Exploration électrophysiologique de la mémoire
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L’Année psychologique http://www.necplus.eu/APY Additional services for L’Année psychologique: Email alerts: Click here Subscriptions: Click here Commercial reprints: Click here Terms of use : Click here Exploration électrophysiologique de la mémoire épisodique dans le vieillissement normal Lucie Angel, Séverine Fay et Michel Isingrini L’Année psychologique / Volume 110 / Issue 04 / December 2010, pp 595 - 628 DOI: 10.4074/S0003503310004057, Published online: 03 January 2011 Link to this article: http://www.necplus.eu/abstract_S0003503310004057 How to cite this article: Lucie Angel, Séverine Fay et Michel Isingrini (2010). Exploration électrophysiologique de la mémoire épisodique dans le vieillissement normal. L’Année psychologique, 110, pp 595-628 doi:10.4074/S0003503310004057 Request Permissions : Click here Downloaded from http://www.necplus.eu/APY, IP address: 78.47.27.170 on 29 Sep 2016 Exploration électrophysiologique de la mémoire épisodique dans le vieillissement normal ∗ Lucie Angel , Séverine Fay et Michel Isingrini UMR-CNRS 6234 CeRCA, Université François Rabelais de Tours, IFR 135, Imagerie fonctionnelle RÉSUMÉ Cet article a pour objectif d’exposer les apports de la méthode des potentiels évoqués appliquée à l’étude de la mémoire épisodique dans le vieillissement. La mémoire épisodique, qui permet la récupération consciente d’événements personnellement vécus, est une des fonctions cognitives les plus affectées par le vieillissement. La technique des potentiels évoqués contribue à la compréhension des bases cérébrales des déficits mnésiques liés à l’âge. Ainsi, cette méthode électrophysiologique permet d’explorer l’impact du vieillissement sur les processus cognitifs avec une excellente résolution temporelle. Les données révèlent une altération des patterns électrophysiologiques associés aux opérations d’encodage et de récupération en mémoire épisodique avec l’avancée en âge. De plus, certaines observations avec cette technique suggèrent que l’avancée en âge est associée à des phénomènes de réorganisation fonctionnelle. Enfin, il semble que certaines caractéristiques individuelles (niveau d’étude) modulent les effets de l’âge sur les corrélats électrophysiologiques de la mémoire épisodique. Electrophysiological investigation of episodic memory in aging ABSTRACT This review deals with event-related potentials contribution for the study of episodic memory aging. Episodic memory enables individuals to consciously remember their personally experienced past and is one of the most affected cognitive functions in aging. Event-related potentials provide extremely useful information about neural bases of age-related memory deficits. Thus, this electrophysiological technique allows the impact of aging on cognitive processes to be explored with an exquisite temporal precision. Data reveal age-related differences in the electrophysiological patterns associated with encoding and retrieval operations in episodic memory. Moreover, observations with this method ∗ Correspondance : Lucie Angel, UMR-CNRS 6234 CeRCA, Université François Rabelais, 3 rue des Tanneurs, BP 4103, 37041 Tours Cedex 1, France. E-mail : [email protected] L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 596 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini suggest that increasing age is associated with cerebral reorganization mechanisms. Lastly, some individual characteristics appear to modulate age effects on electrophysiological correlates of episodic memory. INTRODUCTION Les problèmes de mémoire font l’objet de fréquentes plaintes chez la personne âgée. Le déclin de la mémoire au cours du vieillissement, particulièrement de la mémoire épisodique, a été attesté par de nombreux travaux expérimentaux. Les techniques de neuroimagerie fonctionnelle ont révélé que les déficits mnésiques de sujets âgés sont sous-tendus par des modifications de l’activité cérébrale liée aux opérations de mémoire. La méthode des potentiels évoqués constitue également un outil intéressant pour l’étude des bases cérébrales de la mémoire épisodique au cours du vieillissement normal. Bien qu’elle ne permette pas une localisation précise des activations cérébrales, la technique des potentiels évoqués fournit des informations en termes de distribution topographique des composantes électrophysiologiques. De plus, sa résolution temporelle permet d’explorer avec précision la dynamique temporelle des processus mentaux et notamment des processus qui contribuent à l’encodage et à la récupération en mémoire épisodique. À l’aide des potentiels évoqués, on peut ainsi explorer les différences liées à l’âge au niveau de l’activité cérébrale (décours temporel et topographie) lors de tâches de mémoire épisodique. Cette méthode a permis d’identifier plusieurs effets électrophysiologiques associés aux différentes opérations de mémoire et de tester leur intégrité au cours du vieillissement. Nous aborderons dans cette revue les études en potentiels évoqués qui se sont intéressées aux effets de l’âge sur les patterns cérébraux qui sous-tendent l’encodage et la récupération en mémoire épisodique. Plusieurs composantes électrophysiologiques sont susceptibles de refléter des phénomènes mnésiques. Nous présenterons uniquement les principaux effets électrophysiologiques associés à l’encodage réussi (effet Dm, pour Difference in Subsequent Memory) et au succès de la récupération en mémoire épisodique (effet old/new). Nous exposerons ensuite les travaux qui se sont intéressés aux différences individuelles (caractéristiques sociodémographiques par exemple) entre les sujets âgés dans les corrélats électrophysiologiques de la mémoire épisodique. Nous montrerons comment les potentiels évoqués, avec leur excellente résolution temporelle, se sont avérés pertinents pour étudier les phénomènes de réorganisation fonctionnelle au cours du vieillissement. L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 597 VIEILLISSEMENT ET MÉMOIRE ÉPISODIQUE Il est désormais admis que le vieillissement normal s’accompagne d’un déclin des capacités mnésiques. Il s’agit d’un phénomène complexe, qui se caractérise par une forte hétérogénéité puisque tous les aspects de la mémoire ne sont pas affectés de la même façon par le vieillissement. Ainsi, la mémoire épisodique apparaît comme un des systèmes de mémoire les plus vulnérables aux effets de l’âge. La mémoire épisodique permet à l’individu d’encoder, stocker et récupérer des informations concernant des épisodes ou des événements personnellement vécus, localisés dans un contexte spatio-temporel précis. Une caractéristique majeure de ce système de mémoire correspond à la capacité à prendre conscience de souvenirs personnels grâce à un « voyage mental dans le temps » (Tulving, 2002). La mémoire épisodique est fondamentale pour l’individu puisqu’en regroupant les souvenirs des expériences personnelles, elle serait à la base de la construction de l’identité. De nombreux travaux expérimentaux attestent du déclin de la mémoire épisodique au cours du vieillissement en montrant une diminution de la performance avec l’avancée en âge dans diverses tâches comme le rappel libre, le rappel indicé et la reconnaissance (voir pour revues Balota, Dolan, & Duchek, 2000 ; Craik & Jennings, 1992 ; Light, 1991 ; Luo & Craik, 2008 ; McDaniel, Einstein, & Jacoby, 2008 ; Zacks, Hasher, & Li, 2000). Plus précisément, la théorie des deux processus postule l’existence de deux modes de récupération en mémoire épisodique : un processus de récupération basé sur la familiarité liée à l’item et un processus de récupération basé sur une remémoration de l’information associée à son contexte d’apprentissage. Les travaux utilisant le paradigme Remember/Know (voir pour revues Gardiner, 1988 ; Gardiner & Java, 1993 ; Rajaram, 1993 ; Richardson-Klavehn, Gardiner, & Java, 1996) indiquent l’existence d’une difficulté d’accès au contexte d’apprentissage chez les personnes âgées. La proportion de réponses Remember (R), qui reflètent une récupération de type remémoration, décline au cours du vieillissement alors que la proportion de réponses Know (K), associées à une récupération basée sur un sentiment de familiarité, se stabilise ou augmente légèrement (Bugaiska et al., 2007 ; Clarys, Bugaiska, Tapia, & Baudouin, 2009 ; Piolino et al., 2006 ; Prull, Dawes, Martin, Rosenberg, & Light, 2006). Les adultes âgés auraient donc tendance à mettre en place des processus de récupération basés principalement sur la familiarité et présenteraient des difficultés à identifier la source de cette familiarité par des éléments contextuels. Ces résultats sont renforcés par l’observation de performances plus faibles chez les sujets âgés par rapport aux sujets jeunes dans les tâches L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 598 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini de mémoire de source qui évaluent le souvenir des informations liées au contexte d’encodage (Glisky, Polster, & Routhieaux, 1995 ; Henkel, Johnson, & De Leonardis, 1998 ; Kausler, Salthouse, & Saults, 1988 ; McIntyre & Craik, 1987 ; Mitchell, Johnson, & Mather, 2003 ; Parkin, Walter, & Hunkin, 1995 ; Shimamura & Jurica, 1994 ; Spencer & Raz, 1994). De multiples hypothèses ont été élaborées afin de tenter d’expliquer les mécanismes à l’origine des déficits de mémoire épisodique associés au vieillissement. Selon Craik (1986), la quantité de ressources attentionnelles disponible pour initier et réaliser des traitements cognitifs diminuerait au cours du vieillissement, ce qui expliquerait la baisse des performances mnésiques. Ainsi, les sujets âgés seraient moins capables que les jeunes de mettre en place spontanément les opérations d’encodage et de récupération les plus efficaces car celles-ci sont fortement coûteuses en attention. Cependant, la présence d’un support environnemental suffisamment important au moment de l’encodage (tâche orientée de nature sémantique, par exemple) et/ou de la récupération (indice) permettrait de minimiser la contribution des traitements auto-initiés coûteux en attention et donc de diminuer le déficit mnésique lié à l’âge (Craik, 1986 ; Craik & Byrd, 1982 ; Craik & Jennings, 1992). Un certain nombre d’études montrent ainisi que les différences liées à l’âge peuvent être réduites voire éliminées lorsque les conditions d’encodage orientent vers des traitements profonds, par exemple par l’intermédiaire d’une tâche sémantique. Taconnat et Isingrini (2004) ont manipulé les conditions d’encodage en utilisant le paradigme de l’effet production (des mots produits à l’aide d’indices au moment de la mémorisation sont mieux rappelés que des mots simplement lus). Les sujets jeunes présentaient un effet production aussi bien à partir d’indices sémantiques que d’indices phonologiques alors que les sujets âgés bénéficiaient de la production de l’item uniquement lorsque la relation entre l’item et l’indice était de nature sémantique. Ce résultat suggère qu’un bénéfice mnésique tiré de traitements profonds ou sémantiques au moment de l’encodage est possible chez les personnes âgées mais uniquement lorsque les conditions d’encodage guident fortement les opérations à effectuer. D’autre part, l’amplitude du déficit mnésique touchant les sujets âgés varie en fonction du type de tâche. Les différences liées à l’âge sont plus prononcées dans la tâche de rappel libre qui requiert la mise en oeuvre spontanée des opérations de récupération appropriées que dans les tâches de rappel indicé ou de reconnaissance qui guident le processus de récupération (Ceci & Tabor, 1981 ; Craik, Byrd, & Swanson, 1987 ; Craik & McDowd, 1987 ; Isingrini, Hauer, & Fontaine, 1996 ; Rabinowitz, 1984 ; Schonfield & Robertson, 1966). La diminution des capacités de mémoire épisodique des sujets âgés pourrait donc provenir d’une difficulté L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 599 à mettre en place des traitements suffisamment élaborés au moment de l’encodage ou de la récupération, à cause de la réduction de leurs ressources attentionnelles (voir pour revue Craik & Jennings, 1992). D’autre part, la théorie du ralentissement cognitif propose que la vitesse de traitement contribue de façon importante au déclin des performances cognitives avec l’âge (Salthouse, 1996). Ce modèle s’appuie sur l’observation constante d’une réduction de la vitesse de traitement au cours du vieillissement (Feyereisen & Van der Linden, 1997 ; Salthouse, 1993). De nombreuses études suggèrent que la réduction de la vitesse de traitement explique le déclin des capacités mnésiques avec l’âge (Bryan & Luszcz, 1996 ; Bunce & Macready, 2005 ; Clarys, Isingrini, & Gana, 2002 ; Hertzog, Dixon, Hultsch, & MacDonald, 2003 ; Perrotin, Isingrini, Souchay, Clarys, & Taconnat, 2006 ; Salthouse, 1996). Enfin, l’hypothèse exécutivo-frontale suggère que les déficits cognitifs des personnes âgées s’expliquent par une altération des fonctions exécutives qui sont sous-tendues par le fonctionnement des régions frontales (Raz, 2000 ; West, 1996). Deux études (Davidson & Glisky, 2002; Glisky et al., 1995) ont notamment montré que les différences individuelles dans le fonctionnement exécutif pouvaient expliquer les effets de l’âge sur la performance de mémoire de source. Bugaiska et al. (2007) ont également confirmé que la réduction du nombre de réponses de type R chez les sujets âgés était spécifiquement corrélée aux capacités exécutives. D’autre part, des travaux ont montré que le déclin de la performance dans diverses tâches épisodiques est fortement médiatisé par le fonctionnement exécutif (Parkin, 1997; Salthouse, Atkinson, & Berish, 2003; Troyer, Graves, & Cullum, 1994), même lorsqu’il est mis en concurrence avec d’autres facteurs (Crawford, Bryan, Luszcz, Obonsawin, & Stewart, 2000.) EXPLORATION DES CORRÉLATS CÉRÉBRAUX DU VIEILLISSEMENT MNÉSIQUE Les études menées en neuroimagerie fonctionnelle (IRMf : Imagerie par Résonance Magnétique fonctionnelle et TEP : Tomographie par Émission de Positons) ont mis en évidence l’implication d’un certain nombre de zones cérébrales, notamment le cortex préfrontal, le lobe médio-temporal et le cortex pariétal dans les processus d’encodage et de récupération en mémoire épisodique. Le déclin de la mémoire épisodique L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 600 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini au cours du vieillissement est associé à des modifications d’activations au niveau de ces régions cérébrales (Buckner, 2004 ; Dennis & Cabeza, 2008 ; Grady, 2008 ; Park & Reuter-Lorenz, 2009). Les personnes âgées présentent ainsi une réduction des activations par rapport aux sujets jeunes dans diverses structures cérébrales lors de l’encodage et de la récupération en mémoire épisodique. Pourtant, les adultes âgés activent parfois davantage que les jeunes certaines régions cérébrales ou présentent des activations spécifiques dans des régions non recrutées par les sujets plus jeunes. Pour rendre compte de ce phénomène, le modèle HAROLD (pour Hemispheric Asymmetry Reduction in OLDer adults ; Cabeza, 2002) a été proposé par certains auteurs. Il postule que la réduction des asymétries hémisphériques fonctionnelles au niveau frontal serait une caractéristique fondamentale du vieillissement normal et pourrait avoir un rôle compensatoire. Par exemple, alors que les sujets jeunes activent préférentiellement les régions préfrontales gauches lors de l’encodage épisodique, les sujets âgés, particulièrement ceux présentant un haut niveau de performance, présentent des activations frontales bilatérales (Anderson et al., 2000 ; Cabeza et al., 1997 ; Daselaar, Veltman, Rombouts, Raaijmakers, & Jonker, 2003 ; Grady, Bernstein, Beig, & Siegenthaler, 2002 ; Logan, Sanders, Snyder, Morris, & Buckner, 2002 ; Rosen et al., 2002 ; Stebbins et al., 2002). D’autre part, le modèle PASA (pour Posterior Anterior Shift in Aging ; Davis, Dennis, Daselaar, Fleck, & Cabeza, 2007 ; Dennis & Cabeza, 2008) postule que la réduction des activations au niveau postérieur (régions occipito-temporales) chez les sujets âgés s’accompagne d’activations supplémentaires au niveau frontal. Ainsi, ces patterns de réorganisation fonctionnelle (recrutement controlatéral ou shift antéro-postérieur) pourraient correspondre à des mécanismes de compensation des déficits neurocognitifs associés au vieillissement (Dennis & Cabeza, 2008 ; Grady, 2008). Une autre technique permettant d’étudier les modifications cérébrales qui sous-tendent les déficits mnésiques des personnes âgées est celle des potentiels évoqués. Ces derniers correspondent à de petites fluctuations dans le signal de l’électroencéphalogramme (EEG) associées à un événement externe ou interne. La méthode du moyennage permet de réduire l’activité EEG aléatoire du signal et de faire émerger la réponse électrophysiologique synchrone avec un type de stimulus. Les potentiels évoqués peuvent prendre la forme d’une succession d’ondes positives ou négatives, mais la polarité de ces effets électrophysiologiques est difficile à interpréter (Otten & Rugg, 2005). La méthode des potentiels évoqués constitue un outil intéressant pour l’investigation des bases cérébrales des processus cognitifs (Coles, 1995 ; Otten & Rugg, 2005). Tout d’abord, L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 601 cette méthode, tout comme les paradigmes événementiels en IRMf, permet de dissocier les essais expérimentaux a posteriori en fonction du comportement ultérieur du sujet. Cette caractéristique est particulièrement intéressante dans le domaine de la mémoire puisqu’on peut ainsi distinguer, par exemple, les potentiels évoqués par l’encodage d’items en mémoire en fonction de la précision ultérieure de la récupération (items oubliés versus items récupérés ou items récupérés et associés à un jugement R versus items récupérés et associés à un jugement K). Un autre avantage important de cette technique concerne son excellente résolution temporelle, qui dépasse largement celle de l’IRMf et de la TEP. Or, un des objectifs dans l’étude des fonctions cognitives, tout particulièrement de la mémoire, vise à explorer la dynamique temporelle des processus mentaux. On peut ainsi analyser, par exemple, l’impact de l’avancée en âge sur les différentes étapes du processus