Les relations évolutives et ambiguës entre le sport et les médias

Transcription

Les relations évolutives et ambiguës entre le sport et les médias
Les relations évolutives et
ambiguës entre le sport et les
médias
Université du temps libre,
16 novembre 2006
Claude SOBRY
Economiste
Professeur des Universités
Directeur du laboratoire de sciences sociales
Sport Identité Culture (SIC)
FSSEP Université de Lille 2
Du sport au sport spectacle
De l’amateurisme comme
modèle unique au
développement de la
commercialisation du sport
Dates clés des relations entre le sport et les médias
1960- Les Jeux Olympiques de Rome sont retransmis en direct en Europe
1968- Les Jeux Olympiques de Mexico sont diffusés en couleur
1970- La publicité de marque est autorisée sur les deux chaînes
1972- Lancement de la troisième chaîne
1974- Eclatement de l’ORTF. Création de TF1, Antenne 2, France Régions 3
1976- TF1 passe en couleur. Jeux Olympiques de Montréal en couleur
(droits 34,8 millions $
1978- Arrivée des premiers magnétoscopes grand public. 15 millions de
téléspectateurs en France
1978- Première retransmission en direct et en intégralité des internationaux
de tennis de Roland Garos
1982- Le monopole de la diffusion est aboli. Lancement du plan câble
1984- Apparition de Canal+ et premier match de division 1 diffusé par cette
chaîne
1987- privatisation de TF1
1988- Lancement de TVSport, première chaîne par câble et satellite
entièrement consacrée au sport
1992- Création de France Télévision
1994- prés de 25 millions de téléviseurs
Dates clés des relations entre le sport et les médias
• Après 30 ans de monopole de l’émission hertzienne le
câble apparaît au milieu des années 1980
• Le satellite au début des années 1990
• 1984, création de Canal+ et de BSkyB (News
Corporation)
• 1986, création de la Cinq
• 1987, création de M6 et privatisation de TF1
• Années ’90, développement des signaux numériques
• Seconde moitié des années ’90, apparition d’Internet
dans les foyers
Dates clés des relations entre le sport et les médias
• 1999, premier match retransmis par Internet
• Novembre 2004, la i-télévision peut se regarder
sur les téléphones de la troisième génération
• Mars 2005, TNT, télévision numérique terrestre
• 2006, lancement en Italie de la télévision haute
définition à l’occasion des J.O. de Turin, le
tournoi de Roland Garros pour la France
La mise en spectacle du sport
La mise en spectacle du sport
- Mise en esthétique des lieux et des équipements
La mise en spectacle du sport
Mise en esthétique des acteurs
Ying He (Chine) J.O.
Sydney, 2000
Léontine Van
Morseel-Zijlaard
(Hollande)
Sharapova
La mise en spectacle du sport
Le spectateur, acteur du spectacle
La mise en spectacle du sport
Le rôle de la mise en image et du commentaire sportif
Essai de définition
du sport spectacle
Ensemble des manifestations sportives dont l’organisation
met en scène des pratiques sportives afin de satisfaire à la fois
une demande de spectacle vivant pour des spectateurs directs
et une demande d’information et de divertissement pour des
téléspectateurs. Les spectateurs directs peuvent faire partie de
la spectacularisation. Choisies par les responsables des
chaînes de télévision pour leurs qualités télévisuelles et leur
impact en terme d’audience, ces manifestations sont adaptées
en fonction des exigences de ce média et servent de support à
de multiples formes de communication.
La place du sport dans la sphère économique
Accords
i-télévision
Opérateurs
de téléphonie
sans fil
Sites
Internet
Opérateurs
de
télévision
Organisateur
s de
manifestation
s sportives
Spectateurs
Téléspectateurs
Auditeurs radio
Consommateurs
Internautes
Utilisateurs de
téléphonie mobile
Portails
Internet
Sportifs
Opérateur
s Internet
Entreprises
Communication - publicité
Source : C. SOBRY
Radios dont
numériques
Figure 3 : Les relations entre le
monde du sport et celui de
l’économique ; introduction des
NTCI
Structure du Groupe Kirch avant sa faillite
Le rôle des médias dans l’inflation
des droits de retransmission des
évènements sportifs
Inflation des droits de
retransmission
• 2005, Arena emporte le marché allemand pour
1,260 G€ pour les saisons 2006 à 2009, 420
M/saison, soit 118 M de plus que pour le contrat
précédent.
