mass, madame sans-gêne & la vivandière / f. jestin 44 saisons 2013-2014 44 46 48 49 spectacles onésiens / firouz- élisabeth pillet forum de meyrin / jérôme zanetta château rouge, annemasse / laurence tièche chavier orchestre de chambre de lausanne / pierre jaquet 51 théâtre 51 52 vidy-lausanne : début de saison / frank dayen saint-gervais : of/niet / rosine schautz 255 / septembre 2013 53 54 55 56 58 59 60 entretien : guy jutard / firouz-elisabeth pillet entretien : hervé loichemol / laurence tièche chavier la comédie : danse nocturnes / rosine schautz entretien : omar porras / françoise-hélène brou le poche : music hall / julie bauer le poche : derniers remords avant l’oubli / rosine schautz entretien : arnaud buchs / julie bauer 61 musique 61 62 63 64 65 66 68 69 l’orchestre de chambre de genève / laurent darbellay osr : violeta urmana et olga borodina / eric pousaz agenda genevois de septembre / martina diaz concerts du pour-cent culturel migros / emmanuèle rüegger les solistes de lyon-bernard tétu / frank langlois entretien : david greilsammer / christian bernard entretien : steven isserlis / pierre jaquet entretien : jean-philippe rapp / rosine schautz 71 expositions 71 72 74 74 75 75 76 76 77 77 78 parcours céramique carougeois / françoise-hélène brou fondation gianadda : modigliani / sarah clar-boson mémento beaux-arts : france château de versailles : giuseppe penone mémento beaux-arts : ailleurs palazzo strozzi, florence : l’avant-garde russe mémento beaux-arts : suisse romande laténium, neuchâtel : fleurs des phararons mémento beaux-arts : suisse alémanique kunstmuseum basel : mondrian, newman, flavin fondation de l’hermitage : miro / sarah clar-boson 80 danse 80 81 82 avignon, festival / bertrand tappolet montpellier, festival / bertrand tappolet la bâtie, festival de genève / bertrand tappolet 84 paris 84 85 85 86 87 88 88 89 89 opéra : lune de banlieue / pierre-rené serna opéra de paris : la sylphide / stéphanie nègre opéra royal de versailles : cendrillon / stéphanie nègre sélection musicale de la rentrée / françois lesueur chronique des concerts / david verdier mémento théâtre théâtre du ranelagh : le neveu de rameau / julien roche mémento expositions musée maillol : étrusques, un hymne à la vie 90 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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L es Suisses ne sont-ils donc pas capables de diriger les institutions culturelles sur l’arc lémanique ? La polémique ne s’est pas fait attendre dans la presse romande lors de l’annonce de la nomination de Vincent Baudriller à la tête du Théâtre de Vidy ! Mais est-ce bien ainsi que le problème doit être posé ? Quelles sont les qualités requises pour diriger une maison de théâtre unique en son genre et au rayonnement européen indiscutable ? Vincent Baudriller sera-t-il l’homme de la situation et pourra-t-il véritablement comprendre en quoi la Cité des Papes diffère de celle du Théâtre au bord de l’eau ? Cette fois c’est fait, Vincent Baudriller, aux côtés d’Hortense Archambault, aura su mener à bien son dernier festival et de fort belle manière lors de cette édition 2013 festive et emblématique d’une volonté salutaire de réunir les arts de la scène pour les faire dialoguer. Mais gageons que le nouveau directeur n’est certainement pas dupe de la très lourde tâche qui l’attend à Lausanne. Prendre la digne succession de René Gonzalez qui jusque dans les derniers instants fut l’âme de ce lieu habité comme nul autre par les Muses de la scène, n’est pas chose aisée, tant sa présence lumineuse frémira encore longtemps dans les murs du vaisseau conçu par Max Bill. René Gonzalez avait su allier compétence, générosité, instinct et persévérance. Il se battait pour tous les artistes et les projets qu’il voulait produire à Vidy et assurait à une grande majorité des tournées dans toute l’Europe. Les risques qu’il prenait reposaient toujours sur une espèce de contrat de confiance avec l’artiste choisi, afin qu’il soit donné aux nombreux publics de vivre à chaque fois une expérience théâtrale profonde, ambitieuse et souvent audacieuse, mais toujours dans le respect du texte, du jeu et et de la forme proposée : Benno Besson, Joël Jouanneau, Luc Bondy, Jacques Lassalle, Heiner Goebbels, Peter Brook, Irina Brook, Marilu Marini, Valère Novarina, Bartabas ou James Thiérrée, pour ne citer que les plus fidèles, ont offert au théâtre des moments décisifs et inoubliables sur les quatre scènes. Le défi à relever est de taille, mais Vincent Baudriller – et l’absence d’origines helvétiques ne fait rien à l’affaire - a sans aucun doute les ressources nécessaires pour poursuivre cette quête théâtrale passionnante, à la tête d’un outil sans pareil, d’une équipe expérimentée (si elle reste en place !) et vraisemblablement inspiré par un environnement naturel propice à la création, comme tant d’autres avant lui. Fort d’une expérience solide aux commandes d’un des plus grands festivals du monde, capable de solliciter un réseau d’artistes de premier plan, à l’instar de son prédécesseur, Vincent Baudriller sait aussi produire des spectacles et accompagner les artistes, c’est important et c’est là sa première vocation. Il a également compris tous les enjeux de la création artistique romande et alémanique. Souhaitons que son sens du discernement, sa volonté de découvrir, de créer restent intactes, pour continuer à enchanter des générations amoureuses des arts de la scène quand ils vous rendent meilleurs. Rideau ! JZ/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é m a vendeur de glace, désespéré, se soûle à la bière pour renflouer la caisse de sa bien-aimée, mais, ce faisant, dépense toute sa cagnotte et se fait congédier par sa patronne. Par un heureux coup du hasard, il trouve un diamant volé et se voit largement récompensé par le bijoutier. L’argent lui permet d’ouvrir sa propre brasserie qu’il baptisera du nom de sa petite vendeuse. On n’est pas étonné d’apprendre que le financement du film fut réglé en entier par la compagnie Dai Nihon Biru. Les deux acteurs cités allaient devenir des Il Cinema Ritrovato (27e édition), Bologne stars chez P.C.L. et Toho. Les traits de chien battu de Fujiwara devraient être Le festival pour historiens et cinéphiles offre toujours une pléthore de familiers à tous les connaisseurs de l’œuvre de Kurosawa. En 1934, un films restaurés ou retrouvés, groupés par thèmes ou hommages, qu’il est comédien de cabaret de petite taille, Kenichi Enomoto (pseudo Enoken), physiquement impossible d’absorber dans sa totalité. Les choix cornéliens blagueur et chantant, s’ajouta au cheptel P.C.L.. Dans Enoken no Seishun sont de rigueur. Ainsi ai-je fait (certainement à tort) une croix sur les films Suiden / Romantic and Crazy de Kajiro Yamamoto (futur mentor d’Akira de Vittorio de Sica, espérant secrètement que Frédéric Maire consacrera une Kurosawa), il joue un étudiant qui révise ses examens en musique, japonifois à ce génie la rétrospective intégrale qu’on attend de la Cinémathèque sant toute une série de chansons du répertoire américain (le numéro d’introsuisse depuis belle lurette. En revanche, il est probablement illusoire de s’at- duction est un hommage à The Kid from Spain (Leo McCarey, 1932, avec tendre à revoir les films japonais du début du parlant, même si les 3 (sur 25) Eddie Cantor)). Enoken réussit ses examens, épouse une fille riche et jolie, films existants de Sadao Yamanaka – ami d’Ozu - tombé à l’âge de 29 ans devient chef d’entreprise et sauve la mise à un ami qui a ouvert une brassependant la campagne de Chine, ont été édités récemment sur DVD par la rie (encore !) : il démolit, à lui tout seul, tout un escadron de yakusas venus firme anglaise Eurekavideo. Yamanaka a un statut quasi totémique dans son racketter ce dernier. Il passe comme une tornade du rez-de-chaussée à l’épays, où il est considéré comme un martyr, victime du militarisme japonais. tage et retour, distribuant gnons et lançant projectiles, se faufilant entre Ceci explique peut-être cela. poings et jambes, sautant sur les meubles, dans un plan-séquence qui laisse le spectateur bouche bée. Ani Imoto / Ino et Mon (1935) montre que Sotoji Kimura n’était pas Il Giappone parla ! Cantanti e Spadaccini L’abandon du cinéma muet s’est étiré sur plus de cinq ans au Japon. Ce qu’un réalisateur de comédies. Appartenant au mouvement gauchiste n’est que vers 1936 que la majorité des films produits devinrent parlants. La Prokino, il pouvait adopter un ton nettement plus sombre et politiquement compagnie P.C.L. (Photo Chemical Laboratories) fut une des premières à se chargé, comme dans ce drame réaliste dont l’ouverture rappelle esthétiquelancer exclusivement dans la production de films sonores, notamment des ment certains films soviétiques. Les pêcheurs d’un village confectionnent comédies musicales. Contrairement à Hollywood, où les studios furent fon- des longues cages cylindriques en roseau, qu’ils remplissent avec des pierdés par des immigrants juifs issus de la classe ouvrière, les studios japonais res lourdes pour retenir la mer. Le maître d’œuvre est très strict et ne tolère sont nés de l’expansion des compagnies de chemins de fer. En construisant pas les traîne-savate. A midi, son épouse arrive avec des patates chaudes des salles de cinéma et des grands magasins à proximité des gares-clés, les pour les ouvriers et la paie de la semaine. A la maison, il y a la fille cadette magnats de ces compagnies espéraient diversifier leurs profits. Pour assurer très sage, la fille aînée, enceinte d’un gars de la ville, et le frère oisif, qui des produits à ses salles, le PDG de la traite sa sœur de traînée alors que lui en a Arima Electric Railway Co. prit le contrôengrossé plus d’une sans sourciller. Acte le de la P.C.L., basée à Tokyo, et la fit deux : un an a passé. Le bébé est mort-né, fusionner avec la compagnie J.O., de la fille aînée est partie travailler à Tokyo, Kyoto, en 1935. Deux ans plus tard, ce où elle a beaucoup « affaire à des mecs ». conglomérat allait se consolider sous un Le père du bébé vient en visite pour nouveau nom, la compagnie Toho, alma demander pardon et expliquer son absenmater d’Akira Kurosawa et de Mikio ce : son propre père l’avait enfermé. Il laisNaruse. L’essentiel des titres montrés dans se son adresse et de l’argent aux ex-futurs ce programme appartient à cette période beaux-parents compréhensifs: il est touproto-Toho. jours amoureux de leur fille. Sur le chemin Le premier film produit par la P.C.L. du retour, il se fait tabasser par le frère. Un fut Ongaku Kigeki : Horoyoi Jinsei / peu plus tard, la réprouvée, en visite, appTipsy Life (1933) de Sotoji Kimura. Dans rend que son ancien amoureux a passé. cette comédie très alerte, un vendeur de Elle déchire le billet avec l’adresse : le glaces (Kamatari Fujiwara) tombe amoupassé ne signifie plus rien, elle dit pourtant reux d’une vendeuse de bière (biru) à son frère toute la haine qu’elle éprouve (Sachiko Chiba) dans la gare où ils offipour lui. cient côte à côte. Mais la belle n’a d’yeux En 1935, Mikio Naruse, dépité que la que pour un beau (et plus élancé) compoShochiku ne lui permette pas de faire un siteur qui lui dédie une chanson d’amour. film parlant, migre à la P.C.L. et y réalise Cette chanson va devenir le tube de la saicinq films. Le troisième est un chef-d’œuson et faire la fortune de son auteur qui vre : Tsuma Yo Bara No Yi Ni / Wife, Be Chieko Takehisa et Sadao Maruyama dans «Ani Moto» demande illico la vendeuse en mariage. Le Like a Rose. Un store est baissé, des hom- le cinéma au jour le jour Cine Die 6 a c t u a l i t é c i n é m a admirer la toute première réalisation du maître, The Pleasure Garden (1926), telle que le public l’a reçue à l’époque. Dans son premier film, Hitchcock crée aussi son premier monstre. Le comédien Miles Mander joue une ordure charmante, toujours calculatrice et manipulatrice, exploitant les plus faibles - le film contient une belle charge anticoloniale - sans le moindre état d’âme. La façon dont il abandonne une pomme après avoir mordu dedans une seule fois est symptomatique du comportement qu’il va avoir envers sa future femme. En cadrant la pomme délaissée en gros plan, Hitchcock inaugure un système de symboles « naturels » qui fait partie de sa signature. Allan Dwan, nobile primitivo «Wife, Be Like a Rose !» de Mikio Naruse mes dévalent des escaliers, une femme quitte son bureau, des salarymen attendent le train : quatre plans sans dialogue pour situer de façon exemplaire de quoi causera le film: la femme indépendante dans le monde des rondsde-cuir. Monde très occidentalisé, puisque tout le monde chantonne « My Blue Heaven ». La femme a rendez-vous avec son petit ami. Leur complicité crève les yeux. Mais pour qu’ils puissent se marier, il faut que le père de la jeune femme rencontre celui du jeune homme. Ultime concession à la tradition. Et c’est bien là le hic : la mère de la jeune femme étant dans sa tour d’ivoire de poétesse, le géniteur, orpailleur malchanceux, a depuis longtemps quitté le domicile conjugal et s’est mis en ménage, dans une autre ville, avec une ancienne geisha, dont il a deux enfants et qui l’entretient par son travail de couturière et de coiffeuse. Cette dame envoie aussi anonymement de l’argent à la première famille, qui se croit entretenue par le père. L’héroïne se met donc en route pour convaincre son père de revenir à la maison et d’arranger le mariage. Tout se résoudra pour le bonheur du plus grand nombre. Le film suivant de Naruse, Saakasu gonin gumi / Cinq Hommes du Cirque (1935), sur cinq musiciens ambulants qui remplacent, le temps d’une grève, les artistes d’un cirque, n’est qu’une succession de saynètes gentilles, mais sans relief. Treize longs métrages étaient au programme, dont dix avaient déjà été montrés à la rétrospective Dwan à Locarno en 2002. Fifteen Maiden Lane (1936) - c’est l’adresse du centre diamantaire de New York avant 1950 raconte comment le toujours suave Cesar Romero réussit, dans ce sacrosaint bâtiment, à troquer un faux diamant contre un vrai et à glisser celui-ci dans le sac de Claire Trevor qu’il drague dans l’ascenseur. Ce qu’il ne sait pas, c’est que cette dame est la nièce du bijoutier lésé et qu’elle se réjouit de jouer au détective. Et en plus, elle est amoureuse de l’agent de sécurité Lloyd Nolan. Soixante minutes de feintes et revirements plus tard, tout est 7 I Muti di Hitch Les neufs films muets survivants d’Alfred Hitchcock (The Mountain Eagle, 1926, semble définitivement perdu) ont été présentés dans leur meilleur état possible. Pour la première fois depuis des décennies, on peut Cesar Romero et Claire Trevor dans «Fifteen Maiden Lane» bouclé. Dans Rendez-vous with Annie (1946), un caporal américain est amené secrètement par deux copains aviateurs sur un vol cargo aller-retour de Londres à New York pour voir sa femme. De cette escapade va naître un bébé qui non seulement jette un doute sur la moralité de l’épouse, mais qui risque aussi d’être privé d’un gros héritage, si sa légitimité n’est pas prouvée. Le caporal doit donc trouver des témoins qui peuvent certifier qu’il avait bien rencontré sa femme neuf mois plus tôt. The Inside Story (1948) est une fable située dans la Grande Dépression qui illustre pourquoi l’argent doit circuler si l’économie est censée fonctionner. Le réceptionniste d’un hôtel reçoit une enveloppe avec 1000 dollars qu’il met en sécurité dans le coffre-fort. A la suite de malentendus, cette enveloppe circulera dans la communauté, permettant au patron de l’hôtel d’échapper à la banqueroute, à l’épicier de repousser la saisie, à l’avocat de renoncer au suicide et ainsi de suite. Une sorte de réalisme magique imbibe ce récit optimiste réalisé en 1948, alors qu’on craignait une nouvelle dépression. Au mois prochain Raymond Scholer Miles Mander et Virginia Valli dans «The Pleasure Garden» a c t u a l i t é c i n é m a d'activités scolaires, mais aussi artisanales. À Derrière-Pertuis, le maître mot semblait être le renforcement d'une forte identité suisse ainsi que des valeurs de communauté, de respect et de tradition. S'il ne peut au final garantir que le souvenir de cette étonnante institution, Tableau Noir en capture brillamment le démantèlement par la profonde émotion de toute une communauté. Superbe. festival Locarno Ayant hérité quelque peu précipitamment de la direction artistique du Festival de Locarno, Carlo Chatrian s'est majoritairement appuyé sur la formule à succès de son prédécesseur. Au programme donc, une compétition internationale qui varie les plaisirs entre les films de fiction avant-gardistes, les thématiques osées et les documentaires. Grand Prix – L'Étrange Couleur Des Larmes de Ton Corps (Cattet & Forzani) Tout comme avec leur précédent film Amer, le duo puise généreusement dans le giallo italien et la folie Lynchienne pour soumettre l'audience à l'un des assauts sensuels les plus intenses en mémoire. Emprisonné dans leur montage labyrinthique, le spectateur se retrouve la victime de compositions hypnotiques, d'une constante désorientation, et d'un barrage de son presque insoutenable. Lors de sa première publique, plus d'une centaine de spectateurs ont quitté la salle, soulignant l'éprouvante nature de Comme à son habitude, le festival fait la part belle au cinéma étranger de tout horizon Il est si souvent frustrant de voir des films non-primés souffrir d'un manque conséquent d'exposition, alors en honneur de ces perles ignorées ; voici un palmarès alternatif pour leur faire justice. 8 Meilleur Réalisateur – Yves Yersin (Tableau Noir) Dévoilant son premier film en 34 ans, le vénérable helvète signe avec Tableau Noir une sort d'Être et Avoir aux couleurs de la Suisse qu'on attendait au tournant. Le public n'aura pas été déçu par sa quasi-exhaustive chronique d'une année au sein de l'école montagnarde du Derrière-Pertuis. Aujourd'hui défunte, l'institution est immortalisée au travers du regard attendrissant de naïveté des écoliers, alors qu'ils s'adonnent à une variété «L’étrange couleur des larmes de ton corps» de Hélène Cattet et Bruno Forzani cette étrange proposition. Malgré un sublime travail d'artisanat, le film souffre peut-être quelque peu de son inflexible engagement à l'encontre de la linéarité habituelle des films d'horreurs, l'esthétique primant souvent sur la déroutante narrative. Cela dit, les plus courageux seront amplement récompensés par l'une des expériences les plus surprenantes et saisissantes de ces dernières années, un 2001 : L'Odyssée de L'Espace du film d'horreur contemporain. Léopard d'Or – Exhibition (Joanna Hogg) Unrelated et Archipelago, les deux derniers longs-métrages de la talentueuse réalisatrice britannique traitaient tous deux des anxiétés latentes de la haute classe moyenne anglaise, cette strate sociétale traditionnelle- «Exhibition» de Joanna Hogg a c t u a l i t é Sans jamais aborder leur passé, préférant plonger le spectateur directement au cœur même de leur crise émotionnelle, la réalisatrice tisse sa narrative idiosyncratique autour de l'incapacité du couple à communiquer ses sentiments par les mots. Au travers de ses timides tentatives de dialogue, de ses humiliations, de son comportement inadéquat et opaque, l'on perçoit la profonde détresse de ce couple qui lutte pour survivre. Véritable triomphe de beauté et d'intelligence, Exhibition est un exemple de la revitalisation du cinéma britannique ainsi que le meilleur film en compétition. Espérons que le film trouvera un acheteur suisse, car il serait bien dommage que les audiences helvètes soient privées de cette véritable gemme. James Berclaz-Lewis 5 octobre - 20h30 9 mars - 14h30 12 mars - 20h30 Ludovic Tézier NOUVELLE PRODUCTION CONCERT LYRIQUE CRÉATION EN FRANCE DE LA VERSION SCÉNIQUE DE L’OPÉRA DE DAVID ALAGNA baryton Laurent Campellone direction musicale ROBERTO ALAGNA et Adina Aaron 17 novembre - 14h30 19 novembre - 20h30 Puccini MADAMA BUTTERFLY LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ 14 mars - 20h30 PHILIPPE JAROUSSKY 4 décembre - 20h30 OPERA COMPETITION Contre-ténor Ensemble Artaserse AND FESTIVAL ARTE (Hongrie 2013) 19 mars - 20h30 DE QUOI J’AI L’AIR 28 décembre - 20h30 29 décembre - 14h30 31 décembre - 20h30 Julie Fuchs soprano NOUVELLE PRODUCTION Loewe Ensemble le Balcon MY FAIR LADY 11 avril - 20h00 13 avril - 14h30 2 février - 14h30 4 février - 20h30 CRÉATION EN FRANCE NOUVELLE PRODUCTION PREMIÈRE AUDITION À AVIGNON Campra TANCRÈDE NOUVELLE PRODUCTION Rossini L’ITALIANA IN ALGERI Mascagni 21 février - 20h30 22 février - 20h30 23 février - 14h30 Vedène - L’autre scène CAVALLERIA RUSTICANA Leoncavallo NOUVELLES PRODUCTIONS Offenbach 18 mai - 14h30 20 mai - 20h30 MONSIEUR CHOUFLEURI RESTRA CHEZ LUI et POMME D’API PAGLIACCI SAISON LYRIQUE 2013/2014 ABONNEMENT RESERVATIONS 04 90 82 81 40 www.operagrandavignon.fr SALUCES.COM -PHOTO : JULIE DE WAROQUIER - LICENCES 1-1024491 / 2-1024478 / 3-1024490 ment ignorée des œuvres de social réalisme. Celle-ci retourne à nouveau vers ces thématiques en capturant, avec un rigide ascétisme rappelant Michael Haneke, les conflits et les tensions d'un couple d'artistes qui s'apprêtent à se séparer de leur superbe demeure moderniste au cœur de Londres. A l’abri de l'intrusif monde extérieur grâce à ses barricades de culture, le binôme n'échappe pourtant pas à ses propres démons. Incorporant la dure géométrie de la maison, Hogg enserre ses protagonistes dans leur temple qui scelle souvenirs, troubles, et bonheurs. c i n é m a jugement de la part du spectateur, seulement de la compréhension par la juste distance du regard posé sur les personnages, Ilo ilo est un modèle d’empathie intelligente. les cinémas du grütli Anthony Chen, Jodorowsky, Cukor La Danza de la realidad A 84 ans, Jodorowsky revient sur son enfance chilienne. Selon ses mots, son père était un émigré sans racine, athée, qui voulait être Staline. Sa mère, une humiliée fille d’un viol, sa propre mère ayant été violée par un cosaque russe. Lui-même dit s’être toujours senti En septembre, un nouveau venu de Singapour, un grand aîné monstre de vitalité et un maître d’un cinéma hollywoodien qui n’existe plus se partagent l’affiche. Ilo ilo 10 trice l’incarnant), elle poursuit son travail de rédaction de lettres de licenciements dans une administration et tente plutôt mal que bien de gérer Jiale, son insupportable gamin. Elle a de quoi être fatiguée, d’autant que son mari qui a perdu son job (déchéance qu’il cherche à dissimuler) vit de boulots précaires tout en boursicotant sans succès. Le fil de l’histoire est la relation que Terry parviendra progressi«La Danza de la Realidad» © Pascale Montandon vement à établir avec Jiale qui l’a d’emblée rejetée. Le lien inadapté, comme un mutant. Alors pour guérir d’affection qui s’ébauche son âme, sa famille, et le spectateur, il a donné entre Terry, l’immigrée à son père l’humanité, il a fait de sa mère à qui ayant laissé son propre on a toujours refusé de la laisser chanter, une enfant au pays et le fiston chanteuse d’opéra, et à l’enfant qu’il était a trop seul sera sans suite, les donné un père et une mère unis. Magnifique générosité d’un projet plus difficultés financières du couple l’obligeant à la ren- attaché à transfigurer le passé qu’à régler des comptes. Ce film visionnaire, poétique, drôle, voyer. Pas d’intrigue surchar- cruel, soutient la comparaison avec Fellini et gée ici, ni de message. Bunuel. Est-ce un film-testament pour celui qui Mais une suite de notations n’avait rien tourné depuis des années voire des de détails apparemment décennies ? A la question il répond : « J’ai 84 anodins, mais dont la repri- ans. Si je fais encore un film, ce sera un comese montre à quel point ils back. Je vais faire un film au Mexique, l’histoi«Ilo Ilo» © Fisheye Pictures. Photo by Han sont porteurs de sens. Cette re d’un gangster qui s’illumine et devient un narration organique et saint. » Mort et Transfiguration... qui nous fait pénétrer avec Teresa dans le quoti- transitive proche de celle adoptée dans Le dien d’une famille de la classe moyenne en crise Repenti par Allouache, produit un effet capti- Rétrospective Cukor Les rétrospectives sont un moment préparce que prise dans la crise économique asia- vant. C’est ainsi que les objets les plus usuels tique de 1997. (tube de rouge à lèvres, vêtements, cigarettes, cieux du festival de Locarno. Comme cela avait A son arrivée Teresa se voit accueillie par œufs, poulets…) se révèlent objets transaction- été le cas l’année dernière pour Otto Preminger, Madame selon l’usage (passeport confisqué, nels entre les personnages dont les sentiments une large séléction de celle très complète consanom changé de Teresa à Terry, pas de téléphones sont empêchés par les difficultés. On comprend crée cette année à Georges Cukor est reprise à pendant le travail surtout à l’étranger etc.). que leur sort est déterminé par des forces qui Genève aux Cinémas du Grütli du 20 août au 10 Madame est enceinte (ce qui est le cas de l’ac- leur échappent. N’appelant ni identification ni septembre, ainsi qu’à Lausanne et Paris. Il faut courir voir ce film à la fois modeste et ambitieux présenté à Cannes où il a reçu la Caméra d'or, un prix qui récompense le meilleur premier film de toutes les sections du festival (Sélection officielle, Un Certain Regard, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique.) La simple histoire du passage de Teresa, bonne philippine venue travailler au sein d’une famille de Singapour, est un modèle de narration au service d’une formidable entrée dans les réalités socio-économiques de l’Asie du SudEst, pas si différentes des nôtres, différences de classes, d’ethnies, de langues et de religions comprises. Entrée de service en l’occurrence a c t u a l i t é c i n é m a Comme celle de Minnelli, la carrière de Cukor donne l’exemple de la possibilité de faire une œuvre personnelle au sein du système hollywoodien connu pour le contrôle exercé par les producers sur les directors. La rétrospective est le lieu idéal pour mesurer la cohérence thématique et sensible dissimulée derrière l’éclectisme de ces cinéastes cultivés et raffinés qui ont eu leur lot de déboires mais également la chance de travaiiller avec des producteurs éclairés. D’où leur reconnaissance dans les années 50 et 60 par les tenants de la politique des auteurs. Tous deux feront du reste des films peignant sans complaisance la réalité du système hollywoodien, The Bad and the Beautiful et Two Weeks in Another Town pour Minnelli; What Price Hollywood? et A Star Is Born pour Cukor, ce dernier film - qui reste un grand film - ayant subi coupes et remontage par la production… La carrière de Cukor commencée dans les années 30 et s’achève au début des années 80 avec un sommet dans les années 50 lui donnant l’occasion de s’essayer à des genres divers, de la comédie parfois musicale au mélodrame en passant par le suspense psychologique. Quel que soit le genre, l’élégance de sa mise en scène, la précision de sa direction d’acteurs (et d’actrices) ne sont qu’à lui. La Cukor’s touch s’épanouit particulièrement dans ses films où s’exprime son amour du théâtre (dont il vient) et sont autant de variations profondes et émouvantes sur le thème très shakespearien et renoirien du spectacle et de la vie, de leur incertaine frontière, de l’illusion opposée au réel, du paraître opposé à l’être… Quand ces lignes paraîtront début septembre, seront à l’affiche Bhowani Junction (La croisée des destins), mélo situé dans l’Inde britannique à son crépuscule avec Ava Gardner splendide dans le rôle d’une métisse doutant de son identité ; Wild Is the Wind, un mélo rural avec Anna Magnani et Anthony Quinn; Let’s Make Love (Le millardaire), comédie dans les milieux du théâtre avec Marilyn Monroe et Yves Montand; Les Girls, récit sophistiqué mêlant différents points de vue à la manière de La Comtesse aux pieds nus ; The Actress, illustration du dilemme vocation-famille, bel exemple à ne pas manquer de la collaboration de Cukor avec le couple de scénaristes Garson Kanin et Ruth Gordon (ils feront 7 films ensemble, un sommet de la carrière de Cukor); The Chapman Report (Les Liaisons coupables) enfin, mêle sexe et psychanalyse avec la même audace que Mankiewicz dans Soudain l’été dernier. Christian Bernard a c t u sous la loupe Grand Central Comme en son temps Home d’Ursula Meier, Grand Central, deuxième film de Rebecca Zlotowski, donne le sentiment d’être face à une cinéaste avec laquelle il va falloir désormais compter. Belle Epine, premier film remarqué de Rebecca Zlotowski révélait Léa Seydoux. On retrouve l’actrice irradiante d’érotisme dans ce Grand Central présenté au Festival de Cannes cette année. Toujours à Cannes, elle conduisait l’initiation sentimentale et sexuelle d’une lycéenne dans La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or. Pas besoin d’être grand clerc pour anticiper un effet Léa Seydoux à la rentrée, dont bénéficiera Grand Central. Mais l’étrange beauté de Léa Seydoux (L’Enfant d’en haut, Les Adieux à la Reine, Les Mystères de Lisbonne) n’est de loin pas la seule raison d’aller voir Grand Central dans une distribution qui comprend l’excellent Tahar Rahim (Le Passé, Un prophète) et la puissance de jeu d’Olivier Gourmet (les films des frères Dardenne) ou de Denis Ménochet (Inglorious Basterds). Retrouvant la grande tradition du néoréalisme français dont l’incontournable référence est Toni de Renoir qui déjà inscrivait la tragédie du triangle amoureux dans un milieu ouvrier provençal, Rebecca Zlotowski choisit à son tour d’explorer un milieu ignoré, celui des sous-traitants du nucléaire, travailleurs engagés dans la décontamination des centrales aux abords desquelles ils vivent quelques mois dans des mobile home avant de reprendre la route. C’est dans ce milieu que Gary, fraîchement engagé, tombe amoureux de Karole, la femme de Toni. Le projet du film ? Autant laisser la parole à Rebecca Zlotowski, normalienne agrégée en lettres modernes, qui s’exprime aussi précisément qu’elle filme : « Le milieu du nucléaire est un territoire inconnu où pouvaient s’épanouir des passions inouïes, comme partout où on frôle le danger et la mort quotidiennement. Il s’est imposé pour son mystère autant que par la grande analogie qu’il portait : comme le sentiment amoureux, une centrale est un lieu dangereux qui dis- a l i t tille une contamination lente mais certaine, incolore et inodore, et s’organise, comme nous, autour d’un cœur difficilement contrôlable. » Autre pan du projet : « Réparer une injustice en suivant ces travailleurs du nucléaire sacrifiés, qui défient le danger comme des enrôlés au début d’une guerre dont on ne sait rien. Poser la question du sacrifice et du courage me tenait à cœur. J’avais l’ambition d’ancrer chez eux des sentiments forts, nobles, de prêter un grand destin à ceux auxquels on ne prête pas grand-chose. » Grand Central est un film nourri d’une vaste connaissance du cinéma. L’arrivée de Gary, jeune bleu solitaire dans un groupe de « professionnels » qui passent leur soirée à s’abrutir à l’alcool «Grand Central» © Les Films Velvet et au rodéo mécanique renvoie du côté du western. Karole, ni sainte ni traînée, devant choisir entre deux hommes dans un univers de danger, renvoie à The Lusty Men de Nicholas Ray avec sa bande de champions de rodéo ou à Manpower de Walsh avec ses ouvriers des lignes à haute tension. L’érotisation de Léa Seydoux la rapproche de Marilyn Monroe en ouvrière d’une conserverie de poissons dans Clash by Night de Lang. Grand Central qui ne milite ni pour ni contre le nucléaire, est politique en posant la question du courage. Truffaut le disait : Vous savez que vous êtes amoureux quand vous commencez à agir contre votre propre intérêt. Aller dans une centrale, c’est pareil. Christian Bernard é 11 c i n é m a n’aurait pu que constater que les plus sévères attaques contre l’Etat social en Europe ont attendu la disparition de l’URSS. Autrement dit que la construction du Welfare State en Europe occidentale a été largement conçue comme une réponse à la menace communiste… Mais ceci est une autre histoire. Les films de l’été Christian Bernard L’INCONNU DU LAC d’Alain Guiraudie 12 «The Spirit of ‘45» de Ken Loach © Filmcoopi THE SPIRIT OF ’45 de Ken Loach, Grande-Bretagne, 2013 On sait l’engagement sans faille de Ken Loach depuis des décennies pour dire la lutte au quotidien du prolétariat britannique. Essentiellement par la fiction, beaucoup plus rarement par le documentaire. Il réserve habituellement le documentaire au traitement à chaud de sujets ponctuels tels la grève des mineurs des années 80 (Which Side Are You On?) ou celle des dockers de Liverpool dans les années 90 (The Flickering Flame). Dans The Spirit of ’45 présenté à Berlin au début de l’année, Ken Loach abandonne le traitement du temps court pour la relativement longue durée puisqu’il retrace quelques 40 ans d’histoire britannique, de la construction de l’Etat social dès la fin de la guerre jusqu’aux années Thatcher. Evitant le commentaire off, ce qui est bien, mais pas les musiques dramatisantes, ce qui est moins bien, le film est un montage d’archives (actualités et films institutionnels), de témoignages de militants et d’analyses économiques. L’esprit de ’45 c’est l’espoir et l’énergie d’une génération qui veut tourner la page de la guerre et porte au pouvoir les Travaillistes pour réaliser un vaste programme de nationalisations visant à a satisfaire les besoins du plus grand nombre : travail, logement, santé, éducation. Les archives (discours d’Atlee, Premier ministre de 1945 à 1951, de son ministre de la santé Bevan, père du National Health Service; actualités cinématographiques etc.) célébrent officiellement tout ce que l’actuel discours dominant stigmatise : les regarder produit un effet de décentrement assez bluffant. Les interviews de témoins (infirmières du NSH; mineurs; députés) donnent l’indispensable dimension humaine de l’entreprise. Leur dignité, lorsque l’interview est réalisée aujourd’hui, impressionne. Quant aux interventions des analystes économiques, elles vont toutes dans le sens du keynesianisme opposé à l’ultralibéralisme. Sans expliquer les raisons du changement, le film passe un peu abruptement aux années 80 marquées par les privatisations de l’ère Thatcher (celle des chemins de fer se révélera assez catastrophique), les fermetures des mines de charbon, les menaces sur le NSH, la dérégulation des marchés financiers avec les dégâts que l’on sait. Faisant la part belle aux idéologies (Keynes vs Milton Friedman) en choisissant clairement son camp, il n’entre à aucun moment dans les intentions de Ken Loach d’élargir le cadre au contexte géopolitique global. S’il l’avait fait, il c t u a Un décor unique : quelque part en France, un lac bordé d’un sous-bois ; dans la sensualité du lieu baigné de soleil, des homosexuels, jeunes, moins jeunes, musclés ou grassouillets, voire franchement gros, se retrouvent pour goûter la beauté de cette nature, nager, bronzer et partager les plaisirs du sexe. Le spectateur entre dans ce monde bucolique sur les pas de Franck, le protagoniste, un habitué de l’endroit où il semble venir quotidiennement. Cette succession des jours rythme le film et lui confère une allure de rituel chaque fois filmé de la même manière : arrivée en voiture, parcage, traversée du sous-bois, arrivée sur la plage, rencontre… Dans ce lieu de drague homosexuelle (c’est bien cela, mais l’expression trahit la générosité de Guiraudie), le désir s’exprime facilement (par le corps, par les mots), et les étreintes sont immédiates, furtives, rapides… Mais si on vient pour assouvir ses désirs, on vient aussi pour parler, échanger des idées, des impressions. Ainsi Franck fait la connaissance du bedonnant hétérosexuel Henri récemment quitté par sa femme et qui vient oublier son chagrin dans cet endroit sans « consommer » vraiment. Mais Franck va surtout découvrir la passion dans les bras de Michel, beau moustachu au corps athlétique. Le film prend alors une tournure inquiétante : Franck n’a-t-il pas vu Michel noyer de nuit un de ses partenaires ? L’endroit cesse d’être un paradis protégé, le monde extérieur fait irruption en la personne d’un inspecteur (seul personnage vêtu du film !) venu enquêter sur la disparition de l’inconnu. Mais rien n’empêche Franck d’être passionnément attiré par Michel. Tout l’art de Guiraudie est de ne pas basculer tout à fait dans le thriller métaphysique (l’amour, la mort, etc…). Il continue à filmer la trivialité des jours qui se succèdent et les rencontres avec une sorte de bonhommie, d’une simplicité au sens biblique étonnante. Bonhommie qui semble partagée par l’inspecteur qui n’a rien d’un flic de polar. Sa générosité permet à l i t é c i n é m a Guiraudie de filmer les corps disgracieux sans provoquer de répulsion, comme elle lui permet de filmer les comportements les plus médiocres sans jugement : ainsi le voyeur qui se masturbe en regardant – de très près – les étreintes des autres devient par la répétition un personnage cocasse et même de plus en plus sympathique ! Plus : re toutes les émotions qui lui sont demandées grâce à l’aide d’Harvey Keitel qui lui raconte des histoires en vrai directeur d’acteur. La scène résonne comme un adieu à tout un cinéma. Et pour cause. Le film bascule alors dans l’animation à l’occasion du Congrès MiramountNagasaki, 20 ans plus tard, dont Robin Wright est dat vécue par Ari Folman au Liban, et qui lui valut un grand succès tant auprès de la critique que du public en 2008. Reste que la première partie de The Congress, classiquement filmée en images « réelles » avec une émouvante Robin Wright de chair est une réussite. Et ce n’est pas le moindre paradoxe de The Congress que de nous faire imaginer un prochain film d’Ari Folman qui ne serait pas de l’animation. Christian Bernard MICHAEL KOHLHAAS d’Arnaud Des Pallières «L’Inconnu du lac» d’Alain Guiraudie. Photo Festival de Cannes l’art de Guiraudie lui permet de filmer ces étreintes de manière explicite (au sens étymologique, pornographique) sans jamais chercher les effets visés par les films pornographiques traditionnels. A la fois sensuel et méditatif, réaliste et abstrait comme une épure, L’Inconnu du Lac est un très beau et très grand film. l’invitée d’honneur, dans un monde onirique et luxuriant entièrement façonné par la réalisation des désirs. Dès ce moment, on perd le fil de l’histoire. Ce qui s’annonçait jusque-là comme une intéressante réflexion sur le cinéma et son devenir, se perd dans une multiplicité d’univers où Robin Film « librement adapté » d’une nouvelle de Kleist, précise le cinéaste. Il est vrai que Des Pallières, non germanophone, a déplacé l’histoire dans les Cévennes, berceau du protestantisme oblige ! Il est vrai aussi que le cinéaste travaille beaucoup sur l’ellipse ou le hors-champ, ainsi que sur une certaine lenteur, alors que Kleist travaille sur la surabondance de détails et avec la rapidité que lui impose le texte court de la nouvelle. Il n’en reste pas moins que l’histoire et ses enjeux philosophiques et moraux sont en gros les Serge Lachat THE CONGRESS d’Ari Folman, avec Robin Wright, Harvey Keitel, 2013 Le film commence par un long plan séquence sur le visage en gros plan de l’actrice Robin Wright. Les émotions s’y succédent jusqu’aux larmes alors que se déroule le discours de son interlocuteur hors-champ: «J'ai toujours été là pour toi, pour tous tes choix. (...) Les mauvais choix, c'est l'histoire de ta vie, ces mauvais films, ces mauvais mecs, ta mère...». Le cadre s’élargissant, on découvre Harvey Keitel. Il est l’agent de Robin Wright, il veut l’aider alors que sa carrière est chancelante. On est rapidement fixé : la seule proposition que lui fait le producteur de la Major Miramount, proposition de la dernière chance à prendre ou à laisser, est de se laisser scanner, les droits sur son image appartenant désormais au Studio qui pourra faire tourner son avatar numérique, qui ne vieillira pas, comme bon lui semble… Après avoir tenté une résistance digne, elle accepte ce pacte faustien qui lui donnera la liberté de s’occuper de son fils. La scène du scannage est un très beau moment qui voit Robin Wright parvenir à produi- a c t u «The Congress» d’Ari Folman © Pathé Wright croise tous les people de la terre, de Castro aux Rolling Stones, dans un grand magma visuel connoté années 80 sans que l’on sache vraiment pourquoi. L’étourdissement fait rapidement place à l’ennui et l’on renonce à comprendre les intentions d’Ari Folman hormis celle, évidente, de se lâcher. La déception est d’autant plus grande que ces débordements New Age sont à des années-lumière du graphisme minimaliste si prenant de Valse avec Bachir, film d’animation quasi documentaire basé sur l’expérience de sol- a l i t mêmes : au milieu de 16ème siècle, un marchand de chevaux prospère et qui mène une vie familiale heureuse se heurte un jour à une décision qui relève du bon plaisir d’un hobereau de province qui semble vouloir s’accrocher à une certaine idée de la féodalité. Se sentant victime d’une injustice, Michael Kohlhaas, un protestant qui lit la Bible et connaît ses droits, fait tout pour faire réparer l’injustice dont il s’estime victime. D’abord en sollicitant l’aide de la Justice, mais les tribunaux étant encore fortement dépendants é 13 c i n é m a 14 de l’aristocratie, il est débouté et traité de quérulent. Sa femme voulant intervenir auprès de la Princesse est rouée de coups à mort. Kohlhaas lève alors une armée et met le pays à feu et à sang… Un jour qu’il est sur le point de faire pendre un de ses hommes pour pillage et violence inutile, il croise un pasteur (chez Kleist, Kohlhaas croise Luther lui-même !) qui le persuade que la violence engendre la violence à l’infini. Homme de foi et de principe, Kohlhaas accepte de déposer les armes si justice lui est rendue, mais il est piégé par les arguties des puissants. Justice lui sera certes rendue, mais il sera condamné à mort pour avoir semé le désordre et mis le pouvoir en danger. On mesure les enjeux du film : conduire une véritable réflexion sur les rapports entre le pouvoir politique et la justice, entre la force et le droit. Impossible de ne pas penser à certains westerns de John Ford ou d’Anthony Mann. Mais Des Pallières choisit le parti de l’anti-spectaculaire (un seul combat filmé, et du ciel, loin de toute dramatisation forcée, pas de villes brûlées, pas de centaines de figurants ; même la scène où son serviteur est donné aux chiens reste horschamp, comme celle du « martyr » de son épouse…) pour centrer son attention sur le personnage principal et sa façon de basculer dans une obsession légaliste qui l’aveugle complètement. Des Pallières réalise donc un film austère, « protestant » par certains de ses aspects, ce qui se justifie. Mais en même temps, ce film met une bonne trentaine de minutes avant de cerner vraiment son propos et de livrer au spectateur les données de la réflexion, comme si, trop fasciné par la beauté et la grandeur des paysages cévenols, des chevaux, et aussi de ses acteurs (Mads «Michael Kohlhaas» d’Arnaud Des Pallières © Agora films Mikkelsen en tête), le cinéaste succombait à la tentation de la belle image. Serge Lachat LORE de Cate Shortland. Prix du Public à Locarno 2012 1945 : l’Allemagne à genoux, son armée défaite, le pays divisé en 4 par les Alliés, découvre l'ampleur du désastre. Mais ils sont encore nombreux ceux qui ne veulent pas y croire, parlent de trahison et vivent la mort d'Hitler comme une catastrophe nationale, pire un deuil familial… En Forêt Noire, dans une famille de hauts dignitaires nazis, devant l'arrestation imminente des parents, une mère charge Lore, sa fille, adolescente de 15 ans, de gagner Hambourg et le domicile de la grand-mère avec ses 3 petits frères, dont un bébé, et sa petite sœur. C'est cette traversée du Sud au Nord que la cinéaste nous donne à voir en adoptant le seul point de vue de sa jeune protagoniste. Dans un pays détruit où les trains ne fonctionnent plus et «Lore» de Cate Shortland © Haut et Court a c t où la misère matérielle impose un marché noir où tout s'achète à prix d'or, par la corruption ou les moyens les plus vils, se mendie ou se vole, ou s’arrache au prix du sang versé, Lore mesure très vite que son monde protégé et ses codes d'honneur n'ont plus cours. Il s'agit de survivre à tout prix. Au cours de leur fuite, les enfants sont aidés par un jeune homme séduit par Lore. Ce Thomas qui se fait passer pour Juif, ce qui offre certains avantages auprès des troupes occupantes, semble bien plus doué que Lore pour la survie. Celle-ci est à la fois attirée par Thomas et repoussée par sa judaïté : l'instinct de survie du jeune homme, sa débrouillardise, sa capacité à mentir, voire à tuer… sont des signes que, dans son antisémitisme, elle lit comme des preuves qu’il est juif. Mais Lore va peu à peu mesurer l'ampleur du mensonge que constituait le régime hitlérien : confrontée à des photographies qui témoignent de la Shoah et de l'implication directe de son père dans les exactions du régime, elle est forcée de rejeter la croyance encore forte autour d'elle qu'il s'agit là de propagande mensongère des Alliés. Récit initiatique ou « Bildungsroman », le film nous montre l'éveil d'une conscience qui doit mesurer l'horreur dont ses parents et son pays se sont rendus coupables. Entre l'injonction initiale de la mère «N'oublie jamais qui tu es» et l'affirmation finale de la grand-mère «Tes parents n'ont rien à se reprocher», Lore apprend ce qui se cachait sous les belles paroles de l'éducation qu’on lui a donnée. On a beaucoup reproché, surtout en France, à la réalisatrice ses belles images de nature dans un monde en ruines. A tort, à mon avis: en effet, cette fuite d’enfants qui se fait essentiellement par les forêts garde ainsi une dimension de conte. Et on sait le rôle de la forêt dans les contes : sa beauté ne l'empêche pas, au contraire, d'abriter des monstres dont le héros/l’héroïne doit apprendre à ne plus avoir peur, qu’il/elle doit apprendre à terrasser. Serge Lachat u a l i t é c i n é m a festival international du film de la rochelle Émotions Une météo extrêmement « favorable » a rabattu pendant dix jours un public en croissance constante vers les salles de cinéma de la vieille ville de La Rochelle. Pluie, vent et grisaille ont en effet ôté toute velléité d’aller tâter la température de l’océan Atlantique. Et c’est tant mieux pour les hommages, rétrospectives et projections de films inédits qui font le bonheur des festivaliers friands de découvertes du passé et du présent. Pendant qu’un incendie gigantesque ravageait l’hôtel de ville de La Rochelle édifié au XVe siècle, le plus ancien de France encore en fonction, à quelques centaines de mètres de là, Valeria Bruni-Tedeschi faisait l’ouverture du Festival avec son troisième opus comme réalisatrice, Un Château en Italie, qu’elle qualifie d’intime mais non d’autobiographique, nonobstant la présence de sa mère, la pianiste et actrice Marisa Borini. On attendait Jerry Lewis in persona pour présenter cinq films et un documentaire à lui consacré, mais le grand acteur américain n’a pu affronter la fatigue d’un second déplacement après Cannes en mai. On choisira d’aller revoir deux films qu’il a réalisés, Le Tombeur de ces dames (1961) et Docteur Jerry et Mister Love (1963) pour tenter de comprendre la mécanique burlesque de ce comique atypique. Autre burlesque, inspirateur oublié de Charlie Chaplin, le Français Max Linder est présent à travers son avatar, le dandy Max, dans vingt-cinq courtsmétrages et trois longs-métrages tous accompagnés au piano par Jacques Cambra et Serge Bromberg. Virtuose de la gestuelle, élégant, beau, il est le premier à se lancer dans la réalisation de longs-métrages comiques dont l’excellent L’Étroit Mousquetaire où Lind’Ertagnan (sic) se livre à de bondissantes et joyeuses acrobaties. Grande rétrospective, presque une intégrale, consacrée à l’immense Billy Wilder. Réalisateur tyrannique, pourfendeur lucide des mythes américains, ceux du cinéma, de la presse, de la réussite à tout prix, Billy Wilder met en scène des mythomanes qui se travestissent et usent du mensonge pour faire apparaître la vérité. On se délectera à la vue de Marylin Monroe dans Sept ans de réflexion, de Marlène Dietrich dans Témoin à charge avec Charles Laughton, de Shirley MacLaine dans La Garçonnière ou de Kim Novak dans Embrasse-moi, idiot ! On saluera le jeu des grands Jack Lemmon et Tony Curtis dans Certains l’aiment chaud, on sera étourdi par la « tchatche » de James Cagney dans le très politiquement incorrect Un, Deux, Trois et on appréciera le désabusé Fedora. Mais le Festival de La Rochelle, c’est aussi la volonté des directrices artistiques Prune Engler et Sylvie Pras de montrer un cinéma plus méconnu, celui que l’on voit rarement dans les salles. Ainsi l’Allemand Andreas Dresen auréolé de prix discrets avec Grill Point, chronique réaliste de la passion sur fond d’économie sinistrée, ou Septième Ciel, rencontre amoureuse entre septuagénaires. Ainsi l’Espagnol José Luis Guerin, ou la Néerlandopéruvienne Heddy Honigmann qui filment les laissés pour compte. Hommage aussi au nouveau cinéma chilien dont on citera le magnifique Gloria de Sebastian Lelio, pour qui le cinéma ne peut être que politique, qu’il montre l’amour physique entre personnes âgées ou les manifestations d’étudiants. a c t u a l «Gloria» de Sebastian Lelio © Alamode films Sur le Vieux Port, l’on croise Yolande Moreau venue présenter Henri, fiction au plus près des gens humbles du nord, ou Justine Malle avec Jeunesse, un film très autobiographique sur la mort de son père Louis et sa propre culpabilité. On aimera revoir en copies restaurées Hiroshima mon amour d’Alain Resnais, Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, La Fille de Ryan de David Lean, Plein Soleil de René Clément, etc. Enfin, ce qui reste le point fort de ce festival, Ici et Ailleurs présente une quarantaine de films inédits ou en avant-première, venus du monde entier et qui ont marqué la production de l’année et que l’on découvrira en salles dès la rentrée. Citons Alabama Monroe du Belge Felix Van Groeningen, La Danza de la Realidad du Chilien Alejandro Jodorowsky, Le Dernier des Injustes, documentaire de Claude Lanzmann, Grand Central de Rebecca Zlotowski, Grisgris de Mahamat-Saleh Haroun, Vic + Flo ont vu un ours du Québécois Denis Côté. Autant de films qui interrogent la réalité sans concession mais non sans poésie. Comme à l’accoutumée, le festival se clôturera sur La Nuit blanche, cette fois-ci cinq films autour du thème du train. Avec un financement assuré à hauteur de 50% par les entrées payantes – fait rare dans un festival – le Festival international du Film de La Rochelle ne devrait pas voir son avenir menacé par les coupes budgétaires. Laurence Tièche Chavier 1ère édition de KINO Festival International des films de la Russie et d’ailleurs, du 21 au 29 septembre 2013 Ce nouveau festival, placé sous la direction artistique de la réalisatrice helvético-russe Elena Hazanov, présente au public romand les derniers films produits par les pays issus de l’ancienne Union Soviétique. Il se déroulera à Genève et à Lausanne du 21 au 29 septembre 2013 et offrira une sélection de films qui n’ont jamais été projetés en Suisse. Le programme du festival se compose de quatre sections : La sélection officielle présentera douze longs métrages réalisés entre 2011 et 2013, certains ayant déjà été sélectionnés à Cannes, Berlin ou Venise ; Les films documentaires ; Le programme des courts-métrages ; La rétrospective, enfin, consacrée à Valéry Todorovski, réalisateur né à Odessa en 1962. On trouvera des ateliers de travail pour professionnels et des tables rondes. Réalisateurs et personnalités de Russie et des pays postsoviétiques sont attendus. Avec la présence de Carole Bouquet en maîtresse de cérémonie et de Vincent Perez. A Genève, les films seront projetés aux Cinémas du Grütli ; à Lausanne, au Capitole et à la Cinémathèque. Christian Bernard. i t é 15 o p é grand théâtre : les noces de figaro Folle journée La production des Noces de Figaro qu'a montée Guy Joosten pour le Vlaamse Opera d'Anvers en 1995 a eu un succès tel que de nombreux théâtres européens l'ont invitée par la suite, de Lisbonne à Helsinki ou Londres. En ce mois de septembre, elle fait halte à Genève. La présence du metteur en scène flamand au Grand Théâtre à l'occasion de la reprise de ce spectacle m'a permis de lui poser quelques questions sur une réalisation en apparence bien rôdée... Vous avez déjà monté cette production plus d'une dizaine de fois en Europe. Dans quel état d'esprit vous remettez-vous au travail ? 