La sélection de texte au format PDF

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12e Printemps des Poètes
du 8 au 21 mars 2010
« Couleur Femme »
"Disons-le sereinement, en poésie comme dans les autres domaines artistiques, la femme a le plus
souvent été cantonnée à un rôle subalterne : muse, confidente, consolatrice… La valeur péjorative
de l’appellation « poétesse » en dit plus que de larges discours. La question n’est pas de débattre s’il
y a ou non une poésie féminine. La question est de mettre en lumière l’apport, à travers l’histoire,
des femmes poètes et leur présence remarquable dans la création contemporaine. Ce pourra être
aussi l’occasion de considérer les représentations du féminin dans l’imaginaire poétique, au-delà
des stéréotypes de la célébration amoureuse."
Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du printemps des poètes
* titre du recueil de Guénane Cade, publié en 2007 aux éditions Rougerie
Un éclairage particulier sera porté sur l’œuvre d’ Andrée Chedid.
*
Cette sélection est effectuée à l'attention des enseignant(e)s, afin de les aider dans la recherche de
textes utilisables avec leurs classes, pour participer au printemps des poètes.
Quelques documents complémentaires sont également disponibles à la fin de cette sélection,
qui n'est qu'un petit aperçu du vaste choix possible.
Il est également intéressant d'aller puiser du côté de la chanson...
L'éducation nationale est partenaire du printemps des poètes.
*
8 mars, journée internationale des femmes - 21 mars, journée internationale de la poésie
( Sélection réalisée par Isabelle Lavoix, enseignante en école élémentaire dans le Rhône )
www.printempsdespoetes.com
1
AVERTISSEMENT
Un certain nombre de textes contenus dans ce document ne sont pas libres de
droits et ne peuvent en aucun cas faire l'objet d'une utilisation commerciale.
Des textes ... et des auteurs...
Les textes et documents de ce printemps des poètes 2010, « Couleur Femme », sont extraits de
leurs recueils respectifs.
Vous êtes invités à aller découvrir le travail complet des auteurs, et à montrer à vos élèves qu'un
texte s'inscrit toujours au coeur d'une écriture plus vaste.
En ce 12ème printemps des poètes...
Une fois de plus,
ou pour la première fois, des remerciements aux éditeurs suivants,
ainsi qu'à leurs auteurs,
pour les autorisations données d'insérer leurs textes dans ce document.
***
Océanes
Soc et Foc
La Renarde rouge
Rougerie
Le Rocher-Lo Païs d'enfance
Motus
Le Dé bleu
Donner à Voir
au chanteur-poète Philippe Forcioli
*
Ainsi qu'à Célia Galice,
secrétaire générale du Printemps des Poètes,
responsable du secteur jeunesse et universitaire,
pour son aide et son attention permanente,
et à Marie-Claire Bancquart
pour sa relecture attentive et ses conseils.
***
Au détour des pages, vous trouverez...
Première partie ( p 7 à 32 )
Écritures de femmes
préface de Marie-Claire Bancquart (p 6)
Seconde partie ( p 33 à 37 )
Quelques poèmes d'Andrée Chédid
Troisième partie ( p 38 à 55 )
Écritures d'hommes
Quatrième partie ( p 57 à 64 )
Documents divers
2
Vendredi 12 mars 2010
*
Une mobilisation nationale et internationale
« Le grand jour du poème à l'autre »
Chez vous,
Au travail,
À l'école, au collège, au lycée,
Dans la rue,
offrez un poème
échangez vos poèmes
postez un poème
glissez un poème...
sous la porte des voisins,
dans la poche de vos amis,
sur le bureau de vos collègues,
sous l'essui-glace d'un pare-brise
dans la sacoche d'un vélo,
au creux d'une main...
Faites à l'autre, connu ou inconnu, cadeau d'un poème...
*
À cette occasion,
faites découvrir
les femmes poètes contemporaines...
*
3
Au fil des pages...
Écriture de femmes
Présentation générale
p1à3
Préface de Marie-Claire Bancquart
p 6
Sappho
p8
Marie de France
Christine de Pisan
Pernette du Guillet
p9
Louise Labé Marie Stuart
p 10
Marceline Desbordes-Valmore Georges Sand
p 11
Louise Michel - Lucie Delarue-Mardrus
p 12
Anna de Noailles
p 13
Marie Noël
p 14
Gabriela Mistral
Marina Tsvetaïeva – Lise Deharme - Clod'Aria
p 15
Magda Isanos
Gisèle Prassinos
p 16
Hélène Cadou
Catherine Paysan - Anise Koltz
p 17
Liliane Wouters
Annie Salager
Marie-Claire Bancquart
p 18
Sarah Kirsch
p 19
Youna Morits – Jacqueline Daoud
p 20
Vénus Khoury-Ghata - Rolande Causse
p 21
Colette Nys-Mazure - Gabrielle Althen
p 22
Joëlle Brière Luce Guilbaud
p 23
Luce Guilbaud
Geneviève Raphanel Liliane Giraudon
p 24
Marie Étienne
Lise Mathieu
p 25
Madeleine Le Floch
p 26
Chantal Dupuy-Dunier - Claudia Adrover
p 27
Véronique Tadjo - Sylvie Fabre G
p 28
Anne Vernon
Jacqueline Astégiano
Catherine Leblanc
p 29
Hélène Dorion Ariane Dreyfus
p 30
Valérie Rouzeau Albane Gellé
p 31
Magali Thuillier
p 32
Andrée Chedid
p 33 à 37
4
Écriture d'hommes
Pierre de Ronsard - Anonyme
p 39
André Chénier
p 40
Victor Hugo
p 41
Victor Hugo
p 42
Gérard de Nerval
Paul Verlaine
Pierre Louÿs
p 43
Gaston Couté
p 44
Charles Péguy
p 45
Guillaume Apollinaire
p 46
Guillaume Apollinaire
p 47
Federico Garcia Lorca Marcel Thiry
Robert Desnos
p 48
Michel Manoll Alain Boudet - Seiho Awano
p 49
Nazim Hikmet - Philippe Jaccottet Bernard Lorraine - Khalil Gibran
p 50
Augustin-Sondé Coulibaly
p 51
Michel Lautru
Jean Élias
Léopold-Pindy Mamonsono - Philippe Quinta - Pierre Gamarra
p 52
René Guy Cadou
p 53
Jean-Pierre Siméon
Paul Éluard
Philippe Forcioli
p 54
David Dumortier
p 55
Documents complémentaires
Liste de poètes femmes actuelles
p 57 et 58
Liste de femmes poètes du patrimoine et du répertoire étranger
p 59 et 60
Bibliographie générale adulte et jeunesse
p 61 à 64
5
Préface de Marie-Claire Bancquart
Parmi les publications du Printemps des Poètes, placé cette année sous la devise
« Couleur femme », celle-ci est destinée aux enfants de l'enseignement élémentaire. Nous en
sommes redevables aux soins d'Isabelle Lavoix, qui a travaillé en relation constante avec
Célia Galice, secrétaire générale du Printemps des Poètes. Merci à elles, car le choix était
difficile. S'il est toujours délicat de constituer une anthologie brève, comme celle-ci, ce
l'était d'autant plus qu'elle est destinée aux enfants. Pour eux, on tente d'éviter la mièvrerie,
la poésie « fleurs et petits oiseaux », tout en mesurant selon leur âge les sujets et l'écriture de
la poésie. N'oublions cependant pas qu'ils sont capables de beaucoup discerner, surtout avec
un guide. Pour ne parler que des femmes du passé, une amoureuse comme Sappho, des
solitaires comme Christine de Pisan ou Marie Noël, peuvent toucher leur sensibilité et être
comprises par eux, tout comme la révolutionnaire Louise Michel emprisonnée qui s'élance
en imagination vers la libre hirondelle. C'est aussi vrai des poètes contemporaines : telle
Andrée Chedid, sous les auspices de laquelle est placé notre Printemps des Poètes.
Poètes, oui, et non poétesses, terme qui évoque une dame évanescente et faussement
lyrique; en outre, mot très laid, comme tous les noms de métier féminins en -esse du
français. Disons donc « une poète », ainsi que le font déjà les Québécois. Terme
parfaitement conforme en outre à l'étymologie, car les Latins appelaient « poeta» Sappho
comme Virgile.
Elles ont été rares, dans le passé, les poètes au féminin. Elles sont bien plus
nombreuses aujourd'hui, parce que le statut des femmes a beaucoup changé dans les pays
dits « développés » (ah, ne délaissons pas les femmes des autres pays, à l'existence, à
l'expression bien plus difficiles...). Sans doute nous reste-t-il à faire. Mais n'oublions pas que
l'opinion générale sur les femmes, il y a seulement un siècle et depuis longtemps, leur
refusait la puissance créatice comme la possibilité d'exercer une activité publique.
N'oublions pas que Baudelaire et Mallarmé jugeaient très bornée l'intelligence féminine; que
la grande poète américaine Emily Dickinson a dû écrire en cachette ; qu'en France, Georges
Sand, Colette, ont eu toutes les peines du monde à se faire reconnaître. Il a fallu hélas
deux guerres mondiales pour changer notre condition. Et pour favoriser les échanges :
quelques poètes étrangères figurent ici, certes trop rares, l'espace étant compté. Mais leurs
poèmes ouvriront des pistes.
Nous souhaitons sans doute que notre indépendance continue et se confirme encore.
Mais pas du tout avec agressivité : sous le signe de l'échange, non de l'opposition. Il est
doux d'avoir, d'égale à égal, des collègues, des amis, des amours. C'est pourquoi cette petite
anthologie contient des poèmes sur les femmes d'hommes du passé comme du présent.
Poèmes gais, taquins, sentimentaux pour une aimée réelle ou imaginaire ; poèmes pour des
enfants ; mais aussi poèmes pour une prisonnière (celui de Chénier), ou une héroïne (la
Jeanne de Péguy), ou une prostituée (la « femme qui tombe » de Hugo). Des poèmes
généreux, en tout cas. Ils prennent bien leur place dans la « couleur femme » du tableau de
la poésie.
Marie-Claire Bancquart, Octobre 2009
6
Couleur Femme
écritures de femmes...
*
Si tu t'aimais
Tu te libèrerais de ton ombre.
Guénane
Couleur Femme
éd Rougerie
*
7
Les étoiles autour de la beauté de la lune
cachent de nouveau leur visage brillant
maintenant que la pleine lune éclaire de tout son
éclat
la terre sombre.
... Sur l'eau fraîche,
... le vent qui souffle chante dans les branches vertes
et dans les feuilles à qui il donne vie
coule un profond sommeil.
... Viens, Cypris,
et dans les coupes d'or, avec grâce,
prépare pour les convives le nectar
que tu serviras.
Sappho,
(de Mytilène, île de Lesbos / Grèce / 7ème siècle
avant notre ère son véritable nom est Psapphô)
***
Le corbeau et le goupil
Il advint, la chose est bien possible,
qu'un corbeau vola
devant la fenêtre
d'un garde-manger ; il aperçut
des fromages qui étaient à l'intérieur,
posés sur une claie.
Il en prit un, et s'enfuit avec.
Un goupil passait, qui l'épia ;
il eut grand désir
de manger sa part du fromage.
Il voudra essayer par ruse
d'enjôler le corbeau.
« Ah ! seigneur Dieu, fait-il,
comme cet oiseau est gentil !
Il n'y a au monde tel oiseau,
de mes yeux je n'en vis plus beau.
Si son chant était comme son corps,
il vaudrait mieux qu'or fin ».
Le corbeau s'entendit si bien vanter
qu'il n'y avait son pareil au monde,
qu'il résolut de chanter.
en chantant il ne perdra rien à sa renommée.
Il ouvrit le bec et commença :
le fromage lui échappa
et ne put faire autrement que tomber à terre.
Le goupil s'empresse de le saisir.
Après il n'avait cure du chant du corbeau,
car il avait satisfait son envie du fromage.
Cet exemple s'applique aux orgueilleux
qui convoitent grande renommée.
par flatteries et par mensonges
on peut les servir à leur gré ;
ils dépensent follement ce qu'ils ont
pour être loués des gens.
Marie de France
(12ème siècle, considérée comme la première femme poète française)
8
Seulette suis et seulette veux être,
Seulette m a mon doux ami laissée,
Seulette suis, sans compagnon ni maître,
Seulette suis, dolente et courroucée,
Seulette suis en langueur mésaisée,
Seulette suis plus que nulle égarée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis à huis ou à fenêtre,
Seulette suis en un anglet muchée,
Seulette suis pour moi de pleurs repaître,
Seulette suis, dolente ou apaisée,
Seulette suis, rien n est qui tant me siée,
Seulette suis en ma chambre enserrée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Seulette suis partout et en tout être,
Seulette suis, où je vais où je siée,
Seulette suis plus qu autre rien terrestre,
Seulette suis, de chacun délaissée,
Seulette suis, durement abaissée,
Seulette suis souvent toute épleurée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Princes, or est ma douleur commencée :
Seulette suis de tout deuil menacée,
Seulette suis plus tainte que morée,
Seulette suis sans ami demeurée.