• GB : BSkyB (SkySport) achéte les droits de la
Premier League de juin 2004 à juin 2007 pour
1,486 G, soit 553 M/saison
• Pour 2007-2010, Sky achète 4 lots, Setanta 2
lots. Total 2,473 G soit 830 M/an et une
augmentation de 65% des droits
• France : Canal+ paie 305 millions par an en
2003-2004. Le groupe débourse 600 M/an sur 3
ans à partir de 2006
Inflation des droits de retransmission
• Rugby : France Télévision- contrat 2006-2010
pour 12,5 M/an, soit 3 fois le contrat précédent
• 2005, TF1 signe un contrat pour la F1 jusqu’en
2011. 40 M en 2011
• Coupe du monde de rugby de 2007 et 2011
pour 80 M pour TF1
• Équipe de France de football: TF1 signe un
contrat de 2006 à 2010 pour 45,35M, 5M par
match, soit 18M de plus que pour les saisons
précédentes
• Coupe de France : 14,15M/an jusqu’en 2010
soit 3M de plus par an
Droits de retransmission des Jeux Olympiques
(en million de dollars)
Jeux Olympiques d’été
Jeux Olympiques d’hiver
Année
Lieu
Droits TV Année
Lieu
Droits
TV
1988
Séoul
403
1988
Calgary
324
1992
Barcelone
636
1992
Albertville
292
1996
Atlanta
895
1994
Lillehamm
353
er
2000
Sydney
1322,5
1998
Nagano
513
2004
Athènes
1476,5
2002
Salt Lake
748
City
2008
Pékin
1690,8
2006
Turin
833
1.
JEUX D'ETE
Année
Lieu
Droits en millions
de $ courants
Nombre de pays
retransmettant les
J.O.
21
Année
Lieu
1960
Rome
1964
Tokyo
1,2
(dont CBS 0,394
et EBU 0,7)
2,6
(dont NBC 1,5,
EBU nc.))
1960
Squaw Valley
40
1964
Lake Placid
1968
Mexico
Nc
1968
Grenoble
1972
München
98
1972
Sapporo
1976
Montréal
124
1976
Innsbruck
1980
Moscou
111
1980
Lake Placid
1984
Los
Angeles
287
(dont ABC 225 et
EBU 22)
156
1984
1988
Séoul
403
(dont NBC 300 et
EBU 30,2)
160
1992
Barcelona
1996
Atlanta
2000
Sydney
2004
Athènes
636
(dont NBC 401 et
EBU 94,5)
895
(dont NBC 456*
et EBU 247,5)
Plus de 1322,5
(dont NBC 705 et
EBU 350)*
1476,5
(dont NBC 793 et
EBU 394)*
2008
Droits pour les JO
Pekin
9,8
(dont ABC 4,5 et
EBU 1)
17,8
(dont ABC 7,5 et
EBU 2)
34,9
(dont ABC 25 et
EBU 6,6)
88
(dont NBC 87 et
EBU 7,1)
1690,8
(dont NBC 894 et
EBU 443)
JEUX D'HIVER
Droits en
millions de $
courants
0,05
(dont CBS
0,05)
0,9
(dont ABC
0,597 et EBU
0,3)
2,6
(dont ABC 2,5
et EBU 0,5)
8,4
(dont NBC 6,4
et EBU 1,4)
11,6
(dont ABC 10
et EBU 1,2)
20,7
(dont ABC 15,5
et EBU 4.0)
Nombre de pays
retransmettant les
J.O.
27
Sarajevo
102,6
(dont ABC 91,5
et EBU 5,6)
100
1988
Calgary
324
(dont ABC 309
et EBU 6,9)
64
193
1992
Albertville
86
214
1994
Lillehammer
218
1998
Nagano
2002
Salt Lake City
292
(dont CBS 243
et EBU 20,3)
353
(dont CBS 295
et EBU 26,3)
513
(dont CBS 375
et EBU 72)
748
(dont NBC 545
et EBU 120)
2006
Turin
220
833
(dont NBC 613
et EBU 135)
30
32
41
38
40
120
160 (est.)