16 On n'a jamais fini d'explorer l'univers dramatique de Mozart. Ce compositeur, comme tous les grands musiciens qui ont écrit pour l'opéra d'ailleurs, est un incroyable connaisseur des lois du théâtre et les œuvres qu'il a écrites pour la scène offrent d'infinies possibilités de nuancer le propos ou de l'adapter discrètement à l'environnement dans lequel la pièce est montée aujourd'hui. Pour ce qui est des Noces, la mise en place d'un tel enchevêtrement de situations complexes est certes relativement aisée mais elle nécessite une précision d'orfèvre dans le réglage quasi chorégraphique des déplacements sur le plateau. Car des trois opéras que le musicien a écrits en collaboration avec Da Ponte, Le nozze di Figaro est le seul qui s'inspire directement d'une pièce de théâtre dont la dynamique interne a été respectée. Don Giovanni a certes plusieurs ancêtres dramatiques connus, mais aucune des versions théâtrales antérieures n'a servi de modèle unique à Mozart, et la suite de scènes que lui a livrées son librettiste n'a finalement qu'un rapport assez lointain avec Tirso de Molina ou Molière. Quant à Cosi fan tutte, on ne sait toujours pas aujourd'hui ce qui a inspiré ses auteurs... Par contre l'incroyable flair théâtral dont a fait preuve Beaumarchais dans son Mariage de Figaro a été admirablement adapté pour la scène lyrique par Mozart et Da Ponte et il suffit d'écouter la musique ou de lire le texte attentivement pour que les images se pressent dans votre esprit. Quelle est alors votre part de liberté lorsque vous êtes amené à régler sur un plateau le tempo d'une intrigue aussi savamment menée ? Ce qui est étonnant, c'est que l'on est toujours surpris de découvrir, après plusieurs essais, que la meilleure façon de monter une scène des Noces pour la rendre à la fois crédible et tendue, c'est encore de faire ce que suggèrent Mozart et Da Ponte!... Vous pouvez essayer ce que vous voulez pour faire du neuf, vous retombez toujours sur la proposition initiale contenue dans le livret, comme si Mozart vous tapait doucement sur l'épaule pour vous dire : 'Pourquoi chercher plus loin ?!!' Prenez la scène du fauteuil dans lequel se cache Cherubino à l'entrée du Comte chez Suzanne au cours du premier acte: vous vous dites d'abord qu'il faut inventer quelque chose d'original pour rendre votre mise en scène plus saisissante et surtout plus plausible. Et vous essayez diverses manières de régler ce quiproquo de façon à la fois satisfaisante et renouvelée. Mais il y a toujours un moment où vous butez sur une incohérence. Au final, en comparant les divers résultats de vos tentatives, vous voyez bien que c'est le respect intégral des didascalies originales qui fonctionne le mieux. N'est-ce alors pas frustrant pour un homme de théâtre de se sentir ainsi lié par une marche à suivre quasiment prescrite ? e n t r a Pas du tout. Il y a tellement d'opéras dont la musique est géniale mais dont le livret reste mal conçu! Souvent, le premier travail du metteur en scène consiste à donner du sens à ce qui paraît en être privé ou à retrouver le chaînon manquant soulignant la cohérence dramatique d'une scène trop lâchement construite. Ici, chaque détail est parfaitement en place. Je n'ai donc pas à me préoccuper de la logique du déroulement de l'action mais peux me concentrer sur un travail autrement plus excitant : conférer un souffle de vie soutenu aux rebondissements de l'action imaginés par les auteurs du scenario, tout en montrant dans quelle mesure ces situations sont aptes à nous toucher aujourd'hui encore. N'est-il pas légitime, en effet, de se poser la question du sens que peut prendre la réalisation scénique, au début du XXIe siècle, d'un ouvrage écrit il y a plus de deux cents ans? En quoi une telle intrigue peut-elle encore nous passionner aujourd'hui où comtes et comtesses ne font plus partie de notre quotidien ? A chaque reprise de ces Noces, par exemple, j'ai plaisir à me remettre à l'ouvrage car je reste frappé de voir ce que chaque nouveau membre de la distribution apporte de personnel au personnage qu'il incarne. Et c'est alors mon rôle de faire en sorte que cette nouvelle touche interprétative s'intègre harmonieusement dans le spectacle afin que la proposition finale incite le spectateur à tirer des parallèles avec le monde actuel en général, sa situation personnelle en particulier... Le Comte, Figaro, Susanna, la Comtesse ou Barberine sont des archétypes dont on retrouve les reflets à chaque époque et dans chaque contexte social. C'est dans le réglage de cette adéquation à établir entre une partition de la fin du XVIIIe siècle et la sensibilité des interprètes d'aujourd'hui que je vois le rôle premier du metteur en scène que je suis. On voit souvent dans cette pièce une annonce à peine voilée de la Révolution française, en faisant notamment référence au rôle presque menaçant que s'attribue Figaro lorsqu'il comprend que le Comte essaie de le tromper en faisant usage de son droit de cuissage. Y voyez-vous une composante essentielle du spectacle ? Non, car ce droit de cuissage que veut exercer le Comte tient plus du fantasme que de la réalité historique. Pour moi, la révolution que suggère l'intrigue est celle que chacun des personnage est amené à faire sur soi-même lorsqu'il se voit plongé dans une situation dont il ne maîtrise pas les ressorts. L'univers des Noces de Figaro est dominé par une inquiétude latente qui marque les actes des personnages. Tous sont ici sur le point de découvrir en eux quelque chose qu'ils redoutent de comprendre et ils hésitent à faire le pas qui amènerait la révélation définitive. Ils sont talonnés par cette angoisse latente qui les incite à échafauder sans cesse de nouveaux plans pour solutionner favorablement le problème qui les préoccupe mais ils se heurtent toujours à un imprévu. C'est ce qui fait de cette histoire une folle journée. Si vous regardez bien la partition, chacun parle de faire ceci ou cela pour s'assurer tel ou tel avantage sur un rival dangereux, mais à aucun moment ce petit monde prend la peine de parler de son amour, ou plus généralement de ses sentiments positifs. Bien qu'il s'agisse d'un jour de noces, il est tout de même curieux que le thème de l'amour soit à ce point escamoté, non ? Voyez l'atmosphère de désillusion qui plane sur les premières scènes où on pourrait imaginer que Susanna et Figaro devraient déjà être tout au bonheur de se voir bientôt unis. Il n'en est pourtant rien. Et cette instabilité se retrouve partout dans les trois premiers actes. Seul le quatrième acte introduit soudain une nouvelle relation des personnages au temps qui passe: les gens se mettent à réfléchir sur eux-mêmes, comme le montre d'ailleurs la structure soudain différente de ces trois quarts d'heure de musique où Mozart aligne cinq airs à la suite, alors que dans les trois actes précédents, le tourbillonnement des ensembles vient chaque fois souligner l'agitation constante d'une société en ébullition. Vous parlez des airs, qui sont tout de même ces moments que r e t i e n o p é r a chaque spectateur attend avant tout. Quelle est leur fonction précise ? Les airs sont comme des points de respiration où l'auditeur reprend son souffle avant de se voir précipité dans le moment de confusion suivant. Et ce sont aussi des moments où le compositeur nous donne les clefs du message caché sous l'agitation ambiante. Ainsi, chaque acte contient une aria qui fonctionne comme un révélateur. Au premier acte, c'est bien sûr l'air de Figaro avec son atmosphère revancharde qui donne le ton: le Comte n'a qu'à bien se tenir, Figaro veille. Et cet esprit de révolte personnelle se retrouve amplifié dans le petit chœur qui accompagne l'arrivée des paysans au moment où Figaro propose au Comte de remettre à Susanna son voile virginal: l'état d'esprit de vengeance est bien là, chaque employé du château entend voir ses doits respectés et cela annonce une période de revendications dont la portée n'est pas seulement politique. Au 2e acte, c'est l'air de Cherubino qui me paraît essentiel, plus que celui de la Comtesse qui se contente de déplorer son état de femme délaissée, de sublime façon il est vrai. On sent que Cherubino veut passer à l'attaque; l'aiguillon de l'amour le pousse à toutes les imprudences pour satisfaire un besoin qui le dépasse mais auquel il serait futile de vouloir résister. On n'arrête pas les pulsions enfouies au plus profond de la nature humaine!... Au 3e acte, nous trouvons le reflet de cet esprit d'action dans le second air de la Comtesse, écrit en deux parties. Au moment où interviennent les cors, la chasse est ouverte, la Comtesse va sortir de son rôle de spectatrice désillusionnée pour reprendre l'avantage sur son époux volage. Par là même, elle accepte sa condition et entend redevenir maîtresse de sa destinée et l'action bascule sur un autre plan: la révolte a atteint le monde de la noblesse... Au début du 4e acte, c'est le petit air de Barbarina qui est essentiel. Car la jeune femme n'a pas seulement perdu l'aiguille du message remis secrètement au Comte; elle a également compris qu'elle devait faire une croix sur la fidélité que lui a jurée Cherubino. Et ce qu'elle chante éveille une résonance secrète dans le cœur de chacun des acteurs de cette journée où finalement, la dernière chose à laquelle on a vraiment pris le temps de penser, ce sont ces noces qui devaient y être célébrées. Malgré les apparences, tout le monde est en effet perdant, car c'est le moment des illusions envolées. Ce final est pour moi aussi ambivalent que celui de Cosi fan tutte, lorsque les couples mal assortis se reforment sous la pression des conventions sociales. Personne ne sort vainqueur de la folle journée de noces!... Guy Joosten mettant en scène «Les Noces de Figaro» © GTG/Vincent Lepresle La pratique amène souvent les metteurs en scène à couper les airs de Marcellina et de Basilio dans le dernier acte, car ils allongent une soirée qui dépasse déjà largement les trois heures de musique. Comment vous situez-vous face à cette habitude ? Nous l'adoptons également ici. Car pour moi, le plus important est de ne faire aucune coupure dans les récitatifs. Ce sont ces moments de théâtre presque parlé qui forment la matière première de cette comédie. Il est donc vital à mes yeux de donner leur poids juste aux mots autant qu'à la musique, et, dans ce contexte, je considère la perte des deux airs mentionnés comme parfaitement acceptable pour éviter une surcharge aux interprètes ... et aux spectateurs. Propos recueillis par Eric Pousaz Les Noces de Figaro : les 9, 11, 13, 17 & 19 sept. à 19h30 ainsi que le 15 sept. à 15h e n t r e t genève Elektra (Nelsons-Edwards) – 23, 26 Grand Théâtre (022/418.31.30) Le Nozze di Figaro (SolteszJoosten) – 9, 11, 13, 15, 17, 19 sept. milan zurich Opernhaus (044.268.66.66) Alexandre Bis (Barthel-Essinger) – 21 sept. Rigoletto (Luisi-Gürbaca) – 27 sept. Die Soldaten (Albrecht-Bieito) – 22, 26 sept. Don Giovanni (Luisi-Baumgarten) – 25, 29 sept. paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) Der Fliegende Holländer (NézetSéguin) – 18 sept. Opéra National (08.92.90.90) Bastille : Lucia di Lammermoor (BeniniSerban) – 7, 10, 13, 20, 23, 26, 29 sept. L’Affaire Makropoulos (MälkkiWarlikowski) – 16, 19, 24, 27, 30 sept. Garnier : Alceste (Minkowski-Py) – 12, 15, 19, 22, 25, 28 sept. Salle Pleyel (01.42.56.13.13) Alessandro (Petrou) – 23 sept. lyon Opéra National (08.26.30.53.25) Le Nozze di Figaro (Jacobs) – 22 sept. marseille Opéra (04.91.55.11.10) Aida (Carminati-Roubaud) - 21, 24, 27, 29 sept. s t r a s b o u rg Opéra National (0825.84.14.84) De la Maison des morts (LetonjaCarsen) – 27, 29 sept. toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) Manon (Lopez Cobos-Pelly) – 29 sept. a m s t e rd a m Opera (31.20.62.55.456) Siegfried (Haenchen-Audi) – 4, 8, 12, 17, 21 sept. bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) Passion (Ollu-Waltz) – 4. 5 sept. madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) Il Barbiere di Siviglia (Hanus-Sagi) – 14, 15, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 25, 26 sept. l o n d re s ROH (0044/207.304.4000) Turandot (Nanasi-Serban) – 16, 18, 21, 25, 27 sept. Le Nozze di Figaro (GardinerMcVicar) – 16, 18, 21, 25, 27 sept. i e n sept. Teatro alla scala (39/02.720.03.744) La Scala di Seta (RoussetMichieletto) – 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 29, 30 sept. venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) La Traviata (Matheuz-Carsen) – 1er, 3, 8, 10, 14, 17, 19, 21 sept. Carmen (Matheuz-Bieito) – 13, 15, 18, 20, 22, 29 sept. vienne Staatsoper (43/1514447880) La Traviata (Armiliato-Sivadier) – 3, 6, 9, 12 sept. Il Barbiere di Siviglia (GüttlerRennert) – 28 sept. Tosca (Armiliato-Wallmann) – 5, 8, 11, 15 sept. Carmen (de Billy-Zeffirelli) – 4, 7, 10, 13, 16 sept. Tristan und Isolde (Welser-MöstMcVicar) – 21, 25, 29 sept. Nabucco (Carignani-Krämer) – 22, 24, 26, 30 sept. Simon Boccanegra (AltinogluStein) – 27 sept. Otello (Ettinger-Mielitz) – 14, 17, 20, 23 sept. Theater an der Wien (43/15.88.85) The Rake’s progress (Boder-Kujej) – 16, 19, 21, 24, 26 sept. berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) Nabucco (Battistoni-Warner) – 8, 12, 15 sept. Das Rheingold (Rattle-Friedrich) – 21 sept. Die Walküre (Rattle-Friedrich) – 22 sept. Siegfried (Rattle-Friedrich) – 27 sept. Götterdämmerung (RattleFriedrich) – 29 sept. Staatsoper (49/30.20.35.45.55) Un Ballo in maschera (Zanetti Morabito) – 14, 19, 22, 26 sept. Komische Oper (49/30.47.99.74.00) Balle im Savoy (Benzwi-Kosky) – 28 sept. A Midsummer night’s dream (Poska-Kairish) – 5, 21, 29 sept. new york Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) Eugène Oneguine (GergievWarner) – 23, 26 sept. Cosi fan tutte (Levine-Koenig) – 24, 28 sept. Le Nez (Gergiev-Kentridge) – 28 sept. Norma (Frizza-Copley) – 30 sept. 17 o p é r a à marseille Cléopâtre La rarissime Cléopâtre de Jules Massenet est donnée pour la première fois sur la scène de l’Opéra de Marseille. 18 Créé à Monte-Carlo en 1914, soit deux ans après la mort du compositeur, cet opéra de Massenet a bien du mal à trouver une place – ne serait-ce que modeste ! – dans les saisons des différentes maisons d’opéra. On se souvient évidemment de la tentative du Festival Massenet de Saint-Etienne qui avait monté l’ouvrage en 1990 sous la direction musicale de Patrick Fournillier, et c’est à présent une nouvelle production qui est proposée par l’Opéra de Marseille. Celui-ci aura décidemment formidablement encadré le centenaire de la disparition du maître stéphanois, après la somptueuse série de représentations du Cid en juin 2011 en présence de Roberto Alagna et Béatrice Uria-Monzon. On retrouve la chanteuse française sous les traits de la séduisante reine d’Egypte, rôle de mezzo plus grave que ses récentes incursions dans des emplois de soprano, comme Chimène ici il y a deux ans ou encore sa très convaincante Tosca en prise de rôle à Avignon. Le timbre est toujours aussi riche, ambré, moiré, le texte est très compréhensible et sa Cléopâtre est complètement crédible, aussi bien vocalement que physiquement. La diction de Jean-François Lapointe en Marc-Antoine, autre rôle de premier plan, est aussi de belle qualité mais la voix n’est pas constamment homogène : aigus puissants, voire projetés de manière athlétique, mais graves parfois trop discrets. La soprano Kimy Mc Laren (Octavie) nous fait profiter de sa voix claire, souvent cristalline, et suffisamment puissante, tandis que le ténor Luca Lombardo (Spakos) maîtrise sa partie, même si quelques extensions vers l’aigu paraissent fragilisées. Parmi les rôles secondaires, on retiendra surtout la diction prodigieuse de la jeune mezzo Antoinette Dennefeld (Charmion), cantatrice à suivre. Le chef Lawrence Foster placé au pupitre tient l’orchestre d’une main sûre et plutôt franche, ceci dès l’introduction où les cuivres et les percussions se répondent avec précision. La mise en scène de Charles Roubaud fait appel à de rares éléments de décors, comme un praticable en fond de plateau, un bureau, des fauteuils, et s’appuie davantage sur des projections de films légèrement animés. A l’acte II, un patio avec statues, colonnes et fontaine précède la deuxième scène du bouge où le feu des flambeaux éclaire une cave voutée ; à l’acte III c’est une nature luxuriante qui est projetée sur le cadre de scène et en fond de décor. Le procédé n’est pas envahissant et permet des enchaînements assez rapides entre les scènes et actes. Tous les éléments contribuent donc à une représentation de grande qualité, d’une pièce où l’intérêt va croissant au fil de la soirée. Les deux premiers actes se présentent en effet comme une succession de scènes sans grande tension dramatique, alors que la musique et l’action deviennent plus passionnantes par la suite : grande scène « J’ai versé le poison » de Cléopâtre au début du III, puis duo avec Marc-Antoine et trio lorsqu’Octavie les rejoint, le 4e acte étant essentiellement la confrontation entre Marc-Antoine et Cléopâtre, puis le suicide final de celle-ci. Alagna, Enée peiné Attendue comme un événement, la prise de rôle de Roberto Alagna en Enée des Troyens aura déchaîné les passions. C’est le chef Lawrence Foster, directeur musical de l’Opéra de Marseille depuis l’automne 2012, qui est placé au pupitre pour cette version de concert où plusieurs coupures ont été opérées (comme l’ensemble des « entrées » de l’acte III), sans toutefois dénaturer l’œuvre. Le style paraît souvent académique, en manque de nuances et de variations des couleurs, avec un volume rendant parfois la tâche difficile aux solistes, mais le travail réalisé est sérieux et la cohésion globale est atteinte, y compris avec des chœurs bien concentrés, où l’on remarque tout de même la saturation récurrente des soprani dans l’aigu. Endossant pour la première fois dans la même soirée les habits de Cassandre et de Didon, Béatrice Uria-Monzon réalise un tour de force, pour notre part à son meilleur dans le premier emploi où la couleur par instants animale du timbre s’accommode bien du personnage de la devineresse exaltée. Quelques graves restent cependant confidentiels, et on apprécie par ailleurs les efforts produits pour sa prononciation pas toujours impeccable. Marie Kalinine (Ascagne) est joliment timbrée tandis que la jeune mezzo Clémentine Margaine (Anna) est très impressionnante, à la fois pour le brillant et la puissance. Côté masculin, Marc Barrard (Chorèbe) chante son air « Reviens à toi, vierge adorée » sur un tempo très lent, et reste toujours parfaitement compréhensible, qualité que l’on retrouve chez l’au-tre baryton Alexandre Duhamel (Panthée / Mercure) et la basse Nicolas Courjal (Narbal / Priam / Ombre d’Hector), à la projection insolente. Seul non-francophone de la distribution, le ténor Gregory Warren (Iopas / Hylas) semble constituer une petite erreur de casting, voix timide plus qu’élégiaque, qui craque généreusement l’aigu final de son air « Vallon sonore ». Reste Roberto Alagna, Enée particulièrement vaillant à son entrée en scène « Du peuple et des soldats », où on se délecte de sa diction absolument prodigieuse. L’aigu se tend nettement par la suite, et il choisit de chanter intégralement en voix de tête le merveilleux duo final de l’acte IV « Nuit d'ivresse et d'extase infinie » : l’intention est tout à fait louable, mais la réalisation moins aboutie, parfois en limite de stabilité et de justesse, rendant précaire l’équilibre vocal avec son amoureuse Didon. Mais on attend bien sûr Alagna dans le « tube » du 5ème acte « Inutiles regrets » et le ténor traverse à ce moment-là une baisse de régime très spectaculaire : après avoir déraillé sur le contre-ut, il est sujet à une sorte de « fringale lyrique », ne chantant guère plus qu’une phrase sur deux, à la stupéfaction de son entourage et du chef. Au final, quelque rares huées, pas vraiment méritées, et Alagna qui fait signe de vouloir en découdre avec les siffleurs… des Troyens qui s’en vont un peu en eau de boudin ! François Jestin Massenet : CLEOPATRE – le 18 juin 2013 à l’Opéra de Marseille Berlioz : LES TROYENS – le 15 juillet 2013 à l’Opéra de Marseille «Cléopâtre» © Christian Dresse a c t u a l i t é o p é r a cendu des cintres, pour un résultat poétique et plein d’humour, parfois jubilatoire. Il en va ainsi de Papageno perché sur un arbre au milieu d’oiseaux qui volent autour de lui, du duo « Bei Männern, welche Liebe Fühlen » où Pamina et Papageno chantent dans un cœur entouré de pierreries, ou encore de Sarastro interprétant son « In diesen heil’gen Hallen » dans un paysage bucolique où les fleurs poussent à vue d’œil devant quelques voitures qui passent. Ces performances techniques s’enchaînent par moments à un rythme extrêmement soutenu (belles performances des machinistes qui piquent des sprints sur le plateau !), et les passages sans montage vidéo sont un repos appréciable pour le spectateur, comme la fin de l’acte I au temple, puis le début du II où trois pyramides roulent de l’œil et clignent la paupière sur une « simple » projection en fond de plateau. Et comme la technique est souvent accompagnée de bugs, la dernière apparition des Trois Garçons dans un nid bute sur un mauvais calage de l’image : on ne voit que leurs cheveux… et une grande agitation des machinistes pour tenter de régler en direct cette difficulté. à lyon Die Zauberflöte La saison s’achève avec une réjouissante nouvelle production de la Flûte enchantée, confiée aux jeunes chanteurs du Studio de l’Opéra de Lyon. François Jestin Mozart : DIE ZAUBERFLÖTE – le 24 juin 2013 à l’Opéra de Lyon à montpellier Don Giovanni «Die Zauberflöte» © Stofleth Le Studio de l’Opéra de Lyon fête brillamment son 10e anniversaire en assurant l’intégralité de la partie vocale – avec deux distributions en alternance – d’un spectacle donné sur la scène de l’Opéra. Deux ou trois solistes se détachent nettement du groupe de chanteurs, germanophones pour la majorité, ce qui facilite ce soir la compréhension du texte. En premier lieu, la soprano colorature Sabine Devieilhe (La Reine de la Nuit) dont la virtuosité dans ses deux airs laisse le spectateur émerveillé, et en fait d’ores et déjà l’une des toute meilleures titulaires du rôle. Sa maîtrise est telle qu’elle s’autorise un changement de nuances forte / piano particulièrement excitant sur un passage de notes piquées dans « Der Hölle Rache ». Autre valeur sûre, Mauro Peter (Tamino) superbement timbré et d’un format vocal plus important que celui de l’habituel ténor léger mozartien, qui se permet également quelques petites variations bienvenues dans ses airs. La soprano Heather Newhouse (Pamina) délivre de jolis moments, mais rencontre de petits écarts de justesse en début de représentation dans l’aigu piano. Le Papageno de Philippe Speigel est bien chantant mais sans grand charisme, la basse Johannes Stermann (Sarastro) n’est pas si profonde que ne l’annonce sa haute stature, avec un petit voile sur le timbre, tandis que le Monostatos de Rémy Mathieu est sans problème. On descend d’un niveau pour l’essentiel des rôles secondaires, avec deux des Trois Dames qui doivent poursuivre leurs études (de chant et d’allemand !), tout comme les Trois Garçons… qui ont encore quelques années devant eux ! La direction musicale de Stefano Montanari paraît ce soir moins agressive que celle entendue dans la trilogie da Ponte en mars 2011, mais les tempi restent toujours très rapides et le chef ne trouve visiblement pas une seconde pour un petit moment de retenue ou d’alanguissement. La réalisation visuelle signée de Pierrick Sorin et Luc De Wit s’appuie sur un procédé vidéo déjà développé par le premier pour La Pietra del Paragone de Rossini. Les protagonistes sont filmés en direct sur fond bleu (comme les bulletins météo à la télévision), et dans le même temps des caméras zooment sur des maquettes, animées pour la plupart. L’assemblage de ces deux ou trois films est projeté en direct sur un écran des- a c t u a l L’Opéra de Montpellier reprend sa production de Don Giovanni, créée pour le festival de Radio-France et Montpellier en juillet 2007. Le spectacle ne voyagera pas à l’Opéra Royal de Versailles où les trois représentations programmées fin juin sont annulées, dommage collatéral du conflit qui a opposé ces dernières années Jean-Paul Scarpitta à une majorité des forces du théâtre. Celui-ci s’est engagé en effet à quitter la direction de l’Opéra à la fin de la saison prochaine, et parallèlement le Conseil Régional Languedoc Roussillon a réduit sa subvention 2013, supprimant ainsi la viabilité financière de la tournée versaillaise. Pour ce qui concerne l’aspect artistique, la mise en scène de Scarpitta est toujours aussi minimaliste et stylisée, en noir, blanc et gris, et fonctionne essentiellement sur un jeu d’acteurs bien travaillé et fluide. La distribution vocale est d’un niveau homogène, avec cependant une grosse faiblesse pour le Don Giovanni de Andrè Schuen, dont l’annonce préalable du refroidissement explique sans doute son chant confidentiel à partir du milieu du 1er acte : il faut vraiment tendre l’oreille pour entendre quelque chose du « Fin ch’han dal vino ». Le Leporello de David Bizic est beaucoup plus solide et expressif, tandis que le style de Gocha Abuladze (Masetto) correspond bien au personnage du paysan. Le Commandeur In-Sung Sim est sonore, et le ténor Dovlet Nurgeldiyev (Don Ottavio) s’applique à conduire une élégante ligne de chant, mais peut améliorer la stabilité de son instrument ainsi que la gestion de ses respirations. Côté féminin, Marie-Adelin Henry(Donna Elvira) est très vindicative et possède la plus grosse puissance vocale de l’équipe ; dommage qu’elle soit en quasi perdition dans les passages vocalisés. Erika Grimaldi (Donna Anna) fait valoir un beau chant et passe sans problème les traits d’agilité, tandis que Ekaterina Bakanova (Zerlina) manque d’un peu de séduction dans le timbre pour ce personnage, mais il faut lui reconnaître une musicalité sans failles. La direction musicale de Marius Stieghorst fait une bonne première impression, avec du dynamisme, du relief, et le souci de faire entendre tous les pupitres. François Jestin Mozart : DON GIOVANNI – le 8 juin 2013 à la Comédie de Montpellier i t é 19 o p é r a à la scala Michieletto joue avec le Bal A l'évidence, Un Ballo in maschera n'est pas l'oeuvre lyrique composée au 19ème siècle dont le livret est le plus incompréhensible ou le plus inconsistant. Le sujet de ce livret repose on le sait sur un fait réél, l'assassinat du roi de Suède Gustave III en 1782 lors d'un bal. On doit même (!) aux censeurs de l'époque une version transposée en Amérique puisque cette référence à un régicide ne pouvait être admise à l'époque. 20 De quoi inspirer de nombreuses interprétations scéniques puisque l'on sait que l'assassinat de dirigeants – présidents ou non – est une spécialité états-unienne. Différentes références historiques peuvent donc logiquement être proposées, plus ou moins contemporaines, ainsi Gilbert Deflo et le scénographe William Orlandi avaient situé l'action au temps de Lincoln pour un résultat convaincant à l'Opéra Bastille en 2007. En ce début d'été qui est aussi la fin de saison à la Scala, la réalisation de ce Ballo avait été confiée à Damiano Michieletto et à son collaborateur habituel Paolo Fantin pour les décors. Depuis quelques années, ce duo a démontré un indubitable talent tant à Pesaro (La Scala di seta) qu'à Genève (un Barbiere de référence), à l'Opéra de Zurich et désormais dans de très nombreuses scènes dans le monde. Marque de fabrique de cette collaboration à laquelle il faut adjoindre les costumes signées par Carla Teti : un goût pour la transgression et l'actualisation des livrets, parfois avec bonheur, que ce soit pour le Barbier genevois, ou La Scala di seta mais parfois également de la provocation gratuite comme le démontrait un Sigismondo rossinien, toujours à Pesaro, où la pauvre Daniella Barcellona se retrouvait dans un asile psychiatrique... Une relecture déconcertante Et loin de se contenter de proposer une simple actualisation du livret d'Antonio Somma, Damiano Michieletto a proposé une « relecture » déconcertante du Ballo in maschera. Dès la première scène, il est évident que l'action se situera de nos jours, comme le démontre le décor du premier acte, une vaste salle avec une ambiance et une agitation de meeting pré-électoral à l'américaine. Mais l'apparition d'Oscar... a en tailleur rouge pétant laisse entrevoir la première transgression du livret, il y en aura d'autres dont certaines ne sont pas sans intérêt et d'autres finiront par lasser. Distrayante, la scène nier « coup de théâtre » à savoir que Riccardo meurt debout pendant qu'un figurant gît à ses pieds. Autant dire que cette « relecture » avait de quoi susciter des commentaires variés, une partie du public milanais ne s'étant pas fait prier pour manifester son mécontentement. L'œuvre était-elle trahie ? Certes, mais de fait, dans le genre regietheater on ne pouvait que concéder une certaine cohérence aux intentions du duo vénitien issu, il est vrai, du monde du théâtre. Avec de telles intentions dramaturgiques, les interprètes sont souvent à la peine pour entrer dans les intentions de jeu voulues par le metteur en scène. Ce Ballo ne faisait pas exception car si Marcello Alvarez confirmait qu'il est actuellement un Riccardo à l'aise sur le plan vocal, malgré une tendance à manquer parfois de nuances, sa prestation en tant qu'acteur, par sa présence physique, était digne d'éloges, mais ses partenaires semblaient parfois moins à l'ai- «Un ballo in maschera» © Teatro alla Scala de la sorcière Ulrica voit cette dernière transformée en une sorte de prédicatrice évangéliste accomplissant quelques miracles devant une foule ébahie, idée forte un peu trop longue toutefois, alors qu'ensuite Amelia se retrouvera non pas dans un cimetière mais dans un terrain vague, territoire occupé par quelques prostituées qui ne manqueront pas l'occasion de la détrousser. Peu après, l'apparition d'une voiture sur la scène – très mode cette saison décidément – sera habilement utilisée pour le jeu de cachecache entre Riccardo, Renato et Amelia. Mais le dernier acte apparaît à la fois bâclé et inutilement provocateur, puisque de bal... il n'y aura point, des figurants et choristes se contentant d'agiter des silhouettes découpées, avant le der- c t u a se. Et si l'Ulrica de Marianne Cornetti s'imposait sans difficultés dans le rôle revisité d'Ulrica, le Renato de Zeljko Lucic manquait parfois d'envergure alors que Serena Gamberoni offrait une belle prestation en Oscar à la ligne de chant homogène. Malgré un tempérament théâtral peu évident, Sondra Radvanovsky offrait sans doute les meilleurs moments de la soirée avec une réelle assurance dans ses vocalises et de belles nuances pour livrer un portrait crédible d'Amelia. Daniele Rustioni livrait à la tête de l'Orchestre et des Chœurs de la Scala une vision sans relief particulier. Frank Fredenrich l i t é o p é r a opernhaus zurich Baisse de régime... La fin de la saison lyrique à Zurich n'a pas été à la hauteur de ce que l'Opéra nous a proposé tout au long de l'hiver dernier: les deux spectacles repris le jour avant la clôture estivale ont mis à cette saison un point final en mineur ... Strauss : Salomé La mise en scène de Sven Eric Bechtolf place les acteurs du drame (et les spectateurs) au fond d'une citerne située au-dessus de celle où est enfermé Jochanaan. Le luxe tapageur de son ameublement design cache difficilement le mal de vivre des gens qui vivent à la cour d'Hérode en passant leur temps à tuer les heures en se saoulant ou en reluquant la belle et jeune princesse Salomé. Celle-ci aussi se sent prisonnière de ce monde clos et voit dans la figure du prophète enchaîné l'expression d'une vie libérée des contraintes sociales et par conséquent beaucoup plus intensément dégustée à chaque instant. Son amour morbide pour celui qu'elle condamne finalement à la décapitation est ici interprété comme le moyen d'accéder à un palier supérieur de l'existence et le prix à payer - la mort - n'est rien au côté des joies qu'une telle transgression lui promet. On n'est finalement pas très loin du message final et pessimiste de Tristan und Isolde... Pour passer la rampe, ce spectacle original et fort a besoin d'interprètes d'exception. Ce jour-là, la troupe réunie était composée de chanteurs méritants, mais il leur manquait à tous ce grain de folie démesurée qui aurait donné un sens à leur conduite pour le moins étrange. Seul le Narraboth de Benjamin Bernheim, dont la voix s'est magnifiquement développée et se trouve maintenant couronnée d'un aigu triomphant, parvenait à rendre justice à l'outrance du langage straussien. De même, le Page campé par Anna Goryachova avait-il cette présence incandescente qui donnait aux teintes sombres de son chant cet impact qui laisse rapidement pressentir la fin peu glorieuse de celui dont elle est amoureuse. Chez les chanteurs principaux, il faut se contenter d'un bon niveau, - ce qui est naturellement trop peu pour une oeuvre d'une elle trempe. Nicola Beller Carbone (qui fut déjà la dernière Salomé genevoise) possède un timbre chaud, souple et large, mais il lui manque cet éclat impérieux et ces graves à la raucité caressante sans lesquels la scène finale perd une partie du trouble qu'elle doit susciter. Tómas Tómasson en Jochanaan fait entendre un chant également puis- a c t u sant mais sans charme, notamment dans l'ineffable moment où il évoque la figure christique navigant sur les eaux du lac de Galilée. Rudolf Schasching est un Hérode qui interprète bravement son texte, mais les simagrées de son discours empli de lieux communs restent absentes de la musique. Et Stefania Kaluza est diablement séduisante en Hérodias avec sa longue robe moulante, mais le personnage, vocalement, n'existe tout simplement pas car l'émission est trop irrégulière avec certaines notes escamotées et d'autres poussées au maximum de la puissance dont cette artiste dispose encore... La merveille est à chercher du côté de l'orchestre, royal, dirigé de main de maître par Cornelius Meister, un jeune chef d'à peine plus de trente ans dont on devrait reparler avant qu'il soit longtemps. Sa direction est d'une incroyable maîtrise dans le dosage des voix instrumentales, le discours ne paraît jamais épais ou embrouillé et culmine dans une Danse des Sept Voiles où le commentaire passe du murmure aux défoulements orgiaques sans qu'aucune rupture ou baisse de tension ne vienne gâcher le prenant crescendo dramatique qui anime ces quinze minutes de pure musique instrumentale. Bellini : La straniera Ce spectacle expressément commandé pour le traditionnel Festival de Zurich qui se tient chaque année en juin signifiait le retour d'Edita Gruberova sur le terrain de ses nombreux succès passés : une brouille avec l'ancien directeur l'avait en effet tenue éloignée près de dix ans de cette scène où le public lui a si souvent fait fête, et cette nouvelle occasion presque inespérée a été prétexte à un véritable triomphe. Ce succès est-il mérité ? Il est permis d'en douter. Certes, la cantatrice slovaque reste une formidable bête de scène et sait mettre le public dans sa poche avec une désinvolture déconcertante. Mais ce qu'elle donne à entendre n'est plus réellement ce qu'on peut appeler du bel canto: quelques aigus magnifiques de rondeur et de puissance, des sons filés qui semblent flotter interminablement dans l'air sont sans conteste à a l i t Nicola Beller Carbone est «Salome» © S. Schwiertz mettre à l'actif de son chant actuel. Mais que de simagrées nécessaires pour rendre justice au profil musical si subtilement travaillé de ce rôle, que de notes prises par-dessous, que de scories acides dans les passages où la rapidité sollicite à l'excès une technique d'émission qui trouve ses marques dans les passages lents mais non dans les moments où la finesse de la broderie musicale demanderait un gosier autrement plus agile!... Quant au jeu scénique, il n'a jamais été le point fort de cette artiste... Autour de la vedette de la soirée, on déguste l'art délicat de Dario Schmunck, un ténor argentin appelé à se substituer au titulaire après que ce dernier a quitté le théâtre en pleines répétitions; son Arturo a du panache, de l'aplomb dans un aigu exposé et très souvent sollicité et l'ardeur de son jeu séduit à chaque instant. Franco Vassallo en Valdeburgo tient surtout à mettre en valeur la beauté indéniable de son baryton sonore, mais on eût pu souhaiter de la part du chanteur une plus grande sensibilité au style si particulier du compositeur. Veronica Simeoni convainc dans le rôle sacrifié de la fiancée délaissée. Son soprano grave est profond mais jamais sourd et l'intensité de son engagement vocal ne semble jamais pris en défaut même lorsqu'elle est reléguée au second plan dans les ensembles, ce qui fait dinalement de son Isoletta la vraie vedette féminine de la soirée. Fabio Luisi dirige avec flair une partition en laquelle, malgré ses affirmations dans le programme, il n'a pas l'air de croire vraiment: tout est certes bien en place dans l'accompagnement orchestral, mais la routine n'est jamais loin et l'on oublie trop souvent l'orchestre dont la partie, pourtant finement travaillée, eût mérité d'être mise en valeur avec plus de soin. Eric Pousaz é 21 o p é r a à vienne Rendez-vous des stars Le Staatsoper de Vienne terminait sa saison avec une série de spectacles où les plus grandes vedettes du moment se passaient le témoin pour le plus grand plaisir d'un des publics lyriques les plus fervents, mais aussi les plus gâtés, du circuit européen... Roméo et Juliette Tristan und Isolde Dans sa nouvelle mise en scène du chef d'œuvre wagnérien, David McVicar ne cherche pas à proposer de l'amour quasi mythique de Tristan pour Isolde une relecture éclairée à la lueur d'une quelconque thèse psychanalytique. Il se contente du décor minimaliste de Robert Jones, qui installe sur le grand plateau de l'Opéra une épave de bateau et quelques pans de terre de couleur sableuse qu'éclaire une pleine lune dont la couleur varie au gré de l'état d'âme des héros. La gestique se limite aussi à l'extrême nécessaire et facilitera sans aucun doute la succession de chanteurs appelés à se produire dans ce spectacle, mis à l'affiche une bonne dizaine de fois avant la fin 2013...! L'avantage d'une telle approche réside dans le primat qu'elle accorde à la musique, qui peut déployer ses sortilèges sans que l'esprit «Roméo et Juliette» © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn 22 Jürgen Flimm et son décorateur Patrick Woodroffe ont tenté une expérience qu'ils ont mené à bien avec succès : monter un opéra sans décors, uniquement avec quatre tours métalliques sur lesquelles sont greffés divers projecteurs. Le changement de position de ces sources d'éclairage, ainsi que la fine différenciation dans la puissance des lumières et dans l'alliage de leurs couleurs suffisent à créer en quelques secondes une atmosphère particulière parfaitement apte à servir de cadre à la musique. Celle-ci peut se dérouler sans interruption; seuls les costumes font discrètement allusion au monde de la Renaissance italienne, sans pour autant virer à la reconstitution historique précise et servile. Le jeu scénique est lui franchement contemporain, à l'image de ce bal chez les Capulets où les convives se trémoussent comme dans une party festive de l'époque actuelle. La direction orchestrale était assurée par Placido Domingo, qui surprend dans son rôle de chef avec un choix de tempos plutôt allants, une attention soutenue aux problèmes de souffle de certains rôles secondaires et une constante attention au déroulement scénique de l'action qu'il ne bouscule jamais inutilement. Certes, les membres du Philharmonique ne semblaient pas particulièrement inspirés par cette musique, mais on peut imaginer qu'après les subtilités exquises tombées de la plume de Richard Strauss, les doucereuses harmonies de Charles Gounod devaient pour eux ressembler à un vin inutilement coupé d'eau sucrée. Sonya Yoncheva a créé la sensation en remplaçant la titulaire, retenue à la maison par une grossesse imminente. Sa Juliette éblouit par l'éclat de son chant, la justesse et la précision de ses vocalises et surtout par l'art mis à habiter sans mièvrerie aucune chacune des notes des quatre sublimes duos d'amour qui lui échoient. Egal à lui-même, Piotr Beczala séduit immédiatement avec son Roméo à la voix bien timbrée, aux aigus conquérants mais toujours doux ainsi qu'au médium corsé. S'il mettait un même soin à prononcer le français qu'à entonner dans la douceur chacune des notes hautes de sa brillante cavatine, on aurait là sans aucun doute le Roméo de la décennie. Dimitrios Flemotomos, un Tybalt bien chantant et plutôt sur la retenue, Gabriel Bermudez, un Mercutio agile et prenant, Dan Paul Dumitrescu, un Frère Laurent au chant balsamique et Juliette Mars, un Stephano vif-argent complètent une distribution qui avait de quoi enthousiasmer un public visiblement ravi. (21 juin) a c t u a «Tristan und Isolde» © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn n'ait à se torturer pour comprendre les symboles qu'un autre metteur en scène aurait pu tenter de vouloir greffer sur son intrigue si peu riche en rebondissements. Le chef et les chanteurs en profitent pour proposer de cette musique qui ouvre sur des infinis insondables une interprétation hors pair. Franz Welser-Möst anime le commentaire orchestral d'un rythme mouvant, à la fois nerveux et enflammé, qui tend sous le chant des solistes une toile de fond à l'emprise de laquelle il est difficile de se soustraire. La puissance d'évocation du jeu de ces instrumentistes dont il serait vain de vouloir ici vanter de nouveau les qualités exceptionnelles est même parfois telle que la tentation est forte de simplement fermer les yeux et de se contenter de son propre cinéma intérieur!... Nina Stemme, pour sa première Isolde viennoise, embrase le théâtre se sa voix puissante, mais qui reste toujours d'un extrême lyrisme: les sons, projetés avec aisance, n'acquièrent jamais aucune dureté, au point que ces longues scènes de récriminations au premier ace paraissent déjà, par la qualité veloutée de leur texture, préfigurer les émois du duo amoureux. Peter Seiffert, beaucoup plus expérimenté dans le rôle de Tristan, a de la peine à se mettre au diapason, tant son chant paraît construit et manque parfois de spontanéité, mais il faudrait aller loin pour trouver un interprète capable de maintenir un tel état de fraîcheur vocale dans sa longue scène d'agonie. Stephen Miling est un Roi Marke souverain, dont l'intonation paraît pourtant manquer parfois d'autorité et de présence radieuse dans le grave. La voix puissante et déjà presque trop lourde de Jamina Baechle transforme Brangaene en matrone, mais la précision du chant est telle que l'inhabituel décalage entre la voix des deux héroïnes passe facilement la rampe. Les rôles plus épisodiques sont magnifiques, sans exception, tout comme le soliste en charge du cor anglais dans la longue introduction orchestrale au 3e acte. (22 juin) Eric Pousaz l i t é o p é r a à berlin Honneur à Frank Martin En cette année du bicentenaire de la naissance de Wagner, les opéras allemands ont tous entrepris de rafraîchir leur répertoire germanique et on ne compte plus les nouvelles mises en scène de Tristan ou de Lohengrin. Le Staatsoper de Berlin a pourtant eu l'heureuse idée, en plus de sa nouvelle production du Ring wagnérien, de mettre à l'affiche une production neuve du Vin herbé, cette délicate mise en musique du roman de Tristan et Yseult qui fait pendant à l'éclatante réussie du maître de Bayreuth. Staatsoper : Le Vin herbé Bien qu'il ait admiré l'opéra de Wagner, Frank Martin est parvenu à se libérer de toute influence en composant cette œuvre intimiste, réservée à une poignée d'instrumentistes et à une douzaine de chanteurs qui apparaissent tantôt en solistes, tantôt intégrés dans une masse chorale restreinte. L'histoire est quasiment reprise telle quelle de trois chapitres du roman de Joseph Bédier; aussi les chanteurs sont-ils à la fois narrateurs et acteurs du drame scénique. L'ensemble instrumental, constitué de deux violons, un alto, «Le Vin herbé» avec Anna Prohaska © Hermann und Clarchen Baus un violoncelle, une contrebasse et un piano, s'attache moins à commenter ou à décrire la suite des événements qu'à tisser une délicate tapisserie sonore qui n'entrave jamais la compréhension du texte. A la tête de ces six musiciens, le chef Franck Ollu parvient avec aplomb à créer autour du chant une sorte d'aura ardente qui en exalte les inflexions. La troupe de chanteurs s'attache avec abnégation à incarner les divers emplois que la partition leur réserve; ce sont donc moins les interventions individuelles qui frappent l'auditeur que l'incroyable degré d'harmonie régnant entre ces douze artistes qui se répartissent le fil de la narration sans jamais chercher à se mettre en avant. On retient tout de même la voix lumineuse a c t u et épanouie d'Anna Prohaska en Yseult et le timbre plutôt sombre mais bien dégagé de Matthias Klink en Tristan. La mise en scène de Katie Mitchell joue aussi de la litote et ne surcharge pas d'intentions une interprétation musicale toute axée sur la réserve. L'action se joue dans un théâtre abandonné qu'on devine planté au milieu d'une agglomération dévastée par la guerre. Il fait froid, la faim rôle, tout comme la mort. Pour se distraire et ne pas perdre courage, les bourgeois réunis dans ce lieu glacial se joue l'histoire de Tristan comme pour conjurer le sort: si la guerre reste à l'extérieur, les chances de survie grandissent d'autant. Quelques rares accessoires (une table, un lit, de vieux costumes) suffisent à suggérer les lieux de l'action et chacun des acteurs, tour à tour machiniste, accessoiriste ou interprète, s'emploie à faire tout son possible pour que l'illusion reste parfaite, même si personne n'est dupe. Au final, la mort des héros a quelque chose d'apaisé, comme si l'angoisse du moment présent avait soudain cédé le pas à la sublimation de la douleur par la grâce du texte et de la musique. Les spectateurs, conquis, ont fait fête à tous les participants. (13 juin) Komische Oper : Mazeppa Cet ouvrage de Tchaïkovski est relativement peu connu en dehors des frontières russes. La faute en incombe moins à la musique, grandiose et poignante, qu'au livret que le compositeur luimême a écrit d'après un poème de Pouchkine. Le problème réside essentiellement dans la constellation des personnages qui se révèlent tellement antipathiques qu'il est impossible à l'auditeur de s'identifier à aucun d'entre eux. L'action scénique, chargée de violence, ne nous épargne ni les exécutions sommaires, ni les scènes de torture. Ivo van Hove, le metteur en scène belge de a l i t cette production, en rajoute une couche en projetant sur le décor - qui représente un lieu impersonnel entre un bureau de commandant militaire et une salle d'interrogations dans un commissariat de province - des films de guerre où le sang coule à flots. Les costumes situent toute l'action dans le monde de la soldatesque la plus vile: même les représentants du peuple paraissent avant tout désireux d'assouvir leurs rancunes personnelles. Dans un tel contexte, le drame privé de Maria, qui tombe amoureuse du bourreau de son père, passe irrémédiablement au second plan et ne nous émeut guère. Le chant, heureusement, est confié à des chanteurs de premier plan, qui ont en plus la possibilité d'interpréter le texte original russe, ce qui est une véritable révolution artistique dans la politique du Komische Oper où, jusqu'ici, tous les ouvrages étaient traduits en allemand. Asmik Grigorian incarne une Maria radieuse: le timbre est solide, puissant, mais jamais acide ou agressif. Robert Hayward dans le rôle du tyran Mazeppa, tiraillé entre son désir de pouvoir et son amour déraisonnable pour la fille de son ennemi, fait preuve d'une vigueur vocale de la meilleure veine tout en traduisant avec doigté les magnifiques élans de mélancolie si «Mazeppa» avec Asmik Grigorian et Robert Hayward © Monika Ritterhaus typiques de ce compositeur. Alexey Antonov en père tyrannisé de Maria et Agnes Zwierko, sa mère déchirée par un drame aussi sanglant, font mieux que de la figuration: leur engagement vocal sauve de la banalité des rôles qui ne semblent pas avoir sollicité outre mesure l'inspiration du musicien. Les chœurs de l'institution font merveille dans les vastes envolées qui leur sont réservées, tour à tour sauvages ou empreintes d'une retenue presque mystique. Henrik Nánási, le nouveau directeur général de la musique, veille à conserver au spectacle rythme et relief dramatique sans parvenir à faire oublier que, du côté des cordes du moins, l'effectif en fosse paraissait bien léger. (2 juillet) é 23 f e s t i v a l s festival de verbier Nuée d'étoiles Le Festival de Verbier fêtait cette année son vingtième anniversaire. Mais que faire lorsqu'on a déjà prouvé maintes fois que toutes les vedettes aimaient se donner rendez-vous dans la station valaisanne? Les innovations ont lieu en coulisses, notamment avec la formation d'ensembles instrumentaux formés de musiciens toujours plus jeunes à qui l'on donne, après quelques semaines de travail, l'occasion de se mesurer aux plus grands en les écoutant ou en les accompagnant... 24 En cette saison d'anniversaire, la série de concerts - plus d'une soixantaine sur deux semaines comprenant trois week-ends - ne faillit pas à la tradition et l'amateur n'a eu que l'embarras du choix au fil de ces journées bien remplies où master classes, discussions, podiums musicaux et concerts en tous genres et dans toutes les formations possibles se sont succédé à un rythme soutenu. On en retiendra une poignée, piqués au hasard... 20 juillet : Elisabeth Leonskaja et Gábor Takács-Nagy Ce concert, donné au lendemain de l'ouverture de la manifestation, a semé le chaud et le froid. La pianiste russe, qui s'attaquait alors au Concerto de Schumann, ne paraissait pas au meilleur de sa forme. La poésie de l'Intermezzo était bien au rendez-vous, avec ses délicates arabesques qui se coulaient sensuellement dans le commentaire orchestral, mais les passages plus directement virtuoses montrèrent une soliste à la peine. Certaines notes étaient frappées sans grande précision, de brusques changements de nuances ou de rythmes ainsi que diverses décélérations inattendues semaient le trouble parmi les musiciens jusqu'au moment où un vilain trou de mémoire, vers la fin de l'ouvrage, menaçait de forcer l'orchestre à renoncer à jouer. La présence d'esprit du chef, visiblement habitué à ce genre de situations, et son art consommé de l'improvisation permettaient néanmoins d'éviter la catastrophe; ce couac paraissait d'autant plus choquant que la vision de la soliste était de elle qui avait tout pour plaire : du panache, du nerf et surtout un sens infaillible de la structure de chaque mouvement... Après l'entracte, les musiciens et leur chef proposaient une version bondissante de la Huitième Symphonie de Dvorak. Les vents, admirables de virtuosité et d'éloquence, dialoguaient avec des cordes pulpeuses au son chaleureux, aux a articulations souples et surtout au rendu parfait de ces rythmes parfois primesautiers qui caractérisent ce folklore tchèque dont le compositeur fut si friand pendant toute sa vie d'artiste. Les grandioses étagements sonores du dernier mouvement, ou le curieux motif dansant du deuxième, sur lequel s'inscrit la longue cantilène des cordes graves, étaient abordés avec une dynamisme nerveux, allié à une précision de la meilleure veine. En ouverture de programme, la Symphonie no 104 dite 'Londres' de Haydn, jouée en effectif réduit, bénéficiait des mêmes qualités d'interprétation, mais un incident technique m'a forcé à l'écouter depuis l'extérieur de la salle.... le bonheur. Aleksandrs Antonenko est plus retenu en Otello, ce qui lui vaut une ovation méritée presque plus bruyante en fin de parcours, car son Maure de Venise ne se présente pas comme un macho à la virilité affichée, mais plutôt comme un homme réellement amoureux qui semble déjà se douter de son impuissance à maîtriser une situation qui commence à le dépasser. Alexey Markov campe un Iago retord : la voix est belle, sonore mais employée avec suffisamment de retenue pour faire sentir la menace sans jamais la proférer ouvertement. Du grand art! D'excellents rôles secondaires, dont le Cassio sonore de Franco Demuro et le Roderigo hâbleur d'Anthony Gregory, ainsi qu'un chœur superlatif achèvent de faire de ce court acte une entrée en matière qu'on eût pu souhaiter plus longue. Après l'entracte, l'acte III de La Walkyrie de Wagner permettait au public d'entendre enfin en Suisse romande celui que d'aucuns considèrent comme le meilleur Wotan actuel, même s'il n'a pas encore chanté à Bayreuth. Et les auditeurs n'ont pas été déçus : le portrait que brosse Bryn 25 juillet : Duel Verdi-Wagner Valery Gergiev dirigeait une distribution de rêve pour rendre hommage aux deux géants de l'opéra auxquels on fait fête cette année. De Verdi, le chef russe avait inscrit l'intégralité de l'acte premier d'Otello, avec Anna Netrebko, Aleksandrs Antonenko et Alexey Markov en vedettes. L'approche fut plutôt incisive : cordes acérées, voire acides même dans le duo d'amour, envolées sonores orgiaques dans le chœur d'ouverture, dessins mélodiques soulignés à l'excès dans le brindisi d'Iago. Mais ces remarques ne sont pas à prendre comme des réserves rédhibitoires dans un tel contexte où l'auditeur est privé d'une mise en scène : Valery Gergiev essaie ainsi de suggérer par sa tapisserie sonore les mouvements scéniques dépeints dans la musique, et le résultat est probant. Les chanteurs sont grandioses, même s'il est permis de regretter l'absence d'une voix italienne qui aurait mieux su allier la sensualité à la puissance, le velouté à la morbidezza. Anna Netrebko impressionne avec sa Desdemona vocalement fort proche d'Aida, mais le chant manque de naturel pour faire croire à la nature douce et naïve de la jeune femme : ici, Desdemona se présente à l'évidence comme une maîtresse femme essayant de défendre son fragi- c t u a Bryn Terfel © Aline Paley Terfel du dieu vaincu par la tendresse est de ceux qui se gravent définitivement dans les mémoires tant chaque inflexion est porteuse de sens, chaque accent riche de sous-entendus, chaque effet vocal rigoureusement mis en place avec un art qui le fait paraître naturel. Et la diction, impeccable, permettait cet intense alliage du texte et de la musique dont rêvait le compositeur, au point qu'il faut bien parler ici d'une interprétation hors normes.... En face de ce véritable géant du chant wagnérien, Eva Maria Westbroek et Irène Theorin faisaient plus que de lui donner simplement la réplique : la première est une Sieglinde au chant exalté, riche de sensualité exacerbée et de chaleur, alors que la seconde, après un départ légèrement crié, retrouvait ses pianissimi et cette ductilité dans l'intonation qui font d'elle une des rares Brünnhilde capable de chanter ce duo sans recourir à des tours de force violentant le profil musical du personnage. Les huit l i t é f e s t i v a l s Walkyries sont parvenues au bout de la Chevauchée avec panache, même si l'absence de mise en scène et l'impossibilité de bouger les handicapaient fortement; de leur côté, le chef et l'orchestre se surpassaient pour tendre sous les pas des interprètes une broderie sonore qui en disait long sur leur aptitude à pénétrer l'univers wagnérien malgré un manque d'expérience en fosse flagrant du côté des instrumentistes, notamment dans la relative légèreté du tissu confectionné par les cordes... 29 juillet : 3e Symphonie de Mahler Le Verbier Festival Orchestra ne manquait pas d'audace en décidant de s'attaquer à la 3e Symphonie de Mahler, la plus longue et, techniquement, l'une des plus difficiles, de toute la production mahlérienne. Le moins qu'on puisse dire est que les instrumentistes de la formation ad hoc se sont montrés à la hauteur; mieux : ils ont joué sur le même terrain que les plus grands. La rutilance des cordes dans le dernier Adagio, la précision presque surnaturelle de l'attaque des hautbois ou des cors dans les intermèdes champêtres, la présence imposante des cuivres dans le mouvement initial ou encore, tout au long de l'ouvrage, la vigueur roborative, presque vertigineuse de la percussion, - tous ces éléments ont permis aux musiciens de rendre justice à un art de l'orchestration qui étonne aujourd'hui encore autant par son originalité que par sa modernité dans l'assemblage de mondes sonores qu'on n'eût pu imaginer s'accorder aussi facilement. Le jeune chef colombien Andrés OrozcoEstrada, actuel directeur du Tonkünstler Orchester à Vienne, a fourni un travail pédagogique remarquable dont les fruits ne laissent d'impressionner, même après avoir entendu ce même orchestre placé sous la direction d'un Valery Gergiev, beaucoup plus martiale et moins finement sculptée (par manque de temps ?). On s'en veut donc d'autant plus de ne pas avoir été touché par l'interprétation proposée : Mahler se trouvait ici réduit à un compositeur aux formidables trouvailles d'orchestrateur. La morbidité des premières mesures du mouvement final ou les appels désespérés de la trompette ne semblaient pas inspirer outre mesure un chef plutôt indifférent à la différenciation des progressions sonores ou à leur mise en perspective par une fourchette de decrescendi expressifs. Les nombreux retours sur soi d'un style d'écriture qui procède par addition répétitive plus que par progression trouvaient tous le même traitement sous cette baguette intempestive, au point de donner l'impression, parfois, que les mouvements tournaient sur eux- a c t u mêmes au lieu de nous faire pénétrer plus avant dans l'ego du compositeur. Réduire ainsi le compositeur autrichien à un alchimiste de première classe paraît tout de même un peu limité au final... 1er août : Requiem de Verdi Précédé d'une réputation flatteuse après son Rigoletto aixois, le chef italien Gianandrea Noseda est arrivé à Verbier accompagné du chœur de l'Opéra de Turin (dont il est le chef titulaire) pour offrir aux festivaliers une de ces soirées dont ils aimeront reparler longtemps. Sa version du Requiem n'a rien de la vaste symphonie lyrique avec voix que nous servent trop souvent les plus grands chefs. Le choix des tempos est relativement rapide, avec quelques ralentis brusques qui permettent à la musique de planer, comme dans un ineffable arrêt sur image qui se projetterait sur la durée d'exécution. Le jeu des nuances est lui aussi extrême, avec, dès les premières notes de l'Introït, par exemple, ce goût prononcé pour les sons semblant ne venir de nulle part et se gonflant progressivement pour atteindre à l'ineffable au moment où interviennent les premières paroles murmurées par le chœur. Le chœur turinois s'avère tout simplement exceptionnel dans chacun de ses registres: les sopranos sont puissants mais jamais criards et les altos joignent la souplesse féline de leurs phrasés à une chaleur sonore typiquement méditerranéenne; du côté masculin, les ténors, aux accents jubilatoires et nets d'intonation s'harmonisent merveilleusement avec les voix de basses vigoureuses, mais jamais braillardes. L'Orchestre du Festival de Verbier suit les indications de son chef d'un soir avec une réactivité de la meilleure veine qui fait oublier quelques entrées savonnées, voire imprécises. Le quatuor de solistes plaît par son engagement, sa ferveur et l'éclat sonore de voix qui ont su conserver fraîcheur et rondeur. On pourrait donc parler d'une soirée absolument mémorable, n'était une certaine retenue du chef qui tenait visiblement à garder ses distances dans les moments d'éclat, abordés ici avec une certaine froideur distanciée, comme s'il s'agissait d'éviter toute trace d'ivresse sonore. On peut certes refuser de voir en cette partition sublime un opéra déguisé, mais faut-il à ce point en gommer toute trace d'expressivité dramatique, comme ce fut par exemple le cas dans le Liber scriptus où l'alto sensuel de Daniela Barcellona dialoguait paisiblement (!) avec le chœur ou dans un Ingemisco trop belcantiste où le ténor de Piotr Beczala paraissait presque désincarné tant la ligne de a l i t Maria Agresta et Daniela Barcellona dans le «Requiem» de Verdi © AlinePaley chant en était prudemment conduite. Ildar Abrazadov, une basse noire et heureusement exempte de toute boursouflure, et Maria Agresta, un soprano agile, léger, fluide et parfois fragile, complétaient ce quatuor vocal qui n'avait pas grand chose à envier aux affiches des plus grands rendez-vous musicaux mondiaux. 