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12e Printemps des Poètes du 8 au 21 mars 2010 « Couleur Femme » "Disons-le sereinement, en poésie comme dans les autres domaines artistiques, la femme a le plus souvent été cantonnée à un rôle subalterne : muse, confidente, consolatrice… La valeur péjorative de l’appellation « poétesse » en dit plus que de larges discours. La question n’est pas de débattre s’il y a ou non une poésie féminine. La question est de mettre en lumière l’apport, à travers l’histoire, des femmes poètes et leur présence remarquable dans la création contemporaine. Ce pourra être aussi l’occasion de considérer les représentations du féminin dans l’imaginaire poétique, au-delà des stéréotypes de la célébration amoureuse." Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du printemps des poètes * titre du recueil de Guénane Cade, publié en 2007 aux éditions Rougerie Un éclairage particulier sera porté sur l’œuvre d’ Andrée Chedid. * Cette sélection est effectuée à l'attention des enseignant(e)s, afin de les aider dans la recherche de textes utilisables avec leurs classes, pour participer au printemps des poètes. Quelques documents complémentaires sont également disponibles à la fin de cette sélection, qui n'est qu'un petit aperçu du vaste choix possible. Il est également intéressant d'aller puiser du côté de la chanson... L'éducation nationale est partenaire du printemps des poètes. * 8 mars, journée internationale des femmes - 21 mars, journée internationale de la poésie ( Sélection réalisée par Isabelle Lavoix, enseignante en école élémentaire dans le Rhône ) www.printempsdespoetes.com 1 AVERTISSEMENT Un certain nombre de textes contenus dans ce document ne sont pas libres de droits et ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'une utilisation commerciale. Des textes ... et des auteurs... Les textes et documents de ce printemps des poètes 2010, « Couleur Femme », sont extraits de leurs recueils respectifs. Vous êtes invités à aller découvrir le travail complet des auteurs, et à montrer à vos élèves qu'un texte s'inscrit toujours au coeur d'une écriture plus vaste. En ce 12ème printemps des poètes... Une fois de plus, ou pour la première fois, des remerciements aux éditeurs suivants, ainsi qu'à leurs auteurs, pour les autorisations données d'insérer leurs textes dans ce document. *** Océanes Soc et Foc La Renarde rouge Rougerie Le Rocher-Lo Païs d'enfance Motus Le Dé bleu Donner à Voir au chanteur-poète Philippe Forcioli * Ainsi qu'à Célia Galice, secrétaire générale du Printemps des Poètes, responsable du secteur jeunesse et universitaire, pour son aide et son attention permanente, et à Marie-Claire Bancquart pour sa relecture attentive et ses conseils. *** Au détour des pages, vous trouverez... Première partie ( p 7 à 32 ) Écritures de femmes préface de Marie-Claire Bancquart (p 6) Seconde partie ( p 33 à 37 ) Quelques poèmes d'Andrée Chédid Troisième partie ( p 38 à 55 ) Écritures d'hommes Quatrième partie ( p 57 à 64 ) Documents divers 2 Vendredi 12 mars 2010 * Une mobilisation nationale et internationale « Le grand jour du poème à l'autre » Chez vous, Au travail, À l'école, au collège, au lycée, Dans la rue, offrez un poème échangez vos poèmes postez un poème glissez un poème... sous la porte des voisins, dans la poche de vos amis, sur le bureau de vos collègues, sous l'essui-glace d'un pare-brise dans la sacoche d'un vélo, au creux d'une main... Faites à l'autre, connu ou inconnu, cadeau d'un poème... * À cette occasion, faites découvrir les femmes poètes contemporaines... * 3 Au fil des pages... Écriture de femmes Présentation générale p1à3 Préface de Marie-Claire Bancquart p 6 Sappho p8 Marie de France Christine de Pisan Pernette du Guillet p9 Louise Labé Marie Stuart p 10 Marceline Desbordes-Valmore Georges Sand p 11 Louise Michel - Lucie Delarue-Mardrus p 12 Anna de Noailles p 13 Marie Noël p 14 Gabriela Mistral Marina Tsvetaïeva – Lise Deharme - Clod'Aria p 15 Magda Isanos Gisèle Prassinos p 16 Hélène Cadou Catherine Paysan - Anise Koltz p 17 Liliane Wouters Annie Salager Marie-Claire Bancquart p 18 Sarah Kirsch p 19 Youna Morits – Jacqueline Daoud p 20 Vénus Khoury-Ghata - Rolande Causse p 21 Colette Nys-Mazure - Gabrielle Althen p 22 Joëlle Brière Luce Guilbaud p 23 Luce Guilbaud Geneviève Raphanel Liliane Giraudon p 24 Marie Étienne Lise Mathieu p 25 Madeleine Le Floch p 26 Chantal Dupuy-Dunier - Claudia Adrover p 27 Véronique Tadjo - Sylvie Fabre G p 28 Anne Vernon Jacqueline Astégiano Catherine Leblanc p 29 Hélène Dorion Ariane Dreyfus p 30 Valérie Rouzeau Albane Gellé p 31 Magali Thuillier p 32 Andrée Chedid p 33 à 37 4 Écriture d'hommes Pierre de Ronsard - Anonyme p 39 André Chénier p 40 Victor Hugo p 41 Victor Hugo p 42 Gérard de Nerval Paul Verlaine Pierre Louÿs p 43 Gaston Couté p 44 Charles Péguy p 45 Guillaume Apollinaire p 46 Guillaume Apollinaire p 47 Federico Garcia Lorca Marcel Thiry Robert Desnos p 48 Michel Manoll Alain Boudet - Seiho Awano p 49 Nazim Hikmet - Philippe Jaccottet Bernard Lorraine - Khalil Gibran p 50 Augustin-Sondé Coulibaly p 51 Michel Lautru Jean Élias Léopold-Pindy Mamonsono - Philippe Quinta - Pierre Gamarra p 52 René Guy Cadou p 53 Jean-Pierre Siméon Paul Éluard Philippe Forcioli p 54 David Dumortier p 55 Documents complémentaires Liste de poètes femmes actuelles p 57 et 58 Liste de femmes poètes du patrimoine et du répertoire étranger p 59 et 60 Bibliographie générale adulte et jeunesse p 61 à 64 5 Préface de Marie-Claire Bancquart Parmi les publications du Printemps des Poètes, placé cette année sous la devise « Couleur femme », celle-ci est destinée aux enfants de l'enseignement élémentaire. Nous en sommes redevables aux soins d'Isabelle Lavoix, qui a travaillé en relation constante avec Célia Galice, secrétaire générale du Printemps des Poètes. Merci à elles, car le choix était difficile. S'il est toujours délicat de constituer une anthologie brève, comme celle-ci, ce l'était d'autant plus qu'elle est destinée aux enfants. Pour eux, on tente d'éviter la mièvrerie, la poésie « fleurs et petits oiseaux », tout en mesurant selon leur âge les sujets et l'écriture de la poésie. N'oublions cependant pas qu'ils sont capables de beaucoup discerner, surtout avec un guide. Pour ne parler que des femmes du passé, une amoureuse comme Sappho, des solitaires comme Christine de Pisan ou Marie Noël, peuvent toucher leur sensibilité et être comprises par eux, tout comme la révolutionnaire Louise Michel emprisonnée qui s'élance en imagination vers la libre hirondelle. C'est aussi vrai des poètes contemporaines : telle Andrée Chedid, sous les auspices de laquelle est placé notre Printemps des Poètes. Poètes, oui, et non poétesses, terme qui évoque une dame évanescente et faussement lyrique; en outre, mot très laid, comme tous les noms de métier féminins en -esse du français. Disons donc « une poète », ainsi que le font déjà les Québécois. Terme parfaitement conforme en outre à l'étymologie, car les Latins appelaient « poeta» Sappho comme Virgile. Elles ont été rares, dans le passé, les poètes au féminin. Elles sont bien plus nombreuses aujourd'hui, parce que le statut des femmes a beaucoup changé dans les pays dits « développés » (ah, ne délaissons pas les femmes des autres pays, à l'existence, à l'expression bien plus difficiles...). Sans doute nous reste-t-il à faire. Mais n'oublions pas que l'opinion générale sur les femmes, il y a seulement un siècle et depuis longtemps, leur refusait la puissance créatice comme la possibilité d'exercer une activité publique. N'oublions pas que Baudelaire et Mallarmé jugeaient très bornée l'intelligence féminine; que la grande poète américaine Emily Dickinson a dû écrire en cachette ; qu'en France, Georges Sand, Colette, ont eu toutes les peines du monde à se faire reconnaître. Il a fallu hélas deux guerres mondiales pour changer notre condition. Et pour favoriser les échanges : quelques poètes étrangères figurent ici, certes trop rares, l'espace étant compté. Mais leurs poèmes ouvriront des pistes. Nous souhaitons sans doute que notre indépendance continue et se confirme encore. Mais pas du tout avec agressivité : sous le signe de l'échange, non de l'opposition. Il est doux d'avoir, d'égale à égal, des collègues, des amis, des amours. C'est pourquoi cette petite anthologie contient des poèmes sur les femmes d'hommes du passé comme du présent. Poèmes gais, taquins, sentimentaux pour une aimée réelle ou imaginaire ; poèmes pour des enfants ; mais aussi poèmes pour une prisonnière (celui de Chénier), ou une héroïne (la Jeanne de Péguy), ou une prostituée (la « femme qui tombe » de Hugo). Des poèmes généreux, en tout cas. Ils prennent bien leur place dans la « couleur femme » du tableau de la poésie. Marie-Claire Bancquart, Octobre 2009 6 Couleur Femme écritures de femmes... * Si tu t'aimais Tu te libèrerais de ton ombre. Guénane Couleur Femme éd Rougerie * 7 Les étoiles autour de la beauté de la lune cachent de nouveau leur visage brillant maintenant que la pleine lune éclaire de tout son éclat la terre sombre. ... Sur l'eau fraîche, ... le vent qui souffle chante dans les branches vertes et dans les feuilles à qui il donne vie coule un profond sommeil. ... Viens, Cypris, et dans les coupes d'or, avec grâce, prépare pour les convives le nectar que tu serviras. Sappho, (de Mytilène, île de Lesbos / Grèce / 7ème siècle avant notre ère son véritable nom est Psapphô) *** Le corbeau et le goupil Il advint, la chose est bien possible, qu'un corbeau vola devant la fenêtre d'un garde-manger ; il aperçut des fromages qui étaient à l'intérieur, posés sur une claie. Il en prit un, et s'enfuit avec. Un goupil passait, qui l'épia ; il eut grand désir de manger sa part du fromage. Il voudra essayer par ruse d'enjôler le corbeau. « Ah ! seigneur Dieu, fait-il, comme cet oiseau est gentil ! Il n'y a au monde tel oiseau, de mes yeux je n'en vis plus beau. Si son chant était comme son corps, il vaudrait mieux qu'or fin ». Le corbeau s'entendit si bien vanter qu'il n'y avait son pareil au monde, qu'il résolut de chanter. en chantant il ne perdra rien à sa renommée. Il ouvrit le bec et commença : le fromage lui échappa et ne put faire autrement que tomber à terre. Le goupil s'empresse de le saisir. Après il n'avait cure du chant du corbeau, car il avait satisfait son envie du fromage. Cet exemple s'applique aux orgueilleux qui convoitent grande renommée. par flatteries et par mensonges on peut les servir à leur gré ; ils dépensent follement ce qu'ils ont pour être loués des gens. Marie de France (12ème siècle, considérée comme la première femme poète française) 8 Seulette suis et seulette veux être, Seulette m a mon doux ami laissée, Seulette suis, sans compagnon ni maître, Seulette suis, dolente et courroucée, Seulette suis en langueur mésaisée, Seulette suis plus que nulle égarée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis à huis ou à fenêtre, Seulette suis en un anglet muchée, Seulette suis pour moi de pleurs repaître, Seulette suis, dolente ou apaisée, Seulette suis, rien n est qui tant me siée, Seulette suis en ma chambre enserrée, Seulette suis sans ami demeurée. Seulette suis partout et en tout être, Seulette suis, où je vais où je siée, Seulette suis plus qu autre rien terrestre, Seulette suis, de chacun délaissée, Seulette suis, durement abaissée, Seulette suis souvent toute épleurée, Seulette suis sans ami demeurée. Princes, or est ma douleur commencée : Seulette suis de tout deuil menacée, Seulette suis plus tainte que morée, Seulette suis sans ami demeurée. Christine de Pisan Cent ballades (1364-1430 / considérée comme la première femme de lettres ayant vécu de sa plume) ** Si je n'ai pu comme voulois Vous réciter au long, et dire Ce de quoi tant je me doulois, Imputez-le à mon coeur plein d'ire, Pour n'avoir pu ouïr médire. Du bien, que je dois estimer, Et pour qui on devrait maudire Tous ceux qui m'en veulent blâmer. Pernette du Guillet Rymes XXIX (1520-1545, lyonnaise, la plupart de ces vers, écrits pour l'amour du poète Maurice Scève, ont été mis en musique et chantés) 9 Quinzième Sonnet Pour le retour du Soleil honorer, Le Zéphir l'air serein lui appareille, Et du sommeil l'eau et la terre éveille, Qui les gardait, l'une de murmurer En doux coulant, l'autre de se parer De mainte fleur de couleur nonpareille Jà les oiseaux ès arbres font merveille, Et aux passants font l'ennui modérer Les nymphes jà en milles jeux s'ébattent Au clair de lune, et dansant l'herbe abattent. Veux-tu Zéphir, de ton heur me donner, Et que par toi toute me renouvelle ? Fais mon Soleil devers moi retourner, Et tu verras s'il ne me rend plus belle. Louise Labé Sonnets, Élégies, Épitres... (1524-1566, école lyonnaise de la Renaissance, l'une des plus grandes femmes de lettres du XVème siècle. Elle revendiqua pour les femmes la liberté de parole et de pensée, et le droit à l' éducation) *** Chanson Fait lors du départ de Marie Stuart pour l'Écosse, étant encore à la vue des côtes de France (15 août 1561) Adieu, plaisant pays de France, O ma patrie La plus chérie, Qui a nourri ma jeune enfance! Adieu! France ! adieu, mes beaux jours ! La nef qui disjoint nos amours N'a ci de moi que la moitié : Une part te reste, elle est tienne, Je la fie à ton amitié, Pour que de l'autre il te souvienne. (1542 Marie Stuart 1587 / reine de France et d'Écosse) *** 10 Jours d'été Pour regarder de près ces aurores nouvelles, Mes six anx curieux battaient toutes leurs ailes ; Marchant sur l'alphabet rangé sur mes genoux, La mouche en bourdonnant me disait : « Venez-vous ?... » et mon nom qui teintait dans l'air ardent de joie, les pigeons sans liens sous leur robe de soie, Mollement envolés de maison en maison, Dont le fluide essor entraînait ma raison, Les arbres, hors des murs, poussant leurs têtes vertes, jusqu'au fond des jardins les demeures ouvertes, le rire de l'été sonnant de toutes parts, Et le congé, sans livre ! errant aux vieux remparts : Tout combattait ma soeur à l'aiguille attachée ; tout passait en chantant sous ma tête penchée ; Tout m'enlevait, boudeuse, et riante à la fois ; Et l'alphabet toujours s'endormait dans ma voix. Marceline Desbordes-Valmore Bouquets et prières (1843) (1786-1859, comédienne et poète / amie de Victor Hugo) À Aurore La nature est tout ce qu'on voit, Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime. Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit, Tout ce que l'on sent en soi-même. Elle est belle pour qui la voit, Elle est bonne à celui qui l'aime, Elle est juste quand on y croit Et qu'on la respecte en soi-même. Regarde le ciel, il te voit, Embrasse la terre, elle t'aime. La vérité c'est ce qu'on croit En la nature c'est toi-même. Georges Sand (1804-1876) (à sa petite fille Aurore, née en 1866) 11 Hirondelle qui vient de la nue orageuse Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi. Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ? Écoute, je voudrais m’en aller avec toi, Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages, Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts, Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges, Vers les astres errants qui roulent dans les airs. Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts Des forêts et des vents tu réponds des tourelles, Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers. Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime ! Je ne sais quel écho par toi m’est apporté Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême, Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté Louise Michel (1830-1905 , institutrice, militante anarchiste, figure historique de la commune de Paris. Ce poème a probablement été écrit à la prison St Lazare, à Paris) Ballade des échecs (1929) Sur l'échiquier, luisant miroir, Quand brillent, rangés en bataille, Deux peuples, l'un du plus beau noir, L'autre, du plus beau jaune paille, Quand, redressant leur haute taille, La Reine et le Roi, couple fat, Se rengorgent comme à Versailles, Qui va donner l'échec et mat ? Les pions vont à l'abattoir, Le cheval rue et le fou raille, Tandis que, lente à s'émouvoir, La tour, ronde comme futaille, Attend pour lancer sa mitraille, L'occasion d'un exeat. - Échec au Roi ! - Bien. Qu'il s'en aille ! Qui va donner l'échec et mat ? Chacun fera tout son devoir, Comme il pourra, vaille que vaille, Le Roi tremble en son étouffoir, Fous, chevaux, tours et valetaille, Tout le monde bientôt s'égaille ; L'action s'engage : à Deu vat ! L'un se défend et l'autre l'assaille. Qui va donner l'échec et mat ? Lucie Delarue-Mardrus ( 1874-1945, poétesse, romancière, sculptrice, journaliste et historienne) 12 Le coeur Chaleur Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles, Vous êtes un jardin où les quatre saisons Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles Et des pommes de pin, dansent sur le gazon... - Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives Vous êtes le coteau qui regarde la mer, Ivre d'ouïr chanter, quand le matin arrive, La cigale collée au brin de menthe amer. - Vous êtes un vallon escarpé ; la nature Tapisse votre espace et votre profondeur De mousse délicate et de fraîche verdure. - Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur Le verger fleurissant et le gai pâturage Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage. - Et vous êtes aussi, coeur grave et violent, La chaude, spacieuse et prudente demeure Pleine de vins, de miel, de farine et de riz, Ouverte au bon parfum des saisons et des heures, Où la tendresse humaine habite et se nourrit... Anna de Noailles Tout luit, tout bleuit, tout bruit. Le jour est brulant comme un fruit Que le soleil fendille et cuit. Chaque petite feuille est chaude Et miroite dans l'air ou rôde Comme un parfum de reineclaude. Le soleil comme de l'eau pleut Sur tout le pays jaune et bleu. Anna de Noailles L'ombre des jours (1902) ( 1876-1933 , poétesse et romancière française d'origine roumaine ) Le coeur innombrable (1901) Voyages Un train siffle et s'en va, bousculant l'air, les routes, L'espace, la nuit bleue et l'odeur des chemins ; Alors, ivre, hagard, il tombera demain Au coeur d'un beau pays en sifflant sous les voûtes. Ah ! La claire arrivée au lever du matin ! Les gares, leur odeur de soleil et d'orange, Tout, ce qui, sur les quais, s'emmêle et se dérange, Ce merveilleux effort d'instable et de lointain ! - Voir le bel univers, goûter l'Espagne ocreuse, Son tintement, sa rage et sa dévotion ; Voir, riche de lumière et d'adoration, Byzance consolée, inerte et bienheureuse. Voir la Grèce debout au bleu de l'air salin, Le Japon en vernis et la Perse en faïence, L'Égypte au front bardé d'orgueil et de science, Tunis, ronde, et flambant d'un blanc de kaolin. Voir la Chine buvant aux belles porcelaines, L'Inde jaune, accroupie en fumant ses poisons, La Suède d'argent avec ses deux saisons, Le Maroc, en arceaux, sa mosquée et ses laines... Anna de Noailles L'ombre des jours ( 1902) 13 Chant du chevalier Il était noble, il était fort. Il se battait pour une reine. Il était noble, il était fort Et fidèle jusqu'à la mort. Il la prit par la main un soir. - C'était la plus pauvre des reines Il la prit par la main un soir Et la fit sur le trône asseoir. Le bon soleil (extrait) L'usine s'éveille au petit matin Et crie... Il lui faut des hommes, des hommes,... Et son cri perce le repos, brise les sommes Des pauvres gens cachés dans un songe lointain. Elle veut soudain se mettre à l'ouvrage Et crie... Aussitôt pour la contenter les pauvres gens s'en vont par files luui porter, Vite, chacun sa vie et chacun son courage. Il posa la couronne d'or. - C'était la plus humble des reines Il posa la couronne d'or Sur sa tête comme un trésor. Haut l'épée, il se tenait droit - Cétait la plus faible des reines Haut l'épée, il se tenait droit Pour la défendre, elle et son droit. Par la grande route et les chemins creux, Noirs et pressés, ils viennent, cent ou mille, Et pareils aux fourmis qui rentrent dans leur ville, À tous les carrefours, ils s'abordent entre eux... À ses pieds tristes, en vainqueur, - C'était la plus triste des reines À ses pieds tristes, en vainqueur, Il mit le monde... Hors son coeur. Marie Noël Les chants de la Merci (1930) éd. Stock (1883-1967, poète et écrivain) Il mourut pour sa reine un jour, - C'était la plus pauvre des reines Il mourut pour sa reine un jour... Il aimait une autre d'amour. Marie Noël Chants d'arrière-saison (1961) Tout n'est que ronde Les astres sont ronde de garçons qui jouent à voir sur la terre. Les blés sont des tailles de petites filles qui jouent à ployer. Les fleuves sont ronde de garçons qui jouent à se retrouver dans la mer. Les vagues sont ronde de filles qui jouent à serrer dans leurs bras la Terre. Gabriela Mistral (Chili) (Prix nobel de littérature 1945) 14 Pour grand-mère L’ovale allongé, sévère, Les plis de la robe noire… Jeune grand-mère! Qui baisait Vos lèvres hautaines? Ces mains qui dans les salles de Chopin… De chaque côté du visage glacé – Les boucles en spirales. Le regard sombre, droit et exigeant, Le regarde prêt de la bataille. Les jeunes femmes ne regardent pas ainsi. Jeune grand-mère, qui êtes-vous? Que d’occasions vous avez emportées, Que de choses impossibles aussi – Dans le sein affamé de la terre, Polonaise de vingt ans! Le jour était innocent, le vent frais. Les sombres étoiles mouraient. Grand-mère! Ce cruel tourment Dans mon cœur – serait-ce vous?... 4 septembre 1914 Marina Tsvetaïeva (Russie) Le ciel brûle / Poésie/Gallimard, 1914 (1892-1941, l'une des plus importantes poètes de langue russe du XXème siècle) *** Curieuse Grande marée Tes cheveux sont des araignées noires et griffues ton front un désert de sable blond ton nez une vague de son tes dents ont faim ta bouche est fine ton menton une colline aiguë mais tes yeux sont deux cratères de lave et de gouffres ouverts semés d'étincelles et de feu Tes yeux sont deux mondes perdus Lise Deharme Le coeur de Pic / éd Memo 1937 (1907-1980, l'une des muses du surréalisme) 15 Aujourd'hui grande première à la mer sous la baguette du vent l'océan joue Wagner Et sautent les vagues comme des petits rats en tutus d'écume blanche Les jours de grande marée ne venez pas chez moi je suis à l'opéra Clod'Aria L'ombre tourne éd Le dé bleu 1996 née en 1916, institutrice Le poème de la femme qui aimait le printemps (extrait) Le printemps viendra. Les fleurs porteront au sommet La lumière qui brille Du soleil Et de la grande Saison rêveuse. « Pousse, fleur », Murmurera la lumière de mai. Des ailes S'ouvriront à l'instant juste, Et chaque chose se prolongera dans l'ombre secrète. On aura beau changer d'habit pour l'amour, La fleur, l'homme et l'élan N'en resteront pas moins éphémères. ... Magda Isanos (Roumanie) Poésies (1943) traduction d'Alain Bosquet (1916-1944, avocate ) *** Petit déjeuner Il y a La lune est tombée Dans mon coquetier. je ne la savais tremblante et si molle et si folle au point de nicher dans une assiettée. Il y a que l'hiver partira. Il y a que l'été reviendra. En quittant le ciel pour mon coquetier la lune s'est allongée comme une larme dernière Pareille Il y a que l'été est là. Et merveille ! en passant elle a gobé le soleil. Il y a que l'hiver