Droits de retransmission des Jeux Olympiques
900
800
700
Droit TV US
600
500
Droit TV EUROPE
400
300
Moyenne USAEUROPE
200
100
0
1988
1992
1996
2000
2004
2008
Droits de retransmission de la Coupe du Monde de football
(en million d’euros)
Année
Pays organisateur
Droits T.V
1990
Italie
59
1994
États-unis
72
1998
France
84
2002
Corée
746
2006
Allemagne
995
Droits de retransmission de la Coupe du
Monde de Football
800
700
600
500
400
Millions d'euros
300
200
100
0
1990(ita)
1994(US)
1998(FR) 2002(Jap)
Droits de retransmission des championnats
de football européens (en millions d’euros)
Pays
Championnat Diffuseur
Montant par
saison
France
Ligue 1
Canal+
600
Angleterre Premier
League
SkySport
553
Italie
SkyItalia
500
Arena
420
Serie A
Allemagne DFL
Les droits de la téléphonie mobile
Superbowl (baseball): 1998 : seen by 76 millions of American TV viewers
2004: seen by 120 millions of American TV viewers
broadcast in 22 languages;
30 seconds advertisement: 22,6 millions $
Olympic Games : 1992 Barcelone 1,6 billions TV viewers in 193 countries
2000 Sydney 3,6 billions TV viewers in 220 countries
2004 Athen 3,9 billions TV viewers
World Cup : 1998 37 billions TV viewers
2002 40 billions TV viewers
La modification des habitudes
La rentabilité des retransmissions
sportives
Évolution des temps de
retransmissions sportives
Évolution des temps d’antenne
pour les chaînes hertziennes
Année Temps
d’antenne
(nbre
d’heures)
1998
2795
1999
2400
2000
2716
2001
2305
1994 2043
2002
2453
1995 1800
2003
2043
1996 2505
2004
2677
1997 2054
2005
1795
1992 2826
1993 1949
Source : CSA
Les revenus des sportifs participant
au sport-spectacle
Les 10 sportifs les mieux payés en 2006
Sport
Pays
Revenus
(en M €)
Principaux sponsors
T. Woods
Golf
Etats-Unis
70
Accenture, American
express, Buick, EA Sports,
Nike, Tag Heuer
M. Schumacher
Formule 1
Allemagne
65
Vermögensberatung,
Marlboro, Shell, Goodyear
A. Agassi
Tennis
Etats-Unis
37
Adidas, Head
S. O'Neal
Basket ball
Etats-Unis
33
Reebok, Pepsi
O. De la Hoya
Boxe
Etats-Unis
32
Puma, Budweiser
M. Vick
Football
Américain
Etats-Unis
30
Nike, Coca Cola, Kraft,
Powerade, Rawlings
Ronaldinho
Football
Brésil
23,5
Nike, Pepsi, Sony
K. Garnett
Basket ball
Etats-Unis
23
Adidas, Upper Deck
P. Manning
Football
Américain
Etats-Unis
22,5
Reebok, Gatorade,
Mastercard, Microsoft,
Marsh, Zurich
V. Rossi
Moto
Italie
22
Dainese, Kera Koll
L. James
Basket ball
Etats-Unis
22
Nike, Coca Cola
Selon Le Figaro du 5 mai 2006 et Forbes et Sports Illustrated de 2006
Rang
Les footballeurs ayant les plus
hauts revenus de la planète
(millions d’euros)
2005
Les sportifs français
ayant les plus hauts
revenus en 2006
(millions d’euros)
Les sportifs ayant les plus
hauts revenus dans le monde en 2006
(millions d’euros)
2006
1
Beckham
25
Ronaldin
ho
23,5
Zidane
football
15
Woods
golf
70
2
Ronaldo
20
Beckham
18
Parker
Basket
ball
10,5
Schumacher
F1
65
3
Zidane
13
Ronaldo
17,4
Henry
football
10
Agassi
tennis
37
4
Vieri
12
Rooney
16,1
Vieira
football
8
O’Neal
basket
33
5
Del Piero
9,5
Vieri
16
Makelele
football
6
De la Hoya
boxe
32
6
Lampard
9,4
Zidane
15
Anelka
football
5,8
Vick
NFL
30
7
Gonzales
9,3
Del Piero
11,5
Thuram
football
5,5
Ronaldinho
football
23,5
8
Henry
9,2
Lampard
9,8
Trezeguet
football
5
Garnett
basket
23
9
Terry
8,6
Henry
9,8
Pires
Manning
NFL
22,5
10
Figo
8,5
Terry
9,7
Rossi
moto
basket
22
ex-aequo
Gallas
football
4,8
ex-aequo
Lebron-James
Sources : bonaberi.com, BKnet.blogspirit.com, Forbes, Le Figaro, L’Equipe
Medium dayly and hourly earnings of the highest payed athletes ($)
1996
2000
2002
2004
Dayly
205 500
134 250
189 000
238 356
hourly
8 562
5 593
7 875
9 931,5
165,5$ / minute
2,75$/ second
La seconde la plus chère de l’Histoire : 216 075 €,
Mike Tyson a assommé Peter Mc Neeley en 89 secondes
le 19 août 1995 à Las Vegas et a touché une bourse de 2
millions €
Composition des revenus
• Le salaire : revenu fixé par contrat entre un
employeur, club ou équipe et un sportif
LE SALAIRE ?