de mémoire. D’autre part, les potentiels évoqués révèlent parfois un allongement de la latence de certaines composantes électrophysiologiques au cours du vieillissement alors même que les temps de réaction ne sont pas significativement modifiés (Chaby, 2001 ; Chaby, Jemel, George, Renault, & Fiori, 2001 ; Iragui, Kutas, Mitchiner, & Hillyard, 1993). Ils permettent ainsi d’examiner plus précisément le ralentissement de la vitesse de traitement de l’information associé au vieillissement (Salthouse, 1996). MODIFICATIONS LIÉES À L’ÂGE DE L’ACTIVITÉ ÉLECTROPHYSIOLOGIQUE ASSOCIÉE À L’ENCODAGE Sanquist, Rohrbaugh, Syndulko, & Lindsley (1980) ont été les premiers à mettre en évidence le fait que les potentiels évoqués par des items présentés lors d’une phase d’étude variaient en fonction de la performance du sujet dans une tâche de mémoire ultérieure. Dans leur étude, les potentiels évoqués obtenus au niveau pariétal pendant l’encodage apparaissaient plus positifs pour les items qui étaient ensuite correctement reconnus que pour les items oubliés. Paller, Kutas, et Mayes (1987) ont dénommé cette différence positive « effet Dm » (pour Difference in subsequent Memory ; Voir Figure 1). Elle reflèterait la réussite de l’encodage en mémoire épisodique. La présence d’un effet Dm a été retrouvée dans un grand nombre de travaux, à partir de 400 ms environ après l’apparition du stimulus et pendant environ 600 ms (voir pour revues Friedman & Johnson, 2000 ; Rugg, 1995 ; Rugg & Allan, 2000 ; Wilding & Sharpe, L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 602 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini Items ultérieurement récupérés Items ultérieurement oubliés +5 µV 400 ms 800 ms Effet Dm Figure 1. Effet Dm (Difference for subsequent Memory). Différence entre les potentiels évoqués à l’encodage par des items qui seront correctement reconnus lors de la phase test et les potentiels évoqués par des mots qui seront oubliés, au niveau frontal inférieur gauche (d’après Friedman & Johnson, 2000) Figure 1. Dm effect (Difference for subsequent Memory). Difference between event-related potentials (ERPs) elicited at encoding by subsequently recognized items and ERPs elicited by subsequently forgotten items, at left inferior frontal site (from Friedman & Johnson, 2000) 2003). Si les premières études ont essentiellement décrit l’effet Dm au niveau pariétal, il semble qu’il existe également au niveau préfrontal gauche (Friedman & Johnson, 2000). Par ailleurs, un certain nombre de travaux ont mis en évidence que l’effet Dm était modulé par le type d’opérations engagées au moment de l’encodage. Plusieurs recherches ont montré que l’amplitude de l’effet Dm est plus importante pour une condition d’encodage sémantique ou imagé que pour une condition d’encodage orthographique plus superficielle (Paller et al., 1987 ; Paller & Wagner, 2002). Ces travaux indiquent que l’activité électrophysiologique lors de l’encodage en mémoire épisodique varie en fonction du degré d’élaboration des traitements mis en place. D’autre part, Johnson (1995) a également montré que l’amplitude de l’effet Dm reflète la force de la trace mnésique. Ainsi, l’effet apparaît plus ample pour les items rappelés librement que pour ceux qui ne peuvent être rappelés mais qui sont néanmoins reconnus. Enfin, plusieurs travaux ont appliqué le paradigme R/K (Gardiner, 1988 ; Gardiner & Java, 1993) pour dissocier l’effet Dm enregistré au moment de l’encodage en fonction de la qualité ultérieure de la récupération en mémoire épisodique. Ils ont montré que l’effet Dm est modulé par l’état de conscience associé à la récupération. Par exemple, Friedman et Trott (2000) ont observé un effet Dm au niveau préfrontal gauche pour les items qui L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 603 étaient associés lors de la phase test à une remémoration précise de l’épisode d’apprentissage (réponses R) alors que cet effet n’apparaissait pas pour les items récupérés sur la base de la familiarité (réponses K). Encore très peu d’études se sont intéressées directement aux effets du vieillissement sur les corrélats électrophysiologiques de l’encodage en mémoire épisodique (Friedman, 2003, 2008 ; Friedman, Nessler, & Johnson, 2007 ; Guillaume, Guillery-Girard, Eustache, & Desgranges, 2009). Les données comportementales suggèrent que les sujets âgés ont des difficultés à mettre en place spontanément des stratégies d’encodage efficaces (voir pour revues Craik & Jennings, 1992 ; Luo & Craik, 2008). On peut donc supposer que l’effet Dm qui reflète ce type de processus pourrait être modulé par les effets du vieillissement. Friedman, Ritter, et Snodgrass (1996), dans une première recherche, ont montré que suite à un apprentissage incident de mots, l’effet Dm était significatif dans le groupe de sujets jeunes mais pas dans le groupe de sujets âgés. Les auteurs en ont conclu que le déficit de mémoire épisodique lié à l’âge s’expliquerait en partie par la difficulté des adultes âgés à auto-initier des traitements élaborés lorsqu’ils ne reçoivent pas de consigne explicite de mémorisation, comme c’était le cas dans cette expérience. Cependant, un encodage incident peut parfois donner lieu à un effet Dm robuste chez les adultes âgés (Gutchess, Ieuji, & Federmeier, 2007). Dans cette étude, lors de l’apprentissage incident de scènes complexes, les participants âgés présentaient un effet Dm similaire à celui des participants jeunes. Il est possible que ce type de matériel favorise la mise en place de traitements élaborés, même en l’absence de consigne d’encodage. Néanmoins, alors que chez les sujets jeunes l’effet Dm était plus ample pour les items associés à un degré de confiance élevé, celui obtenu par les sujets âgés n’était pas modulé par le degré de confiance lors du jugement de reconnaissance. Selon les auteurs, cette faible discrimination des items sur la base du degré de confiance reflèterait davantage une altération des processus de récupération qu’un déficit relatif aux processus d’encodage. Friedman et Trott (2000) ont comparé l’effet Dm obtenu par des sujets jeunes et des sujets âgés dans une condition d’apprentissage intentionnel. Lors de la phase d’encodage, les sujets devaient étudier deux listes de phrases comprenant chacune deux noms non associés et mémoriser à la fois les noms et la liste dans laquelle ils étaient présentés (première versus deuxième liste). La tâche de mémoire était un test de reconnaissance suivi d’un jugement R/K. Les sujets jeunes présentaient un effet Dm uniquement pour les réponses R, au niveau médio-frontal et bilatéral postérieur. De plus, une déviation négative au niveau des régions préfrontales inférieures gauches était associée aux réponses R. Un effet Dm était également présent L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 604 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini pour les participants âgés, pour les réponses R et K, mais avec une distribution sur le scalp plus diffuse que chez les participants jeunes. De plus, la négativité au niveau frontal inférieur gauche n’était pas observée pour le groupe de sujets âgés. Des travaux en neuroimagerie fonctionnelle ont associé cette activité frontale à la mise en place de traitements sémantiques lors d’un encodage épisodique (Wagner, 2002). En effet, la récupération d’informations stockées en mémoire sémantique favorise l’encodage épisodique, donc l’élaboration d’une trace mnésique forte et durable (Craik & Lockhart, 1972). Or, les sujets âgés auraient des difficultés à initier spontanément ces traitements de nature sémantique. L’absence de cette composante chez les participants âgés pourrait donc refléter le déficit lié à l’âge dans l’initiation des traitements sémantiques au moment de l’encodage en mémoire épisodique. En outre, l’effet Dm obtenu par les sujets âgés était présent à la fois pour les réponses R et les réponses K. Cela tend à indiquer qu’ils encodent de la même façon tous les items qui sont ensuite correctement reconnus, qu’ils soient associés à des éléments contextuels ou non. Ces résultats suggèrent que les adultes jeunes et les adultes âgés recrutent un réseau cérébral qualitativement distinct lors de l’encodage en mémoire épisodique. Étant donné que les performances de reconnaissance sont déficitaires chez les sujets les plus âgés, il semble que le pattern électrophysiologique observé chez ceux-ci reflète des processus d’encodage inefficaces, ou moins efficaces, par rapport à ceux engagés par les sujets jeunes. Cette étude renforce l’idée selon laquelle la difficulté à mettre en place spontanément un encodage élaboré incluant des détails contextuels pourrait être à l’origine du déficit de mémoire épisodique observé chez les sujets âgés. Ceci serait particulièrement vrai pour le déficit de remémoration (voir pour revue Craik & Jennings, 1992). Les travaux de Nessler, Johnson, Bersick, et Friedman (2005, 2006) permettent de préciser la nature du déficit d’encodage qui touche les sujets âgés. Ces auteurs ont utilisé un paradigme de sélection sémantique (adapté de Thompson-Schill, D’Esposito, Aguirre, & Farah, 1997) dans lequel les participants devaient apprendre des mots dans