Christine de Pisan
Cent ballades
(1364-1430 / considérée comme la première femme de lettres ayant vécu de sa plume)
**
Si je n'ai pu comme voulois
Vous réciter au long, et dire
Ce de quoi tant je me doulois,
Imputez-le à mon coeur plein d'ire,
Pour n'avoir pu ouïr médire.
Du bien, que je dois estimer,
Et pour qui on devrait maudire
Tous ceux qui m'en veulent blâmer.
Pernette du Guillet
Rymes XXIX
(1520-1545, lyonnaise, la plupart de ces vers, écrits pour l'amour
du poète Maurice Scève, ont été mis en musique et chantés)
9
Quinzième Sonnet
Pour le retour du Soleil honorer,
Le Zéphir l'air serein lui appareille,
Et du sommeil l'eau et la terre éveille,
Qui les gardait, l'une de murmurer
En doux coulant, l'autre de se parer
De mainte fleur de couleur nonpareille
Jà les oiseaux ès arbres font merveille,
Et aux passants font l'ennui modérer
Les nymphes jà en milles jeux s'ébattent
Au clair de lune, et dansant l'herbe abattent.
Veux-tu Zéphir, de ton heur me donner,
Et que par toi toute me renouvelle ?
Fais mon Soleil devers moi retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
Louise Labé
Sonnets, Élégies, Épitres...
(1524-1566, école lyonnaise de la Renaissance, l'une
des plus grandes femmes de lettres du XVème siècle.
Elle revendiqua pour les femmes la liberté de parole
et de pensée, et le droit à l' éducation)
***
Chanson
Fait lors du départ de Marie Stuart pour l'Écosse,
étant encore à la vue des côtes de France (15 août 1561)
Adieu, plaisant pays de France,
O ma patrie
La plus chérie,
Qui a nourri ma jeune enfance!
Adieu! France ! adieu, mes beaux jours !
La nef qui disjoint nos amours
N'a ci de moi que la moitié :
Une part te reste, elle est tienne,
Je la fie à ton amitié,
Pour que de l'autre il te souvienne.
(1542
Marie Stuart
1587 / reine de France et d'Écosse)
***
10
Jours d'été
Pour regarder de près ces aurores nouvelles,
Mes six anx curieux battaient toutes leurs ailes ;
Marchant sur l'alphabet rangé sur mes genoux,
La mouche en bourdonnant me disait : « Venez-vous ?... »
et mon nom qui teintait dans l'air ardent de joie,
les pigeons sans liens sous leur robe de soie,
Mollement envolés de maison en maison,
Dont le fluide essor entraînait ma raison,
Les arbres, hors des murs, poussant leurs têtes vertes,
jusqu'au fond des jardins les demeures ouvertes,
le rire de l'été sonnant de toutes parts,
Et le congé, sans livre ! errant aux vieux remparts :
Tout combattait ma soeur à l'aiguille attachée ;
tout passait en chantant sous ma tête penchée ;
Tout m'enlevait, boudeuse, et riante à la fois ;
Et l'alphabet toujours s'endormait dans ma voix.
Marceline Desbordes-Valmore
Bouquets et prières (1843)
(1786-1859, comédienne et poète / amie de Victor Hugo)
À Aurore
La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.
Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.
Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.
Georges Sand (1804-1876)
(à sa petite fille Aurore, née en 1866)
11
Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté
Louise Michel
(1830-1905 , institutrice, militante anarchiste, figure
historique de la commune de Paris. Ce poème a probablement été
écrit à la prison St Lazare, à Paris)
Ballade des échecs (1929)
Sur l'échiquier, luisant miroir,
Quand brillent, rangés en bataille,
Deux peuples, l'un du plus beau noir,
L'autre, du plus beau jaune paille,
Quand, redressant leur haute taille,
La Reine et le Roi, couple fat,
Se rengorgent comme à Versailles,
Qui va donner l'échec et mat ?
Les pions vont à l'abattoir,
Le cheval rue et le fou raille,
Tandis que, lente à s'émouvoir,
La tour, ronde comme futaille,
Attend pour lancer sa mitraille,
L'occasion d'un exeat.
- Échec au Roi ! - Bien. Qu'il s'en aille !
Qui va donner l'échec et mat ?
Chacun fera tout son devoir,
Comme il pourra, vaille que vaille,
Le Roi tremble en son étouffoir,
Fous, chevaux, tours et valetaille,
Tout le monde bientôt s'égaille ;
L'action s'engage : à Deu vat !
L'un se défend et l'autre l'assaille.
Qui va donner l'échec et mat ?
Lucie Delarue-Mardrus
( 1874-1945, poétesse, romancière,
sculptrice, journaliste et historienne)
12
Le coeur
Chaleur
Mon coeur tendu de lierre odorant et de treilles,
Vous êtes un jardin où les quatre saisons
Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles
Et des pommes de pin, dansent sur le gazon...
- Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives
Vous êtes le coteau qui regarde la mer,
Ivre d'ouïr chanter, quand le matin arrive,
La cigale collée au brin de menthe amer.
- Vous êtes un vallon escarpé ; la nature
Tapisse votre espace et votre profondeur
De mousse délicate et de fraîche verdure.
- Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur
Le verger fleurissant et le gai pâturage
Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents
Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.
- Et vous êtes aussi, coeur grave et violent,
La chaude, spacieuse et prudente demeure
Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,
Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,
Où la tendresse humaine habite et se nourrit...
Anna de Noailles
Tout luit, tout bleuit, tout bruit.
Le jour est brulant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.
Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l'air ou rôde
Comme un parfum de reineclaude.
Le soleil comme de l'eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu.
Anna de Noailles
L'ombre des jours (1902)
( 1876-1933 , poétesse et
romancière française d'origine
roumaine )
Le coeur innombrable (1901)
Voyages
Un train siffle et s'en va, bousculant l'air, les routes,
L'espace, la nuit bleue et l'odeur des chemins ;
Alors, ivre, hagard, il tombera demain
Au coeur d'un beau pays en sifflant sous les voûtes.
Ah ! La claire arrivée au lever du matin !
Les gares, leur odeur de soleil et d'orange,
Tout, ce qui, sur les quais, s'emmêle et se dérange,
Ce merveilleux effort d'instable et de lointain !
- Voir le bel univers, goûter l'Espagne ocreuse,
Son tintement, sa rage et sa dévotion ;
Voir, riche de lumière et d'adoration,
Byzance consolée, inerte et bienheureuse.
Voir la Grèce debout au bleu de l'air salin,
Le Japon en vernis et la Perse en faïence,
L'Égypte au front bardé d'orgueil et de science,
Tunis, ronde, et flambant d'un blanc de kaolin.
Voir la Chine buvant aux belles porcelaines,
L'Inde jaune, accroupie en fumant ses poisons,
La Suède d'argent avec ses deux saisons,
Le Maroc, en arceaux, sa mosquée et ses laines...
Anna de Noailles L'ombre des jours ( 1902)
13
Chant du chevalier
Il était noble, il était fort.
Il se battait pour une reine.
Il était noble, il était fort
Et fidèle jusqu'à la mort.
Il la prit par la main un soir.
- C'était la plus pauvre des reines Il la prit par la main un soir
Et la fit sur le trône asseoir.
Le bon soleil (extrait)
L'usine s'éveille au petit matin
Et crie... Il lui faut des hommes, des hommes,...
Et son cri perce le repos, brise les sommes
Des pauvres gens cachés dans un songe lointain.
Elle veut soudain se mettre à l'ouvrage
Et crie... Aussitôt pour la contenter
les pauvres gens s'en vont par files luui porter,
Vite, chacun sa vie et chacun son courage.
Il posa la couronne d'or.
- C'était la plus humble des reines Il posa la couronne d'or
Sur sa tête comme un trésor.
Haut l'épée, il se tenait droit
- Cétait la plus faible des reines Haut l'épée, il se tenait droit
Pour la défendre, elle et son droit.
Par la grande route et les chemins creux,
Noirs et pressés, ils viennent, cent ou mille,
Et pareils aux fourmis qui rentrent dans leur
ville,
À tous les carrefours, ils s'abordent entre eux...
À ses pieds tristes, en vainqueur,
- C'était la plus triste des reines À ses pieds tristes, en vainqueur,
Il mit le monde... Hors son coeur.
Marie Noël
Les chants de la Merci (1930)
éd. Stock
(1883-1967, poète et écrivain)
Il mourut pour sa reine un jour,
- C'était la plus pauvre des reines Il mourut pour sa reine un jour...
Il aimait une autre d'amour.
Marie Noël
Chants d'arrière-saison (1961)
Tout n'est que ronde
Les astres sont ronde
de garçons qui jouent
à voir sur la terre.
Les blés sont des tailles
de petites filles
qui jouent à ployer.
Les fleuves sont ronde
de garçons qui jouent
à se retrouver
dans la mer. Les vagues
sont ronde de filles
qui jouent à serrer
dans leurs bras la Terre.
Gabriela Mistral (Chili)
(Prix nobel de littérature 1945)
14
Pour grand-mère
L’ovale allongé, sévère,
Les plis de la robe noire…
Jeune grand-mère! Qui baisait
Vos lèvres hautaines?
Ces mains qui dans les salles de Chopin…
De chaque côté du visage glacé –
Les boucles en spirales.
Le regard sombre, droit et exigeant,
Le regarde prêt de la bataille.
Les jeunes femmes ne regardent pas ainsi.
Jeune grand-mère, qui êtes-vous?
Que d’occasions vous avez emportées,
Que de choses impossibles aussi –
Dans le sein affamé de la terre,
Polonaise de vingt ans!
Le jour était innocent, le vent frais.
Les sombres étoiles mouraient.
Grand-mère! Ce cruel tourment
Dans mon cœur – serait-ce vous?...
4 septembre 1914
Marina Tsvetaïeva (Russie)
Le ciel brûle / Poésie/Gallimard, 1914
(1892-1941, l'une des plus importantes poètes
de langue russe du XXème siècle)
***
Curieuse
Grande marée
Tes cheveux sont des araignées noires et griffues
ton front un désert de sable blond
ton nez une vague de son
tes dents ont faim
ta bouche est fine
ton menton
une colline aiguë
mais tes yeux sont deux cratères
de lave et de gouffres ouverts
semés d'étincelles et de feu
Tes yeux sont deux mondes perdus
Lise Deharme
Le coeur de Pic / éd Memo 1937
(1907-1980, l'une des muses du surréalisme)
15
Aujourd'hui grande première
à la mer
sous la baguette du vent
l'océan joue Wagner
Et sautent les vagues
comme des petits rats
en tutus d'écume blanche
Les jours de grande marée
ne venez pas chez moi
je suis à l'opéra
Clod'Aria
L'ombre tourne
éd Le dé bleu 1996
née en 1916, institutrice
Le poème de la femme qui aimait le printemps
(extrait)
Le printemps viendra.
Les fleurs porteront au sommet
La lumière qui brille
Du soleil
Et de la grande
Saison rêveuse.
« Pousse, fleur »,
Murmurera la lumière de mai.
Des ailes
S'ouvriront à l'instant juste,
Et chaque chose se prolongera dans l'ombre secrète.
On aura beau changer d'habit pour l'amour,
La fleur, l'homme et l'élan
N'en resteront pas moins éphémères.
...
Magda Isanos (Roumanie)
Poésies (1943) traduction d'Alain Bosquet
(1916-1944, avocate )
***
Petit déjeuner
Il y a
La lune est tombée
Dans mon coquetier.
je ne la savais tremblante
et si molle
et si folle
au point de nicher dans une assiettée.
Il y a
que l'hiver partira.
Il y a
que l'été reviendra.
En quittant le ciel
pour mon coquetier
la lune s'est allongée
comme une larme dernière
Pareille
Il y a
que l'été est là.
Et merveille !
en passant
elle a gobé le soleil.
Il y a
que l'hiver reviendra.
Gisèle Prassinos
Le ciel et la terre se marient
éd. Ouvrières
( née en 1920, poétesse et romancière d'origine
grecque, admirée par les surréalistes)
Il y a
que l'été s'en ira.
Bien-aimés, le temps n'a-t'il pas de raison ?
Le temps d'une conjugaison
et déjà c'est une autre saison.
Gisèle Prassinos
16
Il faut laver
Ce que tu dis
les galets blancs
Les planètes
Il faudrait laver
Le ciel et la pluie
Pour que l'amour
rutile sous l'averse
Il faut laver ton regard
Laver le jour à grande eau
Laver ton coeur
De tes larmes
Si tu veux lire enfin
Le monde en clair
dans la fenêtre.
