Mise en page 1 - Leroy Merlin Source

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Mise en page 1 - Leroy Merlin Source
Habitat sain
quels produits et quelles énergies ?
Lille- Lesquin
6 mars 2008
Experts invités :
Frédéric Leconte,
architecte.
Odile Massot,
biochimiste
et endocrinologue.
Leroy Merlin Source réunit des chercheurs, des enseignants
et des professionnels qui ont accepté de partager leurs savoirs
et connaissances avec les collaborateurs de l’entreprise. Réunis
au sein de différents pôles, ils leur apportent une information
qualifiée en relation étroite avec leurs besoins et enjeux :
développement durable, énergies renouvelables, prise en compte
de l’habitat des personnes dépendantes et de leurs familles, sécurité,
etc. La réflexion issue de ces groupes de travail est diffusée
à l’ensemble des collaborateurs sur le site de Leroy Merlin Source.
Le pôle Habitat et Société travaille de manière approfondie sur
les grands enjeux du développement durable en matière d’habitat :
la gestion des énergies renouvelables et la mise en œuvre de l’éco
construction et de l’éco rénovation, quels que soient les types
d’habitat. Ce pôle réunit des architectes, des professionnels de la
construction, des ingénieurs thermiciens, des professionnels de
l’eau et de l’air, etc. En 2007, les travaux de ce pôle sont accompagnés
de rencontres en magasin qui offrent l’occasion aux collaborateurs
de l’entreprise et à ses clients de dialoguer avec des experts.
i n t r o
Bien sûr nous souhaitons tous, dans l’idéal, bâtir et aménager un habitat qui conjugue
toutes les vertus : respectueux de l’environnement, sain pour ses habitants et le moins
onéreux possible dans sa construction comme dans son fonctionnement. Mais comment
concilier qualités environnementales, préoccupations sanitaires, efficacité et rentabilité ?
Les arguments se multiplient et souvent se contredisent. L’information est diffuse,
partielle ; la réglementation est confuse et en perpétuelle évolution… Bref, le choix des
produits et des énergies pour la maison relève du casse-tête, dès lors qu’on cherche
à y intégrer les questions de santé et de confort.
> L’habitat sain : une définition… très relative
Frédéric Leconte
L’architecte Frédéric Leconte est un
précurseur dans le domaine de
l’habitat durable : voilà près de 20 ans
qu’il construit des maisons écologiques,
et des bâtiments comme le lycée vert
de Calais, le premier en France, voulue
par la région Nord-Pas-de-Calais.
On ne parlait pas encore de HQE,
(la Haute Qualité Environnementale) :
“la HQE, c’est un grand sac dans
lequel on a mis toutes les préoccupations apparues successivement,
explique-t-il. D’abord les nouvelles
énergies, à partir de la crise du
pétrole dans les années 70 ; puis les
problèmes de santé autour des peintures au plomb, de l’amiante ou du
radon ; ensuite les questions de
confort acoustique et visuel et enfin
les questions d’environnement
relatives à la gestion des chantiers
et des déchets”. Aujourd’hui, la
démarche HQE établit 14 cibles,
largement en interactions les unes
avec les autres, dont 3 cibles Santé
(conditions sanitaires, qualité de l’air,
qualité de l’eau) et 4 cibles Confort
( h y g ro t h e r m i q u e , acoustique,
visuel et olfactif). Pour l’architecte,
l’intérêt est aussi désormais de
2
Odile Massot
parvenir à concevoir et à construire
un habitat passif, c'est-à-dire
totalement autonome en énergie,
sans apport extérieur, à l’instar
d’un chantier de 44 logements HLM
passifs qu’il mène à Lille.
Odile Massot est quant à elle experte
des questions de santé et d’environnement, de pollution intérieure et
extérieure à l’habitat. Biochimiste
et endocrinologue, elle souligne avec
force que la notion même “d’habitat
sain” est tout à fait relative, sans
définition absolue : “aujourd’hui une
partie de la population naît plus
sensible à certaines agressions,
notamment respiratoires, alors que
d’autres, enfants de la campagne par
exemple, ne sont pas allergiques.
L’origine des pollutions est complexe :
il faut donc en premier lieu savoir
qu’existent des risques, et ensuite
connaître les moyens, parfois fort
simple de les éviter”.
Pour autant, la quête d’un habitat
sain est essentielle, car le bâti est le
premier environnement de l’homme,
celui où il passe désormais le plus de
temps.
> Des risques potentiels multiples
Dans son tour d’horizon des problématiques de santé, Odile Massot rappelle
qu’un bâtiment sain dépend de
quelques grands facteurs initiaux :
• la qualité de la construction et des
systèmes installés (chauffage,
ventilation, électricité, aspiration
des poussières…).