3 août : Hillborg, Mozart, Strauss Lors de l'avant-dernière soirée de cette édition 2013, le Festival s'offrait en première audition suisse le Concerto pour clarinette et orchestre 'Peacock Tales' du compositeur suédois Anders Hillborg. Le soliste Martin Fröst, qui en a assuré la création mondiale en Suède en 1998, a fait le déplacement de Verbier pour mettre son art au service d'une pièce très virtuose, qui semble avoir été écrite pour mettre en valeur son jeu à la fois endiablé et d'une perfection technique presque démoniaque. L'œuvre fait coexister deux atmosphères qui sont confrontées l'une à l'autre sans transition aucune; l'une, plutôt planante, évoque certaines musiques de films de climat légèrement surréaliste et séduit par la complexité de la ligne de chant du soliste qui s'inscrit sur un léger tissage instrumental réservé de préférence aux cordes. L'autre, nettement plus robuste et agressive, confronte le soliste à un orchestre déchaîné qui menace plus d'une fois de noyer ses interventions dans une sorte de cacophonie inquiétante. Pour souligner ces brusques ruptures, un jeu d'éclairage et la mise par l'instrumentiste d'un masque gris-argent sur son visage finissait d'ajouter une touche dramatique à cette œuvre dont on a l'impression que la partie du soliste s'inscrit en parallèle au commentaire orchestral, sans jamais tenter de fusionner avec elle. Gros succès pour tous. Dans le deuxième concerto de la soirée, Daniel Harding et les membres du Verbier Festival Chamber Orchestra accompagnaient avec verdeur un duo de pianistes étonnants qui s'attaquaient au Concerto pour deux pianos en mi é 25 f e s t i v a l s 26 bémol majeur de Mozart, KV 365. Menahem Pressler, surtout connu pour son rôle prédominant dans les célèbre interprétations du Beaux Arts Trio, était accompagné pour la circonstance par la jeune pianiste chinoise Yuja Wang, sa cadette de plus de soixante ans. Le duo qu'ils formaient témoignait de l'extraordinaire respect que les deux artistes ressentent l'un pour l'autre : à aucun moment, l'un des solistes tentait de prendre le pas sur l'autre, au point qu'il était parfois difficile de savoir qui tenait la partie principale dans certaines séquences des cadences des 1er et 3e mouvements. Certes, l'agilité digitale de la jeune pianiste a quelque chose de plus délié, de plus aérien que celle de son aîné, mais la poésie du toucher de ce dernier ou la richesse d'expression de chacune de ses phrases musicales compensaient largement ce que le jeu pouvait avoir, parfois de moins net dans la frappe. Après l'entracte, Daniel Harding et un orchestre survolté offraient une magnifique interprétation des séquences de danses virtuoses que Richard Strauss a composées pour Le Bourgeois Gentilhomme de Molière d'après la musique originale écrite par Lulli. Les divers glissements harmoniques ou rythmiques, qui ancrent fortement ce pastiche dans le 20e siècle, étaient réalisés ici avec une gourmandise et un brio technique qui en disait long sur le sentiment de complicité unissant le chef et les instrumentistes... Eric Pousaz 24 juillet : Simon Keenlyside A l’Eglise de Verbier, le récital du baryton anglais Simon Keenlyside, qui avait laissé un souvenir inoubliable au Grand Théâtre de Genève dans le rôle d’Hamlet il y a quelques années, n’a pas déçu les festivaliers. Son physique d’acteur de cinéma bronzé et sportif induit d’emblée une impression plus que favorable ! Et le reste suit ! Sa voix riche parfaitement saine et maîtrisée lui permet de passer sans solution de continuité d’un registre grave particulièrement étoffé aux aigus transparents mais non détimbrés parfois exigés dans les Lieder de Brahms, - dont certains peu connus - ou ceux d’Hugo Wolf. Et que dire de la diction et de la couleur de la langue allemande ? On a beau chercher, on ne trouve aucun indice révélateur d’une origine autre que germanique ! Et le comble c’est que l’on peut en dire autant, mutatis mutandis, des mélodies françaises qui composaient la seconde partie de la soirée. Le chanteur cisèle les textes des pièces de Fauré et Ravel (Histoire naturelles), nullement gêné par les diphtongues ennemies des interprètes non francophones ni par les fameux « R » qu’il sait a rouler ou non selon les besoins. Du jamais entendu, même chez Felicity Lott ! Alors, me direzvous, pas le moindre bémol ? Eh bien si, rassurez-vous, je sais que la perfection peut énerver parfois. En effet il reste à Simon Keenlyside de petites modifications à apporter à la gestion de ses bras (!) , de son regard trop souvent porté sur le sol et de son visage sur lequel l’émotion apparaît peu, peut-être parce qu’il la contrôle encore trop. Au piano Emmanuel Ax, que l’on connaît surtout par le duo qu’il forme avec Yoyo Ma depuis quarante ans, s’est montré attentif, sensible, donnant au chanteur le soutien ou les impulsions adéquates grâce à un toucher subtil. C’était la première fois qu’il accompagnait une voix, si l’on excepte une très brève collaboration avec Susan Graham et Renée Fleming. Avec Simon Keenlyside, il dit avoir définitivement pris goût à l’exercice ! Trois bis de Schubert ont conclu la soirée, dont Jüngling an der Quelle, particulièrement à propos compte tenu de la canicule ! Décidément ces Anglais ont de l’humour… 25 juillet : Khatia Buniatishvili La pianiste géorgienne a fait une démonstration éblouissante de son talent dans un programme des plus exigeants. Il est difficile de parler d’elle sans évoquer Martha Argerich, qu’elle rappelle à titres divers, le jeu de la chevelure n’étant pas le principal. Mais la pulpeuse Khatia a sa propre personnalité. Elle se distingue tout d’abord par sa présentation : robe noire moulante, décolleté profond dans le dos et rouge à lèvres éclatant. On retrouvera cette sensualité dans son jeu. Elle s’attaque d’entrée aux Tableaux d’une exposition de Moussorgski, où sa puissance et sa virtuosité s’expriment à merveille, de même que la richesse de son imaginaire. Elle se donne à fond, s’arc-boutant sur son instrument pour trouver l’intensité maximum qu’elle veut obtenir dans certains passages. A d’autres moments, droite comme un i, elle laisse ses doigts courir légèrement dans une course effrénée, rebondissante et suggestive comme dans le Ballet des poussins ou Limoges. Sobriété, délicatesse et retenue font aussi partie des ses cordes : on le constate dans Ständchen von Shakespeare, transcription du Lied de Schubert par Liszt. Après le scherzo No 2 en si bémol mineur où la main droite jubile dans la pureté cristalline de ses envolées et le scherzo No 3 en do dièse mineur et ses déchaînements plus violents, Katia Buniatishvili termine en apothéose sur une Valse de Ravel haletante, étourdissante. Khatia Buniatishvili © AlinePaley 27 juillet : Bashmet / Muntian Le concert a commencé par une déception : la défection de Denis Matsuev, remplacé par Mikhail Muntian, partenaire fréquent de Yuri Bashmet. Les choses ne se sont pas arrangées immédiatement, l’altiste semblant être en petite forme : une sonate de Glinka touchée d’un archet hésitant, avec peu d’inspiration et trop de vibrato ; un arrangement de la scène des adieux et de la mort de Juliette, extraits de Roméo et Juliette de Prokoviev interprétés sans souffle ni élan, donnant un sentiment de flottement et de frustration causée par un manque de direction et des fins de phrases abruptes. Un bon moment a suivi à la fin de la Pavane pour une infante défunte (arrangement de Vadim Borisovsky) où l’altiste a réussi une reprise pianissimo saisissante du thème principal dans l’extrême aigu de son instrument. Mais on retombait dans le scepticisme à l’écoute d’arrangements de la musique de Marin Marais (XV-XVIe s.). La sonorité du piano choque et tout le charme des instruments de l’époque, viole de gambe, clavecin, vielle, a disparu. Le beau son de l’alto ne suffisait pas à nous les faire oublier. Heureusement la qualité de la deuxième partie du concert se révéla largement supérieure. Les interprètes retrouvèrent tous leurs moyens et une entente harmonieuse dans la magnifique sonate op. 147 que Dimitri Chostakovitch composa peu de temps avant sa mort. Il faut dire que cette sonate fut créée en 1975 par Mikhail Muntian lui-même, et le dédicataire de l’œuvre, Fiodor Droujinine. Sur un tapis préparé de façon nuancée par le pianiste, Yuri Bashmet plus sûr et précis, notamment dans les pizzicati du premier mouvement et dans l’allegretto du deuxième sut faire apprécier cette œuvre que beaucoup découvraient. Elle se termine par un adagio parsemé de citations d’autres compositeurs à qui Chostakovitch rend hommage, où le legato nostalgique et quasi désespéré débouche sur un dépouillement résigné qui passe par le presque rien avant de s’évanouir dans le silence. Martine Duruz c t u a l i t é f e s t i v a l s la bâtie festival de genève Voyage et mémoire Le festival genevois se veut voyage cette année : voyage à travers le temps, les sentiments et les espaces culturels genevois. L’objectif assumé est de provoquer réminiscences et émotions au travers d’un fil rouge évocateur : la mémoire. Né de la mouvance du festival libre des années 70, mais désormais bien loin de son origine out-door au cœur des bois de la Bâtie, La Bâtie fête sa 37e édition du 30 août jusqu’au 14 septembre, avec plus de 30 lieux scéniques, d’expositions et 50 propositions d’événement. Cette édition sonne le glas des 3 rubriques bien cloisonnées dont les festivaliers avaient l’habitude : exit Théâtre, Danse, Musique, et bienvenue à une forme ouverte où il n’est question que d’interaction interdisciplinaire, de résonance artistique et sentimentale. La Bâtie, qui accueille cette année la Belge Anne Teresa de Keersmaeker en qualité d’invitée, nous promet une édition où inaugurations et découvertes de nouveaux horizons sont les maîtres mots. Le monde scénique s’hybride et se révolutionne sans cesse, nous assistons toujours plus fréquemment à des pièces de théâtre qui se dansent, à de la danse qui se meut en texte et qui intègre sur scène de la musique. Ainsi, La Bâtie se repense et se réinvente, incorporant à la structure du festival cette évolution des arts scéniques. « Selon moi, il n’est absolument pas viable, à l’interne d’un festival, d’avoir un fonctionnement qui ne correspond pas à la réalité du monde de la scène » nous indique Alya Stürenburg. La décision de modifier la structure même du festival, en décloisonnant les 3 catégories de programmateurs artistiques autour desquelles il s’articulait vient d’un changement de direction avec la création d’une direction artistique générale - et d’envie qui prend racine dans l’évolution même du monde scénique. La société genevoise, elle aussi en mouvement, se modifie dans le sens d’un échange et d’une mixité toujours plus importants en direction de ses frontières françaises. La Bâtie qui n’a de cesse de progresser en accord avec le contexte dans lequel il s’inscrit poursuit le mouvement déjà entamé par le festival depuis des années et, pareillement à la société genevoise, renforce sa a c t u collaboration avec les espaces culturels et scéniques français. Ainsi, après des lieux tels que Château Rouge à Annemasse ou encore l’Esplanade du Lac à Divonne, c’est au tour de Bonlieu Scène Nationale Annecy d’être intégré au sein du festival de La Bâtie. Une décision lourde de sens pour la directrice générale et artistique du festival, qui nous explique les tenants de ce partenariat : « Nous nous sommes associés à Bonlieu Scène Nationale Annecy sous l’égide du programme Européen PACT (pôle artistique et culturel transfrontalier) qui nous offre la possibilité de mettre en commun les qualités et les forces de chacun. Ce partenariat, en plus de proposer un lieu scénique exceptionnel, nous permet de disposer des moyens techniques de Bonlieu, par exemple en matière de répétition. » Programmation Alya Sturenberg nous renseigne sur la grille de programmation de cette année : « Le plan du festival donne une impression pléthorique une fois ouvert. Mais si l’on étudie en détail les propositions, si l’on se penche sur le problème, c’est extrêmement cohérent. Les spectacles se renvoient continuellement les uns aux autres, de façon souvent trans-disciplinaire. Chacun peut se faire son propre parcours à travers le programme, créer ses propres liens. » Plus qu’un programme, c’est véritablement Architextures «Serpentant, Cirque ici» 2012 installation de Johann Le Guillerm © Ph.Cibille a l i t un système dynamique que La Bâtie a mis en place. Des échos artistiques nous transbahuteront d’un spectacle à un autre, un film nous montrera les coulisses de la représentation dont nous venons de sortir ou expliquera les origines d’une création. Il en résultera que le festivalier se laissera attirer, tel un satellite, par des orbites artistiques différentes mais liées par la volonté de créer. Le Lieu Central du festival fera office de piste d'atterrissage, où les festivaliers échangeront paroles et réflexions aussi bien entre eux qu’avec les artistes. Si La Bâtie a un message à faire passer c’est « Laissez-vous surprendre, soyez curieux et ouvert aux nouveautés » nous confie Alya Stürenburg lorsque nous évoquons les spectacles et les artistes de cette 37e édition. « Si nous ne travaillons pas avec une thématique c’est pour éviter le côté restrictif que cela comporte, écartant d’office des artistes qui auraient pu nous apporter beaucoup. En utilisant un fil conducteur nous pouvons créer une véritable constellation dans la programmation et laisser la porte ouverte à tous les projet qui nous tiennent à cœur ». Les propositions sont donc éclectiques et offrent de nombreux visages et voix différentes. Parmi les événements à ne pas manquer, citons la venue de Sasha Waltz, icône berlinoise de la danse contemporaine, qui vient pour la première fois en terre genevoise et qui présentera Travelogue I - Twenty To Eight pièce majeure de sa compagnie. Anne Teresa de Keersmaeker, invitée de marque de La Bâtie, présentera FASE et Partita 2, ses première et dernière créations, à une semaine d’intervalle, ce qui permettra au festivalier de survoler le parcours de la chorégraphe Belge. D’autres temps forts sont les nouvelles créations de Gisèle Vienne, The Pyre, et de Jan Lauwers qui présente en première suisse Place du Marché 76. Alya Stürenburg nous confie un projet qui lui est cher : « Amir Reza Koohestani, que j’avais déjà fait venir en 2005 et qui avait présenté la pièce Dance on Glasses, réécrit entièrement, 10 ans après, le texte en tenant compte de l’évolution de la société iranienne de cette dernière décennie. Le texte de Timeloss est en cours d’écriture, il nous présentera donc ce projet en première mondiale, ce qui promet un très grand moment et je trouve important d’avoir des voix internationales dans le cadre de ce festival. » Romeo Cini é 27 f e s t i v a l s avec l’AMR : «Aux pulsations communes ou fragmentées, les liens se renforcent entre mots et notes, sons et déclamation, silence et écoute. » amadeus à meinier Retour à la Grange Encore de beaux concerts au mois de septembre à la Grange de la Touvière. Le Festival Amadeus continue jusqu’au 7 septembre. Claire Brawand, co-directrice artistique avec Eve-Anouk Jebejian, présente les concerts à venir. 28 C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’elle parle de la pianiste qu’il faudra venir découvrir le 4 septembre à 20h30 : Plamena Mangova. Claire Brawand a été éblouie par cette jeune Bulgare lorsqu’elle l’a entendue pour la première fois aux Nuits musicales du Suquet à Cannes en 2010. Elle n’a pas oublié le « choc » qu’elle a subi en découvrant sa façon tout à fait personnelle et sensible de phraser, de « raconter » la musique. Ce sont les douze préludes de l’opus 34 qu’elle jouera à la Grange, après des sonates de Scarlatti, où elle excelle, et avant la Sonate No3 op. 5 de Brahms. La pianiste s’associera le 5 septembre (16h30) à la jeune violoniste d’origine russe mais née en Allemagne Alissa Margulis - qu’Ivry Gitlis a qualifiée de « révélation » - et au violoncelliste russe Alexandre Buzlov, deuxième prix au Concours de Genève en 2008, partenaire apprécié des plus grands virtuoses actuels, dont Martha Argerich. Au programme : Janacek, Schumann (son troisième trio) et Dvorak. La veille, à 18h30 il aura interprété seul la Suite No 5 de Bach et son pendant moderne, la Suite No1 de Britten. Le 5 septembre à 18h30 trois compositeurs, Michaël Jarrell, Xavier Dayer et Isabel Mundry participeront à une table ronde animée par Philippe Albera, en compagnie de leur meilleur élève respectif. La création suisse sera au centre des débats. Inspiré par le Festival Cully Classique, qui promeut la collaboration étudiants/professeurs, le projet a été initié en septembre dernier et s’appuie sur une collaboration entre Suisses romands et Suisses alémaniques. Il consiste à passer commande à de jeunes compositeurs issus des HEM de Genève, Berne et Zurich, grâce au soutien de plusieurs fondations. Leurs œuvres seront exécutées (20h30), en alternance avec des pièces de leurs professeurs, par le Namascae (=Annemasse en latin !) Lemanic (pour Lausanne et Genève) Modern Ensemble, fondé par William Blank, percussionniste et excellent pédagogue, qui en assume la direction. Les solistes seront Hélène Walter, soprano, Julien Lapeyre, violon et Amandine Lecras, violoncelle. Le 6 septembre à 18h30 une carte blanche sera attribuée à Soraya Berent et Sébastien Ammann, musiciens suisse de jazz, qui présenteront leurs compositions, sur des poèmes et textes d’auteurs anglophones. La notice figurant dans le programme donne une idée de l’originalité de ce concert coproduit Philippe Cassard. Photo Vincent Catala a c t u a Le soir, le Yaron Herman Trio attirera les amateurs de jazz, d’improvisation, d’inattendu. Yaron Herman a eu un parcours étonnant : il se destinait à une grande carrière de basketteur, mais après un accident il changea de cap pour se lancer dans l’étude du piano à l’âge de… seize ans, adoptant une méthode originale fondée sur les mathématiques ! Compositeur, improvisateur hors pair, il ne renonce pas aux incursions dans la musique classique (on se souvient le sourire aux lèvres de sa collaboration avec David Greilsammer dans leurs « Mozart Improvisations » en décembre 2012 au Victoria Hall), la musique pop, ou israélienne traditionnelle. Dans une interview en 2009, il dit aborder ses concerts « avec un minimum de préparation », car « il aime les surprises ». Vous aussi, sûrement ! Le dernier jour du Festival (le 7) à 17h30, le Fanfareduloup Orchestra proposera une rencontre entre le jazz, l’improvisation et la musique contemporaine avec les 10 marches de Kagel et leurs 9 contretemps pour manquer la victoire, les contretemps étant la création collective des musiciens en réponse à la partie écrite par le compositeur argentin. Humour et ironie seront au rendez-vous. Le concert final à 20h30 réunira le Kammerorchester Basel, sous la direction d’Umberto Benedetti Michelangeli, Philippe Cassard et Cédric Pescia, à l’occasion de l’exécution des concertos pour deux pianos de Mozart (K365 en mi bémol majeur) et de Poulenc (en ré mineur), auxquels s’ajouteront la Pulchinella-Suite de Stravinsky et la Symphonie classique de Prokofiev. Sachez aussi qu’à 19h45, juste avant les concerts du 4 et du 7 septembre, deux musicologues s’entretiendront pendant 15 minutes avec les artistes, pas forcément à propos des œuvres qui seront entendues : divers sujets pourront être évoqués librement. Ces conversations ont été organisées pour cinq concerts en tout avec le concours de l’association de musicologues HorsPortée, basée à Genève. D'après des propos recueillis par Martine Duruz Plus d’infos sur : http://www.festival-amadeus.ch l i t é f e s t i v a l s amadeus à la grange de la touvière Kammerorchester Le Kammerorchester est l’invité du festival Amadeus pour la soirée de clôture, le 7 septembre. Les musiciens se produiront à la grange de la Touvière sous la direction de Umberto Benedetti Michelangeli, dans des œuvres de Stravinsky, Mozart, Prokofiev et Poulenc. Les solistes invités sont les pianistes Philippe Cassard et Cédric Pescia. Entretien avec Marcel Falk. Créé en 1984, avec des musiciens diplômés issus de différentes écoles de musique suisses, l’orchestre a acquis une réputation internationale. Quel est le secret de cette réussite ? C’est dû en grande partie au travail de Christoph Muller, qui a dirigé administrativement et artistiquement cet orchestre de 1997 à 2010 (n.d.l.r. Christoph Muller n’assure plus la direction de l’orchestre, restant toutefois une sorte d’éminence grise. Il a créé une agence chargée des tournées de l’orchestre et de certains artistes). Même si le chiffre d’affaires est passé de lence. Il a renoué avec la tradition de l’orchestre de chambre tel que l’avait initié Paul Sacher. Notre orchestre n’emploie pas des musiciens de façon permanente mais fonctionne sur la base de projet. Ce qui explique que certains musiciens sont free lance, d’autres enseignent et une minorité d’entre eux est engagée par d’autres orchestres. Mais peut-on dire que l’actuel Kammerorchesterbasel est dans la continuité du Basel Kammerorchester créé par Paul Sacher ? Kammerorchester Basel © Lukas Gysin 350'000.- FS dans la saison 1996/1997 à 6.5.Mio FS en 2009/2010, l’orchestre se finance à 80% par ses propres recettes et le sponsoring. La part des subventions n’étant que de 465’00.FS. Cela n’a pas empêché l’orches-tre de suivre une trajectoire ascendante. Pour y arriver, Christoph Muller tient le cap avec sa vision faite d’exigence et de professionnalisme. Il a d’abord donné à l’orchestre une assise régionale qui a ensuite pu être élargie, visant toujours l’excel- e n t r Cet orchestre n’est pas la prolongation directe de celui qu’a dirigé Paul Sacher pendant près de soixante ans. Mais il a repris beaucoup de ses idées et s’est inspiré de sa vision. Des affinités uniques existent et sont inévitables. Paul Sacher a été un pionnier de talent en passant commande d’œuvres aux grands compositeurs du XXe siècle. Il nous a montré la voie à suivre. Avec Christopher Hogwood, nous avons entrepris toute une série d’enregistrements consacrés aux e t i e compositeurs de la période néo-classique qui se trouvent dans les archives de la Fondation Paul Sacher. Mais nous avons aussi fait avancer la recherche sur les opéras et oratorios de Haendel d’après la nouvelle édition critique parue dans la Neue Hallische Händel Ausgabe et que nous avons enregistrés sous la direction de Paul Goodwin. Et nous allons faire la même chose avec Haydn. La liste des solistes qui ont collaboré avec l’orchestre, de Cécilia Bartoli, Angelika Kirschschlager à Matthias Goerne, Andreas Scholl en passant par Sabine Meyer, Renaud Capuçon ou Victoria Mullova, ressemble au bottin mondain des stars de la musique. Le choix des solistes prime-t-il sur la ligne programmatique ? Il y a une commission de programmes dans laquelle siègent le directeur artistique, le manager, mais aussi des délégués de l’orchestre. Toute une démarche qui doit aussi prendre en compte les perspectives. C’est un processus dans lequel peut intervenir le soliste ou le chef d’orchestre, avec lesquels nous avons souvent développé des contacts privilégiés. En accord avec Umberto Benedetti Michelangeli, qui connaît bien l’orchestre, qu’il dirigera le 7 septembre à Genève, nous avons choisi de placer ce concert sous le signe du néo-classicisme. En composant Pulcinella, Stravinsky se référait à Pergolèse, alors que Prokofiev dans sa Symphonie classique se réfère à Haydn. Une réaction aux symphonies de la fin du romantisme très pompeuses et grandiloquentes. Des constructions sonores monumentales remplacées par des pièces plus raffinées et non dénuées d’humour. En choisissant le Concerto pour deux pianos en ré mineur de Francis Poulenc et surtout dans le mouvement central intitulé « jeu poétique avec le portrait de Mozart » cela tombait sous le sens de compléter par le Concerto pour deux pianos K365 en mi bémol majeur de Mozart. Deux pianistes chevronnés, Philippe Cassard et Cédric Pescia, interpréteront ce double concerto. Propos recueillis par Régine Kopp Billetterie. : [email protected] ou tous les soirs dès 17h, tél. 022/750.20.20 ou chez Très Classic, 022/781.57.60 site : http://www.festival-amadeus.ch Samedi 7 septembre à 20h30 / Touvière : Kammerorchester Basel, dir. Umberto Benedetti Michelangeli. Philippe Cassard & Cédric Pescia, pianos n 29 f e s t i v a l s différentes institutions et notamment par la Fondation Juventus qui réunit de talentueux jeunes solistes internationaux. Lauréate du Concours International de Santander et du Concours International de Musique de chambre Vittorio Gui de Florence, elle remporte aussi le Prix Granados attribué par Alicia de Larrocha. En mars 2011, elle est nommée « Artist of the month » par le magazine musical Interlude de Hong-Kong avant son premier récital quelques mois plus tard au Théâtre des Champs Elysées. portrait Plamena Mangova La jeune pianiste bulgare Plamena Mangova sera au Festival Amadeus le 4 septembre prochain pour un concert au répertoire prometteur avec, au programme, des sonates de Scarlatti, la Sonate n° 3 op. 5 de Brahms et l’op. 34 de Chostakovitch qui lui a valu un un Diapason d'Or de l’Année en 2007. Discographie 30 Plamena Mangova © K Miura Appartenant à la génération montante du milieu musical classique, Plamena Mangova se produit de plus en plus régulièrement sur les grandes scènes internationales, accompagnée par des artistes dotés d’une solide réputation. Parcours C’est en Bulgarie à l'Académie de Musique d'Etat de Sofia auprès du professeur Marina Kapatsinskaja qu’elle commence ses études de piano puis obtient sa première consécration avec un Deuxième Prix au Concours Reine Elisabeth 2007. Elle poursuit ensuite sa formation à l'Ecole Supérieure de musique Reine Sofia de Madrid auprès d’un des plus grands maîtres actuels, Dmitri Bashkirov, puis avec Abdel-Rahman El Bacha à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Elle suit également des masterclasses durant lesquelles elle reçoit les conseils de grands musiciens tels Leon Fleisher, Rosalyn Tureck et Krystian Zimerman. Avec un sérieux bagage musical, elle se lance dans une carrière pianistique en débutant à Paris au Théâtre du Châtelet où elle triomphe avant de partir à la conquête des salles de concerts les plus prestigieuses. Elle joue a au Concertgebouw d’Amsterdam, au Mozarteum de Salzbourg, à la Philharmonie du Luxembourg, au Palais des Beaux-Arts, au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles et à l'Auditorium du Louvre ainsi qu’à Madrid, Barcelone et Moscou. Les grands festivals tels que Verbier, les Sommets Musicaux de Gstaad, le Festival de Radio France de Montpellier ou celui de la Roche d’Anthéron lui ouvrent également leurs portes, ce qui lui permet de se produire en soliste, accompagnée par des formations orchestrales de renom l'Orchestre National de Belgique, le Dresden Philharmonic, l'Orchestre Philharmo-nique du Luxembourg. En 2012, elle interprète le Concerto n° 1 en ré mineur de Johannes Brahms avec le Sinfonia Varsovia, sous la direction de Jacek Kaspszyk. Applaudie sur les scènes internationales aux côtés d’Emmanuel Krivine, Peter Csaba, Alexander Vedernikov, Dmitri Jurowski, Sir Colin Davis ou Jean-Bernard Pommier, son vaste répertoire allant du baroque à la musique contemporaine lui permet également de jouer comme chambriste avec Maria João Pires, Augustin Dumay, Christian Ivaldi et Pascal Moragues. Son art est encore récompensé par c t u a Plamena Mangova possède déjà une discographie intéressante comprenant, entre autres, des œuvres de Beethoven avec l’Appassionata, les Variations Wo0 73 et Six Bagatelles op. 126 ; enregistrement qui s’est vu récompensé (5 Diapason) et deux enregistrements avec l'Orchestre National de Belgique, dirigé par Walter Weller, avec au programme la Burlesque de Strauss et le Concerto n° 1 en ré mineur de Brahms ; un disque par ailleurs salué par le magazine anglo-saxon Gramophone. Mais son activité discographique embrasse également d’autres pièces du répertoire de chambre, avec notamment une intégrale des œuvres pour violon et piano de Prokofiev, aux côtés de la violoniste Tatiana Samouil. Un enregistrement qui a obtenu 4 Étoiles décernées par la revue Le Monde de la Musique. Enfin, elle a bien entendu gravé l’œuvre qui a lancé sa carrière en 2007, après sa récompense au Concours Reine Élisabeth : la Sonate pour piano n°2 et les 24 Préludes de l’op. 34 de Chostakovitch. Un autre flamboyant enregistrement de Chostakovitch en musique de chambre l’a réunie à Natalia Priscepenko, Sebastian Klinger et à la soprano Tatiana Melnichenko et lui a valu le Superfonic Prize du magazine Pizzicato au Luxembourg. Son dernier disque, paru aux éditions Fuga Libera, présente des œuvres de César Franck et Eugène Ysaÿe en duo avec le violoncelliste Alexander Knyazev. La jeune pianiste poursuit son parcours artistique avec des engagements qui la mèneront prochainement à la Kölner Philharmonie et au Théâtre de la Ville à Paris. Elle retrouvera également le chef Walter Weller et l'Orchestre National de Belgique pour quelques concerts et participera aussi aux Festivals de WallonieHainaut, Europalia, Al Bustan au Liban et à la série de concerts Fortis. Serene Regard mercredi 4 septembre. à 20h30 / Touvière : Plamena Mangova, piano (Scarlatti, Chostakovitch, Brahms) l i t é f e s t i v a l s wagner geneva festival Feu d’artifice wagnérien Initiée par Georges Schürch, président du Cercle romand Richard Wagner, et placée sous la conduite artistique de l’ancien directeur du Grand Théâtre Jean-Marie Blanchard, une impressionnante série de manifestations pluriculturelles saluera du 16 septembre au 5 novembre le visionnaire de la Gesamkunstwerk en cette année du bicentenaire de sa naissance. - Opéra Paris 1897 Les Maîtres, III,1 reconstitution historique (Théâtre du Loup, samedi 2 novembre, 17h, dimanche 3 novembre, 14h30 ) - Concert offert à tous. Œuvres de Wagner et Jacques Lenot dont sera donné en création mondiale D’autres murmures, pour trompette et grand orchestre, commande du Wagner Geneva Festival. Orchestre de Chambre de Genève, Sinfonietta de Lausanne, dir. Alexander Mayer, Raphaël Duchateau, trompette. Théâtre musical/Théâtre Musique, littérature, art dramatique, arts plastiques, danse ou encore cinéma sont associés dans cet ambitieux projet qui a obtenu le concours de nombre d’institutions culturelles genevoises. A l’origine, le projet était pourtant plutôt modeste, ainsi que le souligne Georges Schürch, puisqu’il se centrait sur la représentation de la première version, rarement montée, de Der fliegende Holländer, version que Wagner a composée à Paris en 1841. Le concours décisif de Jean-Marie Blanchard permettra au projet d’atteindre les vastes dimensions qu’on lui connaît aujourd’hui. L’amateur n’aura que l’embarras du choix devant la richesse du programme, la part belle revenant comme de juste à la musique. S’il est avant tout curieux de découvertes, il ne voudra pas manquer les représentations du Vaisseau fantôme, ni, s’il s’intéresse à la musique d’aujourd’hui qui n’est pas oubliée, loin s’en faut, le concert de l’OCG du 2 octobre avec la transcription pour voix d’alto et orchestre de chambre des Wesendonck Lieder écrite par Hans Werner Anne Schwanewilms © Johanna Peine a c t u Henze en 1976, ou, au gré des concerts, des œuvres de Sciarrino, Jacques Lenot ou Michael Jarrell. Ce dernier, bien connu ici, a écrit une musique sur un texte d’Olivier Py, Siegfried, nocturne. Suivant l’errance de Siegfried dans une Allemagne détruite par la Seconde guerre mondiale, l’œuvre est annoncée comme « une réflexion sur l’histoire, l’identité et la culture allemandes. » On laissera le lecteur faire son choix, non sans relever l’intérêt des rétrospectives de films organisées par le Cinéma Bio et la Cinémathèque, cette dernière présentant un Silent Wagner réalisé en Allemagne en 1913 et qui serait la première biographie d’artiste de l’histoire du cinéma… Musique - Récital d’Anne Schwanewilms, soprano, accompagnée par Manuel Lange, piano, dans les Wesendonck Lieder complétés par des Mélodies de Liszt (Conservatoire de Musique lundi 30 septembre, 20h.) - Concert Wagner et la Suisse avec l’Orchestre de Chambre de Genève, dir. Thomas Rösner et Kismara Pessatti, alto, dans des œuvres de Wagner, Schoek, Gluck, Richard Wagner /Hans Werner Henze (BFM mercredi 2 octobre, 20h.) - Récital de Giovanni Bellucci, piano, dans des transcriptions et paraphrases de Liszt tirées des ouvrages de Wagner, complétées de la Sonate en Si mineur du même Liszt (Conservatoire de Musique de Genève, mercredi 9 octobre, 20h.) - Opéra Der fliegende Holländer (Le Vaisseau fantôme) de Richard Wagner, version de Paris (1841) avec Dimitry Ivashchenko, Ingela Brimberg, José Ferrero, Kismara Pessatti, Maximilian Schmitt, Alfred Walker. Mise en scène d’Alexander Schulin. Orchestre du Wagner Geneva Festival, dir. Kirill Karabits. Chœur du Grand Théâtre de Genève dir. Ching-Lien Wu. - Concert de l’Ensemble intercontemporain, dir. Matthias Pintscher, œuvres de Schœnberg, Wagner, Sciarrino (BFM, vendredi 1er nov., 20h.) a l i t - Siegfried, nocturne (création mondiale) monodrame pour voix d’homme et ensemble instrumental, musique de Michael Jarrell, texte d’Olivier Py, m.e.s. d’Hervé Loichemol, avec Bo Skovhus. Ensemble Multilatérale, dir. Stefan Asbury. (Comédie de Genève dimanche 13 octobre, 17h ; mardi 15 octobre, 20h ; jeudi 17 octobre, 19h ; vendredi 18 octobre, 20h.) - Une visite à Beethoven monodrame pour acteur et quatuor à cordes, texte d’Étienne Barilier, musique de Ludwig van Beethoven et Richard Wagner, m.e.s. d’Alain Perroux, décors et costumes de Claire Peverelli, avec Alain Trétout et le Quatuor Terpsycordes. (Les Salons lundi 14 octobre, 20h ; mercredi 16 octobre, 20h ; jeudi 31 octobre, 20h.) - Théâtre La Dame de la mer d’Henrik Ibsen, m.e.s. d’Omar Porras (Théâtre de Carouge, 18 octobre – 7 novembre, mardi, mercredi, jeudi, samedi, 19h; vendredi, 20h; dimanche, 17h.) Cinéma - Rétrospective filmique L’influence de Wagner dans la danse moderne et contemporaine (Cinéma Bio, Carouge, programme complet disponible sur www.cinema-bio.ch à partir du 26 septembre.) - Projection avec musique live de Silent Wagner (Richard Wagner, 1913), réalisateurs Carl Froelich et William Wauer, arrangements musicaux Armin Brunner, avec le Sinfonia Ensemble, dir. Christof Escher (Cinémathèque suisse Cinéma Capitole, Lausanne jeudi 31 octobre, 20h.). Outre la projection de Silent Wagner, la Cinémathèque suisse organise une rétrospective autour de Wagner et le cinéma (programme sur www.cinematheque.ch). Le programme est complété par des lectures et conférences, ainsi que par plusieurs expositions. Les informations détaillées sont disponibles sur le site du festival. Christian Bernard Renseignements www.wagner-geneva-festival.ch é 31 f e s t i v a l s avignon 2013 Applaudissements La 67e édition du Festival était aussi l’ultime geste théâtral pour Hortense Archambault et Vincent Baudriller, qui auront œuvré pendant 10 ans dans la Cité des Papes et avaient choisi de tirer leur révérence en invitant pour un soir (ou deux) des artistes qui les ont accompagnés depuis 2004 et ont spécialement marqué Avignon. Cadeau d’adieux réussi qui a comblé les happy few ! 32 Il faut le redire ici, quelles que soient les réserves salutaires que l’on peut émettre quant à certains partis pris artistiques et à quelques choix discutables dans l’adéquation entre lieux choisis et œuvres représentées, Vincent Baudriller et Hortense Archambault méritent amplement les applaudissements qui leur ont été adressé lors d’un hommage rendu à leur travail par le public et les professionnels. Olivier Py a charge de pérenniser ce rendez-vous culturel devenu le plus grand et le plus novateur des festivals de théâtre contemporain sur notre continent. Ses deux prédécesseurs sont parvenus à nous offrir ce que le théâtre actuel propose de plus radical et de plus exigeant (parfois de façon exacerbée), mais sans jamais se départir de l’adhésion du public ! Ils ont ainsi souvent satisfait à la volonté d’un Vitez de donner à voir des spectacles élitistes pour le plus grand nombre, ce qui revient à convoquer l’ombre portée bénéfique de Vilar et la vibration vivante de son théâtre populaire. des deux directeurs sortants et ont régalé un public de privilégiés, très ému de les voir là tous réunis… Points forts Le premier spectacle à marquer d’une pierre blanche fut celui du metteur en scène flamand Guy Cassiers qui proposait sa vision d’Orlando, comme une lecture fulgurante de la traversée du temps imaginée par Virginia Woolf et interprétée magistralement par l’actrice Katelijne Damen, seule en scène, au beau milieu du dispositif techniquement génial imaginé par Cassiers. La comédienne évolue dans les méandres et à travers la géographie de la mémoire du protagoniste, comme dans un décor qui se plie et se déplie et se replie, à travers les siècles et comme si Alice à la poursuite du temps retrouvé jouait à la marelle dans les paroles de Proust, que Cassiers tenta heureusement d’adapter, voilà quelques années. Bref, une merveille de concentré théâtral et littéraire. C’est la chorégraphe berlinoise Sasha Waltz qui lui emboîtait le pas le soir suivant avec un projet interdisciplinaire enthousiasmant qui s’inscrit dans une série de dialogues instantanés et très créatifs. Dialoge 20-13 montre comment Sasha Waltz accompagnée de ses danseurs part à la rencontre de l’artiste peintre français Guillaume Bruère (Giom) et du joueur de basson turc Burak Ozdémir, tous deux en effervescence immédiate sur scène. Les danseurs sont des pinceaux qui vibrent aux notes jazzy d’un basson. Une œuvre se dessine peu à peu sur la toile de fond de scène, comme un hymne à la liberté d’expression. Alain Platel investissait le lendemain le même espace, afin de permettre au public de voir ou de revoir son jubilatoire Out of Context (For Pina), chorégraphie originelle, en hommage à Pina Baush, en quête d’un langage physique de l’arbitraire, de la spontanéité, voire de l’insconscient. Les Ballets C de la B en transe, une émotion du rythme et des corps à nulle autre pareille. Dans le même temps, les deux artistes associés du Festival attendaient les spectateurs aux prises avec ces deux espaces indispensables et impossibles que sont la Cour d’Honneur du Palais des Papes et la Carrière de Boulbon. Stanislas Nordey et Dieudonné Niangouna ont ainsi défié les deux grandes scènes avignonnaises et les éléments naturels qui en imposent aux metteurs en scène. Pour le dire sans ambages, l’immense attente que suscite de tels rendez-vous n’a pas véritablement comblé le public. Stanislas Nordey montait l’incroyable texte et pièce puissante de Peter Handke, Par les villages ; l’enga- Plébiscite En outre, et la venue des artistes africains invités cette année l’a bien fait comprendre, ils ont donné un élan nouveau à la dimension internationale du Festival. Cela s’est traduit par un taux de fréquentation estimé à 95% pour 128 000 billets vendus, chiffres conséquents s’il en est. Ce plébiscite indiscutable des publics d’Avignon est la juste récompense des efforts et des choix consentis par une direction à deux têtes que les artistes eux-mêmes ont toujours approuvés ; une ultime fois encore, ils ne s’y étaient pas trompés et ont presque tous répondus présents pour fêter cette dernière édition, en offrant un luxueux florilège de leur talent et souvent pour un soir seulement, sur la scène de l’OpéraThéâtre. Excusez du peu : Cassiers, Castellucci, Ostermeier, Jan Fabre, Alain Platel, Sasha Waltz, Peter Brook, Pipo Delbono, Charmatz, Régy, Marthaler, Nadj, Chéreau et bien d’autres encore ont témoigné ainsi leur adhésion à la politique a «Orlando» de Guy Cassiers © Frieke Janssens c t u a l i t é f e s t i v a l s gement du comédien est toujours total, chez lui et ses partenaires, mais la puissance du propos de Handke a du mal à jaillir jusque vers le public. En effet, les longs monologues qui se succèdent dans la bouche du fidèle compagnon et redoutable comédien Laurent Sauvage, des deux remarquables interprètes Véronique Nordey et Annie Mercier, portées par l’impulsion fondamentale de Stanislas Nordey, qui joue Hans, tirent leur épingle du jeu et nous livrent des moments où la parole monte hors de la Cour vers le ciel, comme si le dramaturge autrichien faisait désormais partie des classiques contemporains. Or, ce qui déprécie les qualités dramatiques de cette pièce est manifestement la pauvreté des décors - consistant en une dizaine de baraques bleues d’où vont et viennent les ouvriers, et, en seconde partie, un imprimé végétal sur toile blanche - qui ne parviennent pas à donner des repères suffisants aux comédiens et aux mots de Peter Handke. Cette immersion dans l’univers profond de Handke est transmise de manière inégale jusqu’à nous, à l’image d’Emmanuelle Béart, très juste et très sobre dans son jeu, alors que Jeanne Balibar peine à transmettre la perplexité du propos et tombe dans un jeu en voix de tête inapproprié. On avait connu Nordey plus mordant et plus inspiré avec par exemple l’excellent Clôture de l’amour de Rambert. Pour Dieudonné Niangouna, la Carrière de Boulbon est comme un immense terrain de jeu, qu’il habite et habille de façon jubilatoire, d’une esthétique rappelant Mad Max et les machines de Tinguely. Les comédiens de Shéda surgissent, déboulent, tombent, hurlent, plongent, s’approprient tous les niveaux de la carrière, pour le plus grand plaisir du spectateur, qui peine tout de même à trouver ses repères dans cette pièce foutraque et inégale, souvent très poétique, mais également par trop désincarnée, et qui finit par se disperser dans la nuit rhodanienne, Surprises Plus modestement en apparence, la belle idée de Nicolas Truong, fut de créer un exercice de style séduisant et enthousiasmant avec le Projet Luciole qui fait le pari intelligent d’un état des lieux de la pensée critique contemporaine à travers les corps swinguant et charmants de Judith Henry et Nicolas Bouchaud. Ces deux comédiens sensationnels dansent la philosophie, jouent de la légèreté en profondeur, s’en remettant avec bonheur aux mots de Deleuze, Pasolini, Didi-Huberman, Lacan, Baudrillard, Debord ou Jankélévitch, afin de faire renaître la luminescence des lucioles perdues, contre l’obscurité du monde et avec une salutaire dérision. Un courant a c t u «Lagos Business Angels» de Rimini Protokoll - © MuTphoto/Barbara Braun d’air frais et complice de présences réelles qui nous aident à vivre. Avec un humour rafraîchissant aussi la chaleur des pierres de la Cité des Papes, le Rimini Protokoll du Suisse Stefan Kaegi nous avait concocté un parcours interactif à travers la ville, imaginé comme un exercice virtuel qui en dit sans doute plus qu’il n’en à l’air. Un véritable parcours d’acteurs pour cinquante spectateurs préinscrits, auxquels il est donné rendez-vous dans un cimetière hors-les-murs, et qui vont ainsi en « horde » ou en petit groupe arpenter les rues d’Avignon, un parking souterrain, un super marché, des amphithéâtres universitaires, des places, des impasses, une église, un théâtre, avec sur les oreilles des bandes son correspondantes ou décalées. En somme une parenthèse artificielle qui dessine en négatif notre réel et nous interroge sur nos comportements, conditionnés ou libérés, pour redevenir le héros de sa propre vie. Signalons enfin deux artistes plébiscités par le public et qui, lors de cette édition, ne sont pas toujours parvenus à véritablement surprendre au sein de spectacles manifestement en colère et en révolte contre le monde et sa violence à peine dissimulée. Je veux parler de la performeuse espagnole Angelica Lidell, qui, avec la rage au ventre qui la caractérise présentait deux spectacles, Ping Pang Qiu et Todo el cielo sobre la terra (El sindrome de Wendy). Le premier conçu comme une pièce quasi documentaire, pour dire son amour impossible voué à la Chine, à la beauté de cette culture qui s’annihile rongée par l’envers de son décor. Entropique et festive, elle séduit plus instantanément que le second opus a l i t criard et prétentieux, capable du meilleur comme du pire, de susciter une véritable émotion comme une indifférence coupable en s’enlisant dans le pompier et la facilité. On ne peut toujours être porté par les fulgurances de la pièce choc que fut La casa della fuerza en 2010 ! De même, le théâtre dansé, chanté et faussment improvisé de Jan Lauwers est une fois encore fâché de la violente absurdité de notre monde quotidien, mais il traite l’horreur avec une distance et un humour nécessaires qui ne peut que nous réjouir, et soulage un peu notre conscience de majorité silencieuse, de citoyen passif. Place du Marché 76, c’est sexe, mort et trahison, une tragédie qui tient aussi de la comédie musicale et de la farce, une boîte de Pandore où se livrent bataille tous les travers de l’humanité, loin d’elle-même. Et pourtant le public rit et applaudit aux facéties d’une troupe de saltimbanques menées par maître Lauwers en personne qui commente, rectifie, s’adresse aux spectateurs, semble réécrire indéfiniment sa pièce et ajouter des indications scéniques, encore et encore… En réalité, cette mise en scène est hyper réglée, elle est l’expression de l’art de Lauwers à la fois léger et spontané dans son paradoxe. Le maestro est heureux d’être sur scène, sa troupe également et le public suit ces comédiens de la Needcompany, pétris de qualités et qui savent tout faire ! Notons aussi une sélection musicale remarquable, comme l’est son interprétation et les choix esthétiques stupéfiant de Lauwers. A ne pas manquer lors du Festival de la Bâtie ce mois de septembre. Jérôme Zanetta é 33 f e s t i v a l s ambronay Fin d’un règne Alain Brunet quitte ses fonctions à la tête du Festival d’Ambronay, qu’il dirigeait et avait fondé (en 1980). L’information était, depuis un certain temps, connue. L’était moins, le nom de son successeur. La nouvelle est tombée fin juillet : c’est Daniel Bizeray qui a été élu, à l’unanimité, et prendra possession de ses nouvelles attributions en novembre. 34 Daniel Bizeray était depuis 2012 directeur du Programme voix de la Fondation Royaumont, après avoir dirigé successivement les Opéras de Rennes, Rouen et Saint-Étienne. Et il nous souvient d’un forum, organisé par l’auteur de ces lignes avec Bizeray comme modérateur, à Ambronay précisément, en 1999. Déjà !… Avec pour thème : “ Quelle Europe pour les musiques anciennes ? ” Tout un programme ! qui réunissait les meilleurs responsables internationaux en ce domaine, dans une atmosphère passionnée et détendue… Comme les prémices de l’avenir du Festival, dans la couleur qui lui est propre, ouverte sur le monde. rieuse du Festival et de son Académie : William Christie, Hervé Niquet, Christophe Rousset, Paul McCreesh, Jordi Savall, René Jacobs, ou Stéphanie d’Oustrac et Philippe Jaroussky… mais aussi les petits nouveaux et nouvelles révélations de la maison, et au premier chef, Leonardo García Alarcón, le chef en résidence et génie émergeant de la direction baroque. Rapide tour d’horizon des points forts, entre le 13 septembre et le 6 octobre, dans ce lieu de tous les rêves à mi-chemin entre Lyon et Genève. L’ouverture du Festival se fera avec les Vêpres de Monteverdi, par la Capella Mediterranea et le Chœur de chambre de Namur, dirigés comme il se doit par leur chef titulaire et chef en résidence, García Alarcón. Il faudra ensuite faire une place pour les Mille et une Nuits, spectacle concocté par Louise Moaty, comédienne et chantre de la mise en scène baroque. Un conte en musique (Marais, Rameau, Couperin, Lully…) qui illustre l’Orient vu par le baroque européen. Le deuxième week-end fera événement, avec la récréation de la version inédite de 1770 de Tito Manlio, opéra oublié de Vivaldi, par le Concerto de’ Cavalieri et Marcello Di Lisa. Un hommage à Carlos Gardel suivra, intitulé Chante Tanguero !, dans un parfum de tango tel qu’il se respirait dans les années 30 à Buenos Aires. Mais il aura aussi, dans une note moins pittoresque, les Noces de Figaro, à l’Opéra de Lyon avec l’Orchestre baroque de Fribourg et René Jacobs à la tête du meilleur plateau vocal international. La troisième fin de semaine aura pour centre la Nuit du rêve, avec la création du Ballet royal de la nuit (1653) sur une musique de Jean de Cambefort, sous l’égide de l’Ensemble Correspondances et de son chef Sébastien Daucé. Car c’est à Alain Brunet, inlassable et imaginatif animateur, que l’institution doit tout : le Festival lui-même, qui se tient chaque année au début de l’automne, mais aussi ses émanations : le Centre culturel de rencontres ouvert toute l’année et en tous temps, l’Académie baroque européenne dont sont sortis de multiples talents qui aujourd’hui brûlent toutes les planches, le Réseau européen de musique ancienne dont le siège est à Ambronay, ou l’Abbaye romane du lieu, admirablement restaurée dans ses nouvelles et permanentes fonctions culturelles. La dernière fin de semaine verra le retour d’Alarcón pour un Orfeo de Monteverdi mis en scène par Laurent Brethome, avec les solistes, le chœur et l’orchestre de l’Académie d’Ambronay, au Théâtre de Bourg-en-Bresse. Mais il faudra faire une place “ ArFolia Libra ”, à partir de musiques de la Renaissance sur le thème des Folies d’Espagne, par le Quatuor Arfi et l’Ensemble Aperto Libro. Ou à la petite folie débridée “ Atelier accordéon ”, ou au Tito Robin Trio, mêlant guitare, oud, bouzouq (instruments orientaux, comme on l’imagine) et percussions. Cette trente-quatrième édition du Festival est entièrement redevable à Brunet (Bizeray ne signera que celle de l’année prochaine, assurément en collaboration avec son prédécesseur). C’est ainsi que l’on retrouve les noms illustres qui ont fait cortège à l’Histoire glo- Pierre-René Serna Enrico Onofrio a c t u a l i t é f e s t i v a l s CALENDRIER DES CONCERTS ET MANIFESTATIONS WEEK-END 1 : ven. 13 sept. 20h00 Chapiteau, Les Mille et une Nuits, La Rêveuse, Louise Moaty / ven. 13 sept. 20h30 Abbatiale, Vêpres de Monteverdi, Leonardo García Alarcón / sam. 14 sept. 17h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, Incastri / sam. 14 sept. 20h00 Chapiteau, Les Mille et une Nuits, La Rêveuse, Louise Moaty / sam. 14 sept. 20h30 Abbatiale, Vêpres de Monteverdi, Leonardo García Alarcón / dim. 15 sept. 11h00 Salle Monteverdi, Ainsi la nuit, Quatuor Terpsycordes / dim. 15 sept. 15h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, Epsilon / dim. 15 sept. 17h00 Abbatiale, Bach Paradisio, Ensemble Zefiro / mer. 18 sept. 20h30 Monastère de Brou, Invitation au voyage, Stéphanie d’Oustrac. Radio Antiqua Ensemble © Sébastien Smeur WEEK-END 2 : jeu. 19 sept. 20h30 Abbatiale, Farinelli, Philippe Jaroussky / ven. 20 sept. 20h30 Abbatiale, Tito Manlio, Concerto de’ Cavalieri / sam. 21 sept. 17h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, L’Aura Rilucente / sam. 21 sept. 20h00 Abbatiale, Les Arts Florissants, William Christie / sam. 21 Louise Moaty, photo Nathaniel Baruch sept. 21h00 Chapiteau, Chante tanguero !, D. Flores et W. Sabatier / dim. 22 sept. 11h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, La Volute / dim. 22 sept. 15h00 Chapiteau, Hayim, Canticum Novum / dim. 22 sept. 16h00 Opéra de Lyon, Les Noces de Figaro, René Jacobs. WEEK-END 3 : mer. 25 sept. 9h30 Chapelle de Jujurieux, L’Orient rêvé, Les Esprits Animaux / jeu. 26 sept. 20h30 Église de Pérouges, Motets de Charpentier, Correspondances / ven. 27 sept. 20h30 Abbatiale, Odes de a c t u a l Purcell, Le Concert Spirituel / sam. 28 sept. 17h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, Radio Antiqua / sam. 28 sept. 20h30 Abbatiale, Nuit du Rêve, Concert royal de la nuit / sam. 28 sept. 21h00 Chapiteau, Et les rêves prendront leur revanche, Angélique Ionatos / sam. 28 sept. 22h30 Abbatiale, Nuit du rêve, Belle comme la lune / dim. 29 sept. 11h30 Salle Monteverdi, Le trille du diable, Enrico Onofri / dim. 29 sept. 15h00 Chapiteau, La Belle et la Bête, Cie de l’Aune / dim. 29 sept. 17h00 Abbatiale, Acis et Galatée, Paul McCreesh. WEEK-END 4 : mer. 2 oct. 20h30 Prieuré de Blyes, Nuits occitanes, Ensemble Céladon / jeu. 3 oct. 20h30 Théâtre de Bourg-en-Bresse, Orfeo, Académie d’Ambronay / ven. 4 oct. 20h30 Théâtre de Bourg-en-Bresse, Orfeo, Académie d’Ambronay / ven. 4 oct. 21h00 Chapiteau, Impros Renaissance, ArFolia Libra / sam. 5 oct. 17h00 Salle Monteverdi, Jeunes Ensembles, Capella Sanctae Crucis / sam. 5 oct. 20h30 Abbatiale, Mater dolorosa, Les Talens Lyriques & C. Rousset / sam. 5 oct. 21h00 Chapiteau, Titi Robin trio / sam. 5 oct. 23h00 Abbatiale, La Rêveuse, Jordi Savall / dim. 6 oct. 11h00 Abbatiale, Le clavecin français, Christophe Rousset / dim. 6 oct. 14h30 Tour Dauphine, Songes sacrés, Ensemble Les Surprises / dim. 6 oct. 15h00 Chapiteau, La Cour d’Éole, Cie La Corde à vent / dim. 6 oct. 17h00 Abbatiale, Le Concert des Nations, Jordi Savall. RÉSERVATIONS - Sur place au bureau de location, de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h00. Centre culturel de rencontre d’Ambronay Place de l’Abbaye, 01500 Ambronay - Sur Internet : www.ambronay.org et www.concertclassic.com - Par téléphone au 04 74 38 74 04 de 10h00 à 12h30 et de 14h30 à 18h00. i t é 35 f e s t i v a l s ambronay éditions Dernières nouveautés Piazzola - Monteverdi Una utopia argentina Cappella mediterranea, dir. Leonardo Garcia Alarcon Ambronay éditions, AMY034 / 71'50 36 Voici un disque qui fait la part belle au cross over comme on dit si joliment en français courant ! A l'origine, il s'agit d'un spectacle au cours duquel les musiciens, tous excellents, réunis par Leonardo Garcia Alarcon se sont amusés à tisser des liens entre les madrigaux de Monteverdi et les tangos d'Astor Piazzolla. La démarche n'a rien de gratuit, comme un peu trop souvent dans ce genre d'entreprise, elle est abondamment justifiée par ses instigateurs, Leonardo Garcia Alarcon, bien évidemment, qui tient tous les claviers, William Sabatier, au bandonéon, et Quito Gato qui passe du luth aux guitares baroque et électrique. Pour Alarcon, le tango et le madrigal reposent tous deux sur des émotions, des affetti, qui dictent la forme musicale ; ainsi deux compositeurs peuvent se rencontrer à travers les siècles et confier à leurs interprètes cette même part de liberté inspirée par l'émotion. donéon chez Monteverdi ou le cornet à bouquin chez Piazzolla) ou à celui des accompagnements, tout d'un coup légèrement décalés. Une belle réussite en tout cas que ce disque qui permet à ses interprètes de se montrer également compositeurs, comme c'était le cas à l'époque baroque et l'est encore dans l'univers du tango. Wolfgang-Amadeus Mozart Requiem & Concerto pour clarinette Benjamin Dieltjens, clarinette Chœur de chambre de Namur et New Century Baroque, dir. Leonardo Garcia Alarcon Ambronay éditions, AMY038 / 65'40 Leonardo Garcia Alarcon propose ici une version opératique de ces deux « tubes » mozartiens que sont le concerto pour clarinette et le fameux Requiem. Dans le concerto, le chef et son soliste se sont inspirés des personnages de Da Ponte pour nourrir leur interprétation, qui est, certes, extrêmement vivante, mais peut-être légèrement surjouée (certains staccatos en particulier sont un peu surprenants). Le tout reste toutefois très virtuose et expressif. Dans le Requiem, on retrouve la même esthétique déclamatoire. Les voix de