reviendra. Gisèle Prassinos Le ciel et la terre se marient éd. Ouvrières ( née en 1920, poétesse et romancière d'origine grecque, admirée par les surréalistes) Il y a que l'été s'en ira. Bien-aimés, le temps n'a-t'il pas de raison ? Le temps d'une conjugaison et déjà c'est une autre saison. Gisèle Prassinos 16 Il faut laver Ce que tu dis les galets blancs Les planètes Il faudrait laver Le ciel et la pluie Pour que l'amour rutile sous l'averse Il faut laver ton regard Laver le jour à grande eau Laver ton coeur De tes larmes Si tu veux lire enfin Le monde en clair dans la fenêtre. Hélène Cadou La mémoire de l'eau / éd.Rougerie1993 Encore Un dimanche à rêver Sur les collines Encore Au jardin L'ombre du frêne Et la longue lecture Des riches heures De l'été Quand le monde à notre porte Nous verse en milliers d'éclats Sa beauté Hélène Cadou Si nous allions vers les plages éd. Rougerie 2003 (née en 1920, bibliothécaire, poète, épouse du poète René Guy Cadou) Vous trouverez, dans la partie « écriture d'hommes », des textes de René Guy Cadou Le ballon La nuit tombe. De doux lampions s'allument. La plage est lisse comme un oeuf. L'enfant étrenne un ballon neuf Et le fait monter vers la lune. La lune tombe Et le ballon s'allume. C'est toujours extraordinaire Que le spectacle d'un enfant À ras de digue, à la lisière D'un monde où s'engloutit le temps, En train de jouer comme si C'était une affaire d'État, Tenant la lune entre ses doigts Comme une médaille, un grigri, Comme s'il était innocent Ou plus royal que l'Océan ! Couchée dans le désert je suis insomniaque sous des milliards d'étoiles Etant de la même matière je commence à émettre de la lumière *** J'écris les yeux grand ouverts souvent je fais fausse route je me perds dans mon poème je m'enlise avec ses mots dans le marécage de l'alphabet Anise Koltz (Luxembourg) Béni soit le serpent éd. PHI 2004 (née en 1928, écrit en trois langues) Catherine Paysan La musique du feu / éd. Denoël 2001 (née en 1926, institutrice, écrivain et poète) 17 Que m'importent lieu, durée, si je demeure assurée de garder toujours l'instant. Seconde ou siècles, autant Le vent sur sa route emporte. Lieu, durée, ah, que m'importe, tout défile au même train. je ne saisirai qu'un grain du sable des destinées, Pour le cueillir, je suis née. Liliane Wouters (Belgique) Tous les chemins conduisent à la mer éd Des Éperonniers (née en 1930,traductrice, anthologiste, auteur dramatique et poète, membre de l'académie européénne de poésie, Goncourt 2000 de poésie) Au début mars les racines fendent la peau des graines la fenêtre libère une mouche engourdie. Nous recommençons comme si nous n'avions pas été moulus jusqu'aux os comme si le matin servait toujours avec son fragment de ciel entre les maisons. Nous ignorons une fois de plus l'autrefois pour croire ces heures à l'aventure. comme si le matin servait toujours avec son fragment de ciel entre les maisons. Nous ignorons une fois de plus l'autrefois pour croire ces heures à l'aventure. Marie-Claire Bancquart Opportunité des oiseaux, Ed. Belfond, 1984 (née en 1932, professeur émérite à la Sorbonne, poète, romancière) 18 Trouver bonheur à l' ordre lent amas de feuilles de ramages ce lait qui perle à la base du fruit entrer dans la respiration si c' d' était à-propos vivre Annie Salager Figures du temps sur une eau courante / éd. Belfond 1983 au manque Popo 1. Ça a mal commencé 2. Salut les copains Je cherche un poème disait parfois Popo, le Poème. Je le voudrais économe, pour ne pas gaspiller du papier, des arbres, je le voudrais chaud pour celui qui a faim, je le voudrais d'une chair de lumière, et plus il serait beau, disait Popo, plus je deviendrais transparent, ne pèserais rien, ne serais rien. ... Ah, cette dernière partie, ajoutait-il, je la réussis très bien. Il n'habite rien, Popo, sans faire d'histoires, le vent ballote sa douleur sur le sol nu. Il nettoie, après il salit, le temps passe. D'un peu de nous il vit, de fatigue, d'usure, il vit, de ce qu'il cherche, de notre étourderie il vit, de rien. Annie Salager Terra Nostra / éd. Le cherche midi 1999 (née en 1935, professeur d'espagnol, lyonnaise d'adoption) Sur les lieux Ort und Stelle La neige pénètre les contours des forêts Forêts nordiques de hêtres en ce temps Courbée la neige qui tombe Se coule au corps noir de la forêt. Rouges les feuilles sur les racines Au-dessus des cimes le ciel couleur de soupe au lait Les flocons ont des allures de suie. Tandis que les cristaux se modifient Que des semaines durant ils tombent à terre Dressent des remparts à mi-hauteur du coeur. Es schneit in die Konturen der Wälder Nördliche Buchenwälder zu der Zeit Gebogen paBt der Schneefall Schwarzgrauem Waldleib sich an. Rot das Laub auf den Wurzeln Über den Kronen im Milchsuppenhimmel Erscheinen die Flocken wie RuB Indem die Kristalle sich wandeln Wochenlang niederstürzen Türmen sie Wälle halb vor das Herz. Sarah Kirsch, Allemagne Chaleur de la neige / Schneewärme / éd Le dé bleu (édition bilingue) traduit de l'allemand par Jean-Paul Barbe (née en 1935, considérée comme la plus grande poétesse actuelle de langue allemande) 19 Je voudrais savoir Je voudrais bien savoir, je voudrais qu’on me dise pourquoi tombe le soir sur le jour par traîtrise, pourquoi le roseau chante mais pas les autres plantes, pourquoi dans sa tanière l’ours peut dormir l’hiver mais moi, qu’il pleuve ou vente, je dois aller apprendre l’histoire et la grammaire! Je voudrais bien savoir qui a donné leur nom aux pommes et aux poires et à chaque saison; qui a fait qu’on appelle éléphant l’éléphant alors qu’il n’a pas d’ailes, bien plus lourd qu’un enfant; pourquoi a-t-on nommé ainsi le crocodile, lui qui n’a pas croqué ma petite sœur Odile? Je voudrais bien savoir pourquoi la pauvre chèvre ne fait que bégayer, pourquoi toujours mes lèvres ont comme un goût salé quand je dis des sottises? Je voudrais tant savoir, je voudrais qu’on me dise pourquoi tous les regards et aussi les nuages se lisent comme un livre, pourquoi sur le visage il y a des yeux qui vivent, il y a des yeux qui vivent? Youna Morits (Russie) Anthologie de la poésie russe pour enfants Circé poésie, 2000 (née en 1937) Quand je pense à la mer Quand je pense à la mer C'est à l'eau que je pense, verte et mouvante Pas au poisson, pas au bateau. Quand j'écoute la mer C'est bien l'eau que j'entends, sourde et roulante Et pas le coquillage et pas le vent. Quand j'entre dans la mer Froide et secrète comme un grand abreuvoir C'est moi le coquillage et le bateau Et la vague et le vent et l'eau Et je bois le soleil. Jacqueline Daoud (Tunisie) Traduit de l'abstrait Cérès productions 1968 (née en 1937) *** 20 La voie lactée mène à l'école Les enfants l'empruntent soir et matin Les tabliers au passage frôlent une étoile dormante Qui crie dans son sommeil Et jette des étincelles La Grande Ourse rêve d'une couette La Petite Ourse rêve d'un jardin Et de trèfles à quatre feuilles Le temps est à la somnolence et à la paresse L'instituteur dort en marchant Les élèves sont en papier À quoi sert l'école? À enfermer entre les mêmes murs livres et enfants À chaque chose son temps et sa couleur Dit le peintre Et il ajoute une aile jaune à l'écureuil Le cyprès qu'il peint en noir Fait des grimaces derrière son dos La vache est très contente Elle aime le nuage rose dessiné sur son dos À quoi sert un nuage? À fondre en pluie dés qu'on l'essore de travers Vénus Khoury-Ghata À quoi sert la neige? éd. Le cherche midi Recueil sélectionné pour le prix poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire (née en 1937, romancière et poète d'origine libanaise) * Un coin champêtre Dans la ville, une rue égarée. Une façade d'anges encadrée, De vigne vierge tapissée. Un escalier, sa rampe rouillée, Au centre, un réverbère penché. Les feuilles lasses craquent sous les pieds D'un garçon courant derrière son ballon. À l'autre coin de ce jardin sauvage, Une fille chante sous les nuages. Rolande Causse Paris Poésies, éd Actes Sud Junior 2003 (née en 1937, auteur de littérature jeunesse) *** 21 Déchiffrer L'enfant aimait comprendre, toucher, pénétrer. Il mettait la main à l'herbe, à l'eau, au gâteau ; se brûlait la langue et les yeux. Il émiettait son pain en quête de quelque secret de pâte et plongeaient le bras dans la vase gluante. Il caressait méticuleusement le dos du chat, le jeu des ressorts à bondir. Il explorait l'oreille du labrador au risque d'être mordu. Accroupi au bord de la bâche crépitante, il scrutait les mouvements des crabes affairés. Du bout tendre des doigts, il parcourait les rides des visages aimés, à l'affût du mystère du temps. Il léchait en cachette le nez des nourrissons aveugles, humait leur parfum fade, leur fontanelle molle. Comment voir grandir son propre corps, se métamorphoser la chenille ? Il aurait voulu regarder faire un enfant, écrire une histoire, naître un printemps. Mais tout était caché, interdit, inaccessible. Colette Nys-Mazure, Belgique La Criée d'aube éd. L'Arbre à paroles 1995 (née en 1938, poète et écrivain de langue française) *** Lorsque le soir jette sa nappe trop pure Sur le trou de l'azur et le cri de la bête Les mots jamais lavés Et la peine triviale Parle mon frère Car j'ai les mains qui pleurent Est-ce que le vent commence à la cascade ? Pourquoi ai-je les mains qui pleurent ? Parle je te prie Le vent rouvrira-t-il sa lessive de mots ? Donne-moi mon nom dessine mon murmure Oh ! la pelote du coeur ! - Soupir d'une étonnée de sa douleur Se pose sur un doigt un mince oiseau de joie On ne saura lequel On ne saura de qui Gabrielle Althen, poème inédit pour le Printemps des Poètes (née en 1939, poétesse, romancière, nouvelliste et essayiste) *** 22 *** La fille de l'épicier a des yeux de réglisse et des dents comme des petites ***********dragées.*********** Mademoiselle... euh mademoiselle ! Je voudrais quatre caramels, six berlingots à la groseille, huit souris en chocolat, dix sucres d'orge, pas un pareil ! douze barres de nougat tendre et un gros malabar. ************ ********* La fille de l'épicier avec ses lèvres de soleil me met toujours en retard ! Joëlle Brière Une baleine, deux baleines, trois baleines, six cachalots... éd La Renarde Rouge 1998 (a fondé en 1994 les éditions de La Renarde Rouge) *** Grand-mère sur le seuil avec son sourire et autour un visage bien ridé, déjà (elle a quel âge ? on ne compte pas!) La maison du matin habillée de rires et d'odeurs de pain grillé de confitures de coing maison de carrelage frais lavé Elle est là avec la maison les chambres les fenêtres les escaliers la cheminée tout ça pêle-mêle avec les valises les raquettes les épuisettes c'est une maison qui va et vient de la cave au jardin en berçant ses grands pins une maison avec des bras si doux si près du rêve et la mer tout à côté qui commence à chanter. c'est la maison de grand-mère maison d'été maison d'hier qui ferme ses volets l'hiver. Luce Guilbaud Du sel sur la langue éd. Soc et Foc 2004 (née en 1941, professeur agrégée d'art plastique/peintre/illustratrice/poète) 23 Attendre Attendre dans la paix Tracer une ligne joignant main et main pour serrer très fort L'enfant tient les rênes du cheval arrêté chiffon rouge accroché aux ronces et pour signifier la présence l'écorce jaune des fruits Là et ailleurs entêtement innocent et humble impossible à déloger Attendre dans la paix Sonner les cloches pour entendre à l'horizon l'heure du silence Amitié des braises et vigilance du vent à pousser la roue à reprendre à conjurer Attendre dans la paix Règnera le vent qui souffle uniformément du nord au sud Geneviève Raphanel Rouge éternité / éd. Rougerie (2002) (née en 1941, vit à