• les équipements domestiques
(électroménager et informatique).
• les produits d’entretien (nettoyage,
désodorisants, pesticides…).
• l’activité des habitants (respiration,
sudation, tabac, animaux domestiques…).
Dans la vie du logement, on peut
ensuite lister les principaux polluants
biologiques :
• les blattes, attirées par humidité et
chaleur, aux déjections allergisantes.
• les moisissures, qui exacerbent
l’asthme. Elles se développent avec
l’humidité, à partir de 60% d’hygrométrie. En diminuant ce taux sous les
50%, on s’en débarrasse aisément.
• les acariens, eux aussi aux déjections
allergisantes : pour les faire disparaître, il convient de descendre sous
les 45% d’hygrométrie et de ne pas
dépasser les 19°C.
Enfin, les principaux polluants
chimiques générés par nos activités
domestiques sont aussi bien repérés :
le dioxyde de carbone (CO2), le
monoxyde de carbone (CO), le dioxyde
d’azote (NO2), les composés organiques
volatils (COV) et les particules fines
(dans les pesticides et les fibres par
exemple).
Pour Odile Massot, il convient aussi
d’insister sur notre confort thermique,
autrement dit les modes de chauffage
que nous utilisons et les risques
qu’ils comportent :
• le chauffage électrique a pour
inconvénient de produire un air sec
et de déplacer les poussières dans
l’air. Il est aujourd’hui en net recul :
en 1985, il concernait 75% des
constructions neuves, pour moins
de 50% aujourd’hui.
• le chauffage au charbon, dont on
connaît les intoxications au monoxyde
de carbone (CO), quatre fois plus
nombreux dans le Nord qu’ailleurs.
• le pétrole, source de brûlures
et d’intoxications.
• le bois enfin promu sur le plan
énergétique mais demandant
quelques précautions sur le plan
sanitaire.
• les poils d’animaux domestiques.
3
> Une bonne installation pour le chauffage au bois
Si le bois bénéficie en effet d’un
a priori écologique positif, il a néanmoins des caractéristiques contradictoires : il est 5 à 10 fois plus
performant que les autres énergies
(fuel, électricité, gaz) pour ses faibles
émissions de gaz à effet de serre
(GES) mais il émet beaucoup plus
d’autres polluants : CO, COV et
particules fines. Face à ces risques,
une bonne installation est donc indispensable, en particulier sur les
points suivants :
• un apport d’air suffisant.
• des conduits de cheminée bien
entretenus, avec a minima une
vérification – obligatoire - par an.
• des appareils domestiques bénéficiant du label Flamme Verte (bon
rendement énergétique et faible
niveau d’émission de CO).
• une chaudière bien dimensionnée
(si elle est surdimensionnée, elle
fonctionne au ralenti et laisse des
imbrûlés polluants).
Il convient également d’être attentif
à la qualité du bois, qui doit être peu
humide, comme la norme NF le
garantit. Attention par ailleurs à ne
pas brûler n’importe quel bois de
récupération (bois collés, traités, de
chantier) : ils peuvent être nocifs.
Parmi tous ces risques potentiels,
Odile Massot insiste particulièrement
sur le danger insidieux des particules
fines issues de la combustion, aux
incidences sanitaires multiples, des
plus bénignes (irritations, réactions
allergiques plus fortes) aux plus
graves (maladies cardio-vasculaires,
cancers du poumon). On compterait
ainsi 386 000 décès prématurés en
Europe par an. Il existe bien des
filtres à poussières fines, qu’on
installe sur les cheminées et qui
fixent les particules… mais elle
regrette “qu’un seul modèle existe,
pour un coût de 1400 euros…”.
> Des gestes de précautions simples
“Pas de catastrophisme”, sourit
toutefois l’experte, face à ces listes
de risques aussi rebutantes que celle
des effets indésirables dans une
notice de médicament. Des comportements simples réduisent déjà ces
risques à peu de choses : un bon entretien des appareils, des habitats propres
et bien sûr régulièrement aérés.
4
Aérer la maison est donc un impératif
de santé. En ouvrant la fenêtre,
on gagne en bien-être sans perte
d’énergie importante dans le logement : on obtient une sensation de
fraîcheur rapide, alors que les murs
intérieurs, par inertie thermique,
gardent l’essentiel de leur chaleur.