une condition de sélection faible et une condition de sélection forte. Dans la première, les sujets devaient décider si un dessin précédemment présenté (exemple : lion) correspondait au sens d’un mot à mémoriser (exemple : « lion »). La seconde impliquait la sélection de caractéristiques sémantiques du mot à mémoriser. Dans cette condition, la tâche consistait à décider si un adjectif précédemment présenté (exemple : « lourd ») décrivait une caractéristique du mot à mémoriser (exemple : « voiture »). Bien que l’encodage ait été de même qualité (performances équivalentes dans les deux groupes d’âge, pour les deux conditions de sélection), les sujets âgés étaient moins L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 605 performants que les sujets jeunes dans la tâche de reconnaissance. Les auteurs se sont intéressés à la manière dont les exigences de sélection pouvaient moduler l’activité électrophysiologique lors de l’encodage chez les sujets jeunes et âgés. Pour cela, ils ont indexé la capacité à mettre en œuvre des processus d’élaboration sémantique en effectuant la différence entre l’activité électrophysiologique obtenue dans la condition de sélection forte et l’activité obtenue dans la condition de sélection faible. Deux composantes négatives ont ainsi été mises en évidence. Une première, observée précocement au niveau frontal inférieur gauche présentait la même amplitude dans les deux groupes d’âge. De plus, une négativité tardive était présente spécifiquement chez les participants les plus jeunes. Enfin, une composante négative supplémentaire était également observée précocement, indépendamment de la condition de sélection, uniquement dans le groupe de sujets jeunes. Selon les auteurs, les composantes observées spécifiquement chez les sujets jeunes pourraient refléter la mise en œuvre de processus d’élaboration sémantique supplémentaires. Les sujets âgés, au contraire, auraient des difficultés à mettre en place des traitements profonds lors de l’encodage, ce qui expliquerait leurs faibles performances dans la tâche de mémoire. L’ensemble de ces données suggère donc que le vieillissement s’accompagne de perturbations du pattern électrophysiologique lié à la capacité à réaliser des processus d’encodage épisodique élaborés ou sémantiques. Ces modifications liées à l’âge ont été observées aussi bien dans le cas d’un apprentissage incident que lors d’un apprentissage intentionnel. Cette modification liée à l’âge des processus d’encodage élaborés serait au moins en partie à l’origine du déficit de mémoire épisodique caractéristique du vieillissement normal. Le Tableau 1 résume les caractéristiques de l’effet Dm ainsi que les résultats des travaux qui ont décrit les différences liées à l’âge sur cette composante. MODIFICATIONS LIÉES À L’ÂGE DE L’ACTIVITÉ ÉLECTROPHYSIOLOGIQUE ASSOCIÉE AU SUCCÈS DE LA RÉCUPÉRATION Les corrélats électrophysiologiques du succès des processus de récupération sont mis en évidence dans une épreuve de reconnaissance en contrastant les potentiels évoqués par des items précédemment étudiés et correctement reconnus (items anciens) et ceux associés aux items non étudiés qui L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 606 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini sont correctement rejetés (items nouveaux). Cette comparaison indique de façon consistante que les potentiels évoqués par les items anciens présentent une déflection positive par rapport aux potentiels évoqués par les items nouveaux (voir pour revues Allan, Wilding, & Rugg, 1998 ; Friedman & Johnson, 2000 ; Johnson, 1995 ; Rugg, 1995 ; Rugg & Allan, 2000 ; Wilding & Sharpe, 2003). Cette différence couramment appelée « effet old/new », débute environ 300 ms à 400 ms après l’apparition du stimulus et se maintient pendant plusieurs centaines de millisecondes au niveau de plusieurs régions du scalp. Il est désormais admis que l’effet Différence moyenne (old moins new) Différence moyenne (old moins new) a) Effet old/new frontal précoce b) Effet old/new pariétal c) Effet old/new frontal tardif + 7µV 4µV 500 1000 1500 Old 500 1000 1500 Old-New New Figure 2. Trois composantes de l’effet old/new (différence entre les potentiels évoqués lors d’un test de reconnaissance par des items anciens correctement reconnus et les potentiels évoqués par des items nouveaux correctement rejetés) : a) effet frontal précoce, au niveau médio-frontal, b) effet pariétal, au niveau pariétal gauche et c) effet frontal tardif, au niveau préfrontal droit (d’après Johnson, Kreiter, Russo, & Zhu, 1998) Figure 2. Three old/new effect components (difference between ERPs elicited by correctly recognized items and ERPs elicited by correctly rejected new items): a) early frontal effect, b) parietal effect, c) late frontal effect (from Johnson, Kreiter, Russo, & Zhu, 1998) L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 607 old/new peut être dissocié en différentes composantes qui se distinguent par leurs caractéristiques fonctionnelles, spatiales et temporelles (Donaldson, Wilding, & Allan, 2003). Nous décrirons dans cette partie les différences liées à l’âge dans les trois composantes principales de l’effet old/new observées dans les tests de mémoire épisodique : l’effet frontal précoce, l’effet pariétal et l’effet frontal tardif, illustrées dans la Figure 2. Effet frontal précoce Une des composantes les plus précoces de l’effet old/new correspond à une positivité maximale au niveau médio-frontal, entre 300 ms et 500 ms après l’apparition du stimulus. Plusieurs éléments expérimentaux convergent pour indiquer qu’elle pourrait refléter le processus de familiarité impliqué dans la récupération en mémoire épisodique. En effet, de la même manière que les réponses comportementales liées à la familiarité, l’effet old/new frontal précoce n’est pas modulé par la manipulation du niveau de traitement lors de la phase d’étude (Rugg et al., 1998), ni par un changement perceptivo-lexical (changement de nombre) entre les phases d’étude et de test (paradigme dit de plurality recognition ; Curran, 2000), et finalement n’est pas non plus sensible à l’état de conscience associé à la récupération (Curran, 2004). Étant donné que l’effet frontal précoce est supposé refléter le processus de familiarité qui s’est révélé être relativement préservé chez les adultes âgés lorsqu’il est évalué par des mesures comportementales (Davidson & Glisky, 2002), on peut s’attendre à ce que cette composante électrophysiologique soit peu ou pas altérée par les effets du vieillissement. En réalité, les différentes études ont conduit à des résultats contradictoires. Un certain nombre de travaux vont dans le sens des données comportementales en montrant un effet frontal précoce similaire chez les sujets jeunes et les sujets âgés (Ally et al., 2008 ; Angel, Fay, Bouazzaoui, Granjon, & Isingrini, 2009 ; Duarte, Ranganath, Trujillo, & Knight, 2006 ; Morcom & Rugg, 2004 ; Nessler, Friedman, Johnson, & Bersick, 2007 ; Trott, Friedman, Ritter, Fabiani, & Snodgrass, 1999 ; Wegesin, Friedman, Varughese, & Stern, 2002). Par exemple, Trott et al. (1999) ont mis en évidence la présence de cette composante précoce pour les réponses R et K, avec une amplitude équivalente chez les sujets jeunes et âgés. Cependant, d’autres études ont observé que l’effet frontal précoce est parfois réduit voire absent chez les participants les plus âgés (Ally et al., 2008 ; Duarte et al., 2006 ; Guillaume et al., 2009 ; Gutchess, Ieuji, & Federmeier, 2007 ; Wolk et al., 2008). Ally et al. (2008) ont observé un effet frontal précoce intact dans leur groupe L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 608 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini de sujets âgés lorsque le matériel était imagé mais celui-ci était absent lorsqu’il s’agissait de mots, ce qui suggère que les divergences entre les études pourraient provenir de différences dans la nature du matériel à mémoriser. À l’inverse, on observe parfois un effet frontal précoce chez des sujets âgés pour des mots (Trott et al., 1999) mais non pour des images (Gutchess et al., 2007). L’altération de l’effet électrophysiologique reflétant la familiarité est difficile à concilier avec les travaux comportementaux qui suggèrent que les sujets âgés s’appuient fortement sur les processus de familiarité pour récupérer l’information épisodique. Il est possible que d’autres composantes électrophysiologiques, dont l’effet frontal précoce, sous-tendent les processus de familiarité. L’âge des sujets pourrait aussi être une variable qui explique les divergences. Ainsi, Guillaume et al. (2009) ont analysé les différentes composantes de l’effet old/new dans une tâche de reconnaissance de visages chez un groupe de sujets jeunes (âge moyen : 24 ans), un groupe de sujets âgés intermédiaires (âge moyen : 58 ans) et un groupe de sujets très âgés (âge moyen : 70 ans). L’effet frontal précoce était préservé dans le groupe de sujets âgés intermédiaires alors qu’il n’était pas significatif pour les participants les plus âgés. Ces résultats suggèrent que l’effet électrophysiologique lié à la familiarité pourrait être maintenu au début du vieillissement puis serait