Lyon, écrit pour le théâtre, des nouvelles, des romans et de la poésie) Attendre dans la paix Luce Guilbaud *** La poète s'est levée à cinq heures. C'était horrible. Elle a traversé la ville dans le noir, complètement désespérée à la simple idée d'avoir à gagner sa vie. Dans le feu des phares elle se répétait : « Tu es lâche. Tu n 'as aucun courage. » Pour se consoler, la Poète chante « Charlotte cocotte / Qu'est-ce que tu fais là ? / Je cire les bottes / De mon petit chat » (…) (& ) Hier La Poète a cueilli des olives et mangé une grenade. (& ) Hier elle a appelé son fils. La Poète a un fils. Il lui manquait. Il lui manque. Ce fils est maintenant un homme. Mais un jour un homme peut être votre fils. C'est ce qui est arrivé à La Poète. (& ) Hier La Poète a cherché à se procurer un manuel de broderie. Puis elle a laissé tomber. Liliane Giraudon, La Poétesse, P.O.L, 2009 (née en 1946,vit à Marseille, co-fondatrice de plusieurs revues, traductrice, travaille avec des plasticiens et des musiciens) 24 99. L'enfant a pris les mots, les oiseaux et les vents.Il en a fait cent parts. Je mets tout de ma vie, j'adore ça. Il boit du noir en traits, il voit des transparences. Comme on dit, l'autre monde. Du noir en pluie, du blanc tassé. Pelures et plumes. Des ombres quelquefois, des tentations. Des coups mouillés derrière la vitre. Des cernes sous le claire. Derrière les volets clos, la lumière extérieure. Les couleurs sans couleurs, tôt lavées, du désert, où l'enfant se promène entre les rochers blancs. Roi des cent cavaliers. Marie Étienne, Roi des cent cavaliers, Flammarion, 2002 ( née en 1948, pendant 10 ans collaboratrice d'Antoine Vitez, collabore à la revue littéraire) *** L'idée du bonheur Sur la colline d'en face À peine lisibles Trois vaches bougent Leurs dos blancs Dans la simplicité du champ La nuit va tomber Un ciel rouge Un ciel Difficile à comprendre Semble dire Maintenant Lise Mathieu Le bonheur ne dort que d'un oeil éd. le Castor Astral-L'atelier imaginaire ( née en 1943, Prix Max-Pol Fouchet 2006) 25 Haricot vert L e ha ri cot vert était très comp lexé dep uis que sa li gn e n' ét ai t pl us Vert de lune Une idée fixe un soir de carnaval se déguisa en cerfvolant et se laissa monter jusqu'à la lune où elle germa. à l a Quand vous irez sur la lune si vous rencontrez un cerfvolant ou une fleur qui a l'air de venir d'ailleurs méfiez-vous! m o d e C'est peut-être une idée fixe qui cherche à redescendre. Madeleine Le Floch Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver éd. Saint-Germain-des-Prés, 1975 26 Les animaux, Les petits, Les gros aussi, ils meurent tous, ceux des maisons comme ceux qui vivent dehors, Les fourmis de dix-huit mètres avec ou sans chapeau, les étourneaux trop étourdis, la chèvre de Monsieur Seguin. Elle s'est battue toute la nuit avant de se faire bouffer par le loup au matin - ça m'fout encore la larme à l'oeil cette histoire parfumée d'accent provençal et de serpolet -, cette chèvre-là, elle est restée, en quelque sorte, mon héros dans la vie, une libertaire, une vraie résistante. Chantal Dupuy-Dunier Où qu'on va après? éd Le dé bleu / coll. Le Farfadet bleu (née en 1949, psychologue clinicienne) Recueil sélectionné pour le prix poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire ... La Loire est une aïeule qui se souvient de son éternité liquide Elle est l'eau millénaire où l'arbre couche son ombre et tu bois ton rêve à ses rives vertes pour préserver l'imaginaire. Le vent seul sait où va le sable. Loire reflet tu témoignes du ciel dans la liberté d'une onde froissée, brisée par un vent nomade. ... Mémoire du fleuve Le temps se renverse dans ses eaux fières nées de l'aventure d'un regard Claudia Adrover La Loire au plus près (extrait) éd. Donner à Voir 1999 27 Raconte-moi… (extrait) Raconte-moi La parole du griot qui chante l’Afrique Des temps immémoriaux Il dit Ces rois patients Sur les cimes du silence et la beauté des vieux Aux sourires fanés Mon passé revenu Du fond de ma mémoire Comme un serpent totem A mes chevilles lié Ma solitude Et mes espoirs brisés Qu’apporterais-je A mes enfants Si j’ai perdu leur âme? Il dit Le griot à la langue pendante «Vous irez plus loin encore Dans la forêt blanche Des bétons entassés Et vous pleurerez Dans les quartiers boueux D’une ville sans refuge» Il dit aussi Le griot nouveau «Regardez! Il est déjà des hommes Que les révoltes étreignent». Il faudra Il faudra Continuer à parcourir les pistes Et les chemins sans fin Apprendre à nouveau Le chant d'un calao Ne plus chercher en vain Quelques bras qui se tendent Ou regarder sans cesse l'ombre de nos pas Tu auras pour t'aider Le tam-tam parleur Écraser ta solitude Du fond de ta retraite Et piétiner les mots Sacrilèges et parjures Véronique Tadjo (Côte d'ivoire) Lahérite , éd Hatier 1984 (née en 1955, grand prix littéraire d'Afrique noire 2005) Véronique Tadjo, L’Afrique noire en poésie / Gallimard 1986 pour Julien La nuit, les bateaux protègent l'écume du jour. Toi, tu as encore ce visage qui est celui de ton enfance, si pur, ce visage offert au secret, et tu dors, confiant sur l'oreiller des heures. Sylvie Fabre G, Dans la lenteur, Editions Unes, 1998 (née en 1951, professeur de lettres, travaille avec des artistes, peintres, photographes...) 28 (...) La plage l'océan la roule sous ses vagues et s'en retourne, pareil. L'arbre L'arbre apprend l'oiseau en se couvrant d'ailes Seuls les récifs provoquent au large des remous. C'est du moins ce qu'on croit. Tout un été sous prétexte de ressac vers les grands fonds, Et lorsque s'en vont les oiseaux migrateurs Icare Tombe en feu dans ses branches avec l'infinie lenteur de qui peut toujours recommencer ? Si Mais que sait-on des pas perdus que la plage achemine *** Elle n'a pas à compter elle aura toujours assez Si le pommier fait toujours le pommier pour qu'au moins quelques-uns parviennent le cerisier le cerisier là où l'océan fait sa mue d'eau limpide. pourquoi le poirier ne fait-il jamais le poirier ? (...) Anne Vernon Eaux fortes (extrait) éd. Donner à Voir 2003 Jacqueline Astégiano Une chouette dans les pommes éd. Le Farfadet bleu / Le dé bleu 1999 *** Soudain les enfants Plus rien ne bouge Pas un souffle, pas un soupir Le chat dort sur la chaise rouge Son lait figé Attend Soudain les enfants Crient dans le jardin Et un ballon vient rebondir Dans mon poème Catherine Leblanc Le monde n’est jamais fini / éd. La renarde rouge, 2005 (née en 1956, psychologue, poète, romancière) 29 La terre, l'univers Quelques traits sur le mur de la grotte les couleurs de la bête la forme visible de la vie; en ce mouvementsle monde a commencé. Par le silence et la nuit la gravité du noir, la terre dans les mains qui tâtonnent; par les galets, l'eau, les fruits l'oiseau secouant l'espace et le bruit des pas incertains nous avons commencé. Lumières éteintes, portes refermées au bout de l'horizon, le monde ne tenait qu'à un fil. (sans titre) Voici que pour l'enfant, les choses devinrent des mots. Une à une, ainsi les appela t'il, désignant un monde qui s'agrandissait à mesure. Puis il trouva une carte de la terre, se fit géographe navigateur, historien. Nomma villes et fleuves pôles, continents; apprit longitudes. Dérives. Guerres. Le poids de la présence. Rien n'existait, qui ne pouvait être nommé. Les mots seuls portaient l'univers comme le vent dans la voiture, au loin. Hélène Dorion, Québec Les murs de la grotte / éd. la Différence 1998 (née en 1958, a publié une quinzaine de livres d'artistes et reçu de nombreux prix littéraires) *** Certains matins, ils pépient plus que les oiseaux: la nuit n’ose plus rien dire alors nous ouvrons les yeux. Les branches étaient des chambres. Ariane Dreyfus La belle vitesse L’Idée Bleue, 2002 (née en 1958, professeur de lettres modernes) 30 À me bercer les pieds gelés à me rouler sous les couvrantes Pense à mon loup le rouge aux joues la vieille solitude qui chaperonne Je m’affuble de mes folklores ça coule de source ne manque pas de sel La neige peut tomber ça ne prend plus les bras s’étirent sans épouvante sous le ciel vide où je lance tous les noms d’oiseaux Le cœur rallonge Valérie Rouzeau Va où / Le temps qu’il fait / 2002 (née en 1967, traductrice, anime des ateliers dans les classes. Elle a écrit plusieurs textes pour le groupe Indochine) *** Plus âgés que nos âges, tous debout depuis la terre, nous sommes restés longtemps au chaud dans nos paniques, récitant des chagrins ici et là appris par cS ur sous une grande pluie d'hiver. Avant de nous mettre à chercher le soleil, et ses fraîcheurs, et ses jardins. Demain, même si la lumière demeure difficile, nous croirons enfin aux anges. Albane Gellé Poème commandé par le Printemps des Poètes et publié dans l'anthologie Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004 des hommes debout et leurs villages dessous la terre des pierres joyeuses en cathédrales des pierres encore interminables devant les yeux depuis jadis cent mille roses princesses d'été un peu sauvages ici pour vivre le vent respire un enfant marche - marche et s'arrête pour le silence des girafes un loup crinière des oiseaux bleus - marche et s'arrête pendant des heures le cS ur s'agite entre du ciel et des rochers ville fontaine Albane Gellé poème commandé par le Printemps des Poètes (née en 1971, dirige l'association Lectures&Poétiques de Saumur) 31 À ma place Mes yeux voient À ma place Mon nez sent À ma place Ma bouche parle À ma place Mes oreilles écoutent À ma place Mais mon coeur N'y est pas Sophie-Leï Thumann Origamis mes amis éd du Rocher / Lo Païs d'enfance *** caresser les croches les doubles croches en noir et blanc toucher les do ré écouter les fa sol concerto piano solo silence l’émotion bord à bord comme ensemble un instant Magali Thuillier Des rêves au fond des fleurs L’idée bleue, 2006 (née en 1972, vit à Nantes, développe avec l'association 3 petits points de suspension, des projets autour de la lecture et de l'écriture) 32 Andrée Chedid Elle est née en 1920 au Caire. À 14 ans elle part en Europe. Elle revient ensuite au Caire pour étudier dans une université américaine. Elle vit à Paris depuis 1946. Elle écrit des recueils de poésie, dont certains pour enfants, des pièces de théâtres, des essais, des récits et des romans. Elle a reçu le prix Goncourt de poésie en 2003. ***** Les mouettes Remous Je te donne trois mouettes La pulpe d'un fruit Le goût des jardins sur les choses La verte étoile d'un étang Le rire bleu de la barque La froide racine du roseau Je te donne trois mouettes La pulpe d'un fruit De l'aube entre les doigts De l'ombre entre les tempes je te donne trois mouettes Et le goût de l'oubli "Toutes ces brumes Issues de nos chagrins Tous ces orages Qui bataillent entre nos tempes Toutes ces ombres Qui emmurent l'espérance Tous ces cris Qui entravent notre chant Toutes ces craintes Qui retiennent nos pas Toutes les clartés Qui naissent de ces remous !" Fêtes et Lubies éd. Flammarion (1973) Territoires du souffle éd. Flammarion 1999 ***** 33 La révolte du sujet « Un jour, un jour », Chante le Sujet « Je me tiendrai Seul Sur mes pieds. Les parenthèses On me traite « d'accessoire » De « disgression » De « sens à part »! Sans ordre Sans verbe Et sans allié Mais je l'affirme Plein de sourires « Sans diversion Où est le plaisir? » Dans un désordre Illuminé! » Grammaire en fête éd Folle Avoine Grammaire en fête éd Folle Avoine *** Le recueil Grammaire en fête (1984) est sélectionné pour le prix de poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire La Grammaire en fête La Grammaire Oh, la Grammaire ! C'est comme tout Ce qui vit sur terre ! Alors alors Mes petits espiègles, Sur