Hélène Cadou
La mémoire de l'eau / éd.Rougerie1993
Encore
Un dimanche à rêver
Sur les collines
Encore
Au jardin
L'ombre du frêne
Et la longue lecture
Des riches heures
De l'été
Quand le monde à notre porte
Nous verse en milliers d'éclats
Sa beauté
Hélène Cadou
Si nous allions vers les plages
éd. Rougerie 2003
(née en 1920, bibliothécaire, poète,
épouse du poète René Guy Cadou)
Vous trouverez, dans la partie « écriture d'hommes », des textes de René Guy Cadou
Le ballon
La nuit tombe.
De doux lampions s'allument.
La plage est lisse comme un oeuf.
L'enfant étrenne un ballon neuf
Et le fait monter vers la lune.
La lune tombe
Et le ballon s'allume.
C'est toujours extraordinaire
Que le spectacle d'un enfant
À ras de digue, à la lisière
D'un monde où s'engloutit le temps,
En train de jouer comme si
C'était une affaire d'État,
Tenant la lune entre ses doigts
Comme une médaille, un grigri,
Comme s'il était innocent
Ou plus royal que l'Océan !
Couchée dans le désert
je suis insomniaque
sous des milliards d'étoiles
Etant de la même matière
je commence à émettre de la lumière
***
J'écris les yeux grand ouverts
souvent je fais fausse route
je me perds dans mon poème
je m'enlise avec ses mots
dans le marécage de l'alphabet
Anise Koltz (Luxembourg)
Béni soit le serpent
éd. PHI 2004
(née en 1928, écrit en trois langues)
Catherine Paysan
La musique du feu / éd. Denoël 2001
(née en 1926, institutrice, écrivain et poète)
17
Que m'importent lieu, durée,
si je demeure assurée
de garder toujours l'instant.
Seconde ou siècles, autant
Le vent sur sa route emporte.
Lieu, durée, ah, que m'importe,
tout défile au même train.
je ne saisirai qu'un grain
du sable des destinées,
Pour le cueillir, je suis née.
Liliane Wouters (Belgique)
Tous les chemins conduisent à la mer
éd Des Éperonniers
(née en 1930,traductrice, anthologiste, auteur dramatique et
poète, membre de l'académie européénne de poésie,
Goncourt 2000 de poésie)
Au début mars
les racines fendent la peau des graines
la fenêtre
libère
une mouche engourdie.
Nous recommençons
comme si nous n'avions pas été moulus jusqu'aux os
comme si le matin servait toujours
avec son fragment de ciel entre les maisons.
Nous ignorons une fois de plus l'autrefois
pour croire ces heures
à l'aventure.
comme si le matin servait toujours
avec son fragment de ciel entre les maisons.
Nous ignorons une fois de plus l'autrefois
pour croire ces heures
à l'aventure.
Marie-Claire Bancquart
Opportunité des oiseaux, Ed. Belfond, 1984
(née en 1932, professeur émérite à la Sorbonne, poète, romancière)
18
Trouver
bonheur
à
l'
ordre
lent
amas
de
feuilles
de
ramages
ce
lait
qui
perle
à
la
base
du
fruit
entrer
dans
la
respiration
si
c'
d'
était
à-propos
vivre
Annie Salager
Figures du temps sur une eau courante / éd. Belfond 1983
au
manque
Popo
1. Ça a mal commencé
2. Salut les copains
Je cherche un poème
disait parfois Popo,
le Poème.
Je le voudrais économe,
pour ne pas gaspiller du papier, des arbres,
je le voudrais chaud pour celui qui a faim,
je le voudrais d'une chair de lumière,
et plus il serait beau, disait Popo,
plus je deviendrais transparent,
ne pèserais rien, ne serais rien.
... Ah, cette dernière partie,
ajoutait-il, je la réussis très bien.
Il n'habite rien, Popo,
sans faire d'histoires,
le vent ballote sa douleur
sur le sol nu.
Il nettoie, après il salit,
le temps passe.
D'un peu de nous il vit,
de fatigue, d'usure, il vit,
de ce qu'il cherche,
de notre étourderie
il vit, de rien.
Annie Salager
Terra Nostra / éd. Le cherche midi 1999
(née en 1935, professeur d'espagnol, lyonnaise d'adoption)
Sur les lieux
Ort und Stelle
La neige pénètre les contours des forêts
Forêts nordiques de hêtres en ce temps
Courbée la neige qui tombe
Se coule au corps noir de la forêt.
Rouges les feuilles sur les racines
Au-dessus des cimes le ciel couleur de soupe au lait
Les flocons ont des allures de suie.
Tandis que les cristaux se modifient
Que des semaines durant ils tombent à terre
Dressent des remparts à mi-hauteur du coeur.
Es schneit in die Konturen der Wälder
Nördliche Buchenwälder zu der Zeit
Gebogen paBt der Schneefall
Schwarzgrauem Waldleib sich an.
Rot das Laub auf den Wurzeln
Über den Kronen im Milchsuppenhimmel
Erscheinen die Flocken wie RuB
Indem die Kristalle sich wandeln
Wochenlang niederstürzen
Türmen sie Wälle halb vor das Herz.
Sarah Kirsch, Allemagne
Chaleur de la neige / Schneewärme / éd Le dé bleu (édition bilingue)
traduit de l'allemand par Jean-Paul Barbe
(née en 1935, considérée comme la plus grande poétesse actuelle de langue allemande)
19
Je voudrais savoir
Je voudrais bien savoir,
je voudrais qu’on me dise
pourquoi tombe le soir
sur le jour par traîtrise,
pourquoi le roseau chante
mais pas les autres plantes,
pourquoi dans sa tanière
l’ours peut dormir l’hiver
mais moi, qu’il pleuve ou vente,
je dois aller apprendre
l’histoire et la grammaire!
Je voudrais bien savoir
qui a donné leur nom
aux pommes et aux poires
et à chaque saison;
qui a fait qu’on appelle
éléphant l’éléphant
alors qu’il n’a pas d’ailes,
bien plus lourd qu’un enfant;
pourquoi a-t-on nommé
ainsi le crocodile,
lui qui n’a pas croqué
ma petite sœur Odile?
Je voudrais bien savoir
pourquoi la pauvre chèvre
ne fait que bégayer,
pourquoi toujours mes lèvres
ont comme un goût salé
quand je dis des sottises?
Je voudrais tant savoir,
je voudrais qu’on me dise
pourquoi tous les regards
et aussi les nuages
se lisent comme un livre,
pourquoi sur le visage
il y a des yeux qui vivent,
il y a des yeux qui vivent?
Youna Morits (Russie)
Anthologie de la poésie russe pour enfants
Circé poésie, 2000
(née en 1937)
Quand je pense à la mer
Quand je pense à la mer
C'est à l'eau que je pense, verte et mouvante
Pas au poisson, pas au bateau.
Quand j'écoute la mer
C'est bien l'eau que j'entends, sourde et roulante
Et pas le coquillage et pas le vent.
Quand j'entre dans la mer
Froide et secrète comme un grand abreuvoir
C'est moi le coquillage et le bateau
Et la vague et le vent et l'eau
Et je bois le soleil.
Jacqueline Daoud (Tunisie)
Traduit de l'abstrait Cérès productions 1968
(née en 1937)
***
20
La voie lactée mène à l'école
Les enfants l'empruntent soir et matin
Les tabliers au passage frôlent une étoile dormante
Qui crie dans son sommeil
Et jette des étincelles
La Grande Ourse rêve d'une couette
La Petite Ourse rêve d'un jardin
Et de trèfles à quatre feuilles
Le temps est à la somnolence et à la paresse
L'instituteur dort en marchant
Les élèves sont en papier
À quoi sert l'école?
À enfermer entre les mêmes murs livres et enfants
À chaque chose son temps et sa couleur
Dit le peintre
Et il ajoute une aile jaune à l'écureuil
Le cyprès qu'il peint en noir
Fait des grimaces derrière son dos
La vache est très contente
Elle aime le nuage rose dessiné sur son dos
À quoi sert un nuage?
À fondre en pluie dés qu'on l'essore de travers
Vénus Khoury-Ghata À quoi sert la neige? éd. Le cherche midi
Recueil sélectionné pour le prix poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire
(née en 1937, romancière et poète d'origine libanaise)
*
Un coin champêtre
Dans la ville, une rue égarée.
Une façade d'anges encadrée,
De vigne vierge tapissée.
Un escalier, sa rampe rouillée,
Au centre, un réverbère penché.
Les feuilles lasses craquent sous les pieds
D'un garçon courant derrière son ballon.
À l'autre coin de ce jardin sauvage,
Une fille chante sous les nuages.
Rolande Causse Paris Poésies, éd Actes Sud Junior 2003
(née en 1937, auteur de littérature jeunesse)
***
21
Déchiffrer
L'enfant aimait comprendre, toucher, pénétrer. Il mettait la main à l'herbe, à l'eau, au gâteau ; se
brûlait la langue et les yeux. Il émiettait son pain en quête de quelque secret de pâte et plongeaient
le bras dans la vase gluante.
Il caressait méticuleusement le dos du chat, le jeu des ressorts à bondir. Il explorait l'oreille du
labrador au risque d'être mordu. Accroupi au bord de la bâche crépitante, il scrutait les mouvements
des crabes affairés.
Du bout tendre des doigts, il parcourait les rides des visages aimés, à l'affût du mystère du temps.
Il léchait en cachette le nez des nourrissons aveugles, humait leur parfum fade, leur fontanelle
molle. Comment voir grandir son propre corps, se métamorphoser la chenille ?
Il aurait voulu regarder faire un enfant, écrire une histoire, naître un printemps. Mais tout était
caché, interdit, inaccessible.
Colette Nys-Mazure, Belgique
La Criée d'aube éd. L'Arbre à paroles 1995
(née en 1938, poète et écrivain de langue française)
***
Lorsque le soir jette sa nappe trop pure
Sur le trou de l'azur et le cri de la bête
Les mots jamais lavés
Et la peine triviale
Parle mon frère
Car j'ai les mains qui pleurent
Est-ce que le vent commence à la cascade ?
Pourquoi ai-je les mains qui pleurent ?
Parle je te prie
Le vent rouvrira-t-il sa lessive de mots ?
Donne-moi mon nom dessine mon murmure
Oh ! la pelote du coeur !
- Soupir d'une étonnée de sa douleur
Se pose sur un doigt un mince oiseau de joie
On ne saura lequel
On ne saura de qui
Gabrielle Althen, poème inédit pour le Printemps des Poètes
(née en 1939, poétesse, romancière, nouvelliste et essayiste)
***
22
***
La fille de l'épicier
a des yeux de réglisse
et des dents comme des petites
***********dragées.***********
Mademoiselle... euh mademoiselle ! Je
voudrais quatre caramels, six berlingots à
la groseille, huit souris en chocolat, dix sucres
d'orge, pas un pareil ! douze barres de nougat
tendre et un gros malabar.
************
*********
La fille de l'épicier
avec ses lèvres de soleil
me met toujours en retard !
Joëlle Brière
Une baleine, deux baleines, trois baleines, six cachalots...
éd La Renarde Rouge 1998
(a fondé en 1994 les éditions de La Renarde Rouge)
***
Grand-mère sur le seuil
avec son sourire
et autour un visage
bien ridé, déjà
(elle a quel âge ? on ne compte pas!)
La maison du matin
habillée de rires
et d'odeurs de pain grillé
de confitures de coing
maison de carrelage frais lavé
Elle est là avec la maison
les chambres les fenêtres
les escaliers la cheminée
tout ça pêle-mêle
avec les valises les raquettes
les épuisettes
c'est une maison qui va et vient
de la cave au jardin
en berçant ses grands pins
une maison avec des bras
si doux si près du rêve
et la mer tout à côté
qui commence à chanter.
c'est la maison de grand-mère
maison d'été maison d'hier
qui ferme ses volets l'hiver.
Luce Guilbaud
Du sel sur la langue
éd. Soc et Foc 2004
(née en 1941, professeur agrégée d'art
plastique/peintre/illustratrice/poète)
23
Attendre
Attendre dans la paix
Tracer une ligne
joignant
main et main
pour serrer
très fort
L'enfant tient les rênes
du cheval arrêté
chiffon rouge accroché
aux ronces et pour signifier
la présence l'écorce
jaune des fruits
Là et ailleurs
entêtement innocent
et humble
impossible à déloger
Attendre dans la paix
Sonner les cloches
pour entendre
à l'horizon
l'heure
du silence
Amitié des braises
et vigilance du vent
à pousser la roue
à reprendre à conjurer
Attendre dans la paix
Règnera le vent
qui souffle
uniformément
du nord
au sud
Geneviève Raphanel
Rouge éternité / éd. Rougerie (2002)
(née en 1941, vit à Lyon, écrit pour le théâtre,
des nouvelles, des romans et de la poésie)
Attendre dans la paix
Luce Guilbaud
***
La poète s'est levée à cinq
heures. C'était horrible. Elle a
traversé la ville dans le noir,
complètement désespérée à la
simple idée d'avoir à gagner sa
vie. Dans le feu des phares elle
se répétait : « Tu es lâche. Tu n
'as aucun courage. » Pour se
consoler, la Poète chante
« Charlotte cocotte / Qu'est-ce
que tu fais là ? / Je cire les
bottes / De mon petit chat »
(…)
(& )
Hier La Poète a cueilli des
olives et mangé une grenade.