altéré à un âgé plus avancé. En résumé, si la majorité des données tendent à démontrer une préservation de l’effet frontal précoce au cours du vieillissement, d’autres travaux indiquent que ce corrélat électrophysiologique de la familiarité pourrait parfois subir les effets du vieillissement. Les différences liées à l’âge au niveau de l’effet old/new frontal précoce semblent dépendre de facteurs multiples comme le type de matériel et l’âge des sujets. Effet pariétal L’effet pariétal apparaît généralement vers 400 ms-500 ms après la présentation du stimulus, dure pendant environ 500 ms-800 ms et est souvent prédominant au niveau de l’hémisphère gauche. Il s’agit de la composante de l’effet old/new qui a été la plus largement étudiée et plusieurs propositions ont été faites sur sa signification fonctionnelle. L’hypothèse la plus plausible à l’heure actuelle considère l’effet pariétal comme le corrélat électrophysiologique du processus de remémoration. En effet, contrairement à l’effet frontal précoce, et conformément à ce qui est observé au niveau comportemental, la manipulation de la profondeur de traitement au moment de l’apprentissage a montré que l’effet pariétal était L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 609 plus ample pour un encodage sémantique que pour un encodage superficiel (Rugg et al., 1998). En utilisant le paradigme dit de plurality recognition, Curran (Curran, 2000 ; Curran & Cleary, 2003) a également clairement montré que l’effet pariétal était associé au processus de remémoration. Dans ces études, la composante pariétale était observée uniquement pour les items présentant les mêmes caractéristiques (genre) que celles qu’ils présentaient lors de la phase d’étude. Les preuves les plus convaincantes sur la signification de l’effet pariétal proviennent des études dans lesquelles la remémoration est conceptualisée comme la capacité à récupérer les détails contextuels qui étaient présents au moment de la présentation antérieure d’un item. Ainsi, pour les items associés à un jugement R, l’effet pariétal présente une amplitude plus importante en comparaison à l’effet pariétal lié aux jugements K (Düzel, Yonelinas, Mangun, Heinze, & Tulving, 1997 ; Smith, 1993 ; Trott et al., 1999). D’autre part, plusieurs recherches ont constaté une augmentation de l’amplitude de cet effet lorsque la source est correctement récupérée. Sur la base de ces données, plusieurs auteurs ont avancé l’idée que l’effet pariétal pourrait varier de manière graduée plutôt que selon un phénomène en tout-ou-rien. Son amplitude serait ainsi proportionnelle à la quantité d’information récupérée (Rugg, 1995 ; Vilberg, Moosavi, & Rugg, 2006 ; Wilding, 2000 ; Wilding & Rugg, 1996). Dans ce sens, Wilding (2000) a montré que l’amplitude de l’effet pariétal variait en fonction du nombre de jugements de source corrects. De nombreuses recherches se sont intéressées à l’influence du vieillissement sur l’effet pariétal. L’étude de cette composante présente un intérêt certain pour la compréhension des opérations de récupération en mémoire dans le déficit mnésique lié à l’âge. On considère qu’il s’agit d’un indicateur électrophysiologique du processus de remémoration pour lequel les études comportementales ont montré qu’il était déficitaire chez les sujets âgés (Davidson & Glisky, 2002). La précision temporelle de la méthode des potentiels évoqués a permis de montrer que l’effet pariétal apparaît fréquemment de manière plus tardive chez des adultes âgés que chez des sujets jeunes (Friedman & Johnson, 2000 ; Friedman et al., 2007). Cette observation est cohérente avec le ralentissement de traitement observé au cours du vieillissement (Salthouse, 1996). La plupart des travaux ont également observé un effet pariétal moins ample, voire absent chez les sujets âgés par rapport aux sujets jeunes (Ally et al., 2008 ; Fjell, Walhovd, & Reinvang, 2005 ; Guillaume et al., 2009 ; Joyce, Paller, McIsaac, & Kutas, 1998 ; Langeslag & Van Strien, 2008 ; Morcom & Rugg, 2004 ; Nielsen-Bohlman & Knight, 1995 ; Rugg, Mark, Gilchrist, L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 610 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini & Roberts, 1997 ; Swick & Knight, 1997 ; Walhovd et al., 2006 ; Wolk et al., 2008). Plusieurs études ont mis en évidence une corrélation négative entre l’amplitude de cette composante et l’âge (Fjell et al., 2005 ; Guillaume et al., 2009 ; Walhovd et al., 2006), indiquant un déclin linéaire au cours du vieillissement. L’amplitude de l’effet pariétal était réduite précocément au cours du vieillissement, dès 58 ans. En revanche, l’effet frontal restait intact jusqu’à 65 ans. Étant donné que l’amplitude de l’effet pariétal serait proportionnelle à la quantité des informations récupérées, ces résultats vont dans le sens des données comportementales qui montrent que la quantité d’informations contextuelles récupérées est réduite chez les sujets âgés. Les études de Li, Morcom, et Rugg (2004) et Swick, Senkfor, et Van Petten (2006) ont permis de préciser que l’amplitude de l’effet pariétal était réduite chez les participants âgés par rapport aux participants jeunes, mais uniquement au niveau de l’hémisphère gauche. Selon ces auteurs, une composante négative focalisée à gauche chez les sujets âgés se superposerait à l’effet pariétal gauche et l’empêcherait d’émerger. D’autre part, l’effet pariétal est parfois distribué de façon plus antérieure chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes (Fjell et al., 2005 ; Walhovd et al., 2006). Ce résultat est intéressant puisqu’il suggère que le shift antéro-postérieur décrit dans le modèle PASA (Davis et al., 2007 ; Dennis & Cabeza, 2008) pourrait se refléter au niveau électrophysiologique. En outre, des différences de latéralisation liées à l’âge peuvent également apparaître au niveau de l’effet pariétal. Dans une tâche de rappel indicé par des trigrammes (trois premières lettres d’un mot), cette composante était prédominante à gauche pour les sujets jeunes mais symétriquement distribuée sur les deux hémisphères chez les sujets âgés (Angel, Fay, Bouazzaoui, Granjon, & Isingrini, 2009). Ce pattern symétrique est en accord avec le modèle HAROLD (Cabeza, 2002) selon lequel le vieillissement s’accompagne d’une réduction de l’asymétrie hémisphérique fonctionnelle. Bien que l’ensemble de ces études indique l’existence d’un effet significatif de l’âge sur les aspects quantitatifs et qualitatifs de l’effet pariétal, un certain nombre de recherches n’ont pas permis de mettre en évidence un tel résultat. Ainsi, l’amplitude et/ou la topographie de l’effet pariétal sont parfois identiques chez les adultes jeunes et âgés (Ally et al., 2008 ; Angel et al., 2009 ; Mark & Rugg, 1998 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002). Plusieurs hypothèses ont été avancées pour tenter d’expliquer ces divergences de résultats. Wolk et al. (2008) suggèrent que l’effet de l’âge sur l’effet pariétal est moins prononcé dans des conditions d’encodage favorables à la mémorisation. Par exemple, les travaux qui ont trouvé un effet pariétal préservé chez les sujets âgés utilisaient un encodage incident avec une tâche orientée L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 611 de nature sémantique (Li, Morcom, & Rugg, 2004 ; Mark & Rugg, 1998) ou un encodage intentionnel d’un matériel favorisant une élaboration sémantique spontanée (Ally et al., 2008 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002). Il a été également montré qu’une présentation supplémentaire des items lors de la phase d’étude, améliorant la qualité de l’encodage en mémoire, entraîne l’apparition d’un effet pariétal intact chez les sujets âgés, celui-ci étant absent lorsque les items sont présentés une seule fois (Nessler, Friedman, Johnson, & Bersick, 2007). La réduction de l’effet pariétal chez les adultes âgés pourrait donc s’expliquer par un déficit lié à la mise en œuvre de processus élaborés lors de l’encodage. L’étude de Nessler et al. (2007) suggère de plus que ce déficit pourrait, en accord avec l’hypothèse du support environnemental (Craik, 1986 ; Craik & Byrd, 1982 ; Craik & Jennings, 1992), être compensé par des conditions d’apprentissage adaptées. Toutefois, la nature de l’encodage ne permet pas d’expliquer tous les résultats puisque l’effet pariétal est souvent moins ample chez les sujets âgés que les sujets jeunes en dépit de l’utilisation d’une tâche orientée de nature sémantique lors de l’apprentissage. Friedman (2008) insiste sur l’importance de prendre en compte le type de tâche proposée lors de la phase test. En effet, un point commun qui semble crucial dans la plupart des études ayant trouvé une préservation de l’effet pariétal lors du vieillissement normal est qu’elles incluent en plus du jugement de reconnaissance un jugement de mémoire de source qui pourrait constituer un support pour la récupération (Li et al., 2004 ; Mark & Rugg, 1998 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002 mais voir Ally et al., 2008). Dans ce sens, les différences liées à l’âge seraient plus marquées dans les tâches de reconnaissance qui n’exigent pas explicitement la récupération des détails du