ce chaos Je trace des règles, Voyez les mots Les petits, les gros : Chacun son « Moi », Son « quant à soi » À tous ces mots Je fais la loi. Tantôt amis, Tantôt ennemis. Tantôt batailles, Ou épousailles. Tantôt amour, Tantôt vautour. Tantôt héros, Tantôt zéro. Toujours le même scénario ! Ne me traitez-pas de rabat-joie, Dansez, chantez et jouez-moi ! Allons Sans pions Sous les lampions ! Mieux vaut la fête ! Que le casse-tête ! Et la chanson, Que le bâton ! Grammaire en fête éd. Folle Avoine *** 34 Le chant des villes De cet amour ardent je reste émerveillée Je m attache aux pulsations des villes A leur existence mouvementée Je respire dans leurs espaces verts Je me glisse dans leurs ruelles J écoute leurs peuples de partout J ai aimé les cités Le Caire ou bien Paris Elles retentissent dans mes veines Me collent à la peau Je reste émerveillée Du clapotis de l eau Des oiseaux gazouilleurs Ces bonheurs de la terre Je reste émerveillée D un amour Invincible Toujours présent Je ne pourrai me passer D être foncièrement : Urbaine. Je reste émerveillée De cet amour Ardent Qui ne craint Ni le torrent du temps Ni l hécatombe Des jours accumulés Pour le printemps des poètes 2006 « Le chant des villes » *** Le vent lasse les peines Demain souffle aux portes, Rien n'est jamais perdu De ce qui fut aimé. Textes pour un poème éd Flammarion 1949-1970 Dans mon miroir Défraîchi Je me souris encore Je reste émerveillée Rien n y fait L amour s est implanté Une fois Pour toutes. De cet amour ardent je reste émerveillée. Pour le printemps des poètes 2007 « Lettera Amorosa » *** Épreuves de l'être Épreuves du visage La voix de toute naissance Heurte l'ordre du monde Qui Se tient Derrière le pelage du monde ? Son verbe nous cherche Son souffle dénude Quel visage au front nu Se détourne des rôles Planté dans la moëlle Levant parole parmi le champ des mots Le cri de l'être Ébranle nos cibles Détisse nos trames Renverse le flux du sablier Garde en chemin Ses yeux inversant les images Sa bouche éconduisant les rumeurs ? ... Épreuves du vivant poésies Flammarion (1983) 35 Chassé-croisé Grain de poussière s'est mis au vert Pour respirer Un plein bol d'air Monstre Ailé ailé Le Grain de Blé S'est envolé Vers la cité près des sources taries le monstre ricane ses dents d'acier brillent au soleil Le coeur et le temps éd. de L'École (1976) les cyprès se taisent *** l'homme s'avance sur une terre qu'il ne voit plus. Lignes de charge Parlons Parlons de cette vie qu'on nous livre De ce globe parmi tant d'astres De cette rotation qui nous entraîne De cette gravitation qui nous retient Parlons du jour si brièvement nôtre De chemins flétris Des cris perpétués Des visages en tous lieux Et en toutes saisons Parlons de tant de soufre De tant de souffles De tant d'envol De trop d'enfoncements. Rencontrer l'inespéré / éd. Paroles d'Aube 1993 36 et une chanson parmi quelques autres... *** Je dis M J'ai les méninges nomades J'ai le miroir maussade Tantôt mobile, tantôt tranquille Je moissonne sans bousculade Je dis aime Et je le sème Sur ma planète Je dis aime Comme un emblème La haine je la jette Je dis aime Du sphinx dans mon rimeur Paris au fil du coeur Du Nil dans mes veines Dans mes artères coule la Seine Je dis aime Et je le sème Sur ma planète Je dis aime Comme un emblème La haine je la jette Je dis aime Pour le dehors, le dedans Pour l' après, pour l' avant Je dis aime Pour le dehors, le dedans Pour l' après, pour l' avant Aime Pour le dehors, le dedans Pour l' apres, pour l' avant Pour le dehors, le dedans Pour l' apres, pour l' avant Je dis aime, et je le sème sur ma planète Je dis aime, comme un emblème, la haine, je la jette Je dis aime texte de la chanson Je dis M, écrite par Andrée Chedid pour son petit-fils, le chanteur Mathieu Chedid, M 37 Couleur femme écriture d'hommes... *** Pour éviter tout retour au piège La fuite se prend sans bagage. Guénane Couleur Femme éd Rougerie (2007) 38 Mignonne, allons voir... À Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Bonjour mon coeur, bonjour... Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie. Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie, Hé ! bonjour ma toute belle, Ma mignardise, bonjour, Mes délices, mon amour, Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle, Mon doux plaisir, ma douce colombelle, Mon passereau, ma gente tourterelle, Bonjour, ma douce rebelle. Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche De t'avoir laissée, maîtresse, Pour aller suivre le Roi, Mendiant je ne sais quoi Que le vulgaire appelle une largesse ? Plutôt périsse honneur, court, et richesse, Que pour les biens jamais je te relaisse, Ma douce et belle déesse. Pierre de Ronsard Pierre de Ronsard Le second livre des amours (1555) *** L'amour de moi... L amour de moi si est enclose Dedans un joli jardinet Où croît la rose et le muguet Et aussi fait la passerose. Ce jardin est bel et plaisant ; Il est garni de toute flour ; On y prend son ébattement Autant la nuit comme le jour. Hélas ! il n est si douce chose Que de ce doux rossignolet Qui chante au soir, au matinet : Quand il est las, il se repose. Je la vis l autre jour cueillir La violette en un vert pré La plus belle qu oncques je vis Et la plus plaisante à mon gré. Je la regardai une pause : Elle était blanche comme lait, Et douce comme un agnelet, Vermeillette comme une rose. Anonyme (17ème siècle) *** 39 La jeune captive (extrait) Est-ce à moi de mourir? Tranquille je m'endors Et tranquille je veille; et ma veille aux remords Ni mon sommeil ne sont en proie. Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux; Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux Ranime presque de la joie. Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine. Je ne suis qu'au printemps. Je veux voir la moisson, Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année. Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin, Je n'ai vu luire encore que les feux du matin, Je veux achever ma journée;. ... André Chénier (Ode écrite à la prison St Lazare, en 1794; le poète prête ici sa plume à une jeune femme, Aimée Franquetot de Coigny) *** La Jeune Tarentine Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez. Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine. Un vaisseau la portait aux bords de Camarine. Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement, Devaient la reconduire au seuil de son amant. Une clef vigilante a pour cette journée Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée Et l'or dont au festin ses bras seraient parés Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés. Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles L'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots, Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine. Son beau corps a roulé sous la vague marine. Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher Aux monstres dévorants eut soin de la cacher. Par ses ordres bientôt les belles Néréides L'élèvent au-dessus des demeures humides, Le portent au rivage, et dans ce monument L'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement. Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes, Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes, Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil, Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil. Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée. Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée. L'or autour de tes bras n'a point serré de nS uds. Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux. André Chénier Les Bucoliques / 1785-1787 40 Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe ! Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe ! Qui sait combien de jours sa faim a combattu ! Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu, Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées ! Comme au bout d'une branche on voit étinceler Une goutte de pluie où le ciel vient briller, Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte, Perle avant de tomber et fange après sa chute ! La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or ! Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor. Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière, Et redevienne perle en sa splendeur première, Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour, D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour ! Victor Hugo les chants du crépuscule / 1835 Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé À la belle impérieuse Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé, Étant femme, se sent reine ; tout l'A B C Des femmes, c'est d'avoir des bras blancs, d'être belles, De courber d'un regard les fronts les plus rebelles, De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons, Un sourire, éblouir les coeurs les plus profonds, D'être, à côté de l'homme ingrat, triste et morose, Douces plus que l'azur, roses plus que la rose ; Jeanne le sait ; elle a trois ans, c'est l'âge mûr ; Rien ne lui manque ; elle est la fleur de mon vieux mur, Ma contemplation, mon parfum, mon ivresse ; Ma strophe, qui près d'elle a l'air d'une pauvresse, L'implore, et reçoit d'elle un rayon ; et l'enfant Sait déjà se parer d'un chapeau triomphant, De beaux souliers vermeils, d'une robe étonnante ; Elle a des mouvements de mouche frissonnante ; Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts. Et sa fraîche toilette, et son âme au travers ; Elle est de droit céleste et par devoir jolie ; Et son commencement de règne est ma folie. L'amour, panique De la raison, Se communique Par le frisson. Victor Hugo L'art d'être grand-père / 1837 41 Laissez-moi dire, N'accordez rien. Si je soupire, Chantez, c'est bien. Si je demeure, Triste, à vos pieds, Et si je pleure, C'est bien, riez. Un homme semble Souvent trompeur. Mais si je tremble, Belle, ayez peur. Victor Hugo Les chansons des rues et des bois / 1865 Suzette et Suzon J'adore Suzette, Mais j'aime Suzon, Suzette en toilette, Suzon sans façon ! Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Rimons pour Suzette, Rimons pour Suzon ; L'une est ma musette, L'autre est ma chanson, Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! La main de Suzette, La jambe à Suzon, Quelle main bien faite ! Quel petit chausson ! Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Je rêve à Suzette, J'embrasse Suzon ; L'une est bien coquette, L'autre est bon garçon. Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Tapis pour Suzette, Jardin pour Suzon ; Foin de la moquette, Vive le gazon ! Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Au bal va Suzette, Au bois va Suzon ; J'épie et je guette L'ombre et le buisson. Ah ! Suzon, Suzette Suzette, Suzon ! Jaloux de Suzette ! Jaloux de Suzon ! La bergeronnette Fait damner l'oison. Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Si jamais Suzette Rit comme Suzon, Au diable je jette Toute ma raison. Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Si comme Suzette Souriait Suzon, Cette humble amourette Serait mon poison. Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! S'il faut fuir Suzette Ou quitter Suzon Et que je n'en mette Qu'une en ma maison, Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Je laisse Suzette, Je garde Suzon ; L'une me rend bête, L'autre me rend bon. Ah ! Suzon, Suzette ! Suzette, Suzon ! Victor Hugo Toute la lyre / posthume 1897 *** Dansez, les petites filles, Toutes en rond. En vous voyant si gentilles, Les bois riront. Victor Hugo Dansez, les petites belles, Toutes en rond. les oiseaux avec leurs ailes Applaudiront. Dansez, les petites fées, Toutes en rond. Dansez, de bleuets coiffées, L'aurore au front. L'art d'être grand-père / 1877 42 Fantaisie Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber, Un air très vieux, languissant et funèbre, Qui pour moi seul a des charmes secrets. La cousine L'hiver a ses plaisirs; et souvent, le dimanche, Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche, Avec une cousine on sort se promener... - Et ne vous faites pas attendre pour dîner, Or, chaque fois que je viens à l'entendre, De deux cents ans mon âme rajeunit : C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre Un coteau vert, que le couchant jaunit, Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries, Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries, La jeune fille a froid... et vous fait observer Que le brouillard du soir commence à se lever. Puis un château de brique à coins de pierre, Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs, Ceint de grands parcs, avec une rivière Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ; Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette, Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète : Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit, Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit. Puis une dame, à sa haute fenêtre, Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, Que, dans une autre existence peut-être, J'ai déjà vue... - et dont je me souviens ! Gérard de Nerval Odelettes / 1834 *** La Lune aux yeux bleus La nuit, les chevelures des femmes et les branches des saules se confondent. Je marchais au bord de l eau. Tout à coup, j entendis chanter : alors seulement je reconnus qu il y avait là des jeunes filles. Je leur dis : « Que chantez-vous ? » Elles répondirent : « Ceux qui reviennent. » L une attendait son père et l autre son frère ; mais celle qui attendait son fiancé était la plus impatiente. Elles avaient tressé pour eux des couronnes et des guirlandes, coupé des palmes aux palmiers et tiré des lotus de l eau. Elles se tenaient par le cou et chantaient l une après l autre. Je m en allai le long du fleuve, tristement, et toute seule, mais en regardant autour de moi, je vis que derrière les grands arbres la lune aux yeux bleus me reconduisait. Pierre Louÿs Les chansons de Bilitis (1894) Ce petit livre d'amour antique est dédié respectueusement aux jeunes filles de la société future 43 Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blème, Elle seule les sait rafraîchir en pleurant. Est-elle brune ? Blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. Paul Verlaine Poèmes saturniens /1866 * Stances à la châtelaine Madame, c'est moi qui viens. Moi, cela ne vous dit rien ! Je viens vous chanter quand même Ce que mon coeur a rimé Et si vous voulez m'aimer ? Moi : c'en est un qui vous aime ! Oh ! vos mains, dont les pâleurs Bougent, en gestes de fleurs Qu'un peu de brise caresse ! Oh ! vos beaux yeux impérieux ! Un seul regard de ces yeux Dit assez votre noblesse ! Votre parc est doux et noir : Il y ferait bon ce soir Pour achever ce poème Que mon coeur seul a rimé. Donc, si vous voulez m'aimer, J'y serai, moi qui vous aime ! - Je chantais cela tantôt, Aux grilles de son château. A la fin, compatissante, Elle dit à son larbin : " Joseph, portez donc du pain Au pauvre mendiant qui chante ! " Vos aïeules ont été, Sous le grand chapeau d'été Fleuri comme un jour de Pâques, Marquises de Trianon, Et moi, fils de gens sans nom, J'ai des goûts à la Jean-Jacques ! Gaston Couté 44 Jeanne Un long silence Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance, Qui demeure aux prés, où tu coules tout bas. Meuse, adieu : J'ai déjà commencé ma partance En des pays nouveaux où tu ne coules pas. Voici que je m'en vais en des pays nouveaux : Je ferai la bataille et passerai les fleuves ; je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux, Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves. Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce, Tu couleras toujours, passante accoutumée, Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse, Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée. un silence Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée ; Où tu coulais hier, tu couleras demain. Tu ne sauras jamais la bergère en allée, Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés. La bergère s'en va, délaissant les moutons, Et la fileuse va, délaissant les fuseaux. Voici que je m'en vais, loin de tes bonnes eaux, Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons. Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine, Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance, Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance, Toi qui passes toujours et ne pars jamais, Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux, Ô Meuse inaltérable, Ô Meuse que j'aimais, un silence Quand reviendrai-je ici filer encor la laine? Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous? Quand nous reverrons-nous? Et nous reverrons-nous? Meuse que j'aime encore, Ô ma Meuse que j'aime. Charles Péguy Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1921) 45 Marie Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C'est la maclotte qui sautille Toute les cloches sonneront Quand donc reviendrez-vous Marie Elle passe Prenant les coeurs un à un Donnez les coeurs Tous les bons coeurs Les pauvres coeurs Elle place Chaque coeur sur sa main Vous n'irez jamais Jusqu'à ses lèvres Oh les coeurs Les pauvres coeurs Elle se lasse Et met les coeurs dans son panier Hélas Les coeurs n'y restent guère N'y resteront pas longtemps N'y restent pas assez Pas même un petit printemps Les masques sont silencieux Et la musique est si lointaine Qu'elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux Les brebis s'en vont dans la neige Flocons de laine et ceux d'argent Des soldats passent et que n'ai-je Un cS ur à moi ce cS ur changeant Changeant et puis encor que sais-je Sais-je où s'en iront tes cheveux Crépus comme mer qui moutonne Sais-je où s'en iront tes cheveux Et tes mains feuilles de l'automne Que jonchent aussi nos aveux Je passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine Guillaume Apollinaire Alcools / 1913 *** Guillaume Apollinaire Alcools / 1913 à Marie Laurencin ou à Maria Dubès Épigramme Mon adorable jardinière Toi qui voudrais savoir pourquoi Nul ne tape sur derrière Ne sais-tu pas comme moi Qu'il ne faut pas battre une femme Et même avec une fleur Rare oui Madame Guillaume Apollinaire Poèmes à Lou / 1955 posthume 46 Aquarelliste À Mademoiselle Yvonne M... Yvonne sérieuse au visage pâlot A pris du papier blanc et des couleurs à l'eau Puis rempli ses godets d'eau claire à la cuisine. Yvonnette aujourd'hui veut peindre. Elle imagine De quoi serait capable un peintre de sept ans. Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps Et puis la ressemblance est un point difficile À saisir, il vaut mieux peindre de l'immobile Et parmi l'immobile inclus dans sa raison Yvonnette a fait choix d'une belle maison Et la peint toute une heure en enfant douce et sage. Derrière la maison s'étend un paysage Paisible comme un front pensif d'enfant heureux, Un paysage vert avec des monts ocreux. Or plus haut que le toit d'un rouge de blessure Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s'azure. Quand j'étais tout petit aux cheveux longs rêvant, Quand je stellais le ciel de mes ballons d'enfant, Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette, Des paysages verts avec la maisonnette, Mais au lieu d'un ciel triste et jamais azuré J'ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai. Guillaume Apollinaire Il y a / 1925 posthume Reconnais-toi Cette adorable personne c'est toi Sous le grand chapeau canotier Oeil Nez La bouche Voici l'ovale de ta figure Ton cou exquis Voici emfin l'imparfaite image de ton buste adoré Vu comme à travers un nuage Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat Guillaume Apollinaire Calligrammes (1918) 47 Le pas de la Séguirilla El paso de la siguiriya Parmi les papillons noirs, va une brunette moresque à côté d'un blanc serpent de brume. Terre de lumière, Ciel de terre Elle va enchaînée au tremblement d'un rythme qui jamais ne s'établit; elle a un coeur en argent et un poignard dans la main Où vas-tu, siguiriya, de ce rythme décervelé? Quelle lune soulagera ta douleur de citron et de bouton de rose? Terre de lumière Ciel de terre. Entre mariposas negras, va una muchacha morena junto a una blanca serpiente de niebla. Tierra de luz, cielo de tierra. Va encadenada al temblor de un ritmo que nunca llega; tiene el corazón de plata y un puñal en la diestra ¿Adónde vas siguiriya, con un ritmo sin cabeza? ¿Qué luna recogerá Tu dolor de cal y adelfa? Tierra de luz cielo de tierra. Fédérico garcia Lorca Cante Rondo / 1922 / traduction de Gilles de Seze Traversée Et les femmes sont si belles Et leurs noms ensoleillés Sur la mer font brasiller Des promesses si nouvelles Et le navire est si blanc Et les femmes sont si belles Qui doucement s'échevellent Aux tièdes vents émouvants. Et la contrée irréelle Nous attend si tendre au bout De ce long voyage si doux Parmi ces femmes si belles Et la houle est une tant Bleue et blanche balancelle, Et les femmes sont si belles Sous le ciel tant nonchalant. Ma sirène ( dédié à Kiki de Montparnasse) (extrait) ... Ma sirène a des savons de toutes formes de toutes couleurs C'est pour laver sa jolie peau Ma sirène a beaucoup de savons L'un pour les mains L'autre pour les pieds Un pour hier Un pour demain Un pour chacun des yeux Et celui-là pour sa queue d'écailles Et cet autre pour les cheveux Et encore un pour son ventre Et encore un pour ses reins. Ma sirène ne chante que pour moi J'ai beau dire à mes amis de l'écouter Personne ne l'entendit jamais Excepté un, un seul Mais bien qu'il ait l'air sincère Je me méfie car il peut être menteur Marcel Thiry L'enfant prodique (1927 / Belgique) Robert Desnos Destinée arbitraire, « Les nuits blanches » Gallimard 1995 / publication posthume 48 Et À ma fille sur la route des Indes L'espace s'ouvre en moi en ce matin d'avril Comme un gouffre béant où, vacillant nuage, Vertigineusement s'épanche ton visage Parmi la steppe aride à mes pas interdite. Aux bourgeons neufs, au ciel décorant la fenêtre D'une jonchée d'écume et de blanches corolles, Quel regard accorder, si tu ne peux renaître, O bouche grapillant d'aériennes paroles ? Michel Manoll Un été andalou éd. Rougerie 1980 * La nuit prend des couleurs *** Moi, j'écris Voici que les oiseaux réveillent l'aube Je raye Ils épient le ciel ils pépient le jour Parfois il en reste un peu. Bientôt ils plumeront la lumière au premier coup d'aile De temps en temps j'arrive à me taire. Et tout le jour nous chercherons les éclats perdus J'écris une poésie de marcheur immobile pour qu'elles voyagent. C'est elle qui les trouvera Elle en recueillera la douceur pour la poser comme une lampe dans le duvet noir du silence. *** *** Elle croyait avoir lu dans un livre : « Le loup, toujours, a un nom d'homme. » *** Alain Boudet Quelques instants d'elles éd. Océanes 1998 *** Tendre main de femme Aux envies De rose d'hiver Tourbillons rituels Une flèche à la main Huit jeunes filles Seiho Awano La pluie 49 Jouons à courir, ma petite Guzine, toi, moi, Dino et puis ma Veroucha, jouons à courir sous la pluie, pieds nus, cheveux au vent. Passons par le boulevard St Michel, à la poursuite d'Istambul, et tournons autour du jardin de Notre-Dame et de la Tour de Léandre. Jouons à courir, ma petite Guzine, toi, moi, Dino et ma Veroucha, jouons à courir, à grands cris, au point du jour, jouons à courir aux heures