(& )
Hier elle a appelé son fils. La
Poète a un fils. Il lui manquait.
Il lui manque. Ce fils est
maintenant un homme. Mais
un jour un homme peut être
votre fils. C'est ce qui est arrivé
à La Poète.
(& )
Hier La Poète a cherché à se
procurer un manuel de broderie. Puis elle a
laissé
tomber.
Liliane Giraudon, La Poétesse, P.O.L, 2009
(née en 1946,vit à Marseille, co-fondatrice de
plusieurs revues, traductrice, travaille avec
des plasticiens et des musiciens)
24
99. L'enfant a pris les mots, les oiseaux et les vents.Il en a fait cent parts.
Je mets tout de ma vie, j'adore ça.
Il boit du noir en traits, il voit des transparences.
Comme on dit, l'autre monde.
Du noir en pluie, du blanc tassé.
Pelures et plumes.
Des ombres quelquefois, des tentations.
Des coups mouillés derrière la vitre.
Des cernes sous le claire.
Derrière les volets clos, la lumière extérieure.
Les couleurs sans couleurs, tôt lavées, du désert, où
l'enfant se promène entre les rochers blancs.
Roi des cent cavaliers.
Marie Étienne, Roi des cent cavaliers, Flammarion, 2002
( née en 1948, pendant 10 ans collaboratrice d'Antoine Vitez, collabore à la revue littéraire)
***
L'idée du bonheur
Sur la colline d'en face
À peine lisibles
Trois vaches bougent
Leurs dos blancs
Dans la simplicité du champ
La nuit va tomber
Un ciel rouge
Un ciel
Difficile à comprendre
Semble dire
Maintenant
Lise Mathieu
Le bonheur ne dort que d'un oeil
éd. le Castor Astral-L'atelier imaginaire
( née en 1943, Prix Max-Pol Fouchet 2006)
25
Haricot vert
L
e
ha
ri
cot
vert
était
très
comp
lexé
dep
uis
que
sa li
gn
e
n'
ét
ai
t
pl
us
Vert de lune
Une idée fixe
un soir de carnaval
se déguisa en cerfvolant
et se laissa
monter
jusqu'à la lune
où elle germa.
à
l
a
Quand vous irez sur
la lune
si vous rencontrez un cerfvolant
ou une fleur
qui a l'air de venir
d'ailleurs
méfiez-vous!
m
o
d
e
C'est peut-être
une idée fixe
qui cherche
à redescendre.
Madeleine Le Floch
Petits contes verts pour le printemps et pour l'hiver
éd. Saint-Germain-des-Prés, 1975
26
Les animaux,
Les petits,
Les gros aussi, ils meurent tous,
ceux des maisons
comme ceux qui vivent dehors,
Les fourmis de dix-huit mètres
avec ou sans chapeau,
les étourneaux trop étourdis,
la chèvre de Monsieur Seguin.
Elle s'est battue toute la nuit
avant de se faire bouffer par le loup
au matin
- ça m'fout encore la larme à l'oeil
cette histoire parfumée
d'accent provençal et de serpolet -,
cette chèvre-là, elle est restée,
en quelque sorte,
mon héros dans la vie,
une libertaire,
une vraie résistante.
Chantal Dupuy-Dunier
Où qu'on va après?
éd Le dé bleu / coll. Le Farfadet bleu
(née en 1949, psychologue clinicienne)
Recueil sélectionné pour le prix poésie jeunesse 2010 Lire et Faire Lire
...
La Loire est une aïeule
qui se souvient
de son éternité liquide
Elle est l'eau millénaire
où l'arbre couche son ombre
et tu bois ton rêve
à ses rives vertes
pour préserver l'imaginaire.
Le vent seul sait où va le sable.
Loire reflet
tu témoignes du ciel
dans la liberté
d'une onde froissée, brisée
par un vent nomade.
...
Mémoire du fleuve
Le temps se renverse
dans ses eaux fières
nées de l'aventure d'un regard
Claudia Adrover
La Loire au plus près (extrait)
éd. Donner à Voir 1999
27
Raconte-moi…
(extrait)
Raconte-moi
La parole du griot
qui chante l’Afrique
Des temps immémoriaux
Il dit
Ces rois patients
Sur les cimes du silence
et la beauté des vieux
Aux sourires fanés
Mon passé revenu
Du fond de ma mémoire
Comme un serpent totem
A mes chevilles lié
Ma solitude
Et mes espoirs brisés
Qu’apporterais-je
A mes enfants
Si j’ai perdu leur âme?
Il dit
Le griot à la langue pendante
«Vous irez plus loin encore
Dans la forêt blanche
Des bétons entassés
Et vous pleurerez
Dans les quartiers boueux
D’une ville sans refuge»
Il dit aussi
Le griot nouveau
«Regardez!
Il est déjà des hommes
Que les révoltes étreignent».
Il faudra
Il faudra
Continuer à parcourir les pistes
Et les chemins sans fin
Apprendre à nouveau
Le chant d'un calao
Ne plus chercher en vain
Quelques bras qui se tendent
Ou regarder sans cesse
l'ombre de nos pas
Tu auras pour t'aider
Le tam-tam parleur
Écraser ta solitude
Du fond de ta retraite
Et piétiner les mots
Sacrilèges et parjures
Véronique Tadjo (Côte d'ivoire)
Lahérite , éd Hatier 1984
(née en 1955, grand prix littéraire d'Afrique
noire 2005)
Véronique Tadjo,
L’Afrique noire en poésie / Gallimard 1986
pour Julien
La nuit, les bateaux protègent l'écume du jour. Toi, tu
as encore ce visage qui est celui de ton enfance, si pur,
ce visage offert au secret, et tu dors, confiant sur l'oreiller
des heures.
Sylvie Fabre G, Dans la lenteur, Editions Unes, 1998
(née en 1951, professeur de lettres, travaille avec des artistes, peintres, photographes...)
28
(...)
La plage
l'océan la roule sous ses vagues
et s'en retourne, pareil.
L'arbre
L'arbre
apprend
l'oiseau
en se couvrant d'ailes
Seuls les récifs provoquent au large des remous.
C'est du moins
ce qu'on croit.
Tout un été
sous prétexte de ressac
vers les grands fonds,
Et lorsque
s'en vont
les oiseaux migrateurs
Icare
Tombe en feu
dans ses branches
avec l'infinie lenteur
de qui peut toujours recommencer ?
Si
Mais que sait-on des pas perdus
que la plage achemine
***
Elle n'a pas à compter
elle aura toujours assez
Si
le pommier
fait toujours le pommier
pour qu'au moins quelques-uns parviennent
le cerisier
le cerisier
là où l'océan
fait sa mue d'eau limpide.
pourquoi
le poirier
ne fait-il jamais le
poirier ?
(...)
Anne Vernon
Eaux fortes (extrait)
éd. Donner à Voir 2003
Jacqueline Astégiano
Une chouette dans les pommes
éd. Le Farfadet bleu / Le dé bleu 1999
***
Soudain les enfants
Plus rien ne bouge
Pas un souffle, pas un soupir
Le chat dort sur la chaise rouge
Son lait figé
Attend
Soudain les enfants
Crient dans le jardin
Et un ballon vient rebondir
Dans mon poème
Catherine Leblanc
Le monde n’est jamais fini / éd. La renarde rouge, 2005
(née en 1956, psychologue, poète, romancière)
29
La terre, l'univers
Quelques traits sur le mur de la grotte
les couleurs de la bête
la forme visible de la vie;
en ce mouvementsle monde a commencé.
Par le silence et la nuit
la gravité du noir, la terre
dans les mains qui tâtonnent;
par les galets, l'eau, les fruits
l'oiseau secouant l'espace
et le bruit des pas incertains
nous avons commencé.
Lumières éteintes, portes refermées
au bout de l'horizon, le monde
ne tenait qu'à un fil.
(sans titre)
Voici que pour l'enfant, les choses devinrent des mots.
Une à une, ainsi les appela t'il, désignant un monde
qui s'agrandissait à mesure.
Puis il trouva une carte de la terre, se fit géographe
navigateur, historien. Nomma villes et fleuves
pôles, continents; apprit longitudes. Dérives. Guerres.
Le poids de la présence.
Rien n'existait, qui ne pouvait être nommé.
Les mots seuls portaient l'univers
comme le vent dans la voiture, au loin.
Hélène Dorion, Québec
Les murs de la grotte / éd. la Différence 1998
(née en 1958, a publié une quinzaine de
livres d'artistes et reçu de nombreux prix littéraires)
***
Certains matins, ils pépient
plus que les oiseaux:
la nuit n’ose plus rien dire
alors nous ouvrons les yeux.
Les branches étaient
des chambres.
Ariane Dreyfus
La belle vitesse L’Idée Bleue, 2002
(née en 1958, professeur de lettres modernes)
30
À me bercer les pieds gelés à me rouler sous les
couvrantes
Pense à mon loup le rouge aux joues la vieille solitude
qui chaperonne
Je m’affuble de mes folklores ça coule de source ne
manque pas de sel
La neige peut tomber ça ne prend plus les bras s’étirent
sans épouvante sous le ciel vide où je lance tous les
noms d’oiseaux
Le cœur rallonge
Valérie Rouzeau
Va où / Le temps qu’il fait / 2002
(née en 1967, traductrice, anime des ateliers dans les classes.
Elle a écrit plusieurs textes pour le groupe Indochine)
***
Plus âgés que nos âges, tous debout
depuis la terre, nous sommes restés
longtemps au chaud dans nos paniques,
récitant des chagrins ici et là appris par
cS ur sous une grande pluie d'hiver.
Avant de nous mettre à chercher le
soleil, et ses fraîcheurs, et ses jardins.
Demain, même si la lumière
demeure difficile, nous croirons enfin aux
anges.
Albane Gellé
Poème commandé par le Printemps des Poètes et publié dans l'anthologie Une salve d'avenir.
L'espoir, anthologie poétique, parue chez Gallimard en Mars 2004
des hommes debout et leurs villages dessous
la terre des pierres joyeuses en cathédrales
des pierres encore interminables devant les
yeux depuis jadis cent mille roses princesses
d'été un peu sauvages ici pour vivre le vent
respire un enfant marche - marche et s'arrête
pour le silence des girafes un loup crinière
des oiseaux bleus - marche et s'arrête
pendant des heures le cS ur s'agite entre du
ciel et des rochers ville fontaine
Albane Gellé
poème commandé par le Printemps des Poètes
(née en 1971, dirige l'association Lectures&Poétiques de Saumur)
31
À ma place
Mes yeux voient
À ma place
Mon nez sent
À ma place
Ma bouche parle
À ma place
Mes oreilles écoutent
À ma place
Mais mon coeur
N'y est pas
Sophie-Leï Thumann
Origamis mes amis
éd du Rocher / Lo Païs d'enfance
***
caresser les croches les doubles
croches en noir et blanc toucher les do
ré écouter les fa sol concerto piano
solo silence l’émotion bord à bord
comme ensemble un instant
Magali Thuillier
Des rêves au fond des fleurs L’idée bleue, 2006
(née en 1972, vit à Nantes, développe avec l'association
3 petits points de suspension, des projets autour de
la lecture et de l'écriture)
32
Andrée Chedid
Elle est née en 1920 au Caire. À 14 ans elle part en Europe. Elle revient
ensuite au Caire pour étudier dans une université américaine. Elle vit à Paris
depuis 1946. Elle écrit des recueils de poésie, dont certains pour enfants, des
pièces de théâtres, des essais, des récits et des romans. Elle a reçu le prix
Goncourt de poésie en 2003.
*****
Les mouettes
Remous
Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit
Le goût des jardins sur les choses
La verte étoile d'un étang
Le rire bleu de la barque
La froide racine du roseau
Je te donne trois mouettes
La pulpe d'un fruit
De l'aube entre les doigts
De l'ombre entre les tempes
je te donne trois mouettes
Et le goût de l'oubli
"Toutes ces brumes
Issues de nos chagrins
Tous ces orages
Qui bataillent entre nos tempes
Toutes ces ombres
Qui emmurent l'espérance
Tous ces cris
Qui entravent notre chant
Toutes ces craintes
Qui retiennent nos pas
Toutes les clartés
Qui naissent de ces remous !"
Fêtes et Lubies
éd. Flammarion (1973)
Territoires du souffle
éd. Flammarion 1999
*****
33
La révolte du sujet
« Un jour, un jour »,
Chante le Sujet
« Je me tiendrai
Seul
Sur mes pieds.
Les parenthèses
On me traite « d'accessoire »
De « disgression »
De « sens à part »!