> Informations et règlementations confuses
A partir de ces éléments, comment
Quant aux règlementations, on peut
s’informer ? Comment la réglemen-
se réjouir qu’elles deviennent de plus
tation s’applique-t-elle ? Avec quelles
en plus exigeantes sur les questions
exigences de qualité ?
de santé – environnement. Sur les
particules fines par exemple, une
directive européenne et des mesures
nationales sont attendues. Mais les
réglementations diverses souffrent
d’un manque d’harmonisation,
et parfois de réalisme évident.
Pour la qualité de la construction, un
premier écueil apparaît : il existe des
critères de performances sanitaires,
mais ni vérification obligatoire ni
information rigoureuse, hormis pour
les matériaux en contact avec l’eau
courante. “Dans les avis techniques,
la santé est peu prise en compte”, se
désole Frédéric Leconte ; “il est très
difficile d’obtenir des fiches techniques détaillées”, renchérit Odile
Massot. De ce point de vue, l’architecte
précise en revanche que la démarche
HQE intègre des données sanitaires,
et que cette certification comprend
des fiches de données claires sur
la radioactivité, les champignons,
les bactéries…
Odile Massot donne l’exemple des
formaldéhydes (COV présent dans les
fumées de tabac, bougie, cheminée
à foyer ouvert…) : L’OMS recommande un maximum de 100 µg/m3,
l’Union Européenne de 30 µg/m3…
Et la France exige un maximum de
10 µg/m3, or dit-elle, “aucun industriel
n’est à ce niveau, on ne sait pas faire,
la norme est trop exigeante !”.
> Des clients perplexes
Difficile de s’y retrouver donc, les
longtemps l’isolation à l’intérieur par
clients profitent du débat pour explorer
le sujet. L’un d’entre eux s’interroge
des matériaux inadaptés : “pour une
maison saine, il faut privilégier l’iso-
sur la maison saine en terme d’inertie
thermique, c'est-à-dire la capacité
des murs à emmagasiner la chaleur
et à la restituer ensuite.
lation par l’extérieur, par exemple
à base de terre crue ou de terre cuite”.
Là-dessus, pour Frédéric Leconte, on
s’est lourdement trompé en privilégiant
Des questions émergent aussi sur les
vitrages : “le verre, matériau sain ?”.
“Matériau neutre et non polluant”,
rassure Frédéric Lévy, le directeur
5
du magasin. Un participant souhaite
ouvrir une grande baie vitrée en
façade sud de sa maison et s’interroge
sur l’argon, un gaz utilisé en double
vitrage (entre les deux vitres) pour
atténuer les échanges de chaleur
entre l’intérieur et l’extérieur.
L’architecte apporte une réponse précise : “l’argon peut être utile mais
seulement en façade nord, pour
mieux isoler. Pour le reste, j’utilise
plutôt du verre faiblement émissif. Et
il faut surtout raisonner en terme de
protection solaire, avec des stores
extérieurs, des avancées de toiture…”.
Quant à la climatisation, elle est
sujette à débat. Du point de vue
sanitaire, elle peut être dotée
de filtres (à pollens, à odeurs…).
Oui mais “c’est de la surconsommation
à questionner nos habitudes, à relativiser nos critères de bien-être, nos
choix d’habitat, en relatant deux
d’énergie, alors qu’il faut privilégier
voyages récents. Dans une maison
inertie thermique et protection
solaire”, reprend Frédéric Leconte ;
finlandaise, en bois et bien isolée
avec un système de triple vitrage,
“attention à être très scrupuleux sur
avec juste un poêle pour tout chauf-
l’entretien”, renchérit Odile Massot,
qui évoque l’hypothèse d’une inter-
fage, la température était de 22°C à
l’intérieur. Alors qu’en Chine, il a
diction à terme de la climatisation
dans l’habitat individuel.
passé récemment dix jours dans un
Et face à des clients qui se questionnent sur la fiabilité dans le temps des
constructions, l’architecte apporte
une réponse toute en paradoxe.
6
Si dans le principe on construit bien
sûr pour longtemps, dans la réalité
il faut se montrer modeste et flexible, et raisonner à 30 ou 40 ans !
“Les matériaux doivent être recyclables, réutilisables si on déconstruit
partiellement ou totalement, dit-il.
En HQE, on prévoit une notice de
déconstruction… pour déconstruire
propre !”. Autrement dit “penser
durable c’est aussi penser la durée
limitée des solutions du moment et
prévoir leur possible remise en
cause”, analyse l’animateur du débat,
Hervé Chaygneaud-Dupuy, des
Ateliers de la Citoyenneté.