contexte d’apprentissage. Dans ce cas, les sujets âgés présenteraient des difficultés à initier par eux-mêmes ces processus de remémoration (mais voir Guillaume et al. (2009) qui ont observé une réduction de l’amplitude de l’effet pariétal avec l’âge bien que leur tâche impliquait la récupération d’éléments contextuels). En conclusion, il semble que les différences liées à l’âge observées sur l’effet pariétal soient déterminées à la fois par le niveau d’élaboration de l’encodage et par l’exigence explicite de récupération de détails contextuels. De plus, comme nous le verrons plus loin, les divergences entre les études pourraient également provenir de l’hétérogénéité des populations incluses dans les différents travaux. Certaines études indiquent que certaines caractéristiques individuelles (Fjell et al., 2005 ; Guillaume et al., 2009 ; Walhovd et al., 2006 ; Duarte et al., 2006) sont susceptibles de moduler l’impact du vieillissement sur l’effet old/new pariétal. L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 612 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini Effet frontal tardif Cette troisième composante de l’effet old/new est prédominante au niveau frontal et est parfois maximale à droite. Elle apparaît relativement tardivement, entre 600 et 1 000 ms et se maintient généralement plusieurs centaines de millisecondes. Bien que cet effet ait été fréquemment observé, aucun consensus n’a été établi sur sa signification fonctionnelle. À l’heure actuelle, l’interprétation dominante considère l’effet frontal droit comme le reflet de processus de contrôle ou d’évaluation qui sont opérés sur les produits de la récupération (Friedman & Johnson, 2000 ; Wilding, 1999 ; Wilding & Sharpe, 2003). Cette interprétation s’appuie notamment sur les résultats de travaux portant sur la manipulation de la profondeur de traitement à l’encodage et sur l’oubli dirigé. Ainsi, en manipulant la profondeur de traitement à l’encodage, Rugg, Allan, et Birch (2000) ont montré que l’effet frontal tardif était plus large pour les items encodés de façon superficielle que pour les items encodés sémantiquement. De même, Ullsperger, Mecklinger, et Muller (2000) ont mis en évidence avec un paradigme d’oubli dirigé que l’effet frontal tardif présentait une amplitude plus importante pour les items à oublier que les items à mémoriser. Des items étudiés avec une tâche superficielle ou devant être oubliés seraient associés à une trace mnésique moins forte et nécessiteraient en conséquence la mise en place de processus de récupération plus contrôlés et de vérification du produit de cette récupération lors de la phase test. Les résultats concernant les effets de l’âge sur la composante frontale tardive se sont également avérés contradictoires et difficiles à interpréter. Plusieurs études ont montré une diminution de l’amplitude de l’effet old/new frontal tardif avec l’âge (Senkfor & Van Petten, 1998 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002). Trott et al. (1999) ont observé cet effet uniquement chez les sujets jeunes, en utilisant une tâche de mémoire de source (jugement temporel). Cependant, dans cette étude, l’absence de l’effet frontal tardif chez les participants âgés pourrait être la conséquence d’un taux de jugement de source correct très faible. Pour pallier ce problème, Wegesin et al. (2002) ont reproduit l’expérience en effectuant certaines modifications méthodologiques dans le but d’augmenter la performance de mémoire de source (temps d’étude illimité, double présentation des items, tâche d’encodage sémantique, réduction de la longueur de la liste). Malgré ces manipulations, les participants âgés ne présentaient toujours pas d’effet frontal tardif. Les auteurs en ont conclu que les stratégies de recherche de la source sont altérées dans le vieillissement normal. Pourtant, l’ensemble des autres travaux qui se sont intéressés à l’effet frontal tardif ont trouvé qu’il était intact chez les L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 613 sujets âgés (Ally et al., 2008 ; Li et al., 2004 ; Mark & Rugg, 1998 ; Wolk et al., 2008). Cette composante pourrait notamment être mise en jeu par les individus âgés dont les processus de remémoration sont déficitaires, pour contrôler le produit de la recherche en mémoire basée plutôt sur la familiarité et ainsi limiter le nombre de fausses alarmes (Ally et al., 2008). En accord avec cette idée, Swick et al. (2006) ont mis en évidence que la réduction de l’amplitude de l’effet pariétal était associée à la présence d’un effet old/new tardif au niveau frontal gauche spécifiquement chez les sujets âgés. Ce phénomène suggère pour les auteurs l’existence de processus compensatoires. De plus, une étude récente de Wolk et al. (2008) a mis en évidence un effet frontal tardif dont l’amplitude était supérieure chez les participants les plus âgés. Selon ces auteurs, cette activité plus importante chez les sujets âgés reflèterait une tentative de compensation de leurs déficits. Cette interprétation est cohérente avec les données issues de la neuroimagerie qui montrent que les adultes âgés « sur-activent » parfois certaines régions frontales par rapport aux sujets jeunes pendant l’encodage et la récupération. Les modèles HAROLD (Cabeza, 2002) et PASA (Davis et al., 2007 ; Dennis & Cabeza, 2008) suggèrent que ces activations supplémentaires pourraient avoir un rôle compensatoire au cours du vieillissement. Les résultats de Wolk et al. (2008) sont également en accord avec le modèle de déplacement de la charge proposé par Velanova, Lustig, Jacoby, et Buckner (2007) qui postule que les adultes âgés compenseraient leur déficit en engageant des ressources supplémentaires lors des étapes tardives du processus de récupération. Enfin, il faut également noter qu’une étude récente a mis en évidence l’apparition d’un effet tardif au niveau frontal gauche chez des adultes âgés, mais inverse par rapport à l’effet old/new classique (Langeslag & Van Strien, 2008). Les potentiels évoqués par les items nouveaux correctement rejetés présentaient une déflection positive comparés à ceux obtenus par les items anciens correctement reconnus. Au vu des données actuelles, il paraît prématuré de conclure sur le lien entre le vieillissement normal et l’effet frontal tardif. Cet effet peut être soit absent, soit intact, voire d’amplitude supérieure chez les sujets âgés par rapport aux sujets jeunes. De plus, une autre composante frontale tardive, inversée par rapport à l’effet old/new classique, a été récemment observée spécifiquement chez des individus âgés. Des travaux supplémentaires sont nécessaires pour préciser les conditions d’apparition de ces effets frontaux tardifs au cours du vieillissement normal et leur signification fonctionnelle. Le Tableau 1 présente les principales caractéristiques de ces trois composantes et synthétise les résultats des études qui se sont intéressées à l’impact du vieillissement sur ces effets. L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Effet Dm Difference for subsequent memory Effet old/new frontal précoce ENCODAGE RECUPERATION L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Dans une tâche de reconnaissance, les PEs par des items précédemment étudiés et correctement reconnus sont plus positifs que les PEs par des items non étudiés qui sont correctement rejetés Au moment de l’encodage, les PEs par des items ultérieurement récupérés sont plus positifs que les PEs par des items oubliés Description A partir de 300 ms500 ms post-stimulus 400 ms1 000 ms post-stimulus Latence Médio-frontal Pariétal, et parfois frontal gauche Topographie Processus de familiarité Processus d’encodage épisodique élaborés Signification fonctionnelle Latence : pas de différence liée à l’âge Topographie : pas de différence liée à l’âge Amplitude : - Effet identique chez SJ et SA (Ally et al., 2008 ; Angel et al. 2009 ; Duarte et al., 2006 ; Morcom & Rugg, 2004 ; Nessler et al., 2007 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin, et al., 2002) - Effet réduit ou absent chez SA (Ally et al., 2008 ; Duarte et al., 2006 ; Guillaume et al., 2009 ; Gutchess et al., 2007 ; Wolk et al., 2008) - Friedman et al. (1996) : Effet Dm chez SJ mais pas SA - Friedman & Trott (2000) : Effet Dm uniquement pour réponses Remember chez SJ ; Effet Dm pour réponses Remember et Know chez SA, plus diffus que les SJ - Gutchess et al. (2007) : Effet Dm identique dans les deux groupes d’âge Effets du vieillissement Table 1. Main electrophysiological memory effects and age-related differences on these effects. Tableau 1. Principaux effets électrophysiologiques associés à la mémoire épisodique et différences liées à l’âge sur ces effets. 