teintées d'aube. Jouons à courir avec nos jours passés et à venir, des ailes de mouette à nos pieds. Ouvrons très grands nos yeux pleins de soleil et de vent sur le monde et que Colin et Maillard, les maudits, ne puissent nous rattraper. Jouons à courir, ma petite Guzine. Nazim Hikmet (Turquie) Il neige dans la nuit éd. nrf Gallimard D'où nous venons Elle s'approche du miroir rond comme une bouche d'enfant qui ne sait pas mentir, vêtue d'une robe de chambre bleue qui s'use elle aussi. Dans toutes les langues de la terre En toutes bouches de tout âge En toutes lettres ou caractères Dans la symphonie des langages Depuis l'origine du sang Parole première et dernière Dans le cri le râle ou le chant Par le pinceau la voix la plume Plurielle et pourtant singulière Multiple et pourtant Unique : UNE MÈRE Cheveux bientôt couleur de cendre sous le très lent feu du temps. Le soleil du petit matin fortifie encore son ombre. Philippe Jaccottet Pensées sous les nuages éd. nrf Gallimard 1994 Bernard Lorraine * Du coeur sensible de la femme jaillit le bonheur de l'humanité. Khalil Gibran Le calligraphe, le Poète et la Paix éd. Bachari 50 Fraternité On m'a dit qu'il y a des filles blanches comme le lait, Et j'aime le lait. On m'a dit qu'il y a des filles jaunes comme le néré*, Et j'aime le néré. On m'a dit qu'il y a des filles rouges comme la mangue, Et j'aime la mangue. Mais que tarde le soleil à se lever sur la nuit de mon rêve? Je vois dans mon berceau des filles Blanches, Jaunes, Rouges et Noires. Toutes belles de la beauté de leurs mères qui peuplent la planète. Belles et douces, avec moi, dans mon berceau. Et nos mères, la main dans la main, dansent autour et nous apprennent à chanter l'hymne de la fraternité. Augustin-Sondé Coulibaly (Burkina Faso) La Fontaine aux masques * néré; fruit répandu en Afrique de l'Ouest Le temps dans tes yeux Est de la couleur des cieux Le temps dans tes cheveux Est plutôt neigeux Le temps sur ta peau Fait comme les rides sur l'eau Grand-mère Presque bleue et blanche Grand-mère presque transparente temps et amour Pour toi Sont infinis. Mademoiselle Seguin Est partie au petit déjeuner Courir dans les jonquilles Monsieur Seguin A toujours eu des difficultés Avec ses filles Michel Lautru Les jupes s'étourdissent / éd. Soc et Foc 2005 Prix poésie jeunesse des lecteurs Lire et Faire Lire 2007 Grand-mère n'aime pas la magie Elle ne croit pas aux moutons qui logent dans les nuages ni aux étoiles filantes Elle aime par-dessus tout regarder le ciel rougeoyant faire son pain en direct Jean Élias Grand-mère arrose la lune éd. Motus 2006 Prix poésie jeunesse des lecteurs Lire et Faire Lire 2008 51 Lointains matins à maman Mpombo O maman O mère Quel gai sourire Sur tes lèvres Chaque matin Et au matin En ces lointains matins Lors Te penchant Sur mon berceau Tel un lionceau Pour me tendre En perche Ton coeur Et entreprendre Avec moi À la cadence de mes pas Ce long et terrible chemin Vers des lendemains Obscurs et incertains O maman O mère*Que ne donnerai-je Et que ne ferai-je Pour que dans cet au-delà Inconnu jusque-là Je puisse Un instant Rien qu'un seul instant Ressentir à nouveau Sur mes joues D'enfant vieillissant Les chaudes caresses Et la douce musique De tes mains Et la douceur câline De ton regard étoilé Tourné vers l'Orient. Léopold-Pindy Mamonsono (Congo) Equinoxes * Le chat du voisin Que je chasse au loin, ma fille, Elle, l'apprivoise Philippe Quinta Haïchats éd. La Renarde Rouge *** Paysage Il y avait un merle blanc un merle noir il y avait des fées parmi les pâquerettes. Il y avait une abeille blonde, une source bleue, une rose thé, une tulipe chocolat. Il y avait une femme qui descendait la colline, une femme habillée de feu, de laine et d'amour. Une mère aux yeux d'iris, une mère aux mains de soie, une mère coiffée de rêves. Et je chantais avec ses lèvres. Et je vibrais avec son coeur. Il y avait une maison de sucre et de blé. Il y avait un abricot mûr sur une fenêtre. Il y avait un grand soleil de cuivre roux et des iris aux langues d'or. Il y avait une femme qui s'approchait de la maison et qui caressait l'abricot et qui regardait le soleil. Une mère aux yeux de violette, Une mère aux mains de velours. Une mère habillée de brouillard et de larmes, De lumière et d'amour. Pierre Gamarra 52 La maison d'Hélène Il a suffi du liseron du lierre Pour que soit la maison d'Hélène sur la terre Les blés montent plus haut dans la glaise du toit Un arbre vient brouter les vitres et l'on voit Des agneaux étendus calmement sur les marches Comme s'ils attendaient l'ouverture de l'arche Une lampe éparpille au loin son mimosa Très tard les grands chemins passent sous la fenêtre Il y a tant d'amis qu'on ne sait plus où mettre Le pain frais le soleil et les bouquets de fleurs Le sang comme un pic-vert frappe longtemps les coeurs Ramiers faites parler la maison buissonnière Enneigez ses rameaux froments de la lumière Que l'amour soit donné aux bêtes qui ont froid À ceux qui n'ont connu que la douceur des pierres Sous la porte d'entrée s'engouffre le bon vent On entend gazouiller les fleurs du paravent Le coeur de la forêt qui roule sous la table Et l'horloge qui bat comme une main d'enfant je vivrai là parmi les roses du village Avec les chiens bergers pareils à mon visage Avec tous les sarments rejetés sur mon front Et la belle écolière au pied du paysage. René Guy Cadou Hélène ou le régne végétal éd. Seghers 1951 *** Lettre à Hélène Es-tu là N'es-tu pas là Dans la chambre ou rien ne bouge Dans ma vie où tu respires Tu te poses sur la plante Sur l'oeil triste et muet du chat Sur le livre qui n'est lourd Que du poids que tu lui donnes Je te vois en fermant l'oeil Dans le champ Balle perdue Dans mon coeur Balle qui trace L'avenir le souvenir Je ne pense qu'à toi qui m'aimes Je ne suis qu'à toi qui bruis René Guy Cadou Le coeur définitif éd. Seghers 1948 Vous trouverez dans la partie « écriture de femmes » des textes d'Hélène Cadou 53 Ma fille mon oiseau pour Anne Je te reconnais bien ma fille au geste simple de la pluie, à sa marche toute nue, tranquille épousée du soir tu caresses mon oiseau un ciel moblie et doux tu dors dans un ruisseau tu caches dans ton rêve le fruit calme de l'aube Je suis fier ma fille du feu rapide qui court dans tes yeux Jean-Pierre Siméon La nuit respire Cheyne éditeur / collection Poèmes pour grandir *** ... maison de ma grand-mère Blanche dans les tilleuls et le jasmin vos rides sourient dans ma main o ronde aïeule de mes dimanches je vous revoie dans chaque vieille et dans ma mère évidemment qui fut votre fille et que rend le temps à vous pareille Philippe Forcioli Routes de feuilles Geneviève Berthezène / Libraire-éditeur 54 La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, Ailes couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs. Parfums éclos d'une couvée d'aurore Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le jour dépend de l'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs Et tout mon sang coule dans leur regard. Paul Éluard Capitale de la douleur (1926 / dédié à Gala) éd. nrf Gallimard ** * Fillette Petite fille qui ne diminuera pas avec le temps. Un jour, elle perdra son ette dans les yeux de son premier amour. David Dumortier Cligne musette Cheyne éditeur / Poèmes pour grandir 2008 * 55 Printemps des Poètes 2010 « Couleur Femme » Vous trouverez dans les pages suivantes quelques documents complémentaires : *** - Une liste de poètes femmes actuelles présentées dans la poéthèque du printemps des poètes. - Une liste de femmes poètes du patrimoine et du répertoire étranger classique et contemporain, présentée dans la poéthèque du printemps des poètes. Pour plus d'informations, www.printempsdespoetes.com − Une bibliographie adultes et jeunesse *** N'hésitez pas soumettre des suggestions de livres ou de noms de poètes femmes pour compléter ces recherches. 56 Liste de poètes femmes actuelles présentées dans la Poéthèque ( établie au 10/07/09 ) (160 dont 4 décédées) A Marie-Noëlle Agniau Salima Aït-Mohamed Anne-Marie Albiach Salwa Al Neimi Maram Al-Masri Olympia Alberti Gabrielle Althen Colette Andriot Andrée Appercelle Françoise Ascal Marianne Auricoste Edith Azzam B Isabelle Baladine Howald Marie-Claire Bancquart Silvia Baron Supervielle Linda Maria Baros Joëlle Basso Jeanine Baude Geneviève Bauloye Anne Belin Claude Ber Anne Marie Bernad Jeanne Bessière Anne-Lise Blanchard Claudine Bohi Béatrice Bonhomme Tanella Boni Denise Borias Dan Bouchery Sophie Braganti Martine Broda (décédée) Nicole Brossard Danusza Bytniewski C Martine Cadieu Hélène Cadou Laure Cambau Odile Caradec Madeleine Carcano Claudia Carlisky Magda Carneci Francine Caron Francesca Yvonne Caroutch Patricia Castex-Menier Judith Chavanne Andrée Chedid Jaleh Chegeni Marie-Josée Christien Geneviève Clancy (décédée) Danielle Cohen-Levinas Marie-Dominique Cotte Chantal Couliou Françoise Coulmin Fabienne Courtade Ioana Craciunescu D Chantal Danjou Carole Darricarrère Lydie Dattas Djalila Dechache Marcela Delpastre (décédée) Denise Desautels Lucienne Desnoues (décédée Régine Detambel Maryvonne Digot Heather Dohollau Hélène Dorion Nicole Drano Stamberg Ariane Dreyfus Chantal Dupuy – Dunier E Marie-Florence Ehret Bernadette Engel - Roux Marie Etienne F Sylvie Fabre G Tamirace Fakhoury Mireille Fargier-Caruso Ira Feloukatzi Vera Feyder Claire Fourier 57 G Isabelle Garron Françoise Geier Albane Gellé Liliane Giraudon Michelle Grangaud Guénane Cade Luce Guilbaud Brigitte Gyr H Marylin Hacker Françoise Han Claudine Helft Nora Herman Marie Huot J Antoinette Jaume Anne-Marie Jeanjan K Béatrice Kad Leslie Kaplan Christiane Keller Vénus Khoury-Ghata Colette Klein Anise Koltz L Gina Labriola Maximine Lagier-Durand Hélène Lanscotte Josée Lapeyrère Nicole Laurent-Catrice Emmanuelle Le Cam Catherine Leblanc Anne-José Lemonnier Béatrice Libert Liska Françoise Lison-Leroy Vivian Lofiego Camille Loivier Sophie Loizeau M Sabine Macher Béatrice Machet Vannina Maestri Claire Malroux Amandine Marembert Dominique Maurizi Michel Métail Pierrette Micheloud Hanna Mirna Jeanine Mitaud Myriam Montoya Dany Moreuil Evelyne Morin Anne Mounic Sandra Moussempès N Taslima Nasreen Françoise Neveu Samira Negrouche Azadée Nichapour Patricia Nolan Luc Norin Colette Nys-Mazure O Cécile Oumhani P Florence Pazzottu Isabelle Pinçon Emmanuelle Pireyre Véronique Pittolo Thérèse Plantier (décédée) Anne Portugal Q Nathalie Quintane R Geneviève Raphanel Jacquette Reboul Sylvie Reff Katy Remy Valérie-Catherine Richez Jacqueline Risset Marie-Clotilde Roose Valérie Rouzeau S Amina Saïd Jacqueline Saint-Jean Annie Salager Nohad Salameh Jeanine Salesse Hélène Sanguinetti Marie-Ange Sebasti Ryoko Sekiguchi AnneLise Simao Maud-Andrée Sodenkamp Gwenaëlle Stubbe 58 T Esther Tellermann Anne Teyssiéras Bernadette Throo Magali Thuillier V Zoé Valdés Miriam Van Hee Angèle Vannier (décédée) Christiane Veschambre Geneviève Vidal Laurence Vielle W Monique W. Labidoire Catherine Weinzaepflen Liliane Wouters Liste de femmes poètes du patrimoine et du répertoire étranger classique et contemporain présentée dans la poéthèque ( établie au 9/06/09) Femmes poètes du patrimoine Sappho, poétesse grecque (IV av JC) Marie de France (12e siècle) Béatrice de Die (12e siècle) Christine de Pisan (13e siècle) Marguerite de Navarre (16e siècle) Marie Stuart (16e siècle) Pernette du Guillet (16e siècle) Louise Labbé (16e siècle) Mme Deshoulières (17e siècle) Marceline Desbordes Valmore (19e siècle) Elisa Mercoeur (19e siècle) Marie de Heredia (19e siècle) Lucie Delarue-Mardrus (19e siècle) Louise Michel (19e siècle) Poésie étrangère classique et contemporaine Classement