Frédéric Leconte nous pousse aussi
appartement où il faisait 5 à 7°C,
sans en souffrir pour autant : “on
compense là-bas par les vêtements
et la nourriture”. L’habitat sain est
bien aussi affaire de culture locale…
> Aider le client dans ses choix
Dans ce contexte, l’apport de Leroy
Merlin est d’organiser et de clarifier
l’information pour ses clients.
En premier lieu en respectant la
réglementation : “pour les peintures
par exemple, on a notre propre
marque, on connaît donc nos
obligations, on a une formation assez
complète et on affiche une information
précise sur l’emballage”, explique
Frédéric Lévy. “On dispose aussi de
toutes les données qui nous sont
transmises par notre centrale
d’achat”, précise un conseiller
vendeur. Et bien sûr, l’essentiel se
joue dans l’échange et la discussion
avec les clients : “on monte en
compétence avec eux, il faut écouter
et comprendre les mutations du
marché, selon un autre collaborateur :
par exemple sur le triple vitrage,
un client nous questionne, puis deux,
puis trois. On voit émerger cette
tendance. Ensuite, la difficulté sera
de trouver les fournisseurs qui peuvent
répondre à ces nouveaux besoins”.
Pour aller plus loin encore, le magasin
peut aussi s’appuyer sur l’un de ses
clients, présent au débat, et membre
de l’association Solaire en Nord,
association de particuliers qui
possèdent des installations solaires
et acceptent de les faire visiter à des
personnes intéressées. “On a visité
sa maison, il vient expliquer sa
réalisation à d’autres clients”,
raconte le chef de secteur électricité
plomberie du magasin. “Leroy Merlin
nous envoie régulièrement des
visiteurs”, dit l’intéressé, qui affiche
l’ambition de devenir totalement
autonome en énergie.
Pour Frédéric Lévy, la perspective
est maintenant de parvenir à personnaliser au maximum le conseil aux
clients, en fonction des particularités
de chaque habitat et de chaque projet.
Sur les questions sanitaires,
c’est aussi les aider à “connaître
les dangers, bien identifier les
risques pour s’en garder”, pour
Odile Massot. Et encore apprendre
à gérer les contradictions et à faire
les bons choix, trouver les bons
compromis, selon Frédéric Leconte,
qui illustre ainsi son propos : “il est
essentiel d’aérer pour vivre dans un
espace sain… et de ne pas trop aérer
pour éviter une trop forte perte
d’énergie !”.
En conclusion, “on est dans un
dialogue permanent entre des
objectifs contradictoires, estime
Hervé Chaygneaud-Dupuy ; il n’existe
pas LA solution, mais des bouts de
solutions, que l’on construit dans des
ajustements permanents”. Frédéric
Lévy imagine déjà la prochaine étape :
construire une démarche qui guide
ses clients pas à pas dans leurs
choix, qui les aide à se poser les bonnes
questions au bon moment, réduisant
la crainte paralysante de ne plus
savoir par où commencer.
7
> Merci à
Frédéric Lévy et toute l'équipe du magasin Leroy Merlin de Lesquin pour leur engagement.
Dr Odile Massot (Santé Environnement Pour Tous), Frédéric Leconte (Ada Architecture)
pour leur disponibilité et leur expertise. Et à tous les participants au débat.
> Contacts
ADA ARCHITECTURE
5 Av. de la Créativité - 59650 Villeneuve d’Ascq
Tel. : 03 20 91 40 45
www.ada-architecture.com
ASSOCIATION SOLAIRE EN NORD
Visites d'installations chez les adhérents
0825 34 12 63
http://solaire.en.nord.free.fr
Dr Odile MASSOT
Santé Environnement Pour Tous
[email protected]
> Ressources
CSTB
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
HQE
Association pour la Haute Qualité
www.cstb.fr
Environnementale
www.assohqe.org
AFSSET
Agence française de sécurité sanitaire
de l’environnement et du travail
www.afsse.fr
Voir aussi le guide
sur le site de Leroy Merlin
www.leroymerlin.fr
> Bibliographie
Débats en magasin, interviews sur www.leroymerlinsource.fr
www.ateliersdelacitoyennete.com
www.leroymerlin.fr
www.leroymerlinsource.fr
05/2008
Maisons toxiques – Flammarion - Lionelle NUGON-BAUDON et Évelyne LHOSTE
La France toxique – Éditions la Découverte - André ASCHIERI
L’écologie, c’est la santé – Éditions Frison Roche – Drs Suzanne et Pierre DEOUX
Habitat Qualité Santé Clefs en main - Médieco Éditions – Drs Suzanne et Pierre DEOUX
L’air et la santé – Flammarion - Denis CHARPIN
Les risques de la Santé associés à la présence de moisissures en milieu intérieur
Institut national de santé publique du Québec

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