614 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini Dans une tâche de reconnaissance, les PEs par des items précédemment étudiés et correctement reconnus sont plus positifs que les PEs par des items non étudiés qui sont correctement rejetés Effet old/new pariétal À partir de 400 ms-500 ms post-stimulus et pendant 500 ms-800 ms À partir de 600 ms-1 000 ms post-stimulus Latence PEs : Potentiels évoqués ; SJ : Sujets jeunes ; SA : Sujets âgés Dans une tâche de reconnaissance, les PEs par des items précédemment étudiés et correctement reconnus sont plus positifs que les PEs par des items non étudiés qui sont correctement rejetés Effet old/new frontal tardif Description Signification fonctionnelle Effets du vieillissement Pariétal, parfois prédominant à gauche Processus de remémoration Latence : Effet plus tardif chez les SA (Friedman & Johnson, 2000) Topographie : - Effet plus antérieur chez les SA (Fjell et al., 2005 ; Walhovd et al., 2006) - Effet plus symétrique chez les SA (Angel et al., 2009) Amplitude : - Effet identique chez SJ et SA (Ally et al., 2008 ; Angel et al., 2009 ; Mark & Rugg, 1998 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002) - Effet réduit ou absent chez SA (Ally et al., 2008 ; Fjell et al., 2005 ; Guillaume et al., 2009 ; Joyce et al., 1998 ; Li et al., 2004 ; Langeslag & Van Strien, 2008 ; Morcom & Rugg, 2004 ; Nielsen-Bohlman & Knight, 1995 ; Rugg et al., 1997 ; Swick & Knight, 1997 ; Walhovd et al., 2006 ; Wolk et al., 2008) Frontal, parfois Processus de contrôle Latence : pas de différence liée à l’âge prédominant à droite sur les produits de la Topographie : pas de différence liée à l’âge récupération Amplitude : - Effet identique chez SJ et SA (Ally et al., 2008 ; Li et al., 2004 ; Mark & Rugg, 1998 ; Wolk et al., 2008) - Effet réduit ou absent chez SA (Senkfor & Van Petten, 1998 ; Trott et al., 1999 ; Wegesin et al., 2002) Topographie Tableau 1. (Suite) Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 615 L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 616 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini VARIABILITÉ INTER-INDIVIDUELLE DANS LES PATTERNS ÉLECTROPHYSIOLOGIQUES ASSOCIÉS à LA MÉMOIRE ÉPISODIQUE AU COURS DU VIEILLISSEMENT Il existe au cours du vieillissement une forte variabilité cognitive et neurocognitive. Un certain nombre de caractéristiques individuelles pourraient ainsi contribuer à moduler les effets du vieillissement sur les fonctions cognitives (Anstey, Christensen, & Street, 2000 ; Lemaire & Bherer, 2005). Pour certains auteurs, les caractéristiques individuelles formeraient une réserve dont dispose l’individu et qui permettrait de réduire les effets du vieillissement (Stern, 2002, 2003, 2009). Dans ce sens, des travaux en neuroimagerie fonctionnelle ont pu mettre en évidence que les patterns d’activations présentés par des adultes âgés au cours de tâches de mémoire varient en fonction de ces facteurs individuels (Scarmeas et al., 2003 ; Stern et al., 2005). Une méthode pour étudier les effets de cette variabilité inter-individuelle consiste à contraster des groupes de sujets sélectionnés sur la base de caractéristiques démographiques ou de leur performance à des épreuves neuropsychologiques (Cabeza, 2002 ; Friedman, 2003). Cette approche permet notamment de déterminer si un pattern de réorganisation cérébrale observé chez des individus âgés est le reflet de processus déficients ou compensatoires. Quelques études en potentiels évoqués ont utilisé cette stratégie pour déterminer si les effets de l’âge sur les diverses composantes électrophysiologiques diffèrent selon certaines caractéristiques individuelles comme le niveau d’étude ou les capacités mnésiques (Friedman, 2003). Dans une recherche récente, Duarte et al. (2006) ont étudié l’impact du niveau de performance mnésique sur le lien entre l’âge et les corrélats électrophysiologiques des processus de familiarité et de remémoration. Pour cela, les participants étudiaient des dessins d’objets avec deux types de tâches sémantiques puis, lors de la phase test, devaient fournir un jugement R, K ou Nouveau pour chaque item et enfin indiquer à quelle tâche sémantique l’item était associé lors de l’apprentissage. Les participants âgés étaient répartis en deux sous-groupes en fonction de leur performance globale à la tâche de reconnaissance. Dans le groupe de sujets âgés de haut niveau, l’effet électrophysiologique associé aux processus de remémoration (effet pariétal) était identique à celui obtenu par les jeunes alors qu’il était d’amplitude réduite pour les individus âgés de bas niveau mnésique. Cette étude semble indiquer que la réduction de l’effet pariétal qui sous-tend la remémoration serait spécifique L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 617 des sujets âgés de bas niveau. Cela pourrait expliquer les divergences de résultats observées entre les travaux portant sur les différences liées à l’âge sur l’effet pariétal. En revanche, l’effet frontal reflétant les processus de familiarité n’était significatif pour aucun des deux groupes de participants âgés. L’absence de cette composante chez les individus âgés de haut niveau est assez surprenante compte tenu du fait que leur capacité à récupérer des informations sur la base de la familiarité était préservée dans cette étude. Les auteurs ont en conséquence suggéré que les jugements de familiarité chez les sujets âgés pourraient être sous-tendus par d’autres composantes électrophysiologiques que l’effet frontal précoce. Il est à noter de plus que les sujets âgés de bas niveau mnésique présentaient une composante tardive au niveau frontal associée aux processus de remémoration qui n’était pas observée pour les deux autres groupes. Les auteurs supposent que cette composante pourrait refléter une tentative inefficace de compensation des déficits de familiarité et de remémoration. Dans une approche similaire, Wolk et al. (2008) ont observé que l’effet old/new frontal tardif était plus large chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes, mais que cette différence était plus prononcée pour les individus les moins performants. En accord avec le modèle de déplacement de la charge de Velanova et al. (2007), les auteurs interprètent ce résultat en supposant que la composante frontale tardive serait à nouveau le reflet de processus compensatoires tardifs mis en œuvre lorsque les processus de récupération plus précoces ont été peu efficaces. Une autre étude a étudié le lien entre la performance mnésique et les effets du vieillissement sur l’amplitude et la topographie de l’effet pariétal (Walhovd et al., 2006). Les résultats ont indiqué que cette composante était d’amplitude réduite et plus antérieurement distribuée chez les sujets âgés que chez les sujets jeunes. D’autre part, le shift antéro-postérieur était plus marqué pour les individus âgés présentant les plus faibles performances mnésiques. Cette dernière observation suggère que cette réorganisation cérébrale chez les âgés serait plutôt le reflet d’un dysfonctionnement que d’une compensation. Un autre facteur susceptible de moduler les effets du vieillissement sur l’activité cérébrale liée à la mémoire est le niveau d’étude. En effet, une étude en IRMf de Springer, McIntosh, Winocur, et Grady (2005) a mis en évidence que l’effet de l’âge sur l’activité cérébrale lors d’une tâche de reconnaissance épisodique variait en fonction du niveau d’étude des sujets. Chez les sujets jeunes, une performance mnésique élevée et un haut niveau d’étude étaient associés à une augmentation des activations plus importante au niveau médio-temporal qu’au niveau frontal. À l’inverse, la performance et le niveau d’étude des sujets âgés étaient corrélés au niveau d’activation frontale. Une seule recherche s’est jusqu’à présent intéressée L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 618 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini à l’influence du niveau d’étude sur les corrélats électrophysiologiques de la mémoire épisodique. Czernochowski, Fabiani, et Friedman (2008) ont divisé leur groupe de participants âgés en deux sous-groupes en fonction de leur niveau socio-économique en constituant un indice prenant en compte différents facteurs dont le niveau d’étude. Cette étude portait sur une tâche de reconnaissance associée à un jugement de source (jugement de récence). La performance moyenne de reconnaissance des deux sous-groupes de sujets âgés était similaire à celle du groupe de sujets jeunes. En revanche, les individus âgés de bas niveau socio-économique présentaient un déficit de mémoire de source par rapport aux deux autres groupes. Les analyses se sont centrées sur les potentiels évoqués par les jugements de récence et de reconnaissance. Le résultat principal concerne une onde lente négative maximale au niveau frontal, observée pour les jugements de source corrects par rapport aux jugements de source incorrects. Cette onde apparaissait spécifiquement pour les sujets âgés de haut niveau et a été interprétée comme le reflet de processus compensatoires qui leur permettraient d’atteindre un niveau de performance de mémoire de source identique à celui des sujets jeunes. Étant donné qu’aucune stratégie d’encodage n’était proposée dans cette étude, les auteurs suggèrent que les participants de haut niveau ont probablement réussi à encoder plus d’éléments sémantiques en lien avec les items cibles. Au moment des essais tests, ils pouvaient s’appuyer sur ces informations sémantiques pour juger de la force de la trace mnésique associée à chaque item, permettant ainsi des jugements de récence plus précis. Cette expérience a montré pour la première fois que le