Sans ordre
Sans verbe
Et sans allié
Mais je l'affirme
Plein de sourires
« Sans diversion
Où est le plaisir? »
Dans un désordre
Illuminé! »
Grammaire en fête
éd Folle Avoine
Grammaire en fête
éd Folle Avoine
***
Le recueil Grammaire en fête (1984) est sélectionné pour le prix de poésie jeunesse 2010
Lire et Faire Lire
La Grammaire en fête
La Grammaire
Oh, la Grammaire !
C'est comme tout
Ce qui vit sur terre !
Alors alors
Mes petits espiègles,
Sur ce chaos
Je trace des règles,
Voyez les mots
Les petits, les gros :
Chacun son « Moi »,
Son « quant à soi »
À tous ces mots
Je fais la loi.
Tantôt amis,
Tantôt ennemis.
Tantôt batailles,
Ou épousailles.
Tantôt amour,
Tantôt vautour.
Tantôt héros,
Tantôt zéro.
Toujours le même scénario !
Ne me traitez-pas de rabat-joie,
Dansez, chantez et jouez-moi !
Allons
Sans pions
Sous les lampions !
Mieux vaut la fête !
Que le casse-tête !
Et la chanson,
Que le bâton !
Grammaire en fête
éd. Folle Avoine
***
34
Le chant des villes
De cet amour ardent je reste émerveillée
Je m attache aux pulsations des villes
A leur existence mouvementée
Je respire dans leurs espaces verts
Je me glisse dans leurs ruelles
J écoute leurs peuples de partout
J ai aimé les cités Le Caire ou bien Paris
Elles retentissent dans mes veines
Me collent à la peau
Je reste émerveillée
Du clapotis de l eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
Je reste émerveillée
D un amour
Invincible
Toujours présent

Je ne pourrai me passer
D être foncièrement :
Urbaine.
Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l hécatombe
Des jours accumulés
Pour le printemps des poètes 2006
« Le chant des villes »
***
Le vent lasse les peines
Demain souffle aux portes,
Rien n'est jamais perdu
De ce qui fut aimé.
Textes pour un poème
éd Flammarion 1949-1970

Dans mon miroir
Défraîchi
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n y fait
L amour s est implanté
Une fois
Pour toutes.
De cet amour ardent je reste émerveillée.
Pour le printemps des poètes 2007
« Lettera Amorosa »
***
Épreuves de l'être
Épreuves du visage
La voix de toute naissance
Heurte l'ordre du monde
Qui
Se tient
Derrière le pelage du monde ?
Son verbe nous cherche
Son souffle dénude
Quel visage au front nu
Se détourne des rôles
Planté dans la moëlle
Levant parole parmi le champ des mots
Le cri de l'être
Ébranle nos cibles
Détisse nos trames
Renverse le flux du sablier
Garde en chemin
Ses yeux inversant les images
Sa bouche éconduisant les rumeurs ?
...
Épreuves du vivant
poésies Flammarion (1983)
35
Chassé-croisé
Grain de poussière
s'est mis au vert
Pour respirer
Un plein bol d'air
Monstre
Ailé ailé
Le Grain de Blé
S'est envolé
Vers la cité
près des sources taries
le monstre ricane
ses dents d'acier
brillent au soleil
Le coeur et le temps
éd. de L'École (1976)
les cyprès se taisent
***
l'homme s'avance
sur une terre
qu'il ne voit plus.
Lignes de charge
Parlons
Parlons de cette vie qu'on nous livre
De ce globe parmi tant d'astres
De cette rotation qui nous entraîne
De cette gravitation qui nous retient
Parlons du jour si brièvement nôtre
De chemins flétris
Des cris perpétués
Des visages en tous lieux
Et en toutes saisons
Parlons de tant de soufre
De tant de souffles
De tant d'envol
De trop d'enfoncements.
Rencontrer l'inespéré / éd. Paroles d'Aube 1993
36
et une chanson parmi quelques autres...
***
Je dis M
J'ai les méninges nomades
J'ai le miroir maussade
Tantôt mobile, tantôt tranquille
Je moissonne sans bousculade
Je dis aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis aime
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis aime
Du sphinx dans mon rimeur
Paris au fil du coeur
Du Nil dans mes veines
Dans mes artères coule la Seine
Je dis aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis aime
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis aime
Pour le dehors, le dedans
Pour l' après, pour l' avant
Je dis aime
Pour le dehors, le dedans
Pour l' après, pour l' avant
Aime
Pour le dehors, le dedans
Pour l' apres, pour l' avant
Pour le dehors, le dedans
Pour l' apres, pour l' avant
Je dis aime, et je le sème sur ma planète
Je dis aime, comme un emblème, la haine, je la jette
Je dis aime
texte de la chanson Je dis M, écrite par Andrée Chedid
pour son petit-fils, le chanteur Mathieu Chedid, M
37
Couleur femme
écriture d'hommes...
***
Pour éviter tout retour au piège
La fuite se prend sans bagage.
Guénane
Couleur Femme
éd Rougerie (2007)
38
Mignonne, allons voir...
À Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Bonjour mon coeur, bonjour...
Bonjour mon coeur, bonjour ma douce vie.
Bonjour mon oeil, bonjour ma chère amie,
Hé ! bonjour ma toute belle,
Ma mignardise, bonjour,
Mes délices, mon amour,
Mon doux printemps, ma douce fleur nouvelle,
Mon doux plaisir, ma douce colombelle,
Mon passereau, ma gente tourterelle,
Bonjour, ma douce rebelle.
Hé ! faudra-t-il que quelqu'un me reproche
Que j'aie vers toi le coeur plus dur que roche
De t'avoir laissée, maîtresse,
Pour aller suivre le Roi,
Mendiant je ne sais quoi
Que le vulgaire appelle une largesse ?
Plutôt périsse honneur, court, et richesse,
Que pour les biens jamais je te relaisse,
Ma douce et belle déesse.
Pierre de Ronsard
Pierre de Ronsard
Le second livre des amours (1555)
***
L'amour de moi...
L amour de moi si est enclose
Dedans un joli jardinet
Où croît la rose et le muguet
Et aussi fait la passerose.
Ce jardin est bel et plaisant ;
Il est garni de toute flour ;
On y prend son ébattement
Autant la nuit comme le jour.
Hélas ! il n est si douce chose
Que de ce doux rossignolet
Qui chante au soir, au matinet :
Quand il est las, il se repose.
Je la vis l autre jour cueillir
La violette en un vert pré
La plus belle qu oncques je vis
Et la plus plaisante à mon gré.
Je la regardai une pause :
Elle était blanche comme lait,
Et douce comme un agnelet,
Vermeillette comme une rose.
Anonyme (17ème siècle)
***
39
La jeune captive
(extrait)
Est-ce à moi de mourir? Tranquille je m'endors
Et tranquille je veille; et ma veille aux remords
Ni mon sommeil ne sont en proie.
Ma bienvenue au jour me rit dans tous les yeux;
Sur des fronts abattus, mon aspect dans ces lieux
Ranime presque de la joie.
Mon beau voyage encore est si loin de sa fin!
Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin
J'ai passé les premiers à peine.
Au banquet de la vie à peine commencé,
Un instant seulement mes lèvres ont pressé
La coupe en mes mains encor pleine.
Je ne suis qu'au printemps. Je veux voir la moisson,
Et comme le soleil, de saison en saison,
Je veux achever mon année.
Brillante sur ma tige et l'honneur du jardin,
Je n'ai vu luire encore que les feux du matin,
Je veux achever ma journée;.
...
André Chénier
(Ode écrite à la prison St Lazare, en 1794;
le poète prête ici sa plume à une jeune femme,
Aimée Franquetot de Coigny)
***
La Jeune Tarentine
Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.
Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée
Et l'or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L'enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.
Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de la cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L'élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage, et dans ce monument
L'ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.
Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes,
Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.
Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée.
Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée.
L'or autour de tes bras n'a point serré de nS uds.
Les doux parfums n'ont point coulé sur tes cheveux.
André Chénier
Les Bucoliques / 1785-1787
40
Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
Comme au bout d'une branche on voit étinceler
Une goutte de pluie où le ciel vient briller,
Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber et fange après sa chute !
La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or !
Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.
Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,
Et redevienne perle en sa splendeur première,
Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,
D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !
Victor Hugo
les chants du crépuscule / 1835
Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé
À la belle impérieuse
Ma Jeanne, dont je suis doucement insensé,
Étant femme, se sent reine ; tout l'A B C
Des femmes, c'est d'avoir des bras blancs, d'être belles,
De courber d'un regard les fronts les plus rebelles,
De savoir avec rien, des bouquets, des chiffons,
Un sourire, éblouir les coeurs les plus profonds,
D'être, à côté de l'homme ingrat, triste et morose,
Douces plus que l'azur, roses plus que la rose ;
Jeanne le sait ; elle a trois ans, c'est l'âge mûr ;
Rien ne lui manque ; elle est la fleur de mon vieux mur,
Ma contemplation, mon parfum, mon ivresse ;
Ma strophe, qui près d'elle a l'air d'une pauvresse,
L'implore, et reçoit d'elle un rayon ; et l'enfant
Sait déjà se parer d'un chapeau triomphant,
De beaux souliers vermeils, d'une robe étonnante ;
Elle a des mouvements de mouche frissonnante ;
Elle est femme, montrant ses rubans bleus ou verts.
Et sa fraîche toilette, et son âme au travers ;
Elle est de droit céleste et par devoir jolie ;
Et son commencement de règne est ma folie.
L'amour, panique
De la raison,
Se communique
Par le frisson.
Victor Hugo
L'art d'être grand-père / 1837
41
Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.
Si je demeure,
Triste, à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.
Un homme semble
Souvent trompeur.
Mais si je tremble,
Belle, ayez peur.
Victor Hugo
Les chansons des rues et des bois / 1865
Suzette et Suzon
J'adore Suzette,
Mais j'aime Suzon,
Suzette en toilette,
Suzon sans façon !
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Rimons pour Suzette,
Rimons pour Suzon ;
L'une est ma musette,
L'autre est ma chanson,
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
La main de Suzette,
La jambe à Suzon,
Quelle main bien faite !
Quel petit chausson !
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Je rêve à Suzette,
J'embrasse Suzon ;
L'une est bien coquette,
L'autre est bon garçon.
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Tapis pour Suzette,
Jardin pour Suzon ;
Foin de la moquette,
Vive le gazon !
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Au bal va Suzette,
Au bois va Suzon ;
J'épie et je guette
L'ombre et le buisson.
Ah ! Suzon, Suzette
Suzette, Suzon !
Jaloux de Suzette !
Jaloux de Suzon !
La bergeronnette
Fait damner l'oison.
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Si jamais Suzette
Rit comme Suzon,
Au diable je jette
Toute ma raison.
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Si comme Suzette
Souriait Suzon,
Cette humble amourette
Serait mon poison.
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
S'il faut fuir Suzette
Ou quitter Suzon
Et que je n'en mette
Qu'une en ma maison,
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Je laisse Suzette,
Je garde Suzon ;
L'une me rend bête,
L'autre me rend bon.
Ah ! Suzon, Suzette !
Suzette, Suzon !
Victor Hugo
Toute la lyre / posthume 1897
***
Dansez, les petites filles,
Toutes en rond.
En vous voyant si gentilles,
Les bois riront.
Victor Hugo
Dansez, les petites belles,
Toutes en rond.
les oiseaux avec leurs ailes
Applaudiront.
Dansez, les petites fées,
Toutes en rond.
Dansez, de bleuets coiffées,
L'aurore au front.
L'art d'être grand-père / 1877
42
Fantaisie
Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.
La cousine
L'hiver a ses plaisirs; et souvent, le dimanche,
Quand un peu de soleil jaunit la terre blanche,
Avec une cousine on sort se promener...
- Et ne vous faites pas attendre pour dîner,
Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,
Dit la mère. Et quand on a bien, aux Tuileries,
Vu sous les arbres noirs les toilettes fleuries,
La jeune fille a froid... et vous fait observer
Que le brouillard du soir commence à se lever.
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;
Et l'on revient, parlant du beau jour qu'on regrette,
Qui s'est passé si vite... et de flamme discrète :
Et l'on sent en rentrant, avec grand appétit,
Du bas de l'escalier, - le dindon qui rôtit.
Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que, dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... - et dont je me souviens !
Gérard de Nerval
Odelettes / 1834
***
La Lune aux yeux bleus
La nuit, les chevelures des femmes et les branches des saules se confondent. Je marchais au bord de
l eau. Tout à coup, j entendis chanter : alors seulement je reconnus qu il y avait là des jeunes filles.
Je leur dis : « Que chantez-vous ? » Elles répondirent : « Ceux qui reviennent. » L une attendait son
père et l autre son frère ; mais celle qui attendait son fiancé était la plus impatiente.
Elles avaient tressé pour eux des couronnes et des guirlandes, coupé des palmes aux palmiers et tiré
des lotus de l eau. Elles se tenaient par le cou et chantaient l une après l autre.
Je m en allai le long du fleuve, tristement, et toute seule, mais en regardant autour de moi, je vis que
derrière les grands arbres la lune aux yeux bleus me reconduisait.