l’excellent chœur de chambre de Namur ne semblent pas tant chercher une homogénéité de type liturgique que l’émotion que dégagent plusieurs solistes réunis. L’accompagnement instrumental est également ciselé : les Chœur de Chambre de Namur © Jacques Verrees accents sont soulignés, les timbales et surtout Gato et Sabatier ont assuré les arrange- les cuivres sont mis à l’honneur, tirant ce ments, qui opèrent des rapprochements subtils Requiem vers des sommets d’intensité dramaentre les deux mondes, que ce soit au niveau des tique. Ici aussi, une petite réserve quant à certaiinstruments qui s'immiscent discrètement chez le nes options : la fugue du Kyrie, un peu rapide à compositeur étranger (on retrouve ainsi le ban- mon goût pour un texte de supplication, se finit a c t u a sur un tel climax que le choc du Dies Irae est un peu atténué. Cette version réserve également quelques surprises au niveau du texte : un Amen, composé par R. Maunder sur des sujets autographes de la main de Mozart, suit le Lacrimosa, alors que le Sanctus, le Benedictus et l’Agnus Dei ne figurent pas sur cet enregistrement. Les questions liées au texte du Requiem sont nombreuses, on le sait, et Alarcon explique ses choix en revendiquant la liberté de se « saisir d’une partition iconique sans en être paralysé ». Nul doute que cette version est loin d’être figée dans un passéisme interprétatif ! François Couperin Les Nations Les Ombres, Margaux Blanchard, Sylvain Sartre Ambronay éditions, double CD, AMY035 / 105'56 Ensemble constitué en 2006, Les Ombres s’efforcent de lier recherche musicologique et interprétation « historiquement informée », leur version des « Nations » du maître français en est un bon exemple. Ces quatre « ordres », composés à chaque fois d’une « sonade » suivie d’une suite de danses à la française, sont censés répertorier les différents « goûts » de l’Europe baroque. Témoignage de ce dialogue européen, la version pour orgue de Bach d’un des mouvements de la » sonade » du troisième ordre (L’Impériale, selon le goût allemand) qui est ici interprétée par Benjamin Alard. Cet enregistrement est une réussite à tout point de vue : la qualité de l’interprétation repose évidemment sur le jeu très fin et soigné des différents musiciens de l’ensemble, mais aussi sur les choix d’instrumentation qui sont cruciaux. Le recours aux instruments d’époque permet d’accoupler des « dessus » qui se mêlent harmonieusement et créent des couleurs tout à fait particulières, comme le hautbois et le traverso, par exemple ; avec une instrumentation moderne, ces unissons risqueraient d’être plus agressifs. Certains mouvements sont aussi joués par un effectif plus fourni, ce qui fait ressortir l’aspect pré-symphonique de ces suites, alors que d’autres se limitent à un dialogue de cordes. Le résultat est une impression de grande variété et la richesse d’une palette sonore des plus agréables à l’oreille de l’auditeur. Catherine Fuchs l i t é AU GRAND THÉÂTRE C R É AT I O N M O N D I A L E LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ CHORÉGRAPHIE MICHEL KELEMENIS MUSIQUES DE AU VICTORIA HALL VERSION CONCERT O P É R A E N 4 A C T E S E T 9 TA B L E A U X SIGURD ERNEST REYER DIRECTION MUSICALE FRÉDÉRIC CHASLIN SIGURD ANDREA CARÉ BRUNEHILDE ANNA CA AT TERINA ANTONACCI FELIX MENDELSSOHN SCÉNOGRAPHIE, COSTUMES & LUMIÈRES NICOLAS MUSIN B A S E L S I N F O N I E T TA DIRECTION MUSICALE ROBERT REIMER CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE DIRECTION CHING-LIEN WU BALLET DU GRAND THÉÂTRE PHILIPPE COHEN ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 04>09.10.2013 06>10.10.2013 DIRECTION SAISON1314 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 SAISON1314 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 f e s t i v a l s aix-en-provence Diversité Des grands titres du répertoire à l’affiche 2013, dans des mises en scène souvent passionnantes, mais aussi une création mondiale et la remise sur le métier d’un opéra de Cavalli, en sommeil depuis 350 ans. 38 George Gagnidze et Irina Lungu © Patrick Berger / Artcomart Le Duc cul nu ! En ouverture du festival, c’est au cirque que le metteur en scène Robert Carsen nous convie, où il a conçu la nouvelle production de Rigoletto. Cette proposition fonctionne de manière cohérente, avec ses moments de déprime qui succèdent à quelques accès de violence : pendant l’ouverture, le clown Rigoletto trimballe une poupée gonflable, et plus tard il se démaquille et se change – tel Canio dans I Pagliacci – avant de regagner sa maison, une petite roulotte au papier-peint jaune. Chez le Duc, des danseuses topless jouent les tigresses, puis le maître des lieux ôte ses vêtements pendant son air « Ella mi fu rapita », et termine les fesses à l’air (quelques spectatrices applaudissent !), mais malheureusement sans essayer le contre-ut à la fin de la cabaletta. Plus poétique, le « Caro nome » de Gilda assise sur une balançoire à 5 ou 6 mètres de hauteur, chanté sur fond de chapiteau transformé en ciel étoilé, est un moment assez magique. La distribution vocale est globalement séduisante, mais pas forcément inoubliable, à commencer par George Gagnidze dans le rôle-titre, qui possède la couleur du baryton Verdi, mais manque de projection, en particulier dans l’aigu qui se resserre. Le ténor Arturo Chacon Cruz (il Duca) fait entendre un timbre clair, élégant, suffisamment puissant pour la cour de l’Archevêché, tandis que la soprano Irina Lungu (Gilda) est avant tout émouvante et musicale, sans disposer d’une grande marge technique par rapport aux difficultés de la partition. La basse aux accents slaves Gábor Bretz (Sparafucile) et la Maddalena aguichante de José Maria Lo Monaco complètent les rôles principaux, tandis que les choristes de l’Estonian Philharmonic Chamber Choir se montrent très vigoureux, avec une modeste italianità par moments. Au pupitre, Gianandrea Noseda, directeur musical du Teatro Regio de Turin, imprime au London Symphony Orchestra des tempi très variables : pour exemple, le duo plutôt lent de la « vendetta » qui clôt le second acte succède à un « Cortigiani, vil razza dannata » rebondissant et proprement volcanique. a c t Kristine Opolais, Joelle Harvey et Rod Gilfry © Patrick Berger / Artcomart Don Giovanni Le spectacle signé de Dmitri Tcherniakov n’avait pas fait l’unanimité en 2010 lors de sa création ; c’est encore moins le cas cette année pour sa reprise. La production est à nouveau un prodigieux numéro de théâtre, qui se laisse d’ailleurs regarder plusieurs fois sans ennui, mais l’histoire qu’on nous raconte n’a toujours que peu de rapports avec le Don Giovanni de Mozart, en particulier les liens de filiation entre Anna, Elvira, Zerlina. Plus grave, quelques choix du metteur en scène parviennent à mettre le chant en péril : à force de jouer le zombie souffreteux en manteau beige (en laine), Don Giovanni se met à dérailler sérieusement dans le « La ci darem ». La distribution vocale emmenée par Marc Minkowski semblait meilleure sur le papier que celle de 2010 (Louis Langrée était placé au pupitre), et c’est bien l’exact contraire qu’il faut constater, les trop nombreux décalages entre le London Symphony Orchestra en fosse et le plateau trahissant un manque de cohésion criant. On retrouve trois protagonistes de l’édition 2010 – Anatoli Kotscherga (Commendatore), l’excellent Kyle Ketelsen (Leporello) et Kristine Opolais (Elvira), qui remplace Sonya Yoncheva annoncée – aux côtés de l’éruptive Maria Bengtsson (Anna, pas très à l’aise sur les passages vocalisés), du rustre Masetto de Kostas Smoriginas, et de la lumineuse Joelle Harvey (Zerlina). Le ténor Paul Groves (Ottavio) n’est plus quant à lui que l’ombre de lui-même, avec beaucoup de sons très laids et une justesse parfois aléatoire, à tel point qu’on lui supprime son air « Il mio tesoro » au 2e acte. «The House taken over» © Patrick Berger / Artcomart « Ils » cassent la baraque ! En création mondiale, sur commande du Festival, The House taken over du compositeur portugais Vasco Mendonça est représentée dans le cadre enchanteur de la bastide du Grand Saint-Jean. Ce court opéra d’une heure, tiré de la nouvelle Casa Tomada de Julio Cortàzar, met en scène un couple frère – sœur, passablement vieux garçon et vieille fille tant leur vie à l’intérieur de leur maison cossue semble tristounette et exempte de toute fan- u a l i t é f e s t i v a l s taisie : repas à heures et minutes fixes, vérification quotidienne du bon fonctionnement des pendules, dépoussiérage en gants blancs des livres et meubles qui tient du cérémonial… Et pourtant, les esprits rôdent, « ils » attaquent : des livres tombent de la bibliothèque puis des objets du buffet, des trous au plafond laissent passer une fine poussière... Rosa et son frère sont contraints d’abandonner la salle de séjour / bibliothèque, se retranchent plus tard dans l’étroit vestibule, puis quittent au final la maison, en route vers une nouvelle vie où ils « trouveront du travail et se feront des amis ». La production de Katie Mitchell – réalisatrice la saison passée de Written on skin – maintient le mystère de ce huis-clos oppressant mais non dénué d’un humour bienvenu, dans le beau décor d’Alex Eales où les deux parties de la maison sont habilement cloisonnées par un dispositif de portes qui claquent. Le jeu théâtral semble ce soir dominer la partie musicale, celle-ci commentant agréablement l’action. Belles performances visuelle et vocale des deux solistes, Kitty Whately (Sister) et Olivier Dunn (Brother), ce dernier ne paraissant curieusement pas très à l’aise dans le registre le plus grave de la partition. «Elektra» – scène finale © Patrick Berger / Artcomart brûle les planches dans l’emploi très drôle d’Iro. Tous les chanteurs seraient à citer (6 des 13 chanteurs ont déjà participé à l’Académie européenne de musique), mais on peut retenir encore le contre-ténor bien projeté Rodrigo Ferreira (Peritoo) et la très prometteuse mezzo Anna Reinhold (Menesto, La Pace). Le maître d’œuvre principal du projet reste le chef d’orchestre Leonardo García Alarcón qui a reconstitué une nouvelle édition de la partition chant, et dirige – tout en assurant les parties de clavecin et d’orgue – l’admirable petite formation (10 musiciens) de la Cappella Mediterranea. Elektra électrodynamique «Elena» © Patrick Berger / Artcomart Cavalli, le bon cheval Elève puis successeur de Monteverdi, le compositeur Francesco Cavalli (1602-1676) connaît actuellement un incontestable regain d’intérêt. On se souvient ces dernières années des représentations parisiennes de La Didone au Théâtre des Champs-Elysées, puis de L’Egisto à l’Opéra-Comique, mais aussi de la production décapante de Marianne Clément de Il Giasone pour l’Opéra de Gand en 2010, ou encore de Ercole amante à l’Opéra d’Amsterdam début 2009. C’est au tour du festival d’Aix-en-Provence d’apporter sa pierre à cette Cavalli Renaissance, qui ressuscite Elena dramma per musica créé à Venise en 1659 en un prologue et trois actes de plus de trois heures, opéra à vrai dire beaucoup plus comique que dramatique, sorte de vaudeville autour des figures mythologiques d’Hélène, Ménélas, Thésée, …. Dans le cadre intime du petit Théâtre du Jeu de Paume, le traitement visuel de Jean-Yves Ruf est idéal, se concentrant sur le jeu des acteurs, fluide et naturel, dans les décors minimalistes mais efficaces de Laure Pichat : quelques palissades concentriques permettent de rapides – et nombreuses ! – entrées et sorties des personnages, et aussi certains petits jeux de cachecache, alors que des cordes et lianes qui descendent des cintres sont du plus bel effet en deuxième partie. La distribution vocale est jeune, particulièrement homogène et pleine de brillants talents, à commencer par le couple central : la belle soprano Emöke Barath (Elena) et l’élégiaque contre-ténor sopraniste Valer Barna-Sabadus (Menelao). Du côté des ténors, Fernando Guimaraes (Teseo) est assez affirmé, tandis qu’Emiliano Gonzalez Toro a c t u a l Les meilleurs éléments avaient été convoqués pour monter une Elektra inoubliable… et nous avons eu droit à une prodigieuse Elektra ! Si Patrice Chéreau se fait rare à l’opéra, il reste fidèle à Aix (De la Maison des Morts en 2007, Cosi fan tutte en 2005), et sa nouvelle production revisite le chefd’œuvre de Strauss – von Hofmannstahl, en laissant au deuxième plan le côté monstrueux de la pièce pour y préférer le drame humain. Elektra est certes sanguine, mais ne pousse pas jusqu’à la bête sauvage, et Klytämnestra fait son apparition dans une robe noire toute simple, sans ajout excessif de bijoux. Quelques passages restent gravés dans la mémoire : Elektra aux pieds de sa mère, qui remonte en la prenant dans ses bars (ce sera la même scène plus tard avec son frère Oreste), la reconnaissance d’Oreste et de son précepteur par les plus vieux servants de la maison (à donner des frissons !), les deux assassinats on stage de Klytämnestra et Ägisth, ce dernier étant poignardé par le précepteur, comme une basse besogne. Enfin, après quelques pas de danse hystérique, Elektra s’assoit hébétée en reprenant son souffle, et Oreste traverse et quitte le plateau, le devoir accompli. Evelyn Herlitzius n’a pas la voix spécialement tranchante ni métallique d’une habituelle Elektra, mais quels aigus, quelle santé, quel engagement total ! Waltraud Meier, sans posséder les graves du rôle de Klytämnestra, fait valoir un timbre toujours aussi somptueux et ne s’épanouit pleinement que dans l’aigu, alors que Adrianne Pieczonka n’est pas une Chrysothemis à la voix cristalline, mais fait concurrence à sa sœur en terme de puissance. Mikhail Petrenko (Orest) est serein, voire un brin monolithique, et Tom Randle (Aegisth) manque d’un peu de mordant. Certains rôles secondaires sont défendus par de très grands noms, comme Sir Donald McIntyre (Ein alter Diener), ou encore Franz Mazura (Der Pfleger des Orest) à peu près inaudible… à l’âge de 89 ans aujourd’hui ! La direction musicale d’Esa-Pekka Salonen aux commandes de l’Orchestre de Paris est d’une beauté indicible. Le chef construit une très riche architecture orchestrale, et détaille certaines parties instrumentales, à tel point qu’on se surprend à découvrir quelques passages jamais « vraiment » entendus auparavant. François Jestin Verdi – RIGOLETTO : le 4 juillet 2013 au Théâtre de l’Archevêché Mozart – DON GIOVANNI : le 5 juillet 2013 au Théâtre de l’Archevêché Mendonça – THE HOUSE TAKEN OVER : le 6 juillet 2013 au Grand Saint-Jean Cavalli – ELENA : le 7 juillet 2013 au Théâtre du Jeu de Paume i t é 39 f e s t i v a l s chorégies d’orange Impressions De nombreuses et variées émotions nous attendaient aux Chorégies d’Orange, d’un Vaisseau fantôme dont la mise en scène pleine de trouvailles nous a séduit, à un Ballo in maschera qui, malgré quelques rares belles idées, n’a pas soulevé d’enthousiasme débridé. Mais le concert lyrique réunissant Patrizia Ciofi et Leo Nucci a constitué un moment-phare du festival, une véritable fête ! Le Vaisseau fantôme 40 Quel meilleur cadre offrir à un vaisseau, fantôme qui plus est, que la grandeur du Théâtre antique d’Orange. La mission d’en tirer le meilleur parti était confiée au metteur en scène Charles Roubaud, habitué des Chorégies et à la scénographe Emmanuelle Favre. Principal élément du décor, la proue éventrée du navire du hollandais volant, pointe en avant, comme si elle venait de traverser le mur monumental du fond de scène. Tant pis si à la question de Daland : « Hast Schaden Du genommen ? » le Hollandais répond : « Mein Schiff ist fest » !!! En fait, selon le livret, il est censé à la fin repartir avec, même si Senta le sauve in extremis de la malédiction en se précipitant dans les flots, prouvant ainsi la force absolue de son amour pour lui. Autre trouvaille : les gigantesques cordages jetés d’une paroi latérale qui suggèrent l’amarrage du bateau de Daland dont la vue nous reste cachée. Des projections complètent intelligemment le dispositif indiquant discrètement les changements de lieu (rivage norvégien / maison de Daland / crique). Le jeu des éclairages sur l’épave, qui se transforme finalement en gigantesque tête de mort, est tout à fait réussi. Côté chanteurs, nous avons apprécié surtout la basse puissante et chaleureuse du Danois Stephen Milling, le seul à même de dominer l’orchestre wagnérien non couvert par une fosse et contre lequel les autres éprouvaient quelque peine à lutter. Ainsi le Letton Egils Silins dans le rôle principal, dont l’organe au timbre plaisant mais manquant de projection et de focalisation, aurait certainement été mis davantage en valeur dans une salle traditionnelle. De même pour la Senta d’Ann Petersen, souffrant elle aussi vocalement de la configuration des lieux, mais compensant par son jeu touchant et différencié une insuffisance dans la concentration du son qui l’empêche de se hisser au niveau des plus grandes. Quant à Endrik Wottrich, il déçoit par le caractère plutôt râpeux de sa voix et des aigus forcés, mais fait du personnage d’Erik un passionné qui ne laisse pas indifférent. Terminons par notre coup de cœur, le timonier de l’Australien Steve Davislim, dont le ténor juvénile et lumineux aux accents « björlingiens » et la parfaite ligne de chant ne laissaient rien de plus à désirer. Saluons aussi l’honorable performance des chœurs et relevons en particulier le dialogue des équipages – celui de Daland et celui du Hollandais - la sonorisation particulière de ce dernier lui donnant véritablement la couleur funèbre d’un chant d’outre tombe. Le chef finlandais Mikko Franck, qui prendra la direction de l’Orchestre Philharmonique de Radio France en 2015, dirige assis et – en tout cas c’est l’impression qu’il nous a faite - sans mouiller sa chemise. Il tente d’éviter la lourdeur en favorisant la transparence, ce qui est louable, mais on aurait aimé plus de flamme et d’émotion dans cet opéra encore teinté de tradition italienne. Martine Duruz Anne-Catherine Gillet (Oscar) © Gromelle Un Ballo in maschera Chargé de la nouvelle mise en scène de ce Ballo, Jean-Claude Auvray déclarait son intention préalable de se démarquer totalement de sa précédente production de l’ouvrage, qui a tourné ces dernières années dans de nombreux théâtres, entre autres à Avignon et Nice en 2004, Marseille en 2008 (voir SM 204), reprise par Louis Désiré à Monte-Carlo en 2011 (voir SM 230). La réalisation visuelle est cette fois un peu plus aboutie, mais ne soulève pas non plus d’enthousiasme débridé ; elle est même franchement huée par une partie du public au « rideau » final. On décèle pourtant de rares belles idées, comme lorsque Riccardo fait mine de tomber mort après que la sorcière Ulrica lui a prédit sa mort prochaine, puis se relève guilleret pour attaquer son air « E scherzo od è follia », ou encore au début de l’acte III lorsqu’Amelia enlace son époux pour lui demander de saluer son fils une dernière fois, mais Renato ne se laisse pas amadouer et se dégage à chaque fois. Esthétiquement, les plus beaux moments sont ceux où le plateau est nu, dans les somptueux éclairages de Laurent Castaingt (utili- «Le Vaisseau fantôme» © Philippe Gromelle Orange a c t u a l i t é f e s t i v a l s sation intelligente des deux colonnes du Théâtre Antique pour figurer le gibet de l’acte II), mais les mouvements des artistes sont trop souvent convenus, accompagnés de quelques images kitsch (comme le ballon lumineux chez Ulrica). Deux chanteurs se dégagent parmi les protagonistes : c’est l’Oscar d’Anne-Catherine Gillet qui remporte la palme à l’applaudimètre, voix fraîche, adolescente, piquante, puissante, et un petit vibratello qui sied idéalement au personnage, et puis le ténor Ramón Vargas (Riccardo) qui fait après 30 ans de carrière une nouvelle démonstration de chant élégant, bien conduit, efficacement projeté, bien conscient que son volume naturel reste limité. Les moyens de la jeune soprano noire américaine Kristin Lewis (Amelia) sont quant à eux considérables : beauté du timbre, contrôle des écarts vertigineux de la partition, aigus charnus. Ne lui manque aujourd’hui qu’un travail sur l’interprétation et l’émotion – qu’on cherche en vain ce soir – pour mettre la salle à genoux. Sylvie Brunet-Grupposo (Ulrica) remplit sans problème son office dans son court rôle, tandis que la prestation du baryton Lucio Gallo (Renato) est très éloignée de celle de ses collègues : poussif, très tendu, pas toujours juste, avec deux nets accrochages dans la soirée, en limite d’accident vocal sérieux. L’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine est techniquement sans reproches (mise à part une trompette qui joue une partition inconnue pendant quelques mesures !), de belle facture, mais le chef Alain Altinoglu choisit trop souvent des rythmes lents, amenant un déficit de nerf, d’énergie, de rebondissement à la musique. La romance de Riccardo « Ma se m’è forza perderti » dans la dernière scène de l’opéra est toutefois un passage superbement ressenti et dirigé : un grand merci ! Ciofi – Nucci – Verdi Donné entre les deux représentations du Ballo in maschera, dans le cadre du bicentenaire de la naissance de Verdi, le concert lyrique associant Patrizia Ciofi et Leo Nucci aura sans doute constitué l’événement le plus excitant de l’édition 2013 des Chorégies. C’est à nouveau l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine qui se trouve « en fosse », mais cette fois le chef Roberto Rizzi Brignoli, par ses variations et ses choix de tempi, de nuances, de couleurs, donne de l’ampleur à la musique, du mouvement, du ressort. La scène est complètement vide, mais la seule apparition d’un artiste de la trempe de Ciofi ou Nucci suffit au spectateur pour vivre le dilemme de Traviata qui joue avec son voile dans « E strano », ou compatir avec Rigoletto en personne lorsque le baryton italien traîne la patte, le dos très légèrement voûté. Après les toute premières mesures de mise en place, Leo Nucci nous donne une nouvelle preuve d’une sorte de miracle vocal en Germont et Rigoletto : phrasé, puissance, étendue, et vibrato complètement sous contrôle à 71 ans ! Patrizia Ciofi, en Violetta Valéry puis Gilda, est plus aérienne, musicale, éthérée que jamais dans les passages élégiaques. Et quand ces deux-là se retrouvent dans le duo de la Vendetta, en conclusion de l’acte II de Rigoletto, c’est la fête à Orange : bis, tris et standing ovation ! François Jestin Wagner : DER FLIEGENDE HOLLÄNDER – le 12 juillet 2013 au Théâtre Antique d’Orange Verdi : UN BALLO IN MASCHERA – le 3 août 2013 au Théâtre Antique d’Orange Concert Patrizia CIOFI / Leo NUCCI – le 5 août 2013 au Théâtre Antique d’Orange colmar Découverte Pour la 25e année consécutive, Vladimir Spivakov a animé le Festival de Colmar, dans une ville au diapason de la manifestation. Il fallait marquer cet anniversaire, et c'est autour de sa personnalité, de ses amis, qu'a eu lieu l'édition 2013, organisée impeccablement par une équipe attentive. Le directeur artistique a aussi joué de son violon. Comme à chaque fois, de nouvelles personnalités se sont présentées. Se déroulant sur plusieurs sites, chacun lié à une forme musicale, les concerts ont fait le plein : Dans la salle du Koïfhus consacrée au récital, les mélomanes ont pu applaudir le coloriste Martin Helmchen au clavier associé à Marie-Elisabeth Hecker à l'archet, ou l'époustouflant Vadim Gluzman au violon, accompagné au piano par Angela Wolfe. La chapelle Saint Pierre et le Théâtre municipal accueillaient la musique de chambre, pour laquelle le maître Spivakov s'est personnellement impliqué. Quintette et quatuors se sont succédé dans une complicité évidente entre les concertistes. Dans la belle et grande église Saint-Matthieu avaient lieu les concerts symphoniques, conduits souvent, avec le panache qu'on lui connaît, par le maître russe. Mais le podium a aussi été occupé par Ken-David Masur. Avec lui, la relève paraît bien assurée ! Le jeune chef, germano-nippon, a fait forte impression lors d'un concert consacré à Beethoven (Ouverture de Coriolan, Triple Concerto, Symphonie Pastorale). Le compositeur de Bonn a été joué par un très grand orchestre moderne, de manière chatoyante; une telle conception, miroitante, ne va pas dans le sens actuel de l'interprétation. Le maestro assume et défend sa Ken-David Masur représentation à contre-courant, que d'aucuns jugeraient même provocatrice : « la partition laisse assez de marge interprétative. Chaque ensemble permet de faire ressortir des choses différentes. Beethoven a toujours souhaité élargir l'acoustique. L'Orchestre National Philharmonique de Russie offre une grande largeur de pupitres. J'ai donc profité de montrer combien le compositeur regardait vers l'avenir... et qu'il pouvait transmettre du bonheur !» L'avenir ? Vladimir Spivakov sera-t-il là pour les éditions suivantes ? Une rumeur pose la question... Avec ou sans lui, le Festival continuera son développement. Une réception a accueilli, entre autres, un représentant du Canton du Jura et un Conseiller d'Etat de Bâle-Campagne. Née dans un cadre municipal, développée dans une dimension départementale, la manifestation s'insère désormais dans le concept transfrontalier de la «Regio Basiliensis». Qui a dit que la musique n'a pas de frontières ? Pierre Jaquet a c t u a l i t é 41 f e s t i v a l s festival Haendel & Gluck Le dernier week-end du Festival de Beaune s’est entièrement voué à Haendel, avec le Messie, Orlando et L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato. Ou un oratorio célébrissime, mais sous un jour nouveau, un opéra reconnu mais consacré, et une pastorale aux couleurs de symphonie : les trois volets de l’esthétique britannique (qui serait tout autant allemande et italienne) du compositeur, et dans chaque cas une fête des voix. 42 Donc, The Messiah. Cet oratorio biblique n’est pas si fréquent qu’on pourrait le croire, en dépit de son hymnique “ Alleluia ”. C’est ici Christophe Spinosi qui le sert, en compagnie d’un plateau vocal particulièrement élu : David DQ Lee, le petit chéri de Beaune, alto masculin à la coloratoure éblouissante, la ferme soprano Adriana Kucerova, le ténor assuré Julien Behr et le baryton-basse approprié Andreas Wolf. Mais la palme revient au Chœur de chambre de Namur, précis et allant, puissant et nuancé, le meilleur chœur actuel pour le répertoire baroque que désormais tous les ensembles spécialisés s’arrachent. L’Orchestre Matheus délivre pour sa part un bel enthousiasme, et la battue de son chef titulaire, Spinosi, ne se départit pas d’une constante vigueur. «Orlando», photo Pablo Ruiz Le lendemain, changement du tout au tout. Orlando est restitué dans une facture lisse, impeccable, d’un professionnalisme sans accroc. Car l’opéra de facture italienne de Haendel, aux teintes tragiques et aux airs diversement ornementés, joue maintenant dans la cour des grands, à la suite d’une série de concerts qui l’ont parachevé, avec des interprètes de renom international. Parmi ceux-ci, un divo et une diva : Bejun Mehta et Sophie Karthäuser. Le contre-ténor possède l’aisance, la projection et l’éloquence qui a ont fait sa juste et grande réputation. La soprano distille de mêmes vertus, dans un registre plus traditionnel, celui des belles pointures lyriques. Mais on aurait garde d’omettre dans les louanges Sunhae Im, soprano gracile à la technique confondante. Kristina Hammarström est une mezzo convaincante, à côté d’un baryton (Konstantin Wolff) qui le serait moins. René Jacobs officie, avec l’autorité qu’on lui connaît, devant son nouvel ensemble instrumental, B’Rock (sic !), venu de Belgique mais aux composants issus de tous les horizons de la géographie baroque, dans la compétence des plus grandes formations internationales. Une sorte de bijou parfaitement serti et ciselé. Le serait pareillement, pour le tout dernier jour du festival, L’Allegro, il Penseroso ed il Moderato. Si ce n’est que la touche britannique s’impose cette fois. Normal ! pour cette “ Ode ” profane sur un livret en anglais (tout comme le Messie, ce que son intitulé ne laisserait pas supposer), mais dont l’esprit aussi respire un parfum d’outre-Manche. Ici la couleur évanescente domine, comme dans le délicat aria agreste de la soprano, transmis par le délicieux sotto-voce de Gillian Webster. Et pour toute vocalité anglaise, ne manque pas un soprano enfant, en l’incarnation aérienne de Ruth Provost. Jeremy Ovenden est un ténor mixte, aux aigus en voix de tête, qui sied à ce répertoire, et Ashley Riches une basse dramatique. Paul McCreesh dirige ses Gabrieli Consort & Players avec la ferveur retenue, flegmatique mais diserte, qui se doit. Pierre-René Serna Orfeo ed Euridice Que farò senza Euridice ? chante Orfeo le fidèle époux que la raison a abandonné. Et que faire sans castrat ? lorsque l'on donne à entendre c t u a l'Orfeo de Gluck puisque le compositeur a conçu le rôle-titre de la première version viennoise de 1762 à l'intention de Gaetano Guadagni ? On connaît donc le dilemme concernant le choix de l'interprète de nos jours, ceci venant s'ajouter aux différentes versions, à commencer par la parisienne de 1774 conçue par le compositeur luimême pour ténor, pour aboutir à la version remaniée par Berlioz pour Pauline Viardot, mezzosoprano. Si l'on ajoute la tentation de recourir à un contre-ténor pour éviter un problème de travestissement, on voit que le champ des possibles est vaste. Renonçant à convoquer des contreténors, tel un Max Emanuel Cencic à l'affiche le soir suivant ou l'impressionnant David DQ Lee également au programme de cette édition du festival, la directrice Anne Blanchard a eu l'heureuse idée de faire le choix le plus logique désormais, celui d'un contralto, Clémentine Margaine. Cette dernière, connue comme mezzo depuis quelques années - sa carrière a débuté à l'Académie d'Ambronay en 2005 et elle a été la révélation lyrique lors des Victoires de la musique en 2011 – a notamment déjà interprété à de nombreuses reprises le rôle-titre de Carmen. Le choix d'un talent prometteur faisant la réputation du festival de Beaune, on ne pourra que saluer une fois encore une proposition de distribution digne d'éloges. Orfeo aux couleurs sombres, aux nuances irréprochables, Clémentine Margaine incarne le rôle-titre avec une indéniable expressivité mise au service d'un timbre somptueux, et à ses côtés Roberta Mameli démontre un instinct dramatique évident et fait apprécier une voix d'une belle ampleur dans le rôle d'Euridice. L'Amour de Mari Eriksmoen au phrasé délicat complétait la distribution alors que Federico Maria Sardelli avait fait preuve d'un mélange bienvenu de vivacité et de précision à la tête d'un excellent Orchestre Modo Antiquo et du non moins impeccable Choeur de Chambre de Namur. La veille, Hervé Niquet était à la tête du Chœur et de l'Orchestre Le Concert Spirituel pour un programme consacré à une Messe de Campra curieusement couplée avec des compositions qui avaient été destinées par Vivaldi aux jeunes filles de l'Ospedale della Pietà : le Gloria RV 589, le Magnificat RV 610 et trois Psaumes. Surprenant contraste au demeurant entre deux contemporains que tout semble distinguer du point de vue du style et qui a permis de faire apprécier l'homogénéité des voix des choristes, même si l'on pouvait regretter un certain manque de raffinement dans la déclamation des textes. Frank Fredenrich l i t é f e s t i v a l s radio-france et montpellier Raretés C’est à nouveau le thème « Musique et pouvoir » qu’a choisi Jean-Pierre Le Pavec pour sa deuxième saison en tant que le directeur du festival, autour de deux sujets plus précis : l’Amérique et Napoléon. Etienne Dupuis et Nora Gubisch © Marc Ginot performance, beaucoup plus un spectacle plein de vie qu’un concert, avec les jeux de lumière, la spatialisation des sons des trois chœurs, le déhanchement des choristes baba cool, … La blanchisseuse et La Vivandière Jubilant Sykes (The Celebrant) © Marc Ginot La rare Madame Sans-Gêne d’Umberto Giordano est bien trouvée pour illustrer la figure de Napoléon, personnage haut en couleurs de la pièce éponyme de Victorien Sardou. Comme la pièce de théâtre, l’opéra retrace le parcours de la blanchisseuse Catherine Hubscher, mariée au Montpellier à la Mass Pour sa soirée d’ouverture, le festival s’est lancé un pari particulièrement audacieux : monter Mass de Leonard Bernstein, œuvre musicalement complexe, protéiforme, et rarement représentée, exigeant un nombre très élevé de musiciens et chanteurs. Commandée par Jackie Kennedy pour l’ouverture en 1971 du Kennedy Center for the Performing Arts à Washington, Mass convoque en effet un orchestre symphonique au grand complet, mais aussi des guitares électriques, batterie et percussions, trois chœurs – ce soir celui de la Radio lettone pour les adultes, Opéra Junior pour les enfants, et l’ensemble Aedes pour les parties de jazz, gospel, rock… –, ce groupe impressionnant étant parfaitement coordonné par le chef James Judd. En vrai maître de cérémonie, le baryton sonorisé Jubilant Sykes (The Celebrant) chante, déclame, s’agenouille (« Let’s pray ! »), communie au milieu de ses percussions, court et virevolte sur le plateau : l’ambiance mystique passe. La musique de ce cher Lenny est extrêmement attachante, passant d’un petit son ténu (dont certaines séquences sur bandes enregistrées en 1971) à des explosions de cuivres et percussions, collages ou juxtapositions de classique, religieux, musical (on pense évidemment à West Side Story, mais aussi à Hair). Les textes sont aussi passionnants et non dénués d’humour, comme quelques passages sur le rôle de la musique et des notes, et au final c’est une standing ovation qui salue la a c t u Adam Diegel et Iano Tamar © Luc Jennepin sergent Lefebvre qui, devenant maréchal d’Empire, promeut sa femme au rang de Duchesse de Dantzig. Celle-ci conserve son franc-parler ce qui fait le sel de nombreuses confrontations avec les autres personnages, dont l’Empereur lui-même. Pour ce qui concerne la partition, l’ambiance musicale vériste se rapproche de celle d’Andrea Chénier, œuvre-phare de Giordano, et cela démarre au quart de tour au début du 1er acte, avec un volume relevé des cuivres et chœurs sur l’air de La Carmagnole (il y aura même quelques mesures de la Marseillaise à l’acte II). La foule dispersée, les deux actes suivants sont plus resserrés et proposent de jolis airs, parfois dans un agréable comique de situation comme lorsque Madame Sans-Gêne prend des cours de révérence, ce qui peut laisser penser que cet ouvrage, très visuel, gagnerait à être mis en scène. Sous la baguette solide et souvent très sonore de Marco Zambelli, la distribution est a l i t emmenée par Iano Tamar dans le rôle-titre, qui se montre sensible et musicale, développant sa puissance au cours de la soirée. Le ténor Adam Diegel (Lefebvre) manque de stabilité, de graves, et l’aigu est toujours très tendu et parfois périlleux, Franck Ferrari (Napoléon) semble s’étouffer dans l’aigu, tandis que Franco Pomponi (Fouché) est très à l’aise. Les rôles secondaires sont moins convaincants, à l’exception du puissant baryton Florian Sempey (Leroy) et de l’élégant ténor Matteo Mezzaro (Despréaux). On attendait beaucoup de la résurrection de La Vivandière de Benjamin Godard, opéracomique jamais repris depuis les quelques représentations suivant sa création en 1895, et il faut avouer une franche déception. La musique fait des allers et retours incessants entre d’un côté la facture militaire et ses trompettes et tambours, et de l’autre quelques moments lyriques certes plus flatteurs pour l’oreille mais qui n’étonnent guère. Le livret est par ailleurs construit avec de la ficelle assez épaisse, et cet ensemble ne constitue finalement pas une révélation. Ceci est bien dommage car l’équipe artistique n’est pas loin du sans-faute. Le chef Patrick Davin défend avec cœur cette partition et donne le meilleur relief possible à la musique, tandis que Nora Gubisch dessine un personnage de caractère en Marion la Vivandière. A ses côtés, le ténor Florian Laconi (Georges) claironne ses aigus alors que la justesse du chant piano est moins impeccable, tandis que les deux barytons francophones Etienne Dupuis (Bernard) et Alexandre Duhamel (La Balafre) confirment qu’ils sont parmi les meilleurs du moment, en termes de qualité de timbre, de diction, de projection. La comparaison avec Franck Ferrari (Le Marquis) est cruelle pour ce dernier, sa voix étranglée lui retirant toute autorité, et pour compléter les rôles principaux, la jeune soprano franco-nigériane Omo Bello (Jeanne) aux aigus aériens est une intéressante découverte. François Jestin Bernstein : MASS - le 11 juillet 2013 au Corum de Montpellier / Giordano : MADAME SANS-GÊNE - le 19 juillet 2013 au Corum de Montpellier / Godard : LA VIVANDIERE - le 24 juillet 2013 au Corum de Montpellier é 43 s a i s o saison 2013-2014 des spectacles onésiens En avant la musique ! Depuis plus d’un quart de siècle, les Spectacles onésiens, dirigés par leur créatrice Cyrille Schnyder-Masmejan, apportent bonheur et douceur à la routine quotidienne tout au long de l’année grâce à leur programmation variée faite de chanson, théâtre musical, jazz, humour et musique. 44 Durant cette cette 26ème saison, le public est convié à découvrir ou à retrouver des auteurs-compositeurs-interprètes, des jongleurs de mots, des humoristes déjantés ou décalés, des clowns qui font rêver les spectateurs de tous âges. La programmation démarre en musique avec Get the Blessing; le groupe anglais de GTB est composé de quatre musiciens de renom : Jim Barr (Portishead), Clive Deamer (Portishead / Radiohead), Jake McMurchie et Pete Judge (Super Furry Animals). Suivra Max Romeo, une des dernières stars vivantes du reggae roots, précédé par Green System, un groupe de reggae genevois. Côté humour, cette saison sera l’occasion de retrouver des habitués de la scène onésienne comme Guy Bedos, Brigitte Rosset, Frédéric Recrosio, Les Frères Taloche, Marc DonnetMonay. Les musiques seront dignement illustrées par la chanteuse Ana Moura, nouvelle representante du fado, découverte par les Rolling Stones ainsi que par Idir, défenseur de la culture kabyle depuis les années 70. Au mois de novembre, la 9ème édition du Festival des Créatives mettra à l’honneur la création féminine en présentant des artistes de la scène musicale actuelle, locale et internationale ; ainsi, tout projet artistique proposé par une femme, qu’elle soit accompagnée ou non par d’autres hommes ou femmes, seront donnés à voir durant ce festival. (www.lescreativesonex.ch). Quant aux découvertes, elles seront tant musicales qu’humoristiques avec, d’une part, Bassekou Kouyaté & Ngoni Ba, Maître de Ngoni – l’ancêtre du banjo - musicien malien épatant dont la musique oscille entre rock et tradition, alliant la culture mandingue à la modernité, et, d’autre part, Emma la Clown & Catherine Dolto qui se livrent à une conférence déjantée, ce qui conduit à un intense moment de complicité entre l’haptothérapeute Catherine Dolto et la clownesse Emma, entraînant dans une osmose de rires l’assemblée. Cette saison s’achève dans la joie et le chant avec Chanson e n le Malien Bassekou Kouyaté ou les incroyables batteurs français Fills Monkey... Côté jazz nous recevrons la star des chanteuses actuelles, la Coréenne Yun Sun Nah et le très inspiré pianiste genevois Marc Perrenoud qui viendra vernir son nouvel album au Manège. Mon attirance pour les démarches artistiques originales m'a souvent amenée à engager des spectacles hors du commun. Cette saison il y en aura trois très particuliers et qui me tiennent à cœur, Plus, héritiers des Frères Jacques, spécialistes du détournement des plus grands standards de la chanson française pour notre plus grand divertissement. Pour le jeune public, les Récrés-Spectacles offriront aussi une belle occasion de s’évader le dimanche ou le mercredi aprèsmidi, au Manège-Onex, entre notes de musiques, éclats de rire, poésie et rêveries avec, par exemple, Saska Circus, Babar et Ferdinand ou Le Petit Bonhomme carré. Q Q Ana Moura Je suis toujours aussi enthousiaste à dénicher de nouveaux artistes tout comme je suis bluffée par ceux qui arrivent à durer grâce à leur talent. Les longues carrières sont rares dans ce monde de plus en plus porté sur le zapping et la nouveauté. Comme l'émotion n'a pas de frontières, je recherche des spectacles qui peuvent toucher un public de tout âge et toutes cultures. Ces spectacles revêtent différentes formes artistiques, musicales mais aussi très visuelles. L'important est qu'un artiste ait un univers bien à lui. Chaque artiste est incomparable et je suis toujours émerveillée devant une nouvelle personnalité artistique. Quels sont les temps forts de la saison 2013-2014 ? Comme chaque année depuis vingt-six ans, il y aura des artistes cultes, comme Guy Bedos, qui me fait l'amitié de venir faire ses adieux au public genevois à Onex - il a en effet décidé, à 80 ans, d'arrêter le One Man Show - ou Max Romeo, l'une des dernières légendes du reggae de l'époque Marley. Des artistes connus et déjà venus à Onex comme les humoristes suisses Frédéric Recrosio ou Marc Donnet-Monay ou le cantatore piémontais Gianmaria Testa ou le Kabyle Idir, et des découvertes comme la fadista Ana Moura, r V M Z G Depuis plus d'un quart de siècle, vous dirigez les Spectacles onédiens; comment conservez-vous votre passion intacte ? t T S C Entretien: C. Schnyder-Masmejan n s e S comme la rencontre entre Catherine Dolto et Emma la clown pour une conférence aussi intéressante que désopilante, un concert réunissant le philosophe Luc Ferry et l'ensemble Art en Ciel autour des mythes amoureux dans la littérature et la musique ou une Vie sur mesure, un seul en scène pour un comédien et sa batterie, un petit bijou de spectacle aussi drôle que troublant, déniché dans le Off d'Avignon. Qu'en est-il des collaborations ? Côté collaborations, nous ouvrons notre saison avec un très beau projet organisé avec la Bâtie, les Anglais Get the Blessing et leur show free jazz tendance trip hop festive. Pas de participation à JazzContreBand cette année pour des questions de dates mais nous soutenons toujours le festival tout comme Antigel avec qui nous n'avons pas de projet cette saison non plus mais ce n'est que partie remise. Par contre nous collaborons toujours avec le service cultuel Migros qui co-produit 9 spectacles avec nous et bien sur avec l'association les Créatives pour le festival du même nom qui aura lieu du 14 au 16 novembre à la salle communale d'Onex avec une soirée d'ouverture le 13 au Manège et une collaboration avec Pathé pour la projection de films de réalisatrices. Le programme sera dévoilé le 18 septembre sur le site lescreatives-onex.ch et le festival se déroulera également dans d'autres communes du canton. Propos recueillis par Firouz-E.Pillet www.spectaclesonesiens.ch t i e n S w TEMPS & MUSIQUE MUSIQUE DE CHAMBRE SAISON 2013-2014 ABONNEMENTS DÈS LE 26 MARS VENTE LIBRE DÈS LE 3 JUIN T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH SUIVEZ-NOUS SUR Conservatoire de Genève à 20 h Lundi 7 octobre 2013 LAWRENCE POWER, alto et violon TRULS MØRK, violoncelle SIMON CRAWFORD-PHILLIPS, piano SAISON 2013-14 OPÉRAS LAKMÉ LÉO DELIBES LES MOUSQUETAIRES AU COUVENT LOUIS VARNEY Lundi 11 novembre 2013 VILDE FRANG, violon MICHAIL LIFITS, piano LE VOYAGE DANS LA LUNE JACQUES OFFENBACH LUISA MILLER GIUSEPPE VERDI IL BARBIERE DI SIVIGLIA GIOACCHINO ROSSINI Lundi 13 janvier 2014 DIE LUSTIGEN WEIBER VON WINDSOR OTTO NICOLAI COREY CEROVSEK, violon HSIN-YUN HUANG, alto ZVI PLESSER, violoncelle GILLES VONSATTEL, piano JEUNE PUBLIC HÄNSEL ET GRETEL ENGELBERT HUMPERDINCK GAËTAN S’OFFRE L’OPÉRA ! OPÉRAS VERSION CONCERT L’ORFEO CLAUDIO MONTEVERDI Lundi 10 février 2014 DORILLA IN TEMPE ANTONIO VIVALDI QUATUOR SIGNUM DANSE ISRAEL GALVÁN LO REAL / LE RÉEL Lundi 17 mars 2014 BÉJART BALLET LAUSANNE LE MANDARIN MERVEILLEUX QUATUOR BRENTANO Billetterie dès le 16 septembre: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe www.culturel-migros-geneve.ch CONCERTS & RÉCITAL I TURCHINI BACH ET LA MUSIQUE NAPOLITAINE Organisation: SANDRINE PIAU & LES PALADINS LE TRIOMPHE DE L’AMOUR CARTE BLANCHE À CÉDRIC PESCIA AVEC SEBASTIAN GEYER VIVALDI & PIAZZOLLA ISABELLE MEYER Théâtre des Marionnettes de Genève LA BOSSE DU THÉÂTRE MAIS OÙ EST PASSÉ LÉON ? Dès 7 ans / Adultes, ados 19 au 22 septembre 2013 Un Polichinelle farceur et révélateur. Dès 4 ans 25 septembre au 13 octobre 2013 Voyage au pays rêvé des jouets et de leurs ombres. 3, rue Rodo, Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève s a i s o n s saison 2013-2014 du forum de meyrin Emotions des corps Il semble que, saison après saison, le Théâtre du ForumMeyrin poursuive la même quête scénique des corps en mouvement. Théâtres, danses, musiques et cirques rivalisent d’invention et d’intensité pour s’adresser à un très large public qui sait la qualité des spectacles ambitieux proposés par la direction d’Anne Brüschweiler. 46 Il suffit de suivre le parcours fléché qui figure au centre du nouveau programme : la saison prochaine, le public pourra « rencontrer de drôles d’animaux », « rêver d’un monde meilleur », « perdre tour à tour la raison, le sens réalités, la mémoire ou la tête » ; il aura droit à une double ration de Shakespeare, mais pourra également croiser des auteurs vivants et imaginer des scénarios catastrophes… ! Pour la maîtresse des lieux, l’essentiel est de faire de ce théâtre un lieu vivant, passionné et passionnant. Voici donc brièvement une idée du mouvement perpétuel qui anime le théâtre meyrinois, effectivement conçu comme un forum contemporain. La saison débute en août par le traditionnel partenariat avec le Festival de la Bâtie. De la danse avec la brillante berlinoise Sasha Waltz et son réjouissant Travelogue I-Twenty to Eight, puis avec l’Atelier Rosas pour initier les plus jeunes à la danse, sous l’égide d’Anne Teresa De Keersmaeker. Du 23 au 26 septembre une expérience théâtrale à ne pas manquer avec Quantum par la Compagnie Gilles Jobin qui vous donne rendez-vous sur le site de Cessy au CERN pour un spectacle de particules chorégra- phiées, comme un hymne au mouvement et la physique nucléaire ! Après l’enchantement de la Flûte de Mozart l’an passé, le maître Peter Brook revient avec une pièce qui a fait les beaux jours des Bouffes du Nord, The Suit (Le Costume) de Themba, emblématique de la profonde simplicité de l’art de Brook, une idée de ce que peut être l’essence du théâtre. Le 9 octobre, virtuosité et humour saisissants du Ukulele Orchestra of Great Britain. La musique dans tous ses états. Le moment sera alors venu de laisser la place aux plus petits avec le premier spectacle de saison dédié aux familles, Marrons et Châtaignes de la Compagnie Nid de Coucou, « qui prend les enfants au sérieux sans se prendre au sérieux » les 15 et 16 octobre. Suivront dans le même esprit, Concerto, vous avez dit concerto ? (13 mars), Un beau matin, Aladin (3 déc.), Pour le meilleur et pour le pire (19 au 22 déc.), Le Prince Tigre (15 janvier), L’Ombre (5 février) et J’avance et j’efface (26 mars), autant de rendez-vous pour les enfants de 4 à 8 ans, moments délicieux à vivre ensemble. Expériences Les 29 et 30 octobre, l’indomptable Galin Stoev s’amuse avec la matière première du Triomphe de l’Amour de Marivaux en proposant une distribution exclusivement masculine qui bouleverse les repères du genre avec succès. Du 1er au 10 novembre, il vous sera possible de vivre une expérience théâtrale à nulle autre pareille, grâce à l’homme de spectacle insaisissable qu’est Scorpène ; ce magicien stupéfiant se propose de venir chez vous pour jouer la carte de l’illusion une soirée durant avec vos amis ! Réagissez vite pour appeler le théâtre car les dates disponibles ne sont pas légion ! Pendant cette même période, le slameur-chanteur Abd Al Malik interprètera à sa façon la fureur mesurée d’Albert Camus avec son spectacle L’Art et la Révolte. Une déclamation poétique salutaire, bien dans son époque (le 6 novembre). En date du 9 novembre, un moment de danse contemporaine comme le Forum-Meyrin en a le secret avec la venue la Trisha Brown Dance Company et un triptyque chorégraphique de haute volée : le fondateur Astral Convertible (1989), le frémissant solo If you couldn’t see me (1994) et le vertigineux I’m going to toss my arms – if you catch them they’re yours (2011). Du 14 au 18 novembre, et pour la première fois en Suisse romande, la chorégraphe argentine Constanza Macras et sa compagnie Dorky Park donneront toute la mesure de leur énergie scénique, expression fulgurante des discriminations modernes qui gangrènent notre vieux continent dans Open for everything. Ce sera alors au tour d’un autre duo inédit en Suisse, Marco Vargas et Chloé Brûlé de nous faire vibrer, à la suite d’un Israel Galvan, avec une pièce de flamenco moderne, comme une danse contre le temps qui fuit irrémédiablement : TI-ME-TA-BLE o el tempo inevitable. Obsédé avec talent par cette même idée du temps qui passe et semble vouloir se passer de nous, l’inénarrable François Morel brosse pour nous une série de portraits vieillissants mais jubilatoires, afin de conjurer leur sort et le nôtre avec… ! Exercice de style réussi ! Les 26 et 27 novembre. «The Suit» selon Peter Brook © Pascal Victor / Artcomart a c t u a l i t é s a i s o n s En avril, Rachid Ouramdane poursuit sa quête de reconstruction de soi, Sfumato, et libère sept danseurs aux prises avec les éléments, pluie et brouillard, qui cherchent leur voie. Des corps désespérés, mais toujours en mouvement. Enfin, en mai, une version radicalement et heureusement dépoussiérée du Lac des Cygnes de Tchaikovsky, par la compagnie sud-africaine de la jeune chorégraphe Dada Masilo ; un Swan Lake qui ne vous laissera pas indifférents, entre swing et émotion. La simple évocation non exhaustive de ce qui attend les spectateurs privilégiés du Théâtre Forum-Meyrin, montrer à quel point ce vivier scénique reste toujours en mouvement et n’a pas fini de vous surprendre. «Swan Lake» dans la chorégraphie de Dada Masilo © John Hogg En musique ! Les 6 et 11 décembre, deux soirées musicales séduisantes et vivantes, avec d’abord Black Widow, la délurée Erika Stucky, qui dans un style vocal entre jazz, yodel et folk, réinterprète des standards et propose son univers entre Tim Burton et Tom Waits, accompagnée de musiciens rompus à cet exercice. Salutaire et vivifiant. Puis, quand les frères Chemirani retrouvent Jean-Guihen Queyras et jouent avec Sinopoulos, c’est tout le bassin méditerranéen qui dialogue de ses mélodies traditionnelles avec la musique ottomane et persane. Un voyage à l’écoute de notes bleues et solaires. Voilà pour les réjouissances de 2013. Mais l’année prochaine, la seconde partie de saison s’annonce tout aussi prometteuse. En voici quelques rendez-vous pour se mettre l’eau à la bouche. En 2014 En janvier, une chorégraphie aux qualités plastiques étonnantes, Change or die inspirée par Robert Walser et pensée par Brigitte Seth et Roser Montllo Guberna. A voir aussi, le très attendu Macbeth d’Anne-Laure Liégiois, talentueuse, raffinée et déjà décisive dans ses mises en scène. En février, on pourra suivre Dorian Rossel dans son nouveau voyage théâtral au pays d’Oblomov qui n’a pas fini d’interroger nos vies comme un miroir de nous-mêmes. Mais aussi l’adaptation déjà saluée par la critique de De beaux lendemains de Banks par le très juste Emmanuel Meirieu et des comédiens intraitables comme Redjep Mitrovitsa, Jérôme Derre, Maud Wyler ou Evelyne Didi. En mars, l’introspection scénique jouissive de ce très grand comédien qu’est Jean-François Balmer dans l’univers toujours aussi percutant de Louis-Ferdinand Céline, à travers l’immense Voyage au bout de la nuit. Et puis, un autre geste théâtral inédit proposé par l’artiste associé Dorian Rossel, un parcours à chaque fois unique au départ du Théâtre avec des spectateurs en mouvement dans la cité, comme autant de Petites Fugues, nostalgique souvenir de l’esprit du film d’Yves Yersin. a c t u a l i t é Plus d’informations sur : http://www.forum-meyrin.ch/ Jérôme Zanetta 47 s a i s o n s saison 2013-2014 Château Rouge Frédéric Tovany, le nouveau directeur nommé en octobre 2012, prend réellement les rênes de la grande institution annemassienne avec la première saison qu’il programme. 48 seconde surprise de l’amour les 23 et 24 avril). Autre fil thématique, celui de la jeunesse : qu’est-ce qu’être jeune ici de nos jours ? (Les Jeunes les 15 et 16 octobre, J’ai vingt ans qu’est-ce qui m’attend les 29 et 30 janvier). Enfin, les spectacles seront moins nombreux mais se joueront deux, voire trois fois. On le voit, Château Rouge reste un lieu pluridisciplinaire, mais avec une évolution marquée vers le théâtre. Je crois en effet que la parole des auteurs et des poètes permet de montrer le monde d’aujourd’hui et que la langue est l’outil de cette ouverture. Château Rouge n’est pas une « scène nationale » comme Bonlieu à Annecy : cela vous laisse-t-il une grande liberté ? Venu de Lorraine où il a été pendant dix ans chargé de « défrichage » culturel et artistique sur des sites miniers désaffectés, il sait ce que signifie créer un théâtre à partir de rien, monter un projet artistique respectueux de l’environnement géographique et humain, et développer des partenariats multiples. Entretien avec Frédéric Tovany. Ma liberté de choix est totale. J’ai la confiance du Conseil d’administration et de la Ville, sur la foi du dossier de candidature que j’ai présenté et qui a orienté le choix sur moi. Je peux donc panacher à mon gré, en veillant à équilibrer les genres artistiques et à élargir le regard des spectateurs sans pour autant les bousculer. Quelle nouvelle ligne sera la vôtre à la tête de Château Rouge ? L’institution que vous dirigez se situe à la frontière franco-suisse : quel regard portez-vous sur ce particularisme ? Mon prédécesseur Jacques Mangein a mené la barque avec succès pendant dix-sept ans. Il ne s’agit donc pas de faire table rase de ce passé mais de développer des axes nouveaux. L’accent était mis sur la musique et la danse, nous continuons à ouvrir des fenêtres sur la danse (sept spectacles dont Dialogue with Rothko de et avec Carolyn Carlson, le 8 octobre) et sur la pluridisciplinarité danse-théâtre (deux spectacles dont Change or die sur des textes de Robert Walser, les 14 et 15 janvier). La musique, très fédératrice à Château Rouge, obéira à trois principes artistiques : la chan- Je considère que la diversité régionale est une plus-value. Toutes les communes de ce que l’on appelle « le grand Genève » ont un avenir commun et les projets artistiques et culturels sont les meilleurs vecteurs de cette « communauté de destins », comme dit Edgar Morin. La multiplicité de l’offre régionale, et notamment genevoise, loin d’être une concurrence, est un atout car elle provoque la demande du public en créant des habitudes culturelles. Tous les projets entrent en résonance et suscitent la curiosité des spectateurs. En quoi consiste la collaboration régionale ? «Cocorico» avec Patrice Thibaud © Celine Aubertin son française (Olivia Ruiz, Jean-Louis Murat, Louis Chedid), le jazz (Ibrahim Maalouf) et la musique du monde (Amadou et Mariam). Et nous restons fidèles aux spectacles de cirque (quatre spectacles dont Face Nord les 13, 14 et 15 novembre). Ce qui est nouveau, c’est la place plus importante qu’occupe le théâtre. Je souhaite offrir aux spectateurs un panorama de la création artistique, dont les langages, en s’entremêlant, rendent les frontières perméables. Un bon exemple est le cirque qui se théâtralise. Le deuxième axe concerne les choix, orientés par des fils thématiques. Je citerai le thème du pouvoir politique (Innocence les 11 et 12 février) et d’autres formes de pouvoir (social, à l’intérieur du couple) ou de rapports homme-femme (Chien, femme, homme les 3 et 4 octobre, Trois ruptures les 8, 9 et 10 avril, La a c t En tout début de saison, nous poursuivons le partenariat intelligent avec le Festival de la Bâtie dont la programmation correspond à notre démarche (Place du Marché 76 les 10 et 11 septembre). Même chose en ce qui concerne la danse avec Steps, le plus grand festival de danse contemporaine en Suisse, présenté tous les deux ans par le Pour-cent culturel Migros. Il y a également Les Colporteurs en collaboration avec Le Poche à Genève (Je suis le 17 novembre), L’Arsenic à Lausanne (Une Raclette le 2 octobre ) et la Maison des Arts Thonon-Evian (Morsure le 29 novembre) : chacun de ces théâtres emmène à tour de rôle son public découvrir le spectacle d’un autre. Nous entretenons d’étroites relations avec les théâtres genevois. Nous avons par ailleurs comme atout de posséder la plus grande salle de la région avec une jauge maximale de 1100 places, ainsi que le plus grand plateau. Parallèlement, nous suivons de jeunes metteurs en scène régionaux très prometteurs. Etant nouvellement arrivé, je suis en période d’observation de la région au sens large. Enfin, nous poursuivons le programme de diffusion hors les murs de Château Rouge Voisinage avec des spectacles pluridisciplinaires qui se déplacent vers le public des petites communes françaises avoisinantes. La fréquentation de la saison écoulée vous a-t-elle satisfait ? Il y a eu 2500 abonnés, ce qui représente entre 12000 et 14000 entrées. L’ouverture plus grande faite au théâtre devrait encore augmenter la fréquentation. Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Pour le programme complet, les lieux et les horaires, se référer au site de Château Rouge : www.chateau-rouge.net u a l i t é s a i s o n s saison 2013-2014 de l’orchestre de chambre de lausanne Autres concerts, autres formules Nouveau chef, nouvelle étape Un nouveau directeur titulaire, un programme riche, la saison de l'OCL s'annonce différente et captivante. Après l'ère Zacharias, la phalange lausannoise a un nouveau responsable artistique en la personne de Bertrand de Billy qui, pour trois ans, tiendra le baguette. Né à Paris en 1965, ce musicien d'orchestre - au départ altiste - s'est très vite dirigé vers la direction. C'est un remplacement “au pied levé“ de Michel Corboz, malade, qui lui a permis de gravir le podium pour la première fois ! Une expérience clef. Peu après, en 1993, au sortir de ses études, le musicien français n'a pas hésité à partir travailler en Allemagne de l'Est post communiste, à Dessau. Ce lieu excentré lui a permis de cultiver et d'affiner ses connaissances musicales. Esprit cosmopolite, le maestro a non seulement œuvré en Allemagne, mais aussi, ensuite, en Autriche, en Angleterre, en Espagne et aux Etats-Unis... sans jamais avoir vraiment eu l'opportunité - ou le temps ? - de développer une carrière dans son pays d'origine ! Les musiciens qui collaborent avec lui apprécient sa capacité à créer un enthousiasme. Ils soulignent également son tempérament chaleureux, son énergie infatigable, qu'il ne manque jamais de transmettre. Polyglotte, pédagogue, Bertrand de Billy © Marco Broggreve a c t u Bertrand de Billy sait présenter la musique aux enfants, un peu à la manière de Leonard Bernstein ! Son répertoire s'étend de Mozart à Dutilleux, un artiste trop peu joué qu'il a connu personnellement et qu'il a contribué à faire connaître à Vienne. Un tel choix va amener l'Orchestre de Chambre de Lausanne à opérer un virage assez marqué après le règne de Christian Zacharias. C'est un défi passionnant à relever pour les interprètes, et à suivre pour le public. A l'affiche en 2013-2014 L'édition s'annonce séduisante avec des artistes invités, tels les pianistes Leon Fleischer (28-29 octobre) et Radu Lupu (16-17 juin), le violoncelliste Truls Mørk (18-19 novembre) ou le violoniste Ilya Gringolts (23-24 septem-bre). L'OCL jouera « les œuvres de plus de 40 compositeurs, dont la moitié des XXe et du XXIe siècles, lors de 88 manifestations », a souligné le directeur administratif Benoît Braescu lors de la conférence de presse. Mais des noms du passé seront aussi bien représentés : Bach, Beethoven, Mendelssohn, Schumann, Mozart... Christian Zacharias reviendra animer une soirée consacrée à Brahms les 27 et 28 janvier, ce qui réjouira sans doute ceux qui regrettent son départ. Le nom du compositeur lausannois Richard Dubugnon occupera une place particulière: deux de ses pages seront créées : une Symphonie de Chambre, op. 63 (28 et 29 octo-bre) et un conte musical pour les jeunes et les moins jeunes, Le Jeu des sept clés, dans le cadre, cette fois-ci, des “Concerts découvertes“ (2 avril). a l i t La phalange présentera aussi les “Concerts du dimanche“, offerts aux mélomanes de 7 à 77 ans. Dans cette série, très variée, signalons la journée du 24 novembre : les auditeurs sursauteront peut-être, puisqu'en plus d'un concerto pour trompette de Johann Nepomuk Hummel, les musiciens feront résonner les accords de la Symphonie n° 94, “La Surprise“, de Joseph Haydn ! Les “Concerts découvertes“ permettront d'amener les enfants à découvrir Pierre et le Loup» de Prokofiev (13 novembre) et le 19 février Jean-François Zygel montrera, avec le complicité de l'OCL, comment Franz Schubert a pu, en quelques jours, écrire sa charmante Symphonie n° 5 ! Un mot sur les “Entractes du mardi“ : pour ces productions à mi-journée, ce sont des instrumentistes en nombre plus resserré qui monteront sur la scène. Une date à retenir ? Le 8 décembre. Trois cornistes, étudiants à l'HEMU (Site de Fribourg) feront peut-être naître des vocations... Avec l'Orchestre de l'Ecole de Musique de Lausanne (HEMU) la collaboration débouchera sur un concert commun. Jeunes musiciens et instrumentistes expérimentés joueront, sous la direction de Bertrand de Billy, la Symphonie n° 6 de Bruckner (4 décembre). Le compositeur, qui a aussi été professeur durant de longues années, aurait sans nul doute été réjoui de voir tous ces jeunes insuffler de la fraîcheur à sa musique... trop souvent jouée de façon compassée ! A Lausanne et ailleurs L'OCL poursuit aussi ses collaborations avec l'Opéra de Lausanne, la Haute Ecole de musique et la Manufacture. Ses tournées l'emmèneront à la salle Pleyel à Paris, à Bucarest, mais aussi à Fribourg, Neuchâtel, Avenches... Décidément la saison s'annonce sous le signe du mouvement ! Pierre Jaquet Prochain concert d'abonnement de l'OCL: Salle du Métropole, 23 et 24 septembre à 20 h Luciano BERIO: Folk Songs pour mezzo-soprano et orchestre / Joseph HAYDN Symphonie n° 91 en mi bémol majeur, Hob. I:91 / Johannes BRAHMS Concerto pour violon, violoncelle et orchestre en la mineur, op. 102 Christina DALETSKA mezzo-soprano / Ilya GRINGOLTS violon / Joël MAROSI violoncelle Heinrich SCHIFF direction Programme en ligne: www.ocl.ch/programme/ é 49 THEATRE KLEBER-MELEAU Saison 2013 – 14 Angélique Ionatos : 17 au 26 septembre – (Relâche : samedi 21 et lundi 23) « Et les rêves prendront leur revanche » – avec Katerina Fotinaki et Gaspard Claus – Production Accords Croisés La Dame de la mer – Henrik Ibsen – 12 au 24 novembre Mise en scène Omar Porras – Production Théâtre de Carouge – Teatro Malandro – Fondation Hans Wilsdorf Un Mari idéal – Oscar Wilde – jeudi 9 – dim. 19 janvier Mise en scène Pierre Bauer – Coproduction Théâtre des Amis et Canard + Productions Molly Bloom – James Joyce – 29 janvier – dim. 2 février avec Anouk Grinberg – Production Bouffes du Nord – La Double inconstance – Marivaux – Mise en scène Philippe Mentha – décor Audrey Vuong Kléber-Méleau : Représentations : 4 au 16 mars 2014 Puis au Théâtre de Carouge : Représentations : 21 mars au 6 avril Production Kléber-Méleau – Coproduction Théâtre de Carouge 6 Concerts avec Cédric Pescia : 29 avril – 4 mai Production Ensemble EnScène Oblomov – d’après Ivan Gontcharov : 15 au 25 mai Adaptation et mise en scène : Dorian Rossel – Production Cie STT Attention : comme celles des mardi et mercredi, les représentations du samedi commencent à 19 heures ! t h é â t Début de saison Intimiste Le testament de René Gonzalez (suite) : Bory, Rossel, Rau, Ruf, Lupa, Ostermeier, Djemaï, Faï. Mais aussi Molière, Marivaux, Simon Abkarian, Yvette Théraulaz, Philippe Saire, la Syrie et un cirque de puces. Plus tard encore, Jean-Quentin Châtelain, Robert Bouvier, Zabou Breitman, Denis Maillefer, et Richard III, le retour. Traditionnelle Contemporaine A côté de ces valeurs sûres, Vidy sort l'artillerie lourde. Trois jours pour venger un fantôme sur les remparts d'Elseneur : “To be or not to be“ Thomas Ostermeier. Le plus que jamais directeur de la Schaubühne revient avec un Shakespeare à la mesure de sa folie, le Hamlet découvert au Festival d'Athènes en 2008, avec le fabuleux Lars Eideinger. Un choc. Vidy pro- Vidy post-Gonzalez Pour rappel : - 509 représentations durant la saison qui s'achève, - 90'000 spectateurs attendus au final, - environ 85% de taux de fréquentation, - 24 spectacles produits par Vidy actuellement en tournée de par le monde. a c t u «Hamlet» © Arno Declair gramme trois représentations de 2h45 sans entracte, en allemand surtitré, et à la tarification différenciée : le masochisme n'a pas de prix. Autre boulet tiré contre les murs du conventionnalisme : Krystian Lupa. Le seul nom du metteur en scène polonais fait frémir (rappelez-vous sa Salle d'attente en 2011 : 3h20 de spectacle pris en pleine figure). Ajoutez-y celui de Thomas Bernhard, et du titre de sa pièce Perturbation, et vous allez voir ce que vous allez voir ! Lupa signe ici sa deuxième production en français, qui comprend Valérie Dréville et qui dure pas moins de 3h30 ! Troisième spectacle aux accents de la furie contemporaine : Vers Wanda, signé Marie Rémond. Sur la route des figures mythologiques contemporaines (elle avait créé André à Vidy, sur le tennisman André Agassi), Marie Rémond s'inspire aujourd'hui du film culte Wanda (1970) de Barbara Loden (épouse de Kazan). En chemin, elle rencontre les mots de Nathalie Léger Supplément à la vie de Barbara Loden (2012) et a e dépasse le roman pour poursuivre sa propre enquête : pourquoi Wanda-Loden a-t-elle mérité 20 ans de prison ? théâtre de vidy-lausanne Avant de laisser la parole au successeur de René Gonzalez, les fidèles René Zahnd et Thierry Tordjman ont prolongé l'œuvre du maître. Convoquant les non moins fidèles de Vidy : - le marionnettiste engagé Yeung Faï (Blue Jeans), - le poète mathématicien Aurélien Bory (Géométrie de caoutchouc), - le touche-à-tout Gian Manuel Rau (son projet Rome-Nanterre, un jeu biographique featuring Valérie Mréjean et Véronique Reymond), - l'imprévisible Dorian Rossel (son projet Staying Alive), - le damné Jean-Quentin Châtelain (Bourlinguer de Cendrars), - le François d'Assise réincarné par Robert Bouvier, - le monologue Journal de ma nouvelle oreille mis en scène par Zabou Breitman, et la réflexion sur la science de Charles Tordjman (Galilei). r l i t Défoncée par les coups portés par ces trois œuvres, la porte de Vidy s'ouvre sur des productions plus osées, plus intimes. C'est le cas d'Hughie, pièce peu jouée du pourtant immense Eugene O'Neill, humaniste qui a intéressé Jean-Yves Ruf : « C'est une pièce entre deux gestes. Ceux d'un petit joueur demandant sa clé à la réception de son hôtel, puis se tournant pour gagner sa chambre. Entre ces deux moments, il se confie au réceptionniste, qui n'en a rien à fiche. Un univers qui rappellerait celui d'Emmanuel Bove. » C'est aussi le cas de La Dérive des sentiments de Philippe Saire. Pour la première fois, le chorégraphe ose franchir la barrière des corps en mouvements pour dialoguer avec les mots : “texte et danse“, “sur une version de L'Odyssée, façon Looking for Richard d'Al Pacino“, “une écriture de plateau qui évolue au fur et à mesure des représentations“ ou encore “Le corps est plus allusif que le texte, mais il est plus riche.“ C'est encore le cas d'Immortels de et par Nasser Djemaï. Comme son spectacle précédent, Invisibles, Immortels raconte une histoire de fantômes : un garçon qui a perdu son frère dans un accident mène l'enquête car le défunt n'avait pas par habitude de boire, contrairement à la thèse avancée. Il intègre alors le groupe d'amis du disparu, des post-ados militants contre l'héritage des adultes, devenu trop lourd à porter. Une histoire de frères, d'identité, mais aussi une réflexion sur nos sociétés qui oublie ses morts. Frank Dayen Programme de Vidy sur www.vidy.ch rés. au 021 619 45 45 Saison 2013-14 à Kléber-Méleau Philippe Mentha n'a pas eu à détailler sa saison lors de la soirée de présentation conjointe de Vidy et Kléber-Méleau. Sa programmation, pas encore définitive, parle d'elle-même : Ibsen par Porras (La Dame de la mer), Wilde par Pierre Bauer (Un Mari idéal), Marivaux par Mentha (La Double Inconstance), Oblomov par Dorian Rossel, et Molly Bloom, d'après Ulysse de Joyce, avec Anouk Grinberg. Rés. au 021 625 84 29 ; www.kleber-meleau.ch é 51 t h é â t r e public ne soit là, et en fait c’est la décision du comédien de savoir comment il veut jouer son texte. Après chaque représentation on en parle, on s’en parle. théâtre saint-gervais Of / Niet Jouer à l’intérieur d’une compagnie, est-ce essentiel pour vous ? Of/niet est une double pièce sur les relations et la trahison. Les quatre comédiens de tg STAN jouent deux couples bien informés l'un sur l'autre, sans toutefois tout savoir, tout maîtriser. Entretien avec Franck Vercruyssen. Comment est venue l’idée d’adapter et mélanger Une soirée entre amis (Party Time) de Harold Pinter et Pantoufle (Relatively Speaking) d'Alan Ayckbourn ? 52 Un peu par hasard. Au début de 2006, nous avons commencé à lire des pièces en fonction d’une nouvelle création à quatre. Il faut savoir qu’une création à quatre est assez rare dans notre parcours. Nous travaillons souvent ensemble mais avec d’autres personnes, et avant Of/Niet, la dernière fois que nous avions joué à quatre c’était en 1997 avec Private Lives de Noel Coward. En lisant des pièces nous sommes tombés sur ces deux textes. On les a de suite beaucoup aimés. Nous nous sommes alors demandé : ‘pourquoi ne pas monter les deux ?’ Ensuite nous avons découvert que si l’on ajoutait Party Time de Pinter à Relatively Speaking il y avait une touche d’amertume, de questionnement politique et d’autodérision qui se mêlait au texte de Ayckbourn, maître incontesté en ‘comédies de malentendus’. Il y a de fait plein de paradoxes nourrissants et de sujets supplémentaires qui surgissent grâce à la «Of/Niet» ©Thomas Walgrave combinaison de ces deux textes. Le texte porte sur l’infidélité, l’adultère et les quiproquos tragi-comiques que ces situations induisent. Qu’est-ce qu’être infidèle en 2013 à l'heure des transparences e instituées à l'échelle planétaire ? Question très difficile… Personnellement, je ne vois pas de grandes différences entre maintenant et le passé. Je pense qu’un sujet comme l’infidélité est assez universel et existe depuis toujours. Ça se passe au niveau des tripes de deux individus. Bien sûr, quand on compare la situation dans l’Europe occidentale d’aujourd’hui avec celle du XVIIIe siècle, il y a de grands changements, mais au fond, l’infidélité est toujours exactement la même chose. Ceci dit, quand on regarde le texte qu’on joue dans Of/Niet, précisément dans Relatively Speaking, je crains que la question ne soit un tout petit peu trop sérieuse, car la pièce se veut ‘juste’ légère. C’est en effet une comédie très très drôle et très très bien écrite ! De quelle manière la compagnie tg STAN aborde-t-elle le travail théâtral ? Par les gestes, les mouvements en premier ? Par le texte, le ton ? Par le décor, l'espace dans lequel s’ancrera le texte ? Nous ne répétons pas dans le sens conventionnel du terme. Nous passons beaucoup de temps à la table. On traduit le texte ensemble pendant plus ou moins 6 semaines et on en parle beaucoup. Entre-temps les autres facettes du spectacle (décor, costumes, lumière, matériel promotionnel, etc.) sont passées en revue et des propositions sont formulées, des choses sont développées. Puis on apprend le texte par cœur et on fait des italiennes autour de la table. Quelques jours avant la première, on entre dans la salle où va être présenté le spectacle, on explore le plateau et on prend des décisions à propos de la mise en scène. En même temps on vérifie les propositions formulées autour de la table et là aussi, on prend des décisions. Et enfin… on y va ! Une chose importante à mentionner, c’est que chez nous il n’y a pas de metteur en scène. On crée le spectacle ensemble et la façon de jouer les personnages est de la responsabilité de chacun. On ne va jamais ‘vraiment jouer’ avant que le n t r e Cette compagnie c’est nous. Et nous sommes cette compagnie. Je ne peux pas parler en général. Pour certaines personnes, c’est génial de jouer partout et d’être invité par différentes compagnies. Notre réalité a été différente dès le début. En 89, en dernière année de l’école de théâtre où nous étions étudiants, on nous a demandé de jouer nos productions de promotion hors de l’école et c’est pour réaliser cela que nous avons fondé la compagnie. Depuis ce temps-là on a continué à travailler ensemble et à créer des spectacles, à 2, à 3, à 9, parce qu’on en avait envie et parce qu’on avait organisé la compagnie comme un véhicule parfait pour réaliser nos idées et nos rêves, individuels et communs. Donc, pour répondre à votre question : oui, essentiel mais pas à l’intérieur d’une compagnie, à l’intérieur de cette compagnie ! Ceci dit, tous les membres-clé de STAN collaborent de temps en temps avec d’autres compagnies ou font du travail pour l’écran. En général, quand on me demande : « Est-ce que tu n’as jamais envie de faire des choses hors STAN ? », je réponds toujours : « Non, parce que je fais des choses hors STAN dans STAN… » Pour un comédien, est-ce compliqué de jouer pour des spectateurs plongés dans la lecture parfois désynchronisée des surtitrages ? C'est-à-dire avez-vous l'impression de jouer différemment pour ce type de public qui lit et voit en même temps? Ce n’est pas une sinécure, il faut l’avouer. Parfois ça marche à fond, et parfois c’est plutôt difficile. On a eu des expériences diverses. Notre façon de jouer nos spectacles dépend beaucoup du contact direct avec les spectateurs – nous n’avons jamais de ‘quatrième mur’ – donc pour nous c’est encore un plus grand défi que d’essayer de garder cette ligne directe, surtout quand les gens dépendent des surtitres. Avec ce spectacle spécifique on a remarqué que ça fonctionne sans problème. D’ailleurs on l’a joué à Rio de Janeiro et c’était la fête totale, donc apparemment ça marche ! La chose qui aide probablement aussi, c’est qu’on ne fait jamais semblant de savoir que les surtitres ne sont pas là… Propos recueillis par Rosine Schautz Du 27 au 29 septembre.Théâtre Saint-Gervais (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) t i e n t h é â t r e théâtre des marionnettes de genève Guy Jutard Depuis son arrivée en terre calviniste, en 2002, Guy Jutard est mû par sa passion : la création marionnettique la plus diverse – marionnettes à gaines, marionnettes à fils, théâtre d’objets – et pour toutes les tranches d’âges, sans limitation, allant des tout-petits aux adultes. Pour la saison 2013-2014, Guy Jutard a concocté un programme de douze spectacles créations, répertoire et accueils. Rencontre avec Guy Jutard, qui nous parle de sa nouvelle saison... Quelles propositions destinezvous au tout jeune public ? Vous présentez quatre créations durant cette nouvelle saison ; que pouvez-vous nous en dire ? Le TMG réaffirme en 13-14 que la création marionnettique, dans la multiplicité de ses formes et la diversité de ses publics, reste le cœur de notre mission. Pour les adultes, nous retrou-vons l’auteur genevois Olivier Chiacchiari associé à la compositrice Hélène Zambelli dans Les Lois du marché. Commande du TMG à l’auteur, cette fable sociale et satirique prend sur notre scène la forme d’un opéra bouffe pour six comédiennes et comédiens chanteurs, un trio de musiciens et de nombreuses marionnettes, en un clin d’œil formel à Offenbach. Confiée à la Compagnie Pasquier-Rossier, l’adaptation de Petit-sœur de Pierre Gripari mêle jeu de comédiens et marionnettes sur table. Geneviève Pasquier, adaptatrice et metteuse en scène, nous entraînera dans ce conte à rebondissements truffé d’ingrédients gripariens (objets magiques, sorcière…) par le truchement d’un décor mobile et transformable. Nouvel opus pour les très jeunes spectateurs Nota bébés sera interprété par la comédienne et violoniste Sandrine Girard. Sur quelques fils, tendus comme des cordes à linge, elle suspendra objets et petits personnages. Ils formeront une subtile partition que la comédienne déchiffrera, animera et illustrera à l’aide des mélodies de son violon. Moment de poésie visuelle et sonore avant la naissance de la parole. Retrouvailles avec le grand maître chinois Yeung Faï, Blue Jeans nous proposera un regard sévère sur « l’eldorado économique » chinois. Comme dans son dernier spectacle autobiographique, cet ultime héritier d’une longue lignée de manipulateurs de « gaine chinoise » signera une œuvre où les ingrédients de la tradition s’allieront à une modernité tant thématique que formelle. e n t r lit en images riches, subtiles, multiples, qui sont créées devant les enfants par plusieurs manipulateurs d’ombres colorées. Le comédien Jean Sclavis est seul au milieu de huit marionnettes à taille humaine pour nous proposer Les Fourberies de Scapin et réalise une performance qui met en lumière la solitude métaphysique du personnage de Scapin. Dans Voyage en Polygonie, Pascal Vergnault évoque avec légèreté « la part manquante », en mettant en scène les tribulations d’un petit carré pas tout à fait fini à la recherche d’un petit bout de rien. Les tout petits retrouvent Grand-père, cet ancêtre coiffé d’un bonnet d’aviateur, qui, valise à la main et échelle à l’épaule, va décrocher la lune pour divertir la petite Baba. On embarquera pour un vol avec L’Oiseau chanteur, déambulant avec lui dans une ville aux couleurs et formes inspirées par le peintre Fernand Léger dans une fable délicate. Subtilement décalée, Chaperon rouge cartoon, cette version du conte traditionnel puise dans le dessin animé façon Tex Avery, des accents de loufoque comédie musicale américaine. Chine Curchod, elle, se remet sur les traces d’un lapin frondeur et provocateur, Jean Carotte, pour Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin !, tiré du best-seller de la littérature enfantine écrit par Grégoire Solotareff. «Voyage en Polygonie». Photo ldd Phil Journe Quels spectacles invitez-vous à Genève ? Émilie Valantin, dont les Genevois ont eu à plusieurs reprises l’occasion de voir les œuvres, ouvrira la saison en nous donnant à voir le héros archétypique de la marionnette : Polichinelle. Dans La Bosse du théâtre se succèdent trois farces du répertoire classique mettant en scène ce personnage bossu et ventru au nez busqué dont la roublardise est le trait dominant. Jean-Pierre Lescot est un des plus grands noms du théâtre d’ombres contemporain. Sa dernière création Mais où est passé Léon ? parle des trésors de grenier. Plus qu’une âme, les objets inanimés trouvés par Pablo, ont ici une histoire. La suite des courts récits proposés par l’auteur conteur, grand connaisseur du jeune public, se e t i e Faire du TMG un vivier de création marionnettique proche de son public reste votre priorité ? Soucieux de sa mission de service public, le TMG poursuit, par le biais de propositions qui mêlent exigence artistique, diversité des genres et innovation, sa mission d’éducation artistique pour le jeune public accueilli dans le cadre des représentations scolaires. Attentif à l’émergence de jeunes créateurs locaux en favorisant la mise en lumière de leurs projets. Le TMG puise essentiellement dans le vivier des créateurs romands. Sa programmation met en valeur les diversités esthétiques et thématiques en écho à l’internationalisme et au pluriculturalisme de la cité. Propos recueillis par Firouz-E. Pillet www.marionnettes.ch n 53 t h é â t r e la comédie de genève : autour de la saison 2013-2014 Hervé Loichemol Le metteur en scène évoque la nouvelle saison de La Comédie, la troisième depuis qu’il a pris les rênes de l’institution. Saison qui se partagera entre répertoire et création, entre textes nouveaux et textes anciens. Entretien. La saison dernière se présentait comme très ancrée dans le XXe siècle, avec de nombreuses productions. Que réserve la saison à venir ? 54 On commémorait le centenaire de La Comédie de Genève, ceci explique cela. Le centenaire induisait la place du théâtre dans le social et dans la cité. La saison 2013-2014 verra un retour à l’équilibre entre le répertoire et la création, mais dans l’ensemble on peut parler de continuité avec l’équilibrage entre les accueils et les productions, les textes nouveaux et anciens. Donner la parole et la place aux Hervé Loichemol © Marc Vanappelghem contemporains est moins confortable que le travail sur le répertoire, c’est-à-dire sur les œuvres du passé, mais il est important de proposer les deux apporches. J’aime l’idée de procéder par constellation de pensées, loin de tout discours uniformisant, et non par thèmes dans lesquels e faire entrer les spectacles à tout prix. D’où l’intérêt pour des expériences humaines et des projets singuliers. D’autre part, les choix de la programmation sont régis par des considérations diverses que l’on ne peut nier, telles que la tendance de la société, l’état du marché, la collaboration avec l’équipe. À cela s’ajoutent aussi les contraintes financières et celles du calendrier, et enfin la question de l’emploi, lissée sur plusieurs années. A défaut de thématique, y a-t-il des options fortes dans le prochain programme ? Le premier fil à dérouler est celui du héros : qu’en est-il aujourd’hui ? Siegfried [Siegried, nocturne de Olivier Py, m.e.s Hervé Loichemol] ou l’effacement du héros, sa disparition ; Amphitryon le héros détrôné [Amphitryon de Molière, m.e.s. de Nalini Menamkat] ; Ajax et Œdipe les héros tragiques [Des Héros : Ajax/Œdipe Roi de Sophocle, m.e.s. de Wajdi Mouawad] ; le missionnaire tout en bonté et délicatesse [Mission de David Van Reybrouck, m.e.s. de Raven Ruëll] ; Antonin Artaud le fracassé [Artaud-Barrault de Denis Guénoun] ; Sylvie Plath écrasée par ses tensions internes [Danses nocturnes] : tous sont des figures solitaires. Faut-il s’exclamer comme dans La vie de Galilée de Bertolt Brecht : « Malheureux le pays qui n'a pas de héros! » ou répondre comme Galilée lui-même : « Malheureux le pays qui a besoin de héros » ? Un deuxième fil est celui de l’équilibre hommefemme. L’histoire récente montre que le point d’achoppement est la place de la femme dans la société (voir par exemple ce qu’elle est devenue dans le printemps arabe). Mais ce n’est qu’un vain mot si cela reste un slogan. Né en Algérie, je suis particulièrement sensible au rôle considérable que les femmes ont joué dans la libération de ce pays et à la façon dont elles ont été ignominieusement traitées. Toute mollesse à ce sujet nous condamne à terme car un tel mépris est la voie vers le fascisme.. c’est aujourd’hui n t r e un des enjeux majeurs de notre monde et la solidarité européenne à l’égard de ces oubliées de toutes les révolutions est essentielle. La modeste contribution de La Comédie est de donner aux femmes une place importante sur le plateau et dans l’équipe, avec ou sans quotas. Quelques nouveautés ? La modification en profondeur de l’institution s’est déjà amorcée avec la création des deux studios Claude Stratz en 2011 et André Steiger en 2012. C’est dans ces lieux de taille plus réduite et libres de contraintes que soufflera grâce au collectif de la Comédie un vent de fraîcheur. Le collectif y présentera sur trois périodes son approche des textes, des chansons et du théâtre de Levin [Cabaret Levin] dès janvier – avec quelques petites surprises... Parallèlement, l’atelier-théâtre de Chêne-Bougeries sera invité à présenter le travail qu’il vient de faire sur ce même auteur. Et le Théâtre Spirale jouera les courtes pièces de Dario Fo et Franca Rame [Récits de femmes]. C’est votre troisième saison : quelles réflexions en tirez-vous ? Certes, il y a eu l’échec de certaines aventures et j’ai été la cible d’attaques de la part de quelques journalistes mais j’ai choisi la voie douce dans la communication et m’y tiendrai. Nul n’est à l’abri d’erreurs, cela ne remet pas en question le travail effectué, ni la rigueur et l’honnêteté dont je peux me prévaloir. Je ne suis pas adepte du passéisme et j’aime les audaces risquées. Dans Le Crocheteur borgne, Voltaire écrit : « Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir que Mesrour était borgne. » On ne saurait tout voir ou on le voit parfois trop tard, mais on voit certaines choses : pourquoi les ignorer ou les passer sous silence ? Un mot sur la revue L’Autruche ? Cette revue est un exemple unique en Suisse de revue de théâtre produite par un théâtre. Même en France où il existe des revues sur le théâtre, aucune n’est produite par un théâtre. L’Autruche est une revue exigeante qui irradie tout ce qui touche à l’art et à l’esprit du théâtre. Ce n’est pas un geste anodin, pas plus que ne l’est l’ouverture de deux petites salles. J’espère ainsi favoriser le déploiement de l’institution qui m’a été confiée. D’après les propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier t i e n t h é â t r e à la comédie Danses nocturnes Au menu de ces Danses nocturnes, Sonia Wieder-Atherton et Charlotte Rampling. La première joue au violoncelle les suites numéro 1 (opus 72) et 3 (opus 87) extraites des Suites pour violoncelle seul écrites pour Mstislav Rostropovitch par Benjamin Britten. La seconde, de sa voix sensuelle et organique à la fois, essentielle, voix entre deux langues, dit et déclame les mots de la poétesse Sylvia Plath, qui en 1963 mit tragiquement fin à ses jours. Dialogue musical mêlant à la fois le lyrisme d’un Britten, rauque et guttural, aux mots éclatants tirés de poèmes, de quelques lettres et d’un journal intime qui n’escamote rien. Qu'elle suscite l'hostilité ou l'admiration, la personnalité de Plath, femme hors du commun voire border line, considérée en effet comme folle ou comme icône emblématique du génie féminin écrasé par une société dominée par les hommes, fait réfléchir car fait sens. Sa mère ayant expurgé une partie de sa correspondance, et son mari ayant pris sur lui de détruire son dernier journal, celui précisément des mois précédant le suicide « pour protéger sa famille et ses enfants », il nous reste à lire, et à écouter en l’oc- currence, ses mots en connaissance de cause, afin de mieux les pénétrer et de s’en saisir. Complicité Le spectacle proposé par les deux complices se décline en français et en anglais, et s’articule autour de poèmes choisis dans Ariel et autres recueils ou sortis de la correspondance et du fameux journal. Ariel est le dernier recueil de poésie composé par Sylvia Plath. Il a été publié en 1965, à titre posthume. Il contient notamment les célèbres poèmes Daddy et Lady Lazarus, qui sont devenus des textes cultes dans les pays anglosaxons depuis plusieurs générations. Charlotte Rampling, crédit Sylvie Lancrenon a c t u a Dans ce duo vocal et musical apparaît aussi par petites teintes, presque par réminiscence, la vie tragique de l’écrivaine américaine : la mort par la gangrène d’un père, qui la laissera anéantie à l’âge de huit ans - et qui hante bien évidemment nombre de ses poèmes -, les études brillantes à Smith qui n’empêcheront pas les électrochocs prescrits en série pour soigner une dépression nerveuse à vingt et un ans, puis finalement le suicide au gaz à trente ans, dans la nuit du 10 au 11 février 1963, après avoir condamné la chambre des deux enfants nés de son mariage avec le poète anglais Ted Hughes. Mais de ce tragique qui sourd entre les mots naît une force vive, la force de la vie à vivre malgré les malheurs et les désespoirs, malgré la folie, vie transcrite en paroles directes, précises, pas ‘données en spectacle’, mais données à comprendre, sentir, données à entendre. A ne pas manquer donc, car attention : le spectacle ne se donne que deux soirs! Rosine Schautz Les 19 et 20 septembre : Danses nocturnes. Charlotte Rampling lit Sylvia Plath. Violoncelle : Sonia WiederAtherton. Billetterie : 022/350.50.01, billetterie©comedie.ch Sonia Wieder-Atherton, crédit Sylvie Lancrenon l i t é 55 t h é â t r e entretien avec omar porras A propos de Roméo et Juliette Roméo et Juliette de William Shakespeare est le dernier grand projet d'Omar Porras, metteur en scène et directeur du Teatro Malandro. Il présente sa création à Genève en septembre 2013 au Théâtre Cité Bleue, lieu dont il a repris la gestion en janvier 2013. La pièce du dramaturge anglais a été entièrement revisitée ; la version qu’il propose est le fruit d’une collaboration entre sa troupe et celle, japonaise, du Shizuoka Performing Arts Center (SPAC). Vous avez une passion pour le théâtre oriental, quels en sont les aspects qui vous fascinent le plus ? 56 Omar Poras : tout ce qui constitue une culture, y compris celle de l’Orient, est constitué d’actes, d’une conscience secrète, d’habitudes ritualisées, qui donnent une lumière marquée d’un sens. Il est difficile de dire ce qui m’attire le plus, car tous ces arts traditionnels me touchent. Prenons l’exemple d’un arrangement floral, selon les règles de l’ikebana ; sa beauté esthé- les arts orientaux, c’est qu’il est presque impossible d’en appréhender le but, je crois que c’est à chacun d’en apprécier la finalité qui réside à l’intérieur de soi, finalement le but visé est soimême. Vous vous intéressez au rapprochement des cultures, notamment théâtrales. Ne craignez-vous pas que ce désir de fusion contribue à effacer et à faire disparaître des spécificités propres à chaque culture pour La notion de globalisation était déjà recherchée par un Marc-Aurèle ou un Tamerlan, les Croisades ont également contribué à illustrer cette idée, enfin la christianisation de l’Amérique du Sud, et de la Colombie en particulier qui fut une véritable boucherie, entretenait aussi des buts de globalisation. Ces exemples reflètent certes un modèle conquérant et d’appropriation des richesses indigènes, mais nous oublions souvent leur versant positif qui est l’apport mutuel que ces sociétés se sont donné, au sens de la créolisation d’Aimé Césaire. La fusion culturelle que j’imagine vise cet enrichissement résultant de la rencontre de deux cultures. Je précise ma pensée sur ce sujet sensible : il n’existe pas de forme d’art, de science, ou de politique, si elle n’est pas nourrie de l’autre. Cette relation à l’autre se fonde sur le respect et l’équilibre, faute de quoi on tombe dans les dérives mercantiles, l’imitation et toutes formes d’abus qui brisent l’originalité d’une rencontre. La base de mon travail est que je suis Amérindien; je suis venu à la rencontre de l’Europe, puis je me suis aperçu que ce qui nous différencie vraiment ce sont les codes d’accès aux cultures. De ce point de vue, j’ai beaucoup appris de Grotowski et de son approche anthropologique du théâtre : aussi lorsque je vais au Japon, n’est-ce pas pour retirer quelque chose de leur culture mais pour y déposer mon propre bagage. Je ne cherche pas à japoniser mon travail, ni moi-même, ou encore à occidentaliser le leur. Je souhaite plutôt me défaire de quelques connaissances, de les partager et de les remettre en jeu. Dans la communication autour de ce spectacle, on parle abondamment du Japon, des acteurs japonais, de la langue japonaise, etc… Cette focalisation orientale occulte quelque peu la dimension occidentale de la pièce, quelque part reléguée au second plan. Où est Shakespeare dans tout ça ? «Roméo et Juliette» photo K.Miura tique me séduit, mais si on considère la composition comme un objet artistique, alors on voit et entend un passé, un récit où toute une culture repose : religion, poésie, peinture, relation homme-nature, etc… Ce qui me surprend dans e aboutir à un produit indifférencié. De façon plus directe, cette affaire de rapprochement ou de fusion culturelle, n’est-elle pas une mode passagère liée à la globalisation de nos sociétés ? n t r e C’est juste, il y a le danger de vendre l’exotisme, l’étrangeté, en oubliant le pourquoi, c’est-àdire ce qu’il y a entre moi, le Japon et Shakespeare. D’abord avec Roméo et Juliette nous sommes en présence d’un mythe universel, celui de l’amour, ensuite il y a le théâtre shakepearien qui est connu au Japon. En revanche le sujet pose des contraintes quasi insumontables pour un Japonais. Pourquoi ? Shakespeare met en question une vision chrétienne de la morale, totalement étrangère aux Japonais, qui sont principalement shintoïstes ou bouddhistes. Moimême je suis allé au Japon avec des idées pré- t i e n t h é â t r e Sur le plan dramaturgique, comment avez-vous abordé la double traduction et l’adaptation de l’œuvre shakespearienne ? Yves Bonnefoy, qui a traduit Roméo et Juliette dit à ce propos : « Le vers régulier, dans la traduction, donne toujours une impression de gratuité, et parfois même de parodie ». Pour votre part, jusqu’où respectez-vous l’esprit du texte ? Nous avons fondé notre dramaturgie sur la traduction française de François-Victor Hugo et sur celle de Kawai Shoichiro pour la traduction japonaise. Par ailleurs j’ai consulté toutes les autres traductions françaises, y compris celle de Bonnefoy. Je ne cache pas que nous avons rencontré quelques difficultés, par exemple dans les scènes où Shakespeare recourt à des métaphores sexuelles, ce qui dans la langue japonaise, et surtout pour les acteurs, était extrêmement délicat à exprimer. Nous avons dû recourir à toutes sortes d’astuces : re-traduction pour atténuer la vigueur verbale, ateliers de langue, exercices d’expression, pour surmonter cet écueil. Cela étant, le premier acte fondamental d’un metteur en scène, c’est le respect du texte, mais après tout qu’est-ce que la fidélité, le respect ? A mon sens, respecter consiste à donner à l’œuvre littéraire la possibilité de la faire vivre et revivre, de sorte que les mots qui dorment dans les livres soient visibles et palpables, qu’ils e n t r e t deviennent souffle, chaleur, transpiration. L’esprit de l’œuvre doit être respecté pour que la nature jaillisse et c’est à travers l’artiste, l’acteur, que la parole redevient vivante et illumine l’esprit. Mais souvent les mots ne suffisent pas, il y a des choses cachées dans la fôret de mots, il est alors nécessaire de se réapproprier le langage à travers certains effets – car il arrive qu’un effet puisse remplacer un mot - afin que le verbe retrouve son état de nature. Dans ces conditions, le texte s’incarne aux sens du spectateur qui peut alors vivre cette éternité de la parole. L’adaptation quant à elle permet au texte de trouver sa propre géographie. Le thème de l’amour, plus précisément celui de la jeunesse face à la passion amoureuse, semble être au centre de vos préoccupations. L’Eveil du printemps, de Frank Wedekind, que vous avez monté et présenté l’an dernier et encore cette année à Genève, en témoigne. Avez-vous souhaité créer une sorte de diptyque consacré à cette problématique ? ming Art Center, fondée en 1997 par le maître Tadashi Suzuki, n.d.a.), beaucoup de points communs. Notre rencontre remonte à 1999, avec une représentation de Noces de sang de Lorca, lors du festival Olympics Theater Festival, qui a séduit Tadashi Suzuki. Depuis, les rencontres se sont multipliées, le Malandro est régulièrement invité au SPAC, au Festival de Shizuoka, dirigé maintenant par Satoshi Miyagi. Notre collaboration nous a conduits à chercher un nouveau projet commun, et comme le jeune public nous intéresse car il y a beaucoup à faire dans ce domaine, nous nous sommes dit que Roméo et Juliette serait un bon choix pour élargir le dialogue entre nos deux cultures. C’est ainsi qu’est né le troisième volet d’une réflexion sur la passion amoureuse et juvénile. Propos recueillis par Françoise-Hélène Brou Roméo et Juliette, d’après Shakespeare. Prochaines représentations : du 23 au 28 septembre et du 7 au 15 décembre 2013. Théâtre Cité Bleue, Avenue de Miremont 46, Genève. www.malandro.ch Il y a carrément un triptyque, car ce thème est déjà présent dans Les Fourberies de Scapin, monté en 2009 au Théâtre de Carouge (présenté aussi à Shizuoka en 2009, n.d.a.). C’est dans ce premier spectacle que j’ai commencé à aborder les questions de l’éducation, de l’irresponsabilité des parents, de l’obéissance et de la désobéissance. Je m’intéresse au moule de l’éducation formelle face à l’éveil de la fougue amoureuse SEPTEMBRE de l’adolescence, ce MA 24 – EN TRAVAUX de Pauline Sales qui l’amène à braver OCTOBRE les interdits. A cet JE 3 & VE 4 – MARC DONNET-MONAY égard le personnage TRANSMET SA JOIE Humour de Scapin offre un ME 9 – HITCH d’Alain Riou et Stéphane Boulan exemple favorisant la Truffaut/Hitchcock transgression qui, SA 19 – OCCIDENT de Rémi De Vos – à Martigny pour Molière, constiMA 22 – UN MARI IDÉAL d’Oscar Wilde Comédie tuait donc déjà une préoccupation. De façon plus générale, le Teatro Malandro partage avec la troupe japonaise du SPAC (Shizuoka perfor- SAISON 2013—2014 conçues et, au cours de mon travail, j’ai dû renoncer à mes codes, si bien que mon entreprise est devenue une sorte de quête personnelle vécue en collectif. Il a donc fallu trouver des éléments rassembleurs, d’ailleurs présents dans la pièce de Shakespeare avec le personnage du Frère Laurent qui cherche à trouver des solutions pour réunir les familles ennemies, attitude qui in fine se révèle une grave erreur. Selon moi, le véritable élément rassembleur est une forme d’effacement mutuel où personne ne renonce à l’essentiel. Mais cela ne suffit pas pour établir un dialogue Orient-Occident équilibré, il fallait aussi trouver où Shakespeare existait chez eux. A cet égard les fables et récits accompagnant l’arrivée des Occidentaux au Japon, précisément à l’époque de Shakespeare, nous rapprochent et offrent en effet un contexte marqué par les luttes entre familles, clans rivaux et shogunats, sur fond d’évangélisation catholique (décidée par le pape Grégoire XIII en 1575, n.d.a). Avec ça on est au Japon. Certes, j’admets que cette transposition amène une certaine perte de substance et quelques transgressions, mais quelle richesse on reçoit en retour ! i e n 57 t h é â t r e vail de metteur en scène. Il a ensuite été beaucoup édité dans de nombreuses langues. Il a écrit cette pièce à un moment difficile de sa vie, lorsqu'il se savait condamné par le sida. Il était donc dans l'urgence absolue. On ressent bien cela dans la pièce. De même, en lisant le journal de Jean-Luc Lagarce, on découvre que MusicHall contient de forts éléments autobiographiques. le poche genève Jacques Michel fait son one woman show A l'occasion de la pièce Music-Hall de Jean-Luc Lagarce, le comédien Jacques Michel retrouve la metteuse en scène Véronique Ros de la Grange. Pour camper ce rôle fort et mélancolique, il se transformera, chaque soir, en femme. Ce spectacle sera joué au Poche à la suite d'une autre œuvre de l'auteur, Derniers remords avant l'oubli, mise en scène par Michel Kracenelenbogen. Rencontre. Parlez-nous de Music-Hall... 58 Cette pièce ne raconte pas une histoire commune, c'est plutôt une non-histoire. Malgré tout, il y a une situation de départ qui voit un trio composé d'une femme et de deux hommes en train d'exécuter un numéro de cabaret. Quand la fille raconte, elle narre au passé en employant des expressions telles que « en ce temps-là ». On ne sait donc pas si on est encore dans ce monde ou au-delà. On assiste à la fin d'une vie artistique. Le texte est métaphorique et raconte la déchéan- fureur, raconté par un idiot, Et qui ne signifie rien ». Dans cette version mise en scène par Véronique Ros de la Grange, il y a quelques changements par rapport au texte d'origine. Par exemple, les spectateurs ne sont pas venus à la représentation. De même, elle a choisi de ne pas faire figurer les deux accompagnateurs. La femme est ainsi seule sur scène et entrecoupe son récit par des moments musicaux autour de Joséphine Baker et de son titre De temps en temps. On est donc en droit de se demander si elle a fantasmé tout ce qu'elle raconte. Vous avez à maintes reprises collaboré avec Véronique Ros de la Grange, qu'estce que vous aimez chez cette metteuse en scène ? J'aime son regard et sa précision sur les corps en scène. Elle vient de la danse et a un regard précis et original. J'aime sa vivacité sur les textes et ses propositions d'adaptation. Par exemple, pour Music-Hall, elle a décidé de me faire jouer le rôle de la femme. Enfin, ce qui me plaît est le fait de pouvoir développer un parcours avec une metteuse en scène, tout en étant bien présent dans les institutions. Nous avons rencontré Arnaud Buchs, le maquilleur de ce spectacle, pouvez-vous nous parler de la transformation qu'il va vous concocter ? Jacques Michel ce d'une artiste et peut-être aussi celle de tous. Il s'agit, en quelques sortes, d'une métaphore de la vie. C'est une histoire mélancolique que j'aime résumer avec les mots tirés de Macbeth : « La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur, Qui s’agite et parade une heure durant, Puis se tait. C’est un récit, Plein de bruit et de e L'idée première n'est pas de faire du personnage une sorte de drag queen ou de travesti. Il faut aller chercher le féminin qui est en moi. C'est la première fois que je fais ce type de travail. C'est à la fois affolant et excitant. Quel message transmet le spectacle? Le spectacle est un miroir du monde. Il a un aspect universel par le fait qu'on est tous appelé à disparaître un jour et que l'on est tous en quête de reconnaissance. Dans de nombreux secteurs d'activité, après 50-55 ans, cela devient en effet plus difficile d'exister. Le thème central de la pièce est la déchéance d'une star, cela vous interpelle-t-il? Ce sujet me parle énormément. A 67 ans, je ne suis pas au début de ma carrière. Cela me touche beaucoup cette idée d'avoir existé, puis de disparaître. Surtout en ce moment, après les disparitions de personnes telles que Roland Sassi, André Steiger et René Gonzalez. Je vois comment on est en lumière un moment puis tout s'arrête, comme une vague balayant un château de sable. Les jeunes ne connaissent par exemple plus des immenses comédiens comme François Simon. C'est un métier dans l'éphémère, qui fait que nous disparaissons. Cela me touche à ce titre, toute cette nostalgie et cette mélancolie. Justement, êtes-vous nostalgique du théâtre d'avant ? Je considère que le théâtre a beaucoup progressé pendant ma génération. Le théâtre professionnel n'a pas 50 ans en Suisse romande. On arrive maintenant à produire de grandes choses. Les jeunes comédiens ont à présent l'opportunité de se former dans des écoles professionnelles. Il y a plus de salles, de structures et d'argent. J'ai pu observer cela à travers notamment les syndicats et Action-Intermittents. Le seul bémol est que l'on va plus vite. Par contre, je suis beaucoup plus sceptique en ce qui concerne l'évolution de la télévision. On ne fait plus de film, mais plutôt des séries. Le temps de travail est, de ce fait, plus court. Toutefois, pour moi, le plus grand élément de vitalité reste de pouvoir travailler avec des jeunes et de ne pas m'enfermer dans ma génération. L'auteur de la pièce est un personnage très particulier… Propos recueillis par Julie Bauer Jean-Luc Lagarce a créé la maison d'édition Les Solitaires Intempestifs. Ces dernières années, il a obtenu une reconnaissance post-mortem. De son vivant, il était plutôt reconnu pour son tra- Du 13 au 29 septembre 2013 : Music Hall de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Véronique Ros de la Grange, Théâtre Le Poche, réservations : 022 310 37 59, www.lepoche.ch. n t r e t i e n t h é â t r e le poche genève Derniers remords avant l’oubli Un dimanche à la campagne dans la maison qu’habitaient il y a quinze ans Paul, Hélène et Pierre. Une passion à trois. Une révolution des mœurs. Un départ, puis aujourd’hui, un retour au bercail motivé par une vente. Dans une maison jadis achetée en commun pour trois fois rien, Pierre, Hélène et Paul ont vécu une passion. La fille et l’un des garçons en sont partis, et se sont construits chacun de leur côté une autre vie ailleurs. Quinze ans plus tard, en ce fameux dimanche, ils reviennent avec leurs conjoints convaincre celui qui y est resté en solitaire de vendre cette maison. La vente ici sert de prétexte pour parler d’argent évidemment, mais aussi parler de soi, écouter ce que l’on dit de vous, ce que l’on arrive à dire de soi à soi-même et aux autres. Le temps a passé, l’atmosphère est lourde, pleine d’opacités, orageuse même car les protagonistes de ces Derniers remords avant l’oubli sont réunis malgré eux pour revisiter leurs amours de jeunesse, voire repenser leur vie en toute honnêteté. Il y a aussi quelques cadavres aux placards des sentiments, il y a des idéaux morts, des secrets, et comme le dit le titre d’emblée, des remords. Lagarce, pour qui la parole est toujours duelle, duale, double : elle rassemble mais sépare à la fois. Théâtre de la voix, théâtre du silence qui pèse ou qui pose, théâtre envisagé concomitamment comme une musique faite de thèmes, de L’intérêt de cette pièce réside ainsi non dans le questionnement psychanalytique ou psychologique, ni même n’entre dans ces ‘secteurs’ délimités, mais tourne autour d’une problématique plus linguistique, relevant essentiellement de la langue : quels mots utiliser ? Pour dire quoi ? Et, deuxième étage, quelle langue user pour dire les secrets, dire l’indicible, puisqu’il s’agit également dans cette pièce de savoir qui est le père de la jeune fille de 17 ans. Des doutes demeurent. A chacun dès lors de se faire une idée, ou de choisir de ne pas lever le doute ! L’auteur Jean-Luc Lagarce (19571995) est devenu l'auteur contemporain le plus joué en France. Comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge, il a monté avec passion et intelligence nombre de textes classiques ainsi que ses propres pièces. En 1995, passablement méconnu - surtout en tant qu’auteur - il meurt du sida. Sa notoriété n'aura cessé de croître depuis sa disparition et aujourd'hui il est considéré comme un ‘auteur classique’ contemporain. Il figure d’ailleurs depuis peu au répertoire de la Comédie Française. Quels mots utiliser ? « Seule guérit la blessure l’arme qui la fit » déclare Parsifal dans le drame de Richard Wagner. Cette phrase résonne au loin dans la pièce de Lagarce, car parler et penser ‘les choses de l’âme’ reste un acte sinon douloureux, du moins compliqué. Le choix des mots est toujours périlleux comme on le sait. A fortiori chez a c t u «Derniers remords avant l’oubli» © A. Rebetez variations et de reprises. Théâtre façon danse hésitante entre ce que l'on cherche à dire, ce qu'on n'arrive pas à dire, ce que l'on doit pourtant bien dire à la fin. a l i t Rosine Schautz Du 9 au 29.9. : Derniers remords avant l'oubli de JeanLuc Lagarce, m.e.s. Michel Kacenelenbogen. Le PocheGenève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) é 59 t h é â t r e arnaud buchs Passion du maquillage S'il fallait définir Arnaud Buchs en un seul mot, la passion serait assurément le substantif tout désigné. C'est elle qui guide ses choix et qui l'a conduit vers ce métier peu banal de maquilleur. Passant avec le même enthousiasme de grandes productions aux petits théâtres, du cinéma à la télévision, la joie reste intacte. 