En réalité une
majorité des
sportifs ne gagnent
pas une fortune
Plus gros
salaire pour
un sportif
français :
Tony Parker
(53 millions
$ sur 6 ans)
Dans le football, la masse
salariale X 2.5, en 5 ans
Salaire brut moyen des joueurs de ligue 1
(prime comprise en €)
2003-2004
2002-2003
2001-2002
2000-2001
1999-2000
1998-1999
1997-1998
1996-1997
1995-1996
1994-1995
0
5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000 45000 50000
• Les
primes : gains liés aux classements et
performances obtenus individuellement ou
collectivement
LES PRIMES ?
• Les bleus reçoivent une prime de « présence »
baptisée « Reversement action Sponsoring » de
20000€,
prime pour la victoire de 15 000€ (en cas de match
nul, le gain s ’élève tout de même à 6000€...)
• Aux Mondiaux d’ athlétisme
Médaille d ’or : 60 000€
L’argent : 30 000€
Le bronze: 20 000€
REVENUS EXTERIEURS ?
• Consultant sportif (T.Parker pour RMC)
• Autobiographie (W.Rooney)
• Création de marques (Jordan, Kournikova…)
• Recettes publicitaires
Les sportifs seraient-ils
sous-payés ?
Le statut de vedette comme élément
explicatif du niveau des salaires des
sportifs
Comment se développe le vedettariat ?
Distribution non linéaire des gains par rapport au classement
Répartition des primes, tournoi de Roland Garros 2001
$1000 000
$900 000
$800 000
$700 000
$600 000
$500 000
$400 000
$300 000
$200 000
$100 000
1e
rt
ou
2è
r
m
e
to
ur
3è
m
e
to
ur
4è
m
e
to
1/
ur
4
fin
al
is
1/
te
2
fin
al
is
te
fin
al
i
va ste
in
qu
eu
r
$0
1er
30 000
2ème
22 000
3ème
15 000
4ème
7 500
5ème
3 000
6ème
1 600
7ème
1 320
8ème
1 250
9ème
1 120
10ème
1 050
11ème
920
12ème
785
13ème
650
14ème
585
30000
15ème
385
25000
16ème
335
20000
17ème
335
18ème
335
19ème
335
10000
20ème
335
5000
21ème
270
0
22ème
270
23ème
270
24ème
270
25ème
270
Paris-Roubaix 2004 ; répartition des primes (euro)
Cycle race
Fees distribution
35000
1e
r
25
èm
e
23
èm
e
21
èm
e
19
èm
e
17
èm
e
15
èm
e
13
èm
e
11
èm
e
9è
m
e
7è
m
e
5è
m
e
3è
m
e
15000
Bonuses for performance
Examples of bonuses given by a major equipment
distributor for single tennis tournaments (2004, Euros)
Grand Chelem Master Cup
Masters Series
Winner
150 000
35 000
20 000
Finalist
70 000
15 000
10 000
Semi-finalist
30 000
7 500
6 000
Quarter-finalist
12 000
3 500
3 500
Eights-finalist
5 000
2 000
Sixteenths-finalist
2 500
1 000
Thirty-second fin.
1 500
Exemple de grille de répartition des primes lors d’un meeting
d’athlétisme en salle
Le sport de bonne qualité
commence où finit la bonne
santé
Bertold BRECHT
« Lorsqu’on est entré dans la logique
compétitive, et surtout si l’on se
projette dans l’image du champion,
la proportion de ceux qui approuvent
ou tolèrent les pratiques réprouvées
par l’idéologie sportive semble
augmenter »
P. Irlinger
LE KIKADIKOI ???
« J’ai tout de même remporté cinq Tours
dequatre
Francemédailles
et pratiquement
toutes
les
« Malgré mes
olympiques,
j'habitais
un
grandes
classiques
cyclisme,
et mon
petit deux-pièces
sans
douche nidutoilettes,
dans
le XIXe
fils, qui
est professionnel
aujourd’hui, a
arrondissement
de Paris
».
gagné d’ores et déjà dix fois plus que
moi avec moins de titre! »
Eddy
Merckx
Alain
Mimoun
MERCI DE VOTRE ATTENTION