Pierre Louÿs
Les chansons de Bilitis (1894)
Ce petit livre d'amour antique
est dédié respectueusement
aux jeunes filles de la société future
43
Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blème,
Elle seule les sait rafraîchir en pleurant.
Est-elle brune ? Blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine
Poèmes saturniens /1866
*
Stances à la châtelaine
Madame, c'est moi qui viens.
Moi, cela ne vous dit rien !
Je viens vous chanter quand même
Ce que mon coeur a rimé
Et si vous voulez m'aimer ?
Moi : c'en est un qui vous aime !
Oh ! vos mains, dont les pâleurs
Bougent, en gestes de fleurs
Qu'un peu de brise caresse !
Oh ! vos beaux yeux impérieux !
Un seul regard de ces yeux
Dit assez votre noblesse !
Votre parc est doux et noir :
Il y ferait bon ce soir
Pour achever ce poème
Que mon coeur seul a rimé.
Donc, si vous voulez m'aimer,
J'y serai, moi qui vous aime !
- Je chantais cela tantôt,
Aux grilles de son château.
A la fin, compatissante,
Elle dit à son larbin :
" Joseph, portez donc du pain
Au pauvre mendiant qui chante ! "
Vos aïeules ont été,
Sous le grand chapeau d'été
Fleuri comme un jour de Pâques,
Marquises de Trianon,
Et moi, fils de gens sans nom,
J'ai des goûts à la Jean-Jacques !
Gaston Couté
44
Jeanne
Un long silence
Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeure aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : J'ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.
Voici que je m'en vais en des pays nouveaux :
Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,
Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves.
Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse,
Ô Meuse inépuisable et que j'avais aimée.
un silence
Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée ;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, - à jamais écroulés.
La bergère s'en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je m'en vais, loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons.
Meuse qui ne sais rien de la souffrance humaine,
Ô Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
Ô toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et ne pars jamais,
Ô toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,
Ô Meuse inaltérable, Ô Meuse que j'aimais,
un silence
Quand reviendrai-je ici filer encor la laine?
Quand verrai-je tes flots qui passent par chez nous?
Quand nous reverrons-nous? Et nous reverrons-nous?
Meuse que j'aime encore, Ô ma Meuse que j'aime.
Charles Péguy
Le mystère de la charité de Jeanne d'Arc (1921)
45
Marie
Vous y dansiez petite fille
Y danserez-vous mère-grand
C'est la maclotte qui sautille
Toute les cloches sonneront
Quand donc reviendrez-vous Marie
Elle passe
Prenant les coeurs un à un
Donnez les coeurs
Tous les bons coeurs
Les pauvres coeurs
Elle place
Chaque coeur sur sa main
Vous n'irez jamais
Jusqu'à ses lèvres
Oh les coeurs
Les pauvres coeurs
Elle se lasse
Et met les coeurs dans son panier
Hélas
Les coeurs n'y restent guère
N'y resteront pas longtemps
N'y restent pas assez
Pas même un petit printemps
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu'elle semble venir des cieux
Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine
Et mon mal est délicieux
Les brebis s'en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d'argent
Des soldats passent et que n'ai-je
Un cS ur à moi ce cS ur changeant
Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s'en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l'automne
Que jonchent aussi nos aveux
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s'écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine
Guillaume Apollinaire
Alcools / 1913
***
Guillaume Apollinaire
Alcools / 1913
à Marie Laurencin ou à Maria Dubès
Épigramme
Mon adorable jardinière
Toi qui voudrais savoir pourquoi
Nul ne tape sur derrière
Ne sais-tu pas comme moi
Qu'il ne faut pas battre une femme
Et même avec une fleur Rare oui Madame
Guillaume Apollinaire
Poèmes à Lou / 1955 posthume
46
Aquarelliste
À Mademoiselle Yvonne M...
Yvonne sérieuse au visage pâlot
A pris du papier blanc et des couleurs à l'eau
Puis rempli ses godets d'eau claire à la cuisine.
Yvonnette aujourd'hui veut peindre. Elle imagine
De quoi serait capable un peintre de sept ans.
Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps
Et puis la ressemblance est un point difficile
À saisir, il vaut mieux peindre de l'immobile
Et parmi l'immobile inclus dans sa raison
Yvonnette a fait choix d'une belle maison
Et la peint toute une heure en enfant douce et sage.
Derrière la maison s'étend un paysage
Paisible comme un front pensif d'enfant heureux,
Un paysage vert avec des monts ocreux.
Or plus haut que le toit d'un rouge de blessure
Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s'azure.
Quand j'étais tout petit aux cheveux longs rêvant,
Quand je stellais le ciel de mes ballons d'enfant,
Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette,
Des paysages verts avec la maisonnette,
Mais au lieu d'un ciel triste et jamais azuré
J'ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.
Guillaume Apollinaire
Il y a / 1925 posthume
Reconnais-toi
Cette adorable personne c'est toi
Sous le grand chapeau canotier
Oeil
Nez
La bouche
Voici l'ovale de ta figure
Ton cou exquis
Voici emfin l'imparfaite image de ton buste adoré
Vu comme à travers un nuage
Un peu plus bas c'est ton coeur qui bat
Guillaume Apollinaire
Calligrammes (1918)
47
Le pas de la Séguirilla
El paso de la siguiriya
Parmi les papillons noirs,
va une brunette moresque
à côté d'un blanc serpent
de brume.
Terre de lumière,
Ciel de terre
Elle va enchaînée au tremblement
d'un rythme qui jamais ne s'établit;
elle a un coeur en argent
et un poignard dans la main
Où vas-tu, siguiriya,
de ce rythme décervelé?
Quelle lune soulagera
ta douleur de citron et de bouton de rose?
Terre de lumière
Ciel de terre.
Entre mariposas negras,
va una muchacha morena
junto a una blanca serpiente
de niebla.
Tierra de luz,
cielo de tierra.
Va encadenada al temblor
de un ritmo que nunca llega;
tiene el corazón de plata
y un puñal en la diestra
¿Adónde vas siguiriya,
con un ritmo sin cabeza?
¿Qué luna recogerá
Tu dolor de cal y adelfa?
Tierra de luz
cielo de tierra.
Fédérico garcia Lorca
Cante Rondo / 1922 / traduction de Gilles de Seze
Traversée
Et les femmes sont si belles
Et leurs noms ensoleillés
Sur la mer font brasiller
Des promesses si nouvelles
Et le navire est si blanc
Et les femmes sont si belles
Qui doucement s'échevellent
Aux tièdes vents émouvants.
Et la contrée irréelle
Nous attend si tendre au bout
De ce long voyage si doux
Parmi ces femmes si belles
Et la houle est une tant
Bleue et blanche balancelle,
Et les femmes sont si belles
Sous le ciel tant nonchalant.
Ma sirène ( dédié à Kiki de Montparnasse)
(extrait)
...
Ma sirène a des savons de toutes formes
de toutes couleurs
C'est pour laver sa jolie peau
Ma sirène a beaucoup de savons
L'un pour les mains
L'autre pour les pieds
Un pour hier
Un pour demain
Un pour chacun des yeux
Et celui-là pour sa queue d'écailles
Et cet autre pour les cheveux
Et encore un pour son ventre
Et encore un pour ses reins.
Ma sirène ne chante que pour moi
J'ai beau dire à mes amis de l'écouter
Personne ne l'entendit jamais
Excepté un, un seul
Mais bien qu'il ait l'air sincère
Je me méfie car il peut être menteur
Marcel Thiry
L'enfant prodique (1927 / Belgique)
Robert Desnos
Destinée arbitraire, « Les nuits blanches »
Gallimard 1995 / publication posthume
48
Et
À ma fille sur la route des Indes
L'espace s'ouvre en moi en ce matin d'avril
Comme un gouffre béant où, vacillant nuage,
Vertigineusement s'épanche ton visage
Parmi la steppe aride à mes pas interdite.
Aux bourgeons neufs, au ciel décorant la fenêtre
D'une jonchée d'écume et de blanches corolles,
Quel regard accorder, si tu ne peux renaître,
O bouche grapillant d'aériennes paroles ?
Michel Manoll
Un été andalou
éd. Rougerie 1980
*
La nuit prend des couleurs
***
Moi, j'écris
Voici que les oiseaux
réveillent l'aube
Je raye
Ils épient le ciel
ils pépient le jour
Parfois
il en reste un peu.
Bientôt
ils plumeront la lumière
au premier coup d'aile
De temps en temps
j'arrive à me taire.
Et tout le jour
nous chercherons les éclats perdus
J'écris une poésie
de marcheur immobile
pour qu'elles voyagent.
C'est elle qui les trouvera
Elle
en recueillera la douceur
pour la poser comme une lampe
dans le duvet noir du silence.
***
***
Elle croyait avoir lu dans un livre :
« Le loup, toujours, a un nom d'homme. »
***
Alain Boudet
Quelques instants d'elles
éd. Océanes 1998
***
Tendre main de femme
Aux envies
De rose d'hiver
Tourbillons rituels
Une flèche à la main
Huit jeunes filles
Seiho Awano
La pluie
49
Jouons à courir, ma petite Guzine, toi, moi, Dino et puis ma Veroucha, jouons à courir sous la
pluie,
pieds nus, cheveux au vent.
Passons par le boulevard St Michel, à la poursuite d'Istambul,
et tournons autour du jardin de Notre-Dame et de la Tour de Léandre.
Jouons à courir, ma petite Guzine, toi, moi, Dino et ma Veroucha, jouons à courir, à grands cris,
au point du jour, jouons à courir aux heures teintées d'aube.
Jouons à courir avec nos jours passés et à venir, des ailes de mouette à nos pieds.
Ouvrons très grands nos yeux pleins de soleil et de vent sur le monde
et que Colin et Maillard, les maudits, ne puissent nous rattraper.
Jouons à courir, ma petite Guzine.
Nazim Hikmet (Turquie)
Il neige dans la nuit
éd. nrf Gallimard
D'où nous venons
Elle s'approche du miroir rond
comme une bouche d'enfant
qui ne sait pas mentir,
vêtue d'une robe de chambre bleue
qui s'use elle aussi.
Dans toutes les langues de la terre
En toutes bouches de tout âge
En toutes lettres ou caractères
Dans la symphonie des langages
Depuis l'origine du sang
Parole première et dernière
Dans le cri le râle ou le chant
Par le pinceau la voix la plume
Plurielle et pourtant singulière
Multiple et pourtant Unique :
UNE MÈRE
Cheveux bientôt couleur de cendre
sous le très lent feu du temps.
Le soleil du petit matin
fortifie encore son ombre.
Philippe Jaccottet
Pensées sous les nuages
éd. nrf Gallimard 1994
Bernard Lorraine
*
Du coeur sensible
de la femme jaillit
le bonheur de l'humanité.
Khalil Gibran
Le calligraphe, le Poète et la Paix
éd. Bachari
50
Fraternité
On m'a dit qu'il y a des filles blanches comme le lait,
Et j'aime le lait.
On m'a dit qu'il y a des filles jaunes comme le néré*,
Et j'aime le néré.
On m'a dit qu'il y a des filles rouges comme la mangue,
Et j'aime la mangue.
Mais que tarde le soleil à se lever sur la nuit de mon rêve?
Je vois dans mon berceau des filles Blanches, Jaunes, Rouges et Noires.
Toutes belles de la beauté de leurs mères qui peuplent la planète.
Belles et douces, avec moi, dans mon berceau.
Et nos mères, la main dans la main,
dansent autour et nous apprennent à chanter l'hymne de la fraternité.
Augustin-Sondé Coulibaly (Burkina Faso)
La Fontaine aux masques
* néré; fruit répandu en Afrique de l'Ouest
Le temps dans tes yeux
Est de la couleur des cieux
Le temps dans tes cheveux
Est plutôt neigeux
Le temps sur ta peau
Fait comme les rides sur l'eau
Grand-mère
Presque bleue et blanche
Grand-mère
presque transparente
temps et amour
Pour toi
Sont infinis.
Mademoiselle Seguin
Est partie au petit déjeuner
Courir dans les jonquilles
Monsieur Seguin
A toujours eu des difficultés
Avec ses filles
Michel Lautru
Les jupes s'étourdissent / éd. Soc et Foc 2005
Prix poésie jeunesse des lecteurs Lire et Faire Lire 2007
Grand-mère n'aime pas la magie
Elle ne croit pas aux moutons
qui logent dans les nuages
ni aux étoiles filantes
Elle aime par-dessus tout
regarder le ciel rougeoyant
faire son pain en direct
Jean Élias
Grand-mère arrose la lune
éd. Motus 2006
Prix poésie jeunesse des lecteurs Lire et Faire Lire 2008
51
Lointains matins
à maman Mpombo
O maman
O mère
Quel gai sourire
Sur tes lèvres
Chaque matin
Et au matin
En ces lointains matins
Lors
Te penchant
Sur mon berceau
Tel un lionceau
Pour me tendre
En perche
Ton coeur
Et entreprendre
Avec moi
À la cadence de mes pas
Ce long et terrible chemin
Vers des lendemains
Obscurs et incertains
O maman
O mère*Que ne donnerai-je
Et que ne ferai-je
Pour que dans cet au-delà
Inconnu jusque-là
Je puisse
Un instant
Rien qu'un seul instant
Ressentir à nouveau
Sur mes joues
D'enfant vieillissant
Les chaudes caresses
Et la douce musique
De tes mains
Et la douceur câline
De ton regard étoilé
Tourné vers l'Orient.