pattern électrophysiologique observé chez des adultes âgés pendant une tâche de mémoire diffère en fonction de leur niveau socio-économique. Cependant, cette étude n’a pas analysé l’effet old/new, considéré comme le corrélat privilégié du succès de récupération. De plus, tous les sujets jeunes étaient d’un haut niveau socio-économique, les sujets âgés de bas niveau ne possédaient donc pas de groupe contrôle. Une recherche réalisée dans notre laboratoire a cherché à préciser l’influence du niveau d’étude sur les différences liées à l’âge dans les corrélats électrophysiologiques du succès de récupération (Angel, Fay, Bouazzaoui, Baudouin, & Isingrini, en révision). Pour cela, nous avons comparé les potentiels évoqués obtenus par quatre sous-groupes de sujets dissociés en fonction de leur âge (jeunes versus âgés) et de leur niveau d’étude (haut versus bas) dans une tâche de rappel indicé par des trigrammes. Au niveau comportemental, le déficit mnésique lié à l’âge était moins marqué pour les sujets les plus scolarisés. Chez les individus possédant un haut niveau d’étude, aucune différence liée à l’âge n’était présente au niveau des composantes frontales de l’effet old/new supposées refléter les processus de familiarité et de contrôle. L’effet L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 619 pariétal, classiquement associé aux processus de remémoration, présentait le même décours temporel dans les deux groupes d’âge de haut niveau d’étude mais était moins ample chez les sujets âgés. Il était prédominant au niveau de l’hémisphère gauche seulement chez les sujets jeunes. À l’inverse, pour les sujets possédant un bas niveau d’étude, un effet robuste au niveau frontal était présent chez les participants jeunes mais absent chez les participants âgés. Chez ces derniers, l’effet old/new était significatif uniquement au niveau pariétal droit, plus tardivement, moins durablement et avec une amplitude réduite par rapport à l’effet pariétal présenté par les sujets jeunes qui lui était focalisé au niveau de l’hémisphère gauche. Globalement, les différences entre participants jeunes et âgés concernant l’effet old/new (latence, amplitude) étaient donc plus prononcées pour les individus possédant le plus bas niveau d’étude. De plus, la distribution symétrique de l’effet pariétal était spécifique aux sujets âgés de haut niveau d’étude. Cette dernière observation est cohérente avec celles des travaux menés en neuroimagerie fonctionnelle qui suggèrent que la réduction de l’asymétrie hémisphérique est observée plus fréquemment pour les individus possédant un haut niveau cognitif (Cabeza, Anderson, Locantore, & McIntosh, 2002 ; Daselaar, Veltman, Rombouts, Raaijmakers, & Jonker, 2003 ; Rosen et al., 2002). Ce type de résultat constitue un argument fort en faveur d’une interprétation du pattern décrit par le modèle HAROLD en terme de compensation (Cabeza, 2002). L’hémisphère controlatéral pourrait constituer un réservoir de ressources disponibles pour les sujets possédant un haut niveau d’étude, qui leur permet d’être plus performants dans une tâche de mémoire. CONCLUSION Cette revue de la littérature montre que le déclin de la mémoire épisodique au cours du vieillissement normal se reflète au niveau électrophysiologique. Les travaux confirment en effet qu’il existe des différences liées à l’âge au niveau des indicateurs électrophysiologiques des processus d’encodage et de récupération en mémoire épisodique. L’effet Dm, supposé refléter la qualité des traitements liés à l’encodage est parfois altéré chez les sujets âgés par rapport aux sujets jeunes. D’autres composantes liées à l’encodage en mémoire épisodique subissent également les effets du vieillissement. Ces modifications électrophysiologiques avec l’avancée en âge refléteraient l’existence de déficits dans la mise en œuvre de traitements élaborés lors L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 620 Lucie Angel r Séverine Fay r Michel Isingrini de l’encodage. D’autre part, l’effet old/new, à travers ses trois composantes principales (effet frontal précoce, effet pariétal et effet frontal tardif) semble être un bon indicateur des processus qui sous-tendent le succès de la récupération en mémoire épisodique. Les travaux recensés dans cet article montrent que certaines caractéristiques de cet effet subissent des modifications au cours du vieillissement. Cependant, l’impact du vieillissement dépend de la composante considérée. Enfin, de récentes études mettent en avant l’importance de prendre en compte les caractéristiques individuelles dans les patterns électrophysiologiques liés à la mémoire dans le vieillissement normal. En effet, les différences liées à l’âge sur l’effet old/new sont modulées par des facteurs individuels comme le niveau de performance mnésique ou le niveau d’étude. Ces caractéristiques individuelles pourraient contribuer à définir la capacité de réserve dont dispose un individu pour réagir aux effets délétères du vieillissement (Friedman, 2003 ; Stern, 2002, 2003, 2009). La méthode des potentiels évoqués apparaît donc comme un outil d’investigation précieux dans l’étude du vieillissement mnésique et de ses bases cérébrales. Grâce à son excellente résolution temporelle, elle permet d’analyser les effets du vieillissement sur les différentes étapes de l’encodage et de la récupération en mémoire épisodique. Cette technique pourrait s’avérer intéressante dans la perspective de l’élaboration d’outils diagnostiques précoces de la maladie d’Alzheimer. En effet, des travaux suggèrent que les patients souffrant de cette pathologie présentent des effets old/new anormaux voire absents, reflétant leurs déficits en mémoire épisodique (Olichney et al., 2006). Ces altérations sont observées très précocement et s’accentuent au cours de l’évolution de la maladie. Les potentiels évoqués sont également susceptibles d’apporter des informations cruciales pour la compréhension des phénomènes de réorganisation fonctionnelle observés chez les personnes âgées. En effet, une question importante dans le domaine des neurosciences cognitives du vieillissement concerne la signification fonctionnelle des modifications cérébrales qui apparaissent chez les sujets âgés. Si la plupart des recherches se sont attachées à rendre compte des altérations cérébrales qui sous-tendent les déficits cognitifs liés à l’âge, un intérêt particulier est aujourd’hui porté aux mécanismes compensatoires qui les accompagnent. Dans cette optique, l’approche différentielle qui a récemment émergé dans la littérature, notamment dans les travaux en électrophysiologie, semble particulièrement prometteuse (Friedman, 2003). Ce type de recherche devrait permettre de préciser les facteurs qui, en contribuant à la capacité de réserve de l’individu, modulent les effets du vieillissement sur l’organisation neurofonctionnelle et ainsi, permettre d’entrevoir la façon dont on pourrait optimiser le L’année psychologique, 2010, 110, 595-628 Électrophysiologie, mémoire épisodique et vieillissement 621 fonctionnement neurocognitif de la personne âgée. Explorer l’impact de ces facteurs semble d’autant plus important qu’ils sont également susceptibles d’influencer l’expression clinique de certaines pathologies neurodégénératives du vieillissement (Stern, 2002, 2003, 2009). Cela devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes qui permettent à certains individus âgés de conserver de bonnes performances mnésiques malgré des altérations neurophysiologiques pathologiques. D’autre part, les études ultérieures pourraient s’attacher à mettre en lien l’activité cérébrale et la performance cognitive (Grady, 2008). Cela devrait permettre de déterminer si les différences d’activité cérébrale liées à l’âge (par exemple, le pattern HAROLD) sont le reflet de processus déficients ou à l’inverse de processus compensatoires. Cependant, il convient de garder présent à l’esprit que la résolution spatiale de la méthode des potentiels évoqués reste limitée. De plus, les signaux de l’EEG sont produits principalement par des courants corticaux et l’activité des structures profondes comme l’hippocampe est moins facilement détectée. Afin de gagner en précision spatiale, on pourrait utiliser des techniques de reconstruction des sources des signaux électrophysiologiques, la magnétoencéphalographie, ou encore coupler l’enregistrement des potentiels évoqués à des paradigmes événementiels en IRMf. Ce type de démarche n’a encore jamais été adopté pour explorer les corrélats cérébraux du vieillissement mnésique mais constitue néanmoins une piste prometteuse pour les recherches futures. Reçu le 16 juin 2009. Révision acceptée le 3 novembre 2009. BIBLIOGRAPHIE Allan, K., Wilding, E., & Rugg, M. D. (1998). Electrophysiological evidence for dissociable processes contributing to recollection. Acta Psychologica, 98, 231-252. Ally, B. A., Waring, J. D., Beth, E. H., McKeever, J. D., Milberg, W. P., & Budson, A. E. (2008). Aging memory for pictures: Using high-density event-related potentials to understand the effect of aging on the picture superiority effect. Neuropsychologia, 46, 679-689. Anderson, N. 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