alphabétique par langue d'écriture Poésie de langue arabe - Nazik al-Malaika (Irak – décédée) - Fadwa Touqan (Palestine) - Salwa Al Neimi (Syrie) - Safaa Fathy (Egypte) Poésie anglophone USA - Emily Dickinson, (1830 – 1886) - Gertrude Stein (1874-1946) - Sylvia Plath (1932-1963) - Marylin Hacker - Adrienne Rich - Cole Swensen - Denise Levertov (traduite par Jean Joubert) - Marie Ponsot - Jorie Graham - Marilyn Nelson - Meena Alexander - Louise Glück - Alicia Ostriker - Rita Dove (traduite par Jean Migrenne chez l'Harmattan) - Susan Howe - Kathleen Fraser Poésie bulgare - Blaga Dimitrova, 1922-2003 (www.bibliomonde.com/auteur/blagadimitrova-1393.html) Irlande - Eavan Boland - Eileann ni'Chuilleannan - Nuala ni'Domnall - Patricia Nolan Grande-Bretagne - Elizabeth Barrett Browning – Cf : Sonnets portugais, éditions le Bruit du temps - Carol Ann Duffy - Carol Rumens - Mimi Khalvati - Ruth Padel - Ursuma Fanthorpe - Gillian Clarke (galloise) - Taslima Nasreen (Bengalaise, de langue anglaise) 59 Poésie néerlandaise - Anna Enquist (cf revue Septentrion) − Miriam Van Hee Poésie francophone Belgique - Berthe Bolsée (1905-1983) - Vera Feyder - Françoise Lison-Leroy - Colette Nys-Mazure - Marie-Clotilde Roose - Andrée Sodenkamp - Gwenaëlle Stubbe - Laurence Vielle - Liliane Woutters Côte d’Ivoire - Tanella Boni Liban - Nadia Tuéni (1935 – 1983) - Tamirace Fakhoury - Vénus Khoury-Ghata - Hanna Mirna - Nohad Salameh Luxembourg - Anise Koltz Québec - Anne Hébert (1916 - 2000) - Hélène Dorion - Denise Desautels - Nicole Brossard - Erin Moure - Louky Bersianik - Catherine Lalonde Roumanie - Linda Maria Baros - Magda Carneci - Iona Craciunescu Poésie hispanique & latino-américaine - Julia de Burgos (Porto Rico) cf Anthologie bilingue, Indigo, côté femmes, 2004 Présentes dans Cinq femmes poètes d'Amérique latine, Le Temps des Cerises, 2009 - Vivian Lofiego (Argentine) - Myriam Montoya (Colombie) - Lina Zerón (Mexique) - Lourdes Espínola (Paraguay) - Diana Lichy (Vénézuela) - Zoé Valdès (Cuba) Poésie italienne - Antonella Anedda (Nuits de paix occidentale, traduction Jean-Baptiste Para, L’escampette, 2008) - Alda Merini Poésie israëlienne - Dahlia Ravikovich (numéro 8 de la revue Siècle 21, avec des traductions d'Emmanuel Moses) Poésie japonaise − Ryoko Sekiguchi (1970 - ) ; Cf : Du rouge aux lèvres, haïjins japonaises − Poésie polonaise Wisława Szymborska Poésie portugaise - Sofia de Mello Breyner Andresen (1919-2004) Poésie russe - Marina Tsvétaïeva (1892-1941) - Anna Akhmatova (1889 - 1966) - Olga Sedakova (1949 - ) - Natacha Strijevskaya (Le Froid, poèmes traduits du russe par E. Hocquard et R. Hourcade, Les Cahiers de Royaumont.) Suisse - Sylviane Dupuis - Claire Kraelenbulh - Annie Perrier (www.culturactif.ch/poesie/perrier.htm) 60 12e Printemps des Poètes 8 au 21 mars 2010 Couleur femme Bibliographie générale Au 10/07/2009 Anthologies Femmes Poètes, Anthologie - Poésies du monde - Photographies, éditions Turquoise, à paraître novembre 2009 Poèmes de femmes, par Régine Deforges, Le Cherche-midi, 2009 Les Cent plus beaux cris de femmes, Cherche-Midi Éditeur 1980 Poésies en France depuis 1960, 29 femmes, Liliane Giraudon et Henri Deluy, Paris, Stock, Coll.« Versus », 1994 Poésie au féminin, Gallimard Jeunesse, 2007 Etre femme, ouvrage collectif, Le Temps des cerises / Ecrits des forges, actuellement épuisé Poètes-femmes françaises et du Québec Tisser les mots contre la nuit, anthologie : 29 voix de femmes à travers la poésie contemporaine de langue française, L’Harmattan, 2000 Huit siècles de poésie féminine - Anthologie par Jeanine Moulin, Seghers, Paris, 1981. Regards de femmes, haïkus francophones, sous la direction de Janick Belleau, Adage, 2008 Anthologie de Haijins japonaises, points Poésie, le Seuil, à paraître en février 2010 Jeanine Moulin : Huit siècles de poésie féminine (Seghers éd., 1975) Pierre Béarn : L’érotisme dans la poésie féminine française (Le Terrain Vague éd., 1993) Josette Segura : Huit voix de femmes (A chemise ouverte éd., 1994) Liliane Giraudon et Henri Deluy : Poésies en France depuis 1960 (Stock éd., 1994) Camille Weill : Poésie au féminin (Gallimard éd., collection Folio junior, 2007) Régine Deforges : Poèmes de femmes (Le cherche midi éd., 2009) Revues Cairns n°6, consacré au thème Couleur Femme, à paraître en mars 2010 Les Femmes et la poésie, Poésie 1, Vagabondage n° 23, 2000 Poésie première, n°38, 2008 Parler N°5 (1958) – numéro spécial « Spécial Femmes » (16 noms) – choix de Christian Gali Le Pont de l’Epée N°33 (1966) – numéro spécial « Féminin pluriel » (14 noms) – choix de Guy Chambelland Poésie 1 N°6 (1969) – numéro spécial « La poésie féminine française » (9 noms) – choix de Jean Breton Poésie 1 N°39/40 (1975) – numéro spécial « La poésie féminine française » (29 noms) – choix de Jean Breton Multiples N°23 (1976) – numéro spécial « Femmes » (8 noms) – choix d’Henri Heurtebise Emeute N°6/7 (1977) – numéro spécial « Femmes » (14 noms) – choix de Serge Pey Le Pilon N°9 (1978) – numéro spécial sans titre (8 noms) – choix de Jean-Pierre Lesieur Jalons N°8 (1979) – numéro spécial « Spécial Femmes » (45 noms) – choix de Christiane et JeanPaul Mestas Vagabondages N°11 (1979) – numéro spécial « …au féminin » (70 noms) – choix de Jean Orizet Carte noire N°4 (1983) – numéro spécial « Ecrits de femmes » (9 noms) – choix de Nadine Agostini Faire-part N°7 (1986) – numéro spécial sans titre (9 noms) Friches N°18 (1987) – numéro spécial « Poésie au féminin » (11 noms) – choix de Jean-Pierre Thuillat Travers N°31/32 (1987) – numéro spécial « Passagères » (19 noms) – choix de Philippe et Florence 61 Marchal Horizons 21 N°55 (1987) – numéro spécial « Féminin pluriel » (27 noms) – choix d’Hervé Lesage Les Hommes sans épaules N°8 (1993) – dossier « Ecritures de femmes » (15 noms) première partie - choix d’Alice Colanis et de Jocelyne Curtil. Les Hommes sans épaules N°9/10 (1993) – dossier « Ecritures de femmes » (20 noms) deuxième partie – choix d’Alice Colanis et de Jocelyne Curtil 1/3 Regart N°21 (1994) - numéro spécial « Femmes » (22 noms) – choix de Marie Evkine Lieux d’être N°22 (1996) – dossier « Un peu d’elles » (53 noms) – choix de Régis Louchaert et de Madeleine Carcano avec une étude de Jean-Paul Mestas sur la poésie féminine du XX° siècle et une étude sur la poésie féminine belge par Béatrice Libert Parterre verbal N°32 (1999) – dossier spécial « Féminin poète » (16 noms) – choix de Luce Guilbaud avec de nombreuses études ou approches de Claude Vercey, Jean-Claude Martin, Armand Olivennes,… Poésie I / Vagabondages N°23 (2000) – numéro spécial « Les Femmes et la poésie » (35 noms) – choix de Jean Orizet L’ecchymose N°18 (1975) Poètes and co N°16 (1981) Cahiers de Garlaban N° (1987) A contre-silence N°23 (1988) Poésie Première N°38 (2008) Poésie étrangère Cinq femmes poètes d'amérique latine, ouvrage Collectif, Le Temps des Cerises, 2009 Femmes poètes de la Chine, Shi Bo, éd. bilingue, Le Temps des Cerises/ Ecrits des Forges, 2004 Du rouge aux lèvres, haïjins de femmes japonaises, La Table ronde, 2008 Le verbe dévoilé, petite anthologie de la poésie arabe au féminin, Petite bibliothèque arabe, ParisMéditerranée, 2001 Chacune a un nom, éd. Caractères, 2008. Vingt-trois poétesses depuis les origines du renouveau de la langue hébraïque jusqu’à la jeune génération sont accompagnées d’une oeuvre d’une artiste. Traces, Myriam Montoya, L'Oreille du Loup, 2009 Sur les représentations féminines 101 poèmes sur les femmes, de Patricia Latour, Le temps des cerises, 1998 Si elles ont souvent eu du mal à s’exprimer comme « auteures », les femmes sont, depuis le XIIe siècle, le thème central de la poésie française. Ce choix donne, à travers le prisme de la poésie, une idée de l’évolution de l’image de la femme. Droit de citer… les femmes, de Patricia Latour, Le Temps des cerises, 2000 300 citations sur les femmes, avec ce que les hommes et les femmes ont pu dire de plus beau… (et parfois de plus bête) sur le sujet. 62 Quelques recueils en rapport avec le thème Couleur Femme Recueils de femmes poètes & recueils où la figure de la femme est centrale Présentation des livres sur www.printempsdespoetes.com (la Poéthèque / parutions). Le peu du monde et Je te salue et Jamais de Kiki Dimoula, traduit par Michel Volkovitch, Gallimard, 2010 Trois saisons poétiques de Magda Carneci, ed. Phi, 2008 (cri féminin) Couleur femme, Guénane Cade, Rougerie, 2007 et Sein, Guénane Cade, La Porte, 2009 Le corps étoilé d’Ingrid Auriol, Rougerie, 2006 Poèmes choisis d’Angèle Vannier, Rougerie Les âmes aux pieds nus de Maram Al-Masri, Le Temps des cerises, 2009 La femme lit de Sophie Loizeau, Flammarion, 2009 L’ombre des arbres diminue à certaines heures du jour, Amandine Marembert, Wigwam, 2008 Potager d’amour, Magali Thuillier, La Yaourtière, 2008 Ephémérides, Chantal Dupuy-Dunier, Flammarion, 2009 Bouge tranquille, Patricia Castex-Menier, Cheyne, 2004 Pas revoir, Valérie Rouzeau, L’idée Bleue, 1999, réédité à la Table ronde, coll. Petit Vermillon, 2010 (id pour Neige rien) La ménagère cannibale, Béatrice Fontanel, Le Seuil, 2003 Quelle est la nuit parmi les nuits, Vénus Khoury-Ghata, 2004 Je tu nous aime, Albane Gellé, Cheyne, 2004 L’iris c’est votre bleu, Ariane Dreyfus, Le castor Astral, 2004 Corps subtil, Sylvie Fabre G, L’Escampette, 2009 Passage et Permanence, Béatrice Libert, Editions Tétras Lyre, 2008 Visages de femmes, de Jean Metellus, Le Temps des Cerises, 2008 Une femme de quelques vies, Jean Daive, Flammarion, 2009 Trente poèmes pour une femme, de Maciej Niemiec, atelier La Feugraie, 2001, premier recueil, traduit en français d'un poète polonais. Louise, Claude Confortès, Seguier, 2004 Quelque chose noir, Jacques Roubaud, Gallimard, 1986 Gisella, Jean-Pierre Verheggen, éd. du Rocher, 2004 Desolatio, Michel Deguy, Galilée, 2007 L’amour et la vie d’une femme, Michel Deguy, Le Bleu du ciel, 2004 Jamais ne dors, Pascal Boulanger, Le corridor bleu, 2009 Eclairs de femme, Guy Chaty, le Poémier de Plein Vent, 2009 Les Chants du silence, Olivier Messeian, fils de Cécile Sauvage, Béatrice Marchal, 2008 63 Quelques titres pour la jeunesse Bouge Tranquille Patricia Castex-Menier Cheyne éditeur Grammaire en fête Andrée Chedid Folle Avoine À fleur de silence, haïku Chantal Couliou Soc et Foc Le carnet des métamorphoses Marie-Josée Christien Les Éditions Sauvages La belle vitesse Ariane Dreyfus L'Idée Bleue 2002 La Clarisse David Dumortier Cheyne éditeur Une femme de ferme David Dumortier Cheyne éditeur Où qu'on va après ? Chantal Dupuy-Dunier L'Idée Bleue 2008 Grand-mère arrose la lune Jean Élias Motus 2006 En toutes circonstances Albane Gellé L'idée Bleue 2001 Une cigale dans la tête Luce Guilbaud L'Idée Bleue Ton chat t'écoute Jacqueline Held L'Idée Bleue Voyage en Préhistoire Jacqueline et Claude Held Pluie d'étoiles éditions À quoi sert la neige? Vénus Khoury-Ghata Le Cherche-Midi 2009 Viens on va chercher un poème Catherine Leblanc Sarbacane Le monde n'est jamais fini Catherine Leblanc La Renarde Rouge Mi-ville, mi-raisin Liska L'Idée Bleue Les jupes s’étourdissent Michel Lautru Soc et Foc 2005 Remarques Nathalie Quintane Cheyne éditeur 2001 Chambres de feuilles Geneviève Raphanel L'Idée Bleue Les mots d'Alice Jacqueline Saint-Jean L'Idée bleue 2003 Des rêves au fond des fleurs Magali Thuillier L'Idée Bleue Poésie au féminin anthologie Gallimard / folio junior * Toutes les informations concernant les publications de recueils, revues, anthologies, C.D... sur le thème « couleur femme » sont mises en ligne et actualisées sur le site du printemps des poètes, ainsi que les diverses manifestations et spectacles programmés. 64