60 Chaque nouveau projet est une aventure en soi. Les techniques ont beau être différentes, la finalité reste toujours la même : transformer le comédien pour qu'il habite au plus près son personnage. Rencontre avec un artiste heureux. Arnaud Buchs n'est pas devenu maquilleur par hasard : « Adolescent, j'aimais beaucoup dessiner. Puis, en travaillant avec des photographes, j'ai commencé à faire des maquillages. Mes amis ont décelé mon talent pour cet art et je me suis donc tout naturellement dirigé vers cette profession, en suivant des cours dans une école à Paris. » Une vocation qui lui est aussi venue à la suite d'une représentation de L'Oiseau vert de Benno Besson : « J'ai eu un choc à la vue des masques confectionnés par Werner Strub. A la sortie, je voulais absolument savoir comment il les avait faits. » Cette soif d'apprentissage ne l'a pas quittée avec le temps : « C'est un métier qui demande de la passion puisqu'il évolue constamment. Pour rester à niveau, je participe à de nombreux stages de perfectionnement techniques et technologiques. Ceci me donne aussi l'occasion d'observer la mode du moment. » Faire ressortir toutes les facettes Actif dans toute la Suisse romande, Arnaud Buchs part aussi en tournée avec les spectacles sur lesquels il travaille. Son statut d'indépendant lui permet de voler de projet en projet, sans attache. Une formule qui lui correspond : « Quelle que soit la grandeur de la production, je m'investis toujours à fond pour tirer le meilleur de l'expérience. Je n'ai pas d'à priori. J'aime prendre des risques, aller de l'avant. Tout ce qui est nouveau m'intéresse. Je n'ai pas vraiment de style. Je m'adapte au sens du spectacle tout en portant les idées du metteur en scène. Cela peut demander un maquillage fin et cinématique ou alors une œuvre baroque avec du silicone et du latex. » De la télévision au cinéma, en passant par le théâtre, c'est ce dernier qui le fascine plus particulièrement : « Le théâtre est un art vivant. Tous les soirs les représentations sont différentes. J'aime e beaucoup le contact que je développe avec les comédiens lors de l'élaboration des personnages. Mon but premier est que l'interprète se sente bien. Si le visage est le reflet de l'âme, le maquillage aide à faire ressortir toutes les facettes suivant le passé, la personnalité et les conditions de vie de la personne. » Dans ce processus, outre le visage, les perruques ont leur importance. Arnaud Buchs les façonne en cherchant les coiffures qui correspondent au plus près au personnage. Changement en vingt secondes Lorsqu'il reçoit une proposition de collaboration, il effectue en amont un travail préparatoire, en lisant le texte de la pièce, puis instaure un dialogue avec chaque corps de métier : le metteur en scène, le directeur artistique, le scénographe, la costumière et enfin le comédien. Il s'agit de travailler selon une même vision : « C'est un travail d'équipe qui nécessite une synergie pour déterminer l'esthétique. Lire la pièce, parler avec le metteur en scène, déterminer l'atmosphère et surtout me rendre compte de l'interprétation du texte que celui-ci en fait. » Chaque phase à son importance et le concours des comédiens est primordial : « Je dois leur demander s'ils ont des allergies ou des blocages. Je travaille pour que le maquillage les aide à jouer leur rôle. Je regarde aussi avec l'éclairagiste s'il a des contraintes en rapport avec la lumière. Cela va aussi déterminer par exemple le fond de teint à employer et l'intensité des couleurs. Je fais des propositions, puis nous effectuons des essais jusqu'à ce que la solution plaise à tous. Il est aussi important que cela me plaise. » Lorsqu'un maquillage présente une difficulté technique, le travail commence cinq à six mois avant la première, sinon, deux mois suffisent à trouver la bonne formule. Une fois le spectacle monté, des modifications peuvent encore avoir lieu lors de la répétition générale, ce qui demande de grandes capacités de réactivités et d'improvisation. Des atouts qu'il faut aussi avoir lors de certains spectacles qui n t r e Arnaud Buchs nécessitent des changements de costume ou de maquillage éclairs : « Les changements rapides sont chorégraphiés, comme une danse autour du comédien. Nous sommes capables de faire un changement complet, c'est-à-dire costume, perruque et maquillage en vingt secondes. » Un défi qu'Arnaud Buchs a eu l'occasion de relever lors des représentations de la pièce Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? de Dominique Ziegler en début d'année au Poche : « J’ai dû créer les perruques et les maquillages de plus de soixante personnages joués par cinq à six comédiens. Ceci pendant le spectacle avec des transformations très rapides. Un travail fantastique et très technique. » Saison 2013-2014 Ce genre d'aventure n'est pas systématique : « En général, les metteurs en scène m'appellent pour élaborer la création. Les comédiens se maquillent ensuite eux-mêmes grâce aux fiches techniques et aux produits que je leur laisse. D'autres fois, par contre, on me demande d'assurer la maintenance. Dans ces cas-là, je reste sur le spectacle en maquillant les comédiens tous les soirs avant et pendant la présentation. » Durant la saison 2013-2014, Arnaud Buchs mettra son art au service notamment de L'Entêtement, m.e.s. Frédéric Polier au Grütli et de Oh les Beaux jours, m.e.s. Anne Bisang à La Comédie. De même, au Poche, pour les besoins de Music-Hall, il transformera le comédien Jacques Michel en personnage féminin: « Il ne s'agit pas d'en faire un travesti, mais bien de le changer en femme. Nous sommes actuellement dans les essais pour trouver un maquillage qui le crédibilise. » De belles pièces qui permettront à cet artiste de mettre en valeur son savoir-faire. D’après des propos recueillis par Julie Bauer t i e n m u s i q u e entretien avec arie van beek Début de saison « néo-classique » La saison des «concerts de soirée» de l’Orchestre de Chambre de Genève débutera le 24 septembre avec un concert intitulé «néo-classique». Au programme de cette soirée, qui verra l’OCG, sous la direction de son nouveau directeur artistique et musical Arie van Beek, collaborer avec le Motet de Genève : les Trois scènes de village de Béla Bartók, la Suite de Pulcinella d’Igor Stravinsky et enfin Thamos, roi d’Egypte de Mozart. C’est Arie van Beek lui même qui nous présente cette soirée. Pouvez-vous nous parler de la composition de cette première soirée de la saison ? Il y a deux axes principaux derrière ce programme. Tout d’abord les deux premières œuvres de la soirée, celles de Bartók et de Stravinsky – c’est-à-dire deux géants du début du XXème siècle –, sont écrites durant la même période, 1926 pour les Trois scènes de village et 1924 pour la Suite de Pulcinella. Qui plus est, ces deux œuvres élaborent le thème du rapport entre l’ancien et le nouveau, évoqué dans le titre du concert ; dans le cas de Bartók, les trois chants sont des airs folkloriques qui existent depuis des siècles, et pour accompagner ces mélodies Bartók crée quelque chose de moderne, dans son style de l’époque. On peut observer presque la même chose dans le cas de Stravinsky : Pulcinella est écrit dans ce qui est communément appelé son style «néo-classique», basé sur des compositeurs du XVIIIème siècle, surtout Haydn et Mozart, mais c’est un style qui est également propre à Stravinsky. La forme, les harmonies, les danses sont rattachées à la musique ancienne, mais en même temps l’œuvre est profondément moderne. Un second aspect du programme rattache Stravinsky et Mozart : les deux pièces ont un rapport avec le théâtre. Pulcinella s’inspire évidemment de la commedia dell’arte, tandis que Thamos, roi d’Egypte est la seule œuvre de Mozart écrite pour une pièce de théâtre. Thamos est rarement joué en concert. Oui, et c’est très étonnant, car le niveau de cette musique n’est pas en-dessous des dernières symphonies de Mozart. Thamos est vraiment une œuvre fascinante. Mozart la compose assez jeune, mais on y trouve déjà des éléments qui annoncent la Flûte enchantée : il y a déjà un prêtre, on y observe des éléments maçonniques, et la musique dénote une grande maturité – c’est d’ailleurs une œuvre longue (presque 50’). Je dirige régulièrement cette œuvre, que j’aime beaucoup, mais il est vrai qu’elle est trop rarement jouée. Vous avez souhaité commencer la saison avec un mélange d’œuvres célèbres et méconnues. C’est un aspect important du programme de la saison 2013-2014. Evidemment, pour attirer l’attention du public il est nécessaire d’avoir souvent au programme, soit une œuvre très connue, soit un soliste ou un chef célèbres, mais je considère qu’un orchestre ne doit pas, L’Orchestre de Chambre de Genève © Gregory Batardon e n t r e t i e Arie van Beek © Gregory Batardon pour utiliser une métaphore artistique, être uniquement un musée avec une collection permanente ; il faut également qu’il permette de découvrir des œuvres de différentes époques. Cela peut être une pièce contemporaine, une création, ou une œuvre peu connue de Mozart comme Thamos. Et la collaboration avec le Motet ? J’aimerais bien que chaque année nous puissions avoir une collaboration avec un ensemble choral de haut niveau – par exemple le Motet –, que cela soit un des ingrédients «standards» de la programmation. Il est d’autant plus normal que l’on cherche une collaboration avec des chœurs de la région, comme le Motet, ou comme le chœur Pro Arte de Lausanne, avec lequel nous allons donner, dans le cadre d’un autre «concert de soirée» le Golgotha de Frank Martin à la Cathédrale de Genève le 3 avril 2014. D’ailleurs, le fait d’interpréter le Golgotha illustre un autre aspect qui me tient à cœur dans la programmation de l’OCG : jouer les œuvres de compositeurs suisses. Propos recueillis par Laurent Darbellay Informations pratiques : Soirée «néo-classique» (Bartók, Stravinsky, Mozart) ; l’OCG et le Motet de Genève, sous la direction d’Arie van Beek ; Bâtiment des Forces Motrices, 24 septembre, 20h. Renseignements et billets : www.locg.ch ou 022/807-17-90 n 61 m u s i q u e au victoria hall en ouverture de saison Deux vedettes du chant Le début des activités de l'OSR sera essentiellement lyrique à la rentrée. A côté des Noces de Figaro qui feront l'ouverture de la saison au Grand Théâtre, Neeme Järvi a en effet programmé trois cycles de chants donnés dans le cadre des premiers concerts d'abonnement les 25 et 27 septembre prochains (Série Répertoire et Série Symphonie). Deux artistes ont été invitées à se partager les honneurs de la soirée; la confrontation entre ce qu'il convient d'appeler ici des monstres sacrés promet en tous les cas de beaux moments d'émotion. Violeta Urmana 62 Cette cantatrice lituanienne jouit d'une extraordinaire popularité dans son pays où elle est autant admirée pour son art que pour l'intelligence avec laquelle elle a su construire une carrière qui l'a conduite sur les plus grandes scènes mondiales... (Signalons au passage qu'elle fut Amneris dans la dernière production d'Aida montée par Francesca Zambello dans les derniers jours de l'année 1999 au Grand Théâtre). Son impact auprès de la population est tel que des membres du gouvernement lituanien ont même songé, en 2004, à lui proposer de se porter candidate aux élections pour la présidence de son pays afin de faire barrage à Rolandas Paksas, un politicien à la réputation sulfureuse dont certains pensaient alors qu'il était trop proche des milieux mafieux. La cantatrice avoue avoir hésité quelques heures avant de renoncer: elle aurait dû alors se retirer de la scène et le temps ne lui paraissait pas mûr pour faire un tel pas. Par contre, c'est à peu près à cette même époque qu'elle décida de changer totalement de direction dans l'élaboration de son plan de carrière en laissant progressivement de côté les rôles de mezzo-soprano qui lui avaient ouvert toutes grandes les portes des institutions internationales les plus renommées pour s'attaquer aux emplois plus exposés de soprano dramatique. «Lorsque je chantais Amneris aux côtés d'Aida, disait-elle il y a quelques années à un critique du Guardian, j'avais toujours l'impression que le rôle était trop bas pour ma voix et je craignais chaque fois d'entrer en scène. Un jour, j'ai essayé de chanter la musique écrite pour ma rivale dans le chef-d'œuvre de Verdi. Et je n'avais plus aucun problème!...» Le choix fut vite fait et en 2003, déjà, elle s'attaquait à Lady Macbeth de Verdi au Festival d'Edimbourg, dans le théâtre qui avait été témoin de ses premiers succès lorsqu'elle y avait incarné la Princesse Eboli dans Don Carlo cinq ans plus tôt! Puis vinrent Iphigénie en Aulide à la Scala, Ariadne auf Naxos au Met, Aida un peu partout dans le monde, la Gioconda à Paris l'hiver dernier, Isolde, Kundry ou Sieglinde dans divers grands théâtres allemands dont Bayreuth, et la liste pourrait s'allonger encore. Maintenant, lorsqu'elle pense à son passé de mezzo soprano, elle a quasiment l'impression que l'on a cherché à la forcer à se cantonner dans ce registre. Dans cette même interview, elle va jusqu'à dire que ses professeurs d'alors n'avaient pas su déceler les vrais atouts de sa voix; elle ose même dire que les écoles de chant ne sont pas d'une qualité excellente dans son pays d'origine, ou du moins qu'elles ne l'étaient pas quand elle était elle-même en formation. C'est après être venue en Allemagne pour se former à Munich auprès de Joseh Loibl qu'elle découvre sa vraie nature: celle à qui l'on avait toujours dit en Lituanie que la richesse de son registre grave ferait d'elle un grand mezzo-soprano, prend alors conscience qu'elle possède un aigu qui se développe naturellement; cette révélation la fascine et, après quelques essais réussis, elle a de gaieté de cœur abandonné un registre qui lui paraissait peu propice à l'épanouissement naturel de ses talents. Aujourd'hui, il ne fait aucun doute pour elle que les grands emplois de sopranos dramatiques tant allemands qu'italiens sont quasiment écrits pour son type de voix... Olga Borodina La deuxième vedette lyrique de la soirée est la cantatrice russe Olga Borodina. Elle aussi a glané ses premiers succès dans le registre féminin grave, mais au contraire de sa consœur, elle est restée fidèle à ses choix premiers. Par contre, elle a décidé, au fil des années, de se produire de moins en moins. Non parce qu'elle est vocalement fatiguée, mais parce que la vie d'artiste lyrique lui plaît peu et les aléas de la vie des grands théâtres lyriques l'ont défrisée. Ce qui l'irrite le plus ? La recherche systématique de la perfection, au détriment de la vérité dramatique qui se trouve, pour elle, dans l'acceptation de ses limites techniques ou de ses faiblesses naturelles. Ainsi aime-t-elle à comparer les deux grands ténors avec lesquels elle a collaboré en début de carrière. « Luciano Pavarotti? C'est un être fou de perfection, mais pour moi il était tellement obnubilé par la qualité des notes émises Violeta Urmana © Ivan Balderramo a c t u a l i t é m u s i q u e en septembre à genève Agenda Si les principales séries de concert comme Caecilia ou les Concerts-club Migros débuteront leur programmation en octobre, la rentrée musicale sur la scène genevoise commencera néanmoins en beauté avec le Festival Amadeus, qui se tiendra du 29 août au 7 septembre dans la Grange de la Touvière, à Meinier. Olga Borodina © Philipps Classics qu'il ressemblait à un robot ! Il était capable d'émettre des sons ensorceleurs, certes, mais son chant était le plus souvent privé de vie et de réactivité sur une scène... Je préfère sans conteste Domingo, car même s'il ne réussit pas chaque soir à gratifier les spectateurs d'un chant immaculé au plan technique, il reste un interprète qui s'immerge totalement dans le spectacle. Or j'ai besoin, en tant que partenaire, de pouvoir m'appuyer sur quelqu'un pour qui théâtre et musique, drame et chant restent intimement liés. Si ce n'est pas le cas, je préfère m'abstenir. » Chanter reste pour elle d'abord un engagement de chaque instant qui ne tolère pas la demi-mesure; l'excellence ne devrait jamais être un but en soi. Il s'agit plutôt de communiquer avec le public, de le faire vibrer, de lui donner par le miracle du jeu, de la voix et de l'engagement scénique un accès privilégié au monde que le compositeur a voulu dépeindre. Dans ce même ordre d'idée, elle refuse les lubies de certains metteurs en scène qui cherchent avant tout à faire parler d'eux en exploitant, telles des sangsues, le génie des musiciens et librettistes qui les ont précédés. C'est pourquoi ses admirateurs entendent de plus en plus cette artiste sur le podium de concert, car c'est là qu'elle elle se sent vraiment en contact direct avec l'auditoire et elle peut alors assumer l'entière responsabilité de ce qui se passe dans la salle quand elle ouvre la bouche... Eric Pousaz Ces deux artistes se produiront au Victoria Hall, les 25 et 27 septembre dans le cadre de la même soirée sous la direction de Neeme Järvi. Au programme : Alexandre Glazounov Ouverture solennelle pour orchestre en ré majeur op. 73, Modest Moussorgski Chants et Danses de la Mort, Gustav Mahler Totenfeier, poème symphonique pour grand orchestre en ut majeur et Gustav Mahler Kindertotenlieder a c t u a l Le programme alléchant comprend notamment le concert inaugural offert par la soprano Carine Séchaye et la pianiste Marie-Cécile Bertheau ; la prestation d’Il Giardino Armonico le samedi 31 août ou encore la venue du quintette à vent du Philharmonique de Berlin. Le concert final, le samedi 7 septembre, sera à charge du Kammerorchester Basel. Sur la scène de la Place Neuve, le public pourra réentendre ou découvrir les Noces de Figaro de Mozart, dirigées par Stefan Soltesz. Russel Braun (le comte Almaviva), Malin Byström (la comtesse), Natalyia Kovalova (Susanna) et David Bizic (Figaro) assureront la distribution, tandis que la mise en scène sera à charge de Guy Joosten (9 – 19 septembre). Le mois de septembre commencera avec une mélancolie toute automnale grâce à Andrei Gavrilov, qui offrira le 2 un récital dédié aux Nocturnes de Chopin et à la sonate No 8 de Prokofiev au Victoria Hall. Le 20 septembre, l’Orchestre de la Suisse Romande retrouvera sa scène fétiche avec son chef artistique Neeme Järvi, qui dirigera notamment la Symphonie No1 de Mendelssohn et la No 76 de Haydn. Le Concerto pour flûte No1 de Mozart sera aussi interprété, grâce au flûtiste Loïc Schneider. Même formation, même chef, même lieu les 25 et 27 septembre, accompagnés cette fois-ci par les chanteuses Violeta Urmana et Olga Borodina (voir ci-contre). Le 12 septembre aura lieu au Bâtiment des Forces motrices le premier concert d’un tout nouvel ensemble, la Geneva Camerata, sous la direction de son chef David Greilsammer avec, en invité, le violoncelliste Steven Isserlis. Au programme, des pages de Lully, Haydn, Jaggi et Mozart. L’Ensemble Contrechamps se produira au Studio Ernest-Ansermet le 17 septembre sous la direction de Julien Salemkour, avec les solistes Antoine Françoise et StefanWirth. L’Orchestre de Chambre de Genève se produira quant à lui avec son nouveau chef titulaire, Arie van Beek et le Motet de Genève au Bâtiment des Forces motrices, le 24 septembre. Mozart et Bartok seront interprétés, ainsi que la Suite Pulcinella de Stravinski. Quant aux amateurs de musique contemporaine, ils pourront se retrouver le dimanche 22 septembre au Musée d’Art de d’Histoire pour l’hommage consacré au compositeur suisse Eric Gaudibert par des solistes de l’Ensemble Contrechamps. Toujours dans le même lieu se déroulera, le 29 septembre à 11h, un concert réunissant le Quatuor de Genève, le violoncelliste Lionel Cottet et le pianiste Louis Schwizgebel Autres événements à signaler : d’une part, la venue le 26 septembre au Victoria Hall des Solistes de Moscou qui seront dirigés par l’altiste Yuri Bashmet; d’autre part, le concert du dimanche de la ville qui accueille, le 29 septembre au Victoria Hall, les Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard-Tétu et le Quintette Alliance, dirigés par Catherine Molmerret, avec Diego Innoncenzi aux orgues. Martina Diaz i t é 63 m u s i q u e à genève et dans toute la suisse Excellence La saison 2013/2014 des Concerts du pour cent culturel proposera des rendez-vous à la fois cosmopolites et régionaux puisqu’aussi bien Pèkin et Montréal que Berne seront au programme. 64 Elle commence par un concert spécial à Berne le 10 septembre 2013 : l’Orchestre symphonique de Beijing interprétera des œuvres de compositeurs chinois contemporains et les Tableaux d’une exposition de Modeste Moussorgski. L’ouverture des concerts genevois aura lieu le 28 octobre 2013 au Victoria Hall. L’Orchestre du Festival de Budapest et son célèbre chef Iván Fischer proposera un programme Mozart/Beethoven/Dvo ák. La soprano suisse Marysol Schalit chantera un air du compositeur autrichien, tandis que l’une des plus grandes pianistes de notre époque, Maria João Pires, interprétera le 4e concerto de Beethoven; en deuxième partie on pourra entendre la 8e symphonie du compositeur tchèque. Fin novembre, le 28 plus exactement, ce ne sera rien moins que le célèbre Orchestre révolutionnaire et romantique de Sir Eliot Gardiner qui sera accueilli par le Victoria Hall. La soprano valaisanne Rachel Harnisch chantera un air de Mozart en introduction. Puis l’orchestre interprétera deux symphonies de Beethoven, la 8e et la 2e. Le succès des Migros-pour-cent-culturel-classics est tel à Genève que la ville romande est gratifiée de deux concerts supplémentaires. Le premier aura lieu le 10 décembre 2013. Il sera entièrement dédié à Felix Mendelssohn Bartholdy. La Camerata Bern sera dirigée par la violoniste allemande Antje Weithaas. Après l’ouverture Les Hébrides, ils interpré- teront deux concertos avec Alexander Lonquich au piano et la symphonie Italienne. Le 16 janvier 2014 ce sera au tour de l’Orchestre de chambre de Bâle de nous enchanter. D’abord avec le concerto pour hautbois de Bohuslav Martinú interprété par le Suisse Matthias Arter, un ancien élève de Heinz Holliger. Ensuite avec le concerto pour violoncelle de Edward Elgar, interprété par une violoncelliste suisse qui a déjà beaucoup fait parler d’elle : Sol Gabetta. Après l’entracte l’orchestre toujours dirigé par Mario Venzago exécutera la 9e symphonie de Schubert. Le mois suivant, le 13 février 2014, aura lieu le second concert spécial, uniquement à Genève. Le célèbre violoniste Maxim Vengerov dirigera l’Orchestre de Sol Gabetta © Marco Borggreve Chambre de Pologne tout en jouant de son instrument. Ils exécuteront d’abord deux concertos pour violons de Mozart puis trois pièces pour violon et orchestre de Tchaïkovski. Le concert du 13 mars sera particulier pour trois raisons. Premièrement il y aura la création mondiale d’une œuvre du compositeur suisse David Philip Hefti. Deuxièmement l’Orchestre symphonique de Montréal dirigé par Kent Nagano interprétera la Symphonie fantastique de Berlioz. Auparavant le pianiste canadien Marc-André Hamelin aura joué le concerto n° 2 de Liszt. Le Victoria Hall accueillera l’Orchestre symphonique de la BBC le 29 avril. À la baguette : Sakari Oramo. Avec le violoniste Leonidas Kavakos, ils interpréteront le concerto de Brahms. On pourra entendre ensuite une œuvre contemporaine du compositeur suisse Dieter Amman, puis les Variations Enigma d’Edward Elgar. Un concert de l’Orchestre du Théâtre Mariinski dirigé par Valery Gergiev couronnera la saison le 21 mai 2014. Il y aura en entrée une autre composition de Dieter Amman. Ensuite, Denis Matsuev, un lauréat du célèbre concours Tchaïkovski, interprétera le Concerto n°1 de Rachmaninov. En deuxième partie, l’orchestre interprétera la symphonie n°4 de Tchaïkovski. Emmanuèle Rüegger Marc-André Hamelin a Plus d’informations sur : www.culturel-migros-geneve.ch/web/index.asp c t u a l i t é m u s i q u e concert du dimanche au victoria hall Les solistes de Lyon – Bernard Tétu En France, le mitan des années 1970 vit la constitution de nombreux ensembles spécialisés. En musiques contemporaines : Ensemble intercontemporain, L’itinéraire, 2e2m. En musiques anciennes : La Chapelle royale, La Grande écurie & la chambre du roi, Les Arts Florissants. Et musiques vocales collectives, domaine dans lequel Bernard Tétu et Les Solistes de Lyon furent pionniers. Oui, musiques vocales collectives, car il s’agissait de dépasser les pratiques grégaires (le réactionnaire mouvement À Cœur Joie) ou la pensée néoclassique (Philippe Caillard, Stéphane Caillat), lorsque l’acte (social et/ou narcissique) de chanter en groupe comptait davantage que l’exigeante mission médiatrice, propre à tout interprète, entre une œuvre et des publics. Certes, dans ces réflexions, Philippe Herreweghe avait ouvert la voie. Mais Bernard Tétu assuma une crâne décision : non pas des répertoires spécialisés mais tout le cours de l’histoire de la musique, depuis l’ère médiévale (Le livre vermeil de Montserrat) jusqu’à des créations (Gilbert Amy, Maurizio Kagel, Maurice Ohana, Gilles Tremblay), en passant par tout le répertoire tonal. Pionniers Depuis lors, Bernard Tétu assume une triple activité. Chef de chœur et d’orchestre, invité à diriger par toute l’Europe, mais aussi en Israël, en Amérique et en Asie. Mais aussi professeur de la classe de direction de chœur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon (alors la première en France, en cette discipline). Et, bien entendu, patron de ses Solistes de Lyon, qui furent pionniers et qui, presque trente-cinq-ans après leur fondation, n’ont rien perdu de leur nécessité dans la vie musicale. Un éclaircissement s’impose. La raison sociale Les Solistes de Lyon désigne trois entités distinctes. D’abord, un ensemble vocal professionnel (de 8 à 16 chanteurs), proprement dénommé Les Solistes de Lyon. Puis le Chœur de chambre de Lyon (de 16 à 32 chanteurs). Enfin, un chœur-atelier, également dénommé Chœur d’oratorio de Lyon, pour les effectifs symphoniques. Avec de tels outils, Bernard Tétu peut aborder tout répertoire qui lui chante ! Programme genevois Catherine Molmerret © Ghislain Mirat a c t u À Lyon, la mutualisation de ces trois ensembles permet de présenter une belle, et réputée saison, base à partir de laquelle des projets singuliers peuvent être conçus. En ouverture de la série des Concerts du dimanche de la Ville de Genève, celui qui aura lieu le 29 septembre, à 17 heures, au Victoria Hall, est du nombre. Apparemment, le pro- a l i t Diego Innocenzi. Photo C. Renaud gramme, certes intelligent, est sage. Les Chœurs et solistes de Lyon, flanqués d’un quintette de cuivres, donneront : le Choral n°3, pour orgue, de César Franck, deux pages orchestrales (Sibelius et Berlioz) transcrites pour le quintette de cuivres, et, pour finir, le Requiem de Fauré mais dans une version singulière, qu’a réalisée Hamid Medjebeur. L’orchestre y est remplacé par les cinq cuivres et par l’orgue, dont l’association avec un chœur est aussi efficace que légendaire, tant les palettes de couleurs de ces trois entités se complètent harmonieusement. Pour ce concert original, à ne surtout pas manquer, Catherine Molmerret (Bernard Tétu lui a cédé la baguette) dirigera l’organiste Diego Innocenzi, le Quintette Alliance et le Chœur d’oratorio de Lyon. Saison Autres moments forts de la saison 20132014 : le Stabat Mater de Dvo ák (Festival de Toulon, le 18 octobre) ; une finaude adaptation de West Side Story de Bernstein, avec les Percussions claviers de Lyon (en tournée en France et à l’étranger, à partir de la mi-octobre 2013) ; et Roméo et Juliette de Berlioz, avec l’Orchestre national de Lyon, les 7 et 8 février 2014, à l’Auditorium de Lyon Frank Langlois 29 septembre : Concert du dimanche de la ville de Genève. Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu, dir. Catherine Molmerret, Diego Innocenzi, orgues, Quintette Alliance (Franck, Sibelius, Berlioz, Fauré). Victoria Hall à 11h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) é 65 m u s i q u e entretien David Greilsammer Au seuil de la première saison du Geneva Camerata (GECA), nouvel ensemble placé sous la direction artistique et musicale du chef et pianiste David Greilsammer, rencontre avec ce go-between visionnaire pour qui rien n’importe plus que le rassemblement des arts, des cultures mais aussi des publics (voir SM, février 2013) voyagent facilement et plus librement. Le musicien venant de Berlin avec easyjet arrivera exactement en même temps que le musicien venant de Zurich en train. Justement, il me semble qu'un orchestre dans lequel il y a une belle diversité de cultures est beaucoup plus vivant qu'un ensemble dans lequel tout le monde vient du même endroit. L’essentiel est que chacun soit instantanément dès son arrivée dans la bulle du projet et préparé pour le concert qui arrive. Où les répétitions auront-elles lieu ? La mise sur pied du Geneva Camerata relève de l’exploit. Comment trouve-t-on des musiciens et des solistes de qualité disponibles, de surcroît en un temps record ? 66 La condition essentielle est d'avoir une ligne musicale et un projet artistique clairs. Car quand vous sélectionnez des musiciens talentueux pour un orchestre - s'ils savent où vous voulez les emmener et quels sont vos missions artistiques, ils adhéreront et seront d'autant plus enthousiastes et impliqués. En effet, la volonté était de créer un projet d'envergure et donc nous n’avons pas proposé à nos musiciens de faire un concert ponctuel mais tout au contraire, d’être partie prenante d’un orchestre qui a été construit pour le long terme; un orchestre qui fera partie de la vie culturelle genevoise d'une part et qui entreprendra des tournées internationales d'autre part. En ce qui concerne les solistes internationaux que nous avons invités, ils étaient heureux de pouvoir participer à la naissance d'un nouvel ensemble qui prône l'ouverture et l'éclectisme. Du moment qu’ils ont vu la teneur du projet et ses missions, ils ont décidé d’apporter leur soutien et de faire partie de l'aventure. Des solistes comme Andreas Scholl, Emmanuel Pahud ou Daniel Hope, qui ont un agenda rempli jusqu’en 2017, ont fait des miracles pour se rendre disponibles. Avez-vous recherché pour GECA des musiciens présentant un profil particulier ? Oui, et cela ne passait pas par le système habituel de l’audition à laquelle le musicien se prépare comme un cheval de course, mais qui ne dévoile rien de son ouverture d’esprit, de son goût de l’aventure, de son âme, de ses qualités humaines. Le profil que nous avons patiemment recherché, comprend l’excellence et la virtuosité bien sûr, mais au-delà, le goût de la découverte, l'envie de partage et la générosité. Les musiciens que nous avons recherchés jouent aussi e bien dans des formations de musique de chambre que dans des orchestres baroques ou dans des ensembles de musique contemporaine. Tous nos musiciens peuvent aussi bien jouer la musique ancienne que la musique de nos jours. Certains d'entre eux ont la capacité de jouer du baroque, du jazz, de la musique folklorique et de maîtriser l'art de l’improvisation. Nous voulions construire un orchestre avec des aventuriers, des musiciens hors-pairs. C'est pourquoi ils doivent tous être capables de s’exposer et de tenir le rang de soliste au sein de cette formation qui compte une trentaine de musiciens en effectif complet. Cette diversité de pratiques et des styles des musiciens n’implique-t-elle pas des risques pour l’unité de l’ensemble ? Au contraire, puisque notre programmation reflète précisément cette diversité. Je suis convaincu que le musicien du XXIème siècle est celui qui possède cette envie de découvrir des répertoires différents et qui a la capacité de maîtriser des styles des plus variés. Grâce à ce musicien, nous pourrons jouer dans le même programme une pièce de Rameau et de Ligeti avec la même ferveur et le même enthousiasme. Comment allez-vous travailler avec des musiciens qui ont des activités dans diverses villes européennes et non seulement à Genève? Les conditions de répétition pour un concert seront celles que l’on rencontre habituellement dans les orchestres: quatre à cinq jours de travail plus la répétition générale et le concert. Plusieurs musiciens du Geneva Camerata résident en Suisse, certains viennent de Paris, Londres, Berlin ou même de Grèce. Nous devons admettre que le monde a énormément changé ces vingt dernière années; Aujourd’hui, avec les immenses possibilités de voyage des nouvelles compagnies aériennes, les musiciens n t r e Nous avons un partenariat très important avec l'Aula Frank-Martin du Collège Calvin et avec l’Institut Jaques-Dalcroze qui mettent à notre disposition leurs salles magnifiques. De plus, avec le Collège Calvin, le partenariat s’étend à des concerts pédagogiques pour toute la famille. Ceci est l'un des aspects les plus important de l’ancrage de GECA dans la vie culturelle genevoise: Car avant tout, GECA est un ensemble basé à Genève, un ensemble qui porte le nom de la ville et qui souhaite assumer son rôle d'ambassadeur culturel auprès des jeunes. Le volet pédagogique de notre activité est d'une importance fondamentale et fait partie des missions phares de l'ensemble: Faire découvrir la magie et la force de la musique aux jeunes. Par ailleurs, nous allons donner des concerts dans plusieurs lieux à Genève, aussi bien au Bâtiment des Forces Motrices qu’au VictoriaHall, à la Comédie, à la Société de Lecture, au Festival Electron, au Centre d’Art Contemporain et au Musée d'Art et d'Histoire. En quoi consistent les concerts pédagogiques du Geneva Camerata ? Chaque concert présente une thématique différente qui permets d'explorer de magnifiques sujets liés à la musique classique. Ces concerts sont d'une durée d'une heure, et se déroulent dans une ambiance décontractée, conviviale et chaleureuse. Nous souhaitons que les enfants et adolescents viennent en famille pour ces concerts qui ont lieu à 11 heures les samedis et sont gratuits pour les moins de 16 ans! D’ailleurs, lors de ces "Concerts en Famille" nous inviterons le public à intervenir, à poser des questions et à certains moments, les enfant pourront même venir sur scène et être parmi les musiciens et les instruments de musique.... Vous irez aussi jouer dans les prisons et les hôpitaux ? La mission humaniste fait partie des pilliers du projet de GECA. Nous avons établi un beau par- t i e n m u s i q u e 67 David Greilsammer © Antoine Le Grand / Naïve tenariat avec les Affaires culturelles des Hôpitaux Universitaires de Genève et nous allons donner des concerts dans des hôpitaux, cliniques, foyers et dans des prisons. En tant que musicien, nous devons assumer un rôle social, j'en suis convaincu. Nous devons contribuer à la société et à notre environnement. La musique possède une force extraordinaire d'aider, d'apaiser et d'offrir des moments de bonheur. Créer un nouvel orchestre à Genève en temps de crise financière, c’est faire un pari ? C’est vrai, la crise dans le monde entier est là et il faut en tenir compte. D’où le projet mûrement réfléchi d’un ensemble à géométrie variable qui e n t r a une immense flexibilité et qui peut proposer des concerts avec des ensembles de tailles différentes. Nous avons décidé d'élaborer un modèle budgétaire réaliste qui permet d'offrir des concerts de qualité avec des moyens qui restent raisonnables. C'est ainsi que nous avons la capacité de proposer une intégrale des concertos Brandebourgeois de Bach tout aussi bien qu'un concert au Festival Electron ou une tournée à Berlin, Paris et Londres, des concerts symphoniques, des concerts en collaboration avec des compagnies de danse ou avec des artistes venant d'autres horizons.... Nous pouvons proposer aux programmateurs des projets très différents, avec des coûts qui restent modestes. C'est aussi ce modèle flexible qui nous permet d’aller jouer avec deux ou trois musiciens dans e t i e un hôpital ou une prison. De plus, l'une de nos missions est de collaborer avec un grand nombre d'institutions à Genève et grâce à ce système de géométrie variable, nous pouvons travailler avec un grand nombre d'institutions, spécialisées dans différents domaines. De plus, chaque saison, nous allons passé des commandes à plusieurs jeunes compositeurs, afin de soutenir les jeunes créateurs d'aujourd'hui et d'assumer cette grande envie de contribuer à la naissance de nouvelles œuvres musicales. Propos recueillis par Christian Bernard Renseignements sur: www.genevacamerata.com n m u s i q u e Vous donnez des master classes. Comment percevez-vous le travail des nouvelles générations ? Quelle évolution percevez-vous, si vous vous livrez à une comparaison avec l'époque où vous étiez étudiant ? steven isserlis de passage à genève Virtuosité et diversité Le Geneva Camerata (GECA) donnera son premier concert le 12 septembre prochain. Emmené par David Greilsammer, il accueillera le talentueux violoncelliste britannique Steven Isserlis, qui livre ici quelques impressions. Je trouve qu'il y a beaucoup d'excellents jeunes violoncellistes autour de nous, dont certains ont des talents extraordinaires. Je pense néanmoins que nous avons perdu un grand nombre d'idéaux qui avaient été transmis aux interprètes jusqu'au début du XXe siècle; mais je m'empresse de le dire, ce n'était déjà plus le cas quand j'étais étudiant ! Mon enseignante, Jane Cowan, avait le sentiment de transmettre des valeurs qui s'étaient perdues; Parlez-nous de votre amitié naissante avec David Greilshammer. Eh bien, elle va se développer, car nous ne nous sommes pas encore directement rencontrés ! Mais j'ai déjà beaucoup entendu parler de lui; j'ai écouté des enregistrements, j'ai lu beaucoup à son sujet ! Je me réjouis vraiment de jouer et de travailler avec lui. 68 Comment percevez-vous la vie musicale en Suisse ? J'adore me produire en Suisse. On y trouve une vie musicale très riche, avec d'excellents orchestres, et des publics chaleureux, très réceptifs. A votre avis, quelles sont les difficultés et les qualités du concerto pour violoncelle de Haydn que vous allez jouer à Genève ? Je pense qu'il est juste d'affirmer que le Concerto en ut majeur est le plus grand concerto classique pour cet instrument. Il est parfaitement proportionné, plein d'esprit, de joie et de beauté. Il n'est pas facile à jouer, mais d'un autre côté il est très gratifiant de s'y consacrer. Vous paraissez vous intéresser également à la musique ancienne et aux créations contemporaines. Comment parvenez-vous à un tel équilibre ? A mon avis, les violoncellistes doivent aborder tous les styles. Un pianiste peut se spécialiser, disons dans Beethoven et Mozart, avec un choix de 27 concertos de Mozart et beaucoup d'autres œuvres, les 32 sonates de Beethoven et les 5 concertos... Nous, nous avons 5 sonates de Beethoven, 6 suites de Bach et, à part cela, une ou deux compositions majeures par grand maî-tre. Donc, nous devons nous diversifier; et j'adore me consacrer à la musique de différentes périodes, et parmi elles les travaux des compositeurs d'aujourd'hui. Steven Isserlis © Satoshi Aoyagi Sandor Vegh, qui a aussi eu une grande influence sur ma vie musicale, ressentait la même chose. Les deux estimaient qu'ils faisaient partie de la grande tradition européenne, et qu'il était de leur devoir de la préserver. Nous ne parlons donc pas de projets, de succès ni de carrière professionnelle. Nous essayons seulement d'explorer la musique de l'intérieur, de transmettre l'essence de la musique. Propos recueillis et traduits par Pierre Jaquet Selon vous, qui, parmi les contemporains, serait le Beethoven du XXIe siècle ? Que ce soit dans la musique pour violoncelle ou dans un répertoire plus large ? C'est une question impossible ! Eh bien... je suppose que Kurtag - avec lequel j'ai beaucoup collaboré - mérite peut-être ce qualificatif. C'est un créateur magnifique, unique. Mais il y a beaucoup d'autres musiciens remarquables autour de nous, qui rédigent dans des styles surprenants et divers. Il y a, par exemple, une œuvre splendide, écrite pour moi et que je joue beaucoup; elle est de Thomas Ade et s'intitule «Lieux retrouvés»... e n t CONCERT PRESTIGE N°1 - "CRÉATION" le 12 septembre 2013, BFM à 20h00 Direction, David Greilsammer - Violoncelle, Steven Isserlis Pages de Jean-Baptiste Lully, Joseph Haydn, Martin Jaggi & Wolfgang Amadeus Mozart. [email protected] - +41 22 310 05 45 www.fnac.ch& 1heure avant le début de la représentation au guichet du BFM Renseignements : www.genevacamerata.com r e t i e n m u s i q u e un programme qui n’est pas figé, ensuite, ils font preuve d’un grand courage dans les risques qu’ils prennent, et surtout ils bousculent un peu les préjugés, proposant par exemple de faire entrer la musique en prison, à l’hôpital ou de jouer au profit des femmes maltraitées de l’association Au cœur des Grottes. En un mot, j’ai saisi qu’ils avaient de l’ambition, l’ambition de l’excellence, et qu’ils avaient le désir de faire partager leur passion au plus grand nombre. entretien avec jean-philippe rapp Geneva Camerata Orchestre composé d’une trentaine de musiciens, cette formation de chambre a été fondée à la suite de la non-réélection à l’Orchestre de chambre de Genève de David Greilsammer. Ce nouvel orchestre, annonce d’emblée son Directeur musical et artistique, fonctionnera selon des critères «fort différents» des institutions que sont l’OSR et L’OCG. La saison de concerts se déclinera en plusieurs séries (de prestige, ‘sauvage’, concerts en famille, musique du cœur ou encore ‘rencontres magiques’), proposant des formules qui veulent décloisonner les répertoires et éveiller la curiosité surtout chez ceux qui n’ont pas ou plus l’habitude d’aller au concert, voire d’entendre toutes sortes de mélanges musicaux audacieux. Et novateurs. Les saisons en miroir du Geneva Camerata et de L’OCG seront-elles en concurrence ? Pas forcément, malgré ce que certains prédisent sotto voce. Ce projet, porté par David Greilsammer et Céline Meyer, se veut avant tout une passerelle entre les arts et les cultures et se place ostensiblement sous le signe du partage, et du mélange des genres… C’est précisément ce qui a attiré JeanPhilippe Rapp, président enthousiaste et déjà convaincu par ce Geneva Camerata. le. Elle permet - et peut-être promet - plus que l’image. A mon sens, l’image ajoutée à de la musique n’apporte en fait pas beaucoup… Pour un homme de l’image comme vous, n’est-ce pas contradictoire ? Disons que je me méfie de plus en plus de l’usage de la musique à la télévision. J’ai souvent l’impression que ce n’est qu’un ‘entourage’. S’il s’agit d’émissions qui captent en caméra fixe des concerts, sans faire des effets visuels compliqués, je suis preneur bien entendu! Comment s’est monté le projet ? Le programme de ce Geneva Camerata a été concocté par David Greilsammer et Céline Meyer, je n’y ai pas participé au sens strict du terme, mais j’ai compris d’emblée le but qu’ils poursuivaient. J’ai trouvé leur projet intéressant pour plusieurs raisons : d’abord, ils proposent Entretien : Jean-Philippe Rapp président de cette toute nouvelle Association : quel sens cela a-t-il pour vous? On est venu me chercher non parce que je serais musicien ou spécialiste, mais plutôt parce que l’on connaît mon goût pour les projets qui mêlent les genres. Cela dit, j’adore la musique, je dirais même plus volontiers les musiques. Il y a quelques années, j’avais reçu à la Télévision Vengerov et May Bittel pour une émission autour du violon (‘Le violon dans tous ses états’), et j’avais été fasciné de voir comment deux personnalités a priori si éloignées, ne l’étaient en fait pas du tout, leur instrument leur servant de lien, de pont pour communiquer entre eux et se parler en musique. En musique et non de musique. Pour moi, la musique est déjà une parole, est de la paro- e n t r L’homme des Medias Nord/Sud, l’homme du Festival du film des Diablerets, le journaliste passionné bien connu des téléspectateurs, que pense-t-il apporter à ce Geneva Camerata ? Une certaine forme d’entregent… Au fil de ma carrière, j’ai en effet pu nouer des contacts avec toutes sortes de gens et pénétrer dans des milieux très divers. Je sais également combien il est difficile quand on est jeune et qu’on a des idées, de les faire advenir pratiquement, de lever des fonds pour les réaliser, de trouver des lieux pour concrétiser ses projets, voire tout simplement combien il est difficile de se faire entendre et prendre au sérieux. Je pense que mon nom peut aider un peu à faire aller les choses dans le bon sens. Et encore une fois, la démarche généreuse et ambitieuse de David et Céline m’a tout de suite séduit. Leur programme touche également à des facettes de ma vie professionnelle qui ont fait de moi le journaliste que je suis, c’est-à-dire quelqu’un qui essaie de connaître plus avant la société en partage, qui s’investit dans le ‘social’, qui aime les questionnements autour de la modernité dans les formes musicales et dans l’art en général. J’ai bien connu Béjart, et à son contact j’ai compris combien il était nécessaire de réinventer chaque jour son art, sa vision des choses, sa philosophie personnelle. J’ai retrouvé en filigrane cette quête dans les propositions formulées par ce Geneva Camerata… Je suis donc ravi de porter un peu l’esprit de ce projet qui a une grande valeur à mes yeux, et suis fier de faire partie de cette équipe dynamique, intéressée à la fois par la musique sous tous ses aspects et par les mouvements - souvent contradictoires - du monde. Propos recueillis par Rosine Schautz Jean-Philippe Rapp © Pascal Bitz e t i e n 69 DERNIERS REMORDS AVANT L’OUBLI DE JEAN-LUC LAGARCE MISE EN SCÈNE MICHEL KACENELENBOGEN ÉQUIPE ARTISTIQUE BÉNÉDICTE CHABOT MARIE DRUC INÈS DUBUISSON CHRISTIAN GRÉGORI THIERRY JANSSEN ANTONY METTLER PHILIPPE BÉGNEU PASCAL CHARPENTIER ROLAND DEVILLE KIM LELEUX Marie Druc, comédienne ( C o m é d i e a i g re - d o u ce ) COPRODUCTION LE POCHE GENÈVE THÉÂTRE LE PUBLIC, BRUXELLES AVEC LE SOUTIEN DE LA FONDATION LEENAARDS THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros Christian Gregori, comédien 9 > 29 SEPTEMBRE 2013 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) e x p o s i t i o n s Galerie Ligne 13 (Rue Ancienne 15) : Masamichi Yoshikawa (JP) Galerie Marianne Brand (Rue Ancienne 20) : Caroline Andrin (CH) Librairie Nouvelles Pages (Rue Saint-Joseph 15) : Hommage à Aline Favre parcours céramique carougeois Rayonnement Le festival carougeois de la céramique démarre le 28 septembre prochain. Selon une tradition désormais bien ancrée, la ville de Carouge, ses institutions culturelles, ses rues et places, ses commerces s’ouvrent largement à cette manifestation qui accueille tous les deux ans un grand nombre d’artistes nationaux et internationaux. Organisé au départ par un comité associatif, puis dès 2009 par la Fondation Brukner pour la promotion de la céramique, l’événement s’est progressivement professionnalisé pour acquérir désormais renommée et reconnaissance aux quatre coins du monde. Aujourd’hui ce sont en effet 32 artistes issus de 14 nations qui participent à la 13e édition du parcours, impatients d’offrir leurs dernières créations aux yeux du public qui est devenu, grâce à la pérennité et à la qualité de la manifestation, un connaisseur de plus en plus averti. Quelques suggestions de visites à Carouge : Musée de Carouge (Place de Sardaigne) : Agnès Debizet (FR) Ferme de la Chapelle : Claire Curneen (IE), Elsa Alayse (FR), Olivier de Sagazan (FR) qui réalise aussi une performance en continu. Halle de la Fonderie (Av. Cardinal-Mermillod, 17-19) : Monique Wuarin (CH) et Alain Bresson (FR) Atelier Maison Potter (Chemin de Pinchat 122 Ajoutons que, parallèlement aux expositions, sont organisées des performances, des démonstrations, des cuissons en plein air, des conférences, des projections de films sur la céramique (Cinéma Bio) et des ateliers pour enfants. En ville de Genève Musée Ariana (Avenue de la Paix 10) : Jean Fontaine (FR), du 27 septembre au 6 février 2014, et Akio Takamori (JP), du 30 août au 27 octobre 2013. Musée Baur (Rue Munier-Romilly 8) : Philippe Lambercy (CH), du 12 septembre au 20 octobre, et Jacques Kaufmann (CH), du 12 septembre au 20 octobre. Françoise-Hélène Brou Une très large palette de styles et tendances est représentée, des procédures classiques jusqu’aux expressions radicalement contemporaines pour ainsi témoigner de la diversité de la céramique comme à faire rayonner cet art encore plus largement dans les milieux de la création. En matière d’animation socio-culturelle, sinon d’intégration urbaine, peu d’événements locaux offrent une telle dynamique ; car la dimension de proximité, l’esprit festif et convivial qui caractérise le Parcours s’allie à de hautes exigences plastiques, techniques et organisationnelles. Il est donc satisfaisant de constater qu’une population entière s’est approprié ce projet dans la durée, le gérant de façon participative et sans moyens démesurés. Il y a là certainement un modèle à transposer dans d’autres champs de la culture genevoise. a c t u Caroline Andrin «Skin Game, Trophée», 2013. Argile KMN, coulage dans moule de cuir bis) : Jean-François Barlard Galerie Tiramisù (Av. Cardinal Mermillod 18) : Barbro Aberg (DK) Collectif C’Bos (Rue Saint-Joseph 7) : Kim Myung-Joo (KO) a l i t Parcours céramique carougeois, Carouge (GE), du 28 septembre au 6 octobre 2013. Vernissage collectif le samedi 28 septembre de 11h30 à 17h. Renseignements : www.parcoursceramiquecarougeois.ch / +41 (0) 764082825 é 71 exposition fondation gianadda Modigliani et l’Ecole de Paris L’été sera non pas italien, comme le laisse suggérer le titre de l’exposition actuelle de la Fondation Gianadda, mais bel et bien international et foisonnant de créativité, puisque les amis d’Amedeo Modigliani viennent compléter une photographie d’une période devenue légendaire et fantasmée, celle du Paris du début du XXème siècle, théâtre de toutes les audaces et de révolutions picturales qui marqueront comme jamais l’histoire de l’art. Et pourtant, au milieu de cet inventif magma, la figure de Modigliani, morte prématurément, se forge progressivement un classicisme certain dans sa peinture et ne se laisse contaminer par aucune mouvance, fut-elle cubiste ou abstraite. 72 nègre et ses masques qui marqueront de manière déterminante un certain Picasso avec la postérité que l’on sait. Modigliani absorbe lui aussi cette stylisation et la transpose en deux dimensions, créant ainsi pour tous ses portraits un style immédiatement reconnaissable, dans ces figures mélancoliques aux longs cous et aux yeux vides, peintes en aplats quasiment sans aucun arrièreplan, qui leur donnent quasiment des caractéristiques d’icônes. Même ses nombreux nus abolissent la sensualité pour ne conserver qu’une brutale immédiateté en deux dimensions. Ce dépouillement progressif de moyens, s’il rejoint des recherches similaires mais avec des résultats différents (comme en témoignent les Fauves ou les expressionnistes de Die Brücke), préfigure aussi un très fort retour au classicisme de nombreux grands peintres une fois les excès cubistes passés, tendance que l’on observe aussi bien chez Derain et Picasso que plus paradoxalement chez les Futuristes italiens ou les constructivistes russes. Echo à la première rétrospective consacrée à Stylisation Et pourtant, si l’on veut comprendre Modigliani en ce même lieu en 1990, cette affiche estivale tente de contextualiser l’incroyable Modigliani, impossible de passer sous silence environnement parisien de l’époque, qui draine cette discipline, lui qui se considéra toujours alors de partout les jeunes peintres, sculpteurs et comme un sculpteur, devenu peintre par contrain- Subtile mélange Les trois ultimes années de production de poètes. Beaucoup de légendes, souvent farfelues, te, en raison d’une santé trop fragile. On le sait, entourent cette période, où se pressent de futurs ce fut le génial Constantin Brancusi qui initia son Modigliani apparaissent comme une course grands, tels Picasso, Soutine, Chagall, Gris, ami à la sculpture sur pierre. Les traits communs effrénée, comme si l’artiste pressentait sa fin Rivera, Brancusi, Apollinaire. Brûlant la vie par des têtes réalisées par les deux artistes sont évi- imminente et se devait de peindre à la chaîne tout les deux bouts au milieu de cette bohême, la figu- dents : visages stylisés, yeux allongés, traits qui en faisant progresser son style vers la plus granre d’artiste maudit qu’incarne l’Italien, loin de coïncident alors avec l’enthousiasme pour l’art de plénitude possible. Les yeux de ses portraits, déjà éteints, se parent alors d’un bleu cacher sa déchéance personnelle uniforme et saisissant, renforçant l’effet progressive, contraste avec une prode masque sur des visages figés mais duction de plus en plus pure, linéainéanmoins toujours personnalisés. re, dépouillée, classicisante, et déliA cet égard, le Petit garçon roux bérément affranchie des influences (1919), l’un des plus beaux tableaux de externes, principalement cubistes. l’exposition, fait à lui seul la synthèse Les tableaux de ses amis artistes préde la quintessence du talent de sents à Martigny ne servent-ils alors Modigliani, abandonnant les contours que de faire-valoir à ce farouche noirs pour ne plus laisser que des aplats indépendant ? On serait tenté de le aériens, atteignant un subtil mélange de croire, car le malheureux accrochage douceur et de monumentalité qui laisse de l’exposition, très loin de faire diaune dernière fois le sculpteur transpaloguer les œuvres de Modigliani et raître derrière le peintre. de ses contemporains, dessert au contraire ces derniers et rate du Sarah Clar-Boson même coup sa cible à la fois d’échanges fructueux et de restitution Modigliani et l’Ecole de Paris, Fondation d’un contexte, au milieu duquel Pierre Gianadda, Martigny, jusqu’au 24 Modigliani brillerait néanmoins. La novembre 2013 déception devient encore plus cruelle s’agissant des rares et splendides sculptures de l’artiste, isolées de la A droite : salle où trônent celles de Brancusi, Amedeo Modigliani Laurens, Lipchitz et Zadkine, qui ne «Jeanne Hébuterne assise» 1918 Constantin Brancusi «Princesse X», 1915-1916. Plâtre, 61,5 x 28 x 25 cm Huile sur toile. demandaient qu’à chanter cette parCentre Georges Pompidou, Musée national d’art moderne © 2013, Collection Merzbacher ProLitteris Zurich. / Collection Centre Pompidou, dist. RMN / tition à plusieurs voix. a c t u a l i t é expositions FRANCE Aix Musée Granet : Le Grand Atelier du Midi, 1880-1960. De Cézanne à Matisse. Jusqu’au 13 octobre. Annemasse Villa du Parc : Bye Bye Ducks and Drakes ! [Ricochets]. Jusqu’au 28 septembre. Arles Musée Réattu : Nuage - De Magritte à Warhol, de Man Ray à Manzoni ou Kiefer. Jusqu’au 31 octobre. Avignon 74 Collection Lambert en Avignon : “Les Papesses“ - Camille Claudel, Louise Bourgeois, Jana Sterbak, Berlinke de Bruyckere, Kiki Smith. Jusqu’au 11 novembre. Musée Angladon : Denise Colomb, portraits d’artistes. Jusqu’au 3 novembre en Caen Musée des Monet, les autres cathédrales. Jusqu’au 29 septembre. Beaux-Arts : «Normandie Impressionniste». Un été au bord de l'eau. Loisirs et Impressionnisme. Jusqu’au 29 sept. Musée de Normandie : «Normandie Impressionniste». En couleurs. Dans le sillage de l'Impres-sionnisme, la photographie autochrome 1903-1931. Jusqu’au 29 septembre. Céret Musée d’art moderne : Miquel Barceló - Terra Ignis. Céramiques, Majorque 2009-2013. Jusqu’au 12 novembre Evian Maison Gribaldi : Evian 1900, La Belle Epoque sur les rives du Léman. Jusqu’au 3 novembre. Palais Lumière : La légende des mers. Iribe, Dufy, Van Dongen, ... Jusqu’au 22 septembre Fécamp Musée : «Normandie Impres sionniste». france Les Falaises de Giverny Marseille Musée d’art contemporain : Le Musée des impressionnismes : Hiramatsu, le bassin aux nymphéas. Hommage à Monet. Jusqu’au 31 octobre. Le Cannet Musée Bonnard : Le Nu, de Pont. Jusqu’au 20 octobre Musée Cantini : César à Marseille. Du 13 septembre au 5 janvier Palais Longchamp : Le Grand Atelier du Midi, 1880-1960. De Van Gogh à Bonnard. Jusqu’au 13 octobre. Gauguin à Bonnard. Jusqu’au 31 octobre. Metz Centre Pompidou-Metz : Beat Generation / Allen Ginsberg. Jusqu’au 9 septembre. Vues d'enhaut. Jusqu’au 7 octobre. LeMuséeHavre d'art moderne André Malraux : «Normandie Impressionniste». Pissaro au fil de la Seine. De Paris au Havre. Jusqu’au 29 sept. Lens Montpellier Musée Fabre : Signac, les cou leurs de l'eau. Jusqu’au 27 octobre. Le Louvre : L’Europe de Rubens. Jusqu’au 23 septembre. Le Temps à l’œuvre. Jusqu’au 21 octobre. Lyon Musée des beaux-arts : Geneviève Asse. Jusqu’au 16 septembre. Ornans Musée Courbet : Courbet/ Cézanne, la vérité en peinture. Jusqu’au 14 octobre Quimper Musée des beaux-arts : De Véronèse à Casanova. Jusqu’au 30 septembre. Château de Versailles Giuseppe Penone Depuis plusieurs saisons, l’art contemporain a fait son entrée au château de Versailles. Pour le meilleur mais parfois pour le pire. Avec Giuseppe Penone, artiste associé à ses débuts à l’Arte Povera, la synthèse poétique entre la conservation d’un patrimoine historique et l’expression artistique d’un artiste contemporain est parfaite et en aucun cas intrusive. Une exposition de vingt-cinq sculptures le long de l’Allée royale, qui mène du château au Grand Canal, et dans le bosquet de l’Etoile, ainsi que dans la chambre de la Reine, où a pris place la sculpture « Respirer l’ombre-feuilles de thé ». On n’aurait su trouver meilleur hommage pour célébrer le 400e anniversaire de la naissance du grand jardinier André Le Nôtre. Les jardiniers sont eux aussi des artistes et l’intervention de Penone qui respecte les lignes tracées par Le Nôtre, s’installant dans son architecture, ne fait que magnifier l’œuvre du jardinier. L’arbre, motif premier de Penone, incarne la rencontre de la nature et de la culture. Il les réalise en bronze, « une matière qui fossilise le végétal » dit l’artiste. Le long de l’allée qui mène vers le Grand Canal, ce sont des sculptures, « Anatomia » (2011) en marbre de Carrare, qui comme le tronc de l’arbre, révèle son anatomie de veines sinueuses. Après la tempête de 1999, l’artiste avait acheté deux cèdres. « Tra Scorza e scorza » (entre écorce et écorce), une des premières œuvres du parcours, est issue de l’un des deux troncs de cèdres et Giuseppe Penone «Elévation», 2011 Bronze, arbres, 1000 x 600 x 600 cm sert d’emblème à l’exposition. Courtesy Giuseppe Penone - photo Tadzio Beaucoup de collectionneurs suisses sont friands d’œuvres de Penone, souvent découverts à la galerie Alice Pauli de Lausanne. Cette grande dame du monde de l’art a su très tôt reconnaître la force de cette œuvre. Rien de plus naturel de l’avoir fait participer à la présentation versaillaise. A voir jusqu’au 30 octobre 2013 Conditions normales de visite avec billet d’entrée pour le château. a g e n d a expositions en europe Londres British Museum : Vie et Mort - Palazzo Strozzi, Florence L’Avant-garde russe, la Sibérie et l’Est Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29 septembre. Estorick Collection of Modern Italian Art : Giorgio Casali Photographe. Jusqu’au 8 septembre. National Portrait Gallery : BP Portrait Award 2013. Jusqu’au 15 septembre. Laura Knight Portraits. Jusqu’au 13 octobre. The Courtauld Gallery : Gauguin - La collection Samuel Courtauld. Jusqu’au 8 sept. Pour la première fois, une exposition examine l’importance fondamentale de l’art oriental et eurasien sur le Modernisme russe; cette manifestation internationale suit les destinées des Russes auto-proclamés “Barbares“ dans leur quête de nouvelles sources d’inspiration artistique. De la forme des pierres néolithiques aux rituels des shamans sibérians, en passant par les populaires estampes chinoises ou les gravures japonaises, ou encore par la doctrine téosophique et la philosopie indienne,... les nouveaux artistes et écrivains russes se sont appuyés sur tous ces éléments pour développer leur esthétique et leurs idées théoriques, avant et après la Révolution d’octobre 1917. Ainsi, l’exposition du Palais Strozzi démontre comment la culture russe moderne a fait montre d’une profonde attirance envers l’exotique, l’inconnu et “l’autre“, ce que les écrivains et les artistes ont identifié comme l’esprit de la taiga - ces territoires vierges, ces steppes désertiques -, et la “différence“ de la culture orientale. Alexandre Benois, Léon Bakst, Pavel Filonov, Natalia Goncharova, Wassily Kandinsky, Mikhail Larionov, Kazimir Mikhail Matiushin (1861-1934), «Woman Dancing», 1915-16 Malevich et les autres mouvements de Racine de bois; 44 x 46.5 cm; St Petersburg, State Russian Museum, l’Avant-garde étaient profondément consinv. Sk-815 cients de l’importance de l’Est et ont contribué à la richesse du début - Est ou Ouest ? qui a laissé une empreinte permanente sur leur imagination créatrice. En plus des héros de l’Avant-garde russe, cette exposition souhaite aussi familiariser le visiteur avec les autres artistes, moins connus mais tous aussi originaux, des artistes d’aujourd’hui tels que Nikolai Kalmakov, Sergei Konenkov et Vasilii Vatagin, dont beaucoup d’œuvres sont montrés à l’Ouest pour la première fois. A voir du 27 septembre 2013 au 19 janvier 2014 Rouen Musée des beaux-arts : «Normandie Impressionniste». La couleur réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Jusqu’au 29 septembre. Toulon Hôtel des Arts Berlin Martin-Gropius-Bau : Meret Oppenheim. Rétrospective. Jusqu’au 1er décembre. Bilbao Musée Guggenheim : L’art en : Arman. Jusqu’au 8 octobre. guerre. France 1938-1947 - De Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept. Bruxelles Palais des Beaux-Arts (23, Ravenstein) Rétrospective Giorgio Morandi. Jusqu’au 22 septembre. Michelangelo Antonioni, le maître du cinéma moderne. Jusqu’au 8 sept. AILLEURS Baden Baden Musée Frieder Burda : Emil Nolde - Une fête des couleurs. Jusqu’au 13 octobre. a g Ferrare Palazzo dei Diamanti : Zurbarán. Du 14 septembre au 6 janvier e n Florence Galleria dell’Academia : Du lys à David. Art civique à Florence entre Moyen-Age et Renaissance. Jusqu’au 8 décembre. Galleria degli Uffizi : Pietro Testa, artiste philosophe du XVIIe siècle. Jusqu’au 8 septembre. Galleria Palatina : Le songe de la Renaissance. Jusqu’au 15 sept. Palazzo Strozzi : L’avant-garde russe, Sibérie et l’Est. Du 27 septembre au 19 janvier. Francfort Schirn Kunsthalle : Philip-Lorca Dicorcia & Glam! La performance du style. Jusqu’au 22 sept. Städelmuseum : Piero Manzoni. Jusqu’au 22 septembre. d a Madrid Musée du Prado : Japanese Prints in the Museo del Prado. Jusqu’au 6 octobre. Musée Thyssen-Bornemisza : Pissaro. Jusqu’au 15 septembre. Milan Palazzo Reale : Modigliani, Soutine et les artistes maudits. Jusqu’au 8 septembre. 