Léopold-Pindy Mamonsono (Congo)
Equinoxes
*
Le chat du voisin
Que je chasse au loin, ma fille,
Elle, l'apprivoise
Philippe Quinta
Haïchats
éd. La Renarde Rouge
***
Paysage
Il y avait un merle blanc
un merle noir
il y avait des fées parmi les pâquerettes.
Il y avait une abeille blonde,
une source bleue,
une rose thé,
une tulipe chocolat.
Il y avait une femme
qui descendait la colline,
une femme habillée de feu, de laine et d'amour.
Une mère aux yeux d'iris,
une mère aux mains de soie,
une mère coiffée de rêves.
Et je chantais avec ses lèvres.
Et je vibrais avec son coeur.
Il y avait une maison de sucre et de blé.
Il y avait un abricot mûr sur une fenêtre.
Il y avait un grand soleil de cuivre roux
et des iris aux langues d'or.
Il y avait une femme qui s'approchait de la maison
et qui caressait l'abricot
et qui regardait le soleil.
Une mère aux yeux de violette,
Une mère aux mains de velours.
Une mère habillée de brouillard et de larmes,
De lumière et d'amour.
Pierre Gamarra
52
La maison d'Hélène
Il a suffi du liseron du lierre
Pour que soit la maison d'Hélène sur la terre
Les blés montent plus haut dans la glaise du toit
Un arbre vient brouter les vitres et l'on voit
Des agneaux étendus calmement sur les marches
Comme s'ils attendaient l'ouverture de l'arche
Une lampe éparpille au loin son mimosa
Très tard les grands chemins passent sous la fenêtre
Il y a tant d'amis qu'on ne sait plus où mettre
Le pain frais le soleil et les bouquets de fleurs
Le sang comme un pic-vert frappe longtemps les coeurs
Ramiers faites parler la maison buissonnière
Enneigez ses rameaux froments de la lumière
Que l'amour soit donné aux bêtes qui ont froid
À ceux qui n'ont connu que la douceur des pierres
Sous la porte d'entrée s'engouffre le bon vent
On entend gazouiller les fleurs du paravent
Le coeur de la forêt qui roule sous la table
Et l'horloge qui bat comme une main d'enfant
je vivrai là parmi les roses du village
Avec les chiens bergers pareils à mon visage
Avec tous les sarments rejetés sur mon front
Et la belle écolière au pied du paysage.
René Guy Cadou
Hélène ou le régne végétal
éd. Seghers 1951
***
Lettre à Hélène
Es-tu là
N'es-tu pas là
Dans la chambre ou rien ne bouge
Dans ma vie où tu respires
Tu te poses sur la plante
Sur l'oeil triste et muet du chat
Sur le livre qui n'est lourd
Que du poids que tu lui donnes
Je te vois en fermant l'oeil
Dans le champ
Balle perdue
Dans mon coeur
Balle qui trace
L'avenir le souvenir
Je ne pense qu'à toi qui m'aimes
Je ne suis qu'à toi qui bruis
René Guy Cadou
Le coeur définitif
éd. Seghers 1948
Vous trouverez dans la partie « écriture de femmes » des textes d'Hélène Cadou
53
Ma fille mon oiseau
pour Anne
Je te reconnais bien
ma fille
au geste simple de la pluie,
à sa marche toute nue,
tranquille épousée du soir
tu caresses
mon oiseau
un ciel moblie et doux
tu dors dans un ruisseau
tu caches dans ton rêve
le fruit calme de l'aube
Je suis fier ma fille
du feu rapide
qui court dans tes yeux
Jean-Pierre Siméon
La nuit respire
Cheyne éditeur / collection Poèmes pour grandir
***
...
maison de ma grand-mère Blanche
dans les tilleuls et le jasmin
vos rides sourient dans ma main
o ronde aïeule de mes dimanches
je vous revoie dans chaque vieille
et dans ma mère évidemment
qui fut votre fille et que rend
le temps à vous pareille
Philippe Forcioli
Routes de feuilles
Geneviève Berthezène / Libraire-éditeur
54
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs.
Parfums éclos d'une couvée d'aurore
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leur regard.
Paul Éluard
Capitale de la douleur (1926 / dédié à Gala)
éd. nrf Gallimard
**
*
Fillette
Petite fille qui ne diminuera pas
avec le temps. Un jour, elle perdra
son ette dans les yeux de
son premier amour.
David Dumortier
Cligne musette
Cheyne éditeur / Poèmes pour grandir 2008
*
55
Printemps des Poètes 2010
« Couleur Femme »
Vous trouverez dans les pages suivantes quelques documents complémentaires :
***
- Une liste de poètes femmes actuelles présentées dans la poéthèque
du printemps des poètes.
- Une liste de femmes poètes du patrimoine
et du répertoire étranger classique et contemporain,
présentée dans la poéthèque du printemps des poètes.
Pour plus d'informations, www.printempsdespoetes.com
−
Une bibliographie adultes et jeunesse
***
N'hésitez pas soumettre des suggestions de livres ou de noms de
poètes femmes pour compléter ces recherches.
56
Liste de poètes femmes actuelles présentées dans la Poéthèque
( établie au 10/07/09 )
(160 dont 4 décédées)
A
Marie-Noëlle Agniau
Salima Aït-Mohamed
Anne-Marie Albiach
Salwa Al Neimi
Maram Al-Masri
Olympia Alberti
Gabrielle Althen
Colette Andriot
Andrée Appercelle
Françoise Ascal
Marianne Auricoste
Edith Azzam
B
Isabelle Baladine Howald
Marie-Claire Bancquart
Silvia Baron Supervielle
Linda Maria Baros
Joëlle Basso
Jeanine Baude
Geneviève Bauloye
Anne Belin
Claude Ber
Anne Marie Bernad
Jeanne Bessière
Anne-Lise Blanchard
Claudine Bohi
Béatrice Bonhomme
Tanella Boni
Denise Borias
Dan Bouchery
Sophie Braganti
Martine Broda (décédée)
Nicole Brossard
Danusza Bytniewski
C
Martine Cadieu
Hélène Cadou
Laure Cambau
Odile Caradec
Madeleine Carcano
Claudia Carlisky
Magda Carneci
Francine Caron
Francesca Yvonne Caroutch
Patricia Castex-Menier
Judith Chavanne
Andrée Chedid
Jaleh Chegeni
Marie-Josée Christien
Geneviève Clancy (décédée)
Danielle Cohen-Levinas
Marie-Dominique Cotte
Chantal Couliou
Françoise Coulmin
Fabienne Courtade
Ioana Craciunescu
D
Chantal Danjou
Carole Darricarrère
Lydie Dattas
Djalila Dechache
Marcela Delpastre (décédée)
Denise Desautels
Lucienne Desnoues (décédée
Régine Detambel
Maryvonne Digot
Heather Dohollau
Hélène Dorion
Nicole Drano Stamberg
Ariane Dreyfus
Chantal Dupuy – Dunier
E
Marie-Florence Ehret
Bernadette Engel - Roux
Marie Etienne
F
Sylvie Fabre G
Tamirace Fakhoury
Mireille Fargier-Caruso
Ira Feloukatzi
Vera Feyder
Claire Fourier
57
G
Isabelle Garron
Françoise Geier
Albane Gellé
Liliane Giraudon
Michelle Grangaud
Guénane Cade
Luce Guilbaud
Brigitte Gyr
H
Marylin Hacker
Françoise Han
Claudine Helft
Nora Herman
Marie Huot
J
Antoinette Jaume
Anne-Marie Jeanjan
K
Béatrice Kad
Leslie Kaplan
Christiane Keller
Vénus Khoury-Ghata
Colette Klein
Anise Koltz
L
Gina Labriola
Maximine Lagier-Durand
Hélène Lanscotte
Josée Lapeyrère
Nicole Laurent-Catrice
Emmanuelle Le Cam
Catherine Leblanc
Anne-José Lemonnier
Béatrice Libert
Liska
Françoise Lison-Leroy
Vivian Lofiego
Camille Loivier
Sophie Loizeau
M
Sabine Macher
Béatrice Machet
Vannina Maestri
Claire Malroux
Amandine Marembert
Dominique Maurizi
Michel Métail
Pierrette Micheloud
Hanna Mirna
Jeanine Mitaud
Myriam Montoya
Dany Moreuil
Evelyne Morin
Anne Mounic
Sandra Moussempès
N
Taslima Nasreen
Françoise Neveu
Samira Negrouche
Azadée Nichapour
Patricia Nolan
Luc Norin
Colette Nys-Mazure
O
Cécile Oumhani
P
Florence Pazzottu
Isabelle Pinçon
Emmanuelle Pireyre
Véronique Pittolo
Thérèse Plantier (décédée)
Anne Portugal
Q
Nathalie Quintane
R
Geneviève Raphanel
Jacquette Reboul
Sylvie Reff
Katy Remy
Valérie-Catherine Richez
Jacqueline Risset
Marie-Clotilde Roose
Valérie Rouzeau
S
Amina Saïd
Jacqueline Saint-Jean
Annie Salager
Nohad Salameh
Jeanine Salesse
Hélène Sanguinetti
Marie-Ange Sebasti
Ryoko Sekiguchi
AnneLise Simao
Maud-Andrée Sodenkamp
Gwenaëlle Stubbe
58
T
Esther Tellermann
Anne Teyssiéras
Bernadette Throo
Magali Thuillier
V
Zoé Valdés
Miriam Van Hee
Angèle Vannier (décédée)
Christiane Veschambre
Geneviève Vidal
Laurence Vielle
W
Monique W. Labidoire
Catherine Weinzaepflen
Liliane Wouters
Liste de femmes poètes du patrimoine
et du répertoire étranger classique et contemporain
présentée dans la poéthèque ( établie au 9/06/09)
Femmes poètes du patrimoine
Sappho, poétesse grecque (IV av JC)
Marie de France (12e siècle)
Béatrice de Die (12e siècle)
Christine de Pisan (13e siècle)
Marguerite de Navarre (16e siècle)
Marie Stuart (16e siècle)
Pernette du Guillet (16e siècle)
Louise Labbé (16e siècle)
Mme Deshoulières (17e siècle)
Marceline Desbordes Valmore (19e siècle)
Elisa Mercoeur (19e siècle)
Marie de Heredia (19e siècle)
Lucie Delarue-Mardrus (19e siècle)
Louise Michel (19e siècle)
Poésie étrangère classique et contemporaine
Classement alphabétique par langue d'écriture
Poésie de langue arabe
- Nazik al-Malaika (Irak – décédée)
- Fadwa Touqan (Palestine)
- Salwa Al Neimi (Syrie)
- Safaa Fathy (Egypte)
Poésie anglophone
USA
- Emily Dickinson, (1830 – 1886)
- Gertrude Stein (1874-1946)
- Sylvia Plath (1932-1963)
- Marylin Hacker
- Adrienne Rich
- Cole Swensen
- Denise Levertov (traduite par Jean Joubert)
- Marie Ponsot
- Jorie Graham
- Marilyn Nelson
- Meena Alexander
- Louise Glück
- Alicia Ostriker
- Rita Dove (traduite par Jean Migrenne chez
l'Harmattan)
- Susan Howe
- Kathleen Fraser
Poésie bulgare
- Blaga Dimitrova, 1922-2003
(www.bibliomonde.com/auteur/blagadimitrova-1393.html)
Irlande
- Eavan Boland
- Eileann ni'Chuilleannan
- Nuala ni'Domnall
- Patricia Nolan
Grande-Bretagne
- Elizabeth Barrett Browning – Cf : Sonnets
portugais, éditions le Bruit du temps
- Carol Ann Duffy
- Carol Rumens
- Mimi Khalvati
- Ruth Padel
- Ursuma Fanthorpe
- Gillian Clarke (galloise)
- Taslima Nasreen (Bengalaise, de langue
anglaise)
59
Poésie néerlandaise
- Anna Enquist (cf revue Septentrion)
− Miriam Van Hee
Poésie francophone
Belgique
- Berthe Bolsée (1905-1983)
- Vera Feyder
- Françoise Lison-Leroy
- Colette Nys-Mazure
- Marie-Clotilde Roose
- Andrée Sodenkamp
- Gwenaëlle Stubbe
- Laurence Vielle
- Liliane Woutters
Côte d’Ivoire
- Tanella Boni
Liban
- Nadia Tuéni (1935 – 1983)
- Tamirace Fakhoury
- Vénus Khoury-Ghata
- Hanna Mirna
- Nohad Salameh
Luxembourg
- Anise Koltz
Québec
- Anne Hébert (1916 - 2000)
- Hélène Dorion
- Denise Desautels
- Nicole Brossard
- Erin Moure
- Louky Bersianik
- Catherine Lalonde
Roumanie
- Linda Maria Baros
- Magda Carneci
- Iona Craciunescu
Poésie hispanique & latino-américaine
- Julia de Burgos (Porto Rico) cf Anthologie
bilingue, Indigo, côté femmes, 2004
Présentes dans Cinq femmes poètes d'Amérique
latine, Le Temps des Cerises, 2009
- Vivian Lofiego (Argentine)
- Myriam Montoya (Colombie)
- Lina Zerón (Mexique)
- Lourdes Espínola (Paraguay)
- Diana Lichy (Vénézuela)
- Zoé Valdès (Cuba)
Poésie italienne
- Antonella Anedda (Nuits de paix occidentale,
traduction Jean-Baptiste Para, L’escampette, 2008)
- Alda Merini
Poésie israëlienne
- Dahlia Ravikovich (numéro 8 de la revue Siècle
21, avec des traductions d'Emmanuel Moses)
Poésie japonaise
− Ryoko Sekiguchi (1970 - ) ; Cf : Du rouge aux
lèvres, haïjins japonaises
−
Poésie polonaise
Wisława Szymborska
Poésie portugaise
- Sofia de Mello Breyner Andresen (1919-2004)
Poésie russe
- Marina Tsvétaïeva (1892-1941)
- Anna Akhmatova (1889 - 1966)
- Olga Sedakova (1949 - )
- Natacha Strijevskaya (Le Froid, poèmes traduits
du russe par E. Hocquard et R. Hourcade, Les
Cahiers de Royaumont.)
Suisse
- Sylviane Dupuis
- Claire Kraelenbulh
- Annie Perrier
(www.culturactif.ch/poesie/perrier.htm)
60
12e Printemps des Poètes
8 au 21 mars 2010
Couleur femme
Bibliographie générale
Au 10/07/2009
Anthologies
Femmes Poètes, Anthologie - Poésies du monde - Photographies, éditions Turquoise, à paraître
novembre 2009
Poèmes de femmes, par Régine Deforges, Le Cherche-midi, 2009
Les Cent plus beaux cris de femmes, Cherche-Midi Éditeur 1980
Poésies en France depuis 1960, 29 femmes, Liliane Giraudon et Henri Deluy, Paris, Stock, Coll.«
Versus », 1994
Poésie au féminin, Gallimard Jeunesse, 2007
Etre femme, ouvrage collectif, Le Temps des cerises / Ecrits des forges, actuellement épuisé
Poètes-femmes françaises et du Québec
Tisser les mots contre la nuit, anthologie : 29 voix de femmes à travers la poésie contemporaine de
langue française, L’Harmattan, 2000
Huit siècles de poésie féminine - Anthologie par Jeanine Moulin, Seghers, Paris, 1981.
Regards de femmes, haïkus francophones, sous la direction de Janick Belleau, Adage, 2008
Anthologie de Haijins japonaises, points Poésie, le Seuil, à paraître en février 2010
Jeanine Moulin : Huit siècles de poésie féminine (Seghers éd., 1975)
Pierre Béarn : L’érotisme dans la poésie féminine française (Le Terrain Vague éd., 1993)
Josette Segura : Huit voix de femmes (A chemise ouverte éd., 1994)
Liliane Giraudon et Henri Deluy : Poésies en France depuis 1960 (Stock éd., 1994)
Camille Weill : Poésie au féminin (Gallimard éd., collection Folio junior, 2007)
Régine Deforges : Poèmes de femmes (Le cherche midi éd., 2009)
Revues
Cairns n°6, consacré au thème Couleur Femme, à paraître en mars 2010
Les Femmes et la poésie, Poésie 1, Vagabondage n° 23, 2000
Poésie première, n°38, 2008
Parler N°5 (1958) – numéro spécial « Spécial Femmes » (16 noms) – choix de Christian Gali
Le Pont de l’Epée N°33 (1966) – numéro spécial « Féminin pluriel » (14 noms) – choix de Guy
Chambelland
Poésie 1 N°6 (1969) – numéro spécial « La poésie féminine française » (9 noms) – choix de Jean
Breton
Poésie 1 N°39/40 (1975) – numéro spécial « La poésie féminine française » (29 noms) – choix de
Jean Breton
Multiples N°23 (1976) – numéro spécial « Femmes » (8 noms) – choix d’Henri Heurtebise
Emeute N°6/7 (1977) – numéro spécial « Femmes » (14 noms) – choix de Serge Pey
Le Pilon N°9 (1978) – numéro spécial sans titre (8 noms) – choix de Jean-Pierre Lesieur
Jalons N°8 (1979) – numéro spécial « Spécial Femmes » (45 noms) – choix de Christiane et JeanPaul Mestas
Vagabondages N°11 (1979) – numéro spécial « …au féminin » (70 noms) – choix de Jean Orizet
Carte noire N°4 (1983) – numéro spécial « Ecrits de femmes » (9 noms) – choix de Nadine Agostini
Faire-part N°7 (1986) – numéro spécial sans titre (9 noms)
Friches N°18 (1987) – numéro spécial « Poésie au féminin » (11 noms) – choix de Jean-Pierre
Thuillat
Travers N°31/32 (1987) – numéro spécial « Passagères » (19 noms) – choix de Philippe et Florence
61
Marchal
Horizons 21 N°55 (1987) – numéro spécial « Féminin pluriel » (27 noms) – choix d’Hervé Lesage
Les Hommes sans épaules N°8 (1993) – dossier « Ecritures de femmes » (15 noms) première partie
- choix d’Alice Colanis et de Jocelyne Curtil.
Les Hommes sans épaules N°9/10 (1993) – dossier « Ecritures de femmes » (20 noms) deuxième
partie – choix d’Alice Colanis et de Jocelyne Curtil
1/3
Regart N°21 (1994) - numéro spécial « Femmes » (22 noms) – choix de Marie Evkine
Lieux d’être N°22 (1996) – dossier « Un peu d’elles » (53 noms) – choix de Régis Louchaert et de
Madeleine Carcano avec une étude de Jean-Paul Mestas sur la poésie féminine du XX° siècle et une
étude sur la poésie féminine belge par Béatrice Libert
Parterre verbal N°32 (1999) – dossier spécial « Féminin poète » (16 noms) – choix de Luce
Guilbaud avec de nombreuses études ou approches de Claude Vercey, Jean-Claude Martin, Armand
Olivennes,…
Poésie I / Vagabondages N°23 (2000) – numéro spécial « Les Femmes et la poésie » (35 noms) –
choix de Jean Orizet
L’ecchymose N°18 (1975)
Poètes and co N°16 (1981)
Cahiers de Garlaban N° (1987)
A contre-silence N°23 (1988)
Poésie Première N°38 (2008)
Poésie étrangère
Cinq femmes poètes d'amérique latine, ouvrage Collectif, Le Temps des Cerises, 2009
Femmes poètes de la Chine, Shi Bo, éd. bilingue, Le Temps des Cerises/ Ecrits des Forges, 2004
Du rouge aux lèvres, haïjins de femmes japonaises, La Table ronde, 2008
Le verbe dévoilé, petite anthologie de la poésie arabe au féminin, Petite bibliothèque arabe, ParisMéditerranée, 2001
Chacune a un nom, éd. Caractères, 2008. Vingt-trois poétesses depuis les origines du renouveau de
la langue hébraïque jusqu’à la jeune génération sont accompagnées d’une oeuvre d’une artiste.
Traces, Myriam Montoya, L'Oreille du Loup, 2009
Sur les représentations féminines
101 poèmes sur les femmes, de Patricia Latour, Le temps des cerises, 1998
Si elles ont souvent eu du mal à s’exprimer comme « auteures », les femmes sont, depuis le XIIe
siècle, le thème central de la poésie française. Ce choix donne, à travers le prisme de la poésie, une
idée de l’évolution de l’image de la femme.
Droit de citer… les femmes, de Patricia Latour, Le Temps des cerises, 2000
300 citations sur les femmes, avec ce que les hommes et les femmes ont pu dire de plus beau… (et
parfois de plus bête) sur le sujet.
62
Quelques recueils en rapport avec le thème Couleur Femme
Recueils de femmes poètes & recueils où la figure de la femme est centrale
Présentation des livres sur www.printempsdespoetes.com (la Poéthèque / parutions).
Le peu du monde et Je te salue et Jamais de Kiki Dimoula, traduit par Michel Volkovitch,
Gallimard, 2010
Trois saisons poétiques de Magda Carneci, ed. Phi, 2008 (cri féminin)
Couleur femme, Guénane Cade, Rougerie, 2007 et Sein, Guénane Cade, La Porte, 2009
Le corps étoilé d’Ingrid Auriol, Rougerie, 2006
Poèmes choisis d’Angèle Vannier, Rougerie
Les âmes aux pieds nus de Maram Al-Masri, Le Temps des cerises, 2009
La femme lit de Sophie Loizeau, Flammarion, 2009
L’ombre des arbres diminue à certaines heures du jour, Amandine Marembert, Wigwam, 2008
Potager d’amour, Magali Thuillier, La Yaourtière, 2008
Ephémérides, Chantal Dupuy-Dunier, Flammarion, 2009
Bouge tranquille, Patricia Castex-Menier, Cheyne, 2004
Pas revoir, Valérie Rouzeau, L’idée Bleue, 1999, réédité à la Table ronde, coll. Petit Vermillon,
2010 (id pour Neige rien)
La ménagère cannibale, Béatrice Fontanel, Le Seuil, 2003
Quelle est la nuit parmi les nuits, Vénus Khoury-Ghata, 2004
Je tu nous aime, Albane Gellé, Cheyne, 2004
L’iris c’est votre bleu, Ariane Dreyfus, Le castor Astral, 2004
Corps subtil, Sylvie Fabre G, L’Escampette, 2009
Passage et Permanence, Béatrice Libert, Editions Tétras Lyre, 2008
Visages de femmes, de Jean Metellus, Le Temps des Cerises, 2008
Une femme de quelques vies, Jean Daive, Flammarion, 2009
Trente poèmes pour une femme, de Maciej Niemiec, atelier La Feugraie, 2001, premier recueil,
traduit en français d'un poète polonais.
Louise, Claude Confortès, Seguier, 2004
Quelque chose noir, Jacques Roubaud, Gallimard, 1986
Gisella, Jean-Pierre Verheggen, éd. du Rocher, 2004
Desolatio, Michel Deguy, Galilée, 2007
L’amour et la vie d’une femme, Michel Deguy, Le Bleu du ciel, 2004
Jamais ne dors, Pascal Boulanger, Le corridor bleu, 2009
Eclairs de femme, Guy Chaty, le Poémier de Plein Vent, 2009
Les Chants du silence, Olivier Messeian, fils de Cécile Sauvage, Béatrice Marchal, 2008
63
Quelques titres pour la jeunesse
Bouge Tranquille
Patricia Castex-Menier
Cheyne éditeur
Grammaire en fête
Andrée Chedid
Folle Avoine
À fleur de silence, haïku
Chantal Couliou
Soc et Foc
Le carnet des métamorphoses
Marie-Josée Christien
Les Éditions Sauvages
La belle vitesse
Ariane Dreyfus
L'Idée Bleue 2002
La Clarisse
David Dumortier
Cheyne éditeur
Une femme de ferme
David Dumortier
Cheyne éditeur
Où qu'on va après ?
Chantal Dupuy-Dunier
L'Idée Bleue 2008
Grand-mère arrose la lune
Jean Élias
Motus 2006
En toutes circonstances
Albane Gellé
L'idée Bleue 2001
Une cigale dans la tête
Luce Guilbaud
L'Idée Bleue
Ton chat t'écoute
Jacqueline Held
L'Idée Bleue
Voyage en Préhistoire
Jacqueline et Claude Held
Pluie d'étoiles éditions
À quoi sert la neige?
Vénus Khoury-Ghata
Le Cherche-Midi 2009
Viens on va chercher un poème
Catherine Leblanc
Sarbacane
Le monde n'est jamais fini
Catherine Leblanc
La Renarde Rouge
Mi-ville, mi-raisin
Liska
L'Idée Bleue
Les jupes s’étourdissent
Michel Lautru
Soc et Foc 2005
Remarques
Nathalie Quintane
Cheyne éditeur 2001
Chambres de feuilles
Geneviève Raphanel
L'Idée Bleue
Les mots d'Alice
Jacqueline Saint-Jean
L'Idée bleue 2003
Des rêves au fond des fleurs
Magali Thuillier
L'Idée Bleue
Poésie au féminin
anthologie
Gallimard / folio junior
*
Toutes les informations concernant les publications de recueils, revues, anthologies, C.D... sur le
thème « couleur femme » sont mises en ligne et actualisées sur le site du printemps des poètes, ainsi
que les diverses manifestations et spectacles programmés.
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