75 Rome MAXXI - Musée national de l'art du XXIe siècle : Fiona Tan, Inventory. Jusqu’au 8 septembre Venise Ca’ Foscari Esposizioni, Università Ca’ Foscari : Maria Cristina Finucci. Jusqu’au 24 nov. Isola di San Giorgio Maggiore: Not Vital: 700 Snowballs. Jusqu’au 29 septembre. Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Jusqu’au 31 décembre. Peggy Guggenheim Collection: Robert Motherwekk Early Collages. Jusqu’au 8 sept. L’avant-garde fin de siècle à Paris : Signac, Bonnard, Redon, et leurs contemporains. Du 29 septembre au 6 janvier Stanza Cinese del Caffè Florian : Omar Galliani - Le songe de la Princesse Lyu Ji au Florian. Jusqu’au 30 septembre. Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) MATISSE ET LE FAUVISME. Du 20 septembre au 12 janvier . Gottfried Helnwein, rétrospective. Jusqu’au 13 octobre. Gunter Damisch. Jusqu’au 22 septembre. Kunsthistorisches Museum : Richard Wright. Jusqu’au 30 sept. expositions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île 76 1) Greg Hug. Du 12 septembre au 5 octobre. Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Eric Poitevin. Du 12 septembre au 2 novembre. Blondeau & Cie (Muse 5) Alessandro Twombly. Du 12 septembre au 21 décembre. Centre d'édition contemporaine (Saint-Léger 18) David Hominal. Jusqu’au 19 octobre. Centre de la Photographie (Bains 28) John Stezaker / Robert Suermondt - “Couper / Coller“. Du 5 septembre au 27 octobre. Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle) Elsa Alayse, Claire Curneen, Olivier de Sagazan. Du 14 sept. au 13 oct. Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Collective Two. Jusqu’au 13 sept. Allan McCollum. Du 10 septembre au 11 octobre. Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Maîtres impressionnistes, surréalistes et modernes. Du 2 septembre au 31 octobre. Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Daniel Clément. Du 12 sepembre au 26 octobre. Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Alex Hanimann. Du 12 septembre au 26 octobre. Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) Catherine Gfeller. Du 12 septembre au 26 octobre. Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle L’Éternel Détour, séquence été. Jusqu’au 15 septembre. Milkshake Agency (24, Montbrillant) Benoît Billotte. Jusqu’au 30 septembre. Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept. Akio Takamori - Portraits ordinaires. Jusqu’au Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Ferveurs médiévalesReprésentations des saints dans les Alpes. Jusqu’au 22 septembre. Denis Savary - Les Mannequins de Corot. Jusqu’au 27 octobre. Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 oct. Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Le Nain de Jardin - 14ème Concours international de céramique. Du 28 septembre au 10 novembre. Musée Rath (pl. Neuve) M Sélection. La collection du Musée Migros d'art contemporain. Jusqu’au 22 septembre en Parc Bertrand (Av. Peschier) Clichés exotiques. Le tour du monde en photographies (18601890). Jusqu’au 30 septembre Saint-Gervais Genève, Salle Carole Roussopoulos (r. Temple) Je n'ai pas froid - vidéo et musique. Du 3 septembre au 20 octobre. Xippas Art Contemporain (r. Sablons 6) Denis Savary. Du 12 septembre au 2 novembre. Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières 11) Charles Steffen. Jusqu’au 29 sept. Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Miró - Poésie et Lumière. Jusqu’au 27 octobre. Galerie du Marché (Escaliers du Marché 1) Yves-Jules - Mon musée à moi. Du 26 septembre au 2 nov. Mudac (pl. Cathédrale 6) La Forge des anges & All'Ambic - série de vases créés par Patricia Urquiola. Jusqu’au 22 septembre. suisse Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Raisons et sentiments. Le XVIIIe siècle dans les collections du Musée. Jusqu’au 22 septembre. Musée de l’Elysée (Elysée 18) Sebastiao Salgado - Genesis & Paolo Woods - State. Du 20 septembre au 5 janvier. Musée Historique de Lausanne : Louis Rivier - L'intimité transfigurée. Jusqu’au 27 octobre. D'un artiste à l'œuvre. Marcel Poncet (1894-1953). Jusqu’au 27 octobre. Bulle Musée : Daguerréotypes de J. Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au 31 décembre. Chaux/Fonds Musée des Beaux-Arts : Donation François Ditesheim. Jusqu’au 20 octobre. Musée international d’horlogerie : Roskopf, innovateur et précurseur. Jusqu’au 30 septembre. Fribourg Bibliothèque cantonale et univer- sitaire : Tintin à Fribourg : dits et interdits. Jusqu’au 26 octobre. Espace Tinguely - Saint-Phalle : Gilles Rotzetter. Du 27 septembre au 12 janvier. Martigny Fondation Pierre Gianadda : Modigliani et l’Ecole de Paris. Jusqu’au 24 novembre. Fondation Louis Moret (Barrières 33) Nicole Hassler. Du 14 septembre au 20 octobre. Le Manoir de la Ville : Eyes Wide Open. Jusqu’au 8 sept. 40 ans de Visarte. Du 27 sept au 17 novembre. Mézières Musée du papier peint : Fusions - œuvres en verre contemporaines. Jusqu’au 3 novembre. Laténium, Hauterive-Neuchâtel Fleurs des Pharaons Les archéologues et autres savants qui ont eu l’occasion de se rendre dans les tombeaux de l’Egypte antique ont découvert des momies couvertes de guirlandes florales savamment composées, émouvants vestiges déposés sur les sarcophages et les corps des défunts par leurs proches. Malgré leur fragilité, ces fleurs représentaient pour les habitants de l’Egypte ancienne de puissants symboles de vie, qui offraient aux défunts une promesse d’immortalité. L’exposition temporaire présentée par le Latérium, en ressuscitant les jardins, les parfums et la symbolique des fleurs de l’Egypte ancienne, invite les visiteurs à redécouvrir ces éphémères promesses de vie éternelle, et plus précisément les guirlandes de fleurs qui accompagnaient dans leur voyage vers l’au-delà les momies des grands pharaons que furent Ramsès II, Amenhotep 1er ou Ahmosis, mais aussi celles de défunts plus modestes. Branche de figuier sycomore (1100 a 1200 av.J.-C.) provenant des fouilles de Gaston Maspero a Thebes, 1885. Collier composé de pendentifs en faïence représentant grappes de raisins, fruits de mandragore, fleurs de centaurée déprimée et pétales de nénuphar bleu (1150-1069 av.J.-C.). Coll. Martin von Wagner Museum der Universitat Wurzburg (photo M.Julliard). a g e A voir du 19 mai 2013 au 2 mars 2014 n d a expositions en Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre Musée des Beaux-Arts, Bâle Piet Mondrian - Barnett Newman - Dan Flavin Piet Mondrian (Amersfoort/Netherlands 1872 – 1944 New York), Barnett Newman (New York 1905 – 1970 New York) et Dan Flavin (New York 1933 – 1996 Riverhead, N.Y.) sont venus tous trois à l’abstraction, mais avec, à chaque fois, d’autres antécédents culturels et sociaux. Néanmoins, tous trois ont osé l’ascèse des moyens plastiques, couleur et forme ne se référant plus qu’à elles-mêmes. L’importante exposition qui leur est consacrée est divisée en trois parties, dont la suite chronologique compose une scénographie où se révèlent des correspondances particulièrement éclairantes entre analogie et contradiction avant qu’elles ne s’assemblent en un tout cohérent. Piet Mondrian (1872–1944) «Tableau 3», avec orange-rouge, jaune, noir, bleu et gris, 1921. Huile sur toile, 49.5 x 41.5 cm Emanuel Hoffmann-Institution, dépôt dans la collection d'art publique Bâle ,1941Photo: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler © Mondrian/Holtzman Trust c/o HCR International USA Neuchâtel Laténium (Hauterive) Fleurs des Pharaons. Jusqu’au 2 mars 2014. Musée d’art et d’histoire : Sa Majesté en Suisse. Neuchâtel et ses princes prussiens. Jusqu’au 6 octobre. Musée d’ethnographie (St- Nicolas) MEN. Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre. Prangins Musée national suisse (Château) C’est la vie. Photos de presse depuis 1940. Jusqu’au 20 octobre. Vevey Musée Jenisch : Lemancholia. Traité artistique du Léman. Jusqu’au 13 octobre Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique Derisbourg, Impressions. Jusqu’au 16 septembre. a g Les tableaux de Piet Mondrian, réalisés à Paris dès 1919, constituent le point de départ; leur densité leur confère un statut d’icône. Ils se limitent exclusivement aux trois couleurs primaires, rouge, jaune et bleu, ainsi qu’aux non-couleurs noir, blanc et gris. Barnett Newman voulait libérer la couleur de son rôle secondaire dans la composition et dans tout autre principe. Une fois libéré, ce déploiement de couleur sur des formats parfois immenses, avait pour but de susciter une expérience métaphysique de ce qu’il désignait lui-même par le terme de « sublime ». Dan Flavin, dès 1960, compose des installations lumineuses à partir de tubes de lumière fluorescente, qui récusent – malgré la magie de la lumière – toute la dimension métaphysique qui réunissait Mondrian et Newman. Du 8 septembre 2013 au 19 janvier 2014 Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Et maintenant? Révolution des objets en Amazonie. Jusqu’au 29 septembre. Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Proto Anime Cut. Les visions dans le film d'animation japonais. Jusqu’au 13 octobre. HMB - Museum für Musik / Im Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle. La musique pop et rock depuis les années 1950. Du 20 septembre au 29 juin. Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un nouveau regard sur l'œuvre de Jean Tinguely. Jusqu’au 30 sept. OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum Basel (St. Alban-Graben 5) Comment être un homme? Le sexe fort dans l'antiquité. Du 6 septembre au 30 mars. Fondation Beyeler (Riehen) Max Ernst. Jusqu’au 8 sept. Maurizio Cattelan. Jusqu’au 6 octobre. Kunsthalle : Allyson Vieira. Du 14 septembre au 10 novembre. Leonor Antunes. Du 22 septembre au 10 novembre. Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Ed Ruscha. Jusqu’au 29 sept. Piet Mondrian - Barnett Newman Dan Flavin. Du 8 septembre au 19 janvier Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Some End of Things. Jusqu’au 15 sept. Everytime you think of me, I die, a little. The Memento Mori by Andy Warhol and Douglas Gordon. Du 28 septembre au 9 février. e n suisse Berne Centre Paul Klee (Monument im Fruchtland 3) Satire – Ironie – Grotesque. Daumier, Ensor, Feininger, Klee, Kubin. Jusqu’au 6 octobre. Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Mythe et secret - Le symbolisme et les artistes suisses. Jusqu’au 18 septembre. d a Bienne CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75) Fabian Marti. Du 15 sept. au 24 nov. Claudia Comte & Omar Ba. Du 15 sept. au 24 nov. PhotoforumPasqu’Art : Journées photographiques de Bienne – 17e édition. Du 6 au 29 septembre. Lörrach Dreiländermuseum : Le nazisme à Lörrach. Jusqu’au 13 octobre. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Lightopia. Du 28 septembre au 16 mars. Winterthur 77 Fotomuseum (Grüzenstr. 44) Cross Over - Photo de la science + science de la photo. Du 7 septembre au 17 novembre. Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Emil Schulthess – rétrospective. Du 7 septembre au 23 février. Museum Oskar Reinhart «Am Römerholz» (Haldenstr. 95) Entre nous. Jusqu’au 30 septembre Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Anton Graff Histoire d’une époque. Jusqu’au 29 septembre Zurich Kunsthaus (Heimpl.1) La Collection Hubert Looser. Jusqu’au 8 septembre. Félix Vallotton Instant heureux. Jusqu’au 15 sept. Landesmuseum : Mani Matter (1936–1972). Jusqu’au 8 sept. Charlemagne et la Suisse. Du 20 septembre au 2 février. Museum Bellerive (Augustinergasse 9) L'Empire des Plis - Mode et Art Textile du Japon. Jusqu’au 12 janvier. Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Galerie : René Burri - Une double vie. Jusqu’au 13 octobre. Halle : Martin Parr Souvenir. Jusqu’au 5 janvier. Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Yaks, Yetis, Yogis - Le Tibet dans la bande dessinée. Jusqu’au 10 novembre. exposition fondation de l’hermitage Miró, poésie et lumière Non, il n’y a pas que les exploits ballon au pied de la « Roja » ou les records de Rafael Nadal à Roland-Garros pour évoquer l’Espagne : il y a aussi, et surtout, son immense tradition artistique. L’affiche estivale de la Fondation de l’Hermitage, consacrée au Catalan Joan Miró (1893-1983), enthousiasme par sa beauté immédiate et lumineuse, à travers cette peinture spontanée au style d’accès si aisé et reconnaissable entre mille, et qui la rend si populaire auprès de tous les publics. Les quelque quatre-vingt œuvres dévoilées, si elles se concentrent sur les trente dernières années de production de Miró, n’en atteignent pas moins le but recherché par l’artiste : un maximum d’efficacité avec un minimum de moyens, le tout chargé d’une réelle émotion. 78 De la maturité teintée d’onirisme ... On pourrait presque parler de peinture majorquine, puisque les œuvres proviennent non seulement directement de la Fondation Pilar i Joan Miró à Palma de Majorque, mais l’artiste entretenait aussi avec l’île baignée de soleil des liens particuliers, étant lui-même à moitié majorquin par sa mère, et ayant épousé une Majorquine. Son rêve d’un grand atelier prendra donc naturellement corps sur « sa » terre, grâce à son ami architecte Josep Lluis Sert, créant ainsi un cadre de création idéal. Le parcours lausannois peut se distinguer en deux phases, la maturité et le crépuscule, mais contrairement à d’autres géants de l’art, tel Picasso, où la mort peut littéralement se lire entre les ultimes traits et coups de pinceau, les œuvres de Miró n’ont, on le verra, rien de macabrement annonciateur. Au contraire, elles respirent la vie. Dans la décennie 1960, capitalisant sur son riche héritage surréaliste, le peintre se libère progressivement de toute trace réaliste, tout en conservant son vocabulaire onirique et enchanteur, fait d’oiseaux, de fem- mes, d’étoiles. Les formes se dissolvent et se simplifient, les tableaux prennent presque organiquement forme de manière indépendante, un peu à l’instar de l’écriture automatique si chère aux Surréalistes. Le hasard est ici ouvertement revendiqué comme fil conducteur par l’artiste. Durant cette période de maturité, Miró est donc loin de se reposer sur ses lauriers. Au contraire, il explore de nouvelles techniques propres à donner vie à n’importe quel objet : papiers collés, sculptures en bronze ou terre cuite donnant vie à des personnages qui sont autant de monstres sympathiques, et dans sa peinture, il exécute à même le sol, tel Jackson Pollock mais toujours dans une recherche d’épurement et d’essentiel. ... à l’intensité du crépuscule Quant au crépuscule de sa vie mais certainement pas de son art, il atteint une intensité picturale et émotionnelle stupéfiante, aidé par son usage du noir et blanc, qui traduit deux influences manifestes : d’une part, celle des Expressionnistes abstraits américains et de leur spontanéité brute, mais contrairement à ses confrères d’Outre-Atlantique, on ne retrouve pas chez Miró cette forme de sauvagerie qui les caractérise. Par contre, coulures, éclaboussures, sur lesquelles s’appuie le Catalan pour créer chaque fois un monde sur la dimension d’un tableau, le rattachent au tsunami créé par l’Ecole de New York dans les années cinquante. D’autre part, ses deux voyages au Japon effectués en 1966 et 1969 ont nourri son horizon créatif, notamment via la calligraphie, la maîtrise du geste, et là aussi une certaine économie de moyens sublimée par les maîtres de l’estampe. Le résultat invite à la contemplation et à la méditation, comme en témoignent les ultimes grands formats en noir et blanc qui clôturent l’exposition de l’Hermitage. Point commun de toute sa dernière production, Miró cherchera toute sa vie à créer des univers à partir de prétextes desquels surgit un monde en train de naître sous son pinceau, que ce soit une aspérité, un point, un trait ou une coulure. Conséquence de cette approche : aucun objet n’est inerte ni condamné à mort, tout est au contraire prétexte à la vie. Tout comme en poésie, les images, bien que statiques et en deux ou trois dimensions, génèrent un monde propre où elles peuvent se bousculer, s’éviter, s’entrechoquer, bref continuer d’être mobiles sur un support immobile et laisser grandes ouvertes les portes de l’imagination. Sarah Clar-Boson Miró, poésie et lumière, Fondation de l’Hermitage, Lausanne, jusqu’au 27 octobre 2013 Joan Miró «Femme dans la rue», 1973 Huile, gouache et acrylique sur toile, 195 x 130 cm Fundació Pilar i Joan Miró, Mallorca Photo Joan Ramón Bonet & David Bonet / Courtesy Archivo Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca © Successió Miró / 2013, ProLitteris, Zurich a c t u a l i t é Joan Miró, Sans titre, sans date, huile sur carton, 91,5 x 64,5 cm Fundació Pilar i Joan Miró, Mallorca. Photo Joan Ramón Bonet & David Bonet / Courtesy Archivo Fundació Pilar i Joan Miró a Mallorca © Successió Miró / 2013, ProLitteris, Zurich d a n s e création inlassablement criés) jusqu’au paroxysme et à l’épuisement du sens. L’œuvre de 4h20 voit à son seuil, ce qui scelle traditionnellement l’illusion théâtrale, les applaudissements nourris menés debout par onze danseurs que l’on croirait vêtus pour un shooting d’Helmut Newton, chemise blanche et noir pantalon fuseau. Le premier tableau étire déjà sa durée aux extrêmes. Les danseurs affichent leur D’un ballet symétrique conçu en plans séquences étendus axés sur la répétition paysage dorsal sans que la signature graphique, et l’épuisement du sens et des formes classiques (Le Pouvoir des folies théâtrales le forme enrobant l’individualité sexuée, ne soit signé Jan Fabre) au baroque mortifère et cinglant où la danse minimale surgit jamais prise en défaut sous une pluie d’ampoules comme en contrebande (Place du Marché 76 de Jan Lauwers), le Festival savamment réparties et cascadant des cintres d’Avignon s’est attaché à réinventer le dialogue avec l’expérience perceptuelle. comme dans une installation du plasticien des lieux de mémoires, Christian Boltanski. Au centre, dans une position radiante, une en ville n’a rien de commun avec ceux que l’on ballerine classique de dos, s’applique à ses Migration identitaire Le metteur en scène, auteur et chorégraphe voit naufrager ou arraisonner en Méditerranée. dépliés pendant qu’autour d’elle, c’est la querelde Place Du Marché 76, Jan Lauwers, feuillette Tombé des cintres, il est formé de dauphins et le vestimentaire entre le noir de l’uniforme du l’humus d’une actualité de faits divers en forme requins gonflables assemblés autour d’une struc- labeur chorégraphique en répétition et le retourde drame social coloré et baroque. L’homme ture en caoutchouc mou façon sculpture d’art né de cet habit en armure de cosmonaute façon explique avoir « imaginé un village où toutes les contemporain entre le jouet d’enfant recyclé et festive boule à facettes. Le geste classique irradie catastrophes possibles adviennent en même l’univers enjoué, désenchanté et pop kitsch de ici la composition scénique jouant sur la figure temps. On peut considérer que c’est peu vraisem- Jeff Koons. du double. D’où cette profonde solennité dénuée blable, que c’est exagéré, mais, d’émotions qui fait pendant au désorden réalité, les événements se re de la ronde vestimentaire, dont l’hadéroulent ainsi. Chaque jour, des billage et le déshabillage, mené entre drames différents, naturels et ordre et chaos. sociaux, intimes et mondiaux, se Si le langage du ballet classique superposent, se succèdent. » canonisé par Balanchine a souvent été Côté interprètes, cette pièce chole point de départ pour redéfinir la régraphique présentée dans le danse aux yeux de Fabre, l’univers des cadre du Festival de La Bâtie contes de fée et de l’amour courtois est vaut aussi par la révélation de la source d’éprouvante fable mouvemendanseuse performeuse, Romy tiste. Ainsi, ce quintet de chevaliers Louise Lauwers, extraordinaire dénudés portant leur belle défunte au dans le rôle parlé dansé et chantombeau comme dans une pietà. Sauf té de Pauline, fille de la boulanque la Belle revient à la vie, se redres«Place du Marché 76» de Jan Lauwers. Photo Marten Venden Abeele gère du lieu. Ayant intégré se magnifiquement pour s’évanouir à l’ADN chorégraphico-théâtral du Maître flanouveau dans la mort. La séquence est maintes mand tissé de suspension, contorsions et pas déli- Art de la répétition fois répétée et la souffrance, la pénibilité de ce Créé en 1984, Le Pouvoir des folies théâtra- fardeau amoureux sisyphien se lit dans la sueur, cieusement chassés de côté avec déséquilibres savamment structurés, la juvénile interprète est les, est un opus magnifiquement repris, notam- la crispation musculaire. Les amantes sont in fine convaincante de bout en bout. Dans sa délicate et ment par des danseuses remarquables d’intensité plus traînées que portées. Le corps s’autodisciplidouloureuse incarnation croisant les gênes déran- avec, en point mire, l’expressivité troublante de ne et la répétition devient une contrainte entièregées d’une sorte de Natacha Kampusch venge- Lisa May (Preparatio Mortis). Son concepteur, ment intériorisée, tel un programme lancinant resse, d’une victime théâtralisée d’un Marc Jan Fabre, aligne les références à l’histoire de la mis en boucle. Jan Fabre ne manque pas d’invenDutroux imaginaire, et d’un être angélique, peinture, telle la pose d’une Vierge donnant le tivité dans sa posture de démiurge manipulant ses mythologique blessé au pied, dont le mouvement sein qui ressemble à La Vierge à l’Enfant de Jean interprètes consentants, tel un invisible maître de semble surgir comme en souples giclures Fouquet (1450). Cet exemple montre assez bien marionnettes ou méticuleux entomologiste, un que, de toute éternité, le peintre, et aujourd’hui crépusculaire faussaire, une énigmatique imposempreints d’une grâce fêlée. Plasticien de formation, Jan Lauwers (La Fabre en fouillant entre ciel et sexe, n’explore en ture ou un étonnant génie. Bertrand Tappolet Chambre d’Isabella, Le Bazar du Homard) a le réalité, dans la secrète dissidence de la création, sens du problème. Rien n’est simple, a fortiori que ses propres désirs. Mais aussi une mise en simpliste, dans son œuvre, aucune thèse hâtive. abyme du spectacle ne recyclant que son passé Place du Marché 76. La Bâtie, 10 et 11 septembre 2013. Ainsi le radeau qui amène un « étrange étranger » prestigieux (nom d’œuvres, lieux et dates de Château Rouge Annemasse. Rens. : www.batie.ch festival avignon danse Bienvenue à ce que vous croyez voir 80 a c t u a l i t é d a n s e festival montpellier danse Corps grotesques Considéré comme un classique contemporain, May B voit la chorégraphe Maguy Marin recouvrir ses danseurs d’argile et les immerger dans un univers panique inspiré de l’œuvre de Samuel Beckett. Pendulant entre genèse et annihilation du vivant, la pièce symbolique d’Akaji Maro, voit, elle, un néo-butô s’aventurer dans les terres fertiles du manga. Le Festival Montpellier danse n’a pas manqué de propositions fortes. A l’orée des années 80, Maguy Marin rencontre Samuel Beckett, 75 ans. Il ne la contraint pas à user de ses textes, ce qui ne l’empêchera pas de citer littéralement des figures de l’écrivain irlandais sous forme de tableaux vivants comme surgis d’une convention de costplay ou d’un Musée de cires argileuses. Ainsi, Fin de Partie avec le binôme Hamm, maître aveugle portant lunettes noires et Clov, domestique. Les premiers mots de Clov, si emblématiques de la pièce de Marin, surgissent du plateau : « Fini, c’est fini, ça va peut-être finir ». La chorégraphe explique que Beckett lui a « conseillé l’écoute du Voyage d’hiver et du Chant du cygne pointant particulièrement les lied Der Doppelgänger, qui ouvre la pièce, et Der Liermann qui la clôt. Mais c’est évidemment la composition de Gavin Bryars, Jesus Blood never failed me yet, qui marque le plus la dernière partie de l’opus de la Française, dans son mouvement de ressac respiratoire entre épuisement, douce et douloureuse jubilation. Courant originellement sur 74 minutes, la partition mélancolique, répétitive et minimaliste, où une voix anonyme reconduit la même phrase sur une subtile variation orchestrale lyrique, est à l’image de l’œuvre de Beckett, une tache sur le silence, comme l’écrivain irlandais l’a confié. Les danseurs girent alors en ellipses, sans connaî- tre leur destination, entrant et sortant malgré tout. Ainsi va l’écriture de Beckett en marche perpétuelle, malgré l’immobilité, qui n’est que prémouvement, continument relancée de son propre fiasco. Au plateau, une tribu de gueux errants, clowns tristes giacomettiens en guenilles parcourant un chemin sans début ni fin. Dans ces funambules du grand cirque du néant qui s’affrontent parfois en deux groupes, avec un clochard en tête, comme dans les joutes de folklores primitifs, se dessine le meilleur de May B, pièce pour dix danseurs également répartis entre les sexes. Des mouvements saccadés, hémophiles, robotiques, alignés et à l’unisson. Comme dans le mouvement de fanfare militaire de cette monstrueuse parade qui rapatrie les fantômes des corps des poilus disloqués et vétérans de la Grande Guerre sur la musique de Gilles de Binche. Comment coexister avec ses propres fêlures ? Depuis le ressassement étouffant et vital des premiers récits avec les pieds nus des danseurs frappant le sol jusqu’aux borborygmes des derniers textes et au halètement sortant de ces crânes funéraires. Les bouches ouvertes désespérément et vitalement explorent les voies où l’homme expérimente sa mort et ce dur et absurde désir de durer. Les danseurs évoluent dans l’incapacité pathétique à rester seul, en proie à toutes sortes de pulsions primitives. Berceau et tombe « Je suis un berceau/Qu’une main balance/Au fond d’un caveau », lâche Verlaine dans Un grand sommeil noir. Le chorégraphe nippon Akaji Maro fait sienne cette idée de berceau dans le caveau pour sa pièce, Virus. L’espace est tendu d’une immense «May B» de Maguy Marin. Photo Claude Bricage a c t u a l i t toile d’araignée qui recueille les corps plâtrés de gorgones, androgynes, marqués de joyaux scintillants en formes de métastases virales, de ce néo-butô à l’imaginaire symbolique foisonnant. Nombre de symboles des cycles de vie, mort, renaissance viennent s’y échouer, tel cet œuf gigantesque ou ce crocodile plastique rapatriant les vieux fonds légendaires et mythologiques. Ayant débuté en 1966, la danse avec Hijikata, le fondateur de cette danse enténébrée post-apocalyptique et de corps malade qu’est le butô, Akaji Maro apparait comme le vieillard aux longs cheveux coiffés d’orage de Lear dans l’adaptation au cinéma de la tragédie shakespearienne signée Kurosawa, Ran. « Le butô a une grande affection pour les états misérables, l’imperfection », souligne l’artiste adepte d’un « butô cubiste ». Spasmes, sursauts et contorsions, le fameux « ganimata » (jambes courbées) sont ici très picturalement et architecturalement intégrés à l’ensemble. Mention spéciale aux trois corps fichés en contrebas de scène s’éclairant d’un lumignon intégré à leur anatomie comme des gisants cependant bien vivants. Le chorégraphe a œuvré avec les cinéastes Takeshi Kitano ou Quentin Tarantino et cela transparait dans cette manière de mêler le grotesque à une grâce poétique un «Virus» de Akaji Maro. Photo Nobuyoshi Araki peu fêlée, la cruauté à l’innocence sidérée et égarée, l’esprit déjanté de l’anime japonaise avec un néo butô choral que ne renierait pas les émissions de variété en prime time. S’en dégage une étrange oscillation entre une atmosphère des premiers temps et des pièces rapportées d’une forme de rétrofuturisme que n’aurait pas reniée le cinéaste Takeshi Miike, maître dans le mélange des genres (comédie, fantastique). Il en va de même de la musique réunissant Keisuke Doi, interprète phare de flûte shakuhachi et Jeffs Mills, féru de techno minimale. Bertrand Tappolet é 81 danse la bâtie - festival de genève Corps déconstruits Fuyant les interprétations univoques, la metteure en scène, chorégraphe et plasticienne Gisèle Vienne place une danseuse au cœur un vortex partagé entre vibratiles lumignons et pénombre matricielle anxiogène pour The Pyre arpentant notamment les relations troubles, indécidables entre enfant et géniteurs. Anne Teresa de Keersmaeker joue aussi la carte de l’hypnose en reprenant sa pièce culte Fase sur la musique de Steve Reich. L’affiche danse de la Bâtie exhausse d’inventives personnalités chorégraphiques. Connaissance par les gouffres 82 tour à tour glorieux et défait dans le spasme, à la hauteur du mythe. Des mots eux-mêmes toujours à la limite de la défaillance, qui donnent voix et passage à ce que constamment nous refoulons. Une poésie à laquelle on aurait ôté le vêtement et la forme, et qui enfanterait de la mort comme chez l’écrivain Denis Cooper concevant le texte, The Pyre. « Le déroulé temporel suit un ordre inverse en s’initiant à la fin pour se déployer vers l’origine », souligne Gisèle Vienne. « Ainsi, la troisième partie (la danseuse) et la seconde (la danseuse et le fils) ouvrent la représentation. La troisième, elle, se joue à la fin sous la forme d’un livre distribué au spectateur et probablement imaginé des années plus tard par le fils devenu écrivain. La tableau vivant de la danseuse est abstrait, mais constellé de failles. Solitaire, elle est une possible figure maternelle lestée d’un arrièrepays psychologique. » Se dégageant lentement de la surface miroir d’un obscur vortex, le corps d’Anja Röttenberg privilégie, un temps, des mouvements arachnéens. Nul hasard que cette interprète d’exception «The Pyre» de Gisele Vienne Photos Herve Veronese Centre Pompidou accompagnant les créaSur la photo Anja Rottgerkamp tions de la Française l'irrémédiable de sa propre ruine, l’artiste fran- depuis une décade, soit profondément versée çaise se refuse à choisir. Sa création tresse tout dans la fasciathéraphie. En d’autres termes, l’éun monde de sensations puissamment coute des rythmes des fascias, fines membranes archaïques qui, dévoyant la méditation et la pen- enveloppant notamment muscles, os, cerveau, sée, fait de la poésie un « sacrifice où les mots ligaments, les reliant entre eux comme le ferait sont victimes ». Ardente et froide, mêlant une toile d’araignée. Le corps iconique de la rigueur et cérémonie, la pièce élève le corps ballerine automate aligne maintenant les mouThe Pyre (Le Bûcher) est peut-être à la danse en impressions indécises ce que L’Apprenti sorcier signé Georges Bataille est à la littérature. Soit, le reflet d’une opération thaumaturgique, visant à recréer « un sacré virulent et dévastateur » dans une société toujours plus assoiffée d’enivrement et de mythes. Une tentative d’agir sur le plan mythologique, afin de récupérer à l’intérieur de la sphère artistique l’exclu, le non-dit, voire la dimension de l’affectif et de l’irrationnel. Sauf qu’entre les « glorieux mensonges » mallarméens, ceux d'un poète tissant sur fond de Néant, le voile, qu'il sait mensonger, de la beauté, l’image et « l'obscène vérité », celle de la nudité de l'être devant a c t u a vements saccadés. Un rythme de syncope qui n’exclut nul érotisme à la Bellmer, pole dance ou voguing, voire technotronic au cœur d’une présence marionnettique tirant du côté de l’icône pop, glam. « Cet opus s’inscrit dans un travail mené, depuis longtemps, sur l’oscillation entre un corps désincarné, fantômal, fragmenté et l’image d’une complétude anatomique, elle, résolument incarnée. Au début, la partition brouille la perception, qui semble hallucinée. La vibration chorégraphique fait voyager du vivant organique à l’image incertaine, non stabilisée. Cette dimension hypnotique participe de la vibration lumineuse et de la musique atmosphérique signée Stephen O’Malley et Peter Rehberg du groupe KTL. La double partition lumineuse et sonore trouble et, partant, nécessite un constant réajustement du regard dans la perception de ce que l’on croit voir, doublée par celle de son propre corps. » Déphasage La gestuelle d’une impressionnante élégance d’Anne Teresa de Keersmaeker irradie depuis ce cœur originel qu’est Fase, duo répétitif créé en 1982 sur la musique de Steve Reich. Le corps devenu instrument rythmique joue de sa propre perte. Son mouvement se prolonge en arborescences ombrées hors de l’espace du dedans. Une énergie du mouvement qui se prolonge lorsque le corps dansant interrompt son cours, faisant de l’attente une mécanique qui exalte la présence autant qu’elle l’effondre. Au piano, se déroule une promenade impeccablement géométrisée, cadrée par les bras des interprètes qui font balanciers sémaphoriques ouvrant corps et orientations. De ces corps boussoles, les directions se mettent en giration et se tressent selon un motif proprement fascinant filant entre chaos et ordre. Pour le compositeur et musicien américain âgé aujourd’hui de 76 ans, le phasing (déphasage) est un procédé de composition, qui s’architecture à partir d'un court motif musical répété indéfiniment. Chaque musicien répète le motif en boucle, mais avec un décalage entre les voix, décalage qui augmente et diminue au cours de la pièce. La chorégraphe belge en donne un exact équivalent au plan des corps et c’est fascinant. Bertrand Tappolet La Bâtie, 30 août-14 septembre. Rens. : www.batie.ch l i t é p a r i opéra Lune de banlieue La saison de l’Opéra de Paris se clôt en beauté avec l’Atelier lyrique et un spectacle hors les murs : Il Mondo della luna, présenté à la MC93 de Bobigny. Une sorte de prouesse, tant vocale qu’orchestrale et scénique, pour cet opéra de Haydn de derrière les fagots. 84 A la MC93 de Bogigny : «Il Mondo della luna» avec, en haut : Olga Seliverstova (Flaminia), en bas de gauche à droite : Anna Pennisi (Lisetta) et Andreea Soare (Clarice) © Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca Cette nouvelle production de l’Atelier lyrique fait ainsi pendant à L’Isola disabitata, autre opéra de Haydn et production récemment reprise à la Ferme du Buisson (voir Scènes Magazine de mai). Le maître d’Esterhaza écrit judicieusement pour les voix. Ses opéras se prêtent donc au travail chaque jour plus pertinent des vaillantes jeunes voix de l’Atelier lyrique. Pour Il Mondo della luna, Andreea Soare, que l’on ne découvre plus, explose littéralement, d’une assurance et d’un entregent dont toutes les scènes lyriques internationales devraient bientôt profiter. Anna Pennisi lui donne une magnifique réplique, alors que Kévin Amiel se confirme en ténor di grazia tout à fait en situation. Mais Eva Zaïcik, Oleksiy Palchykov, Tiago Matos ou Olga Seliverstova ne sont pas en reste. Puisque c’est de chant orné qu’il faut parler, sinon exactement de chant baroque, pour cet opéra dans une tradition lyrique italienne qui annonce Mozart. C’est moins vrai du sujet, signé de Goldoni, qui verserait plutôt dans l’affabulation, avec ses personnages qui vivent un voyage d’imagination (mais est-ce bien sûr ?) vers la lune. Prétexte à des amours contrariées, qui finiront, bien entendu, par trouver la meilleure des fins heureuses. a David Lescot signe une mise en scène qui elle aussi joue de l’imagination. Le premier acte, celui qui campe les personnages et les situations, se retrouve ainsi transplanté dans un bidonville, entre amoncellement de détritus et roulotte obligée : un camp de Roms… comme il s’en trouve du côté de Bobigny, précisément. Une vision réaliste actuelle, et d’une brûlante actualité. Puis les mêmes éléments, par l’effet de quelques transformations simples (tentures immaculées, draps argentés, objets détournés devenus clairons et chars de Jupiter…), transportent l’acte suivant dans un décorum baroque, celui de la lune baignée par l’esprit faste des Lumières. Jolie transmutation ! que le premier acte ne laissait pas attendre. Et une belle réussite plastique et théâtrale. Les personnages n’en sont pas moins fermement plantés, et leurs petits ébats pareillement. Seul fausse note, la courte scène de violence, avec hémoglobine et coups désagréablement simulés, abattue sur le barbon et fauteur de trouble des couples promis à une belle fin : un réalisme excessif – alibi platement intellectuel ? – et pour le coup hors contexte. Du côté de la fosse, l’Orchestre-Atelier OstinatO, compagnon habituel des exploits de c t u a s l’Atelier lyrique, délivre un parfum de virtuosité, jamais prise en défaut sous la battue experte de Guillaume Tourniaire. La fin du premier acte, avec l’envol pour la lune, le plus beau passage de l’opéra, est à cet égard révélateur, combinant acuité des timbres instrumentaux mêlé de l’ensemble des chants. Bref, un plaisir sans partage, qui fait un triomphe auprès du public. Pénélope attendue L’opéra de Fauré est des plus rares au concert, et semble peu ou prou avoir disparu des scènes. C’était donc un événement que Pénélope telle que la présente pour une seule soirée de concert le Théâtre des Champs-Élysées. D’autant que la distribution vocale s’affiche alléchante, avec Anna Caterina Antonacci dans le rôle-titre et Roberto Alagna pour Ulysse : deux prises de rôle, et non des moindres ! La Antonacci est la grande victorieuse, par son port de déesse (tout à fait en situation ici !) et sa voix tout autant, d’une ductilité sans faille. Mais Alagna s’affirme également, contre toute attente, un interprète sensible, dont la vaillance sait se tempérer d’une expression ardente ou subtile. Décidément, le ténor vedette français prend actuellement des risques (il vient ainsi d’incarner Énée des Troyens à Marseille), mais qui lui réussissent ! C’est tout à son honneur. Le reste de la distribution révèle une aussi parfaite adéquation, de style et de présence vocale, avec Edwin Crossley-Mercer, Julien Behr et Marina de Liso. Seul Vincent Le Texier déçoit, Anna Caterina Antonacci visiblement en méforme, chez un baryton habituellement captivant. L’Orchestre Lamoureux et son Chœur conjuguent délicatesses et emportements sous la battue fouillée de Fayçal Karoui, pour ce Fauré immanent qui effectue un magnifique et réparateur retour. Récompense méritée d’un concert où le théâtre de l’avenue Montaigne s’est mis en grands frais. Pierre-René Serna l i t é p a r i s opéra de paris opéra royal de versailles Créé en 1832, La Sylphide de Philippe Taglioni est le premier ballet romantique. Il connut un succès retentissant, fut repris sur les plus grandes scènes européennes pour disparaître du répertoire de l’Opéra de Paris à la fin du XIXème siècle. La version présentée du 22 juin au 15 juillet est sa reconstitution par Pierre Lacotte. A l’affiche de l’Opéra royal les 7, 8 et 9 juin, Cendrillon est la nouvelle création de Thierry Malandain pour sa compagnie, le Ballet Biarritz. Sur la musique de Sergueï Prokofiev, le chorégraphe suit fidèlement l’intrigue du conte tout en nous livrant une version très personnelle où l’imaginaire tient une place importante. La Sylphide Cendrillon Dans sa version, Thierry Malandain nous offre un ballet plein de poésie, à la gestuelle néoclassique émaillée de symboles, avec le merveilleux comme fil conducteur. La chaussure est ainsi un élément de décor permanent. Le monde des fées fait irruption pour guider Cendrillon vers le bal. La belle-mère et les deux sœurs sont incarnées par des danseurs. Esthétique cuir et vinyle, la tendresse et l’innocence ne sont pas à chercher de leur côté. Ils se livrent tous les trois à des pantomimes cocasses notamment lors de l’essayage de la chaussure. La scène de bal où les danseurs ont pour cavalier des mannequins, réserve un très beau moment. Les interprètes font preuve d’une grande maîtrise technique. Les ensembles sont fluides et les danseurs du Ballet Biarritz sont parfaitement à l’aise dans ce style. Miyuki Kanei est une Cendrillon pleine de charme et de fraîcheur. Le soulier, clé de l’heureux «Les sylphides» - photo A Deniau Donné pour la première fois en 1971 avec Ghislaine Thesmar et Mickaël Denard dans les rôles principaux, La Syphide est le fruit d’un travail minutieux de recherche chorégraphique. Premier danseur à l’Opéra de Paris, Pierre Lacotte démarre sa carrière de chorégraphe en 1954 et se passionne rapidement pour la reconstitution des grands ballets romantiques français. Pour La Sylphide, il retrouve les archives de Marie Taglioni, créatrice du rôle-titre, et se nourrit du témoignage des derniers interprètes de la version originale encore vivants dont certains furent ses professeurs. Repris rarement - la dernière série de représentations remonte à 2004 -, ce ballet est pourtant considéré comme le manifeste artistique du ballet romantique avec, pour la première fois, les femmes en tutus longs et sur pointes. Encore loin des séries de fouettés et des écarts extrêmes, apanage à l’époque des danseuses de cabaret, tout est dans le raffinement du jeu des poignets, dans la batterie et les descentes de pointe délicates. L’histoire est celle d’un jeune noble écossais qui tombe amoureux d’une sylphide, elfe mutine vivant dans la lande, alors qu’il doit se fiancer prochainement. Sous le charme, il va lui sacrifier son destin mais aussi, malgré lui, causer sa perte. Pour la première fois, le ballet ne donne plus à voir un divertissement mais une histoire d’amour où raison et sentiments s’affrontent avec en toile de fond, un monde surnaturel et les brumes fantasmagoriques de l’Ecosse. Pour cette reprise, Mélanie Hurel incarnait l’héroïne. Très à l’aise dans le style romantique, la première danseuse a pris le parti d’une sylphide charmeuse et piquante. Mathias Heymann s’empare du rôle de James avec la fougue qu’on lui connait. Le corps de ballet donne une belle prestation avec des ensembles impeccables et gracieux au dernier acte. La magie de l’œuvre opère, notamment au dernier acte où, grâce à une machinerie, les sylphides s’élancent dans les airs et enlèvent la dépouille de leur sœur, victime de son amour pour un mortel. Miyuki Kanei et Raphael Canet - Photo O Houeix dénouement, n’a ici rien à voir avec une pantoufle de vair… Thierry Malandain donne un certain recul à la narration stricte et nous fait entrer dans le rêve. Stéphanie Nègre Cendrillon de Thierry Malandain sera à l’affiche du Théâtre national de Chaillot du 9 au 18 avril 2014. La danse en septembre La saison de danse de l’opéra de Paris démarre avec La Dame aux camélias de John Neumeier du 21 septembre au 10 octobre. A l’occasion de la dernière, Agnès Letestu fera ses adieux à la scène dans le rôle de Marguerite. Le théâtre des Champs-Elysées accueille du 20 au 22 septembre le Gala des Etoiles du 21ème siècle Stéphanie Nègre a c t u a l Stéphanie Nègre i t é 85 p a r i s Sélection musicale de la rentrée 2013 : Sur la scène de l’Opéra Bastille dès le 7 septembre et jusqu’au 9 octobre, reprise de la fameuse Lucia di Lammermoor de Donizetti mise en scène par Andrei Serban pour June Anderson en 1995 ; pour cette occasion, une double distribution sera réunie autour du chef Maurizio Benini avec en alternance Ludovic Tézier (7, 13, 20, 26 sept., 1er oct.) et George Petean (10, Opéra de Marseille avril 2007 : Patrizia Ciofi (Lucia) © Christian Dresse 86 17, 23, 29 sept., 4, 6, 9 oct.) dans le rôle d’Enrico Ashton, la soprano italienne Patrizia Ciofi que l’on n’avait pas entendue à l’Opéra depuis I Capuleti e i Montecchi de Bellini en 2008 (7, 13, 20, 26 sept., 1er, 6 oct.) et Sonya Yoncheva (10, 17, 23, 29 sept., 4, 9 oct.) dans le rôle-titre, Vittorio Grigolo (7, 13, 20, 26 sept., 1er, 6 oct.) et Michael Fabiano (10, 17, 23, 29 sept., 4, 9 oct.) dans celui d’Edgardo, l’Orchestre et le Chœur de l'Opéra national de Paris. Le 12 septembre, le Palais Garnier lève le rideau avec Alceste de Gluck confiée à Olivier Py et au chef Marc Minkowski : Yann Beuron sera Admète, remplaçant Roberto Alagna initialement prévu, Sophie Koch interprétera le rôle d’Alceste, Jean-François Lapointe celui du Grand Prêtre d’Apollon, Stanislas de Barbeyrac sera Evandre, Florian Sempey Un Hérault d’armes, Apollon, Franck Ferrari chantera Hercule et Marie-Adeline Henry Coryphée, Chœur et Orchestre des musiciens du Louvre Grenoble (dernière le 7 octobre). Le 16 septembre, la Bastille mettra à l’affiche une reprise de L’affaire Makropoulos de Janacek, spectacle visuellement très opulent signé Krzysztof Warlikowski, déjà présenté sur cette scène en 2007 et 2009, dirigé cette fois par Susanna Mälkki à la tête de l’Orchestre et du Chœur de l’Opéra national, avec dans les principaux rôles : Ricarda Merbeth (Emilia Marty), Atilla Kiss-b. (Albert Gregor), Vincent Le Texier (Jaroslav Prus), Jochen Schmeckenbecher (Dr Kolenaty), Andreas Conrad (Vítek), Andrea Hill (Krista) et Ladislav Elgr (Janek), dernière le 2 octobre. Sur la scène du TCE le 17 septembre, concert de l’Orchestre de Chambre de Paris dirigé par Sir Roger Norrington avec en soliste le contreténor Andréas Scholl : au programme des œuvres de Lully, Haendel et Rameau. Le lendemain, place à Wagner et au Vaisseau fantôme donné en version de concert par l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, et le Chœur De Nederlandse Opera dirigés par Yannick Nézet-Séguin avec la distribution suivante : Evgeny Nikitin (Le Hollandais), Franz-Josef Selig (Daland), Emma Vetter (Senta), Frank van Aken (Erik), Agnes Zwierko (Mary) et Torsen Hoffman (Le timonier). Le 19, Le National de France dirigé par son chef, Daniele Gatti, entourés par la soprano Leah Crocetto et par le ténor Joseph Calleja interpréteront des extraits d’Aida, du Requiem et d’Otello de Verdi. Le 23, Philippe Jarrousky et le Venice Baroque a c t Orchestra conduit par Andrea Marcon, joueront des œuvres de Porpora, Leo et Cimarosa. Enfin le 27 septembre la soprano française Sandrine Piau sera accompagnée par l’Orchestra of the Age of Enligthtement et William Christie pour un concert où seront convoqués Rameau et Haendel. Belle rentrée du côté de la Salle Pleyel avec un concert d’ouverture (1er septembre) qui réunira le Berliner Philharmoniker placé sous la direction de Sir Simon Rattle avec en soliste la soprano Barbara Hannigan : au programme La Nuit transfigurée (version de 1943) de Arnold Schönberg, Trois fragments de Wozzeck d’Alban Berg et Le Sacre du printemps (édition révisée de 1947) d’Igor Stravinski. Les 11 et 12, place à l’Orchestre de Paris et à son chef Paavo Järvi qui dirigera Orages, ouverture de concert pour orchestre, op. 93 de Bechara El-Khoury, le Concerto pour violon n° 2 de Sergueï Prokofiev (avec la violoniste Janine Jansen) et Carmina Burana de Carl Orff avec Mari Eriksmoen, Max Emanuel Cencic et Ludovic Tézier. Le 17, Jukka-Pekka Saraste dirigera le WDR Sinfonieorchester Köln avec la soprano Karita Mattila (Beethoven et Quatre derniers lieder de Strauss). Opéra en concert le 23 avec Alessandro de Haendel chanté par Max Emanuel Cencic (Alessandro), Julia Lezhneva (Rossane), Laura Aikin (Lisaura), Xavier Sabata (Tassile), Pavel Kudinov (Clito), Juan Sancho (Leonato) et Vasily Khoroshev (Cleone) dirigé par George Petrou à la tête de la formation Armonia Atenea. Deux concerts à ne pas manquer à la Cité de la musique, celui du 27 septembre dirigé par Matthias Pintscher à la tête de l’Ensemble intercontemporain entouré par la soprano Claire Booth et par le ténor Gordon Gietz, réunis pour interpréter Fuga (Ricercata) - extrait de l'Offrande Musicale de Anton Webern/Johann Sebastian Bach, puis de Jonathan Harvey Two interludes and a scene for an Opera (pour soprano, ténor, ensemble et électronique), de Bernd Alois Zimmermann la sonate pour violoncelle (jouée par Eric-Maria Couturier) et de Matthias Pintscher, Bereshit une commande du Saint Paul Chamber Orchestra et de l'Ensemble intercontemporain donnée pour la première fois en France. Le 29 enfin, la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton accompagnée par la comédienne Charlotte Rampling jouera la Suite pour violoncelle n° 2 de Benjamin Britten Suite sur des textes de Sylvia Plath. Photo : Vincent Pontet / Wikispectacle Vu et entendu : Au TCE le 20 juin, retour triomphal de Pénélope de Fauré, radieusement défendue par Anna Caterina Antonacci et Roberto Alagna et dirigée par Faycal Karaoui. Ailleurs en France : A l’affiche de l’Opéra du Rhin du 27 septembre au 5 octobre, De la maison des morts de Leoš Janá ek placée sous la direction de Marko Letonja et mis en scène par Robert Carsen. François Lesueur u a l i t é p chronique des concerts Un été royal Après Valery Gergiev, Daniele Gatti et Pierre Boulez (version enregistrée), le Théâtre des Champs Elysées invitait Esa Pekka Salonen et Yannick NézetSéguin à célébrer le Sacre du Printemps. Stravinsky in loco donne à penser que le coup d'éclat de 1913 est toujours autant ce coup de génie qu'on ne se lasse pas d'admirer. A la tête de son Orchestre de Rotterdam, le jeune Yannick Nézet-Séguin a de l'énergie à revendre, sans doute trop, au point de confondre Yannick Nézet-Séguin le propre et le figuré du terme chorégraphie. Son Sacre a de l'allure, même si l'expression spectaculaire guide expressément la vision d'ensemble. Les instrumentalistes ne sont jamais pris en défaut, ce qui n'est pas peu dire d'une partition aussi exigeante où la moindre approximation se paie comptant. Le fait de souligner systématiquement les intentions écrites ne les rend pas plus claires pour des musiciens aussi aguerris. Deux chefs-d'œuvre du répertoire français complétaient ce triptyque “Début de Siècle“ : La Mer de Claude Debussy et la Valse de Maurice Ravel. Dans la première, priorité est donnée à la couleur et aux effets de dynamique. Très cinématographique par les moyens et l'intention, ce Debussy regarde rétrospectivement vers un post-romantisme assez confortable qui limiterait sa portée à la dimension des poèmes symphoniques de Richard Strauss. D'un caractère plus en conformité avec la battue élégante et extravertie de Nézet Séguin, la Valse de Ravel constitue le meilleur moment de la soirée. La petite harmonie est particulièrement à la fête, tandis que les cordes se couvrent de gloire en imprimant ce flux et reflux lancinant qui évite tout effet facile et vulgaire. a c t u Esa Pekka Salonen a bâti sa réputation sur des interprétations vigoureuses et millimétrées. Rien d'étonnant à ce que, à l'instar de son modèle avoué Pierre Boulez, le chef finlandais ne passe ces dernières années pour l'interprète de prédilection du Sacre du Printemps. Le Philharmonia Orchestra n'offre pas ce soir-là une forme équivalente aux intentions du chef. Cette réserve pèse sur la réalisation parfois périlleuse de certains passages, à la justesse relative. Salonen se borne à une mise en place de tous les éléments et démontre une maîtrise à toute épreuve, faisant fi des aléas techniques de ses musiciens. Dans la danse de l'élue, les rythmes telluriques s'accordent parfaitement à la proportion expressive des plans sonores. L'élévation gagne en vir- Esa Pekka Salonen tuosité et atteint cet hubris musical qui emporte tout sur son passage. Etrange attelage que cette première partie où ni la Musique Funèbre de Lutoslawski, ni le concerto en sol de Ravel avec Hélène Grimaud ne donnent une idée cohérente des moyens orchestraux et de la volonté du chef. Direction Versailles pour terminer, non seulement pour y célébrer l'art d'André Le Nôtre mais également pour y retrouver son cousin a l i t a r i s patronymique et non moins fin horticulteur des sons et des images : John Eliot Gardiner. A la tête de ses Monteverdi Choir et English Baroque Soloists, il fait de la Chapelle Royale un de ses lieux de prédilection, après d'inoubliables Vêpres de Monteverdi et deux concerts décisifs en 2011 et 2012 : les Motets de Bach et un ensemble Sir John Eliot Gardiner d'œuvres de la Renaissance anglaise. Le choix de l'Oratorio de Pâques et l'Oratorio de l'Ascension donne au chef anglais une fois de plus l'occasion de nous séduire par l'approche théâtrale de la liturgie luthérienne telle que la voulait Jean Sébastien Bach. Rien de pesant ou d'inutilement massif dans cette interprétation où ruissellent le brillant des phrases instrumentales et la chair des entrelacs choraux. L'acoustique du lieu n'est pas exploitée comme précédemment dans toute sa dimension spatiale (grand orgue et balcons), l'effectif choral et instrumental restant confiné devant l'autel. La rhétorique du contrepoint de Bach ne s'en trouve pas affectée, bien au contraire. La lisibilité des lignes fait merveille, tandis que l'équilibre des timbres et des ornements touche l'auditeur au plus profond de lui-même. Dans la nuit étoilée de Versailles, on se surprend à rêver longtemps après la fin de ce sublime dernier concert de la saison… Rêveries prolongées quelques jours plus tard par les festivités organisées par Château de Versailles Spectacles. Pour l'occasion, les grandes eaux se font nocturnes et s'accompagnent d'une scénographie inédite qui met en valeur les jardins et les différents groupes de sculptures. Avec la sérénade royale de la galerie des glaces qui mêlent danses et concerts à l'intérieur du château, c'est tout un ensemble de spectacles admirables qui s'offrent au visiteur tout l'été jusqu'au 14 septembre… à ne manquer sous aucun prétexte. David Verdier é 87 t h é â t r e ANTOINE (01.43.38.74.62) Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor - du 3 septembre au 4 janvier. ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) La Locandiera de Goldoni - m.e.s. Marc Paquien - avec Dominique Blanc, André Marcon - dès le 6 septembre BOUFFES PARISIENS (loc. 01.42.96.92.42) Hier est un autre jour ! de JeanFrançois Cros, Sylvain Meyniac m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 11 janvier 2014 COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) Des arbres à abattre d’après Thomas Bernhard - m.e.s. Claude Duparfait et Célie Pauthe - du 11 au 28 septembre. Perturbation d’après Thomas Bernhard - m.e.s. Krystian Lupa - du 27 septembre au 25 octobre. COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) La Trilogie de la villégiature de Carlo Goldoni - m.e.s. Alain Françon - du 16 au 30 septembre Quatre femmes et un piano, cabaret dirigé par Sylvia Bergé - du 21 septembre au 13 octobre STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) La Fleur à la bouche de Luigi Pirandello - m.e.s. Louis Arene - du 26 septembre au 3 novembre VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) L’Anniversaire de Harold Pinter m.e.s. Claude Mouriéras - du 18 septembre au 24 octobre EDOUARD VII (01.47.42.59.92) Nina d’André Roussin - m.e.s. Bernard Murat - avec François Berlééand, Mathilde Seigner - dès le 6 septembre. LUCERNAIRE (01.45.44.57.34) La vie de Galilée de Brecht - m.e.s. Christophe Luthringer - jusqu’au 21 septembre MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00) Dernier coup de ciseaux de Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner m.e.s. Sacha Danino, Sébastien Azzopard - jusqu’au 21 décembre. L’Affaire Dussaert de et avec Jacques Mougenot - du 12 septembre au 21 décembre 88 Moi, Caravage de Cesare Capitani - m.e.s. Stanislas Grassian - jusqu’au 5 janvier. MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 10 novembre NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) Cher Trésor de et m.e.s. Francis Veber - avec Gérard Jugnot, Alexandra Vandernoot - du 20 septembre au 31 octobre. ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) Au Monde de Joël Pommerat - du 14 septembre au 19 octobre. Les marchands de Joël Pommerat - du 18 septembre au 19 octobre. AUX ATELIERS BERTHIER : Die Gelbe Tapete (Le papier peint jaune) de Charlotte Perkins Gilman m.e.s. Katie Mitchell - du 20 au 26 septembre. ŒUVRE (01.44.53.88.88) Et jamais nous ne serons séparés de Jon Fosse - m.e.s. Marc Paquien avec Ludmilla Mikaël - dès le 10 septembre. PALAIS DES GLACES (01.42.02.27.17) J'aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep - m.e.s. Xavier Letourneur - jusqu’au 27 octobre. POCHE (01.45.44.50.21) Au bois lacté de Dylan Thomas m.e.s. Stéphan Meldegg - dès le 10 septembre. RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44) Le Neveu de Rameau de Diderot m.e.s. Jean-Pierre Rumeau - du 6 septembre au 31 décembre La Religieuse de Diderot - m.e.s. Nicolas Vaude - du 6 septembre au 31 décembre. RIVE GAUCHE (01.43.35.32.31) L’Affrontement de Bill C. Davis m.e.s. Steve Suisa - avec Francis Huster, Davy Sardou - jusqu’au 25 septembre. ROND-POINT (01.44.95.98.21) Anna d’après Pierre Koralnik m.e.s. Emmanuel Daumas - musique de Serge Gainsbourg - du 5 septembre au 6 octobre Swan Lake - chor. Dada Masilo du 10 septembre au 6 octobre L'Origine du monde de Sébastien Thiéry - m.e.s. Jean-Michel Ribes du 11 septembre au 2 novembre STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) Le porteur d’histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 décembre VINGTIÈME THÉÂTRE (01.43.66.01.13) Ferré Ferrat Farré, pièce musicale de et par Jean-Paul Farré - jusqu’au 13 octobre. Théâtre du Ranelagh Le neveu de Rameau A ma droite, un philosophe honnête, faisant des observations sur le monde comme il va ; à ma gauche, le neveu d'un célèbre musicien, chien fou vivant aux crochets d'une société qu'il abhorre. La conversation s'engage, électrique : l'un écoute, éprouvant fascination et répulsion tour à tour, tandis que l'autre se donne en spectacle et profère alternativement, sur les sujets abordés (le génie, la morale, l'éducation), des vérités que nul ne veut entendre et des énormités qui font bondir le respectable philosophe. Ce texte, l'un des plus explosifs de la littérature française, la mise en scène rondement menée de Jean-Pierre Rumeau le donne à entendre en toute clarté, ce qui est déjà une qualité appréciable à une époque où tant de metteurs en scène défigurent les textes à trop vouloir les « dépoussiérer ». Il lui manque pourtant le grain de sel qui aurait permis au dialogue de Diderot d'exister pleinement. Si le neveu de Rameau est comparé par le narrateur à un grain de levain qui fermente et fait sortir la vérité, l'interprétation des deux comédiens, d'une trop sage virtuosité, ne permet pas au texte de s'incarner tout à fait. Nicolas Vaude nous signifie à merveille la folie de Rameau, mais ne parvenant à la faire sienne ni à se maintenir sur le fil du rasoir, il finit par donner dans le clownesque. Aussi la pièce tourne-t-elle parfois au numéro d'acteur, et on regrettera que les deux comédiens ne jouent pas davantage ensemble, même si Gabriel Le Doze, pour sa part, campe excellemment un philosophe bonhomme que les propos subversifs du neveu séduisent, troublent et scandalisent à la fois. On ne recevra aucune décharge en voyant cette pièce un peu trop sage, mais on passera un agréable moment. Julien Roche du 6 septembre au 31 décembre 2013 «Le neveu de Rameau», crédit Chantal Palazon a c t u a l i t é b e a u x - a r t s Musée Maillol Étrusques - Un hymne à la vie Pour son exposition d’automne-hiver, le musée Maillol se plonge dans le quotidien des Étrusques, proposant un regard inédit sur un peuple enveloppé de mystère. Dépositaires d’un langage hermétique, les Étrusques sont le plus souvent considérés comme un peuple originaire d’Orient, mais ils sont reconnus pour avoir joué un rôle de premier plan bien avant la montée en puissance de Rome. Peuple de marins et de marchands, les Étrusques ont vécu une extraordinaire aventure, entre le IXe et le IIe avant J.-C., sur un territoire qui correspondrait aujourd’hui à la péninsule italienne, et l’exposition du musée Maillol s’attache à en explorer tous les aspects, grâce aux découvertes effectuées dans les grandes cités de cette confédératon - Véies, Cerveteri, Tarquinia et Orvieto. Ainsi seront représentés : la religion - grâce aux nombreuses tombes découvertes -, l’écriture, l’armement, le sport, la peinture et la sculpture, l’artisanat avec l’orfèvrerie bijoux en or et argent -, les bronzes et les céramiques; leur habitat sera également évoqué - des cabanes primitives du IXe s. avant J.-C. aux demeures praticiennes d’une architecture très caractéristique, éloignée des canons classiques, agrémentée de décorations en terre cuite aux vives couleurs. Le public pourra se familiariser avec cette civilisation grâce à la présentation de 250 œuvres provenant des plus prestigieues institutions italiennes et européennes. Du 18 septembre 2013 au 9 janvier 2014 «Tête masculine», fin du VIIe siecle avant J.-C. Bois avec traces d’or − H. 21,3 cm Milan, Museo Civico Archeologico © Civico Museo Archeologico di Milano Centre culturel suisse HEIDI BUCHER – du 13 septembre au 8 décembre. FLORIAN GERMANN – du 13 septembre au 13 octobre. Centre Pompidou ALBERT SERRA – jusqu’au 26 oct. ROY LICHTENSTEIN – jusqu’au 4 novembre PIERRE HUYGUE – du 25 septembre au 6 janvier Fondation Cartier RON MUECK – jusqu’au 27 octobre. Galerie des Gobelins ELOGE DE LA NATURE, XVIe - XXIe siècles – jusqu’à janvier Grand Palais GEORGES BRAQUE (1882-1963), rétrospective – du 18 septembre 2013 au 6 janvier 2014 La Maison Rouge MY JOBURG – jusqu’au 22 septembre Maison de la Photographie COSTA-GRAVAS. CARNETS PHOTOGRAPHIQUES / L’ŒIL D’UN COLLECTIONNEUR : SERGE ABOUKRAT / FERRANTE FERRANTI - ITINÉRANCES / BIASIUCCI - a g PALADINO – 4 expositions jusqu’au 15 septembre Mona Bismarck Center LITTLE BLACK DRESS – jusqu’au 22 septembre Musée des arts décoratifs TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 nov. Musée d’art du judaïsme RUE DES ROSIERS, photographies d’Alécio de Andrade – jusqu’au 6 octobre. CHANA ORLOFF, «LE RETOUR», 1945 – jusqu’au 6 octobre Musée d’art moderne PIERRE HENRY. Autoportrait en 53 tableaux – jusqu’au 1er décembre Musée Cernuschi BRONZES DE LA CHINE IMPÉRIALE DU XE AU XIXE SIÈCLES – du 20 septembre 2013 au 19 janvier 2014 Musée Delacroix DELACROIX ÉCRIVAIN – jusqu’au 6 octobre Musée Guimet L’ART DE ROSANJIN, génie de la cuisine japonaise – jusqu’au 9 septembre TSUTSUGAKI, textiles indigo du e n Japon – jusqu’au 7 octobre Musée Jacquemart-André DÉSIRS ET VOLUPTÉ À L’ÉPOQUE VICTORIENNE – du 13 septembre 2013 au 20 janvier 2014 Musée du Louvre LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460 – du 26 septembre 2013 au 6 janvier 2014 LE SEICENTO À BOLOGNE – jusqu’au 9 septembre UN ALLEMAND À LA COUR DE LOUIX XIV – jusqu’au 16 septembre Musée Maillol ETRUSQUES. Un hymne à la vie – du 18 septembre 2013 au 9 février 2014 Musée de Montmartre IMPRESSIONS À MONTMARTRE. Delâtre, Müuler, Valadon – du 14 septembre au 12 janvier Musée d’Orsay FÉLICIE DE FAUVEAU. L'AMAZONE DE LA SCULPTURE – jusqu’au 15 sept.. MASCULIN / MASCULIN. L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours. – du 24 septembre 2013 au 2 janvier 2014 d a Musée du Quai Branly CHARLES RATTON, l’invention des arts “primitifs“ – jusqu’au 22 septembre. Musée de la Vie Romantique L'ESQUISSE PEINTE AU TEMPS DU ROMANTISME – du 17 septembre 2013 au 2 février 2014 Musée Zadkine VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE – du 27 septembre 2013 au 30 mars 2014 Petit Palais L'ECOLE EN IMAGES. Esquisses et dessins inédits du Petit Palais (1880-1935) – du 12 septembre 2013 au 5 janvier 2014 JACOB JORDAENS (1593-1678) – du 19 septembre 2013 au 19 janvier 2014 Pinacothèque L’ART NOUVEAU, LA RÉVOLUTION DÉCORATIVE – jusqu’au 8 sept. TAMARA DE LEMPICKA, la reine de l’Art déco – jusqu’au 8 sept. Porte de Versailles TITANIC, L’EXPOSITION – jusqu’au 15 sept., Paris Expo, Pavillon 8 89 m é m e n t o GENEVE concerts 90 1.9. : Hors-Série. La Bâtie-Festival de Genève. L’OCG, dir. Ryan Mcadams (Première suisse / Création 2013 : «The Disintegration Loops» de William Basinski). Studio Ernest-Ansermet à 20h ([email protected]) 2.9. : 20e anniversaire de Green Cross. ANDREI GAVRILOV, piano (Chopin, Prokofiev). Victoria Hall à 20h (Loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) 12.9. : Concert Prestige No. 1. CRÉATION. Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Steven Isserlis, violoncelle (Lully, Haydn, Jaggi, Mozart). BFM à 20h (billetterie : Fnac ou www.fnac.ch) 17.9. : CHANGEMENT D'ÉCHELLES. Ensemble Contrechamps, dir. Julien Salemkour, Antoine Françoise, Stefan Wirth, piano (Nancarrow, Saunders, Schœnberg, Tenney). Studio ErnestAnsermet à 19h45 (billets en ligne: www.contrechamps.ch/reserver) 20.9. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Neeme Järvi, LOÏC SCHNEIDER, flûte (Haydn, Mozart, Mendelssohn). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 22.9. : HOMMAGE À ÉRIC GAUDIBERT. Solistes de l’Ensemble Contrechamps (Gaudibert, Yun, Spahlinger). Musée d’art et d’histoire de Genève à 11h (billetterie en ligne : www.contrechamps.ch/reserver) 24.9. : Concerts de soirée No. 1. NÉO-CLASSIQUE. L’OCG, dir. dir. Arie Van Beek (Bartók, Stravinsky, Mozart). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com) 25.9. : Série Symphonie. OSR, dir. Neem Järvi, VIOLETA URMANA, soprano, OLGA BORODINA, mezzo-soprano (Glazounov, Moussorgski, Mahler, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 26.9. : Orchestre de chambre LES SOLISTES DE MOSCOU, dir. et alto Yuri Bashmet (Schubert, Saint-Saëns). KONSTANTIN KHABENSKY récitant. KSENIA BASHMET piano. IVAN ROUDINE piano. Victoria Hall à 20h (Loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) 27.9. : Série Répertoire. OSR, dir. Neeme Järvi, VIOLETA URMANA, soprano, OLGA BORODINA, mezzo-soprano (Glazounov, Moussorgski Mahler, R. Strauss). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 29.9. : LIONEL COTTET, violoncelle & LOUIS SCHWIZGEBEL, piano. Ensemble invité par le QUATUOR DE GENÈVE (Prokofiev, Rachmaninov). Musée d’art et d’histoire (salle des Armures), à 11h (Location sur place dès 10h le jour du concert) 29.9. : Concert du dimanche de la ville de Genève. CHŒURS ET SOLISTES DE LYON-BERNARD TÉTU, dir. Catherine Molmerret, DIEGO INNOCENZI, orgues, QUINTETTE ALLIANCE (Franck, Sibelius, Berlioz, Fauré). Victoria Hall à 11h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) FESTIVAL AMADEUS 2013 Grange de la Touvière, Meiner (loc. : [email protected] ou tous les soirs dès 17h, tél. 022/750.20.20 ou chez Très Classic, 022/781.57.60)) dimanche 1.9. 10h / cour de la Touvière : THE FATS BOYS (Wats Faller, Louis Armstrong, Jelly Roll Morton)) dimanche 1.9. à 12h / Touvière : CHŒUR DE MEINIER, dir. Alfredo Lavalley (Haydn, Mozart) dimanche 1.9. à 17h / Touvière : DES JOUES FRAÎCHES COMME DES COQUELICOTS, par le Fil rouge Théâtre mercredi 4.9. à 18h30 / petite Touvière : ALEXANDRE BUZLOV, violoncelle (JS Bach, Britten) mercredi 4.9. à 20h30 / Touvière : PLAMENA MANGOVA, piano (Scarlatti, Chostakovitch, Brahms) jeudi 5.9. à 16h30 / Touvière : TRIO MANGOVA, piano / MARGULIS, violon / BUZLOV, violoncelle (Janacek, Schumann, Dvorak) jeudi 5.9. à 20h30 / Touvière : La Bâtie au Bâtiment des Forces Motrices Partita 2 «Partita 2», une chorégraphie d’Anne Teresa De Keersmaeker sur la célèbre partition de Johann Sebastian Bach - qui a eu un accueil controversé à Avignon - vient à Genève dans le cadre du Festival de la Bâtie. Il y a exactement trente ans, c’était la révélation au Festival d’Avignon: «Rosas danst Rosas» d’Anne Teresa de Keersmaeker. Une pièce virtuose truffée de gestes de la vie quotidienne. Elle fera école dans le monde de la danse. La chorégraphe belge est une habituée de la Cour d’honneur : en 1992 on a pu y voir sa pièce «Mozart/Concert Arias»; en 2011 «Cesena», un travail sur la musique raffinée de la fin du Moyen Âge, l’ars subtilior. Boris Charmatz, quant à lui, s’est lancé dans la chorégraphie en 1993, inspiré par Dominique Bagouet et JeanClaude Gallotta. Il «Partita 2» © Anne Van Aerschot est actuellement à la tête du Musée de la danse/Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. Il a été invité pour la première fois au Festival d’Avignon en 2010. Une année plus tard il présente «Enfant» dans la Cour d’honneur, en tant qu’artiste associé. C’est justement cette année-là à Avignon qu’Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz ont décidé de danser une fois ensemble. La pièce commence dans l’obscurité. La violoniste (remarquable Amandine Beyer) interprète seule la «Partita n°2» de Bach. Ce n’est que dans un deuxième temps que les danseurs apparaissent. Ils exécutent des mouvements simples : ils marchent, hésitent, courent, sautillent, (Boris Charmatz saute carrément) en décrivant de grands cercles. Le tout avec légèreté. Ils n’imitent pas la musique, ils y répondent. Et contre toute attente avec facilité. La «Partita» est composée de danses telles que la gigue, la courante, l’allemande (rappelons que Bach avait un maître à danser français). Les danseurs réagissent avec un plaisir évident à ce que la musique produit dans leur corps. La pièce terminée, la joie reste dans les spectateurs. Emmanuèle Rüegger Dimanche 8 septembre à 20h00 Réservation sur : http://www.batie.ch/2013/93-anne-teresa-de-keersmaeker NAMASCAE LEMANIC MODERN ENSEMBLE, dir. William Blank (Jarrell, Mundry, Dayer et créations d’œuvres de Artur Akshelyan, Ricardo Eizirik, Nicolas von Ritter). Avec Hélène Walter, soprano, Julien Lapeyre, violon, Amandine Lecras, violoncelle. vendredi 6.9. à 18h30 / petite Touvière : SORAYA BERENT & SÉBASTIEN AMMANN, chant et piano vendredi 6.9. à 20h30 / Touvière : YARON HERMAN TRIO samedi 7.9. à 17h30 : Concert de clôture. LE FANFAREDULOUP ORCHESTRA (Kagel) samedi 7.9. à 20h30 / Touvière : KAMMERORCHESTER BASEL, dir. Umberto Benedetti Michelangeli. PHILIPPE CASSARD & CÉDRIC PESCIA, pianos (Stravinsky, Mozart, Prokofiev, Poulenc) théâtre Jusqu’au 5.9. : La Bâtie-Festival de Genève. SANDRA QUI ? par la Compagnie Carré Rouge. Théâtre Saint-Gervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, di 1.9, me 4.9 à 21h / lu 2.9, ma 3.9 à 19h / je 5.9 à 18h (loc. [email protected]) Jusqu’au 12.9. : Festival de La Bâtie. SWAMP CLUB de Philippe Quesne / CONTE D'AMOUR de Markus Öhm / GIACOMO de Masimo Furlan / NN de Tino Sehgal et Boris Charmatz. Théâtre du Loup (rés. 022/301.31.00) 8 (à 17h) et 9.9. (à 19h) : La BâtieFestival de Genève. ANAMORPHOSIS de et m.e.s. Philippe Quesne. Spectacle en japonais surtitré en français. Première en Suisse. Théâtre de Carouge, Salle Gérard-Carrat (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) Du 9 au 29.9. : DERNIERS REMORDS AVANT L'OUBLI de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Michel Kacenelenbogen. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) Du 10 au 14.9. : La Bâtie-Festival de Genève. 7 MINUTES OF TERROR de Yan Duyvendak et Nicole Borgeat. Théâtre Saint-Gervais, Salle Marieluise Fleisser, grande salle, ma 10 au ve 13 à 21h / sa 14 à 18h ([email protected]) Du 11 au 22.9. : L’OPÉRA DE QUAT’SOUS de Bertold Brecht, musique de Kurt Weill. M.e.s. Stephan Grögler. Direction musicale Nicolas Farine. Production Haute Ecole de Musique de Genève en collaboration avec HEMU Lausanne. Le Galpon, les 11,13,16, 18 et 21 à 19h30 / les 15 et 22 à 18h / relâche les 12, 14,17 et 20 (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 m heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) Du 13 au 29.9. : MUSIC-HALL de Jean-Luc Lagarce, m.e.s. Véronique Ros de la Grange. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) Du 17.9. au 5.10. : FRANÇOIS, LE SAINT JONGLEUR de Dario Fo, m.e.s. Stéphane Michaud, Création. Théâtre Alchimic, mar-ven à 20h30; mer-jeusam-dim à 19h, relâche lun (rés. [email protected], ou 022/ 301.68.38 loc. Service culturel Migros) Du 17.9. au 6.10. : LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS & DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON de Bernard-Marie Koltes, m.e.s. Eric Salama. Theatre du Grutli, petite salle à 20h (Dans la solitude des champs de coton) puis après l’entracte, à 21h30 (La nuit juste avant les forêts). Rés. 022/888.44.88 ou [email protected] 19 (à 19h) et 20.9. (à 20h) : DANSES NOCTURNES par Sylvia Plath, Sonia Wieder-Atherton, Charlotte Rampling. La Comédie (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) Du 19 au 22.9. : LA BOSSE DU THÉÂ-TRE par la Compagnie Emilie Valantin, dès 7 ans. Théâtre des Marionnettes, à 19h, sam à 20h, dim à 11h et 17h ([email protected], ou 022/807.31.07, ) 24, 28, 29.9. et 1, 2, 5, 6, 12, 13, 15, 16, 19, 20.10. : LE HIBOU, LE VENT ET NOUS de et m.e.s. Fabrice Melquiot, création, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) 24.9. : PIERRE RICHARD III, humour. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. TicketCorner, 0901.566.500) Du 24.9. au 20.10. : UN MARI IDÉAL d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer, création. Théâtre des Amis, Carouge, mar-mer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) du 25 au 29.9. : LE NEVEU DE RAMEAU de D. Diderot, m.e.s Alain Carré. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) Du 25.9. au 13.10. : MAIS OÙ EST PASSÉ LÉON? de Didier de Calan et JeanPierre Lescot, m.e.s. Jean-Pierre Lescot, de 3 à 7 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. 022/807.31.07, [email protected]) Les 26 (19h) et 27.9. (20h) : TRAGEDY OF A FRIENDSHIP, conception et m.e.s. Jan Fabre. La Comédie de Genève (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) 27 et 28.9. : QUE MA JOIE DEMEURE!, Ecrit et interprété par Alexandre a g é m e Théâtre Kléber-Méleau Angélique Ionatos La chanteuse d’origine grecque sera à nouveau de passage à Lausanne, invitée par le théâtre Kléber-Méleau en ouverture de saison. Angélique Ionatos, bien qu’ayant quitté très tôt sa terre natale, a su puisé son inspiration dans la culture traditionnelle grecque, et son fidèle public connaît et apprécie la forme musicale et poétique avec laquelle elle s’exprime sur scène. Guitariste et compositrice, elle a mis au cours des années de nombreux poètes, grecs principalement, en musique, avec comme thèmes de prédilection l’amour et la destinée. En septembre, à KléberMéleau, elle présentera sa nouvelle création, «Et les rêves prendront leur revanche», un spectacle qu’elle aura auparavant offert aux spectateurs du Festival off d’Avignon, en juillet, un spectacle Angélique Ionatos sera accompagnée, entre autres, par qui rappelle à nous les poètes en Katerina Fotinaki exil... un chant d’espoir, un retour aux rêves... du 17 au 26 septembre 2013 Réservation : 021/625.84.29 Notons d’Angélique Ionatos se produira également au Festival d’Ambronay, le 28 septembre 2013 Bonlieu Annecy accueille La Bâtie entre deux lacs Cela fait des lustres que la collaboration transfrontalière est devenue quasiment rituelle entre Bonlieu Scène Nationale et diverses institutions genevoises au nombre desquelles figurent le Théâtre Saint Gervais et l'Association pour la Danse Contemporaine, ou encore l'Usine et le Théâtre du Loup. L'édition 2013 de la Bâtie Festival de Genève donnera un élan nouveau à ces liens tissés dans le cadre d'un « pôle artistique de coopération transfrontalière » selon l'expression de Salvador Garcia qui est en tant que directeur de Bonlieu un des initiateurs de ce projet. De fait, il ne s'agit donc pas d'un projet à court terme, mais bien d'une volonté de créer un grand centre de coproductions régionales en permettant de conjuguer des savoir-faire existant des deux côtés de la frontière, par exemple en facilitant les possibilités de répétitions ou en soutenant financièrement des projets communs. Autre but poursuivi, la création d'une plateforme de diffusion permettant de faire connaître des productions avec un maximum de visibilité au moyen de projets attractifs pour les diffuseurs internationaux. C'est ainsi que La Bâtie sera présente aux haras d'Annecy du 12 au 14 septembre dans les divers lieux aménagés en attendant la réouverture de Bonlieu en 2014. Il s'agira donc d'une opportunité pour faire connaître des productions genevoises dans le cadre d'un PACT (Pôle artistique et culturel transfrontalier) soutenu par le Fonds européen de développement régional (FEDER) ainsi que par le programme INTERREG IV de soutien à des projets régionaux franco-suisses. Des journées professionnelles sont également prévues du 13 au 15 septembre. Mais on peut supposer que le public genevois sera tenté par un déplacement du côté du lac voisin, du 12 au 14 septembre étant donné que des navettes seront organisées à cette occasion. (FF) du 12 au 14 septembre 2013 Plus d’informations sur : http://www.batie.ch/ e n d a n t o Astier. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. TicketCorner, 0901.566.500) Du 27 au 29.9. : OF/NIET par tg STAN - Harold Pinter et Alan Ayckbourn. Théâtre Saint-Gervais, Salle Marieluise Fleisser, ven à 20h30, sam à 19h et dim à 18h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) Du 29 au 30.9. : LA JEUNE FILLE ET LA MORT. Salle des Fêtes du Lignon à 20h (loc./rens. 022/306.07.80) opéra 9, 11, 13, 15, 17, 19.9. : LE NOZZE DI FIGARO de Mozart, dir. Stefan Soltesz, OSR, m.e.s. Guy Joosten. Grand Théâtre de Genève à 19h30, dim à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) danse 1.9. (à 17h) : La Bâtie-Festival de Genève. FASE – FOUR MOVEMENTS TO THE MUSIC OF STEVE REICH, chor. Anne Teresa De Keersmaeker, Compagnie Rosas. La Comédie (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) LAUSANNE concerts 23 et 24.9. : O.C.L., dir. Heinrich Schiff, CHRISTINA DALETSKA, mezzosoprano, ILYA GRINGOLTS, violon, JOËL MAROSI, violoncelle (Berio, Haydn, Brahms). Salle Métropole à 20h (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) 24.9. : Les Entractes du mardi. BEAT ANDERWERT, hautbois, CURZIO PETRAGLIO, clarinette, FRANÇOIS DINKEL, basson (Mozart, Veress, Koechlin). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) 26 (à 19h), 27 (à 20h) et 29.9. (à 17h) : JACQUES B. CHANTE BREL. Michel Duvet, piano. Jacques Julienne, accordeon. Espace culturel des Terreaux, à 20h (loc. http://www.terreaux.org/) 27 et 28.9. : NOGA EN CONCERT. Chanson/ Jazz/World. Théâtre de la Colombe à 20h30 (loc. 021/653.25.97) théâtre Du 4 au 21.9. : BLUE JEANS de et m.e.s. Yeung Faï. Vidy-Lausanne, salle Rene Gonzalez, mar-sam à 19h30, dim à 18h30 (loc. 021/619.45.45) 91 m 92 é m Du 7 au 15.9. : GÉOMÉTRIE DE CAOUTCHOUC de et m.e.s. Aurélien Bory. Vidy, Chapiteau extérieur, mar-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) Du 10 au 22.9. : PERTURBATION d'après Thomas Bernhard, m.e.s. Krystian Lupa. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45,www.billetterie-vidy.ch) Du 11 au 15.9. : WOUAF ! ART de Guandaline Sagliocco, m.e.s. AnneSophie Erichsen, dès 7 ans. Le petit théâtre, mer + dim à 17h, ven à 19h, sam à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/) Du 11 au 28.9. : VERS WANDA de et m.e.s. Marie Rémond. Vidy-Lausanne, La Passerelle, mar-sam à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) du 17 au 26.9. : ET LES RÊVES PRENDRONT LEUR REVANCHE par Angélique Ionatos, Katerine Fotinaki, Gaspar Claus. Théâtre Kléber-Méleau, ma/me/je 19h, ve / sa 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) 21 et 22.9. : ALI BABA ET LES 40 VOLEURS, dir. Antoine Marguier, Compagnie du Rossigol, Concert, dès 6 ans. Le petit théâtre, à 15h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/) 25 et 26.9. : SWAMP CLUB. VIvarium e n t Studio (F) De Philippe Quesne. Théâtre Arsenic, ven-sam à 20h30; dim à 18h (loc/rens. 021/625.11.36) Du 25.9. au 6.10. : L'ATELIER DES PETITS MACHINS TRUCS PAR LES PETITS DÉTOURNEMENTS, dès 4 ans. Le petit théâtre, mer à 17h, sam-dim à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch/) opéra 24.9. : Conférence Forum Opéra. LAKMÉ, Conférence de Paul-André Demierre. Salon Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (billets en vente à l'entrée de la conférence) divers Du 20 au 22.9. : ARSENIC IS OPEN. Arsenic is yours - Découvrez le théâtre durant un week-end. Entrée libre AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) Le Châtelard, Ferney-Voltaire Le Droit du Seigneur Le théâtre du Châtelard fait peau neuve et présente une création de la compagnie FOR en ouverture de saison, dans la mise en scène de Simone Audemars. Ce texte de Voltaire aborde les thèmes relatifs à l’emprisonnement social de la femme mais dans un environnement où l’arbitraire et les faillites de l’autorité seigneuriale dictent leur loi à tout un chacun. Pouvoirs abusifs, rapt de séduction, viols, incestes et double mariage imposé in extremis pour étouffer le scandale: tels sont bien les sulfureux ingrédients de cette pièce, où la violence sexuelle, déclarée ou suggérée, est omniprésente. En première partie de spectacle, la compagnie FOR propose deux textes de Denis Diderot, à l’occasion du tricentenaire de sa naissance, à Voltaire savoir «Mme de La Carlière» et «Mme de la Pommeraye», qui tous deux témoignent de la position ambiguë de la femme du XVIIIe enfermée dans des conventions sociales qu’elle ne maîtrise pas. Le public aura ainsi l’occasion de saisir les enjeux de la nouvelle saison du Châtelard, orientée autour de la problématique de l’émancipation sexuelle et intellectuelle des femmes du XVIIIe et du XXe siècle. o Dès le 10.9. : LES ARCHITEXTURES, installation de Johann Le Guillerm. Haras / jardin Du 10 au 13.9. : RODRIGO GARCÍA /CRÉATION 2013 de et m.e.s. Rodrigo García, création. Théâtre des haras à 20h30 13.9. : Soirée performance. ACROBATTANTS ET VOLTIGISTES. Haras / manège à 22h30 14.9. : Soirée performance. LES INDOMPTABLES. Haras/ manège à 20h30 Du 13 au 15.9. : ZOOPHONIES SAFARI SONORE ET MUSICAL, installation. Haras / jardin annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) 10 et 11.9. : PLACE DU MARCHÉ 76 de et m.e.s. Jan Lauwers Du 19 au 21.9. : COCORICO de Patrice Thibaud et Philippe Leygnac, m.e.s. Susy Firth, Michèle Guigon et Patrice Thibaud Du 25 au 27.9. : F.M., pop/folk cernier FESTIVAL POÉSIE EN ARROSOIR 2013 (loc. 032 889 36 05) Dimanche 1.9. : LES FUNÉRAILLES D’HENRI IV (Requiem des Rois de France, d’Eustache du Caurroy). Découverte à 9h30 à la Maison Robert / Concert à 11h à l’Eglise d’Orvin Dimanche 1.9. : ENSEMBLE ΣIGMA avec Anne Parisot, flûte, Nathalie Gullung, hautbois, Séverine Payet, clarinette, Manfred Spitaler, clarinette basse, Igor Ahss, basson, Charles Pierron, cor (Carter, Janacek). Grange aux Concerts à 15h30 Dimanche 1.9. : ORCHESTRE DES JARDINS MUSICAUX, dir. Valentin Reymond. BERNARD RICHTER, ténor (Hans Zender - Winterreise). Grange aux Concerts à à 17h fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE Salle Equilibre à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Equilibre: +41 26 350 11 00 7.9. : IT'S TIME, Alain Roche, piano 24.9. : LA VÉNUE AU PHACOCHÈRE de Christian Siméon, m.e.s. Chr.Lidon 28.9. : LES NOCES de Stravinsky / CATULLI CARMINA de Carl Off, dir. Pascal Mayer, Chœur de Chambre de l'Université de Fribourg gstaad MEHUHIN FESTIVAL (loc. sur : http://www.menuhinfestivalgstaad.ch) Dimanche 1.9., à 16h30 : Concert pour les enfants et les familles – LES BRIGANDS. Tente du Festival de Gstaad Mercredi 4.9., à 17h00 : GSTAAD VOCAL ACADEMY. Cours de maîtres avec Silvana Bazzoni Bartoli et Cecilia Bartoli. Concert final des étudiants. Landhaus Saanen Jeudi 5.9., à 19h30 : Menuhin's Heritage IV / Lauréats. ANDREY BARANOV & MIKI AOKI, piano (Messiaen, Beethoven, Ysaÿe, Ravel, Saint-Saëns). Eglise de Lauenen Vendredi 6.9., à 19h30 : SETTING THE SAILS – Musiques de films océaniques. 21st Century Symphony Orchestra & Chorus, dir. Ludwig Wicki (Korngold, Herrmann, Williams, Badelt/Zimmer, Horner, Debney, Fenton). Tente du Festival de Gstaad Samedi 7.9., à 10h30 : Matinée des Jeunes Etoiles VIII. CONCERT FINAL DE LA GSTAAD BAROQUE ACADEMY. Maurice Steger (flûte à bec) joue avec ses étudiants. Chapelle de Gstaad Samedi 7.9., à 19h30 : MER CALME ET IDYLLE FLUVIALE. Lily, Sascha et Mischa Maisky – piano, violon et violoncelle & Orchestre National de Lyon, dir. Leonard Slatkin (Mendelssohn, Beethoven, Schumann). Tente du Festival de Gstaad la chaux-fds ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50) 3, 4 et 5.9. : LE BRUIT DES CHOSES QUI SE CASSENT. #2 Générer de la Poussière. Temple Allemand, à 20h30, jeuà 19h (loc./rens. 032/90.43) 19 et 20.9. : WINDS BAND NEUCHÂTELOIS chansons d'ici et… d'ici, Concert Du 20 au 22.9. : SILENCE / ON PENSE. Spectacle pluridisiplinaire. Concept Marcela San Pedro. Temple Allemand, à 20h30, dim à 19h (loc./rens. 032/90.43) 26.9., TPR : EN TRAVAUX de et m.e.s. Pauline Sales 28, 29.9. et 2.10. : L’ÉCUYÈRE. D’après le texte d’Elzbieta. Adapt., m.e.s. et jeu : Christine Chalard et Nathalie Sandoz. Temple Allemand, à 16h30 (loc./rens. 032/90.43) Du 24 septembre au 6 octobre 2013 Billets en vente à l’Office de tourisme 04 50 28 09 16 a g e n d a m Temple, Le Sentier Philippe Jaroussky Un concert exceptionnel réunira, le 21 septembre, le contre-ténor de renommée mondiale Philippe Jaroussky et le Venice Baroque Orchestra dirigé par Andrea Marcon. Cette manifestation fait partie d’une tournée qui, depuis Ambronay, conduira les musiciens au Sentier, puis à Paris, St Petersbourg, Berlin, Dortmund, Münich, Francfort et Stuttgart, avant de rejoindre Madrid et Barcelone... Le programme, intitulé «Farinelli et Porpora, l'élève et le maître», reprend les airs de castrat proposés dans le prochain CD de Philippe Jaroussky. A noter que le concert bénéficiera, à l'attention des places en bordure et fond de galerie, de la Philippe Jaroussky © Simon Fowler projection de la scène sur grand écran avec fonction “prompteur“ affichant le déroulement de la traduction des textes chantés. Le 21 septembre 2013 à 20h30 Réservation : Billetnet - Renseignements: tél. 021 845 17 77 la chiésaz (loc./rens. 021.943.22.57) 22.9. à 19h30 : PIERRE HANTAÏ, clavecin, JÉRÔME HANTAÏ, viole de gambe, MARC HANTAÏ, TRAVERSO, (Couperin, Rameau, JS Bach, Marin Marais). Temple de La Chiésaz le sentier 21.9. : Farinelli et Porpora, l'élève et son maître. PHILIPPE JAROUSSKY & VENICE BAROQUE ORCHESTRA. Temple à 20h30 (Rens. tél. 021/845.17.77 / rés. Billetnet) lucerne FESTIVAL EN ÉTÉ (billets : www.lucernefestival.ch/) Di. 1.9. / 11h & 15h / Maskenliebhabersaal : CYRILL GRETER | JULIEN MÉGROZ ET AL. (Mégroz/Greter: La Légende du Pont du Diable) Di. 1.9. / 11h00 / KKL Lucerne, salle lucernoise : JACK QUARTET | MIVOS QUARTET & Étudiants de la Lucerne Festival Academy (Rădulescu) Di. 1.9. / 14h30 / KKL Lucerne, salle a g de concert : MAURIZIO POLLINI, piano (Schumann | Schœnberg | Chopin) Di. 1.9., Me. 4.9., Sa. 7.9., Di. 8.9., Me. 11.9., Sa. 14.9., Di. 15.9. / 14h30 / Pavillon Tribschenhorn : Théâtre de marionnettes PETRUSCHKA. Le Hollandais volant. Di. 1.9. / 16h00 / Lukaskirche (Église Saint-Luc) : MITSUKO UCHIDA | QUATUOR EBÈNE (Haydn | Mendelssohn | Franck) Di. 1.9. / 17h20 / KKL Lucerne, salle lucernoise : DOUZE PERCUSSIONNISTES BATTENT LE TAMBOUR POUR LA RÉVOLUTION. Entrée libre Di. 1.9. / 18h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE ROYAL DU CONCERTGEBOUW D’AMSTERDAM | Daniele Gatti (Mahler) Di. 1.9., Lu. 2.9. , Me. 4.9., Ve. 6.9., Di. 8.9./ 19h30 / Luzerner Theater : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LUCERNE | SOLISTES DU THÉÂTER DE LUCERNE | HOWARD ARMAN (Czernowin: Pnima … ins Innere). Billets exclusivement auprès du Luzerner Theater, Theaterstr. 2 - [email protected], t + 41 (0)41 228 14 14 Di. 1.9. / 21h00 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ENSEMBLE XII (Meadowcroft | Hauser | Burkhardt | Djordjevic) Lu. 2.9. / 17h00 / KKL Lucerne, salle e n é m e de concert : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE BAMBERG | JONATHAN NOTT | Solistes (Wagner: Siegfried) Ma. 3.9. / 18h20 / KKL Lucerne, salle lucernoise : Lucerne Festival ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Entrée libre Ma. 3.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE ROYAL DU CONCERTGEBOUW D’AMSTERDAM | DANIELE GATTI | YEFIM BRONFMAN (Lutosławski | Bartók | Prokofiev) Me. 4.9. / 17h00 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE BAMBERG | CHŒUR DE LA RADIO DE BERLIN | JONATHAN NOTT | Solistes (Wagner: Götterdämmerung (Le Crépuscule des dieux) Je. 5.9. / 12h15 / Grand Casino de Lucerne, Casineum : GILLES VONSATTEL (Saint-Saëns | Beethoven | Liszt | Holliger | Rzewski) Je. 5.9. / 18h00 / Inseli-Park près du KKL Lucerne : SONUS BRASS ENSEMBLE & Étudiants de la Lucerne Festival Academy. Entrée libre Je. 5.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : STAATSKAPELLE DE DRESDE | CHRISTIAN THIELEMANN | THOMAS HAMPSON (Eisler | Bruckner) Ve. 6.9. / 18h20 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Carolin Widmann et Dieter Ammann. Entrée libre Ve. 6.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : STAATSKAPELLE DE DRESDE | CHRISTIAN THIELEMANN | JOHAN BOTHA (Wagner | Henze) Ve. 6.9. / 20h00 / Bourbaki : ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Entrée libre Ve. 6.9., Ve. 13.9. / 21h00 / Musée d'art de Lucerne : NILS FISCHER | KURT LAURENZ THEINERT «Recode Revolution». Billets uniquement par l’intermédiaire du Kunstmuseum de Lucerne Ve. 6.9. / 22h00 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ENSEMBLE ASCOLTA | JONATHAN STOCKHAMMER (Zappa | Nancarrow | Czernowin) Sa. 7.9. / 11h00 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRA | ENSEMBLE VOCAL DE LA RADIO SWR | PIERRE BOULEZ | PABLO HERAS-CASADO | CAROLIN WIDMANN ET AL. (Mason | Attahir | Ammann | Boulez) Sa. 7.9. / 11h00 & 15h00 / KKL Lucerne, salle lucernoise : SONUS BRASS ENSEMBLE (Svoboda: Robin des Bois – trop beau pour être vrai) Sa. 7.9. / 18h20 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Cantates révolutionnaires. Entrée libre Sa. 7.9. / 19h30 / Franziskanerkirche : COLLEGIUM 1704 | VÁCLAV LUKS | d a n t o MARTINA JANKOVÁ (Zelenka | Bach) Di. 8.9. / 11h00 / KKL Lucerne, salle de concert : BUDAPEST FESTIVAL ORCHESTRA | CHŒUR DE LA RADIO BAVAROISE | IVÁN FISCHER (Bartók | Dvořák) Di. 8.9. 7 15h00 7 KKL Lucerne, auditorium / KONRAD PAUL LIESSMANN | CORA STEPHAN | WOLFGANG RIHM Di. 8.9. / 18h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE SYMPHONIQUE ET CHŒUR DE LA RADIO BAVAROISE | CHŒUR DE LA RADIO D’ALLEMAGNE OCCIDENTALE | MARISS JANSONS | Solistes (Mahler) Lu. 9.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : LUCERNE FESTIVAL ACADEMY. ORCHESTRA | ENSEMBLE VOCAL DE LA RADIO SWR | PIERRE BOULEZ | PABLO HERAS-CASADO | Solistes (Webern | Berg | Berio | Stravinski) Ma. 10.9. / 12h15 / Grand Casino de Lucerne, Casineum : JULIA WESTENDORP | PETER NILSSON (Mahler | Liszt | Rachmaninov et al.) Ma. 10.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE PITTSBURGH | MANFRED HONECK | ANNE-SOPHIE MUTTER (Janáček | Dvořák | Strauss) Ma. 10.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA RADIO DE BADEN-BADEN ET FRIBOURG-EN-BRISGAU | FRANÇOIS-XAVIER ROTH | STEPHAN SCHMIDT ET AL. (Ligeti | Czernowin | Wyschnegradsky | Haas) Me. 11.9. / 18h20 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Ernst Krenek – une première mondiale différée. Entrée libre Me. 11.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE PITTSBURGH | MANFRED HONECK | MARTIN GRUBINGER (Corigliano | Ravel) Je. 12.9. / 12h15 / Grand Casino de Lucerne, Casineum : DANIELA KOCH | OLIVER TRIENDL (Mozart | Schubert | Enescu et al.) Je. 12.9. / 18h00 / Inseli-Park près du KKL Lucerne : ÉTUDIANTS DE L’ECOLE SUPÉRIEURE DE LUCERNE – Musique. Entrée libre Je. 12.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG | YURI TEMIRKANOV | DENIS MATSUEV (Rachmaninov | Chostakovitch) Ve. 13.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : PHILHARMONIA ORCHESTRA | LES CHŒURS PHILHARMONIQUES DE BONN | ESA-PEKKA SALONEN | Solistes (Berlioz) Ve. 13.9. / 22h00 / Bourbaki : ARTISTES CHOISIS DU FESTIVAL. Entrée libre Sa. 14.9. / 11h00 / KKL Lucerne, salle lucernoise : ÉTUDIANTS ET ENSEMBLES DE L’ECOLE SUPÉRIEURE DE 93 m é m LUCERNE – MUSIQUE | MICHAEL WENDEBERG (Czernowin). Entrée libre Sa. 14.9. / 18h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE VIENNE | LORIN MAAZEL (Bruckner) Di. 15.9. / 14h30 / KKL Lucerne, salle de concert : FESTIVAL STRINGS LUCERNE | DANIEL DODDS | JONAS ITEN (Verdi | Wagner | Schumann et al.) Di. 15.9. / 19h30 / KKL Lucerne, salle de concert : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE VIENNE | LORIN MAAZEL | MARTIN GRUBINGER (Cerha | Chostakovitch) martigny 94 FONDATION GIANADDA à 20 h, dimanche à 17 h, sauf mention contraire (loc. 027/722.39.78) 3.9. : FAZIL SAY (Haydn, BachBusoni, Bach-Liszt, Moussorgsk) 14.9., hors abonnement : CECILIA BARTOLI, mezzo-soprano, ORCHESTRE LA SCINTILLA (Haendel) 25.9. : MURRAY PERAHIA, piano (Bach, Beethoven, Schumann, Chopin) meyrin FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) Du 23 au 26.9. à 19h : QUANTUM, par la Cie Gilles Jobin. Départ en bus, à 19h, depuis le Théâtre Forum Meyrin, pour se rendre au CERN-site de Cessy. Casse-croute sur place. Retour à 22h30. mézières THÉÂTRE DU JORAT à 20h sauf mention contraire (rés. : www.theatredujorat.ch/) 1.9. à 17h : THIERRY ROMANENS ET SES INVITÉS. 5 et 6.9. : LA REINE DES FÉES de Henry Purcell, par l’Ensemble vocal et instrumental Lausanne, dir. Guillaume Tourniaire. Avec Zoé Nicolaidou, soprano; Valerio Contaldo, ténor; Cyrille Dubois, ténor; Simon Savoy, alto; Rudolf Rosen, basse. 12.9. : GALA VIVALDI & HAENDEL. L’orchestre Il Pomo d’Oro, dir. Riccardo Minasi. Avec Sandrine Piau, soprano, Topi Lehtipuu, ténor 26 et 27.9. : MICHAËL GREGORIO, en concerts. monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) 7.9. : LA SCHUBERTIADE d'Espace 2 Du 18 au 27.9., Hôpital de Malévoz : LOU de Pascal Rinaldi, e n t m.e.s. Lorenzo Malaguerra montreux Du 10 au 29.9. : UN FIL À LA PATTE, de Feydeau, m.e.s. S. Riccard. Théâtre Montreux-Riviera (TMR), ma, sa 20h30, me, je, ve 19h, di 17h (rés. Billetnet, loc. 021/961.11.31) SEPTEMBRE MUSICAL (billetterie en ligne sur : www.septmus.ch/fr/billetterie/) 1.9. : DANIIL TRIFONOV, piano (Daniil Trifonov – Sonate (en Première mondiale), Medtner, Stravinski, Chopin). Théâtre de Vevey à 18h 2.9. : ROLAND MUHR, orgue (Mendelssohn, Schumann, Rüdinger, Guilmant, Boëllmann, Verdi). Temple St. Martin à 19h30 4.9. : CHENG ZHANG, piano (Beethoven, Janacek, Beethoven, Brahms, Schumann). Château de Chillon à 19h30 5.9. : ROYAL PHILHARMONIC ORCHESTRA LONDON, dir. Charles Dutoit. KIRILL GERSTEIN, piano (Moussorgsky, Rachmaninov, Stravinski). Auditorium Stravinski à 19h30 6.9. : ALEXANDRA CONUNOVA, violon & LILIT GRIGORYAN, piano ( JS Bach, Grieg, Debussy, Schubert). Château de Chillon à 19h30 7.9. : ROYAL PHILHARMONIC ORCHESTRA LONDON, dir. Charles Dutoit. MARTHA ARGERICH, piano. ANDREA MELÁTH, mezzo-soprano. Auditorium Stravinski à 19H30 8.9. : ROYAL PHILHARMONIC ORCHESTRA LONDON, dir. Charles Dutoit. RENAUD CAPUÇON, violon (Debussy, Lalo, Ravel). Auditorium Stravinski à 18h 9.9. : EBEN TRIO - Terezie Fialóvá, piano, Roman Patočka, violon, Markéta Kubínová, violoncelle (Eben, Brahms, Smetana). Château de Chillon à 19h30 10.9. : COREY CEROVSEK, violon & PAAVALI JUMPPANEN, piano (Brahms). Montreux Palace à 19h30 11.9. : ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE SAINT-PÉTERSBOURG, dir. Yuri Temirkanov, LISA BATIASHVILI, violon (Liadov, Tchaikovski, Chostakovith). Auditorium Stravinski à 19h30 12.9. : ORCHESTRE DU COLLÈGE DE GENÈVE, dir. et commentaires Philippe Béran, CLÉMENT DAMI, violoncelle (Cui, Saint-Saëns, Godel, Shore, Marquez). Auditorium Stravinski à 14h 12.9. : Finale du 25e Concours international de piano Clara Haskil. o ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE, dir. Frédéric Chaslin. Trois candidats finalistes (Beethoven, Chopin, Mozart et Schumann). Théâtre de Vevey à 20h neuchâtel THÉÂTRE DE LA POUDRIÈRE (loc. 027/323.45.61) Les 11, 14, 15, 18, 21 et 22.9. : LA BALLADE DE CORNEBIQUE d’après Jean-Claude Mourlevat. Création. Tout public dès 7 ans. Horaire : Mercredi à 15h00 / Samedi et dimanche à 17h00 nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) 13.9. : PROFILE, Café-concert, Rock progressif Du 19 au 21.9. : 120 SECONDES PRÉSENTE : LA SUISSE de et avec Vincent Kucholl et Vincent Veillon, spectacle onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) 12.9. : GET THE BLESSING, Jim Barr, Clive Deamer, Jake McMurchie, Pete Judge, Jazz 13.9. : MAX ROMEO, Reggae plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) 4.9., La Bâtie : DANSE ÉTOFFÉE SUR MUSIQUE DÉGUISÉE, chor. Thomas Hauert 26.9. : CALYPSO ROSE, la reine du Calypso, Concert pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) Du 10 au 15.9. : LA PANNE de Dürrenmatt, par le théâtre Loa Opsis. Café-Théâtre de la Voirie à 19h30, le 15 à 17h (rés. Billetnet, loc./rens. 021/728.16.82 ou 076/335.34.51) 27.9. : L.A. DANCE PROJECT, chor. Benjamin Millepied, Danse Du 19 au 22.9. : HUIT FEMMES de Thomas par le théâtre du Moment. Café-Théâtre de la Voirie à 20h, le 22 à 18h30 (rés. Billetnet, loc./rens. 021/728.16.82 ou 076/335.34.51) saint-prex ST PREX CLASSICS (billetterie : www.ticketcorner.ch/) Dimanche 1.9. à 17h00 à l’Eglise Romane : JOHANNES MÖLLER, guitare & FELIX FROSCHHAMMER, violon (Paganini, JS Bach, Johannes Möller, Piazzolla) sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) 24.9. : EN TRAVAUX de et m.e.s. Pauline Sales vevey Du 26 au 29.9. : MACHINARIUM. Performance textuelle et musicale. Par water-water et Raphaël Raccuia. Église Ste-Claire, je 19h | ve-sa 20h | di 17h30 (rés. au 021 923 74 50) villars s/glâne ESPACE NUITHONIE Salle Mummenschanz à 20h, sauf mention contraire (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Nuithonie: +41 26 407 51 51 26 et 27.9. : QUAND JE PENSE QU'ON VA VIEILLIR ENSEMBLE par les Chiens de Navarre, m.e.s. Jean-Christophe Meurisse yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) 1.9. : EVELINE INÈS BILL Mezzosoprano, THOMAS WEINHAPPEL Baryton, ANTON ILLENBERGER, piano (Duos sacrés et airs d'opéras de Händel, Mozart, Fauré, Franck). Temple à 19h. Entrée libre, collecte 13.9. : L’AIDE-MÉMOIRE de JeanClaude Carrière, m.e.s. Antony Mettler. Cie Paradoxe. Le Petit Globe à 20h (rés. Billetnet, loc. 024/425.70.00) Du 17 et 18.9. : UN MARI IDÉEAL d'Oscar Wilde, m.e.s. Pierre Bauer 28 et 29.9. : LE GÉNIE DE LA BOÎTE DE RAVIOLIS d'après Albertine et Germano Zullo, m.e.s. Lionel Frésard. Théâtre de l’Echandole (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle) G v a g e n d a w [ VOCAL ] CONCERTS DU DIMANCHE Choeurs et Solistes de Lyon Bernard Tétu C AT H E R I N E M O L M E R R E T DIRECTION DIEGO INNOCENZI ORGUES QUINTETTE ALLIANCE César Franck (1822-1890) Choral no 3 en la mineur FWV 40 pour grand orgue Jean Sibelius (1865-1957) Danse macabre, arrangement pour quintette de cuivres : Eric Planté Hector Berlioz (1803-1869) Marche hongroise, arrangement pour quintette de cuivres : Thierry Thibault Gabriel Fauré (1845-1924) Requiem en ré mineur op. 48, arrangement pour chœur, quintette de cuivres et orgue : Hamid Medjebeur 29-09-2013 17 heures Billetterie : Espace Ville de Genève Pont de la Machine 1 Maison des arts du Grütli Rue du Général-Dufour 16 Genève Tourisme Rue du Mont-Blanc 18 Cité Seniors Rue Amat 28 Victoria Hall Rue du Général-Dufour 14, une heure avant le concert. Renseignements 0800 418 418 gratuit (Suisse) +41 22 418 36 18 payant (Etranger) Billetterie en ligne : http://billetterie-culture.ville-ge.ch Prix CHF 25.- CHF 15.-, AVS CHF 13.-, chômeurs, étudiants, jeunes CHF 10.-, 20ans/20francs CHF 8.-. Abonnements CHF 144.- et CHF 96.-. Chèques culture acceptés. Salle équipée d’une boucle magnétique pour malentendants. Accès pour handicapés Genève, ville de culture www.ville-geneve.ch Jean-Marc Humm atelier de création visuelle, la fonderie www.jmhumm.ch ...dormir...dormir ! Peut-être rêver !... ...To sleep, perchance to dream... Hamlet snortec Pour vos nuits silencieuses Rue des Grottes 30, 1201 Genève +41 22 740 16 00, [email protected] www.snortec.ch Scènes magazine Case postale 48 CH - 1211 Genève 4 PP 1200 Genève 4 t h é â t théâtre du grütli : saison 2013-2014 Un projet-monde Pour sa deuxième saison, Frédéric Polier s’est donné mission de mettre en valeur la vie théâtrale régionale et déclare préférer le chant artistique plus que la ligne. Il envisage le théâtre comme un projet-monde, avec des frictions esthétiques et des formes contrastées. Sang, amour et rhétorique sont, aux dires du comédien, metteur en scène et directeur de théâtre, inséparables et la transcendance ne peut se trouver qu’au cœur du jeu de l’acteur. Coup d’œil sur une saison présentée par le maître des lieux dans une chronologie « défiée » visant à mettre en lumière les échos entre les projets, le spectateur se profilant en Ulysse qui erre de mer calme en tempête. Matteo Zimmermann, passionné de poésie et d’écriture, proposera avec le collectif Collaborations artistiques une lecture-performance-musicale, Malade d’avoir laissé passer l’amour « Berlin Alexanderplatz… » d’Alfred Döblin, auteur allemand à cheval sur deux siècles. Œuvre visionnaire sur l’Allemagne déchirée par le chômage dont se sert le metteur en scène pour revenir à la nécessité première qui meut l’acteur, celle d’interroger le public. 13-29 juin Crime et châtiment de Fedor Dostoïevski sera adapté et mis en scène par Benjamin Knobil. Violence, sauvagerie, folie irriguent ce texte que le metteur en scène aborde de façon ludique pour souligner la confrontation entre le burlesque et la tragédie. Avec notammant Yvette Théraulaz. 5-24 novembre La compagnie Les Célébrant de Cédric Dorier dénouera l’énigme théâtrale imaginée par l’Ivoirien Koffi Kwahulé. Misterioso 119, inspiré du morceau de jazz de Thelonius Monk, présente seize tableaux dont les répliques ne sont pas distribuées. Le metteur en scène entouré d’intervenants artistiques a imaginé douze voix de femmes pour raconter l’histoire dans le huis clos d’une prison, entre douceur et sauvagerie, pudeur et impudeur. 3-16 avril Les aventures de Nathalie Nicole Nicole et Les Trublions de la Française Marion Aubert seront joués par deux compagnies – la Cie dans l’Escalier et La Distillerie Cie - qui se partageront la soirée et le décor. Deux meneuses de jeu a Frédéric Polier © Ariane Testori – Camille Giacobino et Emilie Blaser – pour raconter dans la première pièce des histoires d’enfants fous où règnent la cruauté, les trahisons, les meurtres, et dans la seconde une farce où une reine qui s’ennuie exerce arbitrairement son pouvoir. 8-27 octobre r e Terquedad / L’Entêtement qui illustre la colère. C’est une farce noire située à la fin de la guerre d’Espagne qui parle d’amnésie, de liberté, de la fin des utopies du XXe siècle. Après La Estupidez / La Stupidité du même auteur monté naguère à L’Orangerie, le metteur en scène Frédéric Polier continue à explorer le théâtre latino-américain qu’il affectionne. 14 janv– 2 fév De la guerre d’Espagne on passe à la guerre de Troie, une guerre de Troie qui aurait lieu en Orient au XXIe siècle. Adaptation très libre de Racine par le metteur en scène Kristian Frédric, Andromaque 10-43 met l’accent sur les enjeux géo-stratégiques, le profit, la dépendance aux matières premières. Avec la compagnie Lézards qui Bougent et le grand comédien Denis Lavant en Pyrrhus. 28 février – 15 mars Le metteur en scène germaniste et germanophile Eric Devanthéry s’attaque pour la première fois à Friedrich von Schiller. Les Brigands, écrit en 1782 à dix-huit ans, dans une nouvelle traduction de Sylvain Fort, est le combat à mort entre deux frères et mêle tous les genres. Le metteur en scène se dit fasciné par les lieux en déshérence qui meurent et a aimé la démesure et la modernité de cette pièce vue à Hambourg. 2-28 mai Les choses ne se font pas toutes seules. L’amour occupe tout l’espace mais comment le nommer ? Voici les leitmotivs parmi d’autres thèmes chers à l’auteur et metteur en scène Attilio Sandro Palese, qui accompagneront la descente aux enfers des deux personnages de Nobody Dies In Dreamland. 13 mai – 1er juin Un Avenir Heureux, en cours d’écriture, est une commande faite à la Suissesse Manon Pulver par la comédienne Nathalie Cuenet qui en signera la mise en scène. Des personnages dans le mitan de la vie sont confrontés à la question du choix. Vers où aller ? Quelle place occuper dans la cité ? Les hypothèses de vie sont affaire individuelle… L’auteure entend parler de choses graves avec légèreté et délicatesse à travers la comédie et pratiquer l’art démodé du langage. 28 janvier – 16 février Formée au langage Buto du XVe siècle, la chorégraphe Myriam Zoulias (Groupe du Vent) a conçu A Naniwa, qu’importe d’après la pièce du Nô de Kanze Juro Motomasa. Travail exigeant sur la lenteur et le silence dans un contexte d’errance et d’abandon. 10-15 juin Après le thème du choix, le rapport au temps, ou comment on rate sa vie. Bientôt viendra le temps de la Danoise Line Knutzon dans une mise en scène de Sophie Kandaouroff est également une farce burlesque, absurde et tragique mais aussi une comédie qui se joue des règles de la temporalité, sans artifice ni exercice de style. Jeu : la compagnie de Martine Paschoud. 18 mars – 6 avril Enfin, si l’on peut dire, la saison débutera par un désormais classique du théâtre contemporain, La nuit juste avant les forêts de BernardMarie Koltès. Soixante pages, une seule phrase, pas de ponctuation, un personnage sans travail, sans lieu où dormir, sans argent et qui parle sans cesse pour dire le manque. Eric Salama mettra en scène Frédéric Polier dans ce soliloque sur la solitude. 17 septembre – 6 octobre Laurence Tièche Chavier L’Argentin Rafael Spregelburd complète son exploration des sept péchés capitaux avec La c t u a Plus d’informations sur : http://www.grutli.ch/2012/ l i t é la fondation auer pour la photographie Patrimoine en sursis ? Michèle et Michel Auer ont créé en 2009 la Fondation Ory Auer pour la Photographie installée depuis 2012 à Hermance (GE), un charmant village frontalier au bord du lac Léman. Mais c’est depuis plus de 40 ans que ce couple passionné par la photographie collectionne des documents aussi rares qu’exceptionnels. La vision qui anime M+M Auer est de préserver, valoriser et transmettre aux générations futures un patrimoine embrassant l’histoire de la photographie depuis son origine jusqu’à nos jours. Réalisé par les architectes Brodbeck et Roulet, le bâtiment développe un espace moderne et fonctionnel de 250 m2 composé d’une salle d’exposition, d’une bibliothèque, d’un espace d’archivage et de projection. La position dominante de la maison au sommet du village offre de belles échappées sur la verdure environnante, la vieille Tour d’Hermance ou sur le lac en contrebas. On ne peut imaginer plus bel écrin pour abriter une collection unique au monde qui compte 50.000 photographies originales, 20.000 ouvrages consacrés au 8ème art, plusieurs centaines d’appareils, des affiches, divers écrits et correspondances, des objets d’art. M+M Auer ont un sens de l’accueil légendaire, ils n’hésitent pas à vous livrer d’incroyables récits et anecdotes sur le monde de la photo et des photographes qu’ils fréquentent depuis tant d’années. La Fondation organise d’ailleurs de nombreux stages et workshops réservés à des chercheurs et artistes qui souhaitent approfondir un domaine spécifique. Avec un rythme de 4 expositions annuelles, la Fondation poursuit ses objectifs de découverte et de diffusion de l’œuvre d’artistes connus ou oubliés et de jeunes talents prometteurs. S’ajoute Expo «Regarde! des enfants» au "Commun" (BAC, Genève) : Peter Knapp, 1985 - Chaussures Courèges a une importante activité éditoriale avec la réalisation de catalogues et d’ouvrages spécialisés dans le domaine de la photographie, par exemple l’Encyclopédie Internationale des Photographes, initiée en 1983 et constamment remise à jour. Ainsi la collection n’est-elle pas figée et évoluet-elle en permanence, accompagnant les artistes, les courants et la diversité des expressions, des techniques. Mentionnons enfin que de nombreux photographes ont choisi de déposer leurs archives à la Fondation, ces dons enrichissent régulièrement le fonds et la diversité de la Collection Auer. Précarité et risque d’expatriation Cet immense travail de conservation et de sensibilisation du public à l’art de la photographie, reconnu au niveau international notamment grâce à l’organisation d’expositions et de collaborations institutionnelles de premier plan, ne met pas pour autant la Fondation Auer à l’abri d’une réelle précarité. En effet M+M Auer, compte tenu de leur âge, cherchent des successeurs ; ils souhaiteraient transmettre à la Ville de Genève le patrimoine exceptionnel de la Fondation afin de garantir la pérennité de ses activités, mais aussi pour laisser aux Genevois un trésor qui contribue à faire rayonner la cité de Calvin à l’extérieur. Or non seulement les autorités culturelles locales restent, pour l’heure, indifférentes à cette perspective, mais celles-ci en outre réduisent progressivement leur soutien financier et logistique à l’institution qui se trouve de plus en plus isolée. Cette situation met en lumière l’un des paradoxes majeurs de la politique culturelle genevoise qui se caractérise souvent par un manque de vision à long terme et des conflits d’intérêts, conduisant à une dispersion des ressources et des moyens. Certes la Ville a acquis récemment le Fonds Boissonnas, une mémoire précieuse de la scène photographique genevoise qui se trouve maintenant au Centre d’Iconographie ; certes le Centre Genevois de la c t u a Photographie, qui a connu maintes crises directionnelles et changements d’options stylistiques, développe une activité plus documentaire qu’artistique ; certes les institutions muséales exposent de nombreux photographes ; certes le magistrat Sami Kanaan rêve de créer une « maison de la photographie ». Il n’en demeure pas moins que l’art de la photographie est sous-représenté à Genève ou du moins exposé de façon parcellaire, dans divers lieux aux objectifs différents et collaborant peu entre eux. Aussi au moment où l’offre culturelle constitue le premier pilier de l’affluence touristique, l’expression photographique ne dispose-t-elle toujours pas d’un lieu de référence majeur, alors que manifestement toutes les conditions sont réunies pour le créer. Faute de soutien et sans concrétisation d’un projet de transmission à court terme, la Fondation Auer pourrait fort bien s’expatrier. Ce ne sont pas les offres qui manquent venant du Japon ou de l’Australie, si cela devait arriver un patrimoine inestimable serait perdu. Programmation M+M Auer poursuivent néanmoins leurs activités en organisant à la Fondation d’Hermance, du 26 octobre 2013 au 25 janvier 2014, une exposition intitulée « Bleu, bleus » consacrée au photographe suisse Peter Knapp qui malgré son âge de 80 ans continue à être actif. A l’espace du « Commun », dans le bâtiment du BAC, à Genève, s’ouvrira dès le 1er octobre (jusqu’au 30 novembre 2013) l’exposition « Regarde ! Des enfants » une proposition qui, à partir des archives de la Fondation, montre l’histoire d’une famille, de la naissance de l’enfant jusqu’à sa mort. Enfin M+M Auer mûrissent un grand projet d’exposition autour de la figure d’un des plus grands photographes du 20ème siècle : Leslie Krims, né en 1942 à Brooklyn. Son œuvre baroque et onirique, peu connue du grand public, jette cependant un regard critique et dérangeant sur la société américaine. La collection Auer possède des Krims de différentes périodes ce qui lui a permis de constituer un solide dossier soumis à diverses institutions locales, afin d’organiser de concert une exposition rétrospective en 2014. Or celles-ci, étonnamment, ont rejeté ce projet inédit, on comprend dès lors le découragement de M+M Auer face à une telle inertie. D’après des propos recueillis par Françoise-Hélène Brou Fondation Auer Ory pour la Photographie, 10 Rue du Couchant, Hermance (GE). Tél + (0) 22 751 